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"(toutes les malédictions t’arriveront) parce que tu n’auras pas servi Hachem ton D. avec joie et contentement de coeur" (Ki Tavo 28,47)

-> Le rav ‘Haïm de Volozhin explique la raison de la juxtaposition de ce verset avec le suivant : "Tu serviras ton ennemi" :
"Hachem affirme : un tel service d’Hachem qui ne provient pas de la joie et du contentement est décrit comme "tu serviras ton ennemi" (le yétser ara), et non ton Créateur.
Car, il ne faut servir Hachem que dans la joie et le contentement du coeur (ainsi, une telle personne serait châtiée, mesure pour mesure, de devoir servir ses ennemis)."

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+ Elloul : joie & crainte d'Hachem

-> Au mois d'Elloul, nous avons un devoir de nous renforcer dans la crainte de D. (ex: en s'imaginant réellement notre jugement à Roch Hachana où rien ne pourra être caché [aucune pensée, aucune vision, acte, ...], à quel point nous devrons rendre des comptes et à quel point toute notre vie à venir dépendra de ce jugement!).
Par contre, il est absolument hors de question de céder pour autant à la tristesse et on doit la bannir de notre coeur.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Un verset nous enseigne d’ailleurs explicitement ce devoir d’être joyeux pendant le mois d’Elloul.
En effet, il est écrit : "Que les cieux se réjouissent, que la terre soit remplie d’allégresse, que la mer gronde avec son contenu! Que les champs exultent avec tout ce qu’ils contiennent, que les arbres de la forêt résonnent joyeusement à l’approche d’Hachem. Car Il vient, Il vient pour juger la terre" (Téhilim 96,11-13).
Cela montre bien qu’avant le moment du jugement, le monde entier réside dans la joie, ce qui pour nous est une leçon : combien devons-nous être joyeux durant le mois d’Elloul qui est situé avant celui de Tichri.

Lorsque l’on demanda à rav Yaakov Kazlik quel était le devoir d’un juif pendant le mois d’Elloul, il répondit : "Nous devons nous réjouir immensément d’avoir piégé le ‘voleur’ (à savoir le yétser ara)! "
Ajoutons nous aussi à ses paroles : "Même si nous ne l’avons pas encore piégé et qu’il n’a pas encore été livré dans nos mains, cependant, grâce à la joie, nous parviendrons à le vaincre!"

Le fait qu’il nous faille veiller à ne pas gaspiller un seul instant de cette période ne s’oppose en rien à la joie que nous devons ressentir. Cela ressemble à une mère qui, remplie de compassion à chaque instant pour son fils bien-aimé, s’inquiète de tout ce qui pourrait lui arriver (chutes, blessures, ...).
Il est évident qu’elle n’en serait pas triste pour autant. Au contraire, c’est précisément l’amour qu’elle porte à son fils qui la pousse à s’inquiéter de son bien-être et à veiller sur lui par-dessus tout.
Il en est de même de ces jours-ci : c’est justement parce qu’ils sont si importants que nous sommes tenus d’en utiliser chaque instant à bon escient. Mais loin de nous d’être triste pour autant!

Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath

+ Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath :

-> "Si Roch Hachana tombe un Shabbat, on ne dit pas 'jour du son du chofar' mais 'un souvenir du son du chofar' car [la mitsva de] sonner du chofar ne repousse pas le Shabbat ailleurs que dans le emple, en raison d'un décret" [Massékhèt Sofrim 19,6]

-> "On ne sonne pas [du chofar] le Shabbath puisque la sonnerie du chofar n'a pas priorité sur le Shabbath. Il n'y a donc qu'un souvenir du son du chofar". [Baal haTourim - Emor 23,24]

-> "Le Shabbat, nous ne sonnons pas [du chofar] ... car Shabbat est [appelé] un signe et il protège le peuple juif".
[le Rokéa'h - Hilkhot Roch Hachana - n°201]

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
Quand Roch Hachana tombe un autre jour de la semaine, le peuple juif ne peut pas obtenir un jugement favorable par ses prières uniquement. Comme il lui manque les mérites spirituels nécessaires, il doit employer la tséaka, le cri puissant exprimé par la lamentation du chofar, pour susciter la miséricorde divine.
Le Shabbat sanctifie, purifie et élève le peuple juif. Ainsi, les mots qu'il prononce le Shabbat ont davantage de sainteté. Leurs prières deviennent plus pures et plus élevées, ce qui les rend plus dignes d'être entendues par D.

=> Le Shabbat, nos prières elles-mêmes prennent toutes les qualités du son du chofar. Grâce à la sainteté du Shabbat, les mots de nos prières sont empreints d'une plus grande sainteté. Ces prières appelées "un souvenir du son du chofar" remplacent le son du chofar.
Lorsque, de plus, Roch Hachana tombe un jour ordinaire de la semaine, le chofar devient le véhicule du "souvenir" et l'expression "zikhron téroua" (un souvenir du son du chofar) est omise du texte de la prière.
Le Shabbat, ce sont les prières qui créent le "souvenir" et c'est pourquoi cette expression est ajoutée.

[cela nous aide à donner de la valeur à notre Shabbath, dont sa fréquence hebdomadaire ne doit pas diminuer sa valeur à nos yeux. ]

Elloul = préparation à Roch Hachana

+++ Le mois d'Elloul comme préparation à Roch Hachana :

"Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (Ki Tétsé 21,10)

-> Le Imré Elimélé'h tire de ce verset l'importance particulière attribuée au fait que chacun doit commencer son propre travail spirituel dès le mois d'Elloul.
Il écrit : "Ce verset, fait allusion à la bataille qui sera livrée le jour de Roch Hachana, le Jour du Jugement, où tous les anges viendront faire part de leurs griefs sur les hommes.
Il est certain que la phrase "Lorsque tu sortiras en guerre" n’est pas appropriée à ce jour car l'homme est alors au beau milieu de la bataille. Il est donc clair qu'il doit sortir en guerre avant le Jour du Jugement, qui est lui-même le jour de la guerre, et mettre déjà en place un front à l'aide du repentir, de la prière et de la bienfaisance.
Grâce à cela, il pourra obtenir la victoire et sortir méritant au Jour du Jugement. C'est pourquoi, il est écrit "Lorsque tu sortiras en guerre", ce qui évoque le moment où l'on sort avant la guerre, c'est-à-dire au mois d'Elloul qui sont des jours propices ...
La Torah promet alors (dans la suite des versets) : "Hachem, ton D. te la livrera dans ta main", pour dire que tu sortiras victorieux le Jour du Jugement, et que tu seras en mesure de faire incliner le verdict du côté de la miséricorde à ton avantage."

