+ Les épreuves de la vie sont la Prophétie d'aujourd'hui :
La paracha Tazria décrit plusieurs sortes de négaïm (plaies, affections lépreuses) ainsi que le processus grâce auquel la personne peut en guérir. Depuis la destruction du Beit HaMikdach, les lois de négaïm ne s’appliquent plus.
=> Dans ce cas, en quoi cette paracha nous concerne-t-elle, dans la vie quotidienne?
-> Le Séfer ha’Hinoukh (mitsva 169) répond à cette question. Il écrit que l’impureté du métsora (lépreux) provient de ses fautes. La souffrance endurée n’est pas un hasard : elle vient d’Hachem. Le lépreux doit vivre un isolement très difficile durant lequel il est censé s’introspecter et mettre le doigt sur son erreur.
Cet enseignement est très pertinent dans chaque génération. Nous ne souffrons plus des négaïm, mais nous traversons d’autres sortes d’épreuves. L’impureté de ces plaies nous apprend que nous ne devons pas attribuer ces difficultés au hasard, mais plutôt les considérer comme un moyen utilisé par Hachem pour nous faire passer un message.
Il existe une autre mitsva liée aux négaïm qui nous enseigne également comment réagir et comment ne pas réagir aux souffrances. La Torah nous informe que l’un des négaïm est appelé "nézek". Si quelqu’un trouve un nézek (une teigne) sur son corps, il doit s’isoler puis se faire examiner par un Cohen. Si après une semaine de retranchement, le nézek n’a pas grossi, la personne peut raser la zone qui l’entoure. Il est cependant formellement interdit de raser les cheveux ou les poils qui se trouvent sur le nézek (voir Tazria 13,31-34).
Le Séfer ha’Hinoukh (mitsva 170) nous explique la signification de cette prohibition :
"Cette mitsva nous montre que chacun doit accepter l’épreuve ou la punition qu’Hachem lui envoie ; il ne faut pas se révolter contre elles, ni se croire capable de les supprimer et de les camoufler".
Ces 2 réactions incorrectes que l’on peut avoir face aux souffrances sont symbolisées par le rasage du nézek envoyé par Hachem. Tout d’abord, la personne peut "se révolter" quand elle souffre, remettant en cause la justice Divine. Et même sans critiquer l’épreuve envoyée par Hachem, elle peut adopter une autre conduite, elle aussi incorrecte. Elle peut essayer de supprimer la plaie sans en tirer la bonne leçon. En outre, elle peut être plus concernée par ce que les gens vont penser et tout faire pour dissimuler sa souffrance, plutôt que de l’utiliser pour grandir.
L’interdit d’enlever le nézek nous enseigne qu’il ne faut pas pratiquer la politique de l’autruche lorsque nous sommes confrontés à une difficulté, mais que nous devons utiliser cette dernière pour nous élever.
-> Le rav Avraham Grodzinski (Torat Avraham) écrit que la prophétie avait pour objectif principal de notifier au peuple ses erreurs. Même quand les Bné Israël ne faisaient "rien de mal", le prophète scrutait leurs cœurs et savait mettre le doigt sur les domaines qui leur faisaient défaut.
=> De nos jours, comment Hachem nous communique-t-Il nos erreurs?
Le rav Grodzinski répond que les souffrances remplacent la prophétie. Lorsqu’une personne traverse une épreuve, quelle que soit sa dureté, elle reçoit un message d’Hachem Qui lui montre, par son biais, comment s’améliorer. Les difficultés endurées sont donc un cadeau exceptionnel : elles nous offrent l’opportunité de nous amender.
La guemara (Arakhin 16b) précise que les difficultés dont on parle ne sont pas forcément de grandes afflictions, mais se présentent parfois comme des ennuis mineurs ; elle nous donne l’exemple d’une personne qui veut retirer trois pièces de sa poche et qui n’en sort que deux.
[autre exemple donné : mettre sa chemise dans le mauvais sens de sorte qu'il faut la retirer pour l'enfiler de nouveau ]
Ainsi, Hachem communique constamment avec nous à travers les souffrances (même les petites).
-> Si un homme voit qu'il commence à connaître des souffrances, il doit examiner ses actes et s'efforcer de se repentir. [guémara Béra'hot 5a]
[ b'h, voir à ce sujet : https://todahm.com/2019/07/07/9530-2 ]
-> Nous pouvons nous poser la question suivante. À l’époque du Beit HaMikdach, tout ceci était très simple ; les gens souffraient de négaïm lorsqu’ils commettaient certaines fautes spécifiques, comme le lachon ara (médisance). Mais de nos jours, comment peut-on savoir quel message Hachem veut nous transmettre à travers les souffrances?
Le Torat Cohanim rapporte un principe de nos Sages selon lequel Hachem punit l’individu pour ses fautes, mida kénégued mida (mesure pour mesure).
Par exemple, la guémara (Sota 9b) nous raconte que Chimchon fauta avec ses yeux, et par conséquent, ce sont ses yeux qui furent touchés ; les Pélichtim les lui crevèrent ; Avchalom s’enorgueillissait de sa belle chevelure et ce fut ses cheveux qui entraînèrent sa mort, lorsqu’ils s’entremêlèrent dans les branches d’un arbre.
Il est donc recommandé de rechercher une raison quelque peu liée à la douleur subie.
-> Le rabbi Yéhonathan Gefen commente cela :
Il est toutefois plus important de se mettre à la recherche d’un point faible que de trouver, ou pas, la faute concrètement commise.
L’objectif principal de l’épreuve = s’efforcer de s’améliorer (ex: dire moins de lachon ara).
On a naturellement tendance à rechercher toutes sortes de ségoulot (remèdes spirituels) pour mettre fin à la douleur. Or, cela va à l’encontre de l’enseignement du Séfer ha’Hinoukh, à savoir qu’il ne faut pas simplement essayer de supprimer la souffrance.
Hachem n’envoie pas des souffrances pour que nous trouvions une ségoula appropriée (bien que ce soit un moyen efficace pour neutraliser l’épreuve), mais Il veut plutôt que nous en grandissions.
Cela ne signifie pas que toutes les ségoulot sont négatives, mais il convient de ne pas oublier quel est l’objectif des yissourim – Hachem nous demande de grandir.
[de même, bien que le fait de recevoir des bénédictions de grands rabbanim soit parfaitement acceptable, cela ne doit pas nous distraire du but principal des épreuves. ]
[ nous devons voir chaque souffrance comme une frappe, plus ou moins forte de papa Hachem, nous demandant de se réveiller. Il souffre de nous voir agir ainsi, alors que l'on pourrait faire tellement mieux.
Réveillons-nous dans ce monde, pour se construire un monde éternel qui soit le plus beau possible, où l'on pourra être le plus proche d'Hachem.
Plus vite nous réagissons en s'améliorant dans un domaine (en percevant les petites souffrances), moins Hachem aura besoin de nous frapper encore plus fort pour que l'on se réveille. ]
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-> Dans un autre divré Torah, rabbi Gefen explique :
Hachem peut, dans Sa sagesse infinie, récompenser et "sanctionner" quelqu’un simultanément.
Le fait d’infliger une punition, d’après la Torah, ne consiste pas à causer une souffrance sans raison. Les "punitions" divines sont des "stratégies" par lesquelles Hachem communique avec nous et nous exhorte, de manière allusive, à changer de comportement dans certains domaines.