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Unité & reconstruction du Temple

+++ Unité & reconstruction du Temple :

La clé de la rédemption finale (guéoula) consiste à rassembler les juifs et à renforcer notre unité.
[midrach Béréchit rabba 98,1]

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-> Nos Sages (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1) enseignent que "lorsque le Temple n'est pas reconstruit dans notre génération, c'est comme s'il avait été détruit à notre époque".
Outre le deuil, nos Sages nous disent que nous devrions examiner notre comportement pour voir ce que nous pouvons faire pour mériter le Temple une fois de plus. En effet, le midrach (Eikha rabba 32,1) indique explicitement que le deuil de cette période (particulièrement applicable pendant les 3 semaines menant au 9 Av) concerne à la fois la perte du Temple et également les fautes qui l'ont causée.
[ainsi nous devons nous attrister sur ce qu'implique une absence de Temple, mais également sur ce qui ne va pas dans notre comportement empêchant sa reconstruction. ]

Nos Sages (guémara Yoma 9b) nous disent quels étaient ces fautes : Pendant la période du 1er Temple, la nation a commis les 3 péchés cardinaux qu'un juif doit éviter en donnant sa vie : l'effusion de sang, l'idolâtrie et l'immoralité. Pendant la période du 2e Temple, la faute était sinat 'hinam (haine gratuite/injustifiée).

Le Maharal (Nétsa'h Israël 4) note que ce n'est que pendant la période du 1er Temple que les gens étaient motivés pour transgresser les trois péchés capitaux. Cependant, depuis lors et jusqu'à nos jours, le mauvais penchant qui a fait que nous n'avons pas de Temple motive la sinat 'hinam.
Pourquoi en est-il ainsi? Qu'est-ce qui a changé?

Le Maharal explique que la Présence Divine (Chékhina) était clairement présente dans le 1er Temple. Il y avait la prophétie ; le feu descendait du ciel pour accepter les offrandes de la nation, et la fumée qui s'élevait de l'autel n'était jamais balancée par le vent (voir Yoma 9b et 21b).
Le Maharal note que le libre arbitre, face à une révélation aussi impressionnante/visible d'Hachem, a exigé qu'un puissant penchant au mal travaille contre lui. Ce désir amena les juifs à transgresser les trois péchés capitaux, engendrant une grande impureté. Ainsi, la Chékhina ne pouvait plus demeurer parmi eux, le Temple n'avait plus sa place et fut détruit.

En revanche, il n'y a plus eu de prophétie pendant la période du 2e Temple. La Chékhina n'était pas présente et aucun feu ne descendait du ciel pour accepter les offrandes (ibid.). Sans révélation Divine, le Temple ne servait plus qu'à unir la nation au service d'Hachem.
Le libre arbitre n'exigeait pas que le mauvais penchant incite les juifs à transgresser les trois péchés capitaux. A la place, il s'employait à saper l'unité de la nation.
L'unité [entre les juifs] étant le seul but du 2e Temple, nous n'en avions plus le mérite une fois l'unité perdue, et il a donc été détruit.

Le 2e Temple n'est pas la seule chose qui dépendait de notre unité. Le rav 'Haïm Chmoulévitz note qu'à bien des égards, nous recevons des bénédictions grâce à notre attachement au peuple juif. En effet, cette unité était une condition préalable à la réception de la Torah (voir Yitro 19,2, et le Ohr ha'Haïm).
C'est cette unité qui a permis à des individus moins méritants, tels que Datan et Aviram, de recevoir la Torah dans le désert. Et ce, uniquement parce qu'ils vivaient en harmonie au sein de la nation.
En revanche, le juste Yéhochoua bin Noun, lorsqu'il quitta le campement pour attendre Moché au mont Sinaï, eut besoin d'un mérite spécial pour que la manne lui parvienne [puisque c'étant mis à l'égard de la communauté] (voir Yoma 76a).

