Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ "Une guerre âpre oppose le corps et l'âme qui sont en désaccord, et la guerre s'intensifie à chaque jour qui passe.

Une fois par an, cependant, durant le jour saint et redoutable de Yom Kippour, la paix règne entre eux et ils forment une seule entité pour servir D.
En ce jour d'une grande sainteté, où D. fait régner Sa crainte sur chaque homme, le corps s'abaisse et se plie aux aspirations de l'âme.

Le corps et l'âme s'embrassent et se lient pour servir D. dans la sainteté, au point que, rapporte le midrach, le Satan lui-même dit : "Maître du monde, Tu as un peuple qui ressemble aux anges de service"

[le Téfila léMoché]

Kippour – Se réconcilier avec son prochain même quand ce dernier est en tort

+ Kippour - Se réconcilier avec son prochain même quand ce dernier est en tort :

-> La guémara (Yoma 87b) rapporte le récit suivant :
"Rav lisait un passage des Néviim en présence de Rabbi lorsque Rav 'Hiya entra. Rav reprit alors sa lecture depuis le début et continua. Puis, Bar Kapara entra, et à nouveau, Rav reprit sa lecture. Rabbi Chimon, fils de Rabbi entra également, et encore une fois, Rav recommença depuis le début.
C'est alors que Rabbi Hanina bar 'Hama entra, mais cette fois-ci, Rav ne recommença pas depuis le début. Rabbi 'Hanina lui en tint rigueur. Avant Yom Kippour, Rav se rendit chez. lui 13 fois afin de se réconcilier, mais il n'accepta pas ses excuses."

Or la guémara remarque : "La loi est que l'homme demande pardon 3 fois, pas plus. Cependant, bien que ce soit le Din, Rav se montra rigoureux envers lui-même."

-> Le Sfat Emet pose la question suivante : si selon la halakha Rav ne blessa pas Rabbi 'Hanina, pourquoi lui demanda-t-il pardon? Et s'il lui demanda, pourquoi ne se contenta-t-il pas de 3 fois, comme la Halakha nous enseigne?

Et il nous donne la réponse suivante : "Bien que selon la Halakha pure, Rav ne lui portât pas atteinte, malgré tout son acte contenait une once d'offense à Rabbi 'Hanina. S'il n'avait repris sa lecture pour personne, Rabbi 'Hanina n'aurait pas été blessé. Mais après avoir relu le passage pour 3 autres personnes, il est compréhensible que Rabbi Hanina ait été blessé lorsqu'il ne voulut pas reprendre sa lecture pour lui également."

Le Sfat Emet explique : "En réalité, selon la loi, Rav n'avait pas besoin de reprendre sa lecture pour Rabbi 'Hanina, et donc ce sentiment de rancœur de Rabbi 'Hanina envers Rav n'était pas justifié. Malgré tout, Rav agit sagement lorsqu'il se rendit chez lui la veille de Yom Kippour afin de se réconcilier, car en ce jour, il y a une insistance particulière sur le fait de se réconcilier avec son prochain, et il n'y a pas de différence s'il a raison de lui tenir rigueur ou non."

La raison à cela est la suivante : si tu as offensé ton ami, la réalité est telle qu'il se sent blessé. Ainsi, ton intention (de vouloir ou non l'offenser) ne change rien.
Même si selon la halakha il n'y a pas eu d'offense, cela n'annule pas la réalité ; cet homme est blessé.
Puisqu'il y a une insistance particulière à ce sujet le jour de Kippour, réconcilie-toi donc avec ton prochain et efface la colère qu'il a contre toi, pour l'avoir blessé.
[rav Barou'h Rozenblum]

"Quelques larmes versées pendant les 10 jours de pénitence, à Kippour, permettent d'éviter beaucoup de larmes pendant le restant de l'année"

[Rav Yaakov Galinsky]

Si seulement on avait conscience de l'impact de nos larmes versées par regret sincère de nos fautes, par amour fou d'Hachem pour souhaiter s'améliorer, vivre un quotidien plus proche de D., ... ; on pourrait s'éviter plein de moments difficiles durant l'année à venir.

