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"Avraham se leva de sur la face de son mort" (vayakom Avraham méal péné méto - 'Hayé Sarah 23,3)

=> A priori le terme : "la face" (péné - פני) est en trop, car il suffirait d'écrire : "Avraham se leva de son mort". Que vient nous apprendre l'ajout du mot : פני (la face)?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (dans son Tiférét Yonatan) répond :
il est expliqué dans le Zohar, que tous les tsadikim qui sont enterrés au caveau de Makhpelah quittèrent ce monde par une "néchika" (un baiser de D.), et non par l'intervention de l'ange de la morts.
[la guémara (Béra'hot 8a) explique que la mort par baiser divin est comparable à un cheveun délicatement enlevé d'un bol de lait.
la guémara (Baba Batra 17b) enseigne que les âmes d'Avraham, Its'hak, de Yaakov, Aharon, Myriam et Moché furent toutes prises par le baiser divin de la néchika. (+ les ajouts selon le rav Eibschutz). La particularité est que c'est Hachem lui-même plutôt que l'ange de la mort qui prend l'âme.]

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=> Puisqu'Avraham enterra Sarah dans le caveau de Makhpelah, il devait forcément savoir que son épouse avait quitté ce monde par un baiser divin.
Comment Avraham a-t-il su que Sarah mourut par un baiser divin et non par l'intermédiaire de l'ange de la mort?

Il est écrit dans le guémara (Avoda Zara 20b) :
"Les Sages dirent à propos de l'ange de la mort qu'il est entièrement couvert de yeux. [ce qui signifie qu'il voit partout, en tout temps, d'un bout à l'autre du monde, contrairement aux êtres humains auxquels il suffit de fermer les yeux pour qu'ils ne puissent plus voir]
Au moment où le malade doit mourir, l'ange de la mort se tient debout au-dessus de sa tête. Ce dernier tient dans sa main une épée à l'extrémité de laquelle une goutte de poison est suspendue.
Lorsque le malade voit l'ange de la mort, apeuré, il ouvre la bouche et y reçoit la goutte de poison, ce qui le fait mourir.
Le poison va le putréfier et sa face va devenir verdâtre."

Avraham scruta "sa face" (פני) après son décès et il vit que son visage rosé rayonnait, comme si elle était encore en vie. Il comprit alors que Sarah avait quitté ce monde par un baiser divin et non par l'ange de la mort.
C'est là le sens du verset : "Avraham se leva de sur la face (פני) de son mort" = c'est précisément en observant le visage de Sarah, qu'il comprit comment elle avait rendu son âme et qu'elle pouvait donc être enterrée dans le caveau de Makhpelah.

De plus, les Commentateurs ajoutent sur le verset : "Et Sarah mourut à Kyriat Arba" : Ne lis pas "Kyriat Arba" (בקרית ארבע) mais plutôt "Kriat Arba" (בקריאת ארבע) qui signifie littéralement "avec la lecture des quatre".
En effet, Sarah notre matriarche rendit son âme en récitant les 4 derniers mots du Shéma Israël : "Hachem est notre D., Hachem est Un" (Hachem Elokénou, Hachem é'had).

Comme le dit le Zohar, Sarah mourut en lisant le Shéma Israël, car cette femme, pieuse et vertueuse, ne pouvait mourir par l'intermédiaire du serpent, l'ange de la mort. Son âme la quitta lors de la récitation des 4 derniers mots du Chema.
C'est cela qu'on appelle : "La mort par le baiser divin", comme il est écrit : "Mon âme me quitta par ta parole" (Chir Hachirim 5,6).
C'est par l'authenticité de l'adhésion de son âme à son Créateur que cette dernière la quitta.
[d'après le rav Pin'has Friedman]

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-> "Avraham se leva de devant son mort et il parla au fils de 'Het" ('Hayé Sarah 23,3)

-> Il y a un avis selon lequel la 10e épreuve que devait surmonter Avraham était sa discussion avec les fils de 'Het pour acheter la grotte de Makhpela pour y enterrer Sarah.
Mais on peut s'interroger. Tout d'abord, en quoi est-ce une épreuve de devoir discuter pour l'achat d'un terrain? Toute personne est régulièrement confronté à une telle situation où il doit acheter un terrain. Mais surtout, il est étonnant que cette épreuve vienne après le sacrifice d'Its'hak qui était bien plus difficile. On a du mal à comprendre l’enchaînement logique des épreuves.

En fait, lors de l'épreuve de la Akéda, Avraham devait montrer à Hachem son amour pour Lui, encore plus fort que pour son fils. Ainsi, il a connu lors de cette épreuve un moment d'élévation d'âme d'un très grand niveau. Il était prêt à tout pour démontrer son amour pour Hachem et il s'est attaché à Lui dans son cœur et ses sentiments, pour ressentir un détachement de tout le reste pour se consacrer exclusivement au Divin. Et effectivement, ce sentiment d'extase est très élevé.
Mais Hachem n'attend pas de l'homme uniquement cela. Il y a encore un niveau plus haut. C'est de pouvoir, juste après avoir connu un moment d'une si grande élévation spirituelle, redescendre sur terre et discuter de façon très terre à terre pour négocier l'achat d'un terrain.
La Torah ne veut pas que le Service de D. déconnecte l'homme de la réalité du monde concret et de ses obligations les plus basiques. Dans d'autres religions, on peut prôner le détachement total de la matérialité, pour une vie d’ascétisme et de fascination devant le spirituel. Mais, Hachem a placé notre âme dans un corps et dans un monde matériel, avec des besoins vitaux physiques. Car Il souhaite qu'on arrive à réunir les deux.
Certes, s'élever dans des sentiments d'amour et d'extase spirituels, mais en même temps, prendre en compte les contingences du corps et du monde, et mener une vie conforme à tout cela. C'est souvent ce que certains reprochent au judaïsme. Il y a trop d'exigence d'actes et de concret. On aimerait bien plus de sentiments et de fascination. Mais la Torah cherche à atteindre la perfection. A savoir, faire descendre les sentiments les plus élevés dans des actes et une vie des plus concrets. Car le but n'est pas uniquement l'élévation de son âme, mais aussi l'élévation de son corps et du monde matériel tout entier.
C'est ce que Avraham a su démontrer. Après l'élévation de la Akeda, il a su redescendre dans les affaires de ce monde et discuter de l'achat d'un terrain. Telle est la perfection que demande la Torah, mais si cela peut paraître pour certains moins exaltant. Mais la Torah n'est pas une religion forgée par l'homme, conforme à ce que lui recherche et ce qui le fascine le plus. C'est une Torah Divine, donnant à l'homme le moyen d'atteindre la perfection voulue par Hachem.
[rav Mikaël Mouyal]

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