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"Et les Cohanim et le peuple ... quand ils entendaient le Nom, tel qu'il est écrit, qui sortait de la bouche du Cohen Gadol ..." (Moussaf de Yom Kippour - passage chanté en cœur par toute l'assemblée - véaCohanim véa'am ... késhéayou shom'im ét shèm améforach yotsé mipi Cohen Gadol)

On peut se demander : le mot "yotsé" (qui sortait) n'est-il pas superflu?
(s'ils entendaient, c'est qu'il l'avait dit?)

-> Selon le Ari zal, le Cohen Gadol ne disait pas le Nom de D., mais plutôt, lorsqu'il ouvrait sa bouche pour le dire, de façon miraculeuse le Nom sortait de sa bouche sans qu'il n'ait rien à faire.

-> Il y a un avis dans la michna (Tamid 3,8) que lorsque le Cohen Gadol disait le Nom de D., sa voix était entendu sur tout le chemin jusqu'à Jéricho, qui était distante de 10 parcha, soit environ 40 kilomètres!!

=> On peut comprendre ce phénomène (la voix surpuissante), par les paroles du Ari zal, nous disant que le Nom de D. n'était pas dit physiquement par le Cohen Gadol, mais c'est plutôt par D., lui-même, qui l'émettait au travers de la bouche du Cohen Gadol.

[d'où la nécessité d'avoir le mot : "yotsé" (qui sortait) ...]

Source (b"h) : traduction personnelle issue d’un dvar Torah du rabbi Moshe Bogomilsky (Védibarta Bam)

Les 5 interdits de Yom Kippour

+ Les 5 interdits de Yom Kippour :

-> Il est écrit dans la michna (Yoma 8,1) :
"À Yom Kippour il est interdit : de manger, de boire, de se laver, de s’appliquer des lotions, de porter des chaussures en cuir et d’avoir des relations conjugales."

-> Le Maharal (Dracha léChabbath Téchouva) de dire :

"Toutes les mitsvot que D. a ordonnées en ce jour grand et saint ont pour but d’annihiler le côté physique de l’homme au point qu’il s’élève au niveau d’un ange.
C’est pourquoi nous avons l’ordre de nous affliger afin de supprimer ou d’amoindrir le physique pour en arriver à être aussi purs que des anges …

D. nous a imposé ces 5 interdictions à Yom Kippour afin que notre âme ne soit pas dérangée par notre corps … et étant donné que l’âme a 5 appellations : néfech, roua’h, néchama, yé’hida et ‘haya, cela nous montre qu’elle possède 5 facettes … Similairement, nous avons 5 interdits pour effacer le physique [sur les 5 niveaux]."

On peut noter les paroles du Rama (Choul'han Arou'h 610,4) : "Il y en a qui ont pris l’habitude de porter des vêtements propres blancs à Yom Kippour, symbolisant les anges de service."

-> Au sujet du jeûne, le rav 'Haïm Friedlander (Sifté 'Haïm) d'écrire :
"En jeûnant et en se rabaissant, une personne mérite de s’éloigner de sa nature bestiale : le monde physique, et de se rapprocher de D."

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva n°313) de nous enseigner :
"Nous avons l’ordre de jeûner en ce jour, étant donné que la nourriture et la boisson, ainsi que les autres plaisirs physiques, éveillent la matérialité de l’homme, l’incitent à chercher le désir et la faute, et peuvent le distraire dans sa recherche de la vérité, c’est à dire servir D."

=> Dans une optique de ne pas tenir compte de nos besoins physiques afin de se concentrer entièrement sur la spiritualité, on peut comprendre tous les interdits sauf un : celui de porter des chaussures en cuir.
Pourquoi l’interdit porte-t-il spécifiquement sur les chaussures ?
(On pourrait aussi proscrire le fait de s’asseoir dans des chaussures confortables par exemple.)

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h 'Haïm sur Pirké avot - 1,1) de nous apprendre :
"L’essence de l’âme est son origine supérieure, là-bas est sa demeure principale.
Une partie en descend dans le corps, qui a le statut de "chaussure" pour l’âme.

De la même façon que la chaussure n’est pas un habit pour tout le corps, mais [en couvre] la partie inférieure [c.-à-d les pieds], ainsi le corps n’est pas un vêtement recouvrant la totalité de l’âme.
Il agit plutôt comme un revêtement couvrant seulement la partie inférieure de l’âme.

Le corps est comme une "chaussure" pour l’âme, n’en couvrant uniquement la partie inférieure, et c’est la signification de "retire tes chaussures de tes pieds" [que D. ordonna à Moché dans le buisson ardent], signifiant [enlève] le corps."

-> Le rav Mordé'haï Bé'her nous enseigne également dans ce sens :
"Les chaussures sont une métaphore se rapportant au corps humain et à la matérialité.
De la même façon que les chaussures renferment cette partie du corps en contact avec le monde, ainsi le corps enveloppe la partie de l’âme connectée à ce monde et lui permet d’être en contact avec la matérialité.

Notre peau recouvre notre corps, tout comme les chaussures qui sont faites de peau animale, le cuir.
En nous interdisant de porter des chaussures en cuir, D. cherche à nous éloigner du matériel afin de nous lier à Lui à un niveau spirituel.

Ainsi, à Yom Kippour, lorsque nous devons nous concentrer complètement sur l’âme et ignorer totalement le corps, il est approprié de ne pas porter ce qui symbolise le plus le corps : les chaussures en cuir."

=> Yom Kippour est le jour où nous nous efforçons de comprendre et d’accomplir la mission de notre vie, nous devons ainsi supprimer les distractions qui nous entourent afin de pouvoir nous concentrer sur l’essentiel.

b"h, Profitons de ce jour unique où tels des anges, nous pouvons donner une sublime impulsion de spiritualité qui irradiera toute notre année à venir pour le meilleur ...

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+ Pourquoi avons-nous l'interdiction de porter des chaussures en cuir à Yom Kippour?

-> Le jour de Kippour, lorsque chaque juif se repent, toute la Création est élevée.
Oui, même la terre sur laquelle nous marchons est élevée à un niveau plus haut et devient une terre sanctifiée.
=> C'est pour cette raison qu'à Yom Kippour, nous avons l'interdiction de marcher dessus avec des chaussures.

