+ La gravité de fauter, et le moyen de réparer :
-> "A D. ne plaise, par ses actes, ses paroles et ses pensées qui ne sont pas bonnes, il [un juif] détruit de nombreuses puissances et d'innombrables mondes célestes saints ... ou il provoque l'obscurcissement ou la diminution de leur lumière et de leur sainteé, et ajoute de la puissance aux royaumes de l'impureté".
[rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm - chap.3]
-> Par la suite, rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chap.4) écrit :
"En vérité, le cœur de celui qui est sage et qui comprend ce concept frémira en lui et il tremblera lorsqu'il se concentrera sur l'étendue des dommages causés par chacune de ses fautes, des dommages encore plus importants que ceux causés par Névou'hadnetzar et Titus (qui ont détruit le Temple), car les actions de Névou'hadnetzar et Titus n'ont causé aucun défaut en Haut, car il ne leur a pas été donné la possibilité d'atteindre cet endroit par leurs actions."
=> Cela est terrifiant à considérer! Chacune des fautes que nous transgressons, même si elles sont apparemment insignifiantes, a un effet plus dévastateur dans les royaumes célestes que la destruction du Temple!
-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor) enseigne comment remédier à ces dommages.
Voici ses paroles : "Il est connu que lorsqu'une personne faute, à D. ne plaise, elle cause une souillure dans les cieux et ajoute de la puissance aux forces de l'impureté. Le remède à cela est de brûler ces forces maléfiques en dirigeant une passion ardente vers le Créateur. En effet, cette inspiration incroyable n'est venue qu'à la suite de la faute, car son esprit avait des pensées obscures".
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-> Nos Sages (guémara Yoma 86b) enseignent que la téchouva méahava (le repentir né de l'amour), a le pouvoir de transformer les fautes d'une personne en mitsvot.
Expliquant ce concept, le Baal haTanya (Likouté Amarim - Tanya - chap.7) dit que lorsque la culpabilité et le chagrin causés par une faute poussent une personne à davantage désirer et être inspirée dans son avodat Hachem, l'amenant à la téchouva méahava, alors cette faute s'est transformée en mitsva.
Avec le recul, le fauteur est capable de voir que cette faute a en fait conduit à une aliya, à une progression/élévation dans sa avodat Hachem, remplissant ainsi la même fonction qu'une mitsva, qui est un moyen de se rapprocher du Maître du monde.
-> Dans le même ordre d'idées, rabbi Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 40,52,100) écrit que le principe de la téchouva est atteint lorsqu'une personne se rend compte que, d'une manière très profonde, sa faute était aussi la volonté de D.
Il est évident que cette affirmation peut être incroyablement dangereuse si elle est mal interprétée, mais il va de soi que rabbi Tsadok haCohen ne veut pas dire, D. préserve, qu'une personne doit rationaliser sa conduite pécheresse en "réalisant" que toutes ses actions sont en fait la volonté du ciel.
La "réalisation" à laquelle ce tsadik fait référence a lieu lorsqu'une personne peut regarder honnêtement en arrière et voir que son méfait a entraîné un changement complet et durable dans le sérieux et l'intensité de sa avodat Hachem. C'est alors qu'elle peut être sûre que sa faute n'était qu'un moyen de la rendre encore plus grande, une "yérida létsoré'h aliva" (une descente/chute permettant davantage d'élévation). [voir aussi rabbi Na'hman - Likouté Maharan 22:11]
[évidemment qu'on ne désire pas la faute, qu'on fait tout pour l'éviter, mais si à postériori nous avons déjà fauté alors nous devons autant que possible faire en sorte que cela nous soit un tremplin spirituel.
A l'inverse, notre yétser ara nous fait tomber et ensuite il nous fait culpabiliser, nous attrister. En effet, il s'est trop bien la force de la tristesse, du désespoir, mais surtout d'utiliser une chute pour davantage s'élever (à l'image du ressort qui se contracte pour mieux pouvoir s'élancer vers le haut). ]
-> En ce sens, nos Sages (Sanhédrin 99a) affirment : "À la place des baalé téchouva, même les complétement justes ne peuvent s'y tenir".
