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+ "Si on veut réaliser la portée de Roch Hachana, on n'a qu'à réfléchir sur le passé, se remémorer tous les événements de l'année qui s'achève : combien de souffrances sont descendues dans le monde.
Tout ceci a été décidé à Roch Hachana dernier!

Cela nous aidera à comprendre combien nous devons avoir peur du jour du jugement présent."

[paroles du père du rav Dessler à son fils - Mikhtav méEliyahou]

Le rav Kanievsky dit que dans notre génération, on doit se remémorer toutes les bonnes choses qui nous sont arrivées pendant l'année passée, et prendre conscience que c'est en ce jour de jugement que tout va être décidé pour l'année à venir.

Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana?

+ Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana? :

1°/ La guémara (Roch Hachana 32b) rapporte les paroles de Hachem : "Est-il possible que le Roi soit assis sur le Trône de Justice avec le Livre de la Vie et de la Mort ouverts devant Lui, et qu'Israël chante des hymnes de louange?"

Le Rambam (Pirouch haMishnayot) écrit : "Le Hallel n'est pas récité à Roch Hachana et à Kippour, car c'est des jours de service, d'humilité, de peur, de crainte d'Hachem, pour s'enfuir et courir vers Lui, à faire téchouva, dire des supplications, requêtes et le pardon.
Et pour tout cela, la joie et la gaieté ne sont pas appropriées."

[Selon le 'Hatam Sofer, il est évident qu'on doit être joyeux à Roch Hachana, puisque c'est un yom tov. Cependant cette joie doit être contenue et quelque peu annulée, car Roch Hachana et également un jour d'immense crainte.]

2°/ Le 'Hatam Sofer nous transmet un enseignement très beau :
"Nous avons comme tradition qu'à Roch Hachana et à Yom Kippour, les âmes de nos parents décédés viennent prier avec nous.
Nous savons que les morts ne peuvent pas chanter de louanges à Hachem, comme il est dit : "Ce ne sont pas les morts qui loueront Hachem" (lo amétim yéalélou ya - Téhilim 115,17).

En raison du fait que les âmes des morts prient avec nous, nous ne chantons pas le Hallel afin de ne pas les embarrasser."

3°/ Le 'Hatam Sofer rapporte une autre explication.
Au moment de la traversée de la Mer, les juifs ont émis un chant (chira) car D. les a sauvé lorsqu'Il a vu que : "Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béaaloté'ha 14,31).

Puisqu'ils ont été sauvé par leur propre mérite, ils leur étaient approprié de chanter des louanges de Hachem.
Cependant, à Roch Hachana nous espérons être jugés favorablement par le mérite de nos ancêtres, et non du nôtre. Il n'est ainsi pas approprié de réciter joyeusement le Hallel.

4°/ Puisque nous sommes confiants dans le fait que Hachem va nous inscrire pour une bonne année, pourquoi ne récitons pas le Hallel à Roch Hachana?
Le Ktav Sofer répond à sa question de la manière suivante.
Il est probable que nous soyons jugés favorablement par la mort d'un tsadik pendant cette année, puisque la mort des tsadikim expie les fautes des juifs (guémara Moed Katan 28a).

Cependant, nos Sages nous enseignent que la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
=> Face à une tragédie si importante, comment pouvons-nous réciter le Hallel?

[ On peut également rapporter que :
- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)]

"La grandeur d'une prière ne dépend pas de la quantité de mots prononcés pour invoquer Hachem, mais plutôt de la qualité du 'cri du cœur' lancé vers Hachem"

[Rav Yé'hezkel Levenstein]

"Même si les actions d'une personne [méritante] étaient nombreuses comme le sable au bord de la mer, elles ne seraient pas à la hauteur d'un seul bienfait reçu de Hachem dans ce monde, à plus forte raison si cette personne faute.