Cette pensée trouve un écho dans l'épisode au cours duquel D., apparaissant devant Moché dans le buisson ardant, lui demanda d'enlever ses chaussures en disant : "Ôte ta chaussure, car l'endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).
[rabbi Ména'hem Mendel de Rymanov - Ména'hem Tsion]

-> A la suite de la faute d'Adam la terre a été maudite.
Nous portons des chaussures afin que nos pieds ne touchent pas directement la terre qui a été condamnée.
Mais le jour saint de Yom Kippour, la malédiction est levée, et la terre devient sanctifiée.
Nous n'avons donc pas la nécessité d'éviter de marcher dessus directement, et ainsi on n'a pas besoin de porter des chaussures.
[Agra déPirka]

Les jours de pénitence (Rambam)

+ Les 10 jours de pénitence par le Rambam ...

"Même si le repentir et le cri sont toujours bons, ils sont encore meilleurs pendant les 10 jours de Roch Hachana à Yom Kippour et ils sont agréés immédiatement, comme il est dit : "Recherchez D. pendant qu'Il est proche" (Yéchayahou 55,6).

Toute cela est vrai pour un particulier.
Mais la collectivité est toujours exaucée chaque fois qu'elle se repent et se lamente sincèrement, car il et dit : "Qui est comme Hachem notre D. ... proche chaque fois que nous L'appelons" (Dévarim 4,7)."

[le Rambam - Hilkhot Téchouva 2,6]

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La guémara (Rocha Hachana 18a) dit également : "D. est toujours proche quand la collectivité prie et se repent. Mais durant les 10 jours de pénitence, Il est proche même d'un seul repenti."

Yom Kippour : propice à la téchouva et au pardon

+ Yom Kippour : un moment propice à la Téchouva et au pardon

-> L'origine de Yom Kippour :
D. se révéla et donna les 10 Commandements à tout le peuple juif au mont Sinaï : cela se produisit le 6 Sivan (Shavouot).
Immédiatement après cela, Moché gravit le mont Sinaï et y resta 40 jours afin de recevoir la Torah, après quoi il descendit avec la 1ere série de tables. Mais les juifs avaient érigé le Veau d’Or, une idole, car ils pensaient que Moché était mort puisqu’il n’était pas revenu à la date prévue dans le calendrier.
Lorsque Moché revint et vit le Veau d’Or, il brisa les Tables.

Il gravit une nouvelle fois le mont pour 40 jours et pria afin d’obtenir le pardon pour le peuple juif.
Moché fut alors appelé une 3e fois pour recevoir la 2e série de Tables.

Laissons Rachi nous dire la suite (Bamidbar 9,18) :
"[Moché gravit le mont Sinaï une 3e fois à Roch ‘Hodech Elloul] et resta 40 jours supplémentaires qui prirent fin avec son retour à Yom Kippour.

Ce jour-là, D. pardonna au peuple juif et dit à Moché : "j’ai pardonné, selon ta parole."
Par conséquent, Yom Kippour fut fixé et proclamé jour de pardon et d’absolution."

-> Le Ram'hal (Dérekh Hachem) nous enseigne :
"La signification de Yom Kippour est que D. a réservé un jour pour le peuple juif où leur repentir est accepté sans effort et leurs fautes peuvent être facilement effacées.
Cela répare tous les dégâts [spirituels] causés [par ces fautes]…et permet à ceux qui se repentent de revenir à leur niveau initial de sainteté et de proximité avec Lui, duquel ils s’étaient éloignés à cause de leurs méfaits."

-> Le rav 'Haïm Friedlander (Sifté 'Haïm) de dire :
"Étant donné que Yom Kippour est un jour de miséricorde divine, il y a une aide spéciale du ciel présente ce jour-là, qui incite l’homme à se repentir.

Cela s’applique à une personne qui ne mérite pas d’aide selon la stricte loi.
Tel est le pouvoir de ce jour extraordinaire : le Ciel aide l’homme à se repentir."

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva n°185) nous enseigne à ce propos :
"La base de cette mitsva est qu’en raison de la gentillesse de D. avec le peuple juif, Il a établi un jour par an où ils peuvent expier leurs fautes par leur Téchouva.

Si leurs fautes s’accumulaient d’année en année, elles atteindraient une limite maximale en quelques années et le monde devrait être détruit.
Par conséquent, afin que le monde continue d’exister, D., dans Son infinie sagesse, a réservé un jour dans l’année pour permettre à ceux qui se repentent d’expier leurs fautes."

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-> A chaque fête juive, il est important de se rappeler les paroles du rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) :

"Nous ne célébrons pas les fêtes de façon symbolique, mais nous remontons à l’origine de chaque fête dans le temps ; cette sainteté dans le temps qui nous influence aujourd’hui est la même que lorsque les fêtes furent célébrées pour la 1ere fois.
Mon maître, Rav Tsvi Hirch Broyde de Kélèm affirmait que le temps ne passe pas sur l’homme, c’est plutôt l’homme qui voyage à travers le temps."

Une fête juive n'est pas qu'un vaste souvenir d'une célébration passée ...
=> Ainsi, notre Kippour de cette année a la même puissance d'expiation/de pardon que le 1er Kippour, survenu au Sinaï avec Moché rabbénou ...

A nous de se travailler (b"h) pour saisir l'importance unique de ce jour ...

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-> Selon le Zohar (Béréchit 8b), c'est à Yom Kippour que le prophète Nathan vint annoncer au roi David que D. avait pardonné sa faute avec Batchéva.

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-> "Le roi David avait témoigné que ... "mon cœur est mort en moi" (Téhilim 109,22) [selon Rachi, cela signifie : mon mauvais penchant ne se trouve plus en moi et n'a plus d'influence en moi].
Dans ce cas, comment a-t-il pu néanmoins commettre cette faute?
C'est afin de donner la possibilité à ceux qui pécheraient après lui, de se sentir encouragés à la téchouva, et se dire : "C'est l'exemple de David que je dois suivre et me repentir [et D. acceptera ma téchouva]."
[guémara Avoda Zara 4b-5a]

[si même le roi David a pu fauter et être pardonné, alors à plus forte raison pour moi aussi, qui ne suis qu'un simple juif!]

