La plus grande obscurité est de ne pas voir le Créateur, et la plus grande lumière est de Le trouver partout.
[rabbi Ouri Lati ]
Catégorie : 3- La souffrance
Les mitsvot = condition pour rentrer dans la chambre intérieure d’Hachem, et pleurer nos souffrances avec Lui
+ Les mitsvot = condition pour rentrer dans la chambre intérieure d'Hachem, et pleurer nos souffrances avec Lui :
-> Imaginez une veuve, accablée par les difficultés de sa situation : une maison pleine d'enfants, un maigre salaire, une perte douloureuse et la solitude. Néanmoins, malgré l'obscurité et les difficultés, elle continue d'être une source de force pour ses enfants orphelins et un phare de lumière pour son foyer. Elle est bienveillante et réconfortante, malgré la douleur de son cœur, et arbore toujours un sourire.
Tard dans la nuit, lorsque les enfants sont endormis, elle s'isole dans une pièce du fond et pleure des larmes amères de douleur à cause de la vie qu'elle mène et de la douleur de ses enfants. Mais elle garde cette douleur pour elle. A l'extérieur, elle sourit.
Une nuit, un enfant se réveille et entend sa mère pleurer. Il entre dans la pièce du fond, la voit pleurer à chaudes larmes et se met à pleurer avec elle. Ils restent assis pendant des heures, pleurant l'un avec l'autre, partageant le mal qu'ils vivent.
Dans ces moments de larmes, ils se sentent très proches, connectés par la douleur qu'ils endurent. En pleurant ensemble, ils se rapprochent l'un de l'autre.
Hachem souffre. Le Temple est détruit et le monde est dans un état de délabrement spirituel. Néanmoins, malgré cette douleur, Hachem maintient ce monde et soutient l'humanité. Il remplit ce monde brisé de beauté et de plaisir, extérieurement, Hachem sourit.
La guémara ('Haguiga 5b) dit cependant qu'Hachem a une chambre intérieure. Il s'y cache et pleure des larmes amères à cause de la douleur que ce monde lui inflige. Mais il garde sa douleur privée, confinée dans cette pièce arrière, et lorsqu'il quitte cette pièce, il sourit.
Lorsque nous souffrons, le moyen de nous connecter à Hachem est de pleurer avec Lui dans Son arrière-boutique, d'apporter notre douleur dans la chambre intérieure d'Hachem et de souffrir avec Lui.
Dans ces moments de larmes, on se sent proche d'Hachem malgré la douleur que l'on traverse. Le fait de souffrir [dans l'intimité] avec Lui nous rapproche de lui, car nous partageons notre douleur l'un l'autre.
Alors, comment entrer dans Sa chambre intérieure?
Les mitsvot sont notre lien avec Hachem, et l'effort pour les accomplir malgré la difficulté nous fait entrer dans la chambre arrière d'Hachem et nous lie à Lui.
Plus nous pénétrons profondément dans cette chambre, plus nous partageons notre douleur avec Hachem, et plus nous nous rapprochons de Lui.
Les pleurs pour soi seul engendrent la solitude. Les pleurs avec Hachem engendrent l'unité avec Hachem. Mais nous devons entrer dans la pièce. Une fois qu'on l'a fait, on se rapproche ironiquement d'Hachem par la douleur, elle-même.
Les personnes qui pleurent ensemble se rapprochent les unes des autres. Lorsque les larmes de souffrance d'une personne sont avec Hachem, la douleur cesse d'être quelque chose qui empêche la croissance, et devient au contraire un moyen de croissance ...
Nous pouvons atteindre des sommets spirituels en nous connectant à Hachem à travers notre douleur. En faisant de notre mieux pour accomplir les mitsvot, nous entrons dans Sa chambre intérieure. Dans la mesure où nous entrons dans Sa chambre, nous pouvons nous rapprocher d'Hachem à travers la douleur même que nous vivons.
Pleurer avec Lui peut nous aider à nous sentir proches de Lui.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Ha'hodech 5702 (1942) ]
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-> Le rabbi de Piaseczno (Aish Kodech) écrit :
Hachem se trouve dans la chambre intérieure et c'est là qu'Il pleure. Celui qui se pousse et se rapproche de Lui par la Torah (et les mitsvot), pleure alors avec Hachem, et étudie également la Torah avec Lui.
Telle est la différence : Les pleurs et la douleur qu'un homme [ressent] à cause de ses problèmes, lorsqu'il souffre tout seul, il est possible qu'il se brise et qu'il en tombe au point d'être incapable de faire quoi que ce soit.
Cependant, les pleurs qu'il pousse avec Hachem le renforcent. Il pleure et se renforce, [se sent] brisé et (ensuite) habilité , à étudier et à servir (Hachem)".
-> Selon le rabbi de Piaseczno, l'effort d'accomplir spirituellement et de mieux garder les mitsvot, même sans succès en soi, amènera quelqu'un dans la chambre intérieure d'Hachem. Une fois là, il sera naturellement davantage "sensible à Hachem", appréciera la douleur d'Hachem et sentira, automatiquement, que sa douleur est également ressentie par Hachem.
