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"Yéhouda s'approcha (vayigach) de lui [Yossef]" (Vayigach 44,18)

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 93,7), lorsque Yéhouda s'est approché de Yossef afin d'essayer de libérer Binyamin, il est devenu en colère et a crié si fort, que son cri pouvait s'entendre à une distance de 400 parsot (environ 1800 km!), jusqu'à ce que 'Houchim ben Dan, qui était sourd, ait pu l'entendre.

A quel point son cri était fort?

Il était si puissant qu'il a été entendu à travers toute l'Egypte, et a entraîné la chute des dents de chaque personne qui l'a entendu.
C'est alors que 'Houchim est venu de Canaan, et il s'est joint aux cris de Yéhouda.

-> Le Avnei Azel explique que Binyamin, dans son état de captivité et de séparation de son père (Yaakov), symbolise les jeunes juifs arrachés à leur papa Hachem, à leur judaïsme.

La majorité des gens ne font rien en réponse à cela, mais il y a quelques rares "Yéhouda", qui ressentent une responsabilité personnelle envers cette situation, et ils crient.
Leurs cris réveillent alors les " 'Houchim", ces gens qui étaient au préalable "sourds" à cette situation difficile de l'assimilation des juifs, et ils se joignent alors aux "Yéhouda" pour crier.

=> b"h, que nous puissions faire partie de cette élite du peuple juif, qui ne reste pas insensible au fait que d'autres frères vivent une vie selon les standards non-juifs.

En criant par amour de voir nos frères perdre leur surdité au judaïsme, nous leur permettons de revenir parmi nous.

[ Au-delà des actions concrètes qui peuvent être menées, lorsque Hachem voit que nous crions en prières de tout notre cœur, afin que nos frères qui se sont éloignés puissent nous rejoindre autour de la Torah, Il va tout faire pour que la famille des juifs se retrouve au complet, très très bientôt b"h

Il est inenvisageable que nous ne soyons pas tous présents et le plus méritants, lors de la venue très très prochaine du machia'h!! ]

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-> "Les fils de Dan furent 'Houchim (חשים)" (Vayigach 46,23)
Bien que Dan n'eut qu'un seul enfant, le verset parle au pluriel "les fils de Dan", du fait de son importance particulière. En effet, le Machia'h Ben David sera, de par sa mère, descendant de 'Houchim fils de Dan.
C'est aussi pour cela que le nom חשים ('Houchim) est écrit sans la lettre Vav, de sorte qu'il compose les lettres du mot משיח (Machia'h).
Car la mère du Machia'h sera une de ses descendantes. C'est aussi pour cela que deux tribus sont comparées au lion, la tribu de Yéhouda et celle de Dan. Car ces 2 tribus sont en lien, le père du Machia'h descendra de Yéhouda et sa mère de Dan.
[Kanfé Yona]

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-> Selon le Yalkout Réouvéni, la voix des 2 frères était tellement élevée que l'intégralité des villes de Pitom et de Ramsès a été détruite.
C'est la raison pour laquelle, par la suite, les égyptiens ont insisté pour que les juifs soient responsables de leur reconstruction.

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-> "Que ton serviteur parle aux oreilles de mon maître" (Vayigach 44,18)
Yehouda demanda à Yossef le droit de pouvoir parler directement à ses oreilles, sans passer par l'interprète. Mais cela est étonnant, car Yéhouda parlait l'hébreu et ne connaissant pas la véritable identité du vice-roi, il ne savait pas qu'il comprenait l'hébreu. Comment veut-il parler à un homme une langue qu'il est censé ne pas connaître ?
La langue du coeur est comprise par tout le monde, en toute langue, et n'a pas besoin d'interprètes ni de traducteurs. De même, Yehouda voulait s'adresser directement à Yossef, sans interprète, il voulait lui parler avec
son coeur et ainsi le sensibiliser encore bien plus, même si l'homme face à lui ne comprendrait aucun mot de son discours.

"D. (Elohim) parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem". " (Vaéra 6,2)

Puisque Moché avait déjà parlé avec Hachem et connaissait son Créateur, pourquoi lui répéter maintenant : "Je suis Hachem"?

Le nom "Elohim" (אֱלֹהִים) est associé à l'attribut de Justice, et le Tétragramme (יְהוָה) à celui de la Miséricorde.

D. avait exercé contre les juifs l'attribut de Justice en les faisant descendre en Egypte et en les asservissant pendant 210 ans.
A présent, Il dit à Moché : dans le passé, J'ai agi en tant que D. de Justice, mais désormais "Je suis Hachem", plein de miséricorde envers Son peuple.

Lorsque l'on écrit en orthographe pleine : "Je suis Hachem" (אֲנִי יְהוָה : aléph lamed pé, noun vav noun, youd vav dalét, youd vav dalét, hé youd, vav alef vav, hé youd), on obtient une valeur numérique de : 300, qui est la même que : "avec miséricorde" (béra'hamim - ברחמים).

Cela renforce le passage d'un attribut à l'autre.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

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-> Le Nom : "Elokim" évoque l'Attribut de Rigueur, alors que le Tétragramme évoque l'Attribut de Miséricorde.
Certes, en Egypte, le peuple juif souffrait terriblement et était atteint par l'Attribut de Rigueur, au point que Moché se soit plaint à Hachem : "Pourquoi as-tu fait souffrir ce peuple?"

Pour l'apaiser, Hachem lui dit qu'en réalité cette rigueur n'est qu'apparente, puisque : "Je suis Hachem (et non Elokim)" = empli de miséricorde. Car même quand des souffrances surviennent, il faut savoir qu'en réalité, la bonté Divine et Sa Miséricorde y sont cachées, et un grand bien finira par sortir de toutes les épreuves.
[ Likouté Hala'hot]

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-> "Elokim parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem"." (Vaéra 6,2)

=> Quelle est la signification de la phrase "Je suis Hachem", et qu’est-ce que le Créateur voulait-Il dire à Moché en l’utilisant?
De plus, il convient d’expliquer pourquoi le verset débute par Elokim qui représente la midat haDin (l'attribut Divin de rigueur) et se termine par Hachem qui suggère la midat haRa'hamim (l'attribut Divin de miséricorde).

-> Afin de répondre, le Yisma'h Israël (n°6) rapporte en introduction les paroles du midrach (Rabba 5,22) : "A ce même moment (où Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?"), la midat haDin voulut s'en prendre à Moché ; lorsque Hachem vit que son intention était entièrement motivée par le bien du peuple d'Israël, la midate haDin ne le toucha pas."

Le Yisma'h Israël explique : le véritable tsadik bien qu'il voit l'obscurité et la rigueur du décret Divin s'abattre sur lui, a cependant une confiance intègre dans le fait que "toutes les voies d'Hachem sont justice, c'est un D. fidèle et aucune faute ne lui est imputable".
L'inverse est aussi vrai : celui qui possède une foi intègre est qualifié de tsadik, comme il est écrit : "Le tsadik vivra par sa foi" ('Habakouk 2,4), verset que l'on peut comprendre ainsi : 'Qui est digne d'être appelé tsadik? Celui qui vit par sa foi.''