-> Il existe un principe : "Celui qui désire se purifier y est aidé par D." (guémara Yoma 39a)
Le Maharcha explique que normalement le roi David ayant consacré son existence à devenir meilleur et à faire le bien, il aurait dû bénéficier d'une aide Divine toute particulière pour dominer ses instincts et éviter la faute.
Cependant, Hachem sachant que cette faute ferait de David le pénitent par excellence, et que cela aiderait toute l'humanité à se repentir, il ne l'empêcha pas de trébucher.

-> Le Maharal (Nétivot Olam - Néétiv haTéchouva - chap.4) explique que la téchouva signifie : "retour" = c'est un retour à D., source de toute vie, une renaissance, un nouveau départ.
Adam, le 1er des hommes et celui le plus proche de la source de vie, l'oeuvre des mains de D., avait fait don de 70 années de sa vie à David (cf. midrach Yalkout Chimoni Béréchit).
C'est pourquoi, c'est à David, plus qu'à n'importe qui d'autre, que fut confiée la mission exceptionnelle de ramener l'humanité aux racines de son existence.
Le repentir de David allait renseigner au pécheur qu'il est toujours possible de revenir au niveau spirituel de Adam avant la faute.

[le nom : Adam (אדם) est fait des initiales de : Adam, David et machia'h. En effet, le rêve messianique s'accomplira grâce à la téchouva par laquelle David nous a appris à retrouver la stature d'Adam (terme renvoyant tout spécifiquement aux juifs).
=> A Yom Kippour, jour où Hachem a pardonné au roi David pour sa "faute", nous devons y puiser des forces pour faire une téchouva totale, amenant ainsi la Délivrance personnelle et collective!]

-> Ainsi, il n'est pas étonnant que le thème de la téchouva revienne fréquemment dans les Téhilim qui expriment le désir de David de retrouver les plus hauts niveaux d'amour de D.
Comme l'enseignent nos Sages : "Quiconque veut sincèrement se repentir, doit soigneusement examiner [les paroles et] les actes du roi David" (midrach Cho'her Tov 4,4).

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+ "D. créa l'homme (אָדָם) à son image" (Béréchit 1,27)

-> Le mot Adam (homme) renvoie à :
- א = Adam, le 1er homme ;
- ד = le roi David (דוד) ;
- מ = à Machia'h (משיח)

Le rav Yossef Carol fait remarquer qu'il y a 2 854 années entre Adam et le roi David, et qu'il y a 2854 années entre le roi David et la création de l'état d'Israël (qui représente la lettre "mém" = machi'ah).

Les 13 attributs de miséricorde

+ Les 13 attributs de miséricorde (Yom Kippour) :

D. Lui-même enseigna cette prière exceptionnelle à Moché, comme un moyen d’obtenir la miséricorde divine et à prononcer lorsque tout le reste avait échoué.

Moché eut recours à cette prière lorsqu’il supplia D. de pardonner aux juifs après le Veau d’Or.
Étant donné que D. avait fini par pardonner aux juifs à Yom Kippour après le Veau d’Or, nous récitons les 13 attributs à plusieurs reprises dans les prières du jour.

[en effet, durant tout Kippour on récite 26 fois les 13 Attributs de Miséricorde (י׳ג מדות הרחמים) : 5 fois dans la prière de Arvit, 5 fois dans la prière de Cha’harit, 7 fois dans la prière de Moussaf, 6 fois dans la prière de Min’ha et 3 fois dans la prière de Néila (26 est la valeur numérique du Nom Divin de Miséricorde, afin de susciter la pitié céleste).]

-> Il est d'ailleurs écrit dans la guémara (Roch Hachana 17b) à ce sujet :
" "Et D. passa devant (Moché) et proclama [les 13 attributs] … " (Chémot 34,6-7)
Rabbi Yo'hanan a dit : "Si cela n’avait pas été écrit dans les textes saints, nous n’aurions jamais pu imaginer une telle chose, mais cela vient nous apprendre que D. s’est enveloppé, si l’on peut dire, [dans un talit] comme un 'hazan et montra à Moché comment prier.
D. dit à Moché : "Chaque fois que le peuple juif fautera, ils devront agir ainsi et Je leur pardonnerai." ...
Rabbi Yéhouda dit : "Une alliance a été conclue, stipulant que jamais les 13 attributs ne resteront sans réponse"."

-> Quelle est la nature de cette alliance?
Le rav de Brisk explique que c'était comme si Hachem avait rassemblé un énorme trésor de miséricorde.
De cette perpétuelle et immense réserve de bonté, Il retirerait ce qui serait nécessaire pour répondre à chaque invocation des 13 attributs par Israël.
[ainsi tout appel à ces attributs doit recevoir une réponse, et il a toujours une grande provision de miséricorde disponible pour ceux qui en ont besoin.]

-> Le Radbaz (Métsoudat David Zimra - 11) de nous préciser :
"La prière de Moché ne fut pas acceptée uniquement parce qu’il avait mentionné les attributs de D. ...
Le sens en est qu’ils devront agir conformément à Ses attributs, pas simplement les mentionner verbalement."

=> Celui qui comprend que D. se "comporte" d’une certaine façon et qui essaie d’imiter Son comportement sera traité par Lui de la même manière.
Ainsi, si nous agissons avec autrui conformément aux attributs divins de miséricorde, D. se conduira avec nous avec bienveillance.

[Il en va de même avec les autres attributs : lent à la colère, clément, plein de gentillesse, ...]

-> En ce sens également, le Rambam (Hilkhot Déot I 6,7) écrit :
Les prophètes désignent Hachem de plusieurs qualificatifs, tels que Lent à la colère, Généreux en Miséricorde, Juste, Droit, Parfait, Puissant et Fort. Ils utilisent ces qualificatifs pour indiquer que ce sont les meilleurs exemples à suivre.
C'est pourquoi, chacun doit rivaliser avec D. autant que faire se peut ...
Celui qui suivra cette voie, attirera sur lui-même, bonheur et bénédictions.