[Hachem promet à tout juif : "Je suis avec lui dans sa difficulté" (Téhilim 91,15) ]
Cela crée une relation. Cette relation de partage conduira finalement à une connexion avec Lui qui générera naturellement une croissance dans la Torah et les mitsvot, malgré la douleur que l'on traverse, ou, plus précisément, à cause de sa douleur, puisqu'elle est partagée avec Hachem.
Par conséquent, les efforts initiaux, peut-être infructueux, pour parvenir à la spiritualité seront désormais couronnés de succès puisqu'ils sont entrés dans la chambre.
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[le rabbi Piaseczno précise que la douleur peut rendre difficile au début le processus d'élévation dans la chambre intérieure d'Hachem, mais même si cela est dur, il fait continuer les efforts et persévérer. ]
Garder la émouna pendant nos moments difficiles, permet d’en être sauvés
+ Garder la émouna pendant nos moments difficiles, permet d'en être sauvés :
-> Lorsque la vie nous fait souffrir, nous pouvons avoir des pensées désespérées et abandonner l'espoir que les choses s'améliorent.
Mais un juif doit vivre en réalisant qu'Hachem est au-dessus de ces calculs, qu'Il est au-dessus des limitations. Il n'y a rien qu'Il ne puisse faire ... même vous aider.
[Un juif doit toujours vivre avec la certitude qu'Hachem peut le sauver, même si cela semble impossible.
Hachem n'est pas limité par notre raisonnement limité. ]
De plus, le fait même que nous maintenions notre émouna malgré la douleur de nos circonstances est un mérite pour nous, et peut en réalité apporter le salut, la délivrance à notre problème, plus rapidement.
Ce sont précisément les circonstances les plus complexes et les plus difficiles qui portent en elles le plus grand potentiel d'émouna, et par conséquent, le plus grand potentiel de s'en sortir, d'en être délivrées (yéchoua).
Ironiquement, plus les circonstances sont désespérées, plus nous sommes capables d'apporter le salut grâce à la émouna que nous avons durant ces circonstances.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Chéla'h 5700 (1940) ]
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-> Le rav Yaakov Kamenetsky (dans son Emet léYaakov - Chla'h 13,16) demande pourquoi Moché a prié pour que Yéhochoua ne succombe pas au mauvais conseil des explorateurs dans le désert (voir Rashi - Chéla'h 13,16) mais n'a pas prié pour Kalev.
Il répond que, peut-être, puisque Kalev était marié à Myriam (voir Sotah 11b ; Rachi - Béchala'h 17,2), l'incarnation d'une femme juive juste, il ne serait jamais pris dans les méfaits des explorateurs, et par conséquent, n'avait pas besoin de la prière spéciale de Moché.
Les paroles du rav Kamenetsky prennent une toute nouvelle profondeur à la lumière de ce que le rabbi de Piaseczno dit ici et de ce que Rachi écrit (Béchala'h 15,20).
Rachi écrit que Myriam a apporté des tambourins avec elle lorsqu'elle a quitté l'Egypte, car elle était persuadée qu'Hachem ferait des miracles et qu'elle danserait.
Il en découle que Moché savait que Kalev serait inspiré par sa femme, Myriam (Moché connaissant les qualités d'émouna de sa soeur), et qu'il n'aurait donc pas besoin de la prière spéciale.
En effet, garder une forte émouna dans un moment difficile a la capacité de nous sauver de bien des difficultés.
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[ nous devons garder à l'esprit que même si malgré notre émouna forte, Hachem ne nous sort pas vite de nos souffrances, c'est qu'Il a Ses raisons, et que notre attitude pleine de émouna va nous générer des mérites énormes, qui vont nous rapporter gros. (on aura pleinement conscience de cela qu'après notre mort, dans le monde de Vérité.)]
Accepter notre souffrance pour permettre d’amener des délivrances
+ Accepter notre souffrance pour permettre d'amener des délivrances :
La souffrance (morale, physique) peut être omniprésente. Parfois, la douleur est si intense qu'il semble impossible de penser à autre chose. Plus la situation est douloureuse, plus on se replie sur soi. Le fait de penser à sa douleur toute la journée signifie que l'on pense à soi toute la journée.
Si c'est le cas, la douleur accomplit en fait le contraire de son objectif. Alors que toutes les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons sont censées nous aider à nous rapprocher d'Hachem, ces circonstances accomplissent le contraire, l'accent dans notre vie est mis sur nous, et non sur Lui.
Cela rend les choses encore plus douloureuses. Tout ce qu'Hachem fait est pour le bien, mais quel peut être le bien d'être éloignés d'Hachem?
C'est en fait la profondeur du commentaire de Rabbi Eliezer HaKapar (Nazir 19a) selon lequel le fait pour un nazir de s'abstenir de boire du vin fait de lui un "fauteur". Puisque son abstinence est une cause d'inconfort, il risque de se replier sur lui-même, puisque cela cause une forme de souffrance (en raison de son manque).
Cependant, nos séfarim hakédochim (comme Ramban Lé'h Lé'ha 12,6) expliquent que les flux d'énergie divine provenant du Ciel nécessitent un récipient terrestre dans lequel s'écouler. Sans ce récipient, l'énergie n'entre pas dans ce monde, reste bloquée dans les sphères célestes et attend qu'un récipient soit généré pour la contenir.
