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Toutes les mesures de rigueur ne peuvent pas s'éveiller le jour du Shabbath, et sont automatiquement adoucies.
[Zohar - Yitro 88b]

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-> "Toute l'emprise des forces extérieures à la sainteté ('hitsonim) qui proviennent du côté de la colère et les accusateurs qui proviennent de la rigueur se retirent et s'enfuient le jour du Shabbath, ils n'ont aucune emprise dans les mondes"
[Agra déPirka - 252a]

-> Lorsque le Shabbath commence, celui-ci proclame l'unité et les forces du mal (sitra a'hra) et toutes les forces de rigueur n'ont aucune emprise.
[Zohar - Térouma 135b]

-> Le Zohar (Pin'has 231b) rapporte que les 2 jours de Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures de l'univers avec 2 beit din. Le premier jour de Roch Hachana, Il juge le monde avec la pleine mesure de rigueur (dina kachia), tandis que le second jour, Il juge par la mesure de rigueur atténuée (dina rafia).

Selon le Arizal, nous sonnons le Shofar en ces 2 jours afin d'atténuer l'attribut de la rigueur Divin.
Le Bné Yissa'har explique que nous ne sonnons pas du Shofar lorsque Roch Hachana tombe le jour du Shabbath, car il a en lui-même la capacité d'adoucir les rigueurs qui sont sur nous (rendant inutile de sonner le Shofar).
Quelle chance nous avons d'avoir le Shabbath chaque semaine!

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-> "Et D. bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3)
Selon le Zohar (Yitro 88b), c'est de ce jour que provient la bénédiction de tous les autres jours de la semaine.

 Lorsqu'une personne faute, qu'elle se rend compte qu'elle a transgressé et qu'elle demande à Hachem de lui pardonner, ses sentiments du coeur brisé sont eux-mêmes le plus grand mérite qu'elle puisse avoir.
Se considérer comme "rien" à cause du mal que l'on a fait, cela en soi nous élève!
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

Ben haMétsarim

+ Ben haMétsarim (période entre le 17 tamouz et le 9 Av) :

-> La guémara (Shabbath 31) dit que lorsqu'un personne est niftar (décédée), l'une des premières questions que le ciel lui posera est : "tsipita lichoua" = As-tu espéré dans la venue imminente du machia'h?

-> Rabbi Yaakov Emden (Siddour Beit Yaakov, Ticha béAv 6,16) écrit :
"Si notre seul péché était de ne pas pleurer Jérusalem [et la reconstruction du Temple], cela seulement suffirait à prolonger notre exil.
À mon avis, c'est la cause première de toutes les terribles destructions, qui dépassent l'entendement, qui nous arrivent pendant l'exil. Nous sommes poursuivis et nous n'avons pas la paix ... Tout cela parce que le deuil a quitté nos cœurs. "

-> Le Magan Avraham (551,45) écrit : "Le Arizal a enseigné que l'on doit se lamenter pendant ces jours [des 3 semaines] après midi et pleurer pendant environ une demi-heure".
[ainsi, dans la yéchiva du 'Hatam Sofer, il récitait le tikoun 'hatsot, tous ensemble, et prenaient le deuil de la destruction du Temple l'après-midi des 3 semaines. ]

[d'une certaine façon, nous ne pleurons pas spontanément de tout notre coeur la destruction de Jérusalem, parce que nous ne le ressentons pas (pris dans nos problèmes du quotidien), mais en réalité c'est justement par qu'au début nous nous en forçons, parce que nous développons notre sensibilité et notre connaissance du manque occasionné par cette perte du Temple, par le fait que Hachem et Son honneur sont en exil, que nous pourrons alors prendre le deuil au fond de nous même. ]

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-> Pendant les 3 semaines, un certain tsadik rendit visite au Sfat Emet.
"Qu'est-ce qui vous amène ici? Vous vivez très loin d'ici!" demanda le Sfat Emet.
Le tsadik expliqua : "La tradition de ma famille est de voyager pendant les 3 semaines. Hachem est, si l'on peut dire, en galous, et c'est donc notre coutume d'aller en galous aussi, pendant cette période".
Le Sfat Emet répondit : "L'essentiel est de se rappeler que nous ne sommes pas chez nous".
Le Sfat Emet voyageait rarement, mais il se rappelait souvent qu'il n'était pas chez lui.
Nous ne sommes pas là où nous devrions être. Cette réalité ne devrait jamais notre conscience. [Hachem exil confortable]

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+ Une période de proximité particulière avec Hachem :

-> "Ses persécuteurs/poursuivants, tous ensemble, l'ont atteint entre les étroites barrières" (kol rodféa ichigoua ben amétsarim - Eikha 1,3).

-> Le Maguid de Koznitz (Avodat Yisrael - Pirké Avot 2,14) écrit :
"kol rodféa" (כל רודפיה) signifie כל רודף י"ה = tout celui qui poursuit Hachem
ichigoua (השיגוה) = peut atteindre un lien avec Hachem,
"ben amétsarim" (המצרים בין) = pendant la période de bein hamétsarim, car durant ces jours, il est plus facile pour une personne de se rapprocher d'Hachem que le reste de l'année.

Il est intéressant de noter que ce n'est pas ce que nous supposons. Nous pensons que pendant ces jours de deuil, nous sommes éloignés d'Hachem, alors qu'en réalité, c'est pendant cette période de l'année que nous avons le plus de chances, de facilité de nous rapprocher d'Hachem.
Le Maguid de Koznitz nous donne un indice à ce sujet dans le verset : éhéyé acher éhéyé" (אהי"ה אשר אהי"ה - Je serai qui Je serai - Chémot 3,14), la guématria de אהי"ה est égale à 21.
Ainsi, le verset peut être traduit : אהי "ה = Hachem dit : "Je serai avec la nation juive, אהיה אשר, pendant les 21 jours de bein hamétsarim".

Pourquoi est-il plus facile de se rapprocher d'Hachem ces jours-ci ?
Le Maguid de Koznitz explique par un exemple (machal) : "Lorsqu'un roi est dans son palais, il est difficile pour les gens de l'atteindre. Des gardes entourent le roi et empêchent les gens de s'approcher.
[De plus, s'il obtient une audience avec le roi, ] il devra lui offrir un cadeau précieux.
Mais lorsque le roi est en voyage, il est facile de l'atteindre, et un petit présent sera aux yeux du roi comme un grand cadeau ... Le roi acceptera le cadeau avec une mine réjouie, et ce parce qu'il est en voyage".