-> Le Chla haKadoch (Chaar haOtiyot) conçoit l'accomplissement par l'homme des 13 Attributs comme un acte de foi capital.
Le Chla démontre que les 13 Attributs de D. correspondent aux 13 Articles de la foi en D. définis par le Rambam.
L'homme qui fonde son être entier dans le modèle Divin de miséricorde, atteint en même temps un niveau sans précédent de foi pure.

-> Le chiffre 13 est très significatif.
La valeur numérique de "é'had" (un - אחד) égale 13, et nous enseigne que quiconque ne concentre la foi de son cœur que sur Hachem, mérite d'être traité selon les 13 Attributs de miséricorde Divine.
De plus, les noms hébraïques des Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov, contiennent un total de 13 lettres, et les tribus d'Israël (comprenant Ménaché et Efraïm) sont au nombre de 13.
Ceci nous enseigne que quiconque récite les 13 Attributs, avec une totale dévotion, gagnera le mérite des vertueux Patriarches et des 13 tribus.
[le Méïri]

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-> Dans le monde existent des barrages : les fautes, qu'il est impossible d'annuler d'après les lois de la nature.
Seule l'immense Miséricorde des 13 Attributs de miséricorde (ra'hamim), seule une téchouva atteignant le trône de Gloire (sous lequel une trappe spéciale a été ménagée à cet effet), peuvent permettre d'annuler les fautes.
[rav Pinkous]

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-> "Tu dois savoir que celui qui comprend le sens des 13 Attributs de miséricorde et qui les prononce avec ferveur ne voit jamais sa prière rester vaine, à moins qu'il ait commis des fautes telles qu'elles entravent leur influence."
[Rabbénou Bé'hayé - Ki Tissa 34,6]

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-> Le 'Hemdat Yamim écrit :
Si 10 juifs se tiennent à la synagogue devant le Hékhal et récitent les 13 Attributs de la miséricorde Divine, ils ébranleront, sans aucun doute, les mondes supérieurs et feront descendre la bonté Divine sur terre, et on assistera ici-bas à de grands miracles.
Les pires malheurs seront évités par le mérite de cette "communauté" de juifs, comme les Kadmonim : "Ils virent de leurs propres yeux comment D. annulait les mauvais décrets, comment un seul 'hassid à leur époque sut par la ségoula des 13 Attributs Divin écarter de terribles dangers."

De tout temps, dès que des juifs étaient dans la détresse, ils rassemblaient des sages des 4 coins de la ville pour réciter la prière des 13 Attributs Divins avec toutes les kavanot qui les accompagnent et la menace disparaissaient aussitôt.

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-> En conclusion de sa prophétie, Mikha prédit l'avenir glorieux d'Israël : "Comme dans les jours où vous êtes sortis d'Egypte, Je leur montrerai des merveilles" (Mikha 7,15).
Le Ibn Ezra et le Radak enseignent que les péchés d'Israël sont la cause de son exil, et quand ils seront pardonnés, Israël reviendra sur sa terre.
Le Malbim dit qu'alors Hachem déploiera une compassion [sous sa forme la plus pure] qui surpassera même celle qu'a décrite Moché dans les 13 Attributs de miséricorde.

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-> Rabbeinou Bachye (Devarim 11:13) écrit que les 13 bénédictions du milieu de la Amida, où nous faisons des demandes à Hachem, correspondent aux 13 Attributs d'Hachem pour nous enseigner que tout le bien dans le monde découle de la bonté et de la gentillesse d'Hachem à notre égard.

-> Le Malbim (Ki Tissa 33,19) écrit que chaque fois que nous disons les 13 Attributs d'Hachem, cela devient automatiquement un moment de faveur divine.

-> Le Behag (mentionné par le Ramban dans son intro au séfer hamitsvot shorech 3) soutient que la récitation des 13 Attributs d'Hachem accomplit un commandement positif de la Torah.

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+ Agir en conformité avec les 13 Attributs :

-> Le Tsror haMor demande : il existe de nombreux hommes qui récitent les 13 Attributs de miséricorde et pourtant leurs prières ne sont pas exaucées. Comment est-ce possible? On sait très bien qu'il existe un principe (Roch Hachana 17b) selon lequel ces attributs "ne reviennent jamais vides"?

Il répond à sa question en disant qu'il faut être très attentif au langage de la guémara (Roch Hachana 17b). En effet, il n'est pas dit que Hachem a promis : "Chaque fois que les juifs fauteront, ils prononceront devant Moi ce texte et Je leur pardonnerai", mais il est dit que Hachem a promis : "Chaque fois que les juifs fauteront, ils agiront devant Moi conformément à ce texte et Je leur pardonnerai".
Il n'est pas suffisant de simplement prononcer les 13 Attributs pour bénéficier de l'accomplissement de la promesse. Il est nécessaire de "faire", "d'accomplir", les Attributs pour obtenir le pardon des fautes.
Cela signifie qu'il faut se comporter selon ces attributs : "De même que Moi Hachem Je suis miséricordieux, vous aussi soyez miséricordieux! De même que Je suis lent à la colère, vous aussi soyez lents à la colère!"
Hachem promet le pardon des fautes à celui qui accomplit les 13 Attributs de façon concrète, sous la forme d'actes, et non à celui qui se contente de les prononcer.

-> Le Maguid de Doubno dit : Hachem nous a donné 13 Attributs de miséricorde afin qu'on s'y attache fortement, et non pour qu'on se contente simplement de les lire. Si effectivement nous faisons preuve d'intelligence, en nous liant puissamment aux qualités d'Hachem et en imitant Son comportement (de même qu'll est miséricordieux, toi aussi tâche d'être miséricordieux, ...), nous pourrons alors être certains que ces traits de caractère feront leur effet, et nous mériterons de voir nos fautes entièrement effacées.