Yom Kippour

+ Yom Kippour

-> "Il y a 365 jours dans le calendrier solaire.
Le Satan (haSatan - השטן), qui a une valeur numérique de 364, se tient en accusation contre Israël tous les jours, à l'exception de Yom Kippour"
[midrach Vayikra rabba 21,4 -> 365j - 1j = 364j]

-> "Bien qu'Israël se souille par leurs fautes durant toute l'année, Yom haKippourim vient et les expie (répare)"
[midrach Chir hachirim rabba 1,37]

-> "Si vous vous repentez durant les 10 jours de pénitence, et que vous venez devant Moi le jour de Kippour, même si vous avez des fautes qui s'étendent de la terre au ciel, Je les blanchirai comme la neige"
[Pessikta déRav Kahana]

-> "S'il n'y avait pas Yom Kippour, le monde ne tiendrait pas, car Yom Kippour répare les fautes dans ce monde et dans le monde à venir"
[Pirké déRabbi Eliyahou]

-> "Il n'y a pas de plus grand plaisir à D. que lorsque Ses enfants se débarrassent de leurs impuretés et peuvent se tenir devant Lui totalement purs, intérieurement et extérieurement [à Yom Kippour].

Même si Hachem doit subir l'indignation de voir les fautes s'empiler devant Ses yeux, cela vaut le coup, au regard des hauteurs spirituelles que Ses enfants peuvent atteindre au travers ce processus de raffinement."
[Tana débé Eliyahou Rabba - chap.1]

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-> "A Yom Kippour, les juifs sont liés à D. par de puissants liens d'amour.
Cet état, fait qu'ils sont élevés au niveau des âmes, qui n'ont plus besoin de leur corps pour pouvoir exister sur terre.
Un engagement dans les aspects matériels de la vie ferait interférence avec cette intense liaison entre les juifs et D."
[le Chèm miChmouel]

-> "Une personne est jugée à Yom Kippour selon ce qu'elle est à ce moment précis.
Ainsi, il est essentiel de donner de la force à l'âme et d'affaiblir le corps physique, en ce jour spécial"
[Séfer haChinou'h - 313]

-> "Le dérangement physique dont une personne va souffrir durant Yom Kippour va amener sur elle, une grâce divine qui peut durer jusqu'au prochain Kippour"
[Yichma'h Moché]

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-> "Le mot hébreu pour : "un jeûne" est "taanit" (תענית).
Les lettres de ce mot peuvent être réarrangées en : "tét ani" : donner à un pauvre.
Cela fait référence à la parole de nos Sages : "La récompense principale d'un jour de jeûne est déterminée par le montant de tsédaka donné" (guémara Béra'hot 6b)."

[Chla haKadoch]

En jeûnant, nous minimisons notre matérialité pour laisser davantage s'exprimer notre spiritualité.
Par ailleurs, nous pouvons également y ressentir la mitsva de : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

De même, qu'il ne nous est pas agréable de devoir nous priver de nourriture, par le fait de devoir jeûner, on peut se rendre compte de la souffrance de nos frères qui sont dans cette situation au quotidien.

Aimer son prochain comme soi-même, c'est vivre son vécu, pour mieux comprendre, ressentir sa douleur physique et psychologique.
Comment alors ne pas donner à la tsédaka, alors que nos frères en sont contraints à quasiment jeûner tous les jours, faute de moyens suffisants?

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-> Dans la paracha Pin'has, la Torah détaille les sacrifices apportaient pendant Yom Tov.
Elle emploie le mot : "yom" (jour) pour toutes les fêtes (même pour Roch Hachana), à l'exception de Yom Kippour où ce mot n'est pas utilisé.
Pourquoi cela?

Le midrach (Eliyahou rabba 1) explique le verset : "Il a créé les jours, mais n'en a pas inclut un parmi eux" (Téhilim 139,16), comme faisant référence au jour de Kippour.
Le Yalkout Yits'hak (Rabbi Yits'hak Zoller) commente : A Yom Kippour, les juifs sont comparables à des sacrifices, puisque la graisse et le sang de notre corps diminuent suite au jeûne, et que notre matérialité s'annule, disparaît au profit de notre spiritualité (âme).
De même que nos corps transcendent le plan physique, de même ce jour dépasse la dimension ordinaire du temps.

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-> "Si nous n'avions Yom Kippour qu'une fois tous les 70 ans, cela nous aurait suffi.
Le bonheur qu'éprouveraient les hommes du cadeau superbe qu'est l'expiation de Yom Kippour est indescriptible."
[Rabbi Israël Salanter]

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-> Dans le moussaf des yamim noraïm, Rabbi Amnon de Mayence a introduit : "Les anges se hâteront et seront saisis de crainte et de tremblement et diront : voici le jour du jugement où toute l’armée céleste va passer en jugement."

