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Roch Hachana – Le saviez-vous?

+ Roch Hachana - Le saviez-vous?

1°/ Pleurer à Roch Hachana?

Il y a un différent quant à savoir si on est autorisé à pleurer sur le fait que ce soit Roch Hachana :
-> Le Arizal avait l'habitude de pleurer à Roch Hachana et il disait que si l'on ne pleure pas à Roch Hachana, cela indique une déficience de l'âme. [Béer Hétev - Ora'h 'Haïm 584:2]
On peut apporter une preuve de cette opinion d'Onkelos, qui traduit le verset : "Ce sera pour vous un jour du son de la corne [de bélier = le Shofar]" (Pin'has 29,1), par : "Ce sera pour vous un jour de pleurs".
-> Le Gaon de Vilna interdit de pleurer à Roch Hachana et apporte un soutien à son point de vue de l'histoire de Né'hémia dans laquelle Ezra et Né'hémia ont dissuadé la population de pleurer à Roch Hachana : "Ne manifestez pas de deuil et ne pleurez point ... Ne vous attristez donc pas aujourd'hui [Roch Hachana], car la joie en Hachem est votre force (ki 'hedvat Hachem hi maouzé'hém)" (Né'hémia 8,9-10).

Rabbi Moché Sternbuch (Téchouvot vé'anhagot 2:268) concilie ces opinions contradictoires en suggérant que pendant la prière, tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est permis de pleurer, tandis qu'en dehors de la prière, tous conviennent qu'il est interdit de pleurer, comme nous le voyons dans l'histoire de Né'hémia.
La raison pour laquelle il est permis de pleurer pendant la prière est que ces pleurs ne viennent pas de la tristesse, qui est l'antithèse de l'essence de Roch Hachana, mais du désir de l'âme de s'attacher à Hachem (kirvat Elokim).

Certains apportent une preuve à cette distinction à partir de l'histoire de 'Hanna, qui suppliait en larmes Hachem d'avoir un enfant à Roch Hachana, malgré le fait qu'à Roch Hachana, il est également interdit de pleurer. Puisqu'elle a pleuré pendant sa prière, non pas de tristesse mais de désir intense pour Hachem, cela était permis. [Zé'her Yossef 192]

[plus on développe la crainte en s'imaginant en détail le jugement terrible, plus on peut alors développer à partir de cela une confiance sereine et joyeuse (quelle chance que ce soit papa Hachem, qui nous aime tellement!)]

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+ Roch Hachana : est-ce une fête ('hag)?

Il y a un débat parmi les Guéonim pour savoir si Roch Hachana est considérée comme une fête ('hag). Une différence pratique entre ces opinions est de savoir s'il y a une mitsva d'être joyeux à Roch Hachana, et si l'on doit réciter dans la Amida de Roch Hachana : "Et Tu nous as donné des fêtes pour se réjouir". [cf. le Roch - fin de Roch Hachana]

-> Certaines opinions sont d'avis que, bien que Roch Hachana soit un jour de jugement, il y a néanmoins une mitsva d'être joyeux ce jour-là. [Maharil 128 ; Achré haIch 14,15]
Ils tirent leur preuve que Roch Hachana est considérée comme une fête dans le verset : "sonnez le Shofar... au jour fixé pour notre fête (léyom 'haguénou)" (Téhilim 81,4).
-> Selon d'autres, puisque la Torah ne fait jamais référence à Roch Hachana comme d'une 'hag, les lois de joie (sim'ha) ne s'appliquent pas à Roch Hachana. [Malbim - Vayikra 23,39 ; Igrot Moché OH 5:43]
Bien que le verset des Téhilim appelle Roch Hachana une "fête", on ne peut pas dériver les lois de la Torah d'une phraséologie utilisée par les Prophètes et Ecrits, qui employaient couramment des expressions familières plutôt que des termes halakhiques techniques.

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2°/ Les simanim :

-> Le soir de Roch Hachana, il est de coutume de manger en simanim certains aliments qui sont sucrés ou dont les noms évoquent des connotations de bénédictions et de bonté.
=> Quelle est la raison de cette coutume?

-> Le rav Shlomo Kluger ('Hokhmat Shlomo - OH 583:1) explique que la raison pour laquelle nous mangeons ces aliments est afin de démontrer notre foi ferme et notre confiance en Hachem.
Le "Yéhi Ratson" récité avant de prendre ces aliments n'est donc pas tant une prière que nous méritons une douce année, mais une proclamation de foi que c'est certainement ainsi que l'année se déroulera.
Par le mérite de faire confiance à la bonté d'Hachem, même si l'on devait mériter une punition dans l'année à venir (que D. nous en préserve), Hachem annule Son décret sévère et le remplace par la bénédiction.
On devra donc être joyeux à Roch Hachana et s'habituer à dire : "Tout ce que Hachem fait est pour le bien", à travers cela tout ira pour le bien.

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3°/ Manger de l'Etrog :

-> Il est coutume de manger une "tapoua'h" trempée dans le miel la nuit de Roch Hachana.
Alors, que "tapoua'h" est communément traduit par "pomme", le Targoum (Chir haChirim 2,3) le traduit par : "Etrog". [les Tossafot (Shabbath 88a ; Taanit 29b) identifient aussi "tapoua'h" comme le Etrog]
Selon le Tour (Ora'h 'Haïm 583), l'Etrog est inclus parmi les fruits que la guémara énumère et qui doivent être consommés à Roch Hachana pour représenter un bon présage.

=> Pourquoi l'Etrog est-il de bon augure pour Roch Hachana?

