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L’acceptation de nos difficultés

Parfois, nous nous sentons coupables d'admettre que nous souffrons.
Ne devrais-je pas être pleinement heureux de ce qu'Hachem fait (puisque c'est pour mon bien)? Le fait que je souffre signifie-t-il que je n'ai pas de émouna? Comment pourrais-je me sentir blessé par les actions d'Hachem, qui sont toutes bonnes et aimables?

Mais la vérité est qu'il n'y a rien de mal à souffrir. La douleur est une réalité, pas une faiblesse.
Le fait d'admettre que l'on souffre ne fait pas de nous un moins bon croyant en Hachem (maamin). En fait, le fait même de réaliser que notre douleur vient d'Hachem indique que nous savons que c'est Lui qui dirige le monde.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - 'Hayé Sarah 5701]

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+ Accepter la décision d'Hachem :

-> En entendant le douloureux décret d'Hachem, Eli HaCohen proclame : "C'est Hachem. Il fera ce qui est bon à Ses yeux" (Shmouël II 3,18).
Eli nous a appris à aborder le présent, à l'accepter comme bon et à l'embrasser, à grandir à partir de Lui, à changer à partir de lui, et certainement pas à lui résister.
Hachem nous aime et fera ce qu'il y a de mieux pour nous, même si ce n'est pas ce que nous espérions.
Lorsque nous apprenons à accepter les décisions d'Hachem, nous considérons le présent comme bon, malgré la douleur, et nous apprenons à grandir à partir du présent qu'Hachem nous a donné et à en ressentir du plaisir en même temps que de la douleur.

On ne peut pas considérer le présent comme un obstacle à un avenir meilleur, le présent lui-même a de la valeur, même s'il est douloureux. On peut grandir à partir de la blessure d'aujourd'hui.
Accepter aujourd'hui comme la façon dont Hachem veut que ma vie soit aujourd'hui, c'est vivre pleinement aujourd'hui.
Si l'on se concentre sur l'attente du lendemain, on ne profitera pas de la journée d'aujourd'hui.
Vivre aujourd'hui signifie vivre dans le présent. Lorsque l'on accepte que la douleur, la souffrance, d'aujourd'hui a une raison d'être, le jour présent prend de la valeur. Hachem m'aime, et ma douleur est la meilleure pour moi, aujourd'hui.
Aujourd'hui est tel qu'il est parce que j'ai besoin qu'il en soit ainsi aujourd'hui! Accepter cela est la clé de la croissance et du plaisir de la croissance, et c'est cela la véritable émouna.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Za'hor 5702]

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-> La personne qui souffre doit trouver un équilibre très délicat entre l'espoir et l'acceptation :
D'une part, elle doit toujours espérer que sa situation s'améliore et que les choses s'arrangent. Hachem peut tout faire, et il faut espérer être sauvé.
En même temps, cependant, on doit accepter qu'Il ne m'a pas encore sauvé et qu'Il pourrait ne pas le faire. Ce qui est le mieux pour moi, c'est ce qui est et ce qui sera, même si ce n'est pas nécessairement ce que je souhaite.
Il faut apprendre à accepter les circonstances du présent et à en tirer profit, tout en espérant des lendemains meilleurs.
Cet équilibre est au cœur même de la notion d'émouna. La émouna consiste à savoir que si Hachem peut faire n'importe quoi, cela ne signifie pas qu'Il le fera. Il fera ce qui est le mieux pour une personne, même si ce n'est pas ce qu'elle espère (sur le moment avec la perception limitée d'un humain dans ce monde).

-> Hachem ne permettra une difficulté que si cette réalité est dans l'intérêt de la personne. En fin de compte, seul Hachem peut comprendre comment tous ces concepts s'imbriquent les uns dans les autres. Sa manière infiniment profonde de diriger le monde dépasse largement la capacité du faible esprit humain à la saisir.
Le rabbi de Piaseczno écrit que le fait d'atteindre ce niveau de émouna, cet équilibre entre l'espoir et l'acceptation, la résignation, rend en fin de compte une vie douloureuse plus tolérable.
Il est douloureux d'accepter que ce que nous voulons ne se produise pas, mais il est encore plus douloureux d'accepter que ce que nous croyions ne se produise pas.