[ainsi, en cette période symbolisant la destruction de la maison sur terre d'Hachem (le Temple), Il est comme sans domicile fixe, et Il nous est donc plus facilement accessible, pour peu que nous le cherchions, que nous Lui exprimions notre tristesse, regret, d'une telle situation tragique par notre comportement. ]

-> Le Magid de Mézréitch rapporte un exemple similaire :
"Lorsqu'un roi sort de son palais et traverse la place du marché et les rues, il est proche de tous ceux qui l'appellent, et il écoute les cris de ceux qui appellent son nom.
De même, nous devons savoir qu'en ce moment [pendant les 3 semaines], à un moment où il est comme un oiseau qui a quitté son nid [Hachem est en exil], chacun a la permission de s'approcher du Roi du monde, et Il répond à tous."
[ainsi, ben amétsarim est un moment propice pour que nos prières soient acceptées. ]

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-> Ailleurs, le Maguid de Koznitz (Avodat Israël - Massé) développe l'importance de l'étude de la Torah pendant ces jours de bein hamétsarim :
"Bien que nous devrions être tristes ces jours-là et pleurer la destruction du Temple, nous devons néanmoins être forts et purifier nos cœurs pour servir Hachem par la Torah et la prière avec joie, en particulier lorsque nous offrons des louanges à Hachem [telles que les pessouké dézimra et autres].

Ceci peut être expliqué par un exemple.
Un roi humain possède de très nombreuses choses qui peuvent le rendre heureux : des chanteurs, des tambours, des danses, des flûtes et des harpes, ...
Lorsque le roi est heureux, il n'a pas besoin des chanteurs et des musiciens. Il est heureux sans eux.
En revanche, lorsqu'il est triste, il fait appel à ses musiciens pour qu'ils chantent et jouent devant lui et le rendent heureux.
Si l'on peut dire, il en est de même avec Hachem. Les anges du ciel chantent et louent Hachem ; cependant, [chaque année] au moment du de la destruction du Temple ('hourban), il y a de la tristesse dans les chambres extérieures, et quelqu'un qui se soucie d'Hachem doit se renforcer et entrer dans les chambres intérieures pour se débarrasser de toute tristesse et rendre le roi heureux."

Ce sont donc des jours où l'on étudie la Torah et où l'on prie Hachem avec joie. C'est une période où nous devons Lui apporter de la joie.
[Hachem se réjouit énormément lorsqu'un juif (quelqu'il soit) étudie la Torah, se tourne vers Lui en prière, et ainsi en cette période difficile on doit être particulièrement vigilant à davantage étudier/prier, et à le faire dans la joie et l'amour d'Hachem. De cette façon, on exprime concrétement notre désir de Le réjouir, de provoquer la reconstruction de Sa maison et le retour d'une relation de grande proximité avec Lui. ]

-> Pendant la Shoa, les gens étaient stupéfaits de voir rabbi Pin'has d'Oustila (le gendre de rabbi Yissa'har Dov de Belz) apprendre la Torah avec une immense assiduité.
Comment pouvait-il mettre de côté toute la douleur et la dévastation [que devait lui provoquer les scènes horribles de la Shoa], et se plonger dans l'étude de la Torah?

Il a répondu : "Les gens ont posé la même question à mon beau-père pendant la Première Guerre mondiale. Les gens ne comprenaient pas comment il pouvait avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour étudier la Torah à ce moment-là.
Il a expliqué que dans les moments difficiles, il est encore plus important d'étudier la Torah.
La Michna dit : "lorsqu'une personne souffre, la Chékhina (Hachem) dit : "J'ai mal à la tête, j'ai mal aux bras". [kalani mérochi kalani mzro'i - guémara Sanhédrin 46a]
J'ai mal aux bras" = ce qui signifie qu'Hachem souffre avec nous. Or, nous vivons à une époque où le peuple,juif est en détresse, et Hachem souffre certainement avec nous.
Il est de notre devoir de rendre Hachem heureux, et rien n'apporte plus de joie à Hachem qu'un juif qui étudie la Torah".

[ainsi, il ne suffit pas de s'attrister sur Jérusalem, mais il faut également rendre joyeux Hachem, particulièrement en cette période du 17 tamouz au 9 Av. ]

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-> Rabbi Aharon de Belz enseigne que lorsqu'un juif apprend la Torah, il n'est pas en exil. C'est la raison pour laquelle on peut manger de la viande et boire du vin lors d'un siyoum pendant les 9 jours (de roch 'hodech Av au 9 Av).
En effet, là où il y a de la Torah, il n'y a pas d'exil.

Le 'Hozé de Lublin dit : la halakha stipule que lors d'une brit mila pendant les neuf premiers jours du mois d'Av, seules 10 personnes peuvent prendre part à la viande et au vin du repas.
[précision : pour les Ashkénazes : dans la semaine du 9 Av, la consommation de viande est permise uniquement pour la famille proche et uniquement pour une dizaine d’autres personnes]
Mais lors d'un siyoum dans les 9 jours, plus de 10 personnes peuvent prendre de la viande et du vin au repas. Il n'y a pas de limite au nombre de participants.

Le 'Hozé explique que la destruction du Temple est apparu parce qu'ils n'étudiaient pas la Torah comme ils le devraient, comme il est dit : " Pourquoi le pays est-il ruiné (et) desséché comme un désert, sans que personne n'y passe? Hachem a dit : "C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah" (Yirmiyahou 9,11-12).
Lorsque l'on termine une massechta (traité) et fait un siyoum, il répare la racine et la cause de la destruction du Temple ('hourban).
L'odeur de la géoula est dans l'air, et par conséquent, tous les participants peuvent prendre part au repas.

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+ Ben hamétsarim = avoir du deuil ou de la joie?

-> Le Shoulchan Aroukh (561:5) enseigne que "dans ce monde, on ne peut pas remplir sa bouche de rires".

Le Yessod véChorech HaAvodah enseigne que c'est particulièrement le cas pendant les 3 semaines (17 tamouz au 9 av). Cependant, cela ne signifie pas que nous devons être tristes. Un juif doit toujours servir Hachem avec joie.

=> Alors, comment un juif peut-il combiner le deuil avec la joie?

-> Rabbi Shmelke de Nikelsbourg répond par un machal :
Un roi fut contraint de s'enfuir de son palais. Il arriva dans un pays lointain et séjourna dans la maison d'un bon ami. Le roi remarqua que l'humeur de son hôte alternait entre la joie et la tristesse.
Déconcerté, le roi lui demanda : "Es-tu heureux ou triste? Si tu es heureux, pourquoi pleures-tu? Et si tu es triste, pourquoi parais-tu heureux?"
L'hôte répondit : "Je suis heureux et je suis triste. Je suis triste parce que le roi a dû quitter son palais pour venir ici. Et je suis joyeux parce que j'ai le privilège d'accueillir le roi dans ma maison".

Rabbi Shmelke de Nikelsbourg explique que cela décrit nos émotions pendant les 3 semaines.
Nous pleurons amèrement et nous nous lamentons parce que la Chékhina (présence d'Hachem dans ce monde) est en exil.
Mais nous nous réjouissons également parce que la Chékhina est avec nous.

