+ A chaque mitsva, tout juif donne du plaisir à Hachem :
-> "Le monde a été créé pour la bonté" (olam 'hessed yibané - Téhilim 89,3).
Nous appelons Hachem "le Bon". (haTov)
Le Séfer ha'Hinoukh explique que ce titre ne peut être attribué qu'à quelqu'un qui a atteint la perfection d'être "bon", ce qui signifie qu'il fait du bien aux autres. Le désir d'Hachem est de faire du bien à Ses créations, et Il a créé le monde uniquement dans ce but, afin qu'il y ait des personnes pour lesquelles Il puisse faire preuve de bonté.
Cette bonté s'exprime d'abord dans ce monde par la multitude de bontés dont Hachem nous comble, mais elle n'atteindra son maximum que dans le monde à Venir, où l'âme se prélassera dans la gloire d'Hachem pour l'éternité.
-> Le 'Hovot haLévavot (chaar avodat Hachem - chap.9) écrit :
"la vérité sur le secret de notre venue dans ce monde est la suivante : Hachem nous a créé à partir du néant absolu parmi les nombreuses forces spirituelles qu'Il a créées. Il voulait nous promouvoir et élever notre stature pour que nous rejoignions Ses âmes pures bien-aimées et choisies qui sont proches de Sa Gloire, afin qu'Il puisse nous faire du bien et accomplir des actes de bonté à notre égard.
Cela ne pouvait être réalisé si nous restions dans les mondes supérieurs, et c'est pourquoi Il nous a fait descendre dans ce monde".
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-> Imaginons un instant un père aimant et dévoué qui a un seul et unique fils qu'il aime infiniment. Il attend chaque occasion d'exprimer ses sentiments en couvrant son fils de cadeaux somptueux et coûteux.
Si le fils se comporte mal, le père, pour l'éducation morale de son fils, ne peut pas lui donner une récompense, et c'est à contrecœur et péniblement qu'il doit renoncer à son grand désir de choyer l'enfant.
Si l'enfant se comporte correctement, le père ressent une grande joie car son rêve se réalise et il peut à juste titre couvrir son fils bien-aimé de toutes les gâteries possibles.
La relation d'Hachem avec Son peuple bien-aimé et élu, les juifs, fonctionne de la même manière.
Hachem a créé le monde afin de nous gratifier de son infinie bonté et attend avec impatience de pouvoir le faire.
Tant que nous ne l'écoutons pas et que nous agissons contre sa volonté, il n'est pas en mesure de nous combler de ses bienfaits et il en est terriblement peiné. Si nous nous comportons correctement et devenons ainsi dignes de recevoir Ses bénédictions, Hachem ressent une grande joie, et Son désir d'être le "Bon" (haTov) en nous accordant Ses bénédictions est comblé.
-> Dans les mots du Séfer ha'Hinoukh (mitsva 95) :
"Tout ce que l'on obtient en réalisant les mitsvot d'Hachem se résume à ceci : c'est Son désir de nous faire du bien, et lorsque, par l'accomplissement de ces mitsvot, un homme se rend capable et prêt à accepter ce bien, Hachem lui accordera des bienfaits.
Il leur a donc enseigné la bonne voie à suivre pour devenir des personnes honnêtes, à savoir la voie de la Torah par laquelle un homme devient bon.
Par conséquent, quiconque accomplit les mitsvot d'Hachem satisfait le désir d'Hachem en étant digne de recevoir Ses bienfaits. En revanche, si l'on ne se prépare pas à cela, la faute est très grande, car on connaît le désir d'Hachem et on agit à l'encontre de ce désir."
-> Il est à noter que dans sa compilation des mitsvot, le Séfer ha'Hinoukh va répéter à 48 reprises cette idée (cf. mitsva 42, 63, 171 et 344). Cela témoigne à quel point cela est un aspect fondamental du judaïsme.
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+ "Aider" Hachem :
=> Quelle est la raison profonde pour laquelle Hachem ne veut nous accorder Ses bénédictions que si nous adhérons à Sa volonté? Il est certain que si Son seul désir est de nous combler de bénédictions, Il devrait le faire indépendamment de notre comportement.
