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Avoir peur du lion

"Aryé (אריה) cha'ag mi lo yira" (Un lion rugit, qui n'aurait pas peur? - Amos 3,8).

Le mot 'aryé' (lion - אריה) renvoie aux yamim noraim (jours redoutables) :
- le א = renvoie à : אלול (Elloul) ;
- le ר = renvoie à : ראש השנה (Roch Hachana) ;
- le י = renvoie à : יום הכפורים (yom aKipourim) ;
- le ה = renvoie à : הושענה רבא (hochaana rabba).

Imaginons notre peur/crainte si nous avions un lion rugissant face à nous. Le verset nous dit que nous devrions avoir les mêmes sentiments lorsque ces jours approchent.

Rabbi Shlomo Teitelbaum demande : pourquoi est-ce que les gens qui vont au zoo n'ont pas peur en entendant les lions rugir? Au contraire, les gens en rigolent (un petit selfie!), se promènent tranquillement, et n'ont aucune crainte des lions.
Bien entendu la raison est parce que les lions sont en cage, qu'il y a une barrière solide entre les gens et les lions.

Rabbi Teitelbaum explique : nous avons le même problème pendant le mois d'Elloul.
Il y a un "rideau de fer" entre Hachem et nous, et c'est pour cela que nous ne ressentons pas de crainte particulière pendant le mois d'Elloul.

Selon nos Sages, Hochana Rabba est un jour propice pour retirer cette barrière, ainsi en ce jour nous demandons à D. de retirer ce "rideau de fer" (mé'hitsat abarzél) qui nous sépare de lui, et ce afin de nous permettre de ressentir Sa présence dans notre vie.

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-> Le mot יראה (yir'a - crainte) est composé des mêmes lettres que אריה (Aryé - lion), rappelant ainsi le sens allégorique du verset : "Le lion אריה [D.] rugit [Sa Royauté se dévoile] : qui ne serait effrayé [durant cette période]?" (Amos 3,8)

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-> Le nom "אריה" est l’acronyme de אלול, ראש השנה, יום כפור, הושענה רבה , qui sont des jours léonins. Qui n’a pas peur durant les 2 mois d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). [Chla haKadoch - traité Roch Hachana]
Une autre allusion se trouve dans le mot "ét" du verset "ét Hachem Eloké'ha tira" (את א' אלקיך תיר) puisque ét (את) a les initiales d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). Ce sont des jours placés sous le signe de la crainte (yir'a - יראה).

Le terme "yamim noraïm" (ימים נוראים) signifie simplement "jours redoutables", visant Roch Hachana et Yom Kippour. Une explication alternative est que ce sont des jours vecteurs de yir'a, c’est-à-dire des jours où l’on peut acquérir de la yirat chamaïm, dont l’atmosphère est imprégnée à cette période.

La guémara (Roch Hachana 10b-11a) nous apprend que D. s’est "souvenu" de Sarah, Ra’hel et ‘Hana à Roch Hachana et qu’Il décréta qu’elles tomberaient enceintes. Cela signifie aussi qu’à Roch Hachana, nous accédons aux qualités de leurs fils respectifs : Its’hak, Yossef et Chmouel, tous empreints de crainte (יראה).

Où voit-on que ces 3 Justes sont associés à la crainte (יראה)?
Its’hak incarne la midat hadin.
Dans le guémara précitée, nous apprenons que Yossef fut libéré de prison à Roch Hachana, accédant à la Royauté (malkhout), Royauté qui va bien sûr de pair avec la crainte. Le Roi inspire la crainte à ses sujets qui prient pour le bien du gouvernement sans la crainte duquel les gens s’entre-dévoreraient vivants (Pirké Avot 3,2).
Quant au prophète Chomuel, il possède aussi cette qualité, ayant oint les 2 premiers Rois d’Israel dont le Roi David. (Chmouël I 16,13)

A Roch Hachana, nous disons des versets de "malkhout" (royauté), on retrouve le lien entre la מלכות et la יראה.
Le Sfat Emet note que les lettres intérieures (le milouï) qui remplissent le mot דין (soit דלת, יוד, נון), Roch Hachana étant appelé le יום הדין , équivalent au mot מלכות = 496 (malkhout - Royauté) car la source de la crainte (yir'a - יראה) est dans le Din (דין).