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"Lorsqu'un homme aura un fils rebelle" (Ki Tétsé 21,18)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 71b) nous enseignent à son sujet : "Le fils rebelle est jugé aujourd'hui en fonction de sa situation future (car il deviendra inéluctablement un meurtrier). Mieux vaut donc qu'il meure lorsqu'il est encore méritant plutôt que lorsqu'il sera coupable."

-> Le Saba de Kelm donne une explication à partir de cela : on voit ici comment la Torah considère quelqu'un qui a commencé à mal se conduire et qui s'est un peu écarté de sa voie. Bien qu'il ne soit pas encore passible de la peine de mort pour cela, néanmoins, lorsqu'il est jugé au Beit Din, même la miséricorde exige qu'il soit exécuté dès à présent alors qu'il est encore méritant, plutôt que d’attendre qu'il se rende coupable de la peine capitale (à cause des graves fautes qu'il fera inéluctablement si l'on attend).

Le Saba de Kelm dit : "On peut en déduire, qu'à l'inverse, celui qui commence tout juste à améliorer ses actes, bien qu'il n'en soit encore qu'au début, même les anges accusateurs seront d'accord de l'inscrire dès à présent dans le Livre de la Vie, afin qu'après de nombreuses années, il puisse mourir méritant. Ayant commencé à se repentir, il est en effet certain qu'il deviendra finalement un juste parfait.
Dans le Ciel, on le considère donc dès à présent comme s'il était parvenu à son niveau ultime (par exemple, quelqu'un qui aurait pris sur lui d'étudier chaque jour une page de guémara serait dès à présent compté parmi ceux qui auraient achevé tout le Talmud).
Cela constitue un formidable encouragement pour prendre un nouveau départ, corriger les travers de notre existence et mériter ainsi d'être inscrit dans le Livre des justes parfaits."

Roch Hachana qui tombe Shabbath

+ Roch Hachana qui tombe Shabbath :

-> Selon la guémara (Roch Hachana 29b), si Roch Hachana tombe un jour de semaine nous devons sonner le Shofar, mais un Shabbath nous ne devons pas le faire et uniquement le mentionner.
En effet, nos Sages ont préféré annuler cela de peur qu'une personne en vienne à porter un shofar dans le domaine publique en allant voir un expert pour qu'il lui apprenne à sonner.

-> Le rav Yéhochoua Alt note que : שבת (Shabbath) est l’acronyme de שבת במקום תרועה (le jour du Shabbat vaut à la place de la sonnerie - Shababth bim'kom téroua).

-> Selon nos Sages (guémara Baba Kama 28b), la Torah exempte celui qui est inévitablement empêché d'accomplir une mitsva.
Rabbi Bounim de Peschi'ha commente :
Peut-être la guémara nous dit que puisqu'une personne ne peut réaliser une mitsva, alors la Torah la réalise à sa place.
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et que nous sommes empêchés d'accomplir la mitsva de sonner du Shofar, Hachem Lui-même sonne du Shofar pour nous.
Il le fait évidemment de la meilleure des manières possibles, avec toutes les intentions mystiques, afin que le peuple juif mérite une bonne année.

-> Dans la amida nous disons : "téka béshofar gadol lé'hérouténou" (sonne du grand shofar pour notre libération).
Le Razin déOraïta commente : "Car lorsque Hachem est celui qui sonne le shofar (tokéa), alors nous alors très certainement être témoin de la géoula chéléma (Délivrance totale).

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-> Lorsque nous sonnons du Shofar à Roch Hachana, cela perturbe le Satan, et il est ainsi empêché d'élever des accusations contre les juifs.
Que se passe-t-il à ce sujet lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et qu'on ne sonne pas le Shofar?

- 1ere explication :
Après que Moché a reçu la Torah au Sinaï, le Satan est venu devant Hachem et a demandé : "Où est passée la Torah?" (guémara Shabbath 89a).
Comment le Satan pouvait-il poser une telle question? N'a-t-il pas été évident aux yeux de tous (même des créatures célestes) que Hachem a donné la Torah d'une manière spectaculaire au mont Sinaï?
Le Arizal répond qu'en effet le Satan n'était pas au courant de ce qui s'était passé.
Le don de la Torah a eu lieu un Shabbath, et pendant le Shabbath, Hachem jette le Satan et son entourage dans une abysse sombre. Pendant ce temps, ils ne sont pas au courant de ce qui se passe.

Ainsi, en se basant sur ces paroles du Arizal, il n'est pas nécessaire de sonner du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath dans le but de perturber le Satan, puisqu'il ne peut pas élever d'accusations le Shabbath.
[rabbi Yonathan Eibeshitz - Yaarot Dvach vol.2,drouch 1]

- 2e explication :
Le peuple juif a une double relation avec Hachem : nous sommes à la fois Ses serviteurs, et à la fois Ses enfants (im kévadim, im kaavadim).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de la semaine, notre relation en tant que serviteurs est dominante.
A Shabbath, cependant, notre relation en tant qu'enfants vient en tout premier plan.
Le midrach compare cela à un roi qui est en train de parler en privée à la reine. Si un servant interrompt la conversation, il serait mis immédiatement à mort. Cependant, si c'est le fils du roi qui l'approche à ce moment, il serait reçu avec chaleur.

A Shabbath, les juifs profitent d'une relation privée avec Hachem, et c'est d'ailleurs pourquoi un non-juif qui observe parfaitement Shabbath est passible de la mort (cf. guémara Sanhédrin 58b).
De même que le procureur royal aurait peur d'amener des accusations contre le fils du roi, de même le Satan craint de porter des accusations contre les juifs à Shabbath.
[rabbi Shlomo Kluger - 'Hokhmat Shlomo - Ora'h 'Haïm chap.592]

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-> Le Messekh 'Hokhma (Vayikra 23,2) enseigne :
La mitsva de sonner le Shofar a quelque chose d'unique par rapport à toutes les autres mitsvot : elle a des propriétés thérapeutiques, à savoir qu'elle enlève les fautes.
C'est comparable à un malade qui n'a pas la capacité de prendre ses médicaments pour des raisons indépendantes de sa volonté. Bien qu'il ne peut pas être blâmé de ne pas avoir pris ses médicaments, sa maladie reste. De même, sans le mérite du Shofar nos fautent restent.