Et le fait qu'elle reçoive une récompense pour l'accomplissement des mitsvot est [uniquement] le fruit de la bienveillance de Hachem"

['Hovot haLévavot - Chaar haBita'hon - chap.4]

-> "Même si nos bouches étaient pleines de chants comme l'océan, et nos langues jubilaient comme le fracas de ses vagues ... nous ne serions pas capables de Te louer, D. ... et de bénir Ton Nom, même pour une milliardième de toutes les bontés que Tu as accordées à nos pères et à nous-mêmes"

[le Nichmat Kol 'Haï (et ensuite) de la prière du matin de Shabbath - rapporté par le rav Dessler]

-> La guémara (Makot 23b) nous enseigne que : Les mitsvot sont données pour le perfectionnement de l'homme et non pas pour le profit de D.

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-> "Aucune créature au monde ne peut se maintenir si ce n'est grâce à l'abondance divine que D. lui prodigue"
[rabbi Moché Cordovero - Tomer Devora]

"Pendant la nuit de Roch Hachana, 2 anges accompagnent un juif et écoutent lorsqu'il va dire à ses amis : 'Que Tu puisses être inscrit et scellé pour une bonne année' (léchana tova tikatév vé'hétavtem).

Inspirés par cette amitié chaleureuse et par cette unité au sein du peuple juif, ils montent au ciel et plaident pour une bonne et douce année pour le peuple juif"

[Tséma'h Tsédek]

Le mois d’Elloul

+ Le mois d'Elloul :

-> "Nos Sages enseignent que pendant le mois d'Elloul, les Portes célestes de la miséricorde sont ouvertes, nous donnant l'opportunité de réparer nos fautes"
[Rabbi Pin'has Horowitz - le Panim Yafot]

-> "Le mois de Elloul a toujours été un temps de réconciliation avec Hachem.
Lorsque le peuple juif a commis la faute du veau d'or et que suite à cela les 1eres Tables de la Loi ont été brisées, Moché a imploré la miséricorde divine.
C'est à Roch 'Hochech Elloul que Hachem s'est apaisé et a demandé à Moché de monter [au ciel] afin de recevoir les 2e Tables de la loi (lou'hot).

Il y est resté pendant 40 jours, jusqu'au 10 Tichri, qui est Yom Kippour, jour durant lequel Moché est redescendu avec les 2e lou'hot, que Hachem a donné au peuple juif en signe d'une faveur divine renouvelée.

Depuis cela, la période de 40 jours allant de Roch 'Hodech Elloul à Yom Kippour est établie pour les générations comme des jours de miséricorde et de faveur divine.

Ces 40 jours servent également comme signe de la téchouva pour la faute du veau d'or, qui a été construit exactement 40 jours après le don de la Torah."
[Kaf ha'Haïm]

-> "Le mois d'Elloul est la source des bénédictions pour notre service de Hachem durant toute l'année.

Toute personne qui s'impliquera pendant ce mois, ne vivra que de la joie durant toute l'année. Servir Hachem lui sera alors facile.
Mais être paresseux pendant le mois d'Elloul amène de la tristesse, rendant plus difficile de servir Hachem par des prières sincères."
[Rabbi Morde'haï de Lechovitz]

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-> L'homme doit se repentir au début du mois d'Elloul également pour la raison suivante : la formation de l'âme ressemble à celle d'un embryon qui dure 40 jours.
L'homme repenti est semblable à un nouveau-né. Il faudra 40 jours à son âme pour se renforcer complètement.
Si l'homme se repent au début du mois d'Elloul, son âme sera complète à Yom Kippour.
[Méam Loez - Ki Tissa 34,35]

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-> Le Bné Yissa'har trouve une allusion aux yamim noraïm dans le verset : "Le lion (arié - אַרְיֵה) a rugi: qui n'aurait peur?" (Amos 8,3).
Les lettres du mot "arié" renvoient à :
-> aleph = Elloul ;
-> réch = Roch Hachana ;
-> youd = Yom Kippour ;
-> 'hé = Hochana Rabba.

Ce sont les 4 moments de l'année où submergé de crainte et de tremblement, un juif est inspiré à faire téchouva ("Qui n'aurait peur?").