-> Expliquons-le par une parabole. Un père demande à ses deux fils de l'aider à nettoyer leur maison. L'un des fils se met au travail, déplaçant, transportant, balayant et organisant à lui tout seul, tandis que l'autre se promène paresseusement, ramassant un déchet par-ci par-là, mais pas grand-chose de plus.
Une fois le travail terminé, le père appelle chacun de ses fils dans sa chambre et leur remet une grosse barre de chocolat en remerciement de leur aide.
À première vue, les deux fils semblent avoir reçu exactement la même récompense. En réalité, il existe une grande différence entre eux.
Quelle émotion éprouve chacun d'eux en recevant la tablette de chocolat?
Le premier fils se sent très bien dans sa peau. Il sait que son dur labeur a été remarqué et apprécié, et que le chocolat est une juste récompense pour ses efforts. Il repart avec un sentiment de satisfaction et d'accomplissement.
Le second fils, en revanche, accepte le chocolat avec timidité. Il ressent une profonde gêne, sachant qu'on lui a donné quelque chose qu'il ne mérite pas.
Quantitativement, les récompenses sont les mêmes, mais qualitativement, celle du premier fils est incommensurablement plus grande, car elle a engendré un bon sentiment chez celui qui la reçoit.
Hachem est l'ultime dispensateur de bienfaits. Il a créé le monde afin de nous combler de Ses bienfaits. Cependant, Il veut s'assurer qu'Il donne au maximum, ce qui signifie que le bénéficiaire repart avec le meilleur sentiment possible.
C'est pourquoi Hachem nous supplie : "S'il vous plaît, suivez mes ordres afin de mériter la récompense que Je suis prêt à vous donner. Je veux vous donner le meilleur bienfait possible et j'ai besoin que vous me le permettiez."
=> Il s'agit là d'une pensée vraiment stupéfiante. Hachem, en quelque sorte, a besoin que nous l'aidions!
Nous avons la capacité de permettre à Hachem de réaliser Son plus grand désir : être le Bien ultime. C'est ce que veut dire le Zohar lorsqu'il affirme : "Qui est un 'hassid (un homme pieux)? Celui qui fait du 'hessed avec son Créateur".
Nous faisons 'hessed avec Hachem en Lui permettant de réaliser le summum de la bonté, un privilège incroyable et une responsabilité redoutable.
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+ Le but de la création
-> Selon le Ramban, le but de la Création du monde est pour permettre à l'homme de reconnaître et proclamer que Hachem a créé le monde (rien ne peut exister une seconde sans qu'Il le permette) et qu'Il contrôle ce qui s'y passe, à la fois le monde en général mais également chaque petit détail de la vie d'une personne (sans ne peut se faire sans un décret Divin le permettant).
=> Pourquoi le but de la création est-il de reconnaître Hachem?
Quelqu'un qui voit la bonté et la gentillesse infinies d'Hachem dans le monde et qui réalise qu'Hachem contrôle personnellement chaque partie de sa vie, alors il s'est élevé au-dessus du reste de l'humanité.
Cependant, cette reconnaissance n'est pas le point final.
Certes mais comme nous l'avons expliqué, elle a pour but de le propulser à partir de sentiments de pure gratitude et de s'efforcer de rendre à Hachem tout ce qu'il peut en observant tous les commandements d'Hachem et en menant sa vie uniquement en fonction de la volonté d'Hachem.
Nos sentiments de pure gratitude doivent nous propulser à rendre à Hachem en observant ses commandements, en vivant sa vie selon les désirs d'Hachem, et ce faisant, on se rendra digne de recevoir davantage de bonté de la part d'Hachem.
On atteint alors le véritable objectif de la création : qu'Hachem ait la possibilité de nous couvrir à juste titre d'une bonté infinie.
[faire des efforts pour prier avec kavana, faire les mitsva avec joie, ... cela permet de donner de la force à Hachem (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35) pour qu'Il nous comble de belles choses, et nous retire le sentiment de "pain de la honte". Tout cela permet de générer un maximum de plaisir à Hachem, car Il a pu nous faire plaisir au mieux. ]
Il s'agit là de l'accomplissement ultime du commandement d'Hachem à Avraham : "Deviens une bera'ha", une personne qui engendre la bénédiction dans le monde en se rendant agréable aux yeux d'Hachem.
