+ 'Hanoucca = un Yom Tov comme les autres :
-> "Pourquoi le verset : "Qu'ils t'apportent de l'huile pure" (Emor 24,2) est-il juxtaposé au passage relatif aux fêtes (Emor 23,1-44)?
Pour enseigner que dans le futur, les Bné Israël établiraient un Yom Tov basé sur [le miracle de] l'huile.
Et lequel est-ce ? 'Hanoucca".
[midrach Pessikta Zoutrata - paracha Béhaalotékha]
-> Cet enseignement du midrach disant que la Torah fait allusion à la fête de 'Hanoucca lorsqu'elle mentionne l'allumage de la ménorah dans le Michkan juste après les lois des fêtes est repris par le Ma'hzor Vitri (234), avec un ajout important : le fait que cette allusion ait été mentionnée dans la Torah, dit le Ma'hzor Vitri, nous enseigne que 'Hanoucca "est un Yom Tov comme les autres Yamim Tovim".
=> Comme c'est étonnant alors qu'a priori, 'Hanoucca ne ressemble pas du tout aux autres fêtes!
La guémara (Shabbat 21b) enseigne que 'Hanoucca était destiné à être "des jours de fête de louange et de remerciement". Rachi explique que la guémara souligne qu'il n'est pas interdit d'exécuter des mélakhot (travaux) à 'Hanoucca et que cette fête fut fixée uniquement en tant qu'époque "pour réciter le Hallel et Al Hanissim en tant que remerciement".
=> Cela semble mettre Hanoucca à part des autres Yamim Tovim où il est interdit d'accomplir des mélakhot.
En réalité, les différences entre Hanoucca et les autres Yamim Tovim vont au-delà de la permission de faire des mélakhot. La Torah appelle les fêtes des "mikraé kodech" (convocations saintes - Emor 23,2), ce qui fait dire au Ramban (se basant sur le Sifri et le Targoum Onkelos) : "Ne les considérez pas comme les autres jours ; faites-en des jours saints désignés et différenciez-les par des aliments et des
vétements (spéciaux)".
Or les jours de Hanoucca n'ont pas le statut de "mikraé kodech" : contrairement au Shabbat et à Yom Tov, nous ne sommes pas tenus d'honorer la fête par des vêtements et des aliments particuliers.
De plus, nous ne sommes pas tenus de considérer 'Hanoucca comme une époque de réjouissance, comme le dit le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 670,2) : "il n'y a pas d'obligation de faire une séouda à 'Hanoucca".
=> On a ainsi relevé plusieurs différences avec ce qui à priori fait l'essence d'un Yom Tov. Comment alors comprendre l'affirmation que 'Hanoucca est un Yom Tov comme les autres Yamim Tovim?
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+ La signification de la Ménora :
-> "Parle à Aharon et dis-lui : lorsque tu allumeras les lumières [de la ménorah], les 7 lumières illumineront vers le centre de la ménorah" (Béaaloté'ha 8,2)
-> Le midrach (Bamidbar rabba 16,6 ; Tan'houma Béaaloté'ha 5) explique qu'Aharon était peiné que sa tribu n'ait pas participé aux offrandes apportées par les chefs de tribu et craignait d'en être responsable. Pour calmer ses craintes, raconte le Midrach, Hachem ordonna à Moché de dire à Aharon : "N'aie pas peur. Tu es destiné à quelque chose de plus grand que cela ... Les sacrifices ne peuvent être offerts que lorsque le Temple existe, alors que les lumières seront toujours [allumées] vers le centre de la ménorah".
-> Le Ramban (Béaaloté'ha 8,2) explique que c'est une allusion à la mitsva d'allumer les lumières de 'Hanoucca accomplie par toutes les générations, même après la destruction du Temple.
-> Le Sforno (Béaaloté'ha 8,2) sur l'expression "les 7 lumières illumineront" indique que "les 7 [lumières] produiront de la lumière et jetteront une lumière céleste sur Israël".
-> De même, le Malbim (Béaaloté'ha 8,2) écrit : "Lorsqu'Aharon allumait les 7 lumières de la ménorah dans le Sanctuaire, la lumière cachée [depuis les 7 jours de la Création descendait sur les 7 branches de la ménorah dans le Sanctuaire, l'emplissant entièrement de la lumière de la Chékhina (Présence Divine)".