Dès lors, lorsque Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?", la midat haDin s'en prit à Moché en arguant qu'il n'acceptait pas le décret Divin avec amour. C'est pour cela qu'au début du verset, c'est le Nom Elokim qui est mentionné, puisque la midat haDin voulut le punir.
Néanmoins, Hachem, qui "sonde les reins et le cœur", vit que les paroles de Moché n'émanaient pas de sa souffrance personnelle, car de ce point de vue, Moché avait déjà accepté tout ce qui pourrait lui arriver. Mais, elles venaient de la souffrance des Bné Israël, qui n’ayant pas une foi ni un attachement au Créateur aussi forts que lui, auraient pu en être amenés à prononcer des paroles inconvenantes à l'encontre de la conduite d'Hachem.

D. fut alors rempli de miséricorde et dit à Moché : "Je suis Hachem", et c'est en utilisant le Nom désignant cet attribut, qu'il s'adressa à lui, en lui faisant l’injonction suivante : "Va faire savoir aux Bné Israël que toute Ma conduite, qui leur paraît comme rigoureuse et pleine de ténèbres, n'est en réalité que l'expression de la plus grande miséricorde. Car la délivrance ne peut se dérouler que de cette manière (comme on peut l'apprendre de la création du monde où les ténèbres précédèrent la lumière, ou du néant qui précède toujours l'existence, ou encore de l'écorce qui doit tomber pour laisser le fruit apparaître).
Renforce leur cœur afin qu'ils acceptent de supporter les ténèbres pour pouvoir recevoir ensuite la grande lumière, comme il est écrit (verset 6) : "C'est pourquoi dis aux Bné Israël : ‘Je suis Hachem’", à savoir : ‘(Dis-leur) que tout l'exil et la servitude tellement difficiles qu'ils endurent ne sont que miséricorde !’''"

"Mon fils est encore vivant, je vais aller le voir avant de mourir" (Vayigach 45,28)

Toutes les actions d’une personne laissent une trace sur leur visage.

Le Alchikh Hakadoch rapporte que Yaakov détenait la sagesse de lire dans les visages.

C'est pourquoi il voulait voir Yossef pour examiner son visage, et vérifier s’il était toujours vivant spirituellement parlant (si c'était un tsadik), malgré avoir passé 22 ans dans la grande impureté de l'Egypte.

"Que l'ange qui m'a délivré de tout mal" (amala'h agoél oti mikol ra - Vayé'hi 48,16)

-> Rachi : "L’ange qui m’est envoyé habituellement dans ma détresse"

-> Le 'Hidouché Harim de commenter : "Toute détresse ne peut venir que s’il est possible de s’en sortir.
C’est ce que dit ce verset, le mal ne peut exister que s’il est possible d’en être libéré."

Avant même de nous envoyer une difficulté, Hachem en a déjà préparer la solution.
=> Un juif ne peut jamais se dire : c'est fichu, je suis perdu!

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-> "Qu’il perpétue mon nom et le nom de mes pères Avraham et Its'hak" (48,16)

Le Béér Moché s’étonne: Pourquoi Yaakov a-t-il fait passer son nom avant celui de ses pères Avraham et Its'hak?

Le Arizal fait remarquer que le nom Israël (ישראל) contient en lui (en acronyme) les noms de tous les Patriarches et Matriarches :
– la lettre youd = ‘ = Its’hak (צחק’) et Yaakov (יעקב) ;
– la lettre shin = ש = Sarah (שרה) ;
– la lettre réch = ר = Ra’hel (רחל) et Rivka (רבקה) ;
– la lettre aléph = א = Avraham (אברהם) ;
– la lettre laméd = ל = Léa (לאה).

En effet, il représente l’essentiel de tous, ainsi qu’il est dit dans le Zohar: "Yaakov" comporte en lui les Patriarches".
C’est pourquoi il a cité son nom en premier, car dans son nom (Israël) sont inclus tous les Patriarches. C’est cela "mon nom et le nom de mes pères".
C’est pourquoi les juifs sont aussi appelés "beit Israël", et non "beit Avraham" ou "Beit Its'hak", car dans ce nom sont inclus tous les Patriarches.

"D. est Ma force et mon chant." (Béchala'h 15,2 - ozi vézimrat'ya )

+ Côté des juifs :

-> Le Arizal enseigne :
Lorsque les Bné Israël descendirent dans la mer, leur âme s'envolèrent.
Hachem envoya en bas des anges qui chantèrent des louanges aux Bné Israël puis les âmes revinrent dans leur corps et ils ressuscitèrent.
Ils prononcèrent le terme "ozi" (Il est ma force - עזי). Il s'agit de l'âme qui leur fut attribuée pour ressusciter et c'est grâce à "zémirat ya" (וְזִמְרָת יָהּ), la louange d'Hachem entonnée par les anges.
["ma force" (ozi) est revenue grâce au "chant de D." (zimrat'ya)]

Ainsi "vé'aya li lichoua" = "il a été pour moi la délivrance" par le retour de leurs âmes.

-> Nos commentateurs affirment que tout celui qui aspire à pouvoir chanter le Cantique de la fin des temps en l'honneur d'Hachem doit posséder 3 qualités qui figurent en allusion dans le verset précédemment cité "ozi" (il est ma force - עזי) :
1°/ l'humilité (anava) ;
2°/ le zèle (zérizout) ;
3°/ la crainte (yir'a).

=> Tout celui doté de ces qualité à la fin des temps pourra alors faire : "zimrat ya" (la louange d'Hachem).
[Darach Yéhouda]

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+ Côté des égyptiens :

-> Il est rapporté dans la guémara (Méguila 10b) :
"Rabbi Yo'hanan a enseigné à propos du verset : "Et celui-ci n'approcha pas vers celui-là toute la nuit" (Béchala'h 14,20), que les anges de service voulurent entonner un cantique.
Hachem déclara alors : l'œuvre de Mes mains se noie dans la mer, et vous voudriez chanter?"

En effet, les anges ont l'habitude de se rassembler pour chanter un cantique et louer Hachem comme il est dit : "vékara zé él zé véamar". Ainsi Hachem interdit aux anges de "se rapprocher les uns des autres" afin de chanter un cantique.

=> Pour quelle raison les anges n'auraient-ils pas pu entonner un cantique? N'est-il pas écrit : "Et quand les réchaïm périssent, c'est l'allégresse" (Michlé 11,10)?

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 92b) enseignent que lorsque le roi San'hériv assiégea la ville de Jérusalem, il arriva face à la ville sainte avec 185 000 chefs d'armée et une multitude de soldats.
La guémara rapporte que les anges de service descendirent pour entonner un chant. Ce cantique fut si délicieux que les âmes des soldats de l'armée du roi San'hériv furent aspirées et s'envolèrent, irrésistiblement attirées par ce chant angélique provenant des mondes supérieurs, ne laissant plus que des amoncèlements de cadavres.
[on peut préciser que ces événements se déroulèrent à l'époque du roi 'Hizkiyahou. Le siège eut lieu la veille de Pessa'h. Le roi réunit le prophète, le Sanhédrin ainsi que le chef des armées pour décider comment agir.
Bien que le conseil de sécurité ait opté pour sortir en guerre contre l'ennemi, le roi 'Hizkiyahou qui était un très grand tsadik refusa d'envoyer un seul juif au front le soir de Pessa'h. Il affirma qu'en l'honneur de la fête, Hachem réaliserait un miracle.]