La crainte d’Hachem procure le véritable bonheur comme l’énoncent les Proverbes : "Heureux est l’homme toujours dans la crainte (אשרי אדם מפחד תמיד - Michlé 28,14).
Nous pouvons désormais comprendre les mots du psaume : "servez Hachem dans la crainte, réjouissez-vous dans le tremblement" (וגילו ברעדה עבדו את ה' ביראה - Téhilim 2,11), mots qui ne sont pas contradictoires.
De même, le Tana déBé Eliyahou (chap.3) énonce : "Je me réjouis dans la crainte" (שמחתי מתוך יראתי).
Cela nous permet également de mieux saisir le nom : Its'hak (יצחק), Patriarche qui incarne la crainte. La יראה s’enracine dans le צחוק (ts'hok), le rire, la joie.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> Le Steipler avait coutume de dire au nom du ‘Hazon Ich qu’aujourd’hui la crainte du Ciel consiste à avoir la émouna que tout ce qu’un homme traverse au cours de l’année passée est fixé et décrété depuis le Roch Hachana précédent.

-> On a demandé une fois à Rav ‘Haïm Kanievski : pourquoi est-il écrit dans ce verset : ‘le lion a rugi’ (au passé) et non pas ‘le lion rugit’, (au présent), puisque ces jours redoutables reviennent chaque année et que nous nous trouvons en ce moment dans cette période?
Sa réponse fut la suivante : nous avons la émouna, en tant que croyants fils de croyants, que tout ce qui nous est arrivé durant l’année écoulée a été décrété à Roch Hachana. Et lorsque nous réfléchissons à ce qui s’est passé durant celle-ci, nous réalisons soudain qu’un tel qui était alors parmi nous ne fait déjà plus partie de ce monde, tandis qu’un autre qui comptait parmi les riches de la ville tend aujourd’hui la main pour demander l’aumône, que celui-ci est tombé malade (que D. préserve), et qu’un autre a subi de lourdes pertes.
Nous nous rendons ainsi à l’évidence que le "le lion a rugi", à savoir le ‘Lion’ de l’année dernière nous avait crié : ‘Voyez ce qui a été décrété!’
Nombreux sont ceux qui n’auraient même pas imaginé qu’il leur arriverait ce qui leur est arrivé. Et en particulier cette année! (Qui aurait seulement eu l’idée à Roch Hachana dernier que le monde entier ressemblerait à ce qu’il est aujourd’hui, en cette fin d’année ?)
Dès lors : "qui ne serait pas saisi de crainte" à l’approche de la nouvelle année?

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Certains se disent : "Pourquoi avoir peur du ‘lion qui rugit’ ? Je le connais bien de l’année dernière, de l’année précédente et de toutes les années auparavant! Pourquoi faire de Roch Hachana une telle affaire effrayante? Ne s’est-il pas déjà écoulé autant de Roch Hachana que les années de ma vie?"
Mais en réalité, ils ne connaissent pas ‘le véritable rugissement du lion’, mais seulement l’image qu’ils s’en font.
S’ils comprenaient réellement le sens du Yom haDine (jour du Jugement) et réalisaient que toute leur existence et leur avenir sont alors (au sens littéral) placés sur le plateau d’une balance, ils entendraient certainement ce rugissement et seraient saisis de crainte par sa voix.