-> Le Pricha répond que puisque l'étrog s'appelle : "pri ets adar" (un beau fruit), c'est donc le signe d'une belle année.
-> La guémara (Béra'hot 57a) écrit que celui qui voit un étrog dans un rêve est beau aux yeux de son Créateur.
-> Il est de coutume de manger un étrog à Roch Hachana afin que l'on prie pour trouver un étrog convenable à Souccot. [Sdé 'Hémed - vol.9]
-> Selon certaines opinions, l'arbre interdit de la Connaissance dont Adam a mangé au Gan Eden était un étroguier. Réciter une bénédiction sur l'étrog à Roch Hachana rectifie le péché d'Adam qui a mangé de l'Arbre de la Connaissance ce jour-là. [Sdé 'Hémed - vol.9]
-> Lorsque Yaakov est apparu devant Its'hak pour recevoir ses bénédictions, il a enfilé les vêtements d'Essav, qui étaient à l'origine portés par Adam.
Its'hak a senti le parfum de ses vêtements et s'est exclamé qu'il avait le parfum du Gan Eden.
La guémara (Taanit 29b) commente qu'il sentait "comme le parfum d'un champ d'arbres à étrog". [selon l'avis des Tossafot]
[le Maharcha (Taanit 29b) écrit : les vêtements d'Adam ont absorbé l'exquis parfum du fruit de l'étrog qui poussait sur l'arbre de la Connaissance, et c'était ce parfum que Its'hak sentit des siècles plus tard.]

Le Sdé 'Hémed suggère que cette coutume est tombée en désuétude car il était difficile d'obtenir un étrog pour Roch Hachana en diaspora.

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4°/ Le jour le plus long :

-> Adam a été créé le jour de Roch Hachana, le vendredi, 6e jour de la création. Ce jour même, il a péché en mangeant de l'arbre interdit de la Connaissance. L'une des conséquences de son péché était que Hachem a caché la brillante lumière primitive qu'il avait créée.
Cependant, en l'honneur de l'approche du Shabbath, Hachem a reporté la punition jusqu'après le Shabbath (midrach Béréchit rabba 12,6).
Il en a résulté que le soleil a brillé pendant 36 heures consécutives (12 heures le vendredi, 12 heures le vendredi soir et 12 heures le jour du Shabbath.)
[midrach (Béréchit rabba 12,6) expose les mots "Hachem ori" (Hachem est ma lumière - Téhilim 27,1), comme faisant référence à Roch Hachana. Nous pouvons suggérer que la raison pour laquelle il y a une abondance de lumière à Roch Hachana est que l'homme possédait encore la lumière primordiale pendant son 1er Roch Hachana. Bien qu'elle ait été cachée par la suite, le jour de Roch Hachana conserve une empreinte pour toutes les générations futures. (rav Israël Greenwald)]

=> Est-ce que le vendredi soir de ce premier jour de Roch Hachana (où l'homme a été créé), la lune est apparue avec le soleil?

Il existe 2 approches divergentes :
-> Selon le Zéra Shimshon, la lune n'est pas apparue le premier vendredi soir, car il serait superflu que la lune donne de la lumière en présence du soleil (beaucoup plus brillant).
Ainsi, le jour de la création d'Adam a duré, dans un certain sens, 2 jours.
La Torah utilise donc l'article défini : "ה" (hé), en référence au 6e jour de la Création (יום הששי - Béréchit 1,31), car c'était le jour le plus long des 6 jours de la Création puisque le soleil a brillé consécutivement pendant 2 jours.

-> Le rav Yonathan Eibschutz (midrach Yonathan - Roch Hachana maamar 214) n'est pas d'accord.
Selon lui, la lune s'est levée normalement le premier vendredi soir. Il en est résulté que la date du mois lunaire arrivait un jour plus tôt que son homologue solaire.
Le Satan a voulu susciter des accusations contre Adam à Yom Kippour, qui tombe 10 jours plus tard, puisque c'est ce jour-là que le jugement de Roch Hachana est scellé.
Le Satan a compté 10 jours mais a mal calculé (en comptant les jours solaires au lieu de la date lunaire correcte), ce qui l'a amené à porter des accusations le lendemain de Yom Kippour!
Hachem a dit à Satan que tout comme il était inefficace pour porter des accusations contre Adam lors du 1er Yom Kippour, de même il sera impuissant à porter des accusations contre Israël à l'avenir, ce jour-là.

Le jugement à Roch Hachana – Le saviez-vous?

+ Le jugement à Roch Hachana - Le saviez-vous?

1°/ Un jour de jugement :

-> Le midrach (Vayikra rabba 29,1) écrit :
Le 1er Tichri, le premier homme a été créé. Ce jour-là, il a péché, a été jugé, et a été pardonné.
Hachem dit à Adam : "Ceci est un signe pour ta descendance. De même que tu t'es tenu devant moi en jugement en ce jour et que tu as été pardonné, de même tes descendants se tiendront devant moi en jugement en ce jour, et partiront de devant Moi en étant pardonnés.’’

=> Quel type de pardon Adam a-t-il reçu à Roch Hachana?
En effet au final, Adam a été banni du Gan Eden et il a apporté la mort et de nombreuses malédictions éternelles sur lui-même et sur sa postérité.

-> L'Alter de Slabodka (Ohr haTsafoun vol.3) explique que son pardon était qu'il soit maintenu en vie ; la vie elle-même est le cadeau ultime. Depuis qu'on a accordé à Adam des années supplémentaires, cela lui a donné l'occasion de se repentir et d'être l'ancêtre de tous les grands tsadikim à travers l'histoire de l'humanité.