Le 'Hanoukat haTorah ajoute :
D'après ceci nous saisissons le sens de la guémara (Méguila 10b) ci-dessus :
les anges dirent à Hachem : Maître du monde, pourquoi dois-Tu noyer les égyptiens dans la mer? Nous pouvons entonner un cantique qui détachera les âmes de leur corps.
Hachem leur répondit : "l'œuvre de Mes mains se noie dans la mer" = Mes enfants, le peuple d'Israël furent noyés lorsqu'ils étaient en Egypte, dans les eaux du fleuve comme il est dit : "tout nouveau-né mâle, vous le jetterez vers le fleuve" (Chémot 1,22), "Et vous voudriez chanter?"
Les égyptiens méritent-ils une mort aussi douce, par un chant angélique des mondes supérieurs? Ils doivent recevoir un châtiment mesure pour mesure : par la noyade dans les eaux de la mer Rouge.

"N’approche pas d’ici! Enlève ta chaussure" (Chémot 3,5)

-> Quand on porte des chaussures, il est possible de marcher sur le sol avec facilité, sans se faire mal par des embûches.
Mais, quand on marche sans chaussures, on ressent alors tous les piques et les pierres qui font mal.

Hachem fait ici une allusion à Moché : un dirigeant d’Israël doit être sensible et ressentir toutes les difficulté, les peines et les douleurs de son peuple, à l'image d'un pieds nu qui ressent fortement tout ce qu'il y a par terre.

Il doit toujours faire attention de ne rien avoir qui puisse l'empêcher de ressentir les souffrances d'autrui, comme si elles étaient les siennes.

[le Olélot Efraïm]

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Bien qu'évoluant dans le très confortable palais royal, il est écrit au sujet de Moché :
-> dans le midrach (Chémot rabba 1,27):
"Il fut témoin de leurs souffrances (Chémot 2,11)"
Que signifient ces mots?
Moché les voyait et en pleurait.
Il disait : "Combien de chagrin me suscitez-vous! Qui me laisserait mourir à votre place?" ...
Il n'hésita pas à prêter son épaule et à aider chacun d'eux. [...]
Hachem dit : "Tu as délaissé tes propres occupations pour aller voir la souffrance des juifs, te comportant ainsi comme un frère, Je jure de délaisser les Mondes supérieurs et les mondes inférieurs pour venir te parler"."

-> dans le midrach (Chémot rabba 2,6) :
"Que signifie : "il s'approchait pour regarder [le buisson]" (Chémot 3,4)?
Hachem dit : "Cet homme s'implique et s'attriste en voyant les souffrances des enfants d'Israël en Egypte, il mérite de devenir leur berger!"
C'est pourquoi il est dit aussitôt : "D. l'appela de l'intérieur du buisson"."
[son attitude a permis d'initier le processus de libération du peuple juif!]

-> Rachi commente : "il fut témoin de leurs souffrances" = Il s’appliqua de tous ses yeux et de tout son cœur à souffrir avec eux.
Le Saba de Kelm ('Hokhma ouMoussar) commente : il ne se contenta pas d'avoir une pensée pour ceux qui souffrent, reprenant ensuite le fil de ses occupations, mais il travailla sans cesse sa sensibilité et son imagination pour éprouver la souffrance d'autrui, comme s'il s'agissait de la sienne propre.

Le Saba de Kelm affirme même que : c'est en faisant preuve de pitié envers ses frères que Moché suscita la clémence divine!

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-> Rabbi Yonathan Eibeschetz (Yaarot Dvach) explique que si Pharaon n'a pas soumis la tribu de Lévi à l'esclavage c'est parce que ses astrologues lui avaient prédit que le sauveteur des juifs viendrait de cette tribu.
En laissant les Lévi'im libres, il leur empêchait de ressentir la douleur des autres juifs, et donc de ressentir l'urgence de les libérer de leur esclavage.

En effet, d'un point de vue psychologique, plus nous avons faisons des efforts pour obtenir un chose, plus cela aura de la valeur à nos yeux, plus nous en serons liés, concernés.
Pharaon espérait ainsi effectuer une déconnexion entre le sauveteur (tribu de Lévi) et le restant du peuple, puisque les Lévi'im pouvaient au mieux intellectualiser leur douleur, mais non pas la vivre émotionnellement.

=> Si Moché a pu devenir le défenseur de ses frères, c'est parce que sans cesse il quittait son confort royal pour ressentir pleinement leur douleur physique et psychologique.

-> Dans le même ordre d’idées, Rav Moché Sternbuch rapporte que Pharaon connaissait la force de la prière des Béné Israël. Par ailleurs, il savait que le sauveur d’Israël serait issu de la Tribu de Lévi. Aussi, décida-t-il de ne pas asservir cette frange du Peuple Juif afin que le futur sauveur d’Israël ne voit les souffrances de ses frères et ne prie avec ferveur pour accélérer leur délivrance.

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-> "Il advint, en ces jours que Moché grandit et sortit vers ses frères et observa leurs fardeaux. Il aperçut un égyptien frappant un Hébreu d'entre ses frères ... il frappa l'égyptien et l'ensevelit dans le sable" (Chémot 2,11-12)

Le 'Hatam Sofer commente : "Il advint en ces jours que Moché grandit" = ce verset nous enseigne comment Moché est devenu grand aux yeux de Hachem.
C'est parce qu'il a partagé la souffrance des juifs,
et qu'il a tué l'égyptien."

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+ Quelques exemples chez nos Sages :

-> Pendant la 1ere guerre mondiale, le 'Hafets 'Haïm dormait à même le sol avec ses mains servant d'oreiller, et il s'expliqua à sa femme : "Dehors, nos frères juifs rescapés errent d'un bout à l'autre du pays, souffrant du froid et de la faim. Nos fils couchent à même le sol. Et au front, dans les tranchées, la mort les encercle de toute part. Comment aurais-je le cœur de dormir paisiblement, dans un lit confortable?"

-> Lorsqu'un feu a ravagé la majorité du quartier juif de la ville de Brisk, le rav 'Haïm Soloveitechik (rav de la ville, dont sa maison avait été épargnée), a insisté pour dormir dans la synagogue avec ceux qui étaient sans maison afin de partager leur souffrance.
Il a dit : "Comment puis-je dormir dans mon lit, alors que tant de juifs n'ont même pas où se loger?"

-> Pendant la période de la guerre du Golfe, le rav Chakh refusa de s'étendre dans son lit, entraînant qu'il dormait très mal. Il disait : "Les parents de nos élèves ne sont pas en sécurité (car inquiets pour leurs enfants en Israël en temps de guerre) ... Comment pourrais-je dormir?"