Nous ne sonnons pas du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath, pour éviter qu'une personne en vienne par inadvertance à profaner Shabbath, en portant le Shofar dans le domaine public.
Nous témoignons ainsi que nous sommes prêts à renoncer à avoir nos fautes pardonnées, par notre désir de mettre un barrière de protection à la profanation du Shabbath.
En renonçant à l'incroyable force du Shofar, nous sommes prêts à renoncer à avoir une année pleine de succès et de bénédictions, tant que l'honneur d'Hachem peut être diminué par une profanation du Shabbath.
Ce sacrifice de soi est semblable à la Akédat Its'hak, et cela va nous générer les mêmes mérites que si nous avions effectivement sonné le Shofar.

-> Dans les Drachit Dvar Tzvi, nous trouvons une idée similaire :
Le fait de sonner le Shofar fait passer Hachem de Son Trône de Justice (Rigueur) à Son Trône de Miséricorde.
Malgré cet énorme bénéficie, nous en sonnons pas le Shofar lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, de peur que quelqu'un en vienne à oublier que c'est Shabbath, et qu'il porte dehors son Shofar.
Cela prouve que par nature nous sommes distraits et négligents.
C'est pourquoi nous demandons à Hachem de pardonner nos fautes, car si nous avons pu en venir à fauter cette année, c'était très certainement par oubli.

Il fait également remarquer que les initiales de : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune" (tik'ou ba'hodéch Shofar - תקעו בחדש שופר - Téhilim 81,4), forment le mot : Shabbath (שבת).

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-> "Sonnez le Shofar à l'apparition de la nouvelle lune, au moment fixé pour notre fête" (tik'ou ba'hodech Shofar, bakéssé léyom 'haguénou - Téhilim 81,4).
Les premières lettres de "תִּקְעוּ בַחֹדֶשׁ שׁוֹפָר" forment : Shabbath.

Une année où Roch Hachana tombe un Shabbat, le Shofar n'est pas dissimulé (bakéssé), car nous ne le soufflons pas ce jour-là. Nos Sages étaient préoccupés par le fait que quelqu'un puisse porter le shofar par inadvertance et profaner le Shabbath, et ils ont donc dit que nous devrions nous abstenir de le souffler (guémara Roch Hachanah 29b).
La question suivante a été posée : comment nos Sages ont-ils pu accepter de renoncer à cette importante mitsva, qui n'est accessible que le jour de Roch Hachana, au motif qu'un individu pourrait peut-être porter le shofar par inadvertance?

Le shofar est le conduit qui éveille la miséricorde d'Hachem. Au son du shofar, Hachem s'assoit sur son Trône de miséricorde. Il trouble le Satan, lorsqu'il nous voit faire la mitsva en soufflant dans le shofar tant de fois et de tant de manières, debout et assis (certains avant moussaf sont assis), au point qu'il n'est plus en mesure de nous poursuivre. De plus, il invoque le mérite de la Akédat Its'hak.

Certains répondent (Mésse'h 'Hokhma - Emor 23,24) que lorsque Hachem voit tout ce que nous sommes prêts à sacrifier, lui montrant à quel point nous apprécions le Shabbath, c'est un mérite encore plus grand. Nous sommes tellement préoccupés par l'honneur d'Hachem que nous ne voulons pas que Son précieux Shabbath soit profané.
[nous sommes conscients de la grandeur du Shofar (ex: faisant passer Hachem du Trône de rigueur à celui de la miséricorde), mais nous aimons tellement le Shabbath que nous sommes prêts à sacrifier cela. ]

D'autres (Sfat Emet - Roch Hachana 5652) disent que l'année où Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, par le mérité de garder et d'honorer le Shabbath, le Shabbath lui-même plaide en notre faveur auprès d'Hachem pour qu'il nous donne un bon jugement. Si nous honorons le Shabbath comme il se doit, il suscitera la miséricorde d'Hachem à la place du shofar.
[rav David Ashear]

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-> Nos Sages (guémara Shabbath 12a) enseignent que si l'on vient visiter un malade pendant Shabbath, on devra dire : "le Shabbath, on n’implore pas mais la guérison est proche" (Shabbath hi milize’oq ouréfoua quérova lavo).
Rabbi Méir dit : "Le Shabbath a le pouvoir de t’amener la miséricorde".

Cela indique que la sainteté du Shabbath a la capacité d'amener le rétablissement d'un malade.
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'y a pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath en lui-même va éveiller la miséricorde Divine.
[rabbi de Zanz - Divré 'Haïm]

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik) écrit :
Le son du Shofar rempli celui qui l'écoute de crainte et d'inquiétude, lui inspirant de faire téchouva.
Shabbath également créé ce sentiment de respect chez les gens. En ce sens, selon la guémara, à Shabbath même une personne ignorante a peur de mentir [de par la crainte particulière de ce jour].
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'est pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath a le même effet que le Shofar, il imprègne une personne de la criante et l'inspire à faire téchouva.

-> b'h, sur la notion de Shabbath & téchouva : https://todahm.com/2014/10/23/2110-2

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-> A Shabbath, il est interdit d'écrire. Cependant, le fait d'inscrire quelqu'un dans le Livre de la Vie, est considéré comme sauver une vie, et sauver une vie l'emporte sur le Shabbath.
Ainsi lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il est permis uniquement d'inscrire pour la vie, puisque écrire pour la mort ne permet pas de profaner Shabbath, et est donc interdit.
La michna commence donc par les mots : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath" = car c'est réellement un Yom Tov (littéralement. un bon jour).
[le Beit Avraham, citant le Kédouchat Lévi]

-> Le Arizal explique que l'âme à 3 niveaux, qui sont dans l'ordre ascendant : le néfech, le roua'h et la néchama.
A Roch 'Hodech, une personne reçoit un supplément de néfech, à Yom Tov elle reçoit un supplément de roua'h, et à Shabbath elle reçoit un supplément de néchama (la néchama yétéra).
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, nous recevons donc les 3 suppléments d'âme en une seule fois : celui du Shabbath, celui de Yom Tov, et celui de Roch 'Hodech (Roch Hachana étant Roch 'Hodech de Tichri).
La michna commence par : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath". En effet, c'est un Yom Tov, un soruce de joie, lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, les 3 suppléments d'âmes coexistant ensembles.
[rabbi Elimélé'h de Lizensk]

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-> L'année où le premier jour de Tichré tombe un Shabbat, nous néoutons pas le son du shofar le premier jour de Roch Hachana, puisque les Chazal ont décrété que nous ne pouvons pas souffler dans le shofar le Shabbat (Roch Hachana 29b ; Rambam - Shofar 2,6). Pourtant, malgré l'absence de l'appel vibrant du shofar, le Roch Hachana à Chabbath a une force particulière.