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2°/ Se préparer à la guerre :

Selon rabbi Nathan Wachtfogel (Léket Réchimot), Roch Hachana est assimilé à un temps de guerre.
La Torah ordonne de sonner la trompette en partant en guerre (Béaaloté'ha 10,9).
Roch Hachana est appelé "zikhron téroua" (un souvenir de sonneries), afin que nous soyons conscients que ce jour est également une période de guerre. [Nétsiv (Haémek Davar - Emor 23,24)]
[Le Nétsiv explique aussi que : Roch Hachana est un "souvenir de téroua" puisque le souffle prédominant du Shofar de Roch Hachana est des sons alarmants de téroua pour éveiller la population à se préparer à la guerre spirituelle imminente.
A l'inverse, l'explosion de tékia qui l'accompagne a une connotation festive et réconfortante, et elle a pour objectif d'encourager les gens à ne pas perdre espoir de gagner la guerre.
(d'un côté on doit se dresser un tableau très noir (Roch Hachana tout est jugé dans les moindres détails), mais en parallèle à cela nous devons avoir une confiance rassurante qu'avec papa Hachem, qui peut tout, on sortira vainqueur.)]

-> Lorsque la nation juive partait en guerre, elle sonnait du Shofar et des trompettes.
Le Séfer 'Hassidim (1,160) écrit que ces sons déclenchaient des éclairs jaillissant de l'Aron, et que les sons et les éclairs montaient vers les cieux et brisaient les représentants célestes des nations ennemies, détruisant ainsi ces nations sur terre.
De la même manière, notre Shofar que l'on souffle à Roch Hachana monte aux cieux pour déchirer les anges accusateurs, et cela est suggéré dans l'acrostiche des versets récités avant de sonner le Shofar : "kara Satan" (déchirer le Satan - קרע שטן).

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-> Le Zohar (vol.2 32b) expose le verset : "Et ce fût ce jour-là ... que le Satan vint se tenir devant (על - litt. sur) Hachem" (Iyov 2,1), comme faisant référence au jour de Roch Hachana.
Lorsque le Satan et ses légions portent des accusations contre les enfants d'Hachem (les juifs), cela équivaut à se battre contre Hachem Lui-même. [le mot על (al - sur) est aussi une expression de se lever au combat]

[d'une certaine façon à Roch Hachana nous ne demandons pas de choses directement pour nous, mais plutôt nous souhaitons, combattons pour que la Royauté d'Hachem soit la plus manifeste possible.]

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3°/ Faire taire les anges :

-> Quand Adam a été créé le jour de Roch Hachana : "il n'a trouvé personne pour lui venir en aide" (Béréchit 2,20).
Le Zohar (1:28a) explique cela comme signifiant qu'aucune des créations célestes n'était intéressée à l'aider.
Au contraire, tous les anges ont soulevé des arguments devant Hachem à savoir pourquoi l'homme ne doit pas être créé.
A partir de ce moment, c'est particulièrement à Roch Hachana que les anges suscitent des plaintes contre les actions de l'homme, et spécifiquement contre le peuple juif. [voir Zohar 2:32b]

Hachem souhaite faire preuve de favoritisme envers le peuple juif à l'occasion de Roch Hachana, en tant que telles, les accusations portées contre Israël sont en fait une attaque contre Hachem Lui-même, mais les anges célestes (qui représentent les nations du monde) incitent jalousement à des condamnations contre nous.
=> Comment pouvons-nous l'emporter contre l'assaut de ces anges accusateurs?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - drouch 5) explique :
C'est précisément pour cette raison qu'Hachem nous ordonne de sonner le Shofar à Roch Hachana. L'appel du Shofar pousse le tribunal céleste à convoquer le jugement.
Lorsque nous soufflons le Shofar sur terre, cela provoque que le son du Shofar soit également entendu en-Haut dans les cieux.
Lorsque les anges entendent le Shofar, ils sont saisis de peur, comme il est dit dans la prière de Roch Hachana de Ounétané Tokéf : "le grand Shofar sonnera ... les anges se hâteront, un tremblement et la terreur les saisiront, et ils diront : 'Voici, c'est le jour du jugement pour rassembler les armées célestes pour le jugement!'"
Puisque les anges se trouvent maintenant jugés, ils oublient de porter des accusations contre Israël.

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=> Pourquoi les anges devraient-ils trembler devant leur jugement s'ils n'ont aucun libre arbitre pour pécher?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - vol.1 drouch 2) répond que le péché d'un ange, c'est quand dans son grand désir de percevoir la gloire d'Hachem, il ose se précipiter pour contempler des perceptions spirituelles qui sont au-dessus de son niveau.
Ce fut aussi la faute de certains des grands de l'histoire juive, tels qu'Adam et 'Hava, Nadav et Avihou, qui mangèrent dans la hâte "des raisins pas mûres" (אכלו בוסר) de révélations spirituelles, au lieu d'attendre patiemment l'occasion apropriée.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.3) suggère une approche opposée.
Le péché ne réside que dans les sphères physique inférieures.
Les anges craignent de tomber de leur niveau spirituel élevé et de devenir ainsi susceptible de fauter. (voir Pirké déRabbi Eliézer - chap.22).
De même, même une personne spirituellement élevée devrait également craindre que le mauvais penchant ne réussisse à le faire tomber de son niveau élevé.

-> Il faut abonder en repentir, en prière et en charité pendant tout le mois [d'Elloul].
['Hayé Adam 138,1]

-> "3 choses annulent des décrets défavorables, et les voici : la prière, la charité et le repentir"
[midrach Béréchit rabba 44,12]

-> "3 choses annulent un [mauvais] décret : la téfila, la tsédaka et la téchouva. Toutes trois sont mentionnées dans la Torah, les Névi'im et les Kétouvim" (michnat Rabbi Eliézer - chap.16).