[c'est une grande responsabilité que d'être juif, car parfois on a envie de se laisser aller dans nos mitsvot (j'ai envie de kiffer à rien faire comme les non-juifs), mais de ce fait nous retirons à Hachem de la joie, la capacité de donner des bontés. ]
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+ Apporter de la satisfaction à Hachem :
-> En réalisant les mitsvot, nous apportons de la satisfaction (na'hat roua'h) à Hachem.
La source de ceci est Vayikra 1,9, qui nous dit que si l'on apporte une offrande à Hachem, c'est "un parfum agréable à Hachem".
Rachi, citant un midrach, explique le terme "agréable" comme signifiant "c'est une source de satisfaction devant Moi, car J'ai dit [d'apporter une offrande] et Ma volonté a été faite".
=> Qu'est-ce que cela signifie que nous donnons à Hachem de la satisfaction en accomplissant Sa volonté? A-t-il vraiment besoin que nous l'écoutions pour le rendre heureux?
-> Le rav Israël Nadjara, l'un des plus proches élèves du Arizal, donne une explication fondamentale basée sur le principe précédent. Il est évident qu'Hachem n'a besoin de rien de notre part. Son plus grand désir est de nous combler de Ses dons et de Sa bonté sans fin, mais Il ne le fera que si nous méritons de les recevoir.
Lorsque nous accomplissons les commandements (mitsvot) d'Hachem, nous nous rendons plus dignes, ce qui donne à Hachem l'occasion de nous offrir Ses dons inépuisables.
Hachem dit qu'Il a de la satisfaction (na'hat roua'h) que Sa volonté a été faite, parce qu'Il peut alors nous inonder de Sa bonté.
Loin de nous l'idée de Lui donner, c'est au contraire une autre possibilité pour Lui de nous donner.
-> En utilisant cette idée, le Rachba explique la déclaration de nos Sages selon laquelle Hachem prie chaque jour pour que son Attribut de Miséricorde l'emporte sur Sa colère contre ceux qui vont à l'encontre de Sa volonté et pour qu'il traite le peuple juif avec grâce.
Il suggère que, pour ainsi dire, Hachem prie pour que nous nous améliorions et que nous agissions conformément à sa volonté afin que sa miséricorde puisse se manifester et qu'Il puisse nous accorder toutes Ses bénédictions.
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-> Le rav Shimshon Raphael Hirsch (sur Yitro 18,11) dit : "en prononçant "barou'h (béni) un homme exprime son renoncement à ses pouvoirs d'action totalement libres pour ne faire que ce qui plaira et donnera satisfaction à Hachem".
Cet abandon de son libre arbitre pour ne faire que ce qu'Hachem désire est le niveau le plus élevé d'acceptation du joug Divin (kabbalat ol malkhout chamayim
L'apogée a été atteint au mont Sinaï lorsque le peuple juif a accepté la Torah. Chaque fois qu'une personne dit : "barou'h", il répète la plus grande déclaration de tous les temps : "naassé vénichma".
[un sens des bénédictions qui commencent par "barou'h", est que c'est nous qui bénissons Hachem en faisant Sa volonté, car grâce à cela Il pourra nous combler du meilleur et Il se réjouira.
Le principal : permettre à D. de réaliser son désir de nous faire du bien. Le secondaire : nous profiterons de ce bien. ]
Le résultat d'une bénédiction est qu'Hachem continuera à nous inonder de bénédictions, et de cette manière, le monde entier verra qu'Il est la source de tout bien et de toute bonté dans le monde.
À leur tour, les autres souhaiteront vivre leur vie selon Sa volonté, ce qui engendrera encore plus de bénédictions dans le monde.
Finalement, cela conduira au grand jour où "Hachem sera Roi sur le monde entier ; ce jour-là, Hachem sera Un et Son Nom sera Un" (Zé'haria 14,9).
[rav Avraham Tabor]