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+ Sonner le Shofar durant le mois d'Elloul :

1°/ Le Yichma'h Moché explique que dans le Téhilim 150 (Louez D. en son sanctuaire - Hallélou El békod'cho), il y a 12 fois le mot : 'Hallélou', en parallèle avec les 12 mois de l'année.

Elloul est le 6e mois de l'année, et correspond au 6e Hallélou, qui est : "Louez-le aux sons stridents du Shofar" (Hallelou'ou bétéka Shofar).

=> Cela fait référence à l'habitude de sonner du Shofar pendant le mois d'Elloul.

2°/ "Le Shofar sonnera-t-il dans une ville sans mettre le peuple en émoi?" (Amos 3,6)

Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que le Shofar a une qualité spéciale, faisant que toute personne écoutant ses sonneries est ébranlée et est portée à faire Téchouva, ce qui explique que nous le sonnons durant le mois d'Elloul, afin de rappeler à faire téchouva.

3°/ Suite à la faute du veau d'or (le 17 Tamouz), Moché a imploré pendant 40 jours Hachem.
A la fin de cette période (à Roch 'Hodech Elloul), Moché a dû monter la montagne et rester au Ciel pour 40 jours et 40 nuits afin de recevoir les 2e Tables de la Loi.

Pendant chacun de ces 40 jours, le Shofar était entendu dans tout le campement et une annonce était faite : "Votre attention, s'il vous plaît! Sachez que Moché a monté la montagne, il ne redescendra qu'après y avoir passé 40 jours et 40 nuits!"

Cela était fait afin d'éviter toute erreur de calcul, comme cela a eu lieu lorsque Moché est monté la 1ere fois, et qui a conduit à faire le veau d'or.

=> Afin de se souvenir de cette sonnerie du Shofar, nous le sonnons également durant tout le mois d'Elloul.
[le Tour - Ora'h 'Haïm]

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-> Le Gaon de Vilna affirme qu'il y a 3 jours douloureux dans le calendrier pour le yétser ara, où il ne peut pas inciter les gens à fauter.
Il s'agit de Roch 'Hodech Elloul, Roch Hachana et Yom Kippur.

"Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain, alors qu’elle en a elle-même besoin, se verra exaucée en 1er"

[guémara Baba Kama 92a]

D'où vient la force d'une prière dite pour les autres?

-> Le 'Hatam Sofer explique que ce qui nous permet de prier les uns pour les autres vient du fait que tous les juifs font partie d'un corps unique et d'une âme unique appelée "le peuple juif".
C'est pourquoi nous devons ressentir l'affliction d'un autre juif comme notre affliction, et que prier pour lui équivaut à prier pour nous-même.

Lorsqu'une mère prie pour son enfant par exemple, elle prie aussi pour elle-même. Il n'y a pas de différence entre le bonheur des enfants et celui de leurs parents.
Bien que moins évidente, une relation similaire existe entre tous les juifs.

Dans le même sens, le Maharal explique que le peuple juif n'est pas un simple assemblage d'individus disparates, mais au contraire une entité intégrante, très semblable au corps humain, qui bien qu'étant composé d'organes et de membres, les comprend tous et les intègre en un seul être unifié.

La tendance naturelle est de se concentrer sur ses propres problèmes.
=> En faisant sienne la souffrance des autres, nous nous rattachons au corps du peuple juif.
En priant pour le bonheur des autres, en même temps que pour le sien, nous remplissons nos prières de l'amour d'Israël, ce qui donne la puissance et le mérite d'être secouru.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou vol.1) enseigne à ce sujet :
"Tout individu qui prie pour la communauté entière ... ses prières valent sous cette forme 1 000 fois celles de 1 000 individus qui auraient prié pour eux-mêmes uniquement.
Sa prière s'en trouve donc plus pure, car elle est débarrassée d'intérêts personnels, et l'esprit communautaire s'en trouve aussi renforcé"

-> Le Avné Nézer lors des funérailles du Sfat Emet a dit : "Il est clair pour moi pourquoi le Sfat Emet est mort d'une maladie rare, que même les spécialistes n'ont pas su diagnostiquer.
Il priait pour énormément de juifs, qui avaient toutes les maladies possibles.
S'il avait été frappé par une maladie pour laquelle il avait prié pour d'autres personnes, sa prière aurait également été répondue (faisant qu'il en soit sauvé).
C'est pour cela qu'il a été nécessaire au Ciel de créer une maladie juste pour lui."