De plus, nous pouvons expliquer que que le deuil et la joie ne sont pas contradictions.
En fait, le deuil devient le fondement de notre bonheur. Cela est dû au fait que lorsque l'on pleure le Temple, on attire sur nous un élément [central] du Temple.
Le Temple était un lieu rempli de joie (comme nous le chantons dans un chant de Shabbath : "Retour au Temple et au Kodech Kadochim, un lieu où les âmes se réjouissent" - למקדשך תוב ולקדש קודשין אתר די ביה יחדון רוחין ונפשין), et par son deuil, on attire à nous cette joie immense.

Certaines personnes ont peur de pleurer parce qu'elles ne veulent pas être tristes, ne réalisant pas que le deuil entraîne la plus grande des joies.

[le rabbi de Nikelsbourg nous enseigne qu'en prenant le deuil de Jérusalem, on attire sur nous la joie incroyable qu'il y avait. (ex: si on avait des comptes à faire, on devait sortir de la ville, car à Ja)]

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-> Le Choul'han Aroukh (554:25) : "Celui qui pleure/s'endeuille sur Jérusalem mérite de la voir dans sa joie" (כל המתאבל על ירושלים זוכה ורואה בשמחתה).
זוכה ורואה (zo'hé our'é - mérite de la voir) est écrit au présent.

Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) et d'autres expliquent que lorsque l'on pleure le Temple, on ressent immédiatement la joie de la guéoula.
Le Kédouchat Lévi (Eikha) écrit : "Lorsque l'on pense à la sainteté et que l'on pleure Jérusalem... on perçoit immédiatement un élément de la joie de Jérusalem, de ce qu'il en sera à l'avenir".
[d'une certaine façon, plus on s'attriste on détaillant tout ce qu'on a perdu à cause de sa destruction, plus on se réjouit que très bientôt on en profitera pour l'éternité. Ainsi, plus on s'en attriste, plus on s'en réjouit d'impatience, de la grandeur d'être juif, de la bonté d'Hachem à notre égard d'avoir une chose si grande que le Temple, qui arrivera avec le machia'h très rapidement. ]

-> Lors d'un mariage, nous cassons un verre sous la 'houppa, le 'hatan porte des cendres sur sa tête, ...
Ces coutumes nous aident à nous souvenir de Jérusalem et du Temple.

Le Sfat Emet (Ki Tavo 5653) explique que le but de ces coutumes n'est pas de nous faire pleurer lors d'un mariage, mais plutôt de parfaire la joie de la fête.
Nous voulons que la joie de la fête soit complète, mais comment un bonheur peut-il être complet dans l'exil? C'est pourquoi nous portons le deuil, et le deuil attire la lumière et la joie totale de l'épqoue du machia'h, et cela complète la joie du mariage.

Le Sfat Emet écrit :
"À chaque sim'ha (célébration), il faut se souvenir du Temple ...
Lorsque le Temple était érigé, la joie était totale. Aujourd'hui, nous méritons cette joie par le deuil et la nostalgie du Temple.
Comme il est dit : "Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l'allégresse à cause d'elle, vous tous qui l'aimez! Prenez part à sa joie, vous tous qui êtes en deuil à son sujet!" (Yéchayahou 66,10).
Par notre deuil, nous mériterons la joie de Jérusalem."

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-> la grandeur particulière des Shabbath de ben hamétsarim : http://todahm.com/2023/08/20/la-grandeur-du-shabbath-en-exil

Le don de la Torah

+++ Le don de la Torah (par le Sfat Emet) :

+ "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,15)

-> Ce verset décrit le tremblement du peuple après avoir vu les voix du mont Sinaï.
Chaque mot de ce verset a une signification. Tout d'abord, la Torah souligne que le peuple tout entier a vu la voix, ce qui implique que chaque membre et chaque nerf de chaque individu a vu la lumière de la Torah. Il est bien connu que chaque membre du corps correspond à l'un des 248 commandements positifs, qui sont comparés à des étincelles émanant d'une source de lumière, la Torah.
Ainsi, à l'époque où la Torah a été donnée, chaque membre et chaque nerf du corps juif dans son ensemble a non seulement ressenti l'aura des mitsvot, mais a également été imprégné de la lumière de la Torah.

L'expression "les voix" (ét akolot), fait également allusion au même phénomène. Le mot "ét" (את) indique généralement la présence d'une dimension supplémentaire au-delà de la signification superficielle des mots. Ici aussi, nous pouvons déduire que l'expression "ét akolot" (אֶת הַקּוֹלֹת - les voix), fait allusion à la pénétration de la lumière de la Torah et des mitsvot dans chaque fibre de la personnalité juive.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

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-> Il est intéressant de noter que, malgré l'élément supplémentaire de l'audition, notre verset décrit cette expérience comme une expérience de la vue. Cela peut s'expliquer par le fait que, lorsque la Torah a été donnée, le peuple tout entier a atteint le même niveau de communication avec Hachem que celui dont les Patriarches avaient bénéficié, comme le dit Hachem (Vaéra 6,3) : "Je suis apparu à Avraham, à Its'hak et à Yaakov.
[Sfat Emet - Shavouot 5636]

-> Un autre objectif du miracle de la double perception (entendre, voir) peut avoir été de souligner le fait que la Torah est bien au-delà de tout un phénomène physique, y compris les sens.
Dans le cours normal de la nature, les sons sont perçus par les oreilles et la vue par les yeux ; dans le domaine de la Torah, cependant, cela peut être inversé.
[Sfat Emet - Shavouot 5631]

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-> Lorsque Hachem a commencé à prononcer les 10 Commandements. Les mots : "Je suis Hachem, ton D.", que le peuple a non seulement entendus mais aussi ressentis avec tous ses sens, pénétrant dans chaque fibre de son corps, ont laissé une marque indélébile dans la psyché juive.
... cette impression éternelle que Son nom a laissée sur le peuple dans son ensemble [ne pourra jamais être effacé].

Ainsi, l'expression "voir les sons" (ro'im ét akolot), fait référence à ce moment où un lien émotionnel inséparable a été forgé avec le Créateur, un lien qui ne permettra jamais à l'une des parties d'abandonner l'autre.
À ce moment-là, les juifs ont compris qu'Hachem était la source de leur âme, et donc de leur existence même.
La plupart du temps, la nature matérielle de notre existence obscurcit ce fait, mais ceux qui ont eu le privilège de se tenir au mont Sinaï ont pu voir que leur âme était enracinée dans Hachem.

Le 2e commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux en Ma présence" (lo yiyé lé'ha élokim a'hérim al panaï), n'est pas seulement une interdiction, mais aussi une promesse que rien ne mettra jamais en péril cette relation unique entre Hachem et Son peuple.
[...]