C'est ce à quoi le roi Shlomo fait référence lorsqu'il dit : "Un espoir prolongé entraîne une maladie du cœur" (Michlé 13,12).
Le rabbi de Piaseczno enseigne : "Lorsque l'on combine [l'acceptation de sa souffrance] avec l'espoir du salut, d'une délivrance personnelle ... les sentiments amers de la négativité et des douleurs de la souffrance s'affaiblissent et s'apaisent, et l'on peut alors les tolérer davantage. Et la grande force de l'espoir a la capacité de gonfler une personne avec l'esprit de vie même si, à D. ne plaise, le salut ne vient pas au moment où il l'espérait".

Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés

+ Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés :

-> La guémara (Sotah 13b) affirme que Moché n'est pas mort. Comment devons-nous comprendre cette affirmation?

Moché est le fidèle berger du peuple juif, et même s'il est physiquement décédé, son rôle n'a pas changé. Moché continue à ressentir notre douleur, la moindre de notre souffrance.
Moché continue d'implorer Hachem de pardonner au peuple juif ses fautes, comme il le faisait lorsqu'il était encore en vie.
C'est ainsi que nous devons comprendre la déclaration talmudique selon laquelle Moshé n'est pas mort.
[ rav Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 1 ]

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-> Rabbi Shnéour Zalman de Liadi (Tanya), écrit que chaque juif a en lui une étincelle de Moché.

-> "Une partie de Moché réside dans chaque génération" (Tikouné Zohar - p.469).

Lorsque malgré la souffrance, une personne se réjouit (par confiance en Hachem), alors Hachem se joindra à elle dans sa douleur et la sauvera.
[Zohar - Pin'has 219b ]

=> Il en ressort que le fait de s'efforcer d'être joyeux, même lorsqu'on souffre, peut en fait avoir pour conséquence qu'Hachem soulage la douleur elle-même.

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-> "Hachem se joindra à elle dans sa douleur"
Sans doute l'intention est qu'Hachem se joigne à cette personne dans une mesure encore plus grande que d'habitude, car de base déjà : "Je suis avec lui [tout juif] dans sa difficulté" (Téhilim 91,15).
Naturellement, on se dit que puisqu'on souffre c'est qu'Hachem s'est éloigné de nous (sinon pourquoi une telle situation désagréable s'Il m'aime vraiment?), mais en réalité c'est le contraire, c'est une occasion d'avoir beaucoup plus de proximité avec Hachem.

L’unité peut supprimer nos souffrances

+++ L'unité peut supprimer nos souffrances :

"Rassemblez-vous et je vous dirai ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1)

-> Le Imré Noam explique ce verset en citant le verset : "Leurs dents sont comme des lances et des flèches, et leur langue est comme une épée tranchante. Sois élevé au-dessus des cieux, Hachem" (Téhilim 57,5-6).
Nos Sages (midrach Téhilim 7) affirment que le roi David a dit à Hachem : "Puisqu'il y a parmi eux des gens qui provoquent des querelles et qui parlent du lachon ara, retire Ta Chékhina du milieu d'eux."
Nous voyons par là que la discorde et le lachon ara font que la Chékhina quitte la nation juive, tandis que l'unité fait que la Chékhina demeure parmi nous.
Lorsque la Chékhina est parmi nous, nous sommes appelés "Knesset Israël" (l'assemblée d'Israël), car Hachem n'est avec nous que lorsque nous formons une assemblée unifiée.

Le verset déclare : "Dans toutes leurs souffrances (à chaque juif), Il (Hachem) souffre avec eux, et l'ange de Sa présence les a sauvés. Il les a rachetés par Son amour et par Sa pitié" (Yéchayahou 63,9).
La façon dont ce verset est écrit est différente de la façon dont il est lu. Il est écrit "lo tsar", avec un alef (לא צָר - il ne souffre pas avec eux), mais il est lu "lo tsar", avec un vav (לוֹ צָר - il souffre avec eux).
Ainsi, le verset semble dire à la fois qu'Hachem ne souffre pas avec une personne lorsqu'elle souffre et qu'Hachem souffre avec la personne qui souffre.