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+ La charité :

-> "Accomplir un acte de tsédaka vaut plus que tous les sacrifices, comme il est écrit : 'Accomplir la charité et la justice est plus grand devant D. qu'(offrir) un sacrifice' (Michlé 21,3)" (guémara Soucca 49b).
Donner la tsédaka représente une forme de sacrifice, car par nature, l'homme est attaché à ses biens. Ainsi, lorsqu'un homme donne de son argent pour accomplir la volonté de D., il cède une partie de lui-même ; c'est pour cette raison que la Torah dit : "Aime D. ... de tous tes moyens" = si une personne est prête à livrer à D. une partie d'elle-même, en juste mesure de retour, D. sauve l'homme de la mort et lui accorde une longue vie.

-> "Lorsqu'un homme donne une pièce à un pauvre, il accueille la Che'bina ...
Rabbi Elazar donna une pièce à un pauvre puis pria et dit [pour expliquer son acte] qu'il est écrit : 'Je contemplerai Ta Face avec tsédèk' (Téhilim 17,15)" (guémara Baba Batra 10a).
C'est pour cette raison que le mérite de la tsédaka peut protéger l'homme de la mort. En imitant la bonté de D., l'homme s'attache à Lui, la Source de toute vie.

-> "La charité sauve de la mort, [et] pas seulement d'une mort violente" (guémara Shabbat 156a).
C'est parce que la personne qui donne convenablement la tsédaka se lie à D., la Source de vie. Selon Rabbénou Be'hayé (Vayé'hi 49,33) : "Telle est l'explication du verset : 'La charité sauve de la mort' et tel est le sens des mots : 'Il Se souvient de Ses créations pour (leur donner] la vie avec miséricorde' = cela veut dire que la vie elle-même vient de la miséricorde."

"(toutes les malédictions t’arriveront) parce que tu n’auras pas servi Hachem ton D. avec joie et contentement de coeur" (Ki Tavo 28,47)

-> Le rav ‘Haïm de Volozhin explique la raison de la juxtaposition de ce verset avec le suivant : "Tu serviras ton ennemi" :
"Hachem affirme : un tel service d’Hachem qui ne provient pas de la joie et du contentement est décrit comme "tu serviras ton ennemi" (le yétser ara), et non ton Créateur.
Car, il ne faut servir Hachem que dans la joie et le contentement du coeur (ainsi, une telle personne serait châtiée, mesure pour mesure, de devoir servir ses ennemis)."

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+ Elloul : joie & crainte d'Hachem

-> Au mois d'Elloul, nous avons un devoir de nous renforcer dans la crainte de D. (ex: en s'imaginant réellement notre jugement à Roch Hachana où rien ne pourra être caché [aucune pensée, aucune vision, acte, ...], à quel point nous devrons rendre des comptes et à quel point toute notre vie à venir dépendra de ce jugement!).
Par contre, il est absolument hors de question de céder pour autant à la tristesse et on doit la bannir de notre coeur.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Un verset nous enseigne d’ailleurs explicitement ce devoir d’être joyeux pendant le mois d’Elloul.
En effet, il est écrit : "Que les cieux se réjouissent, que la terre soit remplie d’allégresse, que la mer gronde avec son contenu! Que les champs exultent avec tout ce qu’ils contiennent, que les arbres de la forêt résonnent joyeusement à l’approche d’Hachem. Car Il vient, Il vient pour juger la terre" (Téhilim 96,11-13).
Cela montre bien qu’avant le moment du jugement, le monde entier réside dans la joie, ce qui pour nous est une leçon : combien devons-nous être joyeux durant le mois d’Elloul qui est situé avant celui de Tichri.

Lorsque l’on demanda à rav Yaakov Kazlik quel était le devoir d’un juif pendant le mois d’Elloul, il répondit : "Nous devons nous réjouir immensément d’avoir piégé le ‘voleur’ (à savoir le yétser ara)! "
Ajoutons nous aussi à ses paroles : "Même si nous ne l’avons pas encore piégé et qu’il n’a pas encore été livré dans nos mains, cependant, grâce à la joie, nous parviendrons à le vaincre!"

Le fait qu’il nous faille veiller à ne pas gaspiller un seul instant de cette période ne s’oppose en rien à la joie que nous devons ressentir. Cela ressemble à une mère qui, remplie de compassion à chaque instant pour son fils bien-aimé, s’inquiète de tout ce qui pourrait lui arriver (chutes, blessures, ...).
Il est évident qu’elle n’en serait pas triste pour autant. Au contraire, c’est précisément l’amour qu’elle porte à son fils qui la pousse à s’inquiéter de son bien-être et à veiller sur lui par-dessus tout.
Il en est de même de ces jours-ci : c’est justement parce qu’ils sont si importants que nous sommes tenus d’en utiliser chaque instant à bon escient. Mais loin de nous d’être triste pour autant!

Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath

+ Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath :

-> "Si Roch Hachana tombe un Shabbat, on ne dit pas 'jour du son du chofar' mais 'un souvenir du son du chofar' car [la mitsva de] sonner du chofar ne repousse pas le Shabbat ailleurs que dans le emple, en raison d'un décret" [Massékhèt Sofrim 19,6]

-> "On ne sonne pas [du chofar] le Shabbath puisque la sonnerie du chofar n'a pas priorité sur le Shabbath. Il n'y a donc qu'un souvenir du son du chofar". [Baal haTourim - Emor 23,24]

-> "Le Shabbat, nous ne sonnons pas [du chofar] ... car Shabbat est [appelé] un signe et il protège le peuple juif".
[le Rokéa'h - Hilkhot Roch Hachana - n°201]

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
Quand Roch Hachana tombe un autre jour de la semaine, le peuple juif ne peut pas obtenir un jugement favorable par ses prières uniquement. Comme il lui manque les mérites spirituels nécessaires, il doit employer la tséaka, le cri puissant exprimé par la lamentation du chofar, pour susciter la miséricorde divine.
Le Shabbat sanctifie, purifie et élève le peuple juif. Ainsi, les mots qu'il prononce le Shabbat ont davantage de sainteté. Leurs prières deviennent plus pures et plus élevées, ce qui les rend plus dignes d'être entendues par D.