L'ambiance dramatique (éclairs, tonnerres, ...) entourant le don de la Torah était plus nécessaire au reste de l'humanité qu'aux juifs. C'est eux qui avaient besoin d'une preuve irréfutable qu'Hachem dominait le monde. Les juifs, cependant, ont une propension innée à voir la présence d'Hachem dans le monde, et une fois que D. leur a annoncé Sa volonté, ils l'ont acceptée immédiatement.

Il était normal que les juifs soient choisis pour témoigner de l'existence d'Hachem, comme le dit le prophète Yéchayahou : "vous êtes Mes témoins, dit Hachem" (atèm édaï néoum Hachem - v.43,10).
En tant que nation, nous avons une conviction innée de l'existence d'Hachem qui nous rend dignes d'en témoigner.
Une croyance qui repose sur des miracles spectaculaires peut être facilement érodée par les doutes et les épreuves ; chaque miracle a ses détracteurs. La croyance intuitive en Hachem, en revanche, ne peut jamais être réfutée.

Cette conviction innée, bien qu'elle existe en permanence, est particulièrement convaincante le Shabbath. La néchama yétéra (le "supplément d'âme" donné à tout juif à Shabbath) perçoit la Présence d'Hachem avec plus d'acuité que pendant la semaine.

Il convient de noter que la Torah dit que le peuple voit (kol a'am ro'im), au présent, plutôt qu'ils ont vu, au passé. Cela suggère que non seulement ceux qui étaient présents à ce moment-là, mais aussi toutes les générations futures ont cette capacité de "voir" une partie de la lumière du Sinaï.
En particulier, les prophètes de toutes les générations tirent leur inspiration des sources de la Torah qui ont jailli pour la première fois à ce moment spectaculaire.

L'utilisation au présent de 'voir' (ro'im), fait également allusion à la néchama (l'âme), une "partie" d'Hachem qui réside en chaque juif.
De la même manière qu'Hachem perçoit le passé et l'avenir aussi clairement que le présent, nos âmes résident à un niveau spirituel si élevé qu'elles peuvent "voir" des choses qui, normalement, ne sont qu'entendues.

Que voient donc nos âmes au quotidien?
Elles voient la même chose que ce qu'elles ont vu au mont Sinaï, les mots "ano'hi Hachem Eloké'ha" (Je suis Hachem, ton D.), aussi clairement qu'elles les ont vus la première fois.
Nous disons chaque jour dans le Shéma : "que je vous ordonne aujourd'hui" (achèr ano'hi métsavé'ha ayom), chaque jour Hachem nous ordonne de croire en Lui aussi clairement qu'Il l'a fait au mont Sinaï.
[et de cela notre âme en a clairement conscience au quotidien! ]
[Sfat Emet - Shavouot 5661 ; paracha Yitro 5661]

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-> "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,14)

-> Pourquoi ce verset nous dit-il 2 fois que le peuple a vu ?
Peut-être que la 2e utilisation du mot "voir" indique une autre vision ; ils ont vu les générations futures qui seraient également censées accepter et observer la Torah.
Si c'est le cas, leur tremblement peut être dû à la crainte pour leurs descendants, qui devraient respecter la Torah sans avoir reçu le même esprit que celui qu'ils avaient reçu au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

-> Il est également possible qu'ils aient vu leur propre potentiel de croissance dans la Torah et qu'ils aient tremblé de peur de ne pas être assez forts pour réaliser leur potentiel.
Le début de notre verset fait également allusion à cette reconnaissance du potentiel : le peuple tout entier a vu les voix (kolot signifie voix et son, c'est-à-dire ici le tonnerre).
Le peuple ne s'est pas contenté de croire, il a vu la voix d'Hachem qui disait "Je suis Hachem, ton D." (ano'hi Hachem Eloké'ha) ; à ce moment-là, comme nous l'avons dit plus haut, il a pu voir et sentir les racines de son âme, c'est-à-dire son potentiel à servir Hachem.

Moché décrivit plus tard le don de la Torah par la phrase : "face à face, Hachem t'a parlé" (panim bépanim dibér Hachem ima'hem - Vaét'hnan 5,4).
Cette image (face à face) fait également allusion à la capacité de la Torah à montrer à chaque individu son potentiel. Cela repose sur l'idée que [la Torah est comme] un miroir dans lequel chaque personne se voit.
De la même manière qu'une personne regarde la Torah, la Torah lui renvoie son image. Plus une personne est disposée à exposer son moi intérieur à la Torah et à se laisser emporter par le désir de comprendre les profondeurs de la Torah, plus elle méritera de comprendre sa part unique dans la Torah, cette partie de la Torah qui parle à la racine de son âme.

Comme on le sait, nos Sages Sages ont souvent comparé la Torah à de l'eau : "les mots de la Torah sont comparés à de l'eau" (nimchélou divré Torah lamayim - guémara Taanis 7a). [de même : "l’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b - én mayim ella Torah]
Peut-être nos Sages font référence à ces qualités de miroir de la Torah, à sa capacité à montrer à quelqu'un son véritable potentiel.
En outre, plus on s'efforce d'atteindre ses capacités en matière de Torah, plus la Torah reflète sa lumière sur ceux qui l'étudient.
[Sfat Emet - Shavouot 5639]

-> Notre verset se conclut par : "vayaamédou méra'hok" (ils se sont tenus [debout] à distance).
Dans son sens simple, ce verset suggère que le peuple s'est éloigné de la montagne, peut-être par crainte de l'obligation que sa proximité imposait sur eux ou imposera sur les générations futures.
D'un point de vue homilétique, cette phrase peut également être interprétée à la lumière du dicton de nos Sages (guémara Béra'hot 26b) : "én amida éla téfila" = le mot "debout" dans la Torah fait toujours référence à la prière.
Peut-être étaient-ils "debout" pour prier afin que leurs générations futures (évoquées dans le mot "ra'hot" - loin) soient dignes de la Torah donnée au mont Sinaï.
[Sfat Emet]

"Souviens-toi du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

-> Ce verset [qui est le 4e Commandement] peut être interprété littéralement.
Lorsqu'un juif observe le Shabbath, il renforce la sainteté de ce jour très saint. En même temps, le Shabbath nourrit et renforce la sainteté inhérente à chaque juif.
Ainsi, il existe une interdépendance entre la sainteté du Shabbath et celle de la nation juive : lorsqu'ils observent le Shabbath "pour le rendre saint", ils font à leur tour fleurir l'aura de sainteté qui leur est inhérente.
[Sfat Emet - Shavouot 5637, 5638]

Mois d’Av – La sublime influence de Aharon haCohen = développer notre conscience de l’énorme amour d’Hachem pour chaque juif

+++ Mois d'Av - La sublime influence de Aharon haCohen = développer notre conscience de l'énorme amour d'Hachem pour chaque juif :

-> La Torah (Massé 33,38) nous dit qu'Aharon haCohen est mort le premier jour du 5e mois, qui est Roch 'Hodech Av.
Les séfarim hakédochim expliquent que tout ce qui se produit à Rosh 'Hodech a un effet sur le mois entier. Par conséquent, les forces (ko'hot) d'Aharon haCohen influencent tout le mois d'Av.