Nos Sages ont formulé nos prières au pluriel, de sorte que nous demandons que nos besoins soient pris en compte parmi le restant de la nation. Nous prions Hachem de nous donner la sagesse, la guérison, les moyens de subsistance et d'autres choses. En priant pour les besoins de la nation en même temps que pour nos besoins personnels, nous rendons nos prières dignes d'intérêt.
En effet, même lorsqu'une personne part seule en voyage, la prière du voyageur qu'elle prononce est exprimée au pluriel.

Cette idée s'exprime également dans le Tana'h. Lorsque le prophète Elicha demanda à son hôtesse si elle souhaitait une aide particulière pour quoi que ce soit, elle répondit :"J'habite parmi mon peuple" (Mélachim II 4,13). Elle disait que le lien avec son peuple lui donnait une plus grande bénédiction que tout ce qu'elle pourrait recevoir individuellement.

Le rav 'Haïm Chmoulévitz dirait que l'aide du ciel est plus efficace lorsque nous nous intégrons à la communauté/peuple juif.
En revanche, il est beaucoup plus difficile d'obtenir de l'aide sur la base de nos propres mérites.

Shavouot – une allusion à toutes les autres fêtes juives

+ Shavouot - une allusion à toutes les autres fêtes juives :

-> La fête de Shavouot, qui commémore le moment où la Torah a été donnée, doit également faire allusion à toutes les autres fêtes, puisque la Torah incorpore toutes les fêtes. Il s'ensuit que lorsque la Torah a été donnée, toutes les fêtes étaient également incluses.

Roch Hachana est évoqué par le grand coup de shofar qui a retenti lorsque la Torah a été donnée (Yitro 19,16), car à Roch Hachana, nous soufflons également dans le shofar.
Succot est évoqué par le fait que le jour de Shavouot, nous avons été recouverts par les ailes de la Chékhina (Zohar 1:8a), ce qui est la même idée que de s'asseoir dans une soucca. (où l'on est sous les ailes de la Chékhina - Zohar 3:103b).
De plus, il est impossible de célébrer Shavouot sans compter 7 semaines avant, comme le dit le Zohar (3:97b) ces 7 semaines correspondent aux 7 jours de la Création, tout comme le fait de tenir le loulav.
[ les sept jours de la Création et les sept jours de la semaine correspondent aux sept midot (et en découlent spirituellement) ; les sept composants de l'"ensemble" minimum du loulav sont : un loulav, trois hadasim, deux aravos et un esrog, et expriment également les sept middos. ]

L'essence intérieure de Pessa'h est la même que celle de Shavouot, car, comme l'expliquent les écrits du Arizal (Pir Eits 'Haïm - chaar 'hag haShavouot 1), Shavouot est, au sens spirituel, le 8e jour de Pessa'h.
Shavouot est, dans un sens spirituel, le 8e jour de Pessa'h, tout comme Shémini Atséret est le 8e jour de Succot.
[selon le midrach (Chir haChirim rabba 7,4) : "Shémini Atséret aurait dû être fixé pour tomber 50 jours après Souccot, de même que Shavouot (tombe 50 jours) après Pessa'h." ]

Trouver une allusion à Yom Kippour dans Shavouot est un peu plus problématique. Cependant, nos Sages (Yérouchalmi Bikourim 3:3: ; Rachi Béréchit 36,3) disent que 3 personnes sont pardonnées de leurs fautes, l'une d'entre elles étant un jeune marié dont les fautes sont pardonnés le jour de son mariage. (les autre sont un Sage nouvellement nommé et un dirigeant/roi nouvellement nommé).
Puisque le marié est pardonné, la mariée l'est certainement aussi, car quelle différence y a-t-il entre eux à cet égard? Ils se marient tous les deux l'un à l'autre.
Nos Sages (Taanit 4:8) font remarqué que l'expression "le jour des noces de D." (Chir haChirim 3,11) fait référence au don de la Torah. Par conséquent, puisque le mariage Divin a eu lieu à Shavouot, et que nous sommes les fiancés de D. (midrach Chir haChirim rabba 4,22 ; midrach Tan'houma Ki Tissa 18), toutes nos fautes sont pardonnées en ce jour. C'est donc l'allusion de Yom Kippour à Shavouot, car à Yom Kippour, nous sommes également pardonnés pour tous nos fautes.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Shavouot ]

=> La fête de Shavouot, qui est l'anniversaire et la reviviscence du don de la Torah, incorpore toutes les autres fêtes de l'année.