=> Le Shabbat, nos prières elles-mêmes prennent toutes les qualités du son du chofar. Grâce à la sainteté du Shabbat, les mots de nos prières sont empreints d'une plus grande sainteté. Ces prières appelées "un souvenir du son du chofar" remplacent le son du chofar.
Lorsque, de plus, Roch Hachana tombe un jour ordinaire de la semaine, le chofar devient le véhicule du "souvenir" et l'expression "zikhron téroua" (un souvenir du son du chofar) est omise du texte de la prière.
Le Shabbat, ce sont les prières qui créent le "souvenir" et c'est pourquoi cette expression est ajoutée.

[cela nous aide à donner de la valeur à notre Shabbath, dont sa fréquence hebdomadaire ne doit pas diminuer sa valeur à nos yeux. ]

Elloul = préparation à Roch Hachana

+++ Le mois d'Elloul comme préparation à Roch Hachana :

"Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (Ki Tétsé 21,10)

-> Le Imré Elimélé'h tire de ce verset l'importance particulière attribuée au fait que chacun doit commencer son propre travail spirituel dès le mois d'Elloul.
Il écrit : "Ce verset, fait allusion à la bataille qui sera livrée le jour de Roch Hachana, le Jour du Jugement, où tous les anges viendront faire part de leurs griefs sur les hommes.
Il est certain que la phrase "Lorsque tu sortiras en guerre" n’est pas appropriée à ce jour car l'homme est alors au beau milieu de la bataille. Il est donc clair qu'il doit sortir en guerre avant le Jour du Jugement, qui est lui-même le jour de la guerre, et mettre déjà en place un front à l'aide du repentir, de la prière et de la bienfaisance.
Grâce à cela, il pourra obtenir la victoire et sortir méritant au Jour du Jugement. C'est pourquoi, il est écrit "Lorsque tu sortiras en guerre", ce qui évoque le moment où l'on sort avant la guerre, c'est-à-dire au mois d'Elloul qui sont des jours propices ...
La Torah promet alors (dans la suite des versets) : "Hachem, ton D. te la livrera dans ta main", pour dire que tu sortiras victorieux le Jour du Jugement, et que tu seras en mesure de faire incliner le verdict du côté de la miséricorde à ton avantage."

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"Lorsqu'un homme aura un fils rebelle" (Ki Tétsé 21,18)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 71b) nous enseignent à son sujet : "Le fils rebelle est jugé aujourd'hui en fonction de sa situation future (car il deviendra inéluctablement un meurtrier). Mieux vaut donc qu'il meure lorsqu'il est encore méritant plutôt que lorsqu'il sera coupable."

-> Le Saba de Kelm donne une explication à partir de cela : on voit ici comment la Torah considère quelqu'un qui a commencé à mal se conduire et qui s'est un peu écarté de sa voie. Bien qu'il ne soit pas encore passible de la peine de mort pour cela, néanmoins, lorsqu'il est jugé au Beit Din, même la miséricorde exige qu'il soit exécuté dès à présent alors qu'il est encore méritant, plutôt que d’attendre qu'il se rende coupable de la peine capitale (à cause des graves fautes qu'il fera inéluctablement si l'on attend).

Le Saba de Kelm dit : "On peut en déduire, qu'à l'inverse, celui qui commence tout juste à améliorer ses actes, bien qu'il n'en soit encore qu'au début, même les anges accusateurs seront d'accord de l'inscrire dès à présent dans le Livre de la Vie, afin qu'après de nombreuses années, il puisse mourir méritant. Ayant commencé à se repentir, il est en effet certain qu'il deviendra finalement un juste parfait.
Dans le Ciel, on le considère donc dès à présent comme s'il était parvenu à son niveau ultime (par exemple, quelqu'un qui aurait pris sur lui d'étudier chaque jour une page de guémara serait dès à présent compté parmi ceux qui auraient achevé tout le Talmud).
Cela constitue un formidable encouragement pour prendre un nouveau départ, corriger les travers de notre existence et mériter ainsi d'être inscrit dans le Livre des justes parfaits."

Roch Hachana qui tombe Shabbath

+ Roch Hachana qui tombe Shabbath :

-> Selon la guémara (Roch Hachana 29b), si Roch Hachana tombe un jour de semaine nous devons sonner le Shofar, mais un Shabbath nous ne devons pas le faire et uniquement le mentionner.
En effet, nos Sages ont préféré annuler cela de peur qu'une personne en vienne à porter un shofar dans le domaine publique en allant voir un expert pour qu'il lui apprenne à sonner.

-> Le rav Yéhochoua Alt note que : שבת (Shabbath) est l’acronyme de שבת במקום תרועה (le jour du Shabbat vaut à la place de la sonnerie - Shababth bim'kom téroua).