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+ Ressentir l'amour d'Hachem :

-> La Michna (Pirké Avot 1,12) enseigne que la force d'Aharon haCohen consistait à rapprocher les gens de la Torah.
Il aidait les gens à ressentir l'amour d'Hachem pour eux, ce qui les ramenait à la Torah. Lorsque Aharon voyait un juif qui ne se sentait pas aimé par Hachem, il lui parlait, l'enseignait et l'influençait jusqu'à ce qu'un sentiment d'amour brûle en lui.

Le midrach raconte qu'Hachem a promis à Aharon une mitsva spéciale qui durerait toujours. Cette mitsva est l'allumage de la Ménorah. Comment cette mitsva peut-elle durer éternellement?
Parce qu'elle contient l'âme d'Aharon haCohen, qui continue d'allumer un feu dans l'âme de toutes les générations futures lorsqu'elles ressentent le grand amour qu'Hachem, notre Père, a pour nous.
Cette lumière d'Aharon brûle le plus fort pendant le mois d'Av.
Le nom du mois, Av, signifie "père", ce qui nous rappelle que l'une des principales avodot de ce mois est de se concentrer sur le sentiment du grand amour que notre Père céleste a pour nous, comme un père aime son enfant.

Lorsque les juifs étaient dans le désert, ils étaient protégés par les Nuées de Gloire. Ces Nuées leur ont été donnés par le mérite d'Aharon haCohen. À la mort d'Aharon, les juifs ont perdu la protection de ces Nuées, car sans le mérite d'Aharon, ils n'en étaient plus dignes.
Les Nuées de Gloire (Anané haKavod), qui nous entourent de la protection d'Hachem, représentent Hachem qui nous étreint.
Ce signe d'amour a été donné par le mérite d'Aharon, car c'est lui qui a inculqué cet amour au peuple juif.

Les saints séfarim enseignent que les 22 jours de bein hamétsarim (du 17 tamouz au 9 av compris) correspondent aux 22 jours qui s'écoulent entre Roch Hachana et Chémini Atséret.
Sur la base de ce parallèle, les 8 derniers jours des 3 semaines, du 2 Av au 9 Av, correspondent aux 8 jours de Souccot.
Souccot est la fête des Nuées de Gloire (une raison d'être dans une Soucca) et c'est la fête qui représente le mieux le grand amour d'Hachem pour le peuple juif (nos Sages disent que dans la Soucca on est dans les bras d'Hachem, comme on l'était avec les Nuées de Gloire dans le désert).
De même, pendant le mois d'Av, à l'heure la plus difficile, Son amour rayonne sur nous.
Pendant le mois d'Av, tout comme pendant Souccot, il nous incombe de nous de faire des efforts pour apprécier et ressentir l'amour qu'Hachem a pour nous.

Nous savons que les explorateurs (méraglim) ont causé des larmes de désolation au peuple juif la nuit du 9 Av en semant dans le cœur des juifs un sentiment d'abandon de la part d'Hachem.
Les méraglim ont péché parce qu'ils n'ont pas ressenti l'amour d'Hachem.
Ils ont dit : "C'est en nous haïssant qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte" (Devarim 1,27) = ce manque de sentiment était la cause première de leur faute, ce qui a poussé Hachem à faire le vœu qu'ils aient une véritable raison de pleurer à l'avenir. Cela fait référence à la destruction du Temple le jour du 9 Av.

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+ La clé de la Délivrance :

-> C'est pourquoi le Baal Chem Tov a enseigné que si l'on se concentre intensément, matin et soir, en prononçant les bénédictions de Ahava Rabbah et Ahavat Olam, qui traitent de l'amour d'Hachem pour le peuple juif, on contribue à apporter le géoula (Délivrance), à la fois une guéoula personnelle et la guéoula du peuple juif.
La clé de la Délivrance se trouve dans ces bénédictions.
Dans la prière du matin nous disons :
- "aavat olam aavtanou" (Tu nous aimes d'un amour éternel) ou une autre version est : "aava rabba aavtanou" (Tu nous aimes d'un amour puissant) ;
- " 'hemla guédola vitéra 'hamlta alénou" (Tu es extrêmement bienveillant à notre égard) ;
- "avinou av ara'haman" (Notre Père, le Père compatissant) ...
- la bénédiction se termine par : "abo'her béamo Israël béaava" (Qui choisit Sa nation Israël avec amour).
Il est écrit au présent "abo'her (Qui choisit Sa nation Israël), parce que ce n'est pas un choix qui a été fait il y a seulement des milliers d'années ; c'est un choix constant qu'Hachem continue de faire.

Dans la prière du soir nous disons :
- "véaavaté'ha al tassir miménou léolamim" (et ne détourne pas Ton amour de nous pour toujours), ce qui est un appel qui signifie que non seulement Hachem devra toujours nous aimer, mais que nous devrions également ressentir Son amour.
- "ohév amo Israël" (Qui aime Sa nation Israël).

Ces bénédictions saintes et pures ont le pouvoir d'allumer un feu en nous.
Mais cela demande un effort de notre part. Nous devons y consacrer la réflexion et la concentration nécessaires, jusqu'à ce que la flamme qu'elles cachent prenne feu dans nos âmes.

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+ Aimer Hachem et ressentir Sa douleur :

-> Le fait de ressentir cet amour d'Hachem suscite un aspect supplémentaire.
Lorsque l'on ressent véritablement l'amour d'Hachem, on commence à lui rendre ce sentiment. Et lorsque l'on ressent de l'amour pour Hachem, on est capable d'accomplir ces paroles de nos Sages : il est du devoir de chaque juif de ressentir la douleur de la Ché'hina en exil.
L'idée qu'Hachem a rejoint Son peuple en exil et qu'il erre avec nous est une raison suffisante pour pleurer et se lamenter.

Dans les générations précédentes, même les soi-disant "juifs simples" ressentaient cela fortement et pleuraient et souffraient beaucoup parce qu'ils ressentaient la douleur d'Hachem.
Mais notre génération a beaucoup de mal à ressentir cette douleur.
Les saints séfarim nous disent que les personnes de la génération précédant l'arrivée de Machia'h auront un "cœur de pierre". Ils ne sauront pas comment ressentir spirituellement avec leur cœur.

Ces sentiments de tristesse face à la douleur de la Ché'hina dans l'exil semblent être au-delà de notre génération. Nous sommes comme un petit enfant qui ne comprend pas les difficultés que traversent ses parents.
Néanmoins, nos grands maîtres ont révélé que la volonté d'Hachem est que nous essayions d'atteindre au moins un niveau minimum de sentiments de tristesse, une certaine appréciation de la douleur que la Ché'hina subit en exil. En particulier en ces jours de Bein haMétsarim, Hachem souhaite que nous nous efforcions de développer ces sentiments.