Le flux de miséricorde d'Hachem peut lui aussi rester bloqué au Ciel s'il n'a pas de récipient dans lequel se déverser.
Une délivrance peut être décrété au Ciel mais ne pas descendre sur Terre, puisqu'il n'y a rien sur ce monde pour la contenir.
Une personne qui souffre peut devenir ce récipient. En souffrant personnellement, elle peut devenir plus sensible au fait que la vie peut être très douloureuse. À ce moment-là, son désir de délivrance et de miséricorde commence à s'étendre naturellement, passant d'une approche égocentrique à une appréciation profonde du besoin de miséricorde divine au niveau universel.
Bien qu'il n'y ait pas deux personnes qui souffrent de la même façon, quelqu'un qui souffre peut sincèrement s'identifier à la douleur des autres.
Lorsqu'une personne reconnaît profondément le besoin de la Miséricorde divine universelle, elle devient un réceptacle pour le flux de cette Miséricorde divine provenant du monde spirituel, facilitant en fait l'entrée même de la Miséricorde divine dans le monde, mettant fin à la souffrance à la fois sur un plan personnel et universel.
Si c'est le cas, le fait de ressentir sa propre douleur et de reconnaître que les choses font mal est en fait une méthode pour mettre fin à la souffrance dans le monde.
Plus quelqu'un se permet d'être vrai à propos de la souffrance qu'il traverse, en respectant le fait qu'il a mal plutôt qu'en le niant, plus il aura de l'empathie pour ceux qui souffrent et deviendra un réceptacle pour la Miséricorde Divine qui mettra fin à toutes les souffrances.
La clé est de reconnaître sa douleur. Bien que cela puisse donner l'impression d'être égocentrique, c'est le contraire qui est vrai : on aide le monde.
S'autoriser à ressentir sa douleur, reconnaître qu'on souffre, c'est se rendre compte qu'on a besoin d'aide, tout comme le reste du monde. L'attention qu'on porte à sa douleur le transforme ironiquement en un instrument de délivrance, malgré la distraction qu'elle provoque.
La douleur peut être omniprésente. Mais c'est dans cette douleur globale que se trouvent les racines d'une délivrance, d'un salut. Le fait de réaliser que l'on facilite l'entrée de la Miséricorde divine dans le monde peut transformer le sentiment d'éloignement d'Hachem en un sentiment unique de proximité, car l'on devient le réceptacle de Sa miséricorde.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - 'Houkat 5701 (1941) ]
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-> Le rabbi de Piaseczno (Aish Kodech) enseigne :
"Et voici, afin de susciter la miséricorde envers les juifs dans les mondes supérieurs et d'adoucir le jugement strict, nous devons en conséquence susciter en nous-mêmes la miséricorde envers les juifs, non seulement pour donner tout ce que nous pouvons pour les [aider], mais aussi la miséricorde même que nous suscitons en nous, envers les juifs, a un impact sur les mondes supérieurs.
Nous ne pouvons pas nous habituer à la douleur du peuple juif. En d'autres termes, les nombreux problèmes ne peuvent pas brouiller en nous, ou affaiblir, notre miséricorde envers les juifs. C'est exactement le contraire.
Le cœur doit être virtuellement saturé, à D. ne plaise, de ces nombreux troubles amers ... car il est connu dans les livres saints qu'il y a des moments où un salut (délivrance) a déjà été décrété dans le monde supérieur sur Israël (les juifs), mais qu'il est retardé (dans le monde supérieur) pour venir (en bas) parce qu'il est en haut [c'est-à-dire essentiellement spirituel] et ne peut pas descendre dans ce monde et être encastré dans des choses physiques, matériellle.
Par conséquent, lorsqu'une personne ne sait pas seulement dans son esprit qu'elle doit soutenir les autres, mais dans son essence même, elle le sait ... (elle) aide à apporter le salut à ce monde ... puisque, avec son moi même, ses traits de caractère et son coeur, qui font partie de son corps (physique), elle a de la miséricorde et sert de pont pour canaliser la miséricorde d'Hachem vers ce monde physique!"
-> Le rabbi de Piaseczno dit également que le mécanisme ultime pour devenir ce récipient est de permettre à sa douleur de s'exprimer par des prières de salut, de délivrance, pour nous-même et pour tout le peuple juif.
Voici ce qu'il dit ici : "Nos prières au nom d'Israël devraient être faites avec plus de cœur et d'âme".
Le rabbi de Piaseczno explique que plus une personne canalise sa douleur, sa souffrance personnelle, dans sa prière, plus son désir de salut personnel et universel devient un récipient qui le facilite.
Sa prière tire la Miséricorde divine vers le bas en devenant un objet qui incarne le besoin et le désir de la Miséricorde divine.
-> Le rabbi de Piaseczno (Aish Kodech - Vayichla'h) dit que les mots que l'on prononce dans la prière créent un récipient pour contenir le bonté d'Hachem.
"Si quelqu'un juge Hachem favorablement et accepte que les moments difficiles [dans sa vie] sont bons, cela sert de mérite pour lui afin d'alléger sa souffrance ...
Le fait de trouver la bonté d'Hachem ('hessed) dans le din (rigueur) le transforme en véritable 'hessed."