-> Selon nos Sages (guémara Baba Kama 28b), la Torah exempte celui qui est inévitablement empêché d'accomplir une mitsva.
Rabbi Bounim de Peschi'ha commente :
Peut-être la guémara nous dit que puisqu'une personne ne peut réaliser une mitsva, alors la Torah la réalise à sa place.
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et que nous sommes empêchés d'accomplir la mitsva de sonner du Shofar, Hachem Lui-même sonne du Shofar pour nous.
Il le fait évidemment de la meilleure des manières possibles, avec toutes les intentions mystiques, afin que le peuple juif mérite une bonne année.

-> Dans la amida nous disons : "téka béshofar gadol lé'hérouténou" (sonne du grand shofar pour notre libération).
Le Razin déOraïta commente : "Car lorsque Hachem est celui qui sonne le shofar (tokéa), alors nous alors très certainement être témoin de la géoula chéléma (Délivrance totale).

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-> Lorsque nous sonnons du Shofar à Roch Hachana, cela perturbe le Satan, et il est ainsi empêché d'élever des accusations contre les juifs.
Que se passe-t-il à ce sujet lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et qu'on ne sonne pas le Shofar?

- 1ere explication :
Après que Moché a reçu la Torah au Sinaï, le Satan est venu devant Hachem et a demandé : "Où est passée la Torah?" (guémara Shabbath 89a).
Comment le Satan pouvait-il poser une telle question? N'a-t-il pas été évident aux yeux de tous (même des créatures célestes) que Hachem a donné la Torah d'une manière spectaculaire au mont Sinaï?
Le Arizal répond qu'en effet le Satan n'était pas au courant de ce qui s'était passé.
Le don de la Torah a eu lieu un Shabbath, et pendant le Shabbath, Hachem jette le Satan et son entourage dans une abysse sombre. Pendant ce temps, ils ne sont pas au courant de ce qui se passe.

Ainsi, en se basant sur ces paroles du Arizal, il n'est pas nécessaire de sonner du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath dans le but de perturber le Satan, puisqu'il ne peut pas élever d'accusations le Shabbath.
[rabbi Yonathan Eibeshitz - Yaarot Dvach vol.2,drouch 1]

- 2e explication :
Le peuple juif a une double relation avec Hachem : nous sommes à la fois Ses serviteurs, et à la fois Ses enfants (im kévadim, im kaavadim).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de la semaine, notre relation en tant que serviteurs est dominante.
A Shabbath, cependant, notre relation en tant qu'enfants vient en tout premier plan.
Le midrach compare cela à un roi qui est en train de parler en privée à la reine. Si un servant interrompt la conversation, il serait mis immédiatement à mort. Cependant, si c'est le fils du roi qui l'approche à ce moment, il serait reçu avec chaleur.

A Shabbath, les juifs profitent d'une relation privée avec Hachem, et c'est d'ailleurs pourquoi un non-juif qui observe parfaitement Shabbath est passible de la mort (cf. guémara Sanhédrin 58b).
De même que le procureur royal aurait peur d'amener des accusations contre le fils du roi, de même le Satan craint de porter des accusations contre les juifs à Shabbath.
[rabbi Shlomo Kluger - 'Hokhmat Shlomo - Ora'h 'Haïm chap.592]

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-> Le Messekh 'Hokhma (Vayikra 23,2) enseigne :
La mitsva de sonner le Shofar a quelque chose d'unique par rapport à toutes les autres mitsvot : elle a des propriétés thérapeutiques, à savoir qu'elle enlève les fautes.
C'est comparable à un malade qui n'a pas la capacité de prendre ses médicaments pour des raisons indépendantes de sa volonté. Bien qu'il ne peut pas être blâmé de ne pas avoir pris ses médicaments, sa maladie reste. De même, sans le mérite du Shofar nos fautent restent.

Nous ne sonnons pas du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath, pour éviter qu'une personne en vienne par inadvertance à profaner Shabbath, en portant le Shofar dans le domaine public.
Nous témoignons ainsi que nous sommes prêts à renoncer à avoir nos fautes pardonnées, par notre désir de mettre un barrière de protection à la profanation du Shabbath.
En renonçant à l'incroyable force du Shofar, nous sommes prêts à renoncer à avoir une année pleine de succès et de bénédictions, tant que l'honneur d'Hachem peut être diminué par une profanation du Shabbath.
Ce sacrifice de soi est semblable à la Akédat Its'hak, et cela va nous générer les mêmes mérites que si nous avions effectivement sonné le Shofar.

-> Dans les Drachit Dvar Tzvi, nous trouvons une idée similaire :
Le fait de sonner le Shofar fait passer Hachem de Son Trône de Justice (Rigueur) à Son Trône de Miséricorde.
Malgré cet énorme bénéficie, nous en sonnons pas le Shofar lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, de peur que quelqu'un en vienne à oublier que c'est Shabbath, et qu'il porte dehors son Shofar.
Cela prouve que par nature nous sommes distraits et négligents.
C'est pourquoi nous demandons à Hachem de pardonner nos fautes, car si nous avons pu en venir à fauter cette année, c'était très certainement par oubli.

Il fait également remarquer que les initiales de : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune" (tik'ou ba'hodéch Shofar - תקעו בחדש שופר - Téhilim 81,4), forment le mot : Shabbath (שבת).

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-> "Sonnez le Shofar à l'apparition de la nouvelle lune, au moment fixé pour notre fête" (tik'ou ba'hodech Shofar, bakéssé léyom 'haguénou - Téhilim 81,4).
Les premières lettres de "תִּקְעוּ בַחֹדֶשׁ שׁוֹפָר" forment : Shabbath.