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+ La récitation des 13 Attributs de miséricorde ne peut s'effectuer qu'en public :

-> La loi juive (halakha) stipule que les 13 Attributs de miséricorde ne peuvent être prononcés qu'en présence d'un quorum (minyan) d'au moins 10 hommes. Un homme qui prie tout seul n'a pas le droit de les dire.
Le Tour se demande pourquoi il faut absolument la présence de 10 hommes.
On comprend que pour la récitation du Kaddich ou de la Kédoucha on ait besoin de réunir au moins 10 hommes, car la loi juive nous dit que pour prononcer tout texte empreint d'une grande sainteté, il est nécessaire de se trouver en public.
Mais les 13 Attributs ne sont rien d'autre que des versets de la Torah, qui habituellement, ne nécessitent pas du tout la présence d'un minyan pour être prononcés.
Le meilleur exemple est le Shéma Israël, qui est entièrement composé de versets de la Torah et qu'on peut tout à fait lire tout seul.

Le Gaon de Vilna ne donne pas la raison de cet interdit, mais fait une déduction à partir du langage de la guémara (Roch Hachana 17b) : "Hachem est apparu à Moché sous l'apparence d'un Ministre Officiant ('hazan) et lui a dévoilé le texte des 13 Attributs". Si on parle de la notion de Ministre Officiant, c'est bien la preuve qu'il faut être en public pour dire ce texte.

Le Maor vaChémech (paracha Vayé'hi) nous explique que la présence d'au moins 10 hommes est nécessaire, car il est impossible de trouver l'ensemble des 13 Attributs réunis en un seul et même homme. Il n'y a que chez le Créateur du monde que les 13 Attributs peuvent cœxister.

C'est pour cette raison que l'on doit rassembler au moins 10 hommes dans une synagogue, car le premier va posséder la qualité de la miséricorde, le deuxième, celle de la clémence, le troisième, celle de la lenteur à la colère, le quatrième, celle de la grande bonté, ...
Et donc, si l'assemblée est vraiment unie et soudée, elle pourra ainsi bénéficier de l'ensemble des 13 qualités. Et si tous les hommes qui la composent unissent leurs forces, ils pourront "activer" ces 13 Attributs de Hachem.

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-> Voici une signification des 13 Attributs de miséricorde (par le rav Shimon Barou'h) :

1°/ Hachem (la 1ere fois) = D. prend l'homme en pitié avant qu'il transgresse (bien qu'Il sache pertinemment qu'il va fauter, Il ne lui retire ni les forces ni l'argent avec lesquels il faute finalement).

2°/ Hachem (la 2e fois) = D. prend l'homme en pitié après qu'il a fauté, lorsqu'il regrette sa faute.

3°/ El = D. a le pouvoir extraordinaire de contenir Sa colère et d'agir avec Ses créatures avec miséricorde.

4°/ Ra'houm = D. est miséricordieux et accorde à l'homme tout ce dont il a besoin et le protège.

5°/ Vé'hanoun = D. prend l'homme en pitié, par pur amour pour lui (comme un père qui par amour pour son fils, lui donne même plus que ce dont il a besoin).

6°/ Erékh apaïm = D. ne punit pas immédiatement les hommes, pas même les réchaïm : Il leur laisse le temps de réfléchir et de faire téchouva.

7°/ Vérav 'hesséd = D. comble Ses créatures de bienfaits, au-delà de ce qui leur revient réellement.

8°/ Véémet = D. juge l'homme avec vérité et récompense chaque bonne action de l'homme.

9°/ Notsér 'hessed laalafim = D. récompense même nos descendants, pour nos bonnes actions, voire plusieurs générations après (zé'hout avot).

10°/ Nossé avon = D. pardonne même au pécheur intentionnel (et diffère son jugement) si celui-ci regrette son acte et décide de ne plus récidiver.

11°/ Vafé'ha = D. pardonne au pécheur rebelle (qui pèche pour courroucer D.).

12°/ Vé'hataa = D. pardonne au pécheur involontaire.

13°/ Vénaké = D. efface définitivement toutes les fautes de celui qui les regrette et décide de ne plus les commettre.

"Il n’y a pas eu de jours plus joyeux pour les juifs que le 15 Av et Yom Kippour"

[guémara Taanit 26b]

-> Le 15 Av était un jour de joie à l’époque du Temple où les jeunes hommes et les jeunes femmes se faisaient la cour pour se marier.
-> Yom Kippour, c’est le moment où D. nous donne l’occasion de remonter le temps et de se purifier de nos fautes.

-> La joie vient de la purification, et nous nous "immergeons" dans D. :
"Rabbi Akiva dit : "Heureux Israël ! Devant qui vous purifiez-vous et Qui vous purifie ? Votre Père dans le Ciel !"
Et il est écrit : "D. est le mikvé d’Israël. De la même façon qu’un mikvé purifie les impurs, le D. purifie Israël."
[guémara Yoma 85b]

-> Le Méam Loez (Nitsavim 30,14) commente :
Un mikvé purifie seulement s'il n'existe aucune séparation entre la personne qui s'y trempe et l'eau.
De même, D. purifie les juifs seulement s'ils se sont totalement repentis et que rien ne fait séparation entre eux et leur Créateur.

-> L’un des maîtres 'hassiques explique cet enseignement :
"De même que la purification dans un mikvé ne peut se faire que par le biais d’une immersion totale de manière à ce que l’eau couvre toutes les parties du corps, la purification par D. exige que l’on s’immerge en totalité dans Sa nature Divine."

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-> "Si l’on se colle à D. en ce jour, D. nous rapproche de Lui."
[Rav Chalom Brezovsky - Netivot Chalom]

[Nos fautes ont pour conséquence de générer de la distance entre nous et D.
En les réparant à Yom Kippour, nous retrouvons alors une grande proximité/intimité avec D., à l'image d'un couple de mariés (suite au 15 Av).]

Les jours de pénitence (‘Hatam Sofer)

+ Le 'Hatam Sofer sur les 10 jours de pénitence :

1°/ L'impact réparatoire :
"Grande est la bonté de D. de nous avoir accordé 7 jours entre Roch Hachana et Kippour (sans compter ces 3 jours de fêtes) pour expier chaque jour de la semaine de toute l'année.

Comment cela?
Le Shabbath chouva, on peut réparer les fautes de tous les Shabbath, le dimanche celles de tous les dimanches, et ainsi de suite."

 

2°/ L'effet "débloquant" :
"Les Anciens ont écrit que toutes les prières de l'année jugées inaptes à cause de pensées étrangères et qui ont été repoussées comme des sacrifices immondes restent, en réalité, suspendues jusqu'au 10 jours de pénitence.

