+ Etudier et enseigner la Torah :
-> Dans la parachat Emor, les fêtes de Pessa'h et de Souccot sont énumérées par leur nom.
En revanche, Shavouot n'est mentionné que par allusion (Vous compterez 50 jours (à partir de Pessa'h), et vous apporterez une nouvelle offrande à Hachem" - Emor 23,16).
A Pessa'h et à Souccot, nous savons ce que nous célébrons. Cependant, la Torah ne nous dit même pas que nous célébrons quoi que ce soit à Shavouot.
Nous savons que ce jour est l'anniversaire du don de la Torah sur le mont Sinaï, et que c'est la raison de la célébration, mais ces faits ne sont pas mentionnés. Pourquoi cela?
-> Le Kli Yakar explique que la mention du don de la Torah conduirait à une erreur. Nous pourrions penser que nous nous réjouissons chaque année à Shavouot parce que la Torah a été donnée ce jour-là. En réalité, nous devrions nous réjouir de recevoir la Torah chaque jour de notre vie. Nous devrions toujours avoir l'impression de la recevoir pour la première fois.
-> Le rav Aryeh Finkel note qu'il ne s'agit pas simplement d'un sentiment que nous sommes censés développer. Il s'agit en fait d'une réalité spirituelle. Chaque jour, nous recevons littéralement la Torah à nouveau.
Le rav Finkel se base sur une idée du Taz (Ora'h 'Haïm 47:5). Dans les bénédictions du matin prononcées avant l'étude de la Torah, nous nous référons à Hachem au présent comme "Celui qui donne la Torah" (noten aTorah), au lieu de "Celui qui a donné la Torah".
Le Taz en déduit qu'Hachem donne constamment la Torah à Son peuple, au présent.
L'idée que la Torah est donnée en permanence trouve son expression dans la description par nos Sages de la célébration faite par Abouya en l'honneur de la brit mila de son fils Elicha (Tossafot - 'Haguiga 15a). De grands érudits de la Torah étaient présents à cette célébration. Naturellement, ils commencèrent à discuter de la Torah. Immédiatement, un feu enveloppa le bâtiment.
Abouya, alarmé, dit aux Sages : "Vous êtes en train de brûler ma maison!".
Les Sages expliquèrent : "Tout comme la Torah a été donnée à l'origine dans le feu, le même feu descend du ciel lorsque nous nous y engageons".
En effet, chaque fois que les juifs s'engagent dans l'étude de la Torah, un nouveau don de la Torah a lieu (même si nous ne sommes pas en mesure de ressentir le feu céleste qui l'accompagne).
-> De quelle manière recevons-nous la Torah à nouveau?
Après tout, les paroles mêmes de la Torah, et à notre époque, même le texte de la Torah Orale, sont enregistrées et accessibles à tous.
La réponse est que notre compréhension de la Torah, et en particulier les idées que nous produisons ('hidouchim), sont des exemples de notre don quotidien de la Torah de la part d'Hachem. En effet, le fait qu'Hachem donne personnellement sa Torah à ceux qui y travaillent constamment est l'un de ses grands actes de chessed envers son peuple.
Tout comme Hachem nous donne constamment de la Torah, nous devons également la donner aux autres. L'une des quarante-huit façons d'acquérir la Torah (énumérées dans Pirké Avot 6,6) consiste à "étudier pour enseigner".
Le rav Finkel cite le Maharal, qui note que cela doit être l'un de nos principaux objectifs d'étudier la Torah.
En effet, le mot même de "Torah" indique que son but est d'être enseigné aux autres. Le mot "Torah" est un dérivé du mot horaah, qui signifie "enseigner" ou "leçon".
Le Maharal écrit qu'il est si important de transmettre ce que l'on étudie qu'Hachem ne peut pas en faire don à un juif qui n'étudie la Torah que pour lui-même. Il est possible qu'une personne ne soit pas digne de comprendre la Torah par elle-même.
Cependant, si son objectif est d'enseigner aux autres, il peut l'être. Tout d'abord, elle réalise maintenant le but pour lequel la Torah a été apportée dans ce monde. Deuxièmement, ses élèves contribueront à faire pencher la balance en sa faveur, le rendant digne de comprendre par leur mérite.
Même la Torah de Moché Rabbénou ne lui a été donnée que pour qu'elle soit transmise au peuple juif. C'est ce que nous montre Rachi (Chémot 32,7). Rachi note qu'après la faute du Veau d'or, Hachem a averti Moché que la possession de la Torah par Moché ne servait à rien si la nation n'en était pas digne.
Cela ne signifie pas que chaque juif doive trouver une salle de classe pleine d'étudiants pour lui-même, sinon il n'aura pas le mérite d'enseigner aux autres. Un étudiant de yéchiva aidant son partenaire d'étude, partageant une idée d'étude avec son voisin avant la prière, ou un père enseignant à ses enfants la sidra hebdomadaire sont autant d'exemples de don de la Torah.
Nous devrions rechercher de telles opportunités. En effet, si nous sommes approchés par des personnes dont la compréhension est moins fine que la nôtre, nous ne devons pas considérer cela comme un fardeau, mais plutôt comme une occasion en or de poursuivre le don de la Torah qui a commencé au mont Sinaï.
-> Lorsque HaRav Nosson Tzvi Finkel donnait des cours (shiurim) à la Yeshiva Mir, il a informé ses étudiants qu'ils seraient tenus de préparer et de présenter régulièrement de brèves analyses de la matière (chaburos).
Les étudiants ont été déconcertés. "Que pouvons-nous préparer ? demandèrent-ils.
Rav Nosson Tzvi essaya d'aider chacun à trouver une idée appropriée à préparer. Il a insisté sur le fait que "présenter ses idées aux autres est la seule façon de progresser dans la Torah".
Il envoya également des étudiants plus âgés et plus expérimentés assister à ces 'habourot et les aider à se préparer. Certains d'entre eux s'y opposèrent. "N'avons-nous pas notre propre étude à faire?"
Le rav Finkel est resté sur ses positions. "Travailler avec ces jeunes étudiants est votre façon de réussir. Votre propre étude en dépend".
[d'après rabbi Moché Krieger]