On a une fois demandé à rav Israël Salanter : "Pourquoi faites-vous de Elloul ‘un si gros ours’ ?"
Il répondit : "Vous avez raison, Elloul ne ressemble pas à un ours, mais il est beaucoup plus que cela.
Voyez vous-même : le roi David ne craignit pas cet animal et le mit en pièces, comme il est dit : "Ton serviteur a frappé le lion comme l’ours" (Chmouël 17,36) et pourtant, il déclara : "Ma chair s’est hérissée de la terreur que Tu inspires et je redoute Tes jugements" (Téhilim 119,120).
Néanmoins, il y a une différence entre la peur provoquée par la présence d’un ours et le besoin de le fuir et celle suscitée par le mois d’Elloul : en effet, un homme fuira en s’éloignant d’un ours menaçant d’autant qu’il le pourra.
En revanche, lorsqu’il est question de la crainte inspirée par Hachem et par l’éclat de Sa Majesté, nous ne prenons
pas la fuite en nous éloignant de Lui, mais nous fuyons vers Lui.
C’est ce que le Rambam exprime dans son commentaire de la Michna (Roch Hachana chap.4) à propos de cette période : "Ces jours sont des jours de travail sur soi, de soumission à Hachem, de peur et de crainte de Lui. On Le craindra, on fuira en trouvant refuge vers Lui."

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-> Le rav Salanter (Ohr Israël - lettre 7) dit que le Shofar doit inciter une personne à se réveiller de son sommeil, à examiner ses actions et à abandonner toutes les futilités avec lesquelles il s'occupe.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva) explique que la référence aux "personnes endormies", fait allusion à ceux qui ont oublié la vérité car ils sont trop accaparés par les occupations de ce monde. Ils sont endormis spirituellement parlant.
A ces gens, le Rambam dit que le Shofar crie : "Réveillez-vous! Examinez votre âme et améliorez vos actions! Abandonnez vos mauvaises actions et vos mauvaises pensées!

En effet, on peut être une très bonne personne, mais notre yétser ara nous a endormi dans une routine quotidienne. Sous le poids de nos préoccupations, nous n'avons pas le temps de penser.
La tête dans le guidon nous sommes à 100% pour ce monde où l'on n'est que de bref passage, négligeant de s'investir pour notre monde éternel!

Le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 10) écrit : "Les gens sont si préoccupés par les fardeaux de leur vie, qu'ils peuvent tomber dans la faute et ne rien ressentir du tout".
On peut être physiquement réveillé, mais notre conscience dort.
On est trop occupé pour avoir le temps de penser spirituel.
On est prisonnier d'une routine, nous agissons par habitude, plutôt que de mettre des pensées dans nos actions.
Vivre sans pensées spirituelles, c'est être endormi, sans vie.

=> Ainsi, le pouvoir de la routine est si fort que lorsque le mois d'Elloul arrive nous sommes nullement affectés (quelle différence à nos yeux? en apparence, c'est un mois comme un autre!). Nous continuons à vivre comme si de rien n'était!

Le Gaon de Vilna enseigne qu'à l'opposé de celui qui vit sa vie en fonction de ses désirs (moi, j'ai envie de ... et de ... ), il y a celui qui vit une vie avec la crainte d'Hachem (yir'at chamayim).
Avec de la yir'at chamayim, on a conscience du but de notre vie, et de notre finalité.
On comprend à quel point la vie est importante, et combien de belles choses on peut accomplir.
On a conscience que la vie n'est qu'un chemin du trajet vers notre destination finale, le monde à Venir, où l'âme rejoindra Hachem et où il y aura un plaisir inimaginable.
Ce n'est qu'avec de la crainte d'Hachem qu'on peut utiliser ce monde au maximum, qu'on peut réfléchir à nos actions et à quel point elles nous permettent d'accomplir notre mission dans la vie.

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = certes Elloul, Roch Hachana, ... sont des rendez-vous annuels très propices pour nous réveiller de notre sommeil spirituel (ex: le Shofar), mais nous devons alimenter notre crainte d'Hachem, au point d'avoir une peur similaire à celle d'être face à un lion rugissant.

Nous devons faire de ces 4 convocations saintes des moments de rugissements du lion (D.) nous conduisant à nous blottir dans Ses bras (Mes enfants, revenez vers-Moi!).
Face à ce lion rugissant férocement, nous réalisons qu'Il est notre unique refuge, qu'Il est Le seul à nous permettre d'être en vie, que seul Lui peut nous sauver/aider à chaque instant.
A tout moment Hachem nous observe, et nous n'existons que grâce à lui (ex: selon nos Sages à chaque respiration notre âme veut nous quitter pour rejoindre le Ciel, mais Hachem lui ordonne de retourner dans notre corps).
Plus nous prenons conscience de la grandeur d'Hachem, de la gravité du rugissement, plus nous nous blottissons contre papa Hachem, et plus de là en découlement un amour puissant et fort qui nous illuminera l'année à venir.
Plus le lion rugit puissamment en nous (crainte d'Hachem), plus nous en viendrons à rugir avec force : "Hachem on t'aime! On ne compte que sur Toi! Il n'y a et on ne veut que Toi!"