Les premiers commentateurs expliquent cela par la parabole d'une mère dont le fils unique a commis un crime et a été condamné par le roi à recevoir de nombreux coups de fouet. La mère se rendit auprès du roi et se plaignit : "Il est vrai que mon fils a commis un crime et qu'il mérite une punition, mais je n'ai rien fait de mal. Pourquoi mériterais-je d'être punie? Si vous fouettez mon fils, je souffrirai encore plus que lui. Il n'est donc pas juste de lui faire subir cela!"
Le roi accepta ses paroles et pardonna à son fils la punition qu'il méritait vraiment.
De même, le verset dit qu'Hachem ressent la douleur de du peuple juif. C'est pourquoi Il fait en sorte qu'ils n'aient "aucune douleur", car la Chékhina ne mérite pas de souffrir à cause de leurs fautes.

Cela n'est vrai que dans les moments où le peuple juif est uni. Dans ces moments-là, la Chékhina est avec nous et toute douleur que nous ressentons est ressentie par la Présence Divine (Chékhina).
En revanche, en période de division et de conflit, la Chékhina n'est pas avec nous et ne ressent pas notre douleur, notre souffrance, ce qui nous expose au risque d'être sévèrement punis pour nos fautes.

Cela explique pourquoi Yaakov a demandé à ses fils de se rassembler. Il leur disait d'être unis, et s'ils le faisaient, il serait en mesure de leur raconter tout ce qui se passerait jusqu'à "la fin des jours", ce qui est une référence à la Chékhina éternelle.
Il disait ainsi que s'ils avaient de l'unité entre eux, la Chékhina serait toujours avec eux et supprimerait toute douleur et toute souffrance parmi eux. [au point de mettre un terme à l'exil ("arrivera la fin des jours"), avec la venue du machia'h]

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=> ainsi, plus les juifs font en sorte d'être unis, plus Hachem retire des souffrances, malheurs, qui devaient nous arriver.
L'impact de notre unité est si puissant que cela peut déclencher immédiatement (hayom!) la guéoula.

Torah & Hachem souffre beaucoup plus que nous de nos propres souffrances

+ Torah & Hachem souffre beaucoup plus que nous de nos propres souffrances :

-> Parfois, une personne peut avoir l'impression que son existence ne sert à rien. Sa vie est une souffrance. Sa journée consiste à gérer sa douleur. Son observance des mitsvot s'en trouve gravement compromise.
À la fin de sa journée, la seule chose qu'elle a l'impression d'avoir accomplie, c'est d'avoir réussi à passer le cap de la journée. Au bout d'un certain temps, inévitablement, la perception que l'on a de soi-même peut devenir très négative.
On peut avoir l'impression d'exister pour rien, de ne rien accomplir et de ne rien apporter au monde.
Comment une telle personne est-elle censée réagir face à de tels sentiments?

Le midrach (Eikha rabba- Pesichata 24) raconte que lorsque Hachem a détruit le Temple, il s'est mis à pleurer (voir aussi Béra'hot 59a).
L'ange Matat a supplié Hachem d'arrêter de pleurer, disant qu'il était honteux pour le Roi de pleurer devant ses serviteurs.
Matat proposa alors de pleurer pour Hachem, car cela serait moins déshonorant.
Hachem répondit qu'il voulait pleurer, et que si Matat ne le lui permettait pas, Il se cacherait dans un endroit où Matat ne pourrait pas entrer et continuerait à pleurer seul.

Quelle est la profondeur de ce midrach? Quelle honte y a-t-il à ce qu'Hachem pleure, et que signifie le fait que Matat ait proposé de pleurer pour lui et qu'Hachem se soit caché?

Hachem ressent la douleur de chaque juif. Lorsqu'un juif souffre, Hachem souffre avec lui et ressent sa douleur, littéralement.
Si cela est vrai, comment se fait-il que la souffrance d'un juif demeure? On pourrait imaginer que si quelque chose blessait le roi, il le détruirait (Hachem peut tout faire!). Comment notre douleur peut-elle continuer à nous blesser si elle blesse également le Roi?

L'idée est qu'Hachem ne se contente pas de souffrir avec nous, mais qu'Il souffre plus que nous.
Quelle que soit l'intensité de notre souffrance, nous sommes limités, et donc notre douleur l'est aussi.
Hachem est infini et, par conséquent, Sa souffrance est également infinie.
Nos capacités limitées ne nous permettent pas de comprendre l'étendue de la douleur d'Hachem lorsque nous souffrons. Chaque fois qu'un juif souffre, Hachem souffre infiniment puisque Sa douleur, comme Lui, est sans limite.