=> Il faut comprendre : si les hommes craignent le jour du jugement parce qu’ils ont péché et ne savent pas si la justice va les trouver innocents ou non, pourquoi les anges du service, eux, craindraient-ils? Ils ne commettent aucune faute!

Quand un homme accomplit une mitsva en ce monde, il crée un ange qui le défendra dans le monde à venir. S’il a commis une faute en ce monde, il crée un ange accusateur qui l’accusera au jour du jugement. [cf.Zohar III 83b)]

Nos Sages (guémara Yoma 20a) disent que : "haSatan" a la valeur numérique de 364. Pendant 364 jours il a le droit d’accuser, mais le jour de Kippour il n’a pas le droit d’accuser.
Cependant même si le Satan n’accuse pas, tous ces anges destructeurs qui ont été créés par les fautes commises par l’homme sont toujours là et l’accusent. Que fait Hachem?
Il fait tomber une grande peur sur ces anges, et comme ils ont peur, ils ne peuvent pas ouvrir la bouche pour accuser. C’est de ces anges que parle Rabbi Amnon dans son poème, "les anges se hâteront et seront saisis de crainte et de tremblement", tout à coup la peur les saisira et ils ne pourront plus accuser les juifs.
[b'h, compilation personnelle d'un divré Torah de rabbi David Pinto]

"La raison qui fait que l'on nomme aussi Yom Kippour par : "Yom haKippourim" (un pluriel), est parce que ce jour a un pouvoir d'expiation non seulement pour les vivants, mais aussi pour les personnes mortes."

[le Darchei Moché]

=> A Kippour, au-delà de nous juger, D. va réactualiser positivement ou négativement le jugement de tous nos ancêtres, dont nous sommes le prolongement vivant.

Faire téchouva, c'est se nettoyer soi-même de ses fautes, mais c'est également éviter d'en "offrir" à nos ancêtres par ricochet.
A l'inverse, imaginons avec quel plaisir, fierté, ils vont recevoir nos actes méritants, qui vont les élever et les orner de gloire davantage dans le monde de l'éternité.

Imaginons nos milliers d'ancêtres qui nous regardent en permanence, mais en particulier à Yom Kippour. Qu'allons-nous faire pour eux, en ce jour si important?

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-> Le jour est appelé : "Yom haKippourim" (littéralement : "jour des pardons"). Il y a un emploi du pluriel car une double expiation est fournie : pour les vivants et pour ceux qui sont morts.
[Baér héTiv - Ora'h 'Haïm 621,8]

-> Pourquoi est-ce que les morts ont-ils besoin d'une expiation?
Si leurs enfants ou petits-enfants ne vivent pas selon la Torah, ils sont en partie tenus responsables pour avoir échoués à leur avoir donnés une bonne éducation et orientation.
C'est pourquoi ils ont besoin que Hachem leur accorde le pardon même après leur mort.
['Hatam Sofer]

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-> "Au 10e jour de ce 7e mois, qui est le jour des Expiations (yom hakippourim - יוֹם הַכִּפֻּרִים)"
Rabbi Israël Spira (le Bluzhover Rebbe - dans le Séfer Tsvi laTsaddik) demande : "Si Yom Kippour ne dure qu'une seule journée, pourquoi est-il écrit au pluriel (Kippourim)?"
Il répond que la Torah fait allusion au fait qu'en réalité il y a 2 Yom Kippour : le 1er est le jour de Yom Kippour, et le 2e est Hochana Rabba. Ce sont tous les 2 des jours de 'hatima (être scellé dans le livre de la Vie ou de la mort) et de kappara (du pardon).
C'est pourquoi la Torah emploie la forme plurielle : yom hakippourim (יוֹם הַכִּפֻּרִים).

Kippour et Pourim

"Yom Kippour est un jour, comme Pourim (kéPourim). "
[Tikounei Zohar 57b]

-> Kippour, en plus d'amener sur nous le pardon, est aussi le jour de la réception de la Torah, puisque c'est en ce jour que Moché est descendu du Sinaï avec les 2e Tables de la loi (selon guémara Taanit 30b).

-> C'est à Pourim, que les juifs ont accepté la Torah par eux-même (sans en être forcés comme au mont Sinaï).

Le Gaon de Vilna fait un commentaire à ce sujet.
Chaque Yom Tov doit avoir 2 parties : une moitié consacrée à Hachem (prières et Torah) et l'autre moitié pour nous (célébrer la fête par des repas joyeux).