-> Le rav Yaakov Ettlinger (auteur du Arou'h LaNer), nous fait part (dans son Min'hat Ani - paracha Haazinou) écrit :
Il a découvert qu'au fil des générations, chaque fois que Roch Hachana tombait un Shabbat, l'année en question était soit terrible, soit fantastique pour le peuple juif. Dans les deux cas, il ne s'agissait presque jamais d'une année sans histoire, quelque peu oubliable.
Le Rav Ettlinger donne plusieurs exemples dramatiques de cette thèse :
Les destructions des 2 Temples ont eu lieu au cours de ces années, tout comme d'autres tragédies nationales. En fait, la guémara elle-même (Roch Hachana 16b) déclare que dans "une année où le son de la tékia n'est pas entendu au début [à Roch Hachana], le son de la téroua [c'est-à-dire des lamentations] sera entendu à la fin".
Cela fait référence à de mauvaises nouvelles au cours d'une telle année.

D'autre part, poursuit-il, le jour original de Yom Kippour, où nous avons été pardonnés pour la faute du Veau d'or, était également une année de ce type. Cette année-là, nous avons également reçu l'ordre de construire le Michkan.
De même, Roch Hachana est tombé un Shabbat l'année où nous sommes entrés en terre d'Israël, avec des miracles.

Le Arou'h LaNer conclut : "Shabbath est l'épouse du peuple juif (midrach Béréchit rabba 11,8).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, nous ne soufflons pas dans le shofar parce que nous craignons que quelqu'un ne profane Shabbat pour apprendre à souffler dans le shofar.
Imaginez! À cause de la possibilité plutôt farfelue qu'un seul juif sur des millions profane Shabbath, nous refusons aux multitudes tous les mérites, le pouvoir et la valeur du shofar.

"Ces années-là, Shabbath lui-même vient à la défense du peuple juif et plaide notre cause, parce que nous entretenons avec lui une relation d'amour réciproque. Nous nous soucions tellement de lui que nous avons renoncé à notre arme la plus puissante pour obtenir une bonne année. Hachem entend ses cris et ses supplications, et nous pardonne grâce à lui. [pour s'assurer un respect du Shabbath, nous sommes prêts à sacrifier la sonnerie du Shofar, qui fait par exemple passer Hachem du Trône de rigueur à celui de miséricorde! ]
C'est pourquoi un Roch Hachana sans shofar apporte souvent les plus grandes bénédictions.
Cependant, si Shabbath a été blessé et maltraité, et qu'il n'y a pas de shofar pour nous apporter le pardon, Shabbath ne peut pas faire une présentation gagnante en notre nom, et l'année devient vraiment dangereuse".

=> Si nous traitons Shabbath comme une reine (Shabbath malkéta), elle défendra nos intérêts devant le Roi des rois (Hachem).

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-> b'h, voir également : Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath : https://todahm.com/2022/08/28/shabbath-shofar-la-puissance-du-shabbath

Le meilleur conseil pour une personne afin d'être méritante dans le jugement est de devenir quelqu'un dont les gens ont besoin et qui comptent dessus.
[rav Israël Salanter]

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-> L'Alter de Kelm dit que le meilleur mérite que nous pouvons espérer avoir pendant les 10 jours de repentir, c'est de faire partie d'une communauté (tsibbour), d'être quelqu'un dont la communauté a besoin.
En ce sens, nous récitons les Séli'hot qui ne sont pas des prières dites par un individu, mais plutôt l'expression d'une téchouva de la communauté.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,4) décrit ces prières comme des prières récitées dans les synagogues, comme une réflexion de la nature communautaire.

L'alter de Kelm avait l'habitude de mettre une notice à l'entrée du talmud Torah de Kelm à Roch 'Hodech Elloul. Il y rappelait que le meilleur moyen de mériter un bon jugement est d'être une personne qui est utile et nécessaire à autrui.
En effet, le jugement n'est alors pas limité à son propre petit mérite, mais il doit prendre en considération le mérite de tous ceux qui ont profité de lui et qui ont dépendu de lui.

[ex: une personne qui a le sourire, qui a des mots positifs avec autrui, devient nécessaire, et cela peut lui empêcher de mauvais décrets qui pénaliseraient par ricochet tous ces gens a qui elle redonne la vie! ]

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-> Le verset (Vaét'hanan 3,23) nous dit que Moché a prié et supplié Hachem de lui permettre d'entrer en terre d'Israël.
Le Baal haTourim explique que Moché a supplié Hachem de répondre à ses prières par le mérite de : "J'ai encouragé et donné de la force au peuple d'Israël [en leur disant de ne pas avoir peur des rois ennemis - 'hizakti ét Israël], peut-être [que par ce mérite] Hachem va avoir pitié de moi [et répondra à ma prière - oulaï yéra'hem alaï]

Le rav Efraïm Eliyahou Shapiro dit que Moché aurait pu demander que sa prière (entrer en Israël) soit exaucée par le mérite des actions incroyables qu'il a pu faire durant sa vie.
Par exemple, Moché aurait pu demander à avoir sa prière réalisée par le mérite de nous avoir donné et enseigné la Torah? Par le mérite d'avoir été le dirigeant du peuple juif? ...
Cependant, parmi tous ces mérites énormes que Moché a pu faire, il a choisi le fait d'avoir renforcé et encouragé le peuple juif.

Il en résulte que les meilleurs mérites que nous pouvons acquérir pour sortir gagnant de notre jugement au Ciel, c'est d'être à l'écoute de notre prochain et de prendre soin de lui, de faire qu'il se sente aimé et important, ...
[parfois un "boujour", un sourire, ... peuvent faire des miracles]

[d'une certaine façon si tu traites ton frère juif comme un roi, alors Hachem te traitera royalement!]

Dans les Séli'hot, nous disons : "Pardonne nos fautes car elles sont si nombreuses".
Est-ce que c'est avec cela qu'on va convaincre Hachem de nous pardonner?