-> Le Baal Chem Tov enseigne que lorsque l’on veut juger d’en-Haut la faute d’un homme, on le place dans une situation où il verra son ami faire cette même faute et on observe de quelle façon il jugera celui-ci.
De la même façon qu’il jugera son prochain, on le jugera d’en-Haut sur cette faute : s’il l’a jugé avec rigueur, lui-même sera jugé avec rigueur et s’il l’a jugé favorablement, il sera jugé favorablement.

Il en découle que si une personne reste insensible devant les souffrances de son prochain, du Ciel on va évaluer chez cette personne, s'il n'y a pas des souffrances qu'elle aurait dû avoir et qu'elle n'a pas encore eu, et on pourra alors conclure qu'elle mérite davantage de souffrances.
Mais si une personne va prendre le temps de prier pour autrui, du Ciel on va chercher des moyens de diminuer ses souffrances, ses problèmes.
Cette méthode permet d'obtenir ce dont nous avons prié pour autrui.

-> Tous les matins en se levant, Rabbi Zusia avait coutume de souhaiter une bonne journée à tout le peuple juif, demandant pour tous une journée pleines de bénédictions et de succès.
[Maor vaChémech]

-> D'autres prient pour une réfoua chéléma dès qu'ils voient une ambulance passer, ... Toute occasion est bonne pour bénir autrui!
[Imaginons qu'il était prévu sur nous un maladie, mais qu'on a souhaité sincèrement une réfoua chéléma à autrui (même un juif inconnu), cela va peut être nous en dispenser, et ce sans forcément que nous nous en rendions compte!]

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On peut noter que dans la amida, nous utilisons la forme plurielle (nous), signe d'un amour de chaque personne du peuple juif.
D'ailleurs, le 'Hafets 'Haïm nous conseille : "celui qui veut garantir que ses prières soient agrées doit prier pour la communauté et s'inclure avec ses membres, car la prière pour la communauté est plus facilement acceptée".

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-> "Celui qui peut implorer la compassion divine pour son prochain et ne le fait pas est appelé un fauteur"
[guémara Béra'hot 12b]

Ne pas réagir lorsque l'on apprend la souffrance d'une autre personne, se retenir de faire usage d'un outil aussi facilement accessible que la prière trahit un manque flagrant d'amour d'Israël.

-> "Les portes de la prière sont closes depuis la destruction du [2e] Temple"
[guémara Béra'hot 32b]
Le Méam Loez (Eikha 1,2) commente : "Les pleurs du peuple juif éveillent la pitié de Hachem, et à leur suite, Lui-même élève la voix en pleurant."

Le Séfer 'Hassidim explique que la raison pour laquelle nos prières sont rejetées est que nous ne ressentons pas suffisamment la souffrance des autres.
L'amour de son prochain, ce sentiment d'union, est un outil essentiel pour que nos prières soient agréées.