Une année où Roch Hachana tombe un Shabbat, le Shofar n'est pas dissimulé (bakéssé), car nous ne le soufflons pas ce jour-là. Nos Sages étaient préoccupés par le fait que quelqu'un puisse porter le shofar par inadvertance et profaner le Shabbath, et ils ont donc dit que nous devrions nous abstenir de le souffler (guémara Roch Hachanah 29b).
La question suivante a été posée : comment nos Sages ont-ils pu accepter de renoncer à cette importante mitsva, qui n'est accessible que le jour de Roch Hachana, au motif qu'un individu pourrait peut-être porter le shofar par inadvertance?

Le shofar est le conduit qui éveille la miséricorde d'Hachem. Au son du shofar, Hachem s'assoit sur son Trône de miséricorde. Il trouble le Satan, lorsqu'il nous voit faire la mitsva en soufflant dans le shofar tant de fois et de tant de manières, debout et assis (certains avant moussaf sont assis), au point qu'il n'est plus en mesure de nous poursuivre. De plus, il invoque le mérite de la Akédat Its'hak.

Certains répondent (Mésse'h 'Hokhma - Emor 23,24) que lorsque Hachem voit tout ce que nous sommes prêts à sacrifier, lui montrant à quel point nous apprécions le Shabbath, c'est un mérite encore plus grand. Nous sommes tellement préoccupés par l'honneur d'Hachem que nous ne voulons pas que Son précieux Shabbath soit profané.
[nous sommes conscients de la grandeur du Shofar (ex: faisant passer Hachem du Trône de rigueur à celui de la miséricorde), mais nous aimons tellement le Shabbath que nous sommes prêts à sacrifier cela. ]

D'autres (Sfat Emet - Roch Hachana 5652) disent que l'année où Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, par le mérité de garder et d'honorer le Shabbath, le Shabbath lui-même plaide en notre faveur auprès d'Hachem pour qu'il nous donne un bon jugement. Si nous honorons le Shabbath comme il se doit, il suscitera la miséricorde d'Hachem à la place du shofar.
[rav David Ashear]

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-> Nos Sages (guémara Shabbath 12a) enseignent que si l'on vient visiter un malade pendant Shabbath, on devra dire : "le Shabbath, on n’implore pas mais la guérison est proche" (Shabbath hi milize’oq ouréfoua quérova lavo).
Rabbi Méir dit : "Le Shabbath a le pouvoir de t’amener la miséricorde".

Cela indique que la sainteté du Shabbath a la capacité d'amener le rétablissement d'un malade.
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'y a pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath en lui-même va éveiller la miséricorde Divine.
[rabbi de Zanz - Divré 'Haïm]

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik) écrit :
Le son du Shofar rempli celui qui l'écoute de crainte et d'inquiétude, lui inspirant de faire téchouva.
Shabbath également créé ce sentiment de respect chez les gens. En ce sens, selon la guémara, à Shabbath même une personne ignorante a peur de mentir [de par la crainte particulière de ce jour].
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'est pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath a le même effet que le Shofar, il imprègne une personne de la criante et l'inspire à faire téchouva.

-> b'h, sur la notion de Shabbath & téchouva : https://todahm.com/2014/10/23/2110-2

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-> A Shabbath, il est interdit d'écrire. Cependant, le fait d'inscrire quelqu'un dans le Livre de la Vie, est considéré comme sauver une vie, et sauver une vie l'emporte sur le Shabbath.
Ainsi lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il est permis uniquement d'inscrire pour la vie, puisque écrire pour la mort ne permet pas de profaner Shabbath, et est donc interdit.
La michna commence donc par les mots : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath" = car c'est réellement un Yom Tov (littéralement. un bon jour).
[le Beit Avraham, citant le Kédouchat Lévi]

-> Le Arizal explique que l'âme à 3 niveaux, qui sont dans l'ordre ascendant : le néfech, le roua'h et la néchama.
A Roch 'Hodech, une personne reçoit un supplément de néfech, à Yom Tov elle reçoit un supplément de roua'h, et à Shabbath elle reçoit un supplément de néchama (la néchama yétéra).
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, nous recevons donc les 3 suppléments d'âme en une seule fois : celui du Shabbath, celui de Yom Tov, et celui de Roch 'Hodech (Roch Hachana étant Roch 'Hodech de Tichri).
La michna commence par : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath". En effet, c'est un Yom Tov, un soruce de joie, lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, les 3 suppléments d'âmes coexistant ensembles.
[rabbi Elimélé'h de Lizensk]

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-> L'année où le premier jour de Tichré tombe un Shabbat, nous néoutons pas le son du shofar le premier jour de Roch Hachana, puisque les Chazal ont décrété que nous ne pouvons pas souffler dans le shofar le Shabbat (Roch Hachana 29b ; Rambam - Shofar 2,6). Pourtant, malgré l'absence de l'appel vibrant du shofar, le Roch Hachana à Chabbath a une force particulière.

-> Le rav Yaakov Ettlinger (auteur du Arou'h LaNer), nous fait part (dans son Min'hat Ani - paracha Haazinou) écrit :
Il a découvert qu'au fil des générations, chaque fois que Roch Hachana tombait un Shabbat, l'année en question était soit terrible, soit fantastique pour le peuple juif. Dans les deux cas, il ne s'agissait presque jamais d'une année sans histoire, quelque peu oubliable.
Le Rav Ettlinger donne plusieurs exemples dramatiques de cette thèse :
Les destructions des 2 Temples ont eu lieu au cours de ces années, tout comme d'autres tragédies nationales. En fait, la guémara elle-même (Roch Hachana 16b) déclare que dans "une année où le son de la tékia n'est pas entendu au début [à Roch Hachana], le son de la téroua [c'est-à-dire des lamentations] sera entendu à la fin".
Cela fait référence à de mauvaises nouvelles au cours d'une telle année.