Dans les urgences d'un hôpital, les médecins sont occupés à prendre en charge des patients avec tout type de blessures.
Lorsqu'un patient inconscient avec sa vie qui ne tient qu'à un fil arrive aux urgences, tous les docteurs et les infirmières quittent les autres patients et courent lui sauver sa vie.
De même, nous demandons à Hachem de nous guérir car nous sommes si gravement blessés par nos fautes et nos erreurs ...
[rabbi Shlomo Carlebach]

"Quelle chance nous avons que celui qui nous juge [Hachem] soit également si follement amoureux de nous"
[rabbi Moché Weinberger]

Un jugement terrible, un Père qui nous aime à la folie

+ "Si Hachem avait jugé Avraham, Its'hak et Yaakov, ils n'auraient pas tenu debout devant Ses réprimandes". [guémara Arakhin ]
C'est ce que nous prions à Roch Hachana : "Tu es D. de confiance lorsque Tu élabores Ton jugement. Si Tu rentres dans la profondeur de ce jugement, personne ne pourrait se justifier".

Mais nos Sages (midrach Dévarim rabba 5,5) enseigne : "Dans un lieu où il y a un jugement, il n'y a pas de justice, dans un lieu où il n'y a pas de jugement, il y a de la justice".
Le midrach explique que lorsque (ici-bas) dans ce monde, un jugement est élaboré, en-Haut il n'y en a pas. Mais si aucun jugement n'est entériné dans ce monde, le jugement se passe en haut.
Ce qui signifie que celui qui fait son examen de conscience durant ces jours-ci (menant à Roch Hachana et Kippour) est sauvé du jugement céleste.

C'est la raison pour laquelle chaque individu a le devoir de faire un examen de conscience, d'analyser ses actes et de faire une téchouva complète, comme il est écrit : "Tu l'attends jusqu'au jour de sa mort. S'il revient, Tu l'accueilles à bras ouverts".
Le Baal ha'Hayé Adam écrit : "Dans Son amour envers nous, les Bné Israël, Hachem ne cesse de nous faire du bien et nous a ordonné de nous repentir à chaque faute. La téchouva est appropriée à chaque moment de notre vie, mais le mois d'Elloul est le plus propice pour qu'elle soit agréée".

Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar) enseigne :
"Ceux qui voyagent en été apprécient ces jours-ci et savent exploiter chaque instant. Elloul est le mois d'été pour l'âme, ce sont les jours les plus clairs et les plus chauds en spiritualité. Celui qui en est conscient perçoit à quel point ces jours sont précieux et sait comment exploiter son temps au maximum".

Nous devons avoir à l'esprit que ces jours sont des jours de peur, mêlés de joie, comme le chante le roi David :
"Que les cieux se réjouissent, que la terre soit dans l'allégresse, que la mer gronde avec ce qu'elle contient! Que les champs éclatent de joie avec tout ce qui les couvre et alors tous les arbres de la forêt résonnent joyeusement à l'approche de Hachem. Car Il vient, Il vient pour juger la Terre" (Téhilim 96).

L'univers exulte de joie au moment du jugement. Pourquoi?
C'est vrai, d'un côté le jugement commence, et il est terrible, au point que même Avraham ne pourrait y tenir. Mais d'un autre, il se déroule devant notre Père. Un père aime, comprend, a pitié ...
[rav Barou'h Rozenblum]

+ A quel point une personne peut s'élever à Yom Kippour, avec même la plus légère amélioration dans sa téchouva?

Il est impossible de décrire ce que même le plus petit changement [positif] peut accomplir, combien de souffrances cela va nous épargner dans le monde à venir.
Et le moment de s'y préparer est pendant le mois d'Elloul.
[rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 14)]

Avoir peur du lion

"Aryé (אריה) cha'ag mi lo yira" (Un lion rugit, qui n'aurait pas peur? - Amos 3,8).

Le mot 'aryé' (lion - אריה) renvoie aux yamim noraim (jours redoutables) :
- le א = renvoie à : אלול (Elloul) ;
- le ר = renvoie à : ראש השנה (Roch Hachana) ;
- le י = renvoie à : יום הכפורים (yom aKipourim) ;
- le ה = renvoie à : הושענה רבא (hochaana rabba).

Imaginons notre peur/crainte si nous avions un lion rugissant face à nous. Le verset nous dit que nous devrions avoir les mêmes sentiments lorsque ces jours approchent.

Rabbi Shlomo Teitelbaum demande : pourquoi est-ce que les gens qui vont au zoo n'ont pas peur en entendant les lions rugir? Au contraire, les gens en rigolent (un petit selfie!), se promènent tranquillement, et n'ont aucune crainte des lions.
Bien entendu la raison est parce que les lions sont en cage, qu'il y a une barrière solide entre les gens et les lions.

Rabbi Teitelbaum explique : nous avons le même problème pendant le mois d'Elloul.
Il y a un "rideau de fer" entre Hachem et nous, et c'est pour cela que nous ne ressentons pas de crainte particulière pendant le mois d'Elloul.

Selon nos Sages, Hochana Rabba est un jour propice pour retirer cette barrière, ainsi en ce jour nous demandons à D. de retirer ce "rideau de fer" (mé'hitsat abarzél) qui nous sépare de lui, et ce afin de nous permettre de ressentir Sa présence dans notre vie.

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-> Le mot יראה (yir'a - crainte) est composé des mêmes lettres que אריה (Aryé - lion), rappelant ainsi le sens allégorique du verset : "Le lion אריה [D.] rugit [Sa Royauté se dévoile] : qui ne serait effrayé [durant cette période]?" (Amos 3,8)

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-> Le nom "אריה" est l’acronyme de אלול, ראש השנה, יום כפור, הושענה רבה , qui sont des jours léonins. Qui n’a pas peur durant les 2 mois d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). [Chla haKadoch - traité Roch Hachana]
Une autre allusion se trouve dans le mot "ét" du verset "ét Hachem Eloké'ha tira" (את א' אלקיך תיר) puisque ét (את) a les initiales d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). Ce sont des jours placés sous le signe de la crainte (yir'a - יראה).

Le terme "yamim noraïm" (ימים נוראים) signifie simplement "jours redoutables", visant Roch Hachana et Yom Kippour. Une explication alternative est que ce sont des jours vecteurs de yir'a, c’est-à-dire des jours où l’on peut acquérir de la yirat chamaïm, dont l’atmosphère est imprégnée à cette période.

La guémara (Roch Hachana 10b-11a) nous apprend que D. s’est "souvenu" de Sarah, Ra’hel et ‘Hana à Roch Hachana et qu’Il décréta qu’elles tomberaient enceintes. Cela signifie aussi qu’à Roch Hachana, nous accédons aux qualités de leurs fils respectifs : Its’hak, Yossef et Chmouel, tous empreints de crainte (יראה).