Pourim et Kippour sont comme un seul jour :
-> à Kippour = c'est une journée pour D. (on ne mange pas, on prie toute la journée, ...)
-> à Pourim = c'est une journée pour nous (on mange, boit, on fait la fête, ... en l'honneur de D.).

Kippour est un semblant de Pourim, car en élevant la matérialité, on a la possibilité de dépasser le purement spirituel.
D'ailleurs, c'est la vision juive de la vie : être dans la réalité et la sublimer selon la volonté de D., pour notre plus grand plaisir.

Le Zohar nous enseigne dans ce sens :
"Ce qui peut être accompli à Yom Kippour en affligeant le corps, peut être atteint à Pourim par le biais de la nourriture et de la boisson."

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-> Un Sage a fait remarquer : "Le jour de Kippour les mécréants se déguisent en justes, s'enveloppent du Talith à la synagogue et nous les associons à notre prière.
Le jour de Pourim, c'est le contraire : les justes se déguisent en méchants!"

-> Le Arizal fait remarquer que Yom Kippour est un jour de téchouva par la crainte, tandis que Pourim est un jour de téchouva par amour.

-> En Pourim 1941, dans le ghetto de Varsovie, les juifs étaient brisés et abattus, et il n'y eut personne capable de se réjouir.
Rabbi Kalonymus Kalmich s'exprima ainsi : "Dans le Zohar, il est dit que le jour de Kippour est semblable à Pourim. Ainsi, de même qu'à Kippour, nous sommes obligés de jeûner par décret d'Hachem, et ce qu'on le veuille ou non, de même, faut-il être joyeux à Pourim.
Sans tenir compte du démon nazi qui se déchaîne dehors, on a l'obligation de se réjouir!"

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+ "Toutes les fêtes juives seront un jour annulées, à l'exception de Pourim qui sera toujours célébrée.
Rabbi Eliézer y ajoute : Yom Kippour."

[midrach Yalkout Chimoni Michlé - rémez 944]

-> "Tous les livres des Névi'im et des Kétouvim seront annulés aux jours du machia'h, à l'exception de la méguilat Esther, qui restera, tout comme les 5 livres de la Torah et les lois de la Torah Orale, qui ne seront jamais annulés
[...]
Les jours de Pourim ne seront jamais abandonnés."

[Rambam - Hilkhot Méguila 2,18]

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-> Réflexion du rav Chimchon Pinkous sur la dualité Pourim et Yom Kippour :
"Tant la joie de Pourim que le sentiment de Yom Kippour sont enracinés dans l’essence de la vie elle-même.
A Yom Kippour, on sent que nous recevons une chance de vivre dans le futur malgré notre passé [imparfait].
La joie de Pourim, d’autre part, est pour la vie elle-même (on a été sauvé d'une mort certaine!), le sentiment de joie pour la vie en soi ne peut pâlir ; c’est comme la joie d’une personne le jour de son anniversaire ne diminue jamais parce que c’est le jour où la vie lui fut donnée.
Il en ressort donc que la joie de Pourim n’est pas liée au passé, n’est pas relative aux miracles qu'Hachem accomplit pour cette génération, mais elle est plutôt relative au sentiment [de joie pour la vie même] qui est renouvelé dans chaque génération."

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-> Selon le midrach (Yalkout Chimoni - Michlé 944), après la venue du machia'h, toutes les fêtes seront annulées, à l'exception de Pourim et de Yom Kippour.

-> Le Maharal (Tiféret Israël - chap.53) enseigne que Pourim et Kippour ont pour similitude d'être comparable à une résurrection des morts :
- à l'époque d'Haman, toute la nation juive devait être anéantie.
- à Yom Kippour, en conséquence de nos nombreuses fautes, nous devrions mériter la mort, que D. nous en préserve.

=> Puisque Pourim et Yom Kippour sont toutes les deux une forme de résurrection des morts, il est appropriée de continuer à les observer dans le futur, à l'époque qui suivra celle de la résurrection des morts.

-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 58b) enseigne quelque chose de similaire :
Lorsque nous n'avons pas vu un ami depuis une période de 12 mois, nous disons la bénédiction : "qui ressuscite les morts". (michna Broura 225,4)
A Roch Hachana et Yom Kippour, une personne est jugée pour savoir si elle va mériter de vivre pendant l'année à venir ou pas. Ainsi, si l'on revoit un ami plus d'un an après, cela veut dire qu'il a passé le jugement de Roch Hachana et de Kippour en méritant de vivre, et nous devons donc remercier Hachem de lui avoir dispensé d'un décret de mort.

