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A propos de la bénédiction octroyée à ceux qui respectent les lois de la Chemita, la Torah affirme : "La terre donnera ses fruits, dont vous vous nourrirez abondamment, et vous y résiderez en toute quiétude. Mais si vous dites : Que mangerons-nous la septième année, puisque nous ne pouvons ni semer, ni rentrer nos récoltes? Je vous octroierai Ma Bénédiction dans la sixième année, tellement qu’elle produira la récolte de trois années" (Béhar 25,19-21)

=> Pourquoi la bénédiction divine est-elle liée au questionnement des Bné Israël: ‘Que mangerons-nous’?

On peut citer les explications suivantes :
1°/ Le premier verset ("La terre donnera ses fruits, dont vous vous nourrirez abondamment, et vous y résiderez en toute quiétude") promet que quelle que soit la quantité de nourriture disponible, celle-ci suffira grâce à la Bénédiction divine.
Cependant, si votre foi n’est pas assez forte pour vous satisfaire de cette promesse et que vous vous demandez comment une seule récolte pourra suffire si longtemps, Hachem promet d’assurer une bénédiction telle, que vous serez tranquillisés en voyant l’abondance de la récolte. [Sforno]

En revanche, le ‘Hazon Ich [Cheviit 18,4] enseigne : La Torah ne garantit pas que chacun jouira d’une grande prospérité d’une nourriture abondante malgré les restrictions de la Chemita. Elle promet seulement à Israël que, contrairement à la nature apparente des choses, le repos de la terre ne provoquera pas forcément un manque de nourriture ; il y aura une bénédiction générale pour ceux qui observent ces Lois. Cependant, comme c’est toujours le cas, les fautes de certains peuvent annuler la bénédiction et des particuliers souffriront peut-être à cause des actes de leurs prochains.

2°/ Puisqu’ils demandent "Que mangerons-nous?", il sera nécessaire de leur accorder la bénédiction.
Mais s’ils avaient une foi parfaite, et n’avaient pas posé de questions, la bénédiction aurait déjà été présente. [Noam Eliméle'h]

3°/ Que signifie la question : "Que mangerons-nous"? Celui qui donne la vie ne donne-t-il pas la subsistance. Etant donné que toutes les générations ne méritent pas que D. leur fasse des miracles, elles veulent savoir comment leur subsistance leur viendra de façon naturelle. La réponse est que la bénédiction reposera sur la récolte de la 6e année, phénomène qui ressemblera à un "évènement naturel".
Mais l’homme doit savoir qu’en réalité, il n’y a pas de différence entre la nature et le miracle. La nature est le miracle le plus grand et le plus extraordinaire qui soit. Si l’on comprend les choses ainsi, la question "Que mangerons-nous?", n’a pas de raison d’être. Pendant toute l’année, avoir de quoi manger est un miracle.
Pourquoi demander comment et de quelle façon ce miracle se produit? Si les Enfants d’Israël posent cette question, cela signifie qu’ils voient une différence entre la nature et le miracle. Il faudra donc que "Ma Bénédiction" se manifeste sous une apparence naturelle. [Sfat Emet]

A ce sujet, on peut citer un enseignement du rav Elimélé'h Biderman :
Si l’homme est véritablement convaincu que c’est Hachem qui conduit le monde et s’il comprend que rien ne se fait tout seul, il saura aussi qu’il n’y a aucune différence entre la nature et le miracle mais que tout est le fruit de la Parole Divine. Il comprendra alors que même après qu’il laboure et ensemence (les autres années), il est encore nécessaire que Hachem fasse germer la récolte et les fruits de la terre et il se gardera de se glorifier en disant : "Voilà l’oeuvre de mes mains!" [certes on doit faire une hichtadlout nécessaire, mais sans un décret d'Hachem rien n'est possible]
C’est ainsi que le ‘Hatam Sofer explique que la génération du désert à la sortie d’Egypte avait été habituée de tout temps à ce que la récolte et la subsistance poussent du sol. Dès lors, lorsqu’ils virent qu’Hachem accomplissait le verset "Voici que Je vais vous faire descendre le pain du Ciel", ils n’en crurent pas leurs yeux. Avait-on déjà entendu pareille chose? La nourriture qui tombe du Ciel pour tout le peuple d’Israël!
Ce transport de la manne attisa en eux la conscience que le Créateur existe. En revanche, leurs enfants, qui naquirent sur le chemin de la sortie d’Egypte, ne s’étonnèrent nullement de ce phénomène car ils y avaient été habitués depuis leur naissance. A quel moment furent-ils saisis de surprise?
Lorsqu’ils entrèrent en terre d'Israël et qu’ils virent de leurs propres yeux que l’on enfonçait des graines de semence dans le sol et que, des profondeurs de la terre, apparaissait soudain une pousse, qui fleurissait, bourgeonnait et finissait par donner naissance à un fruit. Quel grand miracle!
Mais en réalité, la tombée de la manne ne constitue pas un prodige plus extraordinaire que ce qui pousse de la terre et ce qui pousse de la terre n’est pas plus prodigieux que la tombée de la manne (mais seulement l’étonnement de l’homme est fonction de l’habitude). Le travail de chacun consiste à percevoir le miracle d’Hachem dans chaque détail de son existence et la multitude de Ses bienfaits.
Par ailleurs, en réfléchissant aux événements inhabituels qui surviennent parfois, il prendra conscience que la Royauté Divine s’étend sur le monde entier et qu’Hachem peut modifier à Sa guise les lois naturelles.
Il se rendra ainsi à l’évidence que ‘la nature’ elle aussi est gérée selon une providence prodigieuse jusque dans
ses moindres détails ...
Seule la force de l’habitude empêche l’homme de s’émerveiller lorsqu’il voit le même phénomène chaque jour.
C’est pourquoi le véritable croyant devra s’efforcer en permanence de réfléchir et de voir dans chaque chose les merveilles de la Providence Divine.
[d'une certaine façon la Chemita (tous les 7 ans), fonctionne comme le Shabbath (tous les 7 jours), où l'on arrête tout et où l'on doit prendre du recul sur notre train-train quotidien, et y mettre plus fortement le "je place Hachem en face de moi en permanence" (chiviti Hachem lénegdi tamid).]