-> "Tout Israël, et ceux qui leur font confiance, sont comme des frères, comme le dit la Torah : 'Vous êtes les enfants de Hachem, votre D.' (Dévarim 14,1)
Or si un frère n'a pas de compassion pour son autre frère, qui en aura?"
[Rambam - Hilkhot Matnot Aniim 10,2]

-> "Etant tous des enfants de D., imaginez à quel point, Hachem peut être irrité par un enfant qui va dire du lachon ara sur un de ses frères"
['Hafets 'Haïm - 'Hovat haChemira]

-> Dès que 2 juifs reconnaissent qu'ils sont les enfants d'un même Père (Hachem), ils peuvent commencer à développer l'affinité naturelle inhérente à leur lien.
[Rav Mattitiahou Salomon]

On est tous complémentaire dans la réalisation d'un but commun : faire que la gloire de Hachem dans ce monde soit le plus fortement proclamée.
Il n'y a pas de concurrence, chacun a son rôle et une contribution unique à jouer.
Par ailleurs, étant tous lié, lorsqu'autrui se porte bien, cela me sera également profitable par ricochet.
[il va bien => la globalité du peuple juif va mieux => étant un membre de ce corps, je vais mieux! ]

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-> "Lorsque des gens prient pour une autre personne, ils deviennent comme ses élèves (talmidim) en ce sens qu'il leur permet d'avoir du mérite"
[rav Eliyahou Lopian]

-> Chaque fois qu'une personne est à l'origine de quelque chose de bien, qu'elle en ait conscience ou non, elle acquiert un mérite pour cela.
Ainsi, lorsque quelqu'un prie pour la guérison d'un malade, et qu'en agissant ainsi, il se rapproche de Hachem, c'est le malade qui est à l'origine de cette transformation et tout le mérite lui revient.
Et plus il y a de personnes qui prient pour lui et qui s'en trouvent élevées, plus grand est le mérite qu'il acquiert.
=> Ainsi, le malade finira par être transformé par tout le mérite qu'il a accumulé, même s'il n'en a pas connaissance et le décret à son encontre pourra éventuellement être annulé.

[de plus, il faut y ajouter toutes les pensées de téchouva, les bonnes résolutions prises. En effet, face à la vision d'un malade, d'un hôpital, on se rend compte du caractère éphémère de la vie, et cela réveille en nous la nécessité d'utiliser notre courte vie au mieux.
(cela conduit également à exprimer notre gratitude : "Grâce à D., je suis vivant et en parfaite sante! De tout cœur, merci Hachem!!")
=> Tous ces conséquences indirectes viennent également au mérite du malade.

On peut également citer le fait que la maladie aide à nous focaliser sur la personne malade : comme c'est dommage, c'est quelqu'un avec de si belles qualités, qui réalise de magnifiques actes, ... (on aura tendance à rapporter des illustrations concrètes à son sujet).
Par cela, le malade devient plus ou moins consciemment un modèle de vie, un rav de moussar vivant, que l'on a envie d'imiter. Et cela lui génère du mérite. ]

+ "La prière n'est pas seulement l'accomplissement d'un commandement général, mais plutôt une conversation entre un juif et son Créateur, lui permettant ainsi d'aborder Hachem et d'adhérer rapidement et étroitement à Lui.
C'est pour cette raison que Hachem désire nos prières."

[Rav Yé'hezkel Levenstein]

-> "[Au travers de la prière,] nous prenons totalement conscience de la simple réalité que Hachem est ici, réel et vrai ; qu'il est aisé de créer un lien personnel et sincère avec Lui et de discuter avec Lui de notre besoin le plus commun et le plus terre-à-terre ; et que ceux qui agissent ainsi ne sont jamais déçus."
[Rav Chimchon David Pinkous]

-> "Tout bienfait et toute réussite découlant de la prière ne se comparent pas au mérite de notre capacité réelle à nous tenir devant le Roi des rois.
La proximité avec Hachem, ainsi que le lien qui nous unit à Lui, sont plus importants et précieux que le fait de voir agréée la requête que nous Lui soumettons."
[le Malbim - sur le Téhilim 63,4]

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-> "[Pendant la amida], on doit être conscient de se trouver face à la présence divine ...
On doit garder à l'esprit que si on s'adressait à un roi de chair et de sang, on choisirait ses mots et o les prononcerait avec le plus grand soin, afin de s'assurer de ne pas faire de faux pas.
Il est donc encore bien plus nécessaire de le faire devant le Roi des rois, Qui examine toutes les pensées."
[Choul'han Arou'h 98,1]