[Baal Chem Tov - rapporté par le Ben Porat Yossef - Vayéchev ]
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-> Il y a une tradition du Maharam de Rottenberg (Chéeilot ou'Téchouvot - 'hélek 4), selon laquelle une personne qui meurt al kiddouch Hashem ne ressent pas de douleur pendant qu'elle meurt.
Le Arvé Na'hal explique que la raison en est qu'en décidant de mourir al kiddouch Hachem (en sanctifiant le nom d'Hachem), on s'élève à une dimension supérieure, au-dessus du royaume de la douleur.
Le rabbi de Piaseczno dit qu'il en va de même pour toute souffrance qu'un juif traverse. S'il canalise sa douleur, sa souffrance, vers la spiritualité et l'accepte comme un moyen de se purifier de ses fautes et de se rapprocher d'Hachem, dans cette mesure, sa souffrance sera considérée comme une mort partielle al kiddouch Hachem et deviendra plus légère et plus facile à supporter.
-> Le rabbi de Piaseczno (Aish Kodech - Réé 5701) écrit :
"La souffrance est un moment où en apparence Hachem se cache (hastarat panim). C'est pourquoi, lorsque vous voyez même en elles la main d'Hachem, Sa justice et Sa vérité, alors vous supprimez l'obscurité et Le révélez, même de l'intérieur de l'obscurité et du jugement.
Et, par conséquent, (maintenant) que le jugement, la rigueur est en train de se passer (sur nous), alors il y aura de la bonté et de la révélation et la lumière de Son visage".
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-> "Ani lédodi védodi li" (Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi - Chir haChirim 6,3).
-> Le terme "mon bien-aimé" fait référence à Hachem. Lorsque nous décidons de considérer Hachem comme notre "Bien-aimé", c'est exactement ce qu'Il est : "mon Bien-aimé est à moi".
[ l'idée est que par le mérite de voir Hachem avec bonté, et ce même en période de souffrance, alors nous transformons Sa rigueur en bonté, et nous voyons clairement que "mon Bien-aimé (Hachem) est à moi".
Notre vision sur la vie a le pouvoir de changer notre vie. Plus nous considérons toute chose comme venant à la racine de notre "Bien-aimé" (ani lédodi), plus Hachem nous donnera des occasions de le voir sous son apparence extérieure de "Bien-aimé" (dodi li). ]
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-> Notre douleur sera ce que nous en ferons. Si nous grandissons et changeons à travers la douleur que nous traversons, et que nous nous concentrons sur le plaisir de la croissance (ex: elle nous purifie, nous apporte des mérites spirituels éternels), nous ressentirons du plaisir.
Mais si nous nous concentrons sur notre douleur et sur le fait qu'il est douloureux de grandir, nous ne ferons que ressentir la douleur et nous serons détournés du plaisir.
[...]
Plus nous parvenons à ressentir l'amour d'Hachem dans la douleur, plus nous diminuons la douleur et le prix à payer [de cette souffrance].
L'idée est que toute réalité est un manifeste d'Hachem (rien ne peut se produire sans un décret du Ciel), même notre douleur. En ressentant le plaisir dans la douleur (par émouna), nous trouvons Hachem à l'intérieur de notre douleur et nous révélons Hachem à l'intérieur du "hester panim" (une apparente dissimulation d'Hachem - cf. Vayélé'h 31,18).
Plus nous Le trouverons là, moins il y aura de hester panim, et par conséquent, moins nous aurons mal.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Réé 5701]
Avoir conscience qu’Hachem partage chacune de mes douleurs
+ Avoir conscience qu'Hachem partage chacune de mes douleurs :
-> Une caractéristique de l'émotion humaine est qu'une douleur fait moins mal lorsqu'elle est partagée avec quelqu'un d'autre. Lorsque l'on se sent seul dans sa douleur, celle-ci est plus difficile à supporter.
Le fait d'avoir un ami qui comprend notre douleur la rend plus tolérable. Lorsque l'on se sent seul, comme si personne ne savait ce que l'on traverse, la douleur peut devenir insupportable.
Lorsque Yaakov donne une bénédiction aux fils de Yossef, Efraïm et Ménaché, la Torah (Vayé'hi 48,14-15) introduit le texte en disant que Yaakov a donné une bénédiction à Yossef. Mais ce n'est pas vrai. La bénédiction a été donnée aux fils de Yossef, et non à Yossef. Pourquoi la Torah dit-elle que la bénédiction a été donnée à Yossef?
Le Zohar explique qu'une bénédiction à un enfant est une bénédiction à son père, le père ressent la joie de son fils et se réjouit de sa bonne fortune.
Par conséquent, le fait que Yaakov ait donné une bénédiction aux fils de Yossef était, par essence, une bénédiction à Yossef lui-même, d'où la formulation du verset .
Il en est de même en ce qui concerne la souffrance, un père ressent la douleur de son fils et souffre également avec lui.
Hachem, notre Père céleste, souffre avec nous et ressent notre douleur lorsque nous souffrons.
Le verset dit : "Imo ano'hi bé'tsara" (Je suis avec lui dans sa douleur - Téhilim 91,15).