Cela étant, Sa douleur est tout simplement trop grande pour ce monde fini.
Hachem pleure, mais ses larmes ne peuvent entrer. Il pleure, mais Son cri infini n'a aucun effet sur ce monde fini.
C'est ce que l'ange Matat a exclamé comme étant honteux. Comment le Roi peut-il pleurer de douleur et pourtant Sa souffrance continue? Il est honteux que le Créateur du monde soit blessé, et continue d'être blessé, par le monde même qu'Il a créé.

Matat a proposé de pleurer à la place d'Hachem. Le travail d'un ange est de faciliter l'entrée de l'influence infinie d'Hachem dans ce monde fini. Matat a proposé de le faire et d'éradiquer ainsi la source de la souffrance d'Hachem.

Mais Hachem n'a pas voulu cela. Si Matat avait pleuré pour Hachem, les larmes d'Hachem auraient effectivement pénétré dans le monde et détruit la source de la douleur.
Mais il n'était pas temps de mettre fin à la souffrance du peuple juif. Hachem était prêt à souffrir, infiniment, pour notre bien.
Hachem dit à Matat qu'il se cacherait dans une chambre intérieure où personne ne pourrait le voir, et qu'il pleurerait dans la solitude. De cette façon, ses pleurs ne seraient pas honteux.

Et aujourd'hui, Hachem réside dans cette chambre intérieure, pleurant sur le Temple détruit et sur la douleur de chaque juif.
Cependant, nos Sages (Shabbath 88a) révèlent qu'Hachem n'est pas seul dans sa chambre intérieure. La Torah est appelée " 'hemdaé génouza", un trésor caché. Où est-il caché?
Dans la chambre intérieure d'Hachem. Hachem est isolé avec la Torah dans sa chambre intérieure, pleurant seul.

La Torah est le moyen d'accéder aux larmes d'Hachem et de les canaliser dans notre monde fini. Plus nous nous efforçons d'observer la Torah, plus nous créons un pont, un canal, entre Sa chambre intérieure et notre monde, à travers lequel Ses larmes peuvent couler.
Le monde fini ne peut supporter Sa douleur et Ses larmes infinies. Comme le goutte-à-goutte d'un tube intraveineux, les larmes d'Hachem pénètrent dans ce monde par le canal, que nous créons et débarrassent le monde de la source de Sa souffrance, notre souffrance, puisqu'Il a mal parce que nous avons mal.

Celui qui s'efforce d'observer la Torah débarrasse le monde de la souffrance, et chaque tentative affecte le monde.
Même si quelqu'un n'a rien accompli d'autre dans sa journée, s'il a essayé d'avoir de la émouna, de faire des prières, d'être agréable aux autres, d'étudier la Torah (et d'accomplir les mitsvot), ... Il ne s'agit pas d'une existence inutile.

L'essentiel est d'essayer, d'essayer encore et de continuer à essayer. Plus on essaie de se rapprocher de la Torah, plus le canal de la chambre d'Hachem s'élargit, et plus la douleur dans ce monde s'atténue.

La guémara (Taanit 15a) dit que la coutume lors d'un jour de jeûne, était de sortir le Aron haKodech, l'Arche dans laquelle les rouleaux de la Torah sont conservés, de la synagogue dans la rue et de prier près de lui.
Le Zohar (vol.3,71a) écrit qu'en cas de calamité, ils allaient encore plus loin et sortaient la Torah de l'Aron pour prier à côté d'elle. La raison en est qu'en temps de calamité, la Torah est la clé de notre salut, de notre délivrance.
La Torah est avec Hachem dans Sa chambre cachée, et à travers la Torah, les larmes d'Hachem sont canalisées, et le monde souffre moins.