[Un juif doit savoir être là pour partager les moments de joie de son prochain, mais également ses moments de peine.
La mitsva "d'aimer son prochain comme soi-même", nous exhorte également à nous préoccuper du sort de nos frères, et à éprouver pour eux de l'inquiétude, comme si nous formions réellement une seule famille.
Il y a une différence entre "partager les épreuves d'autrui" par la pensée, et entre les partager par une ou des actions concrètes pour encore davantage les ressentir, les vivre.]

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+ Enlève ta chaussure!

-> Le rav ‘Haïm de Volozhin (Roua’h ‘Haïm sur Pirké avot – 1,1) de nous apprendre :
"L’essence de l’âme est son origine supérieure, là-bas est sa demeure principale.

Une partie divine est descendue dans le corps, qui a le statut de "chaussure" pour l’âme.
De la même façon que la chaussure n’est pas un habit pour tout le corps, mais [en couvre] la partie inférieure [c.-à-d les pieds], ainsi le corps n’est pas un vêtement recouvrant la totalité de l’âme.
Il agit plutôt comme un revêtement couvrant seulement la partie inférieure de l’âme.

Le corps est comme une "chaussure" pour l’âme, n’en couvrant uniquement la partie inférieure, et c’est la signification de "retire tes chaussures de tes pieds" [que D. ordonna à Moché dans le buisson ardent], signifiant [enlève] le corps. "

-> La bénédiction du matin : "qui m'a fait tout mon besoin" (chéassa li kol tsorki) est associée au fait de revêtir des chaussures. (Ora'h 'Haïm 46,1).
Le Maharchal explique que porter des chaussures démontre notre domination sur les animaux vivants, desquels les chaussures sont faites pour notre avantage, puisque le monde entier a été créé pour nous servir.
Rav Yossef Tsvi Salant (le Béer Yossef) explique qu'il n'est pas convenable de porter une chose renvoyant à notre contrôle dans le monde lorsque nous sommes sur un sol saint en face de la présence divine.
C'est pourquoi Moché les a spécifiquement retiré à ce moment là, dans un but de se rappeler Qui est le Véritable Roi.

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+ Pourquoi avons-nous l'interdiction de porter des chaussures en cuir à Yom Kippour?

Le jour de Kippour, lorsque chaque juif se repent, toute la Création est élevée.
Oui, même la terre sur laquelle nous marchons est élevée à un niveau plus haut et devient une terre sanctifiée.
=> C'est pour cette raison qu'à Yom Kippour, nous avons l'interdiction de marcher dessus avec des chaussures.

Cette pensée trouve un écho dans l'épisode au cours duquel D., apparaissant devant Moché dans le buisson ardant, lui demanda d'enlever ses chaussures en disant : "Ôte ta chaussure, car l'endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).
[rabbi Ména'hem Mendel de Rymanov - Ména'hem Tsion]

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-> Au moment du miracle du buisson ardant, D. a ordonné à Moché : "N’approche pas d’ici! Ôte ta chaussure, car l’endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).

Les paroles introductrices de l’ordre divin de retirer sa chaussure sont : "al tikrav alom" (N’approche pas d’ici!).
Le mot "alom" (d’ici – הֲלֹם) a pour valeur numérique : 75, qui est la même que le mot : "Cohen".

Ainsi, ce verset est un message aux Cohanim : "N’approche pas Cohen, ôte ta chaussure."

[ En effet, selon la loi juive (Ora’h ‘Haïm 128,5), lorsque le Cohen récite la bénédiction des Cohanim, il doit retirer sa chaussure. ]

[Il est à préciser : Pendant 7 jours, Hachem supplie Moché d’aller sauver les juifs. Cependant, Moché refuse car il argumente que son frère Aharon est plus grand que lui, donc le mérite lui revient, et il ne veut pas éventuellement le blesser. Mais Hachem insiste pour que cela soit Moché qui délivre les juifs.
Par la suite dans le désert, pendant 7 jours Moché a construit le Michkan, pour que le 8e jour Aharon soit le Cohen Gadol.
=> C'est Moché qui initialement aurait dû être Cohen Gadol, mais il a perdu ce droit [selon rabbi Yochiahou Pinto car il a voulu être trop tsadik, au lieu de faire la volonté de D. sans ajouter sa propre pensée ("mais peut être que ...").]

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-> Moché a craint que son frère Aharon (son aîné) soit vexé s'il est envoyé à sa place pour libérer le peuple juif.
Moché était prêt à retarder la délivrance de tous les juifs, car il comprenait qu'elle ne pourrait pas se réaliser si elle déroulait sur le compte d'autrui.
Un telle délivrance ne durerait pas et ne serait pas une véritable guéoula.
Moché accepta de libérer le peuple juif d'Egypte, une fois qu'Hachem le rassura que son frère serait heureux, qu'il n'aurait pas le moindre soupçon de jalousie.

Il nous est suggéré de ne pas oublier cette leçon Car parfois, nous sommes pressés d'accomplir une certaine mitsva, et en chemin nous piétinons nos amis, ou notre femme ou nos enfants ...
Ainsi, nous apprenons de Moché qu'une telle mitsva ne vaut rien.
Une mitsva qui vient sur le compte de l'autre, n'a aucune valeur et jamais rien de bon n'en sortira.
[rabbi Nissim Yaguen - Nétivé Or]

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+ Pourquoi les Cohanim bénissent-ils avec leurs mains (birkat Cohanim)?

-> "Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie" (Béréchit 3,22)

Le Rama de Pano commente :
"Lorsque Adam mangea du fruit de l'arbre de la Connaissance du bien et du mal, ses bras ne le suivirent pas, ils refusèrent de s'étendre, ses mains ne s'ouvrirent pas et ses doigts ne voulurent toucher le fruit".

=> Il fut contraint de saisir le fruit directement avec sa bouche.
Les Cohanim bénissent leurs frères juifs avec leurs mains, car puisque celles de Adam (englobant toutes les âmes à venir) n'ont pas fauté, elles revêtent ainsi une force particulière et sont le vecteur de la bénédiction.
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

[de la même façon qu'elles ne se sont pas étendues pour fauter, de la même façon elles peuvent s'étendre pour déverser sans déperdition les bontés provenant de D., en passant par les Cohanim.]

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+ "L’endroit que tu foules est un sol sacré!" (v.3,5)

-> "Toute situation dans laquelle on peut se trouver est sacrée.
En effet, Hachem attend que nous Le servions dans chaque situation et environnement, malgré les difficultés que cela impliquent."
['Hafets 'Haïm]

-> On demande à quelqu’un pourquoi il ne vient pas étudier. Il répond : "Je ne peux pas maintenant, la situation est très difficile! Quand cela s’arrangera, je viendrai tout de suite"

Le ‘Hafets ‘Haïm répond : "Là où tu te tiens, c’est un endroit saint! Hachem sait quelle est ta situation maintenant, et il n’exige certainement pas de toi le même genre de service que lorsque tu te trouves dans la sérénité.
Mais au moins, il y a une exigence dans la situation présente de servir Hachem en fonction de ses possibilités, et au contraire, servir Hachem dans les moments difficiles montre qu’on est attaché à lui et qu’on est prêt à se donner du mal.
C’est à ce propos que le verset dit : "l’endroit sur lequel tu te tiens (maintenant) est une terre sainte"."