"De la même façon qu'un homme se comporte (avec son prochain), le Ciel se comportera avec lui"

[guémara Sotah 8b]

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-> "Celui qui juge son prochain avec bienveillance sera jugé, lui-même (par le Ciel) avec bienveillance"
[guémara Shabbath 127b]

->"Celui qui juge son prochain avec indulgence amène le Shalom"
[Rachi - guémara 127b]

-> "Celui qui a pitié des créatures, le Ciel le prendra en pitié, mais celui qui n'a aucune pitié des créatures ne doit attendre du Ciel aucune pitié"
[guémara Shabbath 151b]

-> "Aussi longtemps qu'un homme est cruel dans sa nature, Hachem se comporte de même avec lui, car Il n'est miséricordieux qu'envers ceux qui sont miséricordieux (avec autrui)"
[Or ha'Haïm haKadoch - Dévarim 13,18]

-> "Celui qui bouche ses oreilles devant les supplications du pauvre implorera à son tour, mais ne sera pas exaucé (par le Ciel)"
[Michlé 21,13]

-> "Celui qui se montre indulgent (envers autrui) verra un jugement indulgent (à Roch Hachana) sur tous ses péchés"
[guémara Roch Hachana 17a]

Rachi commente "celui qui se montre indulgent" (Roch Hachana 17a) par :
"celui qui ne se montre pas intransigeant, qui renonce à se venger mesure pour mesure de ceux qui l'ont offensé (ou lui ont fait du mal) et qui laisse passer et oublie".

La guémara (Roch Hachana 17a) rapporte l'histoire de rav Houna ben rav Yéhochoua, qui était sur son lit de mort.
Rav Papa est venu lui rendre visite, et il a alors compris que son âme était déjà retournée à Hachem.
Rav Papa a demandé de préparer les funérailles de rav Houna.
Cependant, peu après, rav Houna a repris connaissance et s'est senti mieux.
Il a répondu à leur interrogation : "En réalité, j'étais mort. Cependant, Hachem a dit à la Cour céleste que puisque j'ai toujours cédé durant ma vie, Il me donne maintenant des années supplémentaires à ma vie."

=> Sur le moment, il est très dur de céder. Il est intéressant de se rappeler alors la récompense exceptionnelle qui en découle.

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"Juge ton semblable équitablement" (Kédochim 19,15)

+ "Juge tout homme favorablement" (Pirké Avot 1,6)

-> Le Baal Chem Tov disait à ce sujet :
Est-ce que toute personne se doit d'être un juge?
Qui est-ce qui l'a nommé et lui a donné sa sémi'ha (son autorisation de juger)?

La réponse est que : Oui, elle est un juge : en jugeant son prochain favorablement, elle est en train de se juger elle-même!

=> Lorsque j'émets un avis sur une autre personne, c'est sur moi-même que j'émets cet avis.
Ainsi, quel intérêt ai-je à me "flinguer"?

Le rav Yaakov Galinsky disait que si D. regarde avec rigueur nos bonnes actions : Est-ce que toutes les halakhot sont respectées en détail? Est-ce que la kavana est adéquate? Est-ce qu'il y avait suffisamment de joie et d'entrain? ...
Ainsi, si D. exige la perfection totale, combien aurions-nous encore de mérites pour nous défendre?
Nous serions même sûrement appelés racha ...

A l'inverse, si durant notre vie nous avons jugés autrui favorablement, alors D. en fera de même : atténuant l'impact des avérot, et au contraire, agrandissant le mérite de nos mitsvot.

=> Juger autrui favorablement, agir avec son prochain de façon miséricordieuse, ... n'est pas un luxe dont nous pouvons nous passer!!

Aime ton prochain comme toi-même = l'autre est toi-même, dans le sens où ta façon d'agir à son égard, va déterminer la façon dont D. va se comporter avec toi.

=> Combien devons-nous avoir à cœur et être vigilant au bien-être, à notre amour de l'autre.