-> "La prière [la amida] est comparable au fait de se tenir devant le Roi et de Lui parler face à face, si l'on peut dire.
Par conséquent, elle est [récitée] debout dans la crainte et le respect"
[Arou'h haChoul'han 89,6]

-> "[La amida] est le cœur de la prière, et il est absolument interdit de l'interrompre [même pour répondre Amen à la Kédoucha ou au Kadich] parce que l'on est très proche de Hachem, ce qui est plus grand que toutes [les autres] choses qui sont saintes"
[Ramh'al - Déré'h Hachem]

-> Cette notion se voit également dans les lois du Choul'han Arou'h.
On peut réciter le Chéma tant que tout notre bas du corps à partir de nos hanches est recouvert.
Par contre, il est interdit de dire la Amida, tant que l'on n'est pas entièrement vêtu, comme une personne se présentant devant un roi (cf. Ora'h 'Haïm 91,5).
La michna Béroura (74,24) explique que la amida répond à des règles bien plus strictes que toutes les autres prières et bénédictions, parce que lorsqu'une personne la récite, elle doit se visualiser elle-même comme se tenant réellement devant le Roi et Lui-parlant, ce qui exige d'elle de se tenir debout avec appréhension.

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-> La guémara (Shabbath 10a) nous rapporte :
"Rava bar Rav Houna avait l'habitude de mettre des chaussures élégantes pour prier. Il avançait comme explication à cette pratique : "Prépare-toi à rencontrer ton D., ô Israël" (Amos 4,12) ...

Rav Achi disait : "J'ai observé que rav Kahana, lorsque régnait la paix, s'habillait, se couvrait et s'enveloppait [dans plusieurs couches de vêtements fins], puis il priait.
Il disait en guise d'explication : "Prépare-toi à rencontrer ton D., ô Israël".

Rav Chmouel bar Na'hmani disait au nom de Rav Yonatan : Celui qui a besoin de se soulager ne doit pas prier tant qu'il ne l'a pas fait, parce qu'il est dit : "Prépare-toi à rencontrer ton D., ô Israël"."

"Lorsqu'un juif accepte la Royauté de Hachem et la reconnaît avec son cœur et ses lèvres, Hachem Se manifeste alors dans Son monde et la bénédiction nous est ainsi transmise"

[Ram'hal - Dérekh Hachem 4,2]

Éloignement temporel et ressenti de la perte du Temple

+ Éloignement temporel et ressenti de la perte du Temple :

Dans le birkat haMazone, nous prions pour que Hachem reconstruise Jérusalem.
Le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 180,5) statue que pendant la récitation du birkat haMazone, on doit recouvrir tous les couteaux de la table.

La michna Béroura explique que cette loi est basée sur un incident qui est arrivé un jour : une personne récitant le birkat haMazone a été remplie par tellement de souffrance en mentionnant la perte de Jérusalem, qu'elle a pris un couteau et s'est poignardée avec.

=> Pourquoi nos Sages ont décrété une loi basée sur un fait apparemment incompréhensible, qui est certainement un événement isolé, ayant que très peu de chance de se reproduire à nouveau?

Le rav 'Haïm Kanievsky de répondre :
Cet événement n'est pas incompréhensible, c'est un exemple de comment une personne doit véritablement se sentir à propos de la destruction du Temple.
Ce qui est plutôt incompréhensible, c'est le fait que nous sommes tellement indifférents à notre exil, que nous trouvons ce fait étrange!

Le midrach (Eikha rabba 2,4) donne un exemple de comment nos Sages réagissaient émotionnellement à la destruction du Temple, et comment les générations passant, la douleur s'en est trouvée amoindrie.
Lorsque Rabbi Yo'hanan, un des Amoraïm, enseignait un certain verset de la méguilat Eikha, il disait 60 faits tragiques qui ont eu lieu pendant la période de la destruction du Temple.
Cependant, Rabbi Yéhuda haNassi, un des Tanaïm, disait 24 des ces faits lorsqu'il enseignait le même verset.