-> "L'endroit où tu te trouves est un endroit saint" (Chémot 3,5)

Selon le 'Hafets ‘Haïm :
Chacun doit constamment progresser dans son service d'Hachem. Un homme ne doit pas penser qu'il ne se trouve pas dans la bonne situation pour avancer. En revanche, s'il était dans la situation d'une autre personne, avec son travail, ses capacités, sa famille, ... il aurait alors beaucoup mieux progressé.
Ce raisonnement est faux. La Torah vient nous dire en allusion que "l'endroit où tu te trouves", c'est-à-dire la situation où tu te trouves, "est un endroit saint", c'est une situation tout à fait apte pour que tu t'élèves dans la sainteté. Peu importe l'état où un homme se trouve, il peut toujours saisir l'opportunité de grandir dans la spiritualité.
C'est Hachem qui place l'homme là où il est et Il attend de lui qu'il progresse précisément dans cette situation.

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+ "Retire tes chaussures de tes pieds car l'endroit sur lequel tu te tiens est un sol sacré"

-> Les "chaussures" que Hachem recommanda à Moché de retirer font allusion au corps.
[De même que les chaussures couvrent les extrémités inférieures du corps, le corps couvrent l’extrémité inférieure de l'âme.]
Les égyptiens ayant touché le corps de Moché, il ne pouvait atteindre les niveaux spirituels élevés dont il était digne. Hachem lui dit donc de se dépouiller de son corps présent et de s'investir dans un nouveau corps sur lequel reposerait la Présence Divine.
[Méam Loez - Chémot 3,5]

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-> "Ote tes chaussures de tes pieds" (sal néalékha méal raglékha - שַׁל נְעָלֶיךָ מֵעַל רַגְלֶיךָ - Chémot 3,5)

-> La demande d'Hachem à Moché d'enlever ses chaussure était également une allusion au fait qu'il devait (avant même le don de la Torah) se séparer de sa femme, symbolisée par la chaussure (voir Zohar Pékoudé 222a).
(on peut noter que le mot שַׁל (ôte - sal) est formé des initiales de שחור (cha'hor - noir) et לבן (lavan - blanc), allusion à la Torah qui fut écrite "avec un feu noir sur un feu blanc". [rabbénou Bé'hayé])

-> Commentant notre verset, le midrach (Chémot Rabba 2,6) déduit qu' "en tout endroit où la Présence Divine se révèle, il est interdit de rester chaussé" [D. descendit sur le mont Sinaï (lieu où se trouvait le buisson ardent) comme Il le fera lors du don de la Torah - Targoum Yonathan - Ramban]
Selon ce midrach, c'est également ce qui apparaît dans l'histoire de Yéhochoua, à qui l'ange ordonna : "Ôte ta chaussure de tes pieds, car l'endroit sur lequel tu te tiens est saint. Et Yéhochoua fit ainsi" (Yéhochoua 5,15).

Le midrach conclut que pour cette raison les Cohanim marchaient pieds-nus dans le Temple, puisque là-bas aussi, la Présence Divine résidait en permanence [les chaussures sont essentielles pour l'homme, comme il est enseigné à plusieurs à plusieurs reprises :
a) "Celui qui ne porte pas de chaussures fait partie des 7 catégories de personnes qui ne peuvent avoir droit au
Monde Futur" (guémara Pessa'him 113b) ;
b) "Une personne doit aller jusqu'à vendre les poutres de sa maison, si nécessaire, afin de s’acquérir des chaussures" (guémara Shabbath 129a) ;
c) "L’Homme doit tout faire pour posséder des chaussures" (guémara Pessa’him 112a), car elles permettent de créer une séparation avec la terre, symbole de la matérialité et de l'impureté du monde.
(le Rama de Pano (Assara Maamarot) écrit qu'après la faute originelle d'Adam, la terre fut maudite par D. : "Maudite soit la terre à cause de toi" (Béréchit 3,17). Hachem décréta alors qu'elle produise "des buissons et de l'ivraie" (kots védardar), expressions des forces du mal. Par conséquent, l'Homme doit porter des chaussures pour créer une séparation entre lui et la terre, car son désir profond est de s'éloigner de l'impureté générée par la mort).

En revanche, dans un endroit de sainteté, il est nécessaire de les retirer afin de pouvoir s'unir au mieux avec la Présence Divine, Source de notre vie.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

-> La chaussure symbolise le corps humain, l'enveloppe terrestre de l'âme (d'où l'explication du Zohar précédemment et selon laquelle, la femme est comparée à la chaussure, conformément à l'enseignement : "Sa femme est comme son corps" (guémara Yébamot 62b).)
L'âme, création pure, spirituelle et véritable parcelle de la Divinité, d'une part, ne peut se rabaisser à la bassesse et la trivialité de ce bas monde, et d'autre part, réside essentiellement dans le monde supérieur (seule la partie inférieure de l'âme réside dans le corps, à l'image du corps dont seul le pied, sa partie inférieure, s'habille dans la chaussure - voir rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm Porte 1,5).

L'enveloppe terrestre de l'âme se traduit à 2 niveaux : il y a le corps à proprement parler, mais aussi les forces psychiques qui l'animent, et par lesquelles transitent les sensations et les impressions matérielles jusqu'à l'âme.
Ces 2 enveloppes constituent les 2 "chaussures" que doit porter l'âme pour supporter la réalité de ce bas monde.
Lorsqu'une prophétie se révèle à l'homme, il doit se dépouiller tout au moins de sa première "chaussure" ; c'est-à-dire que pour percevoir la révélation de la Parole divine, le corps doit perdre toute emprise sur l'âme, et comme pendant le sommeil, devenir une matière inanimée.
C'est ce que nous voyons chez Yéhochoua qui dut ôter "sa chaussure" pour appréhender la prophétie qui se dévoilait à lui. Néanmoins, même à ce niveau, la prophétie transitait nécessairement par les forces psychiques, ainsi appelées la "force imaginative", qui permettent au prophète de percevoir ces révélations à l'aide d'images et de représentations [c'est la raison pour laquelle il est dit à propos de Yéhochoua : "naalékha" (ta chaussure - נעלך), au singulier].