Shavouot – avoir également du plaisir physique

+ Shavouot - un plaisir physique :

-> Dans la guémara (Pessa'him 68a), toutes les opinions concordent pour dire que le jour d'Atséret, c'est-à-dire Shavouot, une personne est tenue, en plus de consacrer la fête à des activités spirituelles, de profiter également de la fête sur le plan physique.
À Pessa'h, une personne est naturellement heureuse en raison de sa libération physique de la servitude, une faveur physique qui nous est accordée par Hachem. À Shavouot, en revanche, nous nous réjouissons du don de la Torah.
Comme il s'agit d'une bonté spirituelle, il est plus difficile pour le corps physique d'une personne de ressentir de la joie. C'est pourquoi la guémara rapporte que nos Sages étaient tous d'accord pour dire que cette fête exige une joie ressentie même par le corps physique.

Comment y parvenir?
En croyant fermement que la Torah nous apporte la vie à la fois dans le monde à Venir et dans ce monde ; en croyant que la Torah apporte la longévité, la richesse, la santé, et ainsi de suite (Michlé 3,16&8).
En prenant ces questions à cœur, le corps d'une personne appréciera et savourera également la fête.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Shavouot ]

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=> La Torah n'est pas seulement l'élixir de nos vies spirituelles, mais aussi de nos vies physiques. Par conséquent, la célébration de la réception de la Torah (à Shavouot) doit inclure un plaisir matériel tangible en plus du plaisir spirituel naturel qui est associé à la Torah.

Shabbath : un jour unique …

+ Shabbath : un jour unique ...

-> D. nous a dit : "Toutefois vous garderez mes Shabbath, car il est un signe entre Moi et vous pour vos générations, pour savoir que Je suis Hachem qui vous sanctifie" (Chémot - Ki Tissa 31,13)

Rachi d'expliquer [que D. nous dit ] : "Le Shabbath est un signe éminent entre nous, témoignant que Je vous ai choisis pour vous donner en héritage Mon jour de repos afin que vous en fassiez le vôtre."

-> La michna (Tamid 33b) dit que le téhilim 92 (mizmor chir léyom aShabbath) parle : "du Monde à venir qui sera tout Shabbath (koulo Shabbath) et repos pour l'éternité."

=> Ainsi, il n'y aura pas, dans le Monde à venir, d'autre jour que le Shabbath, lequel sera un temps "de repos pour l'éternité".

La sainteté de notre Shabbath actuel prend ses racines et sa source ailleurs qu'ici-bas.
A l'image de l'âme qui réside dans un corps matériel, le Shabbath est totalement spirituel est se relie au monde physique, matériel.

-> Il est écrit dans le midrach :
"Au moment du don de la Torah, D. appela Israël et lui dit : "Mes enfants, je possède un présent merveilleux et je vous le donne pour toujours si vous acceptez ma Torah et observez Mes décrets.

- Maître du monde, quel est ce présent fantastique que Tu nous offrira si nous respectons Ta Torah?
- C'est le monde futur [répondit Hachem]
- Maître du monde, montre-nous, s'il Te plaît, un aperçu de ce qu'est le monde à venir [s'écria le peuple d'Israël]
- Shabbath! Shabbath est égal à un soixantième du monde à venir, parce que le monde à venir est koulo Shabbath. "

+++ Nos Sages nous ont enseigné :
-> "D. dit à Moché : "Je détiens un cadeau précieux dans Mes trésors cachés. Il s'appelle le Shabbath, et J'ai l'intention de l'offrir [aux enfants d'Israël]. Va leur faire savoir!" " (guémara Shabbath 10b)
-> Shabbath est comme un trésor précieux que l'on souhaite transmettre en héritage à son enfant préféré. (Pirké déRabbi Eliezer 19)
-> "Shabbath est un soixantième du monde futur" (guémara Béra'hot 57b)

-> Selon la guémara (Sanhédrin 55b) : "un non juif qui respecte le Shabbath est passible de mort!"
Un non juif qui décide de respecter le Shabbath, ne reçoit pas de prix d'excellence, mais le contraire ... Il est condamné à mort ... Nous sommes surpris : pourquoi? Pour quelle raison? S'il mange de la matsa à Pessa'h, il n'est pas condamné à mort, de même s'il met les téfilin, mais s'il respecte particulièrement le Shabbath, il est condamné à mort?