Où voit-on que ces 3 Justes sont associés à la crainte (יראה)?
Its’hak incarne la midat hadin.
Dans le guémara précitée, nous apprenons que Yossef fut libéré de prison à Roch Hachana, accédant à la Royauté (malkhout), Royauté qui va bien sûr de pair avec la crainte. Le Roi inspire la crainte à ses sujets qui prient pour le bien du gouvernement sans la crainte duquel les gens s’entre-dévoreraient vivants (Pirké Avot 3,2).
Quant au prophète Chomuel, il possède aussi cette qualité, ayant oint les 2 premiers Rois d’Israel dont le Roi David. (Chmouël I 16,13)

A Roch Hachana, nous disons des versets de "malkhout" (royauté), on retrouve le lien entre la מלכות et la יראה.
Le Sfat Emet note que les lettres intérieures (le milouï) qui remplissent le mot דין (soit דלת, יוד, נון), Roch Hachana étant appelé le יום הדין , équivalent au mot מלכות = 496 (malkhout - Royauté) car la source de la crainte (yir'a - יראה) est dans le Din (דין).

La crainte d’Hachem procure le véritable bonheur comme l’énoncent les Proverbes : "Heureux est l’homme toujours dans la crainte (אשרי אדם מפחד תמיד - Michlé 28,14).
Nous pouvons désormais comprendre les mots du psaume : "servez Hachem dans la crainte, réjouissez-vous dans le tremblement" (וגילו ברעדה עבדו את ה' ביראה - Téhilim 2,11), mots qui ne sont pas contradictoires.
De même, le Tana déBé Eliyahou (chap.3) énonce : "Je me réjouis dans la crainte" (שמחתי מתוך יראתי).
Cela nous permet également de mieux saisir le nom : Its'hak (יצחק), Patriarche qui incarne la crainte. La יראה s’enracine dans le צחוק (ts'hok), le rire, la joie.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> Le Steipler avait coutume de dire au nom du ‘Hazon Ich qu’aujourd’hui la crainte du Ciel consiste à avoir la émouna que tout ce qu’un homme traverse au cours de l’année passée est fixé et décrété depuis le Roch Hachana précédent.

-> On a demandé une fois à Rav ‘Haïm Kanievski : pourquoi est-il écrit dans ce verset : ‘le lion a rugi’ (au passé) et non pas ‘le lion rugit’, (au présent), puisque ces jours redoutables reviennent chaque année et que nous nous trouvons en ce moment dans cette période?
Sa réponse fut la suivante : nous avons la émouna, en tant que croyants fils de croyants, que tout ce qui nous est arrivé durant l’année écoulée a été décrété à Roch Hachana. Et lorsque nous réfléchissons à ce qui s’est passé durant celle-ci, nous réalisons soudain qu’un tel qui était alors parmi nous ne fait déjà plus partie de ce monde, tandis qu’un autre qui comptait parmi les riches de la ville tend aujourd’hui la main pour demander l’aumône, que celui-ci est tombé malade (que D. préserve), et qu’un autre a subi de lourdes pertes.
Nous nous rendons ainsi à l’évidence que le "le lion a rugi", à savoir le ‘Lion’ de l’année dernière nous avait crié : ‘Voyez ce qui a été décrété!’
Nombreux sont ceux qui n’auraient même pas imaginé qu’il leur arriverait ce qui leur est arrivé. Et en particulier cette année! (Qui aurait seulement eu l’idée à Roch Hachana dernier que le monde entier ressemblerait à ce qu’il est aujourd’hui, en cette fin d’année ?)
Dès lors : "qui ne serait pas saisi de crainte" à l’approche de la nouvelle année?

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Certains se disent : "Pourquoi avoir peur du ‘lion qui rugit’ ? Je le connais bien de l’année dernière, de l’année précédente et de toutes les années auparavant! Pourquoi faire de Roch Hachana une telle affaire effrayante? Ne s’est-il pas déjà écoulé autant de Roch Hachana que les années de ma vie?"
Mais en réalité, ils ne connaissent pas ‘le véritable rugissement du lion’, mais seulement l’image qu’ils s’en font.
S’ils comprenaient réellement le sens du Yom haDine (jour du Jugement) et réalisaient que toute leur existence et leur avenir sont alors (au sens littéral) placés sur le plateau d’une balance, ils entendraient certainement ce rugissement et seraient saisis de crainte par sa voix.

On a une fois demandé à rav Israël Salanter : "Pourquoi faites-vous de Elloul ‘un si gros ours’ ?"
Il répondit : "Vous avez raison, Elloul ne ressemble pas à un ours, mais il est beaucoup plus que cela.
Voyez vous-même : le roi David ne craignit pas cet animal et le mit en pièces, comme il est dit : "Ton serviteur a frappé le lion comme l’ours" (Chmouël 17,36) et pourtant, il déclara : "Ma chair s’est hérissée de la terreur que Tu inspires et je redoute Tes jugements" (Téhilim 119,120).
Néanmoins, il y a une différence entre la peur provoquée par la présence d’un ours et le besoin de le fuir et celle suscitée par le mois d’Elloul : en effet, un homme fuira en s’éloignant d’un ours menaçant d’autant qu’il le pourra.
En revanche, lorsqu’il est question de la crainte inspirée par Hachem et par l’éclat de Sa Majesté, nous ne prenons
pas la fuite en nous éloignant de Lui, mais nous fuyons vers Lui.
C’est ce que le Rambam exprime dans son commentaire de la Michna (Roch Hachana chap.4) à propos de cette période : "Ces jours sont des jours de travail sur soi, de soumission à Hachem, de peur et de crainte de Lui. On Le craindra, on fuira en trouvant refuge vers Lui."

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-> Le rav Salanter (Ohr Israël - lettre 7) dit que le Shofar doit inciter une personne à se réveiller de son sommeil, à examiner ses actions et à abandonner toutes les futilités avec lesquelles il s'occupe.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva) explique que la référence aux "personnes endormies", fait allusion à ceux qui ont oublié la vérité car ils sont trop accaparés par les occupations de ce monde. Ils sont endormis spirituellement parlant.
A ces gens, le Rambam dit que le Shofar crie : "Réveillez-vous! Examinez votre âme et améliorez vos actions! Abandonnez vos mauvaises actions et vos mauvaises pensées!