En revanche chez Moché, la prophétie apparaissait à un niveau unique, appelé par nos Sages "Aspakalria haMéïra" (l'Ecran lumineux) [voir guémara Yébamot 49b].
Chez Moché, la vision prophétique n'était pas perçue à l'aide de représentations personnelles, et il devait pour cela se dépouiller également de sa seconde "chaussure" [d'où le fait qu'il soit écrit à son propos : "néalékha" (tes chaussures - נעליך), au pluriel], afin de devenir semblable à un ange [Malbim ; voir aussi Chlah].
Il est enseigné : "le visage de Moché est comme la face du soleil et le visage de Yéhochoua est comme la face de la lune" (guémara Baba Batra 75a).
Le soleil éclaire de toutes ses faces, aussi Moché (depuis le jour de sa naissance) était-il capable de se dépouiller de ses 2 "chaussures"
[on peut noter que שַׁל (ôte - sal) s'apparente au mot שלילה (chlila - négation du corps)]
La lune n'éclaire que d'une seule face, ainsi Yéhochoua ne s'est-il dépourvu que d'une seule "chaussure". [Kli Yakar]
[le feuillet de la communauté de Sarcelles - 5780]

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-> "Enlève tes chaussures de tes pieds, car l'endroit où tu te trouves est une terre sainte" (Chémot 3,5)

Selon le Zohar :
Moché était marié à Tsipora. Mais, après le don de la Torah, il se sépara de sa femme, en raison de son état de sainteté. Il était si consacré à Hachem qu'il n'avait plus de lien avec le physique. Le corps ne pouvait donc pas vivre une vie de couple.
La guémara relate que Moché décida de se séparer de sa femme de sa propre initiative et que Hachem fut d'accord avec lui. Malgré tout, Hachem fit allusion à Moché dans le verset ci-dessous à l'attitude qu'il devra avoir. En effet, Hachem lui dit : "Enlève tes chaussures de tes pieds".
Par ce verset, Il lui suggère qu'il devra se séparer de sa femme (peut-être que l'expression "avoir chaussure à son pied" évoquant le fait d'avoir une femme, viendrait de là). Et la raison qu'Hachem lui donne est : "Car l'endroit où tu te trouves est une terre sainte". Le niveau spirituel et de sainteté de Moché était si haut que pour lui seul, il lui fut recommandé de se séparer de sa femme.

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-> "Enlève les chaussures de tes pieds car le lieu où tu te trouves est un lieu saint" (Chémot 3,5)

-> Une veille de Shabbat, on oublia d'allumer la lumière dans la maison du 'Hafets 'Haïm. Quand le Rav revint de la synagogue et vit l'obscurité, il demanda pourquoi il n'y avait pas de lumière. On lui expliqua qu'on avait oublié d'allumer l'interrupteur.
Alors le Juste, s'écria : "Ah! Il y a de la lumière! On a juste oublié d'appuyer sur le bouton! Le monde aussi est tout entier rempli de la Lumière d'Hachem. Aucun espace n'est vide de Sa Présence. La lumière est partout. Mais on ne la voit pas. On voit de l'obscurité, du mal, des souffrances. Nous n'appuyons pas sur le bouton. La lumière est là, il nous reste à nous y connecter par notre travail personnel, par l'étude de la Torah, la pratique des mitsvot, le développement de la foi, le travail sur le caractère ... Et si on appuie sur ce bouton, alors on verra la lumière partout!"

C'est ce que dit le verset : "Enlève les chaussures de tes pieds", débarrasse toi de ta matérialité, du mal et des doutes qui sont en toi et qui empêchent la lumière d'apparaître. Fais ce travail, appuie sur le bouton! Tu verras que "l'endroit où tu te trouves" , tout endroit où tu te trouves, "est un endroit sacré", rempli de Lumière Divine.

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"Hachem lui apparut dans une flamme de l’intérieur du buisson" (Chemot 3,2)

Le buisson, qui est composé d’épines, fait allusion aux souffrances, à la détresse.

Ce verset vient donc faire allusion au fait que la flamme sacré, qui est l’enthousiasme spirituel pour le service Divin, s’éveille souvent du fait des souffrances, comparées au buisson.
En effet, quand tout va bien, on a malheureusement trop souvent tendance à oublier le service d’Hachem et à se refroidir de ce feu spirituel.
['Hatam Sofer]

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-> b'h, également au sujet du buisson ardent : https://todahm.com/2013/12/21/883

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-> Rabbi Eliézer (Pirké Avot 2,10) dit : "Que l’honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien, ne sois pas prompt à la colère et repens-toi un jour avant ta mort.
Réchauffe-toi au foyer des Sages [en Torah] et prends garde à leurs braises, de peur de te brûler, car leur morsure est celle du renard, leur piqûre est celle du scorpion, leur murmure est celui du serpent et toutes leurs paroles sont comme des charbons ardents."

Les initiales des 3 forces des Sages en Torah forment le mot : "na'al" (chaussure - נעל). En effet, il y a : "néchika" (morsure - נשיכת), "akitsa" (piqûre - עקיצת) et "lé'hissa (murmure - לחישת).

A partir de cela, le Bné Yissa'har (rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov) explique le message de notre verset du fait que la direction du peuple est remise aux tsadikim de la génération : Hachem a enjoint à Moché dans le buisson ardent = lorsque tu dirigeras la communauté d'Israël, alors "enlève tes chaussures de tes pieds" = tu ne les utiliseras pas contre un juif (les 3 forces contenues en allusion dans le mot : chaussure).

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"Hachem vit qu'il s'approchait pour regarder, alors Hachem l'appela du sein du buisson, disant : "Moché, Moché!". Et il répondit : "Me voici"." (Chémot 3,4)

-> Allégoriquement parlant, Hachem, qui souffrait du joug sous lequel pliait Son peuple, appelle Moché 2 fois consécutives pour le supplier de venir rapidement à Son service pour faire cesser les tourments de Son peuple.
[midrach Chémot rabba, 2]

-> Au moment du sacrifice de Its'hak, Hachem appel : "Avraham, Avraham".
Selon Rachi, c'est une marque d'affection que Hachem manifeste à Avraham à ce moment où il a réussi son épreuve.

=> ainsi, cet appel répété traduit à la fois un signe d'affection, mais également une demande d'aide d'urgente.

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-> Moché qui a été le premier sauveur, a vieilli pendant 80 ans, sans savoir et sans sentir en lui-même que ce serait lui le sauveur d’Israël, puisque Hachem a dû le convaincre d’accepter cette mission, ainsi qu’il est écrit que Hachem a dit : "Va", "car Je vais t’envoyer à Pharaon".
Il a d’ailleurs refusé et ne voulait pas accepter cette mission.

Le 'Hatam Sofer dit que la même chose se passera avec le dernier sauveur.
Depuis que le Temple a été détruit, quelqu’un est né immédiatement qui était potentiellement digne d’être le sauveur, et ainsi à chaque génération.
Quand viendra le moment, Hachem Se révélera à lui et l’enverra, même s’il n’était pas conscient de sa mission jusque là. Et alors, l’esprit du Machia’h qui est caché en haut jusqu’à sa venue reposera sur lui.

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"Lorsqu'un homme pourrait se révolter contre son ami qui lui a causé un préjudice et se tait, [alors] Celui qui se trouve dans le buisson le jugera"
[rav A'ha de Bé'Hozaa - guémara Guittin 7a]

Hachem qui était installé dans le buisson ardent lorsqu'Il s'est dévoilé à Moché, jugera cet homme pour le délivrer immédiatement de celui qui lui a fait du mal.
=> Pourquoi spécifier qu'Hachem "Qui est installé dans le buisson" fera le jugement?

-> Le Yétev Lev répond :
Lorsque Moché a découvert ce buisson, il est écrit : "Il remarqua que le buisson était en feu et cependant il ne se consumait point" (Chémot 3,2).
Il s'en étonna : "Comment est-il possible que quelqu'un me brûle et que je ne sois pas brûlé?"
La réponse est que celui qui semble me brûler n'est pas le véritable auteur. Il y a quelqu'un au-dessus de lui qui brûle.
L'ange d'Hachem, qui apparaît dans le buisson, veut donc apprendre à Moché ce principe : le feu ne brûle pas, c'est Hachem qui lui ordonne de brûler!