Aucun juif ne souffre jamais seul. Hachem souffre toujours avec lui.
Chaque once de douleur qu'un juif ressent, Hachem la ressent également. Comme le dit le prophète : "Il souffre de toute leur douleur" (Yéchayahou 63,9).
La guémara ('Haguiga 15b) écrit que lorsqu'une personne souffre, la Chékhina dit : "Malheur à ma tête, malheur à mon bras".
Hachem souffre lorsque nous souffrons. Lorsqu'un juif souffre, Hachem le ressent également. Lorsque nous pleurons, Il pleure.
Si tel est le cas, alors même dans les moments les plus difficiles, lorsque l'on se demande si quelqu'un sait ce que l'on traverse dans les détails, il y a toujours quelqu'un qui le sait : Hachem.
Il ressent exactement ce que nous ressentons.
Savoir qu'Il sait ce que l'on vit peut rendre les choses moins douloureuses.
Hachem nous aime profondément. Il ne veut jamais nous faire de mal, mais si c'est ce dont nous avons besoin (d'avoir un souffrance pour notre bien ultime), Il se joint à nous dans la douleur.
Vivre dans la douleur est difficile. Vivre dans la douleur en sachant que quelqu'un sait à quel point vous souffrez, rend les choses plus tolérables. Un juif n'est sommes jamais seul dans notre douleur, dans aucune difficulté.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Vayé'hi 5702 ; Michpatim 5702 ; Matot 5702]
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-> Lorsque tout juif pleure et souffre, même pour ses préoccupations personnelles, tous les mondes (supérieurs) pleurent avec lui, même la Chékhina, pour ainsi dire, pleure avec lui."
[rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Roch Hachana leil beit 5690]
-> Hachem ressent la souffrance de chaque juif individuellement, et pas seulement celle de la communauté.
[Mékhilta déRabbi Yichmaël 12,40]
-> La douleur qu'Hachem ressent lorsqu'un juif souffre n'est pas seulement celle du peuple juif dans son ensemble, mais même lorsqu'un juif individuel souffre, cela cause également de la douleur à Hachem, et Il souffre en même temps que cette personne.
[rabbi de Piaseczno - dans son Aish Kodech - Toldot 5701]
-> "La douleur qu'un juif ressent face à sa propre obscurité [c'est-à-dire ses lacunes spirituelles], c'est la douleur de la Chékhina [qui réside à l'intérieur de lui, c'est-à-dire son âme]".
[rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - parachat ha'Hodech 5685]
-> La Torah laisse généralement un espace blanc de quelques lettres entre chaque paracha. Cependant, entre celle de Vayigach et Vayé'hi, il n'y en a pas, c'est stouma (fermé). Rachi (Vayé'hi 47,28) explique que la douleur de la mort de Yaakov fut si intense qu'elle "ferma les yeux et les cœurs du peuple juif.
C'est pourquoi la paracha est écrite "fermée". La Torah est la plus grande expression d'Hachem. Si la Torah est "fermée", Hachem était "fermé". Il a ressenti la douleur de ses enfants.
[rabbi de Piaseczno]
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-> Le rabbi de rabbi de Piaseczno (Aish Kodech - 'Hazon 5702) demande pourquoi le Shabbath qui précède le 9 Av est appelé "Shabbath 'Hazon". Il est vrai qu'il tire son nom de la haftarah de cette semaine (Yéchayahou 1,1), de la même manière que nous appelons le Shabbat qui précède Yom Kippour "Shabbat Shouva" (retour à D.) et le Shabbat qui suit le 9 Av "Shabbat Na'hamou" (consolation suite destruction Temple), mais le Shabbat 'Hazon semble unique dans le sens où, contrairement aux noms de ces autres Shabbat, le mot 'hazon (vision) ne semble pas avoir de lien thématique avec ce Shabbat.
Le Rabbi de rabbi de Piaseczno explique : la vue est puissante. Ce que l'on voit a plus d'impact.
Si c'est le cas, la question est la suivante : si Hachem m'aime vraiment, comment peut-il me voir souffrir?
Hachem ne peut pas détourner les yeux, Il voit tout. Mais si vous aimez quelqu'un, vous ne pouvez pas le regarder souffrir. Alors comment peut-Il me regarder souffrir?
Le rabbi répond qu'Hachem ne tourne pas les yeux parce qu'Il veut ressentir notre douleur de la manière la plus aiguë. Il veille malgré Son amour parce qu'Il veut que nous sachions à quel point Il nous aime et qu'Il sait ce que nous traversons, profondément dans les moindres détails ... même si personne d'autre ne le sait.
Le Rabbi explique que le Shabbath 'Hazon, nous essayons de générer la réaction d'Hachem à la vue de notre souffrance, jusqu'au point où Il "ne peut plus tolérer" notre douleur, et nous sauvera de cet exil difficile.
Le Rabbi de Piaseczno rapporte un midrach (Chir haChirim 3,6) selon lequel il y a dix langages qui expriment la prophétie. La plus dure d'entre elles est le " 'hazon". Elle est "kacha chébékoulam" (la plus difficile). La raison en est qu'au niveau du 'hazon, la prophétie d'un prophète n'est pas entendue ou communiquée, mais vue.