Si, pendant ces jours, l'homme prie de tout son cœur, il fait monter au ciel les prières de toute l'année de ce même jour.

Par exemple, les prières ferventes de Shabbath chouva entraînent avec elles celles, défectueuses, de tous les Shabbath de l'année.
Et il en est ainsi pour les prières de tous les jours de la semaine."

Source (b"h) : issu du "Talelei Orot" du rav Yissa’har Dov Rubin

Pensées du Rav Chakh à Kippour

+ Les pensées du Rav Chakh avant la prière de Kippour ...

"Un matin de Kippour avant la prière, je me dois de voir clairement la émouna avant tout.

M'installant dans un coin de la synagogue, je m'imagine la Création, son harmonie, sa précision, sa perfection.

Quelle sottise de penser que toute cette beauté est due à une explosion, elle-même due au hasard!
Mais qui a programmé l'explosion?
Et d'ailleurs, où a-t-on vu qu'une explosion produit de l'ordre et de la précision?
Sans parler des jolies couleurs et de la lumière ; de la distance idéale entre le soleil et la terre ; un peu plus près, la terre serait carbonisée ... un peu plus loin, tout serait gelé!

Il faut vraiment être idiot pour ne pas percevoir par les sens l'oeuvre de la science divine.
Je sens alors qu'il n'y a qu'un seul pouvoir : celui de D.

C'est à Lui que je dois parler. Je vais m'adresser à Lui.
Je commence ma prière ... "

Les 10 jours de téchouva et les 10 Commandements

+ Les 10 jours de téchouva et les 10 Commandements :

-> Les 2 jours de Roch Hachana sont appelés Yoma Ari'hta, une longue journée. Cette terminologie et ce concept sont propres à Roch Hachana et ne sont pas utilisés en référence aux autres Yamim Tovim.
La sainteté des 2 jours de Roch Hachana est considérée comme une seule sainteté (kédoucha a'hat,). Tous les autres Yamim Tovim durent 2 jours en dehors de la terre d'Israël. Ils ne sont pas considérés comme un seul jour, mais plutôt comme 2 jours distincts de Yom Tov.

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach I - drouch 5) enseigne : hormis le fait que les 10 jours de repentir sont des outils spirituels capables de nous aider à corriger nos fautes, ces 10 jours de téchouva correspondent aux 10 Commandements.

Moché Rabbénou monta dans les Cieux à Roch 'Hodech Elloul et revint 40 jours plus tard, à Yom Kippour, avec les 2e Lou'hot, qui contenaient les 10 Commandements.
En effet, le séfer Elef Katav cite le Rav Daniel Prustitz, un contemporain du 'Hatam Sofer. Il explique que durant chaque jour des 10 jours de téchouva, un nouveau commandement des 10 Commandements fut inscrit. Lorsqu'ils furent tous au complet, Moché redescendit et présenta les 2e Lou'hot au peuple juif.

Le premier jour de Roch Hachana correspond au premier commandement : "Je suis Hachem, ton D." (ani Hachem Eloké'ha - Yitro 20:2).
Dans Kéchet Yéhonatan, le rav Yonathan Eibshitz explique la pertinence de cette équivalence. À Roch Hachana, nous utilisons le Shofar et les versets de Mal'hiyot (la Royauté), et de Zi'hronot (le Souvenir), pour proclamer la souveraineté de Hachem sur nous. Il s'agit d'un rituel tout à fait approprié pour le premier jour de Roch Hachana, puisque qu'il correspond à "ani Hachem Eloké'ha", la déclaration de la Royauté de Hachem. Nous sonnons du Shofar pour couronner Hachem comme notre Roi.

Le 2e jour de Roch Hachana correspond au 2e des 10 Commandements : "lo yiyé lé'ha Elokim a'hérim" (Tu ne reconnaîtras pas d'autres dieux - Yitro 20,3).
Nous savons que les 2 premiers Commandements furent prononcées par Hachem 'en une seule parole' (bédibour é'had). Hachem parla une fois et nous entendîmes 2 déclarations : par conséquent, les 2 jours de l'année qui leur correspondent sont considérés comme un seul jour long. C'est pourquoi Roch Hachana est considéré comme un 'Yoma Ari'hta'.

Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach II - drouch 1) continue cette analogie : initialement, le 2e jour de Roch Hachana n'était observé qu'à l'étranger, pas en terre d'Israël, et la guémara (Kétoubot 110b) précise que celui qui réside en dehors de la terre d'Israël est considéré comme adorant une divinité étrangère.
Ainsi, le rav Eibshitz affirme que le 2e jour des 10 jours de téchouva correspond au 2e Commandaments : "Tu ne reconnaîtras pas d'autres dieux".

Le 3e jour de Tichri est la date à laquelle on commémore le meurtre de Guédalia. Ainsi, ce jour-là correspond au 6e Commandement : "Tu ne tueras pas" (Yitro 20,13

Le jour de la veille de Yom Kippour, une tâche importante est mise en avant : on doit s'assurer que lorsqu'on entre dans Kippour, les seules fautes restantes relèvent du domaine de ben adam laMakom, étant donné que les fautes ben adam la'havéro (envers autrui) ont été rectifiées.
Ainsi, le rav Eibshitz enseigne que la veille de Yom Kippour correspond au Commandement de "Tu ne voleras pas" (lo tiknov).

En raison de la préoccupation particulière que nous puissions avoir en notre possession des objets ne nous appartenant pas, il est d'usage de faire des kapparot avec un poulet.
Nos Sages expliquent que les poulets ne sont pas aptes à être utilisés comme korbanot, car leurs entrailles contiennent de la guezéla, du vol. Puisque les poulets picorent leur nourriture à même le sol, quel que soit leur propriétaire, elles sont représentatives de la faute du vol.
Pendant que nous effectuons les kapparot, nous demandons à Hachem de modifier tous les décrets qui auraient dû incomber aux voleurs (ganavim), et de permettre à la place qu'ils retombent sur le poulet.
Il s'agit là, affirme le rav Eibshitz, d'une dimension plus profonde de la mitsva des kapparot.