D'autre part, poursuit-il, le jour original de Yom Kippour, où nous avons été pardonnés pour la faute du Veau d'or, était également une année de ce type. Cette année-là, nous avons également reçu l'ordre de construire le Michkan.
De même, Roch Hachana est tombé un Shabbat l'année où nous sommes entrés en terre d'Israël, avec des miracles.

Le Arou'h LaNer conclut : "Shabbath est l'épouse du peuple juif (midrach Béréchit rabba 11,8).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, nous ne soufflons pas dans le shofar parce que nous craignons que quelqu'un ne profane Shabbat pour apprendre à souffler dans le shofar.
Imaginez! À cause de la possibilité plutôt farfelue qu'un seul juif sur des millions profane Shabbath, nous refusons aux multitudes tous les mérites, le pouvoir et la valeur du shofar.

"Ces années-là, Shabbath lui-même vient à la défense du peuple juif et plaide notre cause, parce que nous entretenons avec lui une relation d'amour réciproque. Nous nous soucions tellement de lui que nous avons renoncé à notre arme la plus puissante pour obtenir une bonne année. Hachem entend ses cris et ses supplications, et nous pardonne grâce à lui. [pour s'assurer un respect du Shabbath, nous sommes prêts à sacrifier la sonnerie du Shofar, qui fait par exemple passer Hachem du Trône de rigueur à celui de miséricorde! ]
C'est pourquoi un Roch Hachana sans shofar apporte souvent les plus grandes bénédictions.
Cependant, si Shabbath a été blessé et maltraité, et qu'il n'y a pas de shofar pour nous apporter le pardon, Shabbath ne peut pas faire une présentation gagnante en notre nom, et l'année devient vraiment dangereuse".

=> Si nous traitons Shabbath comme une reine (Shabbath malkéta), elle défendra nos intérêts devant le Roi des rois (Hachem).

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-> b'h, voir également : Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath : https://todahm.com/2022/08/28/shabbath-shofar-la-puissance-du-shabbath

Le meilleur conseil pour une personne afin d'être méritante dans le jugement est de devenir quelqu'un dont les gens ont besoin et qui comptent dessus.
[rav Israël Salanter]

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-> L'Alter de Kelm dit que le meilleur mérite que nous pouvons espérer avoir pendant les 10 jours de repentir, c'est de faire partie d'une communauté (tsibbour), d'être quelqu'un dont la communauté a besoin.
En ce sens, nous récitons les Séli'hot qui ne sont pas des prières dites par un individu, mais plutôt l'expression d'une téchouva de la communauté.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,4) décrit ces prières comme des prières récitées dans les synagogues, comme une réflexion de la nature communautaire.

L'alter de Kelm avait l'habitude de mettre une notice à l'entrée du talmud Torah de Kelm à Roch 'Hodech Elloul. Il y rappelait que le meilleur moyen de mériter un bon jugement est d'être une personne qui est utile et nécessaire à autrui.
En effet, le jugement n'est alors pas limité à son propre petit mérite, mais il doit prendre en considération le mérite de tous ceux qui ont profité de lui et qui ont dépendu de lui.

[ex: une personne qui a le sourire, qui a des mots positifs avec autrui, devient nécessaire, et cela peut lui empêcher de mauvais décrets qui pénaliseraient par ricochet tous ces gens a qui elle redonne la vie! ]

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-> Le verset (Vaét'hanan 3,23) nous dit que Moché a prié et supplié Hachem de lui permettre d'entrer en terre d'Israël.
Le Baal haTourim explique que Moché a supplié Hachem de répondre à ses prières par le mérite de : "J'ai encouragé et donné de la force au peuple d'Israël [en leur disant de ne pas avoir peur des rois ennemis - 'hizakti ét Israël], peut-être [que par ce mérite] Hachem va avoir pitié de moi [et répondra à ma prière - oulaï yéra'hem alaï]

Le rav Efraïm Eliyahou Shapiro dit que Moché aurait pu demander que sa prière (entrer en Israël) soit exaucée par le mérite des actions incroyables qu'il a pu faire durant sa vie.
Par exemple, Moché aurait pu demander à avoir sa prière réalisée par le mérite de nous avoir donné et enseigné la Torah? Par le mérite d'avoir été le dirigeant du peuple juif? ...
Cependant, parmi tous ces mérites énormes que Moché a pu faire, il a choisi le fait d'avoir renforcé et encouragé le peuple juif.

Il en résulte que les meilleurs mérites que nous pouvons acquérir pour sortir gagnant de notre jugement au Ciel, c'est d'être à l'écoute de notre prochain et de prendre soin de lui, de faire qu'il se sente aimé et important, ...
[parfois un "boujour", un sourire, ... peuvent faire des miracles]

[d'une certaine façon si tu traites ton frère juif comme un roi, alors Hachem te traitera royalement!]

Dans les Séli'hot, nous disons : "Pardonne nos fautes car elles sont si nombreuses".
Est-ce que c'est avec cela qu'on va convaincre Hachem de nous pardonner?

Dans les urgences d'un hôpital, les médecins sont occupés à prendre en charge des patients avec tout type de blessures.
Lorsqu'un patient inconscient avec sa vie qui ne tient qu'à un fil arrive aux urgences, tous les docteurs et les infirmières quittent les autres patients et courent lui sauver sa vie.
De même, nous demandons à Hachem de nous guérir car nous sommes si gravement blessés par nos fautes et nos erreurs ...
[rabbi Shlomo Carlebach]

"Quelle chance nous avons que celui qui nous juge [Hachem] soit également si follement amoureux de nous"
[rabbi Moché Weinberger]