Apprendre à considérer ses tentatives de croissance comme des éléments constitutifs d'un monde meilleur peut aider à changer la perspective de l'existence, qui n'est plus inutile, mais profondément significative et pleine de sens.
Alors que la journée peut être remplie de souffrance et qu'il faut y faire face, les tentatives d'évoluer malgré cela changent littéralement le monde d'une manière très réelle, peut-être d'une manière que peu d'autres personnes peuvent faire. En effet, une telle vie est tout sauf inutile.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Michpatim (Shékalim) 5702 (1942) ]

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-> Il peut être difficile de comprendre comment, d'une part, Hachem ressent et connaît la souffrance de chaque juif, mais d'autre part, Il souffre infiniment lorsqu'un juif souffre. S'Il souffre infiniment, Il ne ressent pas vraiment ce que nous ressentons, Il souffre infiniment alors que nous souffrons finiment.
Néanmoins, Il ressent notre douleur et sait exactement ce que nous traversons, malgré le fait que notre douleur soit finie. Comprendre comment cela fonctionne, c'est comme essayer de saisir n'importe quel détail d'Hachem et de l'infini, c'est totalement hors de portée.

-> Le rabbi de Piaseczno dit : "Lorsqu'un homme (juif) souffre, que dit la Chékhinah? Malheur à ma tête. Malheur à mon bras ... (guémara 'Haguiga 15b). Et dans les livres saints, il est dit que bien plus qu'un juif(ve) ne souffre, Hachem souffre, pour ainsi dire, de la souffrance que cette personne endure.
Et peut-être [la raison pour laquelle Il souffre plus est] que puisqu'Il est infini ... par conséquent, Sa souffrancedue aux problèmes d'Israël est également infinie".

-> L'ange Matat, est une forme abrégée de son vrai nom, conformément à l'instruction du Arizal (chaar Hamitsvot - Chemot 11b) de ne pas se référer aux anges par leur nom complet, à l'exception de ceux dont les noms sont également des noms de personnes (voir Kav HaYachar 56).
Les anges sont les êtres qui permettent à l'influence infinie d'Hachem de pénétrer et d'affecter ce monde fini (voir Ram'hal - Adir Bamarom).
C'est exactement ce que Matat propose de faire.

-> Selon le rabbi de Piaseczno : "Puisque Sa douleur [à Hachem], pour ainsi dire, est infinie et plus grande que le monde, elle est par conséquent incapable d'entrer dans le monde [fini], et le monde n'en est pas ébranlé [c'est-à-dire Sa douleur]."

-> En ce sens, le rabbi de Piaseczno dit également :
"[Si les larmes d'Hachem entraient dans le monde,] le monde entendrait Ses cris et exploserait. L'étincelle de Sa douleur pénétrerait dans le monde et Ses ennemis seraient consumés.
... [on voit que malgré la souffrance d'Hachem sur notre grande souffrance dans l'exil actuel, le monde continue d'exister.] La raison en est que Sa douleur infinie est trop grande pour entrer dans ce monde fini. C'est pourquoi l'ange dit : "Je pleurerai pour Toi, et Tu n'auras plus besoin de pleurer" (l'ange serait le conduit pour canaliser les larmes d'Hachem dans ce monde fini, détruisant la douleur, la souffrance, qui cause Ses larmes, la douleur que nous traversons,] à ce moment-là, Hachem n'aurait plus besoin de pleurer."

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-> La guémara (Shabbath 88a) ne dit pas que la Torah est cachée dans la chambre intérieure d'Hachem, mais seulement qu'elle est une 'hemda génouza, un trésor caché.
Le rabbi de Piaseczno fait référence à ce qu'il a écrit dans la paracha précédente (dans son livre Aich Kodech - Yitro 5702), où il déduit l'emplacement de la Torah du fait que la guémara l'appelle un "trésor caché" plutôt que de dire qu'elle est cachée dans un beit guéniza, une "cachette".
La différence est que quelque chose appelé 'hemda guénouza est essentiellement caché, au-delà de ce monde par sa nature même, et non pas rangé dans un beit guéniza, qui ne fait que le dissimuler à l'œil.
Le midrach dit ici que l'endroit où Hachem "va" parce qu'Il est infini et au-delà de ce monde, essentiellement, c'est dans Sa chambre intérieure. Par conséquent, c'est là que doit se trouver la Torah, puisqu'elle est également cachée.