Rabbi Yéhouda haNassi a vécu environ 100 ans après la destruction du Temple, et Rabbi Yo'hanan a vécu environ 200 ans après la perte du Temple.

Le midrach de remarquer :
Rabbi Yo'hanan n'en savait pas plus sur la destruction du Temple que Rabbi Yéhouda haNassi, mais comme Rabbi Yéhouda haNassi vivait plus proche de cette perte, il n'en disait que 24 sur les 60.

En effet, lorsque Rabbi Yéhouda haNassi enseignait les mots de la méguilat Eikha, il était tellement submergé par l'émotion, qu'après avoir relaté chaque fait tragique, il fondait en larmes et devait être réconforté pour pouvoir continuer.
C'est pourquoi, il n'avait pas les forces physiques pour pouvoir discuter en profondeur de la destruction du Temple, comme pouvait le faire Rabbi Yo'hanan, qui a vécu 100 années après.

=> Ce midrach montre la diminution de vécu chez nos Sages qui ont vécu respectivement 100 ans et 200 ans après la destruction du Temples.

Nous qui vivons 1949 années (en 2017) après, combien devons-nous avoir conscience que notre attitude n'est pas la norme, mais est au contraire le fruit d'un éloignement temporel de cette période.

b"h, tâchons de vivre autant que possible cette perte énorme pour tous.

-> La guémara (Taanit 30 a-b) raconte comment Rabbi Yéhouda, le fils de Rabbi Ilaï, prenait le deuil la veille du 9 Av avant que le jeûne ne commence.

On lui amenait un pain sec avec du sel, il s'asseyait entre le fourneau et le four [qui était le lieu le plus sale et répugnant de la maison] afin d'y manger son maigre repas, et il était alors aussi triste qu'un véritable endeuillé, dont le proche décédé est en face de lui.

-> La guémara (Kétoubot 62a) enseigne que :
Lorsqu'une personne émet un gémissement, cela affaiblit la moitié de son corps.
Cependant, un gémissement émit suite à une horrible nouvelle, comme la destruction du Temple, est 2 fois plus puissant, et affaiblit le corps tout entier de la personne.

La guémara de nous relater qu'un juif et un non-juif se promenaient ensemble.
Le juif était plus fort et le non-juif n'arrivait pas à le suivre.
Afin d'affaiblir le juif, il lui a rappelé la destruction du Temple.
Le juif est alors devenu plus faible et a gémi, mais il a continué à devancer le non-juif, qui lui a alors demandé : "N'as-tu pas dit qu'un gémissement affaiblit de moitié le corps d'une personne?"

Le juif de répondre : "Cela est vrai lorsqu'une personne gémit lorsqu'elle entend une nouvelle calamité. La destruction du Temple, cependant, est une calamité avec laquelle nous sommes déjà familier".

=> Nous apprenons de cette guémara, que même les non-juifs étaient au courant du fait que de rappeler la destruction du Temple entraîne immédiatement un juif à gémir de douleur, et donc à perdre de ses forces, à s'affaiblir.

Cette guémara aborde également la notion de "calamité avec laquelle nous sommes déjà familier".
Le juif n'ayant pas perdu toutes ses forces à cause de cela.

Si c'est particulièrement le rappel de la perte du Temple (et non la notion de l'exil aux 4 coins du monde par exemple), c'est en raison de la perte d'une résidence de la présence divine parmi nous, notion qui n'était pas étrangère aux anciennes générations, contrairement à nous.
=> Pourquoi sommes-nous si loin de ressentir de tels sentiments de deuil?