L'idée est voir les souffrances potentielles du peuple juif est très douloureux.
[on peut rapprocher les mots de la Amida : "réé on'yénou" (vois mon affliction), ainsi que la formulation du ta'hanoun : "abhét miChamayim ouré ki hayinou laag vakéles bagoyim" (regarde du Ciel et vois que les nations du monde se sont moquées de nous et se sont moquées de nous).
Ces deux textes font référence à la vue. Non seulement Hachem souffre avec nous, mais en plus de la forme la plus difficile : en nous regardant souffrir, sans détourner sa vision pour alléger sa peine. (combien plus qu'un parent qui voit son enfant adoré sous une grande souffrance!) ]
[d'un côté, Hachem a conscience d'à quel point la souffrance est nécessaire (pour notre bien) [ex: comme nous purifier de nos fautes pour une souffrance ici, qui sinon après notre mort sera infiniment plus forte], mais d'un autre côté, Il souffre avec nous dans la totalité de notre douleur, principalement parce que nous souffrons, qu'Il nous aime, que tout juif est important et précieux à Ses yeux. ]
Avraham, Its’hak et Yaakov partagent chacune de nos souffrances
+ Avraham, Its'hak et Yaakov partagent chacune de nos souffrances :
-> L'un des aspects les plus difficiles de la souffrance est le sentiment que personne ne la comprend. La solitude qui accompagne la souffrance peut parfois être pire que la douleur. Qui peut vraiment savoir ce que je vis?
Après tout, personne ne souffre exactement de la même chose et chaque situation est différente. La douleur de se sentir seul rend la souffrance bien pire, mais comment quelqu'un pourrait-il vraiment apprécier ce que je ressens? [personne ne peut vraiment être à place, avec mes émotions, mon vécu, ... ]
Lorsque le peuple juif quitta l'Egypte, Hachem donna à Moché les instructions suivantes : "Parle, je te prie (daber na), aux oreilles du peuple, et qu'il emprunte, chaque homme à son compagnon et chaque femme à sa compagne, des vases d'argent et d'or" (Bo 11,2).
La guémara (Béra'hot 9a) est gênée par le fait qu'Hachem ait dit "s'il te plaît" (na), ce qui implique que le peuple juif Lui ferait une faveur en prenant les objets des égyptiens et en s'enrichissant. C'est difficile à comprendre. L'enrichissement du peuple juif semble être un avantage pour lui-même, et non pour Hachem. Pourquoi Hachem dit-il "s'il te plaît" ?
La guémara explique qu'Hachem implorait le peuple juif parce qu'Il avait promis à Avraham qu'ils quitteraient l'Egypte "avec de grandes possessions" (béré'houch gadol - Lé'h Lé'ha 15,13-14), et s'Il n'accomplissait pas Sa promesse, Avraham en aurait été contrarié.
Hachem demandait au peuple juif (s'il vous plaît) de l'aider à tenir sa promesse, afin de ne pas contrarier Avraham.
La question est la suivante : l'implication de la guémara est que si Avraham n'aurait pas été contrarié, Hachem n'aurait pas ressenti le besoin de tenir Sa promesse. Cela n'est pas possible. Hachem ne romprait jamais Sa promesse, même si personne n'en était contrarié.
En effet, une promesse est une promesse, alors pourquoi la guémara suggère-t-elle que la demande d'Hachem que le peuple juif parte avec des richesses était seulement pour empêcher Avraham d'être contrarié?
De plus, dans la paracha 'Houkat, Moché Rabbénou envoie des messagers au roi d'Edom pour lui demander la permission de traverser son pays.
Moché décrit la sortie des juifs d'Egypte et mentionne que "les égyptiens ont fait du mal à nous et à nos Patriarches" (vayaré'ou lanou Mitsrim véla'Avoténou). La déclaration de Moché est confuse. Où voyons-nous que les égyptiens ont fait du mal à Avraham, Yitzchak et Yaakov (Avoténou - nos Avot)?
Rachi explique qu'à partir d'ici, nous voyons que "nos Patriarches sont peinés dans leur tombe lorsque des calamités s'abattent sur le peuple juif" (haAvot mitsta'arim békever kéchépour'anot baa al Israïl).
Si le klal Yisrael souffrait lorsqu'il était à Mitzrayim, nos ancêtres souffraient également.
La promesse d'Hachem à Avraham, de "sortir avec de grandes possessions, richesses" (yétsou bé'réchouch gadol), a été faite en partant du principe que le peuple juif resterait en Egypte pendant 400 ans.
Hachem les a sorti maintenant prématurément, après seulement 210 ans, et par conséquent Hachem n'était pas lié par la promesse faite à Avraham.
Néanmoins, "nos Patriarches sont peinés dans leur tombe lorsque des calamités s'abattent sur le peuple juif". Ainsi, Avraham serait peiné si le peuple juif quittait l'Egypte dans le dénuement, car un tel départ serait douloureux pour les juifs. Afin de ne pas contrarier Avraham Avinou, Hachem demanda aux juifs de "bien vouloir" prendre l'argent des égyptiens.
Hachem ne voulait pas qu'Avraham souffre.
Nos Avot (Patriarches) ont mal quand nous avons mal, ce qui signifie que nous ne sommes jamais seuls dans notre douleur.