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-> "gam ki élé'h bégué tsalmavét" =même si je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
"lo ira ra = je n'ai pas peur du mal qui est ici.
Il y a cependant une chose qui est tout simplement trop difficile à supporter : "ki ata imadi" = que Toi, Hachem, Tu es avec moi dans cette déchéance, dans ma douleur, et que Tu es lié à moi dans ce exil humiliant ...
Que la Chékhina doive souffrir d'une telle indignité et d'une telle bassesse (par ma faute).
[rabbi Israël de Rouzhin - sur le Téhilim 23 ]

[à un niveau individuel comme collectif, notre principal souffrance vient du fait que nous entraînons Hachem à en souffrir également.
(de même lorsque nous fautons nous causons de la peine à Hachem qui voit les dégâts dans tous les mondes et les réparations nécessaires (en éloignement dans le monde à Venir et en souffrance par exemple, sauf téchouva). A l'inverse, lorsque nous faisons Sa volonté, nous Lui générons de la joie et de la fierté. ]

"Il M'appellera et Je lui répondrai ; Je suis avec lui dans la détresse, Je le secourrai et Je l'honorerai" (Téhilim 91,5).

-> Le rabbi de Kobrin commente en 2 temps ce verset :
Si quelqu'un pense qu'Hachem est loin et qu'il doit l'appeler, il se contentera de lui répondre.
Mais si l'on croit qu'Hachem est là avec nous dans notre détresse, souffrance, alors Il nous sauvera et nous honorera, et nous récompensera grandement.

Nous avons des épreuves sur mesure

+ Nous avons des épreuves sur mesure :

"Il a mis fin à l'obscurité" (Iyov 28,3).

-> Le midrach (Béréchit rabba 89,1) déclare : "Hachem a établi un temps pour le monde en fonction du nombre d'années qu'il passera dans l'obscurité" :

-> Le séfer Likouté Yéhouda cite une explication de ces mots au nom de son grand-père, le 'Hidouché haRim.
Hachem n'envoie jamais à une personne une épreuve qu'elle ne peut pas réussir. Il ne présente jamais un défi à une personne s'il est au-delà de sa capacité à le surmonter. C'est pourquoi les plus grands sont soumis à des épreuves plus difficiles.

À cet égard, le verset dit : "Il a mis fin à l'obscurité". Les défis auxquels une personne est confrontée sont comparés à l'obscurité. Ils empêchent une personne de voir le chemin qu'elle devrait emprunter.
Le midrach explique qu'Hachem impose des limites à l'obscurité et qu'Il ne mettra jamais une personne à l'épreuve d'une manière qui soit trop difficile pour elle.
Les plus grands sont soumis à des tests plus importants et les plus petits à des tests plus modestes (chacun adapté à ses capacités, son niveau), mais chaque test a ses limites et personne n'est mis à l'épreuve d'une manière qui soit trop difficile pour lui.

Les défis sont comparés à l'obscurité, en ce sens qu'il n'y a de l'obscurité que la nuit. Le matin venu, la lumière jaillit. De même, les épreuves provoquent une obscurité temporaire, mais à la fin, elles amènent une personne à une grande lumière.

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-> Le Steïpler ('Hayé Olam - vol.2,chap.13) écrit :
"Il faut savoir que les souffrances ne sont pas envoyés à une personne "plus ou moins" [de façon approximative], comme quelqu'un qui verse une grande quantité [qui ne prend pas soin d'être précis], mais plutôt avec une extrême précision ...
Selon la guémara (Avoda Zara 53a) : ... une maladie (souffrance) est établie avec un serment de l'heure précise où elle partira, ne restant pas un instant de plus.
Et dans la guémara ('Houlin 7b), il est dit : "On ne se cogne pas le doigt à moins que cela n'ait été décrété d'en haut".
Nous voyons ici que chaque détail des souffrances provient d'un décret spécifique de la Cour céleste."

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+ Chacun a son propre fardeau :

-> Le séfer Likouté Yéhouda (sur Mikets 42,35) écrit qu'il a entendu son grand-père, le Imré Emet, au nom du rav Bounim de Peshischa, dire que chaque juif a son propre "paquet" ('fardeau'). Chacun a son propre lot de défis et de difficultés qu'il traverse dans la vie de ce monde.
A l'avenir (dans le monde de Vérité), tous les "paquets" seront mélangés et chacun aura le choix de prendre celui qu'il veut, et chaque individu choisira son propre paquet (comme étant le meilleur, le plus approprié! ).
Chacun se rendra compte que les défis qu'il a relevés ont été plus faciles pour lui que pour n'importe qui d'autre.