Ainsi, lorsque le midrach indique que la "lumière" de la ménorah continuerait à briller après la destruction du Temple, il ne parle pas de la lumière physique de la ménorah mais de la sainteté de la Chekhina introduite au Temple grâce aux flammes de la ménorah.
Aujourd'hui aussi, les lumières de Hanoucca continuent à produire cette sainteté et à porter le caractère sacré de la Présence de la Chekhina qui émane d'elles à travers le monde.
Le Ram'hal (Déré'h Hachem IV 7,6) enseigne : toutes les fêtes de la Torah sont basées sur "un cycle établi par la Sagesse Suprême par lequel chaque fois qu'une rectification a eu lieu dans l'histoire ou qu'une grande lumière a brillé, une lumière semblable brillera de nouveau à chaque anniversaire de ce même évènement, et les résultats de cette rectification se renouvelleront à l'intérieur de nous".
A l'époque du miracle de Hanoucca, les 'Hachmonaim ont risqué leur vie pour défendre l'honneur d'Hachem. Malgré leur faiblesse militaire et leur petit nombre, ils ont défié le cours naturel des choses en luttant contre les grecs. En réponse à leur sacrifice, D. a accompli le miracle de la ménorah de 'Hanoucca : l'huile a continué à brûler en dépit de sa nature et a permis à la sainteté de la Présence Divine de continuer à émaner par la ménorah.
Selon l'enseignement du Ram'hal, ce phénomène se reproduit chaque année lorsque nous allumons les lumières de 'Hanoucca.
[chaque année, même après la destruction du Temple, la lumière spirituelle qui emplissait le Temple lorsque la ménora était allumée émane de nouveau grâce à l'allumage des lumières de 'Hanoucca.]
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-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) enseigne :
[le Midrach appelle 'Hanoucca un "Yom Tov", et le Ma'hzor Vitri : ] "un Yom Tov comme les autres Yamim Tovim", on peut l'expliquer ainsi : toutes les fêtes de l'année sont des canaux par lesquels l'éclat de la Chekhina pénètre dans le monde, comme la ménorah au Temple.
Ce concept est exprimé par le Zohar (Parachat Emor, 104b) : "[Les fêtes] sont toutes des lumières sublimes ; ce sont toutes des lumières pour l'allumage de l'huile d'onction céleste".
Ainsi, la sainteté de la Chékhina (Présence Divine) au Temple continue à être véhiculée aujourd'hui dans le monde par les Yamim Tovim, eux-mêmes comparables aux lumières de la ménorah.
Aussi, la comparaison de 'Hanoucca aux fêtes bibliques dans la Torah ne concerne ni les mitsvot de 'Hanoucca ni la récitation du Hallel. Cette comparaison ne suppose pas non plus que 'Hanoucca doive être célébrée par le port de vêtements particuliers ou autres. Elle indique plutôt que la mitsva d'allumer les lumières de 'Hanoucca attire la sainteté de la Chékhina dans le monde, de même qu'au Temple, la ménorah était un canal pour la Présence de la Chekhina, et de même que la Chekhina est amenée dans le monde par la sainteté des autres fêtes.
=> La force spirituelle des lumières de 'Hanoucca est la même que celle du peuple juif lui-même : celle d'attirer la Présence d'Hachem dans le monde physique, par l'accomplissement des mitsvot, serait-ce à une période où D. est dissimulé.
C'est une aptitude que le peuple juif possède encore aujourd'hui, malgré l'absence du Temple et des sacrifices. Cela nous montre à quel point le peuple juif est précieux pour D., combien Il désire notre service et nous apprend qu'Il fait constamment reposer Sa Présence sur nous.
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+ 'Hanoucca = les 3 Régalim deviennent 4 Régalim :
-> La guémara (Shabbath 21b) rapporte que les 'Hachmonaïm ont attendu une année avant de désigner 'Hanoucca comme une fête juive à par entière.