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-> Bil'am décrit le peuple juif : "Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

Cela témoigne que nous avons en nous cette capacité à s'élever de nos habitudes quotidiennes, de notre torpeur, et nous pouvons rugir comme un lion.
[Rachi commente ce verset : Quand ils se lèvent le matin après avoir dormi, ils (les juifs) sont forts comme une lionne ou un lion pour se hâter d’accomplir les mitsvot.]

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = Ces jours nous rugissent, provoquant une grande peur. Mais ensuite nous devons faire un bilan, se développer, s'améliorer, et alors nous pouvons rugir.
L'idée est très importante : à l'image d'un lion qui a vécu toute l'année dans un poulailler, nous croyons que nous sommes de simples poules, et à l'approche des jours redoutables le rugissement des lions nous fait très peur.
Cela doit provoquer que nous élevons notre intériorité : nous prenons conscience de la grandeur d'un juif, nous agissons de façon beaucoup plus noble et spirituelle, ...
Ainsi au final, nous comprenons qu'à l'image du lion qui est le roi des animaux, les juifs sont au sommet de l'humanité, avec les responsabilités que cela implique.
D'ailleurs, le Zohar nous enseigne que si nous avions conscience d’à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.

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+ "Ce peuple se lève comme un lionceau, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

-> Le "lion" est plus fort que le "lionceau".
Quand un juif se lève pour servir Hachem, il est seulement comme un "lionceau", mais rapidement on lui vient en aide du Ciel, "celui qui vient se purifier, on l’aide", et il se dresse comme un lion.
[Maayana chel Torah]

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-> Rabbénou Bé'hayé (Séfer haYira - Kohélet 3,1) écrit : Pourim est le temps pour se réjouir et jeûner, le mois d'Av un temps pour s'endeuiller, et la période d'Elloul à la fin de Yom Kippour, on doit trembler et avoir peur du jugement devant nous.

De même, le Tour (siman 581) dit que le travail des jours d'Elloul est de trembler de crainte, ce qui doit nous amener à faire téchouva.

Le rav David Povarsky dit que pendant tout le mois d'Elloul, on doit être tellement immergé dans notre préparation pour les jours redoutables que si quelqu'un nous demande : "Quel jour on est?", notre première réaction doit être : "Aujourd'hui c'est Elloul!".

Selon le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 14), on fait référence à Roch Hachana et Yom Kippour comme des "yamim noraim" (jours redoutables), mais en réalité tout le mois d'Elloul les jours sont vraiment des : "jours de crainte".
Rav Salanter ajoute qu'autrefois, chaque personne qui entendait l'appel au mois d'Elloul tremblait de peur.
Cette peur/crainte générait que les gens deviennent plus proches d'Hachem, chacun personne à son niveau.

-> Le rav Mattisyahou Salomon enseigne :
"Le mois d'Elloul est une extension de Yom Kippour.
Yom Kippour est spécialement dédié à la téchouva et au pardon, car Hachem a pardonné en ce jour au peuple juif.
Mais en réalité, il n'est que l'apogée de 40 jours, dont chacun a fait partie du processus de pardon.
[en abordant chaque jour d'Elloul avec le même sérieux que nous abordons Yom Kippour, nous nous permettons d'en exploiter son potentiel sublime.]
Ainsi, ces jours d'Elloul sont très propices à la prière et au pardon [de nos fautes] ...

Suite au Veau d'or, Moché a passé 40 jours de prières au Ciel, pour en obtenir le pardon. Ces 40 jours ont commencé à roch 'hodech Elloul, jusqu'à Yom Kippour, où Hachem a accordé son pardon.
[chaque année cette période est donc propice pour obtenir nos prières et notre pardon]."

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