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=> D'où les A'haronim ont-ils déduit le concept selon lequel les 10 Commandements correspondent aux 10 jours de téchouva?

Le Tana déBé Eliyahou Zouta (chap.22) enseigne :
De nombreux avantages sont accordés aux Bné Israël pendant les 10 jours de téchouva. Chacun des 7 jours entre Roch Hachana et Yom Kippour, on peut rectifier le jour correspondant de la semaine pour toutes les infractions commises ce jour-là au cours de l'année précédente.
De plus, bien que le reste de l'année, Hachem n'est prêt à accepter que les prières récitées en minyan, durant les 10 jours de téchouva, Il accepte volontiers même les prières exprimées individuellement en privé.
Pourquoi Hachem nous a-t-Il offert ce cadeau si particulier que nous connaissons sous le nom des 10 jours de téchouva?
Le Tana déBé Eliyahou répond que nous recevons ce don grâce au mérite des 10 épreuves, auxquelles fut soumis Avraham Avinou et dont il triompha.
C'est aussi, dit le Tanna déBé Eliyahou, par le mérite du peuple juif d'avoir accepté les 10 Commandemants.
Ceci est l'une des premières sources d'où les A'haronim déduisirent que les 10 jours de téchouva correspondent aux 10 Commandements.

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-> Selon la Pessikta (רבת בחודש השכיעי רשבע) : lorsque nous faisons téchouva tout au long des 10 jours allant de Roch Hachana à Yom Kippour, Hachem promet qu'Il nous purifiera et nous recréera en tant que nouvelle entité.
La Pessikta mentionne également que les 10 jours de téchouva correspondent aux 10 Commandements.

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+ Les 10 jours de repentir correspondent aux 10 Paroles :

-> Le rav Yonathan Eibshitz établit une autre corrélation : tout comme les 10 jours de téchouva correspondent aux 10 Commandements, ils correspondent également aux 10 Paroles avec lesquelles Hachem créa le monde.
La guémara (Roch Hachana 32a) compte le nombre de fois où Hachem "exprima" une parole pour mettre en œuvre une nouvelle création, et n'en totalise que neuf ; toutefois, elle précise ensuite que le mot Beréchit lui-même constitue également une parole, qui servit à créer. Contrairement aux neuf autres paroles, explicitement écrites dans le texte, cette parole est dissimulé.

Beréchit, la première parole ayant servi à créer, correspond au premier jour de Roch Hachana. De même que la parole est cachée, Roch Hachana, est également caché (bakéssé), au moment du mois où la lune n'est pas visible (à la différence des autres fêtes juives, ayant lieu vers le 15 du mois, où la lune est grande).

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+ Yom Kippour correspond au Commandement de 'lo ta'hmod' :

-> Suivant le modèle que les 10 Commandements ont un parallèle avec les dix jours de téchouva, Yom Kippour correspond ainsi au dernier : "lo ta'hmod" (tu ne convoiteras pas).
Il s'agit d'un lien surprenant, car on aurait pu penser que Yom Kippour serait plus à même de correspondre à la faute la plus grave de la Torah.
Toutefois, ce lien peut s'expliquer grâce à un du Gaon de Vilna, qui explique que toutes les fautes sont enracinés dans le désir ('hemda). Comme toute la Torah est englobée dans les 10 Commandements, et que les 10 Commandements sont englobés dans le Commandement final, celui de lo ta'hmod, il devient tout à fait logique que le jour le plus saint et le plus important de l'année corresponde à lo ta'hmod, qui englobe toute la Torah.

-> Le 'Hida (Dévaril A'hadim - drouch 20 Shabbath chouva) cite Rav Yonathan Eibshitz, qui développe davantage ce concept. Ils évoquent le concept selon lequel "la fin, la conclusion, d'un segment de la Torah est enracinée dans le début".
Le dernière Commandements (lo ta'hmod), et le premier (Ano'hi Hachem), sont interconnectées, tout comme Yom Kippour et Roch Hachana. Celui qui est habitué à suivre les pulsions du désir et de la luxure finira par renier Ano'hi Hachem.
La façon de garantir la préservation d'Ano'hi est de contrôler ses désirs et d'accomplir "lo ta'hmod" (tu ne convoiteras pas). Si l'on permet à ses désirs de le dominer, alors Ano'hi risque de disparaître.

-> Le rav Yossef Engel (Otsrot Yossef) enseigne :
Comment peut-on peut dire à une personne de s'abstenir de faire une action ou d'effectuer une activité. Si quelqu'un voit un objet qu'il aime vraiment, il le désirera. N'est-ce pas une réaction naturelle? Je le vois, je l'aime, je le veux (lo ta'hmod = confoiter). Une personne peut s'empêcher d'agir sur ce désir, mais comment peut-elle s'empêcher d'aspirer aux possessions d'autrui?

En réponse, le rav Yossef Engel explique que puisque Lo Ta'hmod correspond à Yom Kippour, la Torah préconise que ce jour de l'année, nous devons éliminer tous les désirs physiques (taava) et luxure.
Le commandement négatif, est donc principalement destiné à Yom Kippour, le seul jour de l'année où il serait possible d'éradiquer la luxure dans son intégralité, un jour où le désir (autre que pour faire la volonté d'Hachem) est retirée du cœur humain, et le seul jour dans l'année où le Satan n'est pas opérationnel. Un jour, nous enseignent le Pirké déRabbi Eliezer, où nous sommes comme les anges qui n'ont pas de désirs matériels. C'est le seul jour de l'année où cesse la luxure.
Par conséquent, ce jour-là, nous avons la possibilité d'accomplir lo ta'hmod.

Mais la Torah dit-elle que lo ta'hmod est limité à un jour par an? C'est l'un des Dix Commandements à accomplir chaque jour de sa vie.
Le rav Yossef Engel suggère que l'interdiction de lo tá'hmod signifie que l'on doit restreindre les désirs physiques durant toute l'année afin que lorsque Yom Kippour arrive, on puisse accomplir cette mitsva dans sa totalité. En vérité, il n'y a qu'un seul jour par an où il est possible de respecter complètement le commandement négatif, dans son sens le plus complet et le plus vrai. Mais on ne peut atteindre ce niveau à Yom Kippour que si l'on vit avec discipline tout au long de l'année. Alors, quand Yom Kippour arrive et que nous sommes comme des anges qui n'éprouvent pas de taava, lo ta'hmod (tu ne convoiteras pas) peut être réalisé comme il était censé l'être.