Le rav Steinman donne la réponse suivante :
En réalité, le détachement que beaucoup d'entre nous ressent durant le 9 Av, provient de nos activités spirituelles et de nos aspirations durant toute l'année.
Le plus nous nous efforçons de parvenir à une proximité avec Hachem par le biais de l'étude de la Torah, de la prière, et de la pratique des mitsvot, le plus nous vivons avec une conscience de la présence divine.
Cela cause une prise de conscience que la présence divine ne réside plus parmi nous comme cela pouvait l'être au temps du Temple.
Une personne qui vit avec une telle conscience va ressentir le 9 Av, comme si elle prenait le deuil pour un proche, qui vient de mourir.

Une telle personne est véritablement en manque de la présence divine, qui était présente dans le Temple.
Elle réalise que son développement, sa croissance spirituelle dans ce monde est totalement limité par le manque du Temple, et cela lui cause la même peine que la perte d'un proche.

Même si ce niveau de prise de conscience est loin de nous, nous pouvons tous essayer de s'en servir pour alimenter un sentiment de deuil en ce jour.
Imaginons que serait notre vie avec le Temple reconstruit, avec la présence divine au plus proche de nous, nous alors ouvrant toutes les portes de la connaissance, de la joie, des bénédictions, ...

En prenant le deuil, nous montrons à papa Hachem. à quel point nous ne pouvons pas nous passer de Sa proximité, à quel point nous voulons qu'il revienne au plus proche de nous.
[Je vis confortablement dans le confort de mon train-train quotidien, mais cela ne vaut rien à mes yeux car Tu es loin de moi, cela ne vaut rien à mes yeux car sans Toi mon développement spirituel est limité, sans le Temple Ton Nom ne peut pas être pleinement glorifié et reconnu dans le monde, ...]

Le rav Steinman ajout qu'il faute que le deuil s'accompagne par une téchouva et un changement dans nos actions, particulièrement dans ce qui a conduit à la destruction du Temple (ex: lachon ara, haine gratuite).
En effet, par exemple, comment peut-on continuer à avoir de la haine gratuite envers son prochain, car notre deuil serait alors une honte.
Nous serions alors comme un meurtrier qui après avoir tué quelqu'un, prendrait le deuil de cette personne. C'est une blague!

[Il est écrit : "Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction." (Yérouchalmi Yoma 1,1)
Ainsi, de nos jours, en refaisant les mêmes fautes, je détruis à nouveau le Temple. Comment alors puis-je prendre son deuil, sans m'occuper également de réparer la cause de sa destruction : mon attitude ...]

Le rav Steinman de dire également :
Comment une personne peut avoir un repentir sincère, alors qu'elle réalise les mêmes actions qui ont mené à la destruction du Temple? Combien cela semble hypocrite!

Pour chacun de nous, cela est l'épreuve de vérité, afin de voir à quel point nous sommes sincère durant ces semaines de deuil.
D'accord tu accomplis à 100% les lois de deuil du Choul'han Arou'h, mais est-ce que tu cherches sincèrement à améliorer tes actions afin qu'elles ne causent plus la destruction du Temple?

A minima, tâchons de faire de cette période un moment de l'année, vide de toute dispute, où l'on cherche à montrer à autrui à quel point on l'aime.
Avec cela, nous ferons que notre deuil sur le Temple, semblera beaucoup plus réel.

-> Le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 1,3) statue qu'il convient pour toute personne ayant de la crainte de D. (yirat chamayim), d'être constamment peinée et troublée par la destruction du Temple.

Mais que se passe-t-il pour une personne qui n'a pas de crainte de D., ne doit-elle pas également être peinée et troublée par la perte du Temple?

Le Rabbi de Kotsk de répondre : Si une personne n'a pas de crainte de D., elle doit d'abord être peinée et troublée de sa propre destruction spirituelle avant de pouvoir s'inquiéter à propos de la destruction du Temple.

Le rav 'Haïm Kanivevsky a dit à une personne qui n'arrivait pas à avoir d'émotion à propos de la perte du Temple : "Il est probable que votre manque total d'appréciation concernant la destruction du Temple est le résultat de vos manques dans la crainte de D. Mon conseil est que vous étudier du moussar."

-> "Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit]."
[guémara Taanit 30b]