"On doit être prompt à pardonner et lent à la colère, et lorsque le fautif demande pardon, on doit le lui accorder de tout cœur et dans un esprit d'amour.
Même si [le fautif] nous a causé beaucoup de peine, et nous a fait très mal, on ne doit pas chercher à se venger.
[...]
[Pardonner sans réserve et dans un esprit d'amour,] c'est l'attitude que leur cœur sincère dicte aux enfants d'Israël.
Mais les non-juifs qui ont le cœur obstrué se comportent différemment et conservent éternellement leur rancune"

[le Rambam - Michné Torah - Hilkhot Téchouva 2,10]

Le rav Mattitiahou Salomon dit que selon le Rambam, la ligne de démarcation entre ce qui est exigé du peuple juif et la conduite des autres nations du monde, n'est pas au niveau de la émouna, des mitsvot, ... mais au niveau des midot.

Seuls les juifs doivent se hisser à un tel niveau de distinction, de raffinement, acquérir une telle noblesse de caractère, au point de pouvoir sincèrement pardonner et oublier, au point de devenir de bons amis avec ceux qu'ils ont peut-être considérés comme leurs pires ennemis.

C'est une chose qui n'est exigée que d'un juif, descendant et héritier spirituel d'Avraham, de Yits'hak et de Yaakov.

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Le prérequis est le fait de préserver sa sainteté, en faisant particulièrement attention à 2 mitsvot : les relations interdites et les aliments interdits.

Bénéficier du jugement collectif

+ Bénéficier du jugement communautaire (klal) :

-> Le Tour écrit que nous devons nous couper les cheveux et nous baigner le jour de Roch Hachana parce que nous avons foi en la bonté d'Hachem qu'il nous jugera favorablement.
D'autre part, le Choul'han Aroukh dit que nous devrions jeûner la veille de Roch Hachana.

=> Il semble y avoir une incohérence évidente dans la manière dont on nous enseigne à aborder le jour du jugement. Devrions-nous être confiants dans le fait que nous serons jugés méritants, ou devrions-nous être effrayés par l'issue du jugement?

-> Le rav Eliyahou Lopian (Maaré'hét haTéchouva) cite l'Alter de Kelm qui dit que nous sommes confiants en ce qui concerne le jugement communautaire (du klal), mais nous devons jeûner et craindre le jugement de l'individu.
Si les individus qui composent le peuple juif (klal Israël) ont des raisons de craindre leur jugement personnel, pourquoi le jugement communautaire devrait-il donner à chaque personne une meilleure chance d'en sortir victorieuse?
La somme totale n'est-elle pas aussi grande que le cumul de ses parties? En quoi cela aide-t-il les individus à être jugés ensemble en tant que nation?

Le rav Lopian répond que le'Alter de Kelm voulait dire que le jugement concernant le grand public n'est pas simplement un jugement de plusieurs individus en tant que groupe ; il s'agit plutôt d'un jugement qui est qualitativement différent. La compassion d'Hachem se manifeste plus facilement lorsqu'il s'agit de juger la communauté.

Le rav Lopian explique que le Tour susmentionné parle du jugement communautaire. Nous devrions nous sentir confiants à l'égard de ce jugement, car il est moins rigoureux.
Le jeûne avant Rosh Hachana concerne le jugement individuel.

[Le Tour susmentionné cite un midrach qui affirme que la joie que nous devons ressentir avant Roch Hachana découle de la confiance du peuple juif dans le fait que "Hachem yaassé la'hem ness" (Hachem fera pour eux un miracle).
Le mot "la'hem" semble indiquer que le jugement qui permet d'être méritant de manière miraculeuse est le jugement communautaire. Lorsque nous sommes jugés en tant que membres d'un klal, nous pouvons mériter un jugement miraculeux.
(on trouve un exemple à cela dans le fait de prier avec la communauté (minyan), où nos prières montent facilement (noyées dans la masse), tandis que pour une prière individuelle on va examiner si la personne a de la kavana, si elle est méritante, ...). Hachem est tellement content de voir ses enfants unis qu'Il est beaucoup plus large, miraculeux, dans sa façon de déverser ses bénédictions, de juger, ... ]

=> Comment pouvons-nous mériter de faire partie de ce jugement communautaire?
Le rav Lopian dit que nous devons nous concentrer sur les autres, penser et agir comme des membres d'une même famille. Plus une personne aide les autres, plus elle fait partie du klal, suscitant ainsi la compassion du Ciel et donnant lieu à un jugement complètement différent.

-> Cette explication du rav Eliyahou Lopian sur les paroles du Alter de Kelm peut être mieux comprise grâce à la réflexion supplémentaire suivante de rav Lopian (Lev Eliyahou - Haazinou).
Nous savons qu'Hachem est un "Kel émouna" (un D. de vérité) (Haazinou 32,4). Pourquoi, alors, la Torah doit-elle ajouter juste après qu'Hachem est "én avel" (jamais inique)?
S'Il est totalement vrai, cela ne signifie-t-il pas qu'Il n'est pas injuste?