-> Yom Kippour correspond à la fois à la convoitise (la 'hemda) et au désir (la taava). D'une manière ou d'une autre, l'origine de tout mal devant être corrigé à Yom Kippour trouve ses racines dans ces deux phénomènes humains.

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+ Le Satan à Yom Kippour - est-il en congé total? :

-> La guémara (Yoma 20a) révèle qu'à Yom Kippour, le Satan n'a aucune autorité pour nous provoquer, nous persuader de fauter et nous poursuivre en justice. Ce jour-là, c'est comme s'il n'était pas de service.

Cette idée découle du nom même de Satan (השטן), dont la guématria est de 364. 364 jours par an, le Satan a la permission de nous poursuivre, mais à Yom Kippour, il n'est pas autorisé à le faire.
Deux questions se posent : que signifie ce concept selon lequel pendant Yom Kippour, le Satan ne peut pas nous provoquer ni nous poursuivre? Malheureusement, il arrive parfois que des personnes commettent des fautes même à Yom Kippour.
De plus, remarque le rav Yossef Engel, le nom de Satan est שטן, ayant la valeur numérique de 359 et non de 364. Son nom n'est pas haSatan. Le hé est seulement ajouté comme titre, haSatan, le Satan. Pourquoi incluons-nous la lettre hé dans le calcul de la guématria de son nom?

Le rav Yossef Engel explique que le Satan opère de 2 façons distinctes et qu'il existe donc une différence entre Satan et haSatan. Il y a le Satan flagrant, et le Satan interne et subconscient.
Tout au long de l'année, il emploie 2 tactiques fondamentales pour inciter les gens à fauter. D'une part, il cajole, encourage, dirige et ordonne à une personne d'agir même contre une halakha claire. Celui qui succombe écoute les instructions du Satan lorsqu'il commet la faute. C'est le Satan agissant comme haSatan : le Satan évident et flagrant.

Cependant, la plupart du temps, il ne fonctionne pas de cette façon, mais emploie une forme de subterfuge, plongeant une personne dans la confusion, puis la convainquant que non seulement il est acceptable d'accomplir la faute, mais que même, dans ce cas précis, c'est une mitsva de faire cette action.

La Guemara (Soucca 52a) enseigne que le Satan a 7 noms. L'un d'eux est Tséfoni (caché/dissimulé). Il est caché en nous et dissimule ses intentions au point où nous pouvons penser qu'il est en réalité le yétser hatov.

Au quotidien, nous devons combattre à la fois le Satan flagrant et déclaré, et le Satan intérieur et caché.
Alors que le Satan pleinement déclaré, connu sous le nom de haSatan, ne remplit pas sa fonction à Yom Kippour, le Satan caché est opérationnel 365 jours par an; il ne fait jamais de pause.

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+ Un autre Yoma Ari'hta :

-> De la même manière que (les 2 jours de) Roch Hachana est considéré comme "Yoma Ari'hta" (une longue journée), il existe deux jours supplémentaires pouvant également être considérés comme Yoma Arikhta. La guémara (Pessa'him 118b) précise que celui qui mange le 9 Tichri, qui est la veille de Yom Kippour, est considéré comme ayant jeûné à la fois le 9 et le 10. Les neuvième et dixième jours de Tichri sont donc considérés comme une seule longue journée.

Yom Kippour (10 Tichri) correspond à "lo ta'hmod, et le 9 Tichri correspond au neuvième commandement : "lo taané bér'atra éd shaker" (tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain - Yitro 20,13).
La guémara associe le faux témoignage à la faute de lachon ara. Elle cite Rav Chéchet au nom de Rav Elazar ben Azaria, qui déclare que celui qui dit du lachon ara, celui qui accepte le lachon ara et celui qui témoigne faussement méritent d'être jetés aux chiens.
Ce curieux regroupement est destiné à nous apprendre que témoigner faussement est synonyme de violer l'interdit du lachon ara.

Ainsi, puisque le 9 Tichri correspond à l'interdit de "faux témoignage", qui implique de prendre ses distances avec le lachon ara, et que le 10 Tichri correspond au Commandement interdisant la 'hemda et la taava,
Le rav Yossef Engel enseigne que c'est pour ces raisons que ces 2 jours sont considérés comme un seul long jour de jeûne. En effet, ces 2 jours réunis parviennent à corriger les 3 fautes qui, en tant que groupe, constituent la racine de toute faute, comme en témoigne celle d'Adam et de 'Hava, qui incorporait la 'hemda, la taava et le lachone hara.
[lachon ara du serpent à 'Hava sur Hachem (affirmant qu'Hachem avait mangé de l'Arbre de la Connaissance et avait constitué ensuite le monde entier) ; et le verset (3,6) : "Et la femme comprit que l'arbre était bon à manger et qu'il était un délice pour les yeux, et que l'arbre était désirable comme moyen de sagesse".
Ces 3 fautes se retrouvent souvent regroupées dans l'enseignement de nos Sages, comme la guémara (Baba Batra165a) : "La plupart des gens volent [ce qui est enraciné dans la 'hemda], certaines personnes commettent des adultères [qui sont enracinés dans la taava], et tout le monde viole l'avak (poussière) de lachon ara". ]
Le 9 et le 10 Tichri forment une paire dynamique qui nous aide à éradiquer les trois fautes cardinales, et ainsi à vaincre toute iniquité.

"Parmi tous les jours particuliers qui furent créés, il existe le jour de Kippour destiné au peuple juif, et Hachem fut rempli de joie lorsqu'll l'a donné avec un grand amour au peuple d'Israël".
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.1, lettre 3]

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-> Si nous comprenions vraiment la grandeur de Kippour, nous compterions les heures et les minutes jusqu'à ce jour grandiose ! Et pourquoi n'agissons-nous pas de la sorte?
La réponse est simple : parce que nous ne ressentons pas le poids de nos fautes.
[rav Barou'h Rozenblum]