Le Shabbath symbolise le monde futur. Le Shabbath est un genre de monde futur. Un non juif n'a pas du tout droit au monde futur, il est obligé de comprendre cela. Et s'il ne le comprend pas, on le condamne à mort.
[rabbi Nissim Yaguen - Nétivé Or]

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-> Le Rambam (Lois sur le Shabbath 30,2) écrit :
"Avant l'arrivée du Shabbath, que doit-on faire en son honneur?

On se lave le visage, les mains et les pieds à l'eau chaude, on se revêt de son talith et l'on s'assied pour méditer profondément dans l'attente de son arrivée, comme un sujet attend la venue de son roi.

Les Sages d'antan, à son approche, réunissaient leurs disciples autour d'eux, s'enveloppaient dans un talith et disaient : "Venez et sortons à la rencontre du roi Shabbath!" "

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+ Suppléments :

-> Le rav Dessler a écrit : "En comparaison avec la forte sainteté de Shabbat, toutes les choses de ce monde devront être sans aucune importance à ses yeux." (Mikhtav méEliyahou vol.2)

-> Nos Sages disent : "Tes vêtements de Shabbat ne devront pas être les mêmes que tes vêtements de la semaine…ta façon de marcher le Shabbat ne devra pas être la même que ta façon de marcher dans la semaine…tes conversations pendant Shabbat ne seront pas les mêmes que tes conversations pendant la semaine…" (guémara Shabbath 113 a-b)

-> "Celui qui s'affaire aux préparatifs érev Shabbath en bénéficiera le Shabbath" (guémara Avoda Zara 3a)

=> On ressentira le Shabbath en fonction de l'intensité de notre préparation matérielle et spirituelle, faite au préalable.
A nous de jouer pour donner de la profondeur à notre Shabbath, qui est comme on l'a vu un avant goût de notre monde à venir, et ce pour l'éternité ...

-> "Si quelqu'un meurt érev Shabbath, c'est de bon augure pour lui" (guémara Kétoubot 103b)

Le Baal Chem Tov nous explique que lorsque nous corrigeons nos traits de caratère érev Shabbath, lorsque nous nous repentons des mauvaises actions commises durant la semaine, lorsque nous annulons cet aspect de nous-mêmes qui va de pair avec l'autosatisfaction, nous "tuons" de ce fait le mal qui est en nous.

Si nous pouvons entrer dans Shabbath dans un tel état d'exaltation, si notre penchant au mal est "mort" érev Shabbath, c'est pour nous un bon signe en ce qui concerne notre possibilité d'accéder à la grandeur et au développement spirituel unique qui demeurent à l'état latent dans Shabbath.

"Si une personne est retombée dans le péché après la téchouva, même si cela survient de manière répétée, elle peut toujours faire téchouva, cependant, sa téchouva suivante doit être plus approfondie que la précédente."

[Or'hot Tsadikim - chap. sur la téchouva]

"Il est évident et connu devant Toi [D.] que notre volonté est d'accomplir la Tienne.
Mais qui m'en empêche?

Le levain de la pâte [le yétser ara] et l'asservissement aux nations."

[guémara Béra'hot 17a]

Le 9 Av et la nécessité de prendre le deuil

+ Le 9 Av & la nécessité de prendre le deuil ...

Il est difficile de s’attrister de la perte de quelque chose que l’on n’ a jamais eu.
Néanmoins, pleurer pour le Temple à Ticha Béav est capital pour la survie et la reconstruction de Jérusalem.

-> La guémara (Taanit 30b) nous dit :
"Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit]."