=> On tire de là une leçon importante : même si quelqu'un t'a blessé, et que tu pourrais trouver légitime de te venger, sache que c'est Hachem qui a décidé que tu serais blessé! Alors, qu'as-tu à t'en prendre à ton ami? Ce n'est pas la bonne adresse.
Celui qui a l'intelligence de se taire à ce moment-là, montre qu'il a compris le message du buisson.

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-> Le Yétev Lev enseigne :
Hachem choisit de Se dévoiler à Moché précisément depuis le buisson ardent. Il voulait mettre en avant le fait qu'Il était présent dans chaque épine. Si l'on est piqué, on doit savoir que ce n'est pas l'épine qui nous a piqués, mais Dieu, présent dans chaque épine, qui nous a piqués. Lorsqu'un homme se trouve dans une situation difficile, qu'il souffre, c'est important qu'il prenne pleinement conscience que c'est D. qui a amené cette souffrance, et qu'Il Se tient au cœur de la flamme du buisson.

S'il en est ainsi, pourquoi devrais-je me formaliser, me fâcher, m'emporter, si quelqu'un médit de moi ou me fait du mal? Tout ceci ne vient-il pas de D.? Personne ne peut toucher, ne serait-ce qu'à l'ongle de son prochain, sans que ceci ne soit décrété d'En-Haut.

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-> "Un ange d'Hachem lui apparut [à Moché] dans une flamme de feu du milieu du buisson. Il regarda, et voici que le buisson était en feu et cependant le buisson ne se consumait point" (Chémot 3,2).
C’est chez les juifs simples, les humbles "buissons épineux", que l’on trouve cette ardente flamme divine, car ils ont une soif insatiable de Divinité, de Torah et de ses commandements.
[Baal Chem Tov]

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-> "Un ange d'Hachem lui apparut dans un jet de flamme au milieu d'un buisson. Il remarqua que le buisson était en feu et cependant ne se consumait point" (Chémot 3,2)

-> Le Sfat Emet (5638) décrit le symbolisme du buisson ardent.
Hachem s'est révélé au milieu des ténèbres pour transmettre un message à Moché : bien qu'Israël soit embourbé dans un exil amer, un feu brûlait toujours en lui.
En effet, le fait que leur feu brûle encore après leurs souffrances extrêmes est encore plus miraculeux que leur éventuelle rédemption.

Tremper 2 fois pendant le Séder

"Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un bouc et trempèrent la tunique dans le sang" (Vayéchèv 37,31) <-> Pessa'h

Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que dans toute la Torah, on trouve 2 fois la mention de "tremper" :

-> une 1ere fois : au sujet des frères de Yossef et de la manière dont ils ont trempé sa tunique dans le sang (cf. verset ci-dessus) ;

-> une 2e fois : paracha Bo (Chémot 12,2), il est écrit : "Vous prendrez un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui se trouve dans la coupe et vous toucherez le linteau et les 2 montants avec le sang qui se trouve dans la coupe".

Le Ben Ich 'Haï dit que la pratique de tremper 2 fois pendant le Séder de Pessa'h (cf. le ma nichtana où l'on pose la question : "Pourquoi trempe-t-on 2 fois alors, que les autres nuits, on ne trempe pas même une fois ?"), vient afin de faire un parallèle avec ces 2 mentions de "tremper" dans la Torah.

Il semble évident que la 2e mention est en lien avec Pessa'h.
Mais que vient faire le trempage de la tunique de Yossef dans le sang avec la fête de Pessa'h, au point où nous devons le commérer pendant le Séder?

Le Ben Ich 'Haï de donner la réponse suivante.
Les juifs ont terminé l'esclavage en Egypte (cf. la 2e mention dans la Torah), parce qu'il y a eu à l'origine de la haine et du lachon ara, dont le 1er trempage fait partie.

Ainsi, les 2 sont liés : le 1er (la tunique) a été un catalyseur entraînant l'arrivée de Yossef en Egypte, qui a entraîné ensuite celle de tout le peuple juif, et c'est cela qui a rendu possible le 2e : la délivrance.

A la fin de la Haggada de Pessa'h, lorsque nous souhaitons sincèrement : "l'année prochaine à Jérusalem" (léchana aba bé'Yérouchalayim), nous voulons qu'ait lieu la délivrance (guéoula - 2e trempage), mais pour que cela devienne une réalité, nous devons revenir à l'origine du 1er trempage : arrêter de dire du lachon ara et d'avoir de la haine entre nous.

En effet, les 2 étant liés, si nous désirons l'un, nous devons forcément vouloir l'autre, pour que cela se réalise.

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-> Le fait de devoir attacher plusieurs hysopes en une botte (cf. 2e trempage), est un symbole de l'unité du peuple juif, qui est une condition préalable à une libération de l'exil.

-> Selon le midrach, en Egypte, aucun juif n'a dit de lachon ara sur une autre personne, rectifiant par là la faute des frères de Yossef.

Rabbi Mattisyahou Salomon dit : "En faisant de même à notre époque, nous pouvons également espérer quitter l'exil actuel".

"Hachem lui dit [à Moché] : "Qu'est-ce que cela, dans ta main?"
Et il dit : "Un bâton".
Il dit : "Jette-le à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui.

Hachem dit à Moché : "Tends ta main et saisis sa queue".
Il tendit la main et le saisit fermement et il devint un bâton dans sa main. (Chémot 4,2-4)

-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. " (Chémot 4,1)

-> Face à ces craintes de Moché, Hachem a voulu lui enseigner que les enfants d'Israël ont la nuque rude (kéché oréf), à cause de l'exil et de l'asservissement, mais qu'ils retrouveront leur foi solide et leur sainteté dès qu'ils seront revenus dans leur pays.

Cette idée est illustrée par 2 signes miraculeux montrés à Moché :
1°/ le bâton transformé en serpent après avoir été jeté à terre revint à son état initial quand Moché le remis à son endroit en le reprenant dans sa main.

2°/ De même, sa main devint lépreuse quand il la retira de son sein et elle fut guérie quand il la remit à sa place.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

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-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant à ce sujet.

Le bâton symbolise la direction et le pouvoir, il vient faire allusion au grand principe selon lequel c’est Hachem qui dirige le monde.

Le serpent incarne le mal et l’obscurité.
Or, ce serpent provient du bâton, signifiant que le bien et le mal s’oppose (en apparence) à D., mais il n’en reste pas moins que c’est Hachem qui le crée et lui donne l’existence.

Quand on se renforce et qu’on l’attrape, le serpent redevient le bâton.
Quand on se renforce dans la émouna (la foi) que même ce mal n’est qu’une apparence, qu’en vérité il ne provient que d’Hachem, et que l’on ne prête pas attention à son apparence extérieure de mal, alors le mal et l’obscurité de l’exil disparaissent, et la vérité apparaît.

On mérite alors de voir comment tout, et même ce mal, est inclut dans le projet Divin, et que Seul Hachem est le dirigeant.