4°/ Rabbi Leib ‘Harif disait dans le même sens, quelque peu différemment : Si un juif se décharge de son fardeau sur D., s’il éprouve une confiance parfaite en Lui, sans poser de question, il n’a nul besoin d’une bénédiction d’abondance. Il n’est pas nécessaire que son champ de blé produise une récolte abondante, ce qui lui demandera un gros travail de moissonnage, battage et mouture. Il se suffira de peu, alors "que vous mangerez à satiété" = c'est-à-dire : il mangera peu et ce peu lui suffira.
Lorsque les Bné Israël demandent "Que mangerons-nous?", cela montre qu’ils ne sont pas animés d’une foi très intense. Il leur faut donc que "J’accorderai Ma Bénédiction" soit tangible: que le blé soit abondant dans le champ et que le travail soit abondant lui aussi.
Cependant, lorsqu’ils le mangeront, la bénédiction ne sera pas présente et, de ce fait, ils n’éprouveront pas une sensation de satiété.

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-> "Et si vous dites : Que mangerons-nous la 7e année" (Béhar 25,20)

-> La Torah rapporte que si l'homme s'interroge sur ce qu'il mangera lors de l'année de la Chemita, où tout travail agricole lui est interdit, alors Hachem lui répond : "J'ordonnerai Ma Bénédiction la 6e année et la terre produira alors assez de récolte pour les 3 années suivantes ».
Apparemment, Hachem vient ici rassurer ceux qui doutent sur Sa capacité de les nourrir suite à la Chemita et Il promet de leur envoyer Sa Bénédiction. Seulement, Hachem bénira bien-sûr aussi, et même encore plus, ceux qui ont confiance en Lui et ne se posent pas de question.
=> Pourquoi donc relier cette bénédiction à une interrogation qui semble exprimer un certain doute?

-> En fait, pour le 'Hatam Sofer, cette question n'exprime pas un manque de confiance. Bien-sûr qu'Hachem peut nourrir chacun même sans passer par le travail de la terre. Dans Sa Toute-Puissance, Il peut réaliser un miracle et les nourrir en envoyant même de la Manne ou autre. Seulement, nos Sages disent que l'essentiel de la joie qu'un homme éprouve de ses biens provient de l'effort qu'il a investi pour les obtenir. Un bien obtenu sans effort ne procure pas autant de profit que ceux qu'on a peiné pour acquérir.
De ce fait, même s'il sait avec certitude qu'Hachem peut le nourrir même miraculeusement, l'homme pourrait encore se demander : "Que mangerons-nous la 7e année?". Dans la vision de la Torah, ''manger'' ce n'est pas seulement consommer, mais c'est profiter pleinement de ce que l'on consomme. Et si Hachem réalise un miracle et que l'on vit la 7e année en consommant une nourriture miraculeuse, que l'on n'aura pas obtenue par notre effort, on n'en profitera pas pleinement.
C'est exactement cela le sens de la question : "Et si vous dites : Que mangerons-nous la septième année, mais voici que nous ne sèmerons pas et nous n'engrangerons pas notre récolte". Même si Hachem nous entretient miraculeusement, mais que mangerons-nous, c'est-à-dire qu'en profiterons-nous vraiment? Si on n'a pas semé et investi des efforts pour obtenir cette subsistance et que nous n'engrangerons pas notre récolte, obtenue par nos efforts, quel profit en tirerons-nous?
Et Hachem de répondre qu'Il bénira les fruits de la 6ème année, qui auront eux été obtenus par son effort et ils suffiront pour les 3 années suivantes, de sorte que même pendant la Chemita, on profitera de ses efforts.
Hachem souhaite nous donner un bien parfait, qui nous procurera un profit total. C'est aussi pour cela qu'Il nous a donné toutes les mitsvot a accomplir, pour mériter leurs récompenses et recevoir Ses Bénédictions par nos efforts et non gratuitement. C'est seulement ainsi, que nous pouvons profiter pleinement de Ses Bienfaits.

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b'h, d'autres commentaires sur ce verset :
-> https://todahm.com/2020/03/11/13346-2

-> https://todahm.com/2021/05/23/31747
-> https://todahm.com/2020/05/23/13504-2
-> https://todahm.com/2015/06/23/3325-2

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