-> Le rav Eliahou Kitov (Séfer haTodaa - chap.33) nous enseigne :
"On raconte l’incident suivant au sujet de Napoléon, empereur de France.
Une fois, il passa devant une synagogue à Paris pendant Ticha Béav et il vit des juifs assis par terre, pleurant et se lamentant de la destruction de leur Temple et de leur terre comme si cette tragédie avait eu lieu la veille.
Il resta bouche bée et dit ensuite : "Je jure qu’a la fin ce peuple aura du bien dans sa propre terre ! Où voyons-nous un autre peuple dans le monde qui continue à pleurer et à languir pendant des millénaires sans diminuer d’intensité ?"

-> Le rav 'Haïm Friedlander de nous expliquer :
"Il y a une signification intrinsèque au fait de pleurer annuellement la destruction des Temples.
C’est un témoignage important de la survie spirituelle du peuple juif parce qu’il n’y a aucun autre peuple qui commémore ses échecs.

A l’opposé, toutes les nations commémorent leurs victoires.
Mais le peuple juif observe le jour de la destruction des deux Temples chaque année."

=> Pleurer pour les erreurs du passé est une garantie pour le futur.
Agir ainsi est une preuve de notre survie spirituelle.

-> Le rav Emmanuel Feldman a écrit un beau texte sur le 9 av (Ticha béAv) :
"Ticha Béav n’est pas le jour préféré de tout le monde, mais c’est l’un de mes préférés à moi, non pas parce qu’il y ait de quoi se réjouir, mais parce qu’on peut se repentir.
J’aime Ticha Béav du fait de ce que cela évoque pour moi au sujet des Juifs : que nous sommes un peuple qui se souvient et qui sait que son passé conduit vers un futur.

Il y a bien plus d’Italiens dans le monde que de Juifs. Et pourtant, personne ne pleure (l'ancien) Rome.
Il y a bien plus de Grecs dans le monde que de Juifs. L’Acropole et le Parthénon sont des attractions touristiques, mais qui pleure leur destruction ?

La Babylonie, la Perse, l’Assyrie, la gloire de l’Egypte antique, qui s’en souvient, qui verse une larme, qui s’en soucie ?

J’aime le 9 Av parce que seul un peuple qui peut pleurer pourra un jour rire.

Et j’aime Ticha Béav parce que j’en ai besoin

Dans tout mon confort, je dois enlever mes chaussures en cuir et diminuer les lumières.
Je dois jeûner et ne pas me faire plaisir. Je dois lire les Lamentations et pleurer les souffrances vécues par mon peuple dans son histoire sanglante. Je dois me concentrer sur quelque chose d’extérieur à moi.

J’ai besoin de Ticha Béav parce que ça me rappelle ce que c’est qu’être juif et qu’Essav hait Yaakov, Pharaon opprime Israël et Haman veut nous détruire et que les empires du monde détestent le juif parce qu’il appartient "au peuple qui vit seul".

J’aime Ticha Béav parce que ça nous enseigne quelque chose de profond, que pour le judaïsme, les événements historiques ne sont pas seulement de l’histoire, pas seulement des événements.
"L’Histoire" et "les événements" ont lieu à un moment dans le temps, mais dans le judaïsme, quand un événement à lieu, il fait partie de nous. C’est un nouveau savoir, une nouvelle connaissance et une perception continue, une nouvelle conscience.

J’aime Ticha Béav parce qu’il contient un message d’espoir profond et de foi profonde.
Ce jour-là, nos Sages nous enseignent que le Machia'h est né.
Comme c’est pénétrant, comme c’est ironique que justement le jour de la destruction la rédemption a commencé.
La fin est également le début."