Avraham, Its'hak et Yaakov nous connaissent et savent exactement ce que nous ressentons. Un juif n'est jamais seul dans sa douleur, dans sa difficulté. Il y a des gens qui souffrent avec lui [et pas n'importe qui : nos Avot! ].
Le verset [de la chirat hayam] qui précède le Az Yachir dit : "Et Israël vit" (vayar Israël - Béchala'h 14,31).
Le Zohar (Hachmatot 261b) dit que "Israël" fait allusion à Yaakov Avinou, et l'implication est que Yaakov Avinou a vu les événements d'Egypte, y compris la douleur du peuple juif.
Par conséquent, il a souffert avec eux. Hachem ne voulait pas que Yaakov souffre, Il a donc sauvé les juifs, et ensuite "az yachir Moché", Moché a chanté en réponse.
Nos Avot (Avraham, Its'hak et Yaakov) nous observent, souffrent avec nous, pleurent avec nous.
Quel que soit le sentiment de solitude que peut éprouver un juif, il n'est en réalité jamais seul. Savoir cela peut rendre les choses plus faciles.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Shévi'i shel Pessa'h 5700 (1940) ]
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-> Parmi les 50 miracles de la mer Rouge, le Méam Loez (Béchala'h - chap.5) rapporte que selon une opinion, Hachem ressuscita les 3 Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov, et les posta sur la rive de la mer Rouge pour qu'ils assistent au miracle.
[sachant qu'ils ont dû souffrir du terrible esclavage de chacun des juifs en Egypte, on comprend leur présence lors de la mer Rouge.
D'une certaine façon, chaque coup de fouet était aussi ressenti par nos Patriarches, et ils ont vu les égyptiens qui ont souffert avant de mourir, chacun selon les souffrances qu'ils ont pu faire aux juifs. Les Patriarches ont pu faire le lien entre chacun, puisque ayant été concernés par ces douleurs. ]
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-> Dans le yéhi ratson avant de réciter les Téhilim, nous disons : "Tout comme nous disons devant Toi des chants dans ce monde, nous devrions mériter de dire devant Toi des chants et des louanges dans le monde à venir".
Cela sous-entend que même dans le monde à venir, nous louerons Hachem.
-> Cela n'est pas en contradiction avec le verset : "les morts ne peuvent pas louer Hachem" (lo hamétim yéhalélou Ka -Téhilim 115,17), puisque le mot "mort" est une métaphore pour ceux qui sont spirituellement déficients (même de leur vivant les réchaïm sont considérés comme morts).
-> Le Rabbi de Piaseczno dit que c'est l'intention de la bénédiction que nous disons à la fin du Hallel, "ki lé'ha tov léhodot ... ki méolam véad olam ata Kel" (parce qu'il est bon de Te louer ... parce que d'un monde à l'autre, Tu es D.).
Cela signifie que nous louons Hachem dans les deux mondes. [voir également Maor vaChémech - Rimazim léZayin chel Pessa'h. ]
Cependant, tout dans ce monde est pour l'honneur d'Hachem (Yoma 38a), ce qui signifie que non seulement nos chants et notre joie louent Hachem, mais que même nos larmes, d'une certaine manière, louent Hachem.
Si c'est le cas, louer Hachem dans l'autre monde comme nous le faisons dans ce monde ne se fait pas seulement avec nos chants et notre joie, mais aussi avec des larmes.
Où y a-t-il des larmes au Paradis?
Le Rabbi de Piaseczno explique que ces larmes sont celles de nos Avot (Patriarches), qui pleurent lorsque nous avons mal, que nous souffrons.
Le point de vue du Rabbi de Piaseczno est qu'Hachem devrait arrêter notre souffrance pour leur bien. Pourquoi devraient-ils souffrir?
L’acceptation de nos difficultés
Parfois, nous nous sentons coupables d'admettre que nous souffrons.
Ne devrais-je pas être pleinement heureux de ce qu'Hachem fait (puisque c'est pour mon bien)? Le fait que je souffre signifie-t-il que je n'ai pas de émouna? Comment pourrais-je me sentir blessé par les actions d'Hachem, qui sont toutes bonnes et aimables?
Mais la vérité est qu'il n'y a rien de mal à souffrir. La douleur est une réalité, pas une faiblesse.
Le fait d'admettre que l'on souffre ne fait pas de nous un moins bon croyant en Hachem (maamin). En fait, le fait même de réaliser que notre douleur vient d'Hachem indique que nous savons que c'est Lui qui dirige le monde.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - 'Hayé Sarah 5701]
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+ Accepter la décision d'Hachem :
-> En entendant le douloureux décret d'Hachem, Eli HaCohen proclame : "C'est Hachem. Il fera ce qui est bon à Ses yeux" (Shmouël II 3,18).
Eli nous a appris à aborder le présent, à l'accepter comme bon et à l'embrasser, à grandir à partir de Lui, à changer à partir de lui, et certainement pas à lui résister.
Hachem nous aime et fera ce qu'il y a de mieux pour nous, même si ce n'est pas ce que nous espérions.