Le rav Lopian répond qu'Hachem ne juge pas comme le fait un tribunal classique, en infligeant une punition strictement basée sur les actions de la personne.
Le jugement d'Hachem est une décision globale qui est prise en tenant compte de tous les résultats possibles du verdict. L'expression "Il ne fait rien d'injuste" laisse présager qu'Hachem n'appliquera pas un décret s'il affecte injustement quelqu'un d'autre par la suite.

-> En gardant cela à l'esprit, nous pouvons maintenant comprendre pourquoi le fait de tendre la main et d'aider les autres peut inclure quelqu'un dans le jugement communautaire miséricordieux.
En étant une personne sur laquelle les autres comptent, de nombreuses personnes sont affectées si cette personne n'est plus là. Hachem ne causera pas d'inconfort ni de douleur aux autres en les privant de cette personne.

Le jour de Yom Kippour, le rav 'Haïm Chmoulévitz parlait de la nécessité de tendre la main aux juifs non religieux et de prier pour leur bien-être spirituel.

Avant la prière de Neïla, le rav Yossef Shalom Eliyachiv (Divré Aggada - Yamim Noraïm) s'adressait à sa communauté, disant qu'ils devaient tous prier pour tous les juifs en captivité qui n'ont pas la capacité de prier, ainsi que de prier pour ceux qui sont capturés au sens spirituel, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas observants de la Torah.

[le rav Chmoulévitz et le rav Eliyachiv appelaient les gens à devenir plus communautaires et plus attentionnés en aidant spirituellement les autres (ex: en priant pour le bien être spirituel et matériel), en ce jour de Kippour.
Puisque l'on devient plus nécessaire autour de soi, alors Hachem nous juge donc plus favorablement dans le cadre du jugement collectif, et l'on peut prétendre à obtenir davantage de belles choses d'Hachem.]

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-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,11) se lamente sur sa vie et sur le jour du jugement qui approche.
Il dit que peut-être, en raison du mérite qu'il a toujours eu de dire aux gens qu'ils devraient se repentir, Hachem aura de la compassion pour lui.

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-> L'Alter de Kelm dit : "Même les plus grand des anges (mala'him) ne peuvent résister au jugement d'Hachem, comme nous le disons : "à Tes yeux, ils ne sont pas jugés comme étant dignes" (ki lo yizkou béné'ha badin).
Si cela est vrai pour les anges, que pouvons-nous dire de nous-mêmes ?

L'Alter de Kelm répond : "Chaque personne en soi est en effet en grand danger. Mais le tsibour (communauté juive) a une garantie. Le tsibour survivra toujours. Si une personne fait partie du tsibour, elle a aussi cette garantie".
À Kelm, pour sensibiliser tout le monde à cette idée, un panneau a été accroché au mur qui disait : "Il n'y a pas de roi sans sujets". Si vous faites partie du tsibour, vous faites partie du royaume d'Hachem, et le royaume d'Hachem est assuré de survivre.
[...]

S'il y a un énorme beit midrach avec un millier de personnes à l'intérieur, ce n'est toujours pas un tsibour. Le simple fait d'avoir beaucoup de gens ensemble, mais sans s'aimer les uns les autres et sans être liés les uns aux autres, n'est pas un tsibour.
Par nature, une personne est occupée, toute la journée et toute la nuit, à ne penser qu'à elle-même. Un millier de personnes, dont chacune ne pense qu'à elle-même, n'est pas considéré comme un tsibour !
[...]

Même le plus haut ange ne peut pas accepter la Royauté d'Hachem tout seul.
Les anges doivent le faire en tant que groupe, comme nous le disons dans notre prière (Birkot Kriat Shéma) : "Tous avec amour, tous avec clarté ... avec sainteté ... tous, comme un seul homme, répondent et disent" (koulam ahouvim, koulam bérourim ... koulam kéé'had onim véomrim).
Ils sont tous ensemble, avec amour les uns pour les autres. S'il n'y a pas d'unité, s'il n'y a pas de lien et d'amour, il n'est pas possible d'accepter la Royauté d'Hachem.
[...]