Le 9 Av à travers les âges

+ Le 9 Av à travers les âges :

1°/ Les expulsions en Europe :

-> En Angleterre (1290) :
"C'est également le 9 Av, le 18 juillet 1290, que le Roi Edward I signa un édit stipulant que tous les juifs étaient bannis d'Angleterre, alors qu'ils y avaient vécu pendant 200 ans.
C'était la 1ere fois dans l'histoire de l'Europe qu'une communauté juive fut expulsée dans son intégralité." (l'historien anglais Martin Gilbert)

-> En Espagne (1492) :
Abarbanel de nous dire :
"Ce jour là [le 9 Av, le 30 juillet 1492], l'expulsion de France eut lieu, tout comme d'autres pogroms et expulsions contre les juifs qui eurent lieu ce mois là ...
Et le roi d'Espagne décréta que tous les juifs de son royaume seraient expulsés ou tués en 3 mois et la date butoir était le 9 Av 1492.

Le roi espagnol ne connaissait pas le sens de ce jour ; c'était la date décidée dans les Cieux."

=> Le 9 Av est le jour approprié pour se souvenir et prendre le deuil de toutes les expulsions des juifs (même si elles ne coïncident pas toutes avec cette date).

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2°/ La 1ere Guerre mondiale et la Shoa :

-> L'Allemagne déclara la guerre à la Russie le 9 Av 1914, ce qui marque le début de la 1ere Guerre mondiale qui eut des répercussions tragiques sur les juifs d'Europe et qui conduisit à la 2e Guerre mondiale et à l'Holocauste

Toute la matinée de Ticha Béav est consacrée à s'asseoir sur le sol, à lire des lamentations et autres textes pour nous faire pleurer. Parmi les textes lus, certaines lamentations évoquent la Shoa composées par des références rabbiniques de l'époque.

=> Ticha Béav est le jour le plus approprié pour rappeler les tragédies de l'histoire juive.

La guémara (Taanit 29a) nous explique que le 9 Av est un moment désigné pour pleurer, en nous disant :
"Vous avez pleuré sans raison [le 9 Av - lors de la faute des explorateurs], je vais vous donner une raison de pleurer [ce jour-là] pour toutes les générations."

=> Le 9 Av est devenu le jour de deuil national pour les juifs de tous les malheurs qui advinrent tout au long de l'histoire.
Mis à part les catastrophes relatives à la destruction du Temple et l'exil de la terre d'Israël, toute la souffrance des Juifs est liée au 9 Av.

Il ne faut pas voir ce jour négativement, de façon déprimante (pleurer pour pleurer).
Au contraire, c'est en semant des larmes qu'on construit notre futur dans le sourire.

Comme le dit le midrach Abba Gorion : "A partir du moment où le Temple a été détruit, le Macchia'h est né."
(de la destruction naît la délivrance).

Les tragédies du 9 Av

+ Les tragédies du 9 Av :

-> La michna Taanit (4,6) de nous dire :
"5 choses sont arrivées à nos ancêtres à Ticha Béav :
1- Il a été décrété que nos ancêtres n'entreraient pas sur la Terre.
2- Le 1er Temple a été détruit [par Nabuchodonosor en -423 de l'ère goy]
3- Et le 2e aussi [en 70 de l'ère goy]
4- La ville de Beitar a été capturée
5- Jérusalem a été labourée

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1°/ La destruction des 2 Temples :

La guémara (Taanit 29a) d'écrire :
"Le 7, les barbares entrèrent dans le Temple, y mangèrent et le rendirent impur, le 7 et le 8 [Av].
Vers le crépuscule du 9, ils y mirent le feu et il continua à brûler toute la journée.
[...]
Il est rapporté que le jour où le 1er Temple a été détruit était la veille du 9 Av ... La même chose se passa avec le 2e Temple."

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2°/ La destruction de Beitar (en 135 de l'ère goy) :

-> Il est écrit dans la michna Béroura (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 549,2) :
"Ce jour-là [le 9 av] la grande ville de Beitar qui contenait des dizaines de milliers de juifs fut capturée.
Tous les habitants furent tués et ce fut une tragédie aussi importante que la destruction du Temple."

-> La guémara (Guitin 57a) de nous livrer un enseignement très parlant :
"On avait l'habitude [à Beitar], quand un garçon naissait, de planter un cèdre et quand c'était une fille, de planter un pin et quand ils se mariaient, on les coupait pour construire avec le dais nuptial.