Nous devons essayer de reconnaître qu'Hachem nous aime d'un amour tout-puissant et que son souhait est que nous n'ayons que ce qu'il y a de mieux, tant sur le plan physique que spirituel.
C'est ainsi que nous pouvons commencer, à un petit niveau, à ressentir la même chose pour Hachem.
Nous pourrons alors vraiment ressentir la tristesse qu'Hachem ne réalise pas Son désir ultime, qui est de voir le peuple juif devenir digne de voir machia'h nous ramener tous en terre d'Israël, et de reconstruire le Temple, afin que la Ché'hina puisse à nouveau habiter parmi nous.
[rav Tsvi Méïr Zilberberg]

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+ Miracle au Temple = Hachem m'aime! :

-> Pendant la prière, le Beis Temple était tellement bondé que certaines personnes ne touchaient même pas le sol ; c'était comme si elles flottaient dans l'air.
Malgré la foule immense, au moment de prier la Amida, miracle des miracles, chaque personne avait son propre ses propres quatre coudées (environ 2 mètres).
Chaque personne était seule avec Hachem.

Les gens se demandaient : "Pour moi! Hachem fait un miracle pour moi! Je n'ai rien de spécial. Les grandes personnes de la génération méritent des miracles. Mais en ce qui me concerne? Je ne suis qu'un simple juif qui vient d'une petite ferme. Est-ce qu'Hachem ferait un miracle pour moi?"

Oui, Hachem fait un miracle pour chaque juif! Il y avait un miracle pour chaque juif dans le Temple.
Le verset dit : "édout Israël" (témoin d'Israël - Téhilim 122,4).
Le Malbim explique cela par le fait que se tenir dans le Temple était un témoignage de l'importance individuelle de chaque personne.
Cela aidait chaque juif à réaliser ce qu'il était capable d'accomplir [, toute l'importance et l'amour qu'il a aux yeux d'Hachem].
[rav Yaakov Landau]

[ainsi prendre le deuil de la disparition du Temple, c'est réaliser qu'il était un lieu témoignant concrétement de l'amour infini d'Hachem pour chaque juif. ]

9 Av – Se connecter avec Hachem

+++ 9 Av - Se connecter avec Hachem :

+ Comme un père qui a perdu un enfant :

-> Notre exil a déjà duré tant d'années. Nous avons été exilés de notre terre pendant des milliers d'années, incapables de reconstruire le Temple à cause de nos fautes.
Malheur au Père dont les enfants ont été exilés devant lui. Malheur aux enfants qui ont été exilés de la table de leur Père. Combien grande est la douleur d'Hachem, avec Sa table vide devant Lui, Son héritage désolé, et Ses enfants dispersés à travers le monde.

Imaginez une personne qui a perdu un parent. Combien est grand son désir de revoir l'être aimé, d'avoir ne serait-ce qu'une occasion de plus de passer du temps ensemble. Imaginez maintenant à quel point Hachem, qui nous aime bien plus qu'il n'est humainement possible de le faire, désire voir Ses enfants exilés rentrer chez eux. Essayons de partager la douleur d'Hachem avec Lui.

En vérité, nos esprits limités ne peuvent pas saisir la profondeur de l'amour qu'Hachem a pour nous.
Notre Père aimant nous a dit par l'intermédiaire de son prophète Yirmiyahou (31,2) : "Je t'aime d'un amour impérissable".
Combien grande doit être Sa douleur et puissante Sa souffrance lorsqu'Il voit à quel point Ses enfants bien-aimés souffrent. En effet, lorsque Hachem nous voit souffrir, Il souffre avec nous, pour ainsi dire, comme nous le disent les versets (Téhilim 91,15 ; Yéchayahou 63,9) : "Je suis avec lui (tout juif) dans sa souffrance" et "toute leur souffrance est douloureuse pour Lui (Hachem)".

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+ Les téfilin d'Hachem - Son lien avec nous :

-> La michna (Sanhedrin 6:5) enseigne : "Lorsqu'une personne souffre, comment la Ché'hina (Présence Divine) réagit-elle? Je suis accablée par ma tête, je suis accablée par mon bras".
Hachem ne veut pas que les gens souffrent. Il pleure avec eux lorsqu'ils pleurent.

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 2, Ch.12) explique la profondeur de cette michna.
Les mots "Ma tête" et "Mon bras" font référence aux tefillin portés par Hachem. La guémara (Béra'hot 6a) dit qu'Hachem porte des tefillins sur lesquels sont inscrits des versets de la Torah qui font l'éloge du peuple juif.
Les tefillin d'Hachem représentent son attachement à notre personne et son désir de répandre la bonté sur nous.
Une personne souffre lorsqu'il y a un blocage dans la bonté qu'elle reçoit d'Hachem. Si le lien avec Hachem s'est affaibli, la bonté d'Hachem diminue. Un juif doit reconnaître que tout le bien qu'il possède provient de son lien avec Hachem, et que toute douleur et toute souffrance surviennent lorsque Hachem nous cache Son visage.
C'est pourquoi, lorsqu'un juif souffre, Hachem agonise à cause de ses téfilin, criant que le lien qu'ils représentent s'est affaibli.

En gardant cela à l'esprit, la raison pour laquelle une personne en deuil ne porte pas de tefillin le premier jour de son deuil devient très claire.
Nos téfilin, qui contiennent des versets louant Hachem, sont notre lien avec Hachem. Cependant, pendant cette période où une personne éprouve l'immense douleur de la perte d'un être cher, son lien avec Hachem, et la bonté qu'Il nous accorde, s'est affaibli. C'est donc un moment inapproprié pour porter les tefillin.

Une autre guémara peut également être expliquée sur la base de ce même concept.
La guémara (Béra'hot 63a) affirme que toute personne qui fait d'Hachem un partenaire dans sa détresse doublera ses moyens de subsistance. En d'autres termes, si une personne dans le besoin se concentre sur la douleur de la Ché'hina, plutôt que sur sa propre souffrance, elle sera récompensée par l'amélioration de ses moyens de subsistance.
À première vue, il ne semble pas y avoir de lien entre cet acte méritoire et sa récompense.
Pourtant, ces deux éléments sont intimement liés. La souffrance d'une personne indique une rupture dans sa relation avec Hachem. Lorsqu'elle s'attache à ressentir la douleur d'Hachem, elle répare cette rupture ; elle se reconnecte avec la source de tout bien.
Lorsqu'une personne rétablit sa relation avec Hachem, il est tout à fait naturel que ses moyens de subsistance prospèrent, car Hachem est la source de la subsistance d'une personne.

