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"Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14)

-> À propos de notre verset :
"Rech Lakich a enseigné : d'où savons-nous que les paroles de la Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle? Parce qu'il est écrit : "Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14). [guémara Béra'hot 63b]

-> Le guémara (Sanhédrin 24a) témoigne de la force d'analyse extraordinaire de Rech Lakich lorsqu'il étudiait la Torah: "Oula disait : celui qui voit Rech Lakich au Bet Hamidrach est comme s'il voyait un homme en train de déraciner des montagnes et les broyer l'une contre l'autre."

Il répétait tous les enseignements et relevait toutes les contradictions, puis y répondait de façon exacte.
Ceci corrobore avec le témoignage de Rabbi Yo'hanan son maître lorsqu'il pleura son élève le jour de sa mort : "Lorsque je lui parlais de Torah, il me posait 24 questions et je lui répondais par 24 réponses, et ainsi le sujet que nous traitions s'éclaircissait de façon limpide. Rabbi Yo'hanan déchira son vêtement et pleura abondamment en déclarant: où es-tu fils de Lakich, où es-tu fils de Lakich?" (Baba métsia 84a).

-> L'enseignement de Rech Lakich : "Les paroles de la Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle" peut se comprendre de 2 façons.
La première suit l'avis du Rambam, à savoir que l'homme a le devoir de purifier son corps et d'être dans l'effort permanent dans l'étude de la Torah en diminuant la nourriture et le sommeil, comme il est dit dans les Pirké Avot (6,6 - les 48 qualités pour acquérir la Torah).
[Le Rambam écrit : "les enseignements de Torah ne subsistent pas chez celui qui étudie avec légèreté, jouissant de nourriture et de boisson mais seulement chez celui qui se tue pour elle, sans répondre aux sollicitations constantes de son corps, il ne donnera pas de sommeil à ses yeux et de repos à ses paupières.
Ainsi, les Sages ont enseigné par allusion le chemin à suivre : "Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans une tente". Les paroles de Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle." ]

La deuxième explication, celle du "Touré Zohav" est que l'homme doit se sanctifier et purifier son âme par l'effort de la recherche intellectuelle que sont les analyses et les raisonnements dans l'étude de la Torah approfondie. Par le mérite de la purification du corps et de l'âme, l'homme pourra mériter d'atteindre et d'accéder à la sagesse authentique de la Torah.
[le Touré Zahav écrit : "donnez-vous de la peine dans l'étude de la Torah car ceux qui l'étudient dans la légèreté n'arrivent pas à accéder à sa sagesse et la Torah ne se maintient pas chez ceux-là ... Aussi l'essentiel de la grandeur de celui qui étudie la Torah est dans l'effort qu'il fournit pour la rechercher."

Le Touré Zahav" ajoute que la raison pour laquelle les Sages ont institué la bénédiction sur la Torah : "vétsivanou laassok bédivré Torah" (qui fait des efforts pour la Torah) et non pas : "lilmod divré Torah" (qui étudie la Torah) a pour but de nous apprendre que l'essentiel de la mitsva du limoud Torah réside précisément dans l'effort de la recherche qui s'exprime à travers l'analyse et le raisonnement, comme un homme qui est affairé à un commerce.
Et c'est le sens de la guémara (Méguila 6b) : "Si un homme te dit : j'ai cherché (la Torah) et je ne l'ai pas trouvée, ne le crois pas ! S'il te dit : je n'ai pas cherché (la Torah) et je l'ai trouvée, ne le crois pas ! Mais s'il te dit je l'ai recherchée et je l'ai trouvée, crois-le!"
(on ne te demande pas de simplement faire, mais d'y investir toutes tes capacités, toutes tes forces, à tout donner, ... à se tuer pour la Torah.)]

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Rech Lakich accomplissait ces 2 interprétations et avait le mérite d'étudier la Torah par ces 2 chemins.
D'un côté, il investissait tous ses efforts dans ses analyses, comme en témoigne Oula : "Celui qui voit Rech Lakich au Bet Hamidrach est comme s'il voyait un homme en train de déraciner des montagnes et les broyer l'une contre l'autre" (guémara Sanhédrin 24a).
Et de l'autre côté, sa Torah était ordonnée comme cela est rapporté : "Rech Lakich révisait son passage de la Michna 40 fois correspondant aux 40 jours durant lesquels la Torah fut transmise à Moché au Sinaï, puis seulement il se rendait auprès de Rabbi Yo'hanan" (guémara Taanit 7b-8a).

A présent, nous comprenons pourquoi Rabbi Yo'hanan répéta à deux reprises : "où es-tu fils de Lakich, où es-tu fils de Lakich?" durant l'oraison funèbre de son élève (Baba métsia 84a - cf.ci-dessus).
Il s'adressait finalement aux 2 facettes exceptionnelles qu'il y avait en lui : la première fois pour désigner celui qui avait la force inégalée d'accéder aux plus vastes connaissances de la Torah comme Sinaï, et la seconde fois pour souligner son incroyable perspicacité dans la Torah et sa puissance d'analyse capable de déraciner des montagnes.

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-> Le Maharal de Prague (Nétsa'h Israël - chap.7) enseigne :
"La matérialité du corps et la spiritualité de la Torah sont totalement antinomiques. La Torah ne peut s'acquérir que par quelqu'un qui annule complètement ses désirs corporels et domine parfaitement son mauvais penchant.
S'il en est ainsi, comment peut-on accomplir la Torah dans un univers de matérialité?
La Torah ne peut s'accomplir que chez celui qui est prêt à se tuer pour elle."

-> D'après cet enseignement, nous pouvons comprendre la question posée par Alexandre le Grand aux Sages d'Israël : "Que doit faire un homme pour vivre? Les Sages répondent qu'il doit se tuer lui-même. Alexandre le Grand demande alors : que doit faire un homme pour mourir? Il doit se laisser vivre". (guémara Tamid 32a)

A présent, expliquons les paroles énigmatiques de cet échange : lorsque les Sages répondent à la première question d'Alexandre le Grand en disant que l'homme doit "se tuer lui-même" cela signifie qu'il doit tuer son égocentrisme qui le pousse à poursuivre les futilités de ce monde et à assouvir ses envies primaires.
Il ne peut pas accéder à une vie authentique, comme cela est rapporté dans la Michna : "La jalousie, l'envie et les honneurs sortent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).
A la seconde question d'Alexandre le Grand, qui demandait comment un homme doit-il faire pour mourir, les Sages répondent : "Il doit se laisser vivre" = c'est-à-dire se laisser emporter par ses désirs et ses pulsions. Il ne pourra jamais se connecter à ce qu'il vit ou tirer un quelconque profit authentique dans sa vie et sera considéré comme mort.
[Tsor ha'Haïm - 'Houkat]

-> Rabbi Yéhouda Hanassi dressa ses 10 doigts vers le ciel et déclara avant de mourir : Maître de l'univers, il est établi devant Toi que je n'ai pas tiré profit dans ce monde-ci même de mon petit doigt. (guémara Kétoubot 104a)
Tossefot explique que l'homme doit prier pour que la Torah pénètre intégralement son corps afin de pouvoir le dominer.

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