-> C'est ce que disent les livres de moussar : une personne ne doit jamais penser que les choses seraient meilleures pour elle si les circonstances étaient différentes. Au contraire, chaque détail de la vie d'une personne est parfait pour elle.
Tout est parfaitement comme il se doit. [même si on était à la place de D., on ne pourrait pas faire mieux! ]
De même qu'une personne ne devrait pas dire qu'elle verrait mieux si elle avait 3 yeux, car il est évident que le fait d'avoir 2 yeux est la volonté d'Hachem, de même, une personne ne devrait pas penser que les défis de quelqu'un d'autre seraient meilleurs pour elle que ceux qu'elle a, car ce qu'Hachem lui a donné est clairement ce qu'il y a de mieux pour elle.

La plus grande souffrance = le regret éternel de n’avoir pas suffisamment vécu spirituellement

+ La plus grande souffrance = le regret éternel de n'avoir pas suffisamment vécu spirituellement :

-> Le Gaon de Vilna enseigne que si une personne vivante ressentait ne serait-ce qu'une once du regret éprouvé par une personne dont l'âme l'a déjà quittée, elle ne pourrait pas vivre, en raison de l'immense douleur.
En effet, à ce stade, l'âme de la personne a déjà échappé au royaume de l'illusion, du mensonge (qu'est ce monde, libre arbitre oblige). Elle est maintenant capable de voir la Vérité ultime, et ce qui est finalement bon et doux.
[ La personne] commence donc à se déchirer le cœur dans l'agonie : "Pourquoi ai-je gaspillé les jours de ma vie, j'aurais pu devenir plus raffiné, acquérir des mitsvot et de bonnes actions! Au lieu de cela, j'ai gaspillé ma vie dans la vanité et le vide, abandonnant la Source d'eau vive. Malheur à moi! Malheur à mon âme!"

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Shem Olam - Vol.2, chap.12) écrit que lorsqu'une personne ramène son âme dans les royaumes supérieurs et voit comment les anges accomplissent leur avoda avec tant de joie et de bonheur, elle sera prête à renoncer à tout son monde à Venir (olam aba) pour avoir la chance d'accomplir une seule mitsva de plus.

Dans toutes nos souffrances, Hachem souffre avec nous

+ Dans toutes nos souffrances, Hachem souffre avec nous :

"Tous ses fils et toutes ses filles se levèrent pour le consoler mais il refusa de se consoler ... et son père le pleura" (Vayéchev 37,35)

-> Rachi dit que Its'hak a pleuré parce que son fils, Yaakov, souffrait. Mais il ne pleura pas Yossef, car il savait qu'il était encore en vie.

Le séfer Divré Israël explique que c'est également le sens du verset : "bé'hol tsarotam lo tsar" (Yéchayahou 63,9). Le mot "lo" dans le pasuk s'écrit avec un "aleph" (לא).
Le sens est donc : "Dans toutes leurs souffrances, Il (Hachem) n'a pas souffert". Cependant, il est lu avec "vav" (לוֹ), ce qui donnerait la traduction suivante : "Dans toutes leurs souffrances, Il (Hachem) a souffert". Le Divré Israël explique que les deux affirmations sont vraies.

Tout ce que fait Hachem est pour le bien. Par conséquent, lorsque le peuple juif se lamente, Il (Hachem) ne se lamente pas avec nous, car Il sait qu'il n'y a pas de raison de se lamenter.
Néanmoins, lorsque nous souffrons, Il prend part à notre souffrance. Nous souffrons parce que les événements semblent douloureux et mauvais à nos yeux et parce que nous ne pouvons pas voir la bonté qui est cachée à l'intérieur. Hachem n'a aucune raison de ressentir cette souffrance, mais Il souffre parce qu'Il voit que nous souffrons.

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[ceci illustre l'amour, l'attachement d'Hachem pour chaque juif.  (Hachem n'est pas bien parce que moi juif(ve) simple, voir très loin de la religion, je ne suis pas bien! )
Cela nous responsabilise à essayer de ne pas faire durer nos souffrances