En effet, on peut être une très bonne personne, mais notre yétser ara nous a endormi dans une routine quotidienne. Sous le poids de nos préoccupations, nous n'avons pas le temps de penser.
La tête dans le guidon nous sommes à 100% pour ce monde où l'on n'est que de bref passage, négligeant de s'investir pour notre monde éternel!

Le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 10) écrit : "Les gens sont si préoccupés par les fardeaux de leur vie, qu'ils peuvent tomber dans la faute et ne rien ressentir du tout".
On peut être physiquement réveillé, mais notre conscience dort.
On est trop occupé pour avoir le temps de penser spirituel.
On est prisonnier d'une routine, nous agissons par habitude, plutôt que de mettre des pensées dans nos actions.
Vivre sans pensées spirituelles, c'est être endormi, sans vie.

=> Ainsi, le pouvoir de la routine est si fort que lorsque le mois d'Elloul arrive nous sommes nullement affectés (quelle différence à nos yeux? en apparence, c'est un mois comme un autre!). Nous continuons à vivre comme si de rien n'était!

Le Gaon de Vilna enseigne qu'à l'opposé de celui qui vit sa vie en fonction de ses désirs (moi, j'ai envie de ... et de ... ), il y a celui qui vit une vie avec la crainte d'Hachem (yir'at chamayim).
Avec de la yir'at chamayim, on a conscience du but de notre vie, et de notre finalité.
On comprend à quel point la vie est importante, et combien de belles choses on peut accomplir.
On a conscience que la vie n'est qu'un chemin du trajet vers notre destination finale, le monde à Venir, où l'âme rejoindra Hachem et où il y aura un plaisir inimaginable.
Ce n'est qu'avec de la crainte d'Hachem qu'on peut utiliser ce monde au maximum, qu'on peut réfléchir à nos actions et à quel point elles nous permettent d'accomplir notre mission dans la vie.

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = certes Elloul, Roch Hachana, ... sont des rendez-vous annuels très propices pour nous réveiller de notre sommeil spirituel (ex: le Shofar), mais nous devons alimenter notre crainte d'Hachem, au point d'avoir une peur similaire à celle d'être face à un lion rugissant.

Nous devons faire de ces 4 convocations saintes des moments de rugissements du lion (D.) nous conduisant à nous blottir dans Ses bras (Mes enfants, revenez vers-Moi!).
Face à ce lion rugissant férocement, nous réalisons qu'Il est notre unique refuge, qu'Il est Le seul à nous permettre d'être en vie, que seul Lui peut nous sauver/aider à chaque instant.
A tout moment Hachem nous observe, et nous n'existons que grâce à lui (ex: selon nos Sages à chaque respiration notre âme veut nous quitter pour rejoindre le Ciel, mais Hachem lui ordonne de retourner dans notre corps).
Plus nous prenons conscience de la grandeur d'Hachem, de la gravité du rugissement, plus nous nous blottissons contre papa Hachem, et plus de là en découlement un amour puissant et fort qui nous illuminera l'année à venir.
Plus le lion rugit puissamment en nous (crainte d'Hachem), plus nous en viendrons à rugir avec force : "Hachem on t'aime! On ne compte que sur Toi! Il n'y a et on ne veut que Toi!"

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-> Bil'am décrit le peuple juif : "Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

Cela témoigne que nous avons en nous cette capacité à s'élever de nos habitudes quotidiennes, de notre torpeur, et nous pouvons rugir comme un lion.
[Rachi commente ce verset : Quand ils se lèvent le matin après avoir dormi, ils (les juifs) sont forts comme une lionne ou un lion pour se hâter d’accomplir les mitsvot.]

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = Ces jours nous rugissent, provoquant une grande peur. Mais ensuite nous devons faire un bilan, se développer, s'améliorer, et alors nous pouvons rugir.
L'idée est très importante : à l'image d'un lion qui a vécu toute l'année dans un poulailler, nous croyons que nous sommes de simples poules, et à l'approche des jours redoutables le rugissement des lions nous fait très peur.
Cela doit provoquer que nous élevons notre intériorité : nous prenons conscience de la grandeur d'un juif, nous agissons de façon beaucoup plus noble et spirituelle, ...
Ainsi au final, nous comprenons qu'à l'image du lion qui est le roi des animaux, les juifs sont au sommet de l'humanité, avec les responsabilités que cela implique.
D'ailleurs, le Zohar nous enseigne que si nous avions conscience d’à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.

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+ "Ce peuple se lève comme un lionceau, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

-> Le "lion" est plus fort que le "lionceau".
Quand un juif se lève pour servir Hachem, il est seulement comme un "lionceau", mais rapidement on lui vient en aide du Ciel, "celui qui vient se purifier, on l’aide", et il se dresse comme un lion.
[Maayana chel Torah]

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-> Rabbénou Bé'hayé (Séfer haYira - Kohélet 3,1) écrit : Pourim est le temps pour se réjouir et jeûner, le mois d'Av un temps pour s'endeuiller, et la période d'Elloul à la fin de Yom Kippour, on doit trembler et avoir peur du jugement devant nous.

De même, le Tour (siman 581) dit que le travail des jours d'Elloul est de trembler de crainte, ce qui doit nous amener à faire téchouva.

Le rav David Povarsky dit que pendant tout le mois d'Elloul, on doit être tellement immergé dans notre préparation pour les jours redoutables que si quelqu'un nous demande : "Quel jour on est?", notre première réaction doit être : "Aujourd'hui c'est Elloul!".

Selon le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 14), on fait référence à Roch Hachana et Yom Kippour comme des "yamim noraim" (jours redoutables), mais en réalité tout le mois d'Elloul les jours sont vraiment des : "jours de crainte".
Rav Salanter ajoute qu'autrefois, chaque personne qui entendait l'appel au mois d'Elloul tremblait de peur.
Cette peur/crainte générait que les gens deviennent plus proches d'Hachem, chacun personne à son niveau.

-> Le rav Mattisyahou Salomon enseigne :
"Le mois d'Elloul est une extension de Yom Kippour.
Yom Kippour est spécialement dédié à la téchouva et au pardon, car Hachem a pardonné en ce jour au peuple juif.
Mais en réalité, il n'est que l'apogée de 40 jours, dont chacun a fait partie du processus de pardon.
[en abordant chaque jour d'Elloul avec le même sérieux que nous abordons Yom Kippour, nous nous permettons d'en exploiter son potentiel sublime.]
Ainsi, ces jours d'Elloul sont très propices à la prière et au pardon [de nos fautes] ...