Cela devrait être une source de grand encouragement pour nous.
Même dans les moments les plus difficiles, nous ne devons pas désespérer ; nous pouvons encore grandir. Nous pouvons profiter de ces occasions pour nous connecter à Hachem en concentrant nos larmes et notre chagrin sur la souffrance d'Hachem, qui souffre avec nous.
En outre, nous devrions nous lamenter sur l'affaiblissement de notre lien avec Hachem, ce qui renforcera ce lien.
[rav Avraham Ausband]

Pleurer le Temple = mériter la première résurrection des morts

+ Pleurer le Temple = mériter la première résurrection des morts :

-> La guémara (Taanit 30b) nous dit que celui qui pleure Jérualem méritera de se réjouir de sa reconstruction, mais que celui qui ne pleure pas le Temple ne méritera pas cette joie.

-> Le Ritva, l'un des plus grands Richonim, donne une explication fascinante de cette guémara.
Il écrit qu'il y aura 2 étapes à la résurrection des morts.
La première aura lieu au moment de la reconstruction du Temple, et la seconde se produira bien plus tard.
Cette première résurrection des morts est destinée à ceux qui ont pleuré le Temple. Ils mériteront de participer à sa joyeuse reconstruction.
La seconde résurrection des morts est destinée à ceux qui n'ont pas pleuré la destruction du Temple comme il se doit. Ils n'assisteront pas à cet événement spectaculaire.
Tous les justes mériteront certainement la résurrection des morts, mais pour ceux qui n'ont pas pleuré le Temple, leur résurrection des morts arrivera trop tard pour qu'ils puissent assister à sa reconstruction.

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+ Ressentir la douleur :

-> Le Meïri, un autre grand Richon, dit ce qui suit : pour qu'une personne soit classée parmi celles qui pleurent Jérusalem, il ne suffit pas de jeûner le jour du 9 Av ou de dire les Kinot, car le deuil est dans le cœur.
On peut accomplir toutes les halakhot correctement, mais si l'on ne ressent pas réellement dans son cœur la douleur et la souffrance, on ne méritera pas de voir la reconstruction du Temple.

=> Ainsi, une personne peut tout faire correctement : elle jeûne, elle fait le prières du 9 Av, elle dit les Kinot, elle est assise sur le sol ; elle fait tout ce qu'elle est censée faire le 9 Av. Mais tout cela n'est pas suffisant.
Le Meïri nous enseigne que si l'on accomplit cette mitsva par cœur, sans ressentir de douleur dans son cœur, on n'est pas en rapport avec la véritable essence du 9 Av.

[nous avons 3 semaines où l'on doit se préparer à ressentir le 9 Av pleinement la perte du Temple. ]

Ressentir la destruction du Temple

+ Ressentir la destruction du Temple (par le rav Yérou'ham Olshin) :

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) nous disent qu'il y a des choses spirituelles qui se tiennent : "béroumo chel olam" (au sommet du monde), mais les gens ne les apprécient pas et n'en profitent donc pas. [un exemple donné est la prière]
L'Alter de Kelm explique que "béroumo chel olam" fait également référence au fait que ces choses ont la capacité d'élever une personne à de grandes hauteurs, mais que les gens n'en font pas un usage approprié.
[en ce sens, Rachi (Béra'hot 6b) dit : la prière fait partie des choses qui se tiennent au sommet du monde, mais que les gens traitent avec légèreté. ]
Nous pourrions peut-être ajouter qu'il y a aussi des périodes de l'année qui peuvent élever une personne, mais nous ne profitons pas des opportunités qu'elles offrent. Bein Hamétsarim (du 17 tamouz au 9 av) est l'une de ces périodes.

Le rav 'Haïm Friedlander (dans son Sifté 'Haïm) écrit que les gens pensent parfois que les jours de Bein Hamétsarim ne sont que des jours difficiles qu'il faut "traverser", "supporter".
En réalité, comme l'a dit un jour le rav Israël Salanter : "une personne peut grandir le jour du 9 Av, tout comme elle peut grandir le jour de Yom Kippour".
[Sa formulation actuelle implique que l'on peut grandir encore plus le jour du 9 Av que le jour de Yom Kippour]
Malheureusement, les gens ne profitent pas de ces jours comme ils le devraient.
Bien sûr, nous accomplissons toutes les pratiques de deuil que nos Sages ont instituées pour ces jours, mais nous ne considérons pas ces jours comme une période de croissance spirituelle.

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+ Avoir de la douleur dans notre coeur :

-> Nous savons tous que le 9 Av est une période de deuil.
En fait, nos Sages (guémara Taanit 30b) nous garantissent : "Quiconque pleure le Temple méritera d'être témoin de sa réjouissance".
Cependant, le Meïri écrit que si une personne accomplit toutes les lois du 9 Av par cœur, sans aucune introspection pour stimuler son cœur à pleurer, elle ne méritera pas d'assister à la reconstruction du Temple.
C'est pourquoi notre mission première, le jour du 9 Av, est de ressentir sincèrement la tristesse et la douleur causées par la destruction du Temple.

Le rav Aharon Kotler (dans son Michnat Rabbi Aharon) écrit que la partie la plus importante de notre deuil du 9 Av est la "douleur que nous ressentons dans nos cœurs". Toutes les lois de Tishah B'Av ont pour but d'inciter notre âme à ressentir véritablement la douleur de la destruction du Temple et de l'exil dans lequel nous nous trouvons. Cependant, ajoute le rav Kotler, malheureusement, à notre époque, cette partie intégrante du deuil (d'avoir de la douleur dans notre cœur) est pratiquement perdue.
Or, le rav Kotler a dit cela il y a plus de 50 ans. À notre époque, la situation est probablement encore pire.

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+ La racine de notre souffrance :

-> Comment pouvons-nous réussir à ressentir une véritable douleur dans nos cœurs à propos de la destruction du Temple, quelque chose que de grands tsadikim ont déjà décrit comme étant très difficile à parvenir?

Le rav Aharon Kotler écrit : "Tout ce qui arrive au peuple juif est lié à la destruction du Temple ; toutes nos souffrances en découlent".
Le peuple juif a traversé, et continue de traverser, les situations les plus difficiles. Nous avons enduré des souffrances inimaginables. Pourtant, chaque calamité que nous vivons est une conséquence de la destruction du Temple.

Le midrach relate l'histoire d'une femme qui vivait à côté de Rabban Gamliel et qui avait perdu un jeune enfant. Nuit après nuit, Rabban Gamliel l'entendait pleurer des larmes amères à cause de cette perte.
Lorsqu'il entendait ses pleurs, cela lui rappelait la destruction du Temple ('hourban), et il pleurait avec elle sur cette destruction jusqu'à ce que ses cils tombent.

Cette histoire soulève 2 questions évidentes :
Premièrement, au fil des générations, les tsadikim ont toujours pleuré Jérusalem, alors pourquoi le saint Rabban Gamliel avait-il besoin des pleurs de sa voisine pour lui rappeler de pleurer sur le Temple?
Deuxièmement, alors qu'elle pleurait la perte de son fils, et que Rabban Gamliel pleurait le Temple. Comment le midrach peut-il dire que Rabban Gamliel "pleurait avec elle" ?