Le Sfat Emet ('Hanoucca 5644) donne l'explication suivante :
Pour apprécier le retard d'une année dans la proclamation de 'Hanoucca comme fête, nous devons comprendre la signification des Fêtes (chaloch régalim). Ce ne sont pas simplement des occasions de joie nationale, mais comme leur nom "régalim" (réguél - רגל - un pied) l'indique, ce sont des piliers qui soutiennent toute l'année.
Alors que le peuple juif avant le miracle de 'Hanoucca était soutenu spirituellement par 3 "pieds" (chaloch régalim), Hachem réalisant que les générations futures avaient besoin d'une subsistance spirituelle supplémentaire, a apporté un autre "pied" : celui de 'Hanoucca.
Comme le remarque Kohélét (3,11) : "Il a rendu toute chose belle en son temps" = il y a un bon moment pour tout. L'effet cumulatif des 3 Fêtes (Pessa'h, Shavouot et Souccot) en son temps ne pourrait actuellement plus être atteint qu'avec l'ajout de 'Hanoucca.
Dans l'esprit de : "Hachem fait précéder la guérison avant un fléau" (Hachem makdim réfoua lémaka) = il est raisonnable de supposer que Hachem a désigné 'Hanoucca comme un soutien supplémentaire (un 4e pied) juste avant le début de l'oppression grecque, et c'est ce qui a permis à Israël de triompher de leur ennemi.
La pleine conscience de la place de 'Hanoucca parmi les Yamim Tovim n'est pas venue immédiatement. Ce n'est qu'après un an d'introspection que les juifs ont pu arriver à la conclusion que 'Hanoucca était vraiment l'un des piliers de l'année juive [et méritait d'être désigné comme un Yom Tov].
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-> Le Sfat Emet ('Hanoucca 5641) enseigne également :
Non seulement 'Hanoucca a été proclamée comme une fête sur terre, devant être célébrée par les mortels, mais elle a également été établie comme un Yom Tov au Ciel.
En désignant 'Hanoucca comme une fête, les rabbanim de cette époque ont perçu que cette fête n'était pas simplement une fête qu'ils avaient créée, mais plutôt une journée profondément enracinée dans le Ciel.
-> La sainteté accrue manifestée dans le Ciel [à 'Hanoucca] n'y reste pas, mais elle est également déversée sur le peuple juif sur terre.
Tout comme les actions des juifs laissent un impact au Ciel, la décision de nos rabbanim de proclamer 'Hanoucca comme un Yom Tov a laissé un impact profond sur chaque âme juive, permettant au juif de retourner à Hachem en ce moment de l'année.
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5644]
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-> Le Sfas Emes (5644) écrit : "Les yomim tovim sont appelés "chaloch régalim" (שלש רגלים - littéralement, "trois pieds") parce qu'ils sont les piliers qui soutiennent le monde. Dans les générations précédentes, 3 fêtes étaient suffisantes (Pessa'h, Shavouot, Souccot).
Hachem savait que trois 3 ne seraient pas suffisantes pour nous dans les générations futures, alors Hachem a ajouté 'Hanoucca et Pourim. À notre sujet, il est dit : "un fou ne ressent rien" (אין שוטה נפגע). [Nous sommes comme des fous parce que nous ne réalisons pas à quel point 'Hanoucca et Pourim sont importants pour nous. ]
Mais les premiers érudits et le véritable ovdé Hachem ont certainement senti et réalisé qu’il est impossible d’exister sans [ 'Hanoucca] et sans les bougies/lumières de 'Hanoucca, qui illumine les ténèbres.
Je pense que nous pouvons gagner plus pendant ces fêtes [de 'Hanoucca et de Pourim que par les 3 régalim] parce que nous pouvons célébrer 'Hanoucca et Pourim dans leur intégralité. Avec les autres fêtes [Pessa'h, Shavouot, Souccot], nous manquons de la mitsva de monter au Temple (aliya laréguel - עליה לרגל), qui était la joie principale de la fête.
Mais nous pouvons observer pleinement les mitsvot de 'Hanoucca et de Pourim. Nous pouvons garder 'Hanoucca et Pourim exactement comme ils ont été établis à l'origine, ce qui est une qualité que 'Hanoucca et Pourim ont par rapport aux autres yomim tovim en raison de la destruction du Temple.