Lorsque nous apprenons à accepter les décisions d'Hachem, nous considérons le présent comme bon, malgré la douleur, et nous apprenons à grandir à partir du présent qu'Hachem nous a donné et à en ressentir du plaisir en même temps que de la douleur.
On ne peut pas considérer le présent comme un obstacle à un avenir meilleur, le présent lui-même a de la valeur, même s'il est douloureux. On peut grandir à partir de la blessure d'aujourd'hui.
Accepter aujourd'hui comme la façon dont Hachem veut que ma vie soit aujourd'hui, c'est vivre pleinement aujourd'hui.
Si l'on se concentre sur l'attente du lendemain, on ne profitera pas de la journée d'aujourd'hui.
Vivre aujourd'hui signifie vivre dans le présent. Lorsque l'on accepte que la douleur, la souffrance, d'aujourd'hui a une raison d'être, le jour présent prend de la valeur. Hachem m'aime, et ma douleur est la meilleure pour moi, aujourd'hui.
Aujourd'hui est tel qu'il est parce que j'ai besoin qu'il en soit ainsi aujourd'hui! Accepter cela est la clé de la croissance et du plaisir de la croissance, et c'est cela la véritable émouna.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Za'hor 5702]
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-> La personne qui souffre doit trouver un équilibre très délicat entre l'espoir et l'acceptation :
D'une part, elle doit toujours espérer que sa situation s'améliore et que les choses s'arrangent. Hachem peut tout faire, et il faut espérer être sauvé.
En même temps, cependant, on doit accepter qu'Il ne m'a pas encore sauvé et qu'Il pourrait ne pas le faire. Ce qui est le mieux pour moi, c'est ce qui est et ce qui sera, même si ce n'est pas nécessairement ce que je souhaite.
Il faut apprendre à accepter les circonstances du présent et à en tirer profit, tout en espérant des lendemains meilleurs.
Cet équilibre est au cœur même de la notion d'émouna. La émouna consiste à savoir que si Hachem peut faire n'importe quoi, cela ne signifie pas qu'Il le fera. Il fera ce qui est le mieux pour une personne, même si ce n'est pas ce qu'elle espère (sur le moment avec la perception limitée d'un humain dans ce monde).
-> Hachem ne permettra une difficulté que si cette réalité est dans l'intérêt de la personne. En fin de compte, seul Hachem peut comprendre comment tous ces concepts s'imbriquent les uns dans les autres. Sa manière infiniment profonde de diriger le monde dépasse largement la capacité du faible esprit humain à la saisir.
Le rabbi de Piaseczno écrit que le fait d'atteindre ce niveau de émouna, cet équilibre entre l'espoir et l'acceptation, la résignation, rend en fin de compte une vie douloureuse plus tolérable.
Il est douloureux d'accepter que ce que nous voulons ne se produise pas, mais il est encore plus douloureux d'accepter que ce que nous croyions ne se produise pas.
C'est ce à quoi le roi Shlomo fait référence lorsqu'il dit : "Un espoir prolongé entraîne une maladie du cœur" (Michlé 13,12).
Le rabbi de Piaseczno enseigne : "Lorsque l'on combine [l'acceptation de sa souffrance] avec l'espoir du salut, d'une délivrance personnelle ... les sentiments amers de la négativité et des douleurs de la souffrance s'affaiblissent et s'apaisent, et l'on peut alors les tolérer davantage. Et la grande force de l'espoir a la capacité de gonfler une personne avec l'esprit de vie même si, à D. ne plaise, le salut ne vient pas au moment où il l'espérait".
Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés
+ Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés :
-> La guémara (Sotah 13b) affirme que Moché n'est pas mort. Comment devons-nous comprendre cette affirmation?
Moché est le fidèle berger du peuple juif, et même s'il est physiquement décédé, son rôle n'a pas changé. Moché continue à ressentir notre douleur, la moindre de notre souffrance.
Moché continue d'implorer Hachem de pardonner au peuple juif ses fautes, comme il le faisait lorsqu'il était encore en vie.
C'est ainsi que nous devons comprendre la déclaration talmudique selon laquelle Moshé n'est pas mort.
[ rav Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 1 ]
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-> Rabbi Shnéour Zalman de Liadi (Tanya), écrit que chaque juif a en lui une étincelle de Moché.
-> "Une partie de Moché réside dans chaque génération" (Tikouné Zohar - p.469).
Lorsque malgré la souffrance, une personne se réjouit (par confiance en Hachem), alors Hachem se joindra à elle dans sa douleur et la sauvera.
[Zohar - Pin'has 219b ]
=> Il en ressort que le fait de s'efforcer d'être joyeux, même lorsqu'on souffre, peut en fait avoir pour conséquence qu'Hachem soulage la douleur elle-même.
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-> "Hachem se joindra à elle dans sa douleur"
Sans doute l'intention est qu'Hachem se joigne à cette personne dans une mesure encore plus grande que d'habitude, car de base déjà : "Je suis avec lui [tout juif] dans sa difficulté" (Téhilim 91,15).
Naturellement, on se dit que puisqu'on souffre c'est qu'Hachem s'est éloigné de nous (sinon pourquoi une telle situation désagréable s'Il m'aime vraiment?), mais en réalité c'est le contraire, c'est une occasion d'avoir beaucoup plus de proximité avec Hachem.