D'après ce que nous avons discuté, les réponses à ces questions sont évidentes. Rabban Gamliel avait compris que "tout ce qui arrive à Klal Yisrael est lié à la destruction du Temple", et que le 'hourban était à l'origine du décès tragique de ce jeune enfant.
Rabban Gamliel avait toujours pleuré la destruction du Temple, mais il avait maintenant une autre raison de pleurer. Il avait compris qu'il n'existait pas de souffrance individuelle ; la souffrance personnelle de chaque personne est une continuation du 'hourban.
Par conséquent, il pleurait avec elle, parce qu'il comprenait que sa perte était un produit du 'hourban.

Il est très difficile de ressentir la douleur d'un 'hourban qui s'est produit il y a si longtemps. Cependant, malheureusement, nous connaissons tous de nombreux événements douloureux qui se sont produits au cours de notre génération. Qu'il s'agisse de tragédies personnelles ou des difficultés rencontrées par le peuple juif dans son ensemble. Nous pouvons certainement nous identifier à ces souffrances.
Ces souffrances/douleurs nous brisent le cœur. Ces souffrances ne font-ils pas partie du Temple? Bien sûr que si!
[ex: le Temple avait le pouvoir d'expier nos fautes, et donc de nous éviter tant de souffrances qui viennent en réparation de nos fautes. De plus, le Temple de permettait une proximité accrue avec Hachem, et donc de mériter de tellement davantage de bénédictions (on aurait trouvé notre zivoug, on aurait facilement des enfants, on aurait moins de souffrance, plus de joie, ... ]

Nous devons comprendre ce que Rabban Gamliel savait. Tous les souffrances et toutes les destructions que le peuple juif a subis au fil des générations ne sont pas des incidents isolés. Ils découlent de la destruction du Temple.
Si nous intériorisons ce message, nous serons capables de ressentir la douleur du 'hourban dans nos cœurs.

Certaines personnes voulaient faire de la Shoa une journée spéciale de commémoration, mais le rav Elazar Shach s'y est fermement opposé. Il a compris que l'Holocauste (Shoa) est inclus dans la destruction du Temple.
Il s'agit également d'une conséquence du fait que nous n'avons pas de Temple. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de créer un jour de deuil pour l'Holocauste ; il est déjà inclus dans le deuil du 9 Av.

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+ Notre destruction spirituelle :

-> Il existe un concept supplémentaire qui, s'il est intériorisé, peut nous aider à apprécier la grande perte du Temple.
Nos Sages (guémara Sota 49a) nous disent : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n'y a pas de jour dont la malédiction ne soit pire que le jour précédent".
Quelle est la signification de cette affirmation?

Il semble que nous vivions beaucoup plus confortablement qu'il y a quelques années. [ex: on la climatisation, les voitures, ... ]
Le rav Chatzkel Levenstein explique que nos Sages font référence à un déclin spirituel, à la fois des individus et du peuple juif dans son ensemble. Il n'y a pas un jour où le déclin de peuple juif n'est pas plus grave que le jour précédent.

En comprenant cela, nous pouvons mieux comprendre la kina [lue le 9 Av] dédiée aux 10 grands Tanna'im qui ont été tués par les Romains. Cette kina ne concerne pas simplement des tragédies sans rapport avec la destruction du Temple ; elle fait en fait partie du 'hourban.
Lorsque Hachem a détruit le Temple, il ne s'est pas contenté d'enlever le bois et les pierres. Il a enlevé la sainteté, la pureté et les niveaux élevés de Torah que peuple juif avait atteints.
Par conséquent, lorsque le Temple a été détruit, les grands Tanaïm de cette génération ont également été enlevés. Cela aussi faisait partie du 'hourban. C'est pourquoi, le jour où nous pleurons le 'hourban, nous pleurons également la perte de ces tsadikim. Nous pleurons le fait qu'il nous manque leur sainteté et leur Torah, qui sont toutes liées à la destruction du Temple.

La contemplation de ces idées devrait faire partie intégrante des pensées de chacun pendant cette période de deuil. Nous devons réaliser que le 'hourban (destruction [spirituelle]) n'a pas pris fin avec la destruction [physique] du Temple.
Les niveaux spirituels décroissants que nous connaissons aujourd'hui sont des conséquences du 'hourban.
Pleurer le fait que le peuple juif n'est pas au niveau spirituel qu'il devrait être doit faire partie intégrante du deuil de Jérusalem.

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+ La plus grande douleur de l'exil :

Le Gaon de Vilna nous transmet la réflexion suivante.
Le verset (Chir Hachirim 5,8) dit : "Si tu trouves mon bien-aimé, que lui diras-tu, que je suis malade d'amour pour lui".
Le peuple juif dit aux anges : "Si vous trouvez Hachem, dites-lui que je suis malade d'amour pour lui".
C'est tout ce qu'ils doivent lui dire? Y a-t-il un manque de choses à lui dire? Parlez-lui des souffrances incroyables que le peuple juif a endurées depuis le début de l'exil. Parlez-lui de la situation difficile dans laquelle se trouve le peuple juif aujourd'hui.
Le Gaon de Vilna souligne : Mais non! Le peuple juif ne fait que mentionner à quel point Hachem nous manque. Ils décrivent seulement à quel point notre séparation d'avec Lui est douloureuse, parce que cela est plus douloureux que toutes les souffrances physiques que nous avons endurées.

[ainsi, le 9 Av notre douleur peut être sur les souffrances personnelles, collectives et sur notre envie de davantage de spiritualité. Mais notre plus grande douleur doit être sur le fait que sans le Temple nous sommes trop éloignés de notre bien-aimé, dont nous sommes malade d'amour pour Lui. (nous pleurons le fait que : papa Hachem nous tu es trop loin de nous! Ta proximité nous manque! ) ]

Prier au nets

+ Si les juifs, à l'époque de la destruction du Temple avaient prié au moment du neits, ils auraient été en mesure d'arrêter la destruction ('hourban).
En effet, il est connu que la prière de celui qui prie au lever du jour (kévatikin - au néts ha'hama) est entendue.

Il est écrit : "Tu t'es enveloppé d'un nuage qu'aucune prière ne peut percer" (sakota béanan la'h, méavor téfila - Eikha 3,44).
Hachem a recouvert le ciel d'un nuage afin qu'ils ne sachent pas exactement quand est le neits pour que leur prière ne soit pas acceptée (et c'est pourquoi la destruction du Temple est ainsi allée à son terme).
[Aujourd'hui, nous n'avons pas ce problème parce que nous avons un calendrier précis, ce qu'ils n'avaient pas à l'époque]
[rav Yonathan Eibschutz - Ahavat Yonathan - dans Alon Ba'hout]

[ cela nous apprend sur la grandeur de prier au néts, pour donner encore plus de force à nos prières. ]