Un jour les filles de l'empereur romain passaient quand un côté de leur charrette se brisa, [les romains] arrachèrent quelques branches d'un cèdre pour le réparer. Les Juifs leur tombèrent alors dessus et les frappèrent. Ils rapportèrent alors à l'empereur que les juifs se rebellaient et qu'ils se révoltaient contre lui.

Ils étaient 80 000 chefs armés lorsque la ville de Beitar fut prise.
Les hommes, les femmes et les enfants furent tués jusqu'à ce que leur sang coula jusqu'à la Grande Mer.

Pensez-vous qu'elle était proche?
Elle était éloignée de plus d'un “mil” (environ 1 kilomètre)!!

Il a été enseigné : Rabbi Eliézer le Grand dit : Il y a 2 ruisseaux dans la vallée de Yadaim, l'un va dans une direction, l'autre dans l'autre, et les Sages ont estimé que [à cette époque] il y avait 2 parts d'eau et une part de sang.
Il a été enseigné : pendant 7 ans les non-juifs ont vendangé leurs vignobles avec le sang d'Israël sans ajouter le moindre engrais."

D'après l'historien romain Cassius Dio, pendant la révolte de Bar Ko'hba, 580 000 Juifs furent tués et 50 villes fortifiées, ainsi que 985 villages furent rasés par les forces romaines.
La bataille pour Beitar avait été la dernière étape de la révolte juive contre l'occupation romaine.
Son échec le 9 av signifiait la fin du règne juif sur la terre d'Israël jusqu'à l'époque moderne.

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3°/ Le site du Temple labouré (en 135 de l'ère goy) :

Le rav Berel Wein, nous éclaire sur ce sujet :
"En l'an 135, quand la révolte de Bar Koh'ba a été balayée, l'empereur romain Adrien agit de façon encore plus cruelle et mit en place une campagne pour anéantir non seulement les juifs restant, mais également le souvenir de leur existence. En effet, il décida "de résoudre le problème juif" une fois pour toutes.

Il réalisa que la solution finale au problème juif ne résidait pas seulement dans le fait de les tuer, mais qu'il fallait aussi détruire le judaïsme.
Tant que les Juifs avaient leur religion, personne ne pourrait vraiment les éradiquer.
C'est pourquoi il émit des décrets qui rendaient le judaïsme hors la loi sous peine d'être tué.
Les décrets d'Adrien sont les pires qui n'ont jamais été pris à l'encontre du Peuple juif.

Adrien ne s'arrêta pas là.
Il interdit de nommer la capitale : Jérusalem, et la renomma : Aelia Capitolina.
Il interdit également aux juifs d'y résider.

Plus encore, il demanda à une armée d'esclaves de labourer le Mont du Temple.
Il le fit diminuer d'environ 300 mètres.

=> Quand on va à Jérusalem aujourd'hui, les montagnes autour du Mont du Temple (comme le Mont des Oliviers ou le Mont Scopus) sont plus hautes. Alors qu'avant Adrien, le Mont Moria (le Mont du Temple) était le plus haut de tous.
Adrien reconstruisit littéralement la terre pour prouver aux Juifs qu'il ne serait jamais reconstruit."

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[Yirmiyahou (26,18) l'avait prophétisé : "Ainsi a parlé D. : Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de ruines et la montagne du Temple une hauteur boisée."]

Pour reconstruire le Temple, il faut …

+ Comment pouvons-nous reconstruire le Temple?

Il est important de prendre conscience que chaque génération a la capacité de reconstruire le Temple, si elle échoue, elle est considérée comme responsable de sa destruction.

La guémara (Yérouchalmi Yoma 1,1) de dire :
"Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction."

1°/ Respecter et aimer son prochain :

-> Le Sfat Emet (à Roch Hachana 5641) a dit de façon admirable : "Puisque le Temple a été détruit à cause de la haine gratuite, il sera, si D. le veut, reconstruit par l’amour du prochain."

=> Lorsque je chercher à aimer mon prochain (surtout quand ce n'est pas évident!), j'aide en même temps à la reconstruction du Temple.