L'une des explications de cette affirmation est qu'une personne qui a fauté et ensuite réalisé une téchouva dessus, elle a fait une utilisation de la tristesse de son regret sur ses fautes dans un but de la propulser vers les plus hauts sommets spirituels, à un endroit que même les tsadikim parfaits ne peuvent atteindre.
-> C'est à cette rectification que le rabbi de Berditchev fait référence.
Si le feu de la faute a provoqué une descente dans les royaumes de l'impureté, c'est le feu de la spiritualité provoqué par la tristesse que l'on ressent d'avoir fauté qui est nécessaire pour le ramener dans le royaume de la lumière sainte.
-> Comme l'écrit rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 156) :
"La pureté du cœur est atteinte lorsque le cœur d'une personne brûle d'une passion pour Hachem. Pour rectifier le fait que son cœur a brûlé à cause d'une faute ou d'un désir impur, à D. ne plaise, qui a contaminé son cœur, celui-ci doit s'enflammer de passion pour Hachem. Grâce à cela, son cœur atteint la pureté, comme le dit le verset : "Tout ce qui entre dans le feu, vous le ferez passer par le feu et il sera purifié".
=> Nous avons tous commis de très nombreuses fautes qui ont causé des dommages considérables au monde (à notre monde intérieur, au monde Celeste, terrestre, ...).
Mais comme l'affirme rabbi Na'hman de Breslev : "s'il y a un moyen de détruire, il y a un moyen de réparer", et "il n'y a pas de désespoir dans le monde" .
Tout peut être renversé. En utilisant le lourd sentiment de regret résultant de notre faute, pour le porter à renforcer notre avodat Hachem à un meilleur niveau, avec plus de passion (papa Hachem, pardon, certes je suis tombé dans la faute, mais je vais essayer de faire mieux Ta volonté).
Nous utilisons la faute elle-même pour nous aider dans notre croissance spirituelle.
[c'est l'idée enseignée par rabbi Na'hman de Breslev, comme dans le Likouté Moharan 116]
-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor 21,9) enseigne :
Une faute n'affecte pas seulement l'âme (néchama) de l'individu, mais "elle souille son père" = la transgression affecte et cause une souillure dans les royaumes célestes.
Quel est le moyen de remédier à ces dommages considérables?
La réparation (tikoun) consiste à faire rebondir la culpabilité et la tristesse causées par la faute et à les utiliser pour nous propulser vers de plus hauts sommets dans notre avodat Hachem, en atteignant des niveaux inédits de feu émotionnel et de passion dans notre service.
Lorsque nous faisons cela, non seulement nos fautes sont pardonnées, mais elles sont entièrement transformés, nous enlevons les robes de l'Accusateur et revêtons celles de l'avocat [qui nous défend au Ciel], transformant la faute la plus grave en mérite ultime.
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-> Cela doit également nous rappeler que tout ce qu'un juif pense, dit ou fait a le pouvoir de provoquer des changements majeurs dans les forces célestes.
Chaque mitsva accomplie (même la plus simple, facile) par une personne a pour conséquence de générer des quantités incalculables de bénédictions, de lumière et de bonté Divine dans les sphères spirituelles, et en fin de compte dans ce monde physique également.
À l'inverse, chaque faute transgressée entraîne la diminution immédiate de cette bénédiction, de cette lumière et de cette bonté, et apporte au contraire la destruction et la colère divine sur l'univers.
[libre arbitre oblige, on ne se rend pas compte de l'impact phénoménal de chacune de nos actions.
Les premiers mots d'un juif sont "modé ani (je Te remercie) ... 'hémla raba émounaté'ha (grande est Ta confiance en moi)" = malgré notre risque de fauter, Hachem nous redonne la vie à notre réveil en nous donnant la capacité d'impacter considérablement le monde (en bien, en mal), car Il a confiance en nous.
Alors à nous de Lui prouver qu'Il en a eu raison, qu'Il soit éternellement fier de nous! ]