Suite au Veau d'or, Moché a passé 40 jours de prières au Ciel, pour en obtenir le pardon. Ces 40 jours ont commencé à roch 'hodech Elloul, jusqu'à Yom Kippour, où Hachem a accordé son pardon.
[chaque année cette période est donc propice pour obtenir nos prières et notre pardon]."

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+ Daniel dans la fosse aux lions :

-> La guémara ('Houlin 59b) rapporte que l'empereur romain a demandé à Rabbi Yéhochoua ben 'Hanania: votre D. est comparé au lion, comme il est dit (Amos 3,8) : "Le lion a rugi: qui n'aurait peur?"
Et c'est difficile à comprendre : quelle est Sa grandeur? Un vaillant chevalier est capable de tuer un lion et ne se laisse pas effrayer par son rugissement.
Rabbi Yéhochoua a répondu à l'empereur : notre D. n'est pas comparable à ce lion-là (terrestre), mais au "sublime lion du royaume céleste", dont le rugissement effraie même les hommes les plus vigoureux.

-> Daniel fut l'un des ministre éminents du roi Darius. Ce dernier l'estimait et l'admirait beaucoup, et, comme ce fut souvent le cas dans notre histoire, les autres ministres (non-juifs) le jalousaient beaucoup, et décidèrent de "monter un dossier contre lui". Ils s'adressèrent à Darius en ces termes : "Écoutez, il n'est pas possible que chaque habitant du royaume prie un dieu différent. Le premier adresse ses prières au soleil, le deuxième à la lune, le troisième au feu, etc. Chacun fait ce que bon lui semble!
Nous devons mettre en place une 'version unique' de la prière, c'est-à-dire que tout le monde devrait s'adresser à vous!"
L'idée lui plut beaucoup à tel point qu'il promulgua une nouvelle loi dans le royaume : "À partir d'aujourd'hui, tout le monde doit prier Darius, et celui qui sera surpris à prier un autre dieu sera immédiatement jeté dans la fosse aux lions!"

Daniel continua à prier 3 fois par jour (il fut attrapé faisant min'ha), et Darius fût forcé de le sanctionner en le jetant dans la fosse au lieu, non sans le bénir avant de le jeter : "Que le D. à qui tu as adressé ta prière te sauve de la fosse aux lions".
Combien de lions contenait cette fosse? Nos Sages (midrach Yalkout Chimoni - Téhilim 787) enseignent qu'il y avait 1464 lions.
Le lendemain matin, Daniel fût trouvé parmi les lions. Darius interrogea Daniel : "Comment as-tu été sauvé?". Daniel lui répondit : "Hachem a envoyé un ange qui a bouché la gueule des lions et ils n'ont pas pu me faire de mal".
En effet, pour s'assurer que les lions n'étaient pas rassasié (expliquant qu'il n'est pas été dévoré), les ministres ayant dénoncé Daniel à Darius (qu'il priait), furent mis dans la fosse, et tout de suite ont été dévorés.

Une question se pose : quel est précisément le type d'ange qu'a envoyé Hachem pour sauver Daniel de la fosse aux lions?
Le rav Saadia Gaon nous répond : il s'agit du "sublime lion du royaume céleste", qui est installé sur le Trône de Gloire, et qui rugissait en disant : "Faites attention, lions, de ne pas causer le moindre dommage au lion fils de lionceau", c'est-à-dire à Daniel qui appartenait à la tribu de Yéhouda, qui est comparée au lion.

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+ Le rugissement du "sublime lion du royaume céleste" :

-> Revenons aux paroles de la guémara ('Houlin 59b) qui continue en disant que l'empereur demanda à Rabbi Yéhochoua de lui montrer le "sublime lion du royaume céleste". Il lui répondit alors qu'il n'avait pas la capacité de le voir, mais l'empereur le força, contre son gré, à le lui montrer.

Rabbi Yéhochoua ben 'Hanania se mit alors à prier, et le fameux lion fut déraciné de son endroit afin de se diriger vers l'empereur.
Lorsqu'il se retrouva à une distance de 400 lieues par rapport à eux, il se mit à grogner et poussa un rugissement. Toutes les femmes enceintes avortèrent tellement elles furent terrifiées et la muraille romaine s'effondra.
Quand il se rapprocha davantage, à une distance de 300 lieues, il poussa un autre rugissement, et les dents des hommes tombèrent, et l'empereur lui-même chuta de son trône et se retrouva à même le sol.

L'empereur s'adressa alors à Rabbi Yéhochoua : je t'en supplie, prie pour que ce lion retourne à sa place.
Le Rabbi pria et lui fit ainsi regagner sa place d'origine.

Ainsi il est écrit dans le Séfer ha'Haïm, rédigé par le frère du Maharal (séfer Séli'ha ouMé'hila - chap.2) :
"Effectivement, il existe un moment spécifique dans l'année où le 'sublime lion du royaume céleste' rugit, et qui n'aurait peur alors?
Et en entendant le son du Shofar qui ne tremblerait? Et c'est aujourd'hui l'anniversaire de la Création du monde, comme une femme enceinte, ce qui est exprimé dans la guémara par 'Toutes les femmes enceintes avortèrent.
Et même les nations (les non-juifs) y sont jugées, ce qui est exprimé dans la guémara par "la muraille romaine s'effondra".
'Et en son sein cent lieues' (400-300) fait allusion aux dix jours de pénitence, c'est-à-dire dix lieues par jour, ce qui correspond à la distance parcourue (en moyenne) par un homme standard, alors les dents des hommes tombèrent', ce qui fait allusion au grand jour de jeûne où tout le monde fait l'effort de jeûner, à savoir le jour de Kippour.
Et le roi est installé sur son trône, souverain et élevé, et jette à terre tout homme orgueilleux et hautain, ce qui est exprimé dans la guémara par 'et l'empereur lui-même chuta de son trône', et alors on prend conscience qu'il existe un D., Juge Suprême sur Terre".

=> Désormais, nous comprenons que le rugissement évoqué dans le verset "Le lion a rugi: qui n'aurait peur?" est celui du "sublime lion du royaume céleste".
Cela signifie que la frayeur qu'aurait dû ressentir le peuple d'Israël à cause de ce terrible rugissement n'aurait pas dû être inférieure à celle qui saisit les romains.
C'est pour cela que Rabbénou Yona nous dit que Elloul est un moment de crainte, et pourquoi?
Car c'est la période où le "sublime lion du royaume céleste" rugit.
[d'après rav Barou'h Rozenblum]