-> Le 'Hatam Sofer (commentaire de la Haggada sur Ha La'hma Anya) de nous enseigner :
"Si tu demandes : "Qu’avons-nous gagné à être libérés d’Egypte puisque de toutes façons nous sommes retournés en exil ?"

La différence est que lorsque nous étions esclaves en Egypte nous n’avions pas la capacité de hâter notre rédemption, néanmoins, dans cet exil nous sommes capables de le faire s’achever par des actes de bonté.
C’est pourquoi [au début du Séder de Pessa'h nous invitons les passants chez nous] : "Que tout celui qui a faim vienne et se joigne au Séder."

Par ce mérite [nous pouvons reconstruire le Temple] et être : "l’année prochaine à Jérusalem !". "

-> Le Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon) de dire :
"Il est écrit au nom du saint Zohar que même une assemblée qui maintient la paix peut mériter de faire venir le machia'h. C’est pourquoi la venue du machia'h est dépendante de nous.
Et il est connu que préserver la paix peut seulement être accompli si nous veillons soigneusement à éviter à la fois la haine gratuite et le fait de parler péjorativement de notre prochain.
Chaque individu qui s’efforce de rectifier ces défauts aura une part dans la reconstruction du Temple futur ; sans cela, le Temple pourra rester détruit pour toujours, que D. nous en préserve."

=> Par nos actes de bonté, d'amour d'autrui, ... nous avons les capacités de reconstruire le Temple très très rapidement.

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2°/ Améliorer notre langage :

Le 'Hafets 'Haïm (Chémirat haLachone - 'Hélék Chéni - chap.7) nous enseigne que tout celui qui parle de façon positive des autres et qui recherche la paix a une part dans la reconstruction du Temple futur.

Il y écrit en effet :
"Il est écrit au nom du saint Zohar que même une assemblée qui maintient la paix peut mériter de faire venir le Machia'h.

C’est pourquoi la venue du Machia'h est dépendante de nous.
Et il est connu que préserver la paix peut seulement être accompli si nous veillons soigneusement à éviter à la fois la haine gratuite et le fait de parler péjorativement de notre prochain.

Chaque individu qui s’efforce de rectifier ces défauts aura une part dans la reconstruction du Temple futur ; sans cela, le Temple pourra rester détruit pour toujours, que D. nous en préserve."

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3°/ Respecter la Torah :

Le manque de respect pour la Torah était au cœur de la destruction du 1er Temple.

Le rav Aaron Kotler (Michnat Rabbi Aaron) d'écrire :
"De nos jours, particulièrement pendant les 3 semaines, nous devons rectifier notre [manque d’appréciation de l’importance de la Torah] et pour renforcer notre compréhension de sa bonté, particulièrement parce qu’il n’y a rien [qui donne du sens] d’autre que la Torah."

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4°/ Développer et renforcer notre regard positif sur la vie :

Le rav Yissa'har Frand nous apprend qu'il ne faut pas répéter les erreurs des explorateurs en se focalisant sur les points négatifs extérieurs et évidents d'une personne.
Il faut savoir regarder un peu plus loin, profondément/intérieurement pour voir le positif.

Il a écrit :
"Deux personnes peuvent regarder la même chose et voir des choses complètement différentes …
Nous répétons la faute des explorateurs quand nous regardons un autre juif et nous ne regardons que ce qui est extérieur …

La Sinat 'hinam (la haine gratuite), le lachon hara (parler négativement sur autrui), et la ma'hloket (les disputes) viennent tous d’un échec à intégrer les enseignements de Ticha béav, d’un échec à regarder nos coreligionnaires et à apprécier ses bons côtés et son potentiel pour une grandeur spirituelle."

La Rebbetzin Tsipora Heller fait remarquer que pendant 2 000 ans, le peuple juif a été sans cesse la cible de la haine et de persécutions, et qu'il semble que nous soyons plus liés par la haine du monde que par l’amour de l’un pour l’autre.

=> Dans notre unité juive, nous devons passer de la haine à l’amour, de la critique à l’appréciation.
[Unissons-nous par l'amour que l'on se porte mutuellement, et non suite à la haine des nations à notre égard ...]