Lorsqu'une personne vit dans son propre petit monde (autour de son nombril), il n'y a pas d'autres personnes dans sa vie ...
Une personne peut vivre toute sa vie, 70 ans, et ne jamais rencontrer quelqu'un d'autre, ne serait-ce qu'une fois.
Si une personne ne travaille pas sur le 'hessed, en remarquant les autres personnes, en pensant à elles et en cherchant à les aider, alors elle est toujours dans son propre petit monde et ne fait pas partie du tsibour.
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Il est impossible de passer à travers le jugement (le din), sans un tsibour et sans le mérite de la communauté.
Mais une personne ne pense pas naturellement aux autres [mais plutôt à elle-même], ni ne se sent pas concernée et se soucie des autres ...
Ce n'est que lorsqu'une personne commence à penser aux autres et à les aider qu'elle est "vient se purifier" (ba létaher). Et alors, du Ciel on l'aide (messayin oto).
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On a demandé à l'Alter de Kelm : "Comment pouvons-nous nous éloigner de l'égocentrisme?"
Il a répondu : "Occupez-vous du tsibour et pensez à eux. Lorsque vous faites cela, lorsque vous vous préoccupez du tsibour, que vous vous occupez d'eux et que vous pensez à eux, vous devenez une partie des tsibour."
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L'Alter de Kelm dit que lorsqu'une personne s'occupe du tsibour mais pense à elle-même, c'est comme si elle adorait l'avoda zara.
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L'Alter de Kelm dit également qu'être utile pour le bien du tsibour (commuantué) présente 2 avantages : cela nous empêchera d'être occupé à penser à soi-même, et le mérite du tsibour sera un mérite et une délivrance (yéchoua) pour nous.

[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

"Yom Kippour est le seul jour de l'année (solaire, de 365 jours) où l'Accusateur est réduit au silence, puisque la valeur numérique de ha-Satan (השטן) est égale à 364"

[Rami bar 'Hama - guémara Yoma 20a]

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-> Le rav Yonathan Eibeschütz (Yaarot Dvach) fait remarquer que le hé (ה) étant l'article défini, et non une partie intégrante du nom (ha-Satan - השטן), il ne devrait pas entrer dans le compte.
Mais en réalité, cette lettre ה, dont la valeur numérique est de 5, fait allusion à 5 autres jours (que Kippour) où le pouvoir Accusateur n'a pas de prise sur Israël. Il s'agit : des 4 jours d'intervalle entre Kippour et Souccot et du 1er jour de Souccot.
Ainsi, il ne peut agir que pendant 359 jours de l'année solaire, correspondant à la valeur numérique de Satan (שטן). [et n'a pas de pouvoir pendant 6 autres jours]

-> Le Satan (ou mauvais penchant) a 2 façons d'agir :
- soit il incite ouvertement l'homme à transgresser ;
- soit il présente à l'homme une transgression qu'il déguise comme s'il s'agissait d'une mitsva.
Ainsi, ha-Satan avec le préfixe "hé" (ה) correspond à la 1ere attitude du Satan qui agit à découvert toute l'année, sauf à Yom Kipour, donc durant 364 jours de l'année.
Par contre, c'est durant les 365 jours de l'année, donc même le jour de Kippour, que le Satan agit de façon cachée en faisant croire que la transgression (avéra) est une mitsva, notamment le jour de Kippour où nous sommes enclins à multiplier les mitsvot.
[Likouté batar Likouté]

-> Lorsqu'un homme faute, incité par le Satan (yétser ara), il entache la lettre ה (hé) du Nom de Hachem.
C'est pourquoi il a été ajouté la lettre ה en préfixe du שטן et la guématria est faite sur השטן et non pas sur שטן.
['Hatam Sofer]

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-> Yom Kippour (10 tichri) correspond au jour où Avraham âgée de 99 ans s'est faire circoncire. Or, la circoncision affaiblit l'influence du yétser ara.
C'est pourquoi, c'est en ce jour de Kippour que le pouvoir du Satan a été affaibli ou annulé.
[Pirké déRabbi Eliézer]

-> Selon la guémara (Yoma 20a), le Satan ne perd à Yom Kippour son pouvoir Accusateur qu'à l'égard des juifs, mais il conserve son pouvoir Accusateur envers les non-juifs.
[Tossafot rabbénou Pérétz - guémara Yoma 20a]

-> Selon le Maharil, le Satan ne perd son pouvoir accusateur que pour les fautes éventuelles commises par les juifs le jour de Kippour. Cependant, pour les fautes commises durant les 364 autres jours de l'année, le Satan conserve son pouvoir accusateur, même si cette accusation s'effectue le jour de Kippour.
[Maharcham]