Alors, le “serpent” redevint “bâton” ...

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-> Le mot : "mazé" (Qu'est-ce que cela - מזה) a la même valeur numérique que : "ben" (un fils - בן).
Cela insinue à celui qui a un fils qu'il doit l'éduquer en lui disant qu'il a un bâton à la main, comme le dit le roi Chlomo : "Celui qui néglige le bâton déteste son fils".
Mais si on jette le bâton, alors le fils risque de devenir un serpent (de mal tourner).
[Oneg Shabbath]

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-> Hachem enseigna à Moché une leçon importante : si une personne est bonne et maîtrise ses désirs, un serpent peut se transformer en bâton.
Mais si elle suit ses désirs, un bâton peut devenir un serpent venimeux.
Même l'objet le plus inoffensif peut devenir l'instrument de sa punition.
[Tikouné Zohar p.93]

-> En général, lorsqu'un serpent venimeux mord un individu, ce n'est pas le venin qui le tue mais son péché.
S'il était absolument innocent, le serpent le plus dangereux ne pourrait lui faire de mal.
La guémara (Béra’hot 33a) rapporte les paroles de rabbi 'Hanina ben Dossa : "Ce n’est pas le serpent qui tue, c’est la faute".

Le Yeffé Toar écrit que si une personne est parfaitement juste, un serpent ne peut lui faire de mal, et même le feu ne peut la brûler à moins que D. ne le désire.

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-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. (v.4,1)
-> Il dit : "Jette-le [le bâton] à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui [le serpent]. (v.4,2)

Le Panim Yafot écrit :
Hachem demandait à Moché : Pourquoi as-tu peur d'un serpent? Qu'est-ce qui est arrivée à ta émouna?

La réponse est : Je te l'ai prise, et c'est pourquoi tu as eu peur des serpents.
Car tout est entre Mes mains, même la émouna.
Je donne la émouna au gens, et Je leur reprend.
C'est pourquoi ne dis pas : "ils ne me croiront pas ...", car si Je souhaite que le peuple juif croit, Je place de la émouna dans leur cœur, et ils croiront en Moi.

[ainsi, nous devons tout faire pour renforcer notre émouna et la demander à Hachem, car tout dépend de Lui]

"Pharaon ordonna à tout son peuple en disant : Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve!" (Chémot 1,22)

Il existe de nombreux moyens pour tuer les enfants qui viennent de naître. Pourquoi par le biais de l'eau?

-> Rachi rapporte que les astrologues ont vu que le sauveur des juifs venait de naître, et qu'il sera frappé par l'eau. C'est pourquoi, Pharaon a promulgué ce jour-là un décret visant également les égyptiens (car ne sachant pas dans quelle famille il était né).

Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché sera un jour puni à cause des eaux de Mériva (Bamidbar 20,7-13) [et que celles du Nil vont au contraire aider Moché à pouvoir sauver les juifs]

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-> Le Kéhilat Its'hak apporte une autre explication.

Selon la Torah, il est clair que l'Egypte de l'époque était la capitale mondiale de la sorcellerie, de la magie noire et de l'illusion.
En souhaitant la mort des nouveaux nés, Pharaon avait peur que les juifs créent de faux bébés par la magie, qu'ils tueraient en les faisant passer pour des vrais.

Selon nos Sages (Sanhédrin 67b), une chose réalisée à partir de la magie retourne à son état d'origine, lorsqu'elle est placée dans de l'eau ou sur un plan d'eau.

La guémara rapporte l'histoire de rabbi Ziri, se déroulant 1700 années après notre esclavage en Egypte.
Il a acheté un âne dans la ville égyptienne d'Alexandrie, sans savoir qu'il avait été créé par le biais de la magie.
Lorsqu'il est arrivé à un point d'eau, afin de donner de l'eau à boire à son âne, celui-ci est redevenu une planche de bois sur laquelle avait été jetée un sort pour la transformer en un animal.

=> On comprend mieux le choix de Pharaon, dirigeant de la capitale mondiale de la sorcellerie, qui voulait être sûr à 100% de la mort des nouveaux-nés juifs.

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-> "Pharaon ordonna à tout son peuple en disant (lémor)" (1,22)

Le terme "lémor" (en disant - לֵאמֹר) nous enseigne que ce n’était pas aux égyptiens de jeter les enfants dans le Nil, mais qu’ils devaient donner l'ordre à chaque juif d'y jeter ses propres fils.
La raison en est que les astrologues égyptiens avaient vu que le sauveur des juifs serait frappé par l’eau, et par quelqu’un de son propre peuple.
C’est pourquoi Pharaon a décrété que les juifs devaient eux-mêmes le jeter dans le Nil.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, qutand Yo'hévet y a jeté son fils Moché.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Tout garçon qui naîtrait, vous le jetterez dans le Nil, et toute fille vous la laisserez vivre" (Chémot 1,22)

=> On peut se demander pourquoi le fait de laisser vivre les filles, fait partie du décret (de tuer les garçons). Pourquoi dans l'énoncé, apparaissent les termes "et toute fille vous la laisserez vivre"? Si on ne tue pas les filles, elles vivront automatiquement.

En fait, les égyptiens ont fait le calcul suivant. Si on décrète de tuer les garçons et les filles, alors les juifs cesseront d'avoir des enfants, sachant qu'ils seraient fatalement jetés dans le Nil. Et si aucun enfant ne naissait, alors aucun ne serait tué.
C'est ainsi que les égyptiens ont décrété que les filles vivraient. Et les juifs continueraient à croître et à se multiplier, dans l'espoir de donner naissance à des filles. Forcément, des garçons naîtront aussi et ils pourront être tués.
Dans leur perversité, les égyptiens ont laissé vivre les filles dans le but de pouvoir tuer les garçons. Le fait d'épargner les filles est donc une partie intégrante de ce mauvais décret.
[Ben Ich 'Haï]

"Hachem a récompensé les sages-femmes et le peuple s’est multiplié" (Chémot 1,20)

En quoi le fait que le peuple se soit multiplié est une récompense pour les sages-femmes ? Est-ce que cela les concerne directement?

En fait, nos Sages disent que la récompense de la mitsva c’est la mitsva.
Cela signifie que quand un homme accomplie une mitsva, Hachem le récompense en lui donnant la possibilité de réaliser d’autres mitsvot qui lui ressemblent.

Ainsi, les sages-femmes ont accompli la mitsva de sauver les enfants juifs, et Hachem les a donc récompensées en multipliant le peuple pour qu'elles aient encore beaucoup d'opportunités d'accomplir cette grande mitsva de sauver les bébés juifs.

[le ‘Hatam Sofer]

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-> Selon le Or ha'Haïm, une personne est récompensée non seulement pour la réalisation d'une bonne action, mais également pour les conséquences indirectes.
Ainsi, plus il y avait de naissances, plus il y a une descendance nombreuse grâce à elle, sur laquelle elles vont recevoir indirectement une récompense pour les bonnes actions réalisées dans le futur par toutes ces personnes.
-> Nos Sages (guémara Sotah 11a ; Sanhédrin 100b) disent que Hachem récompense 500 fois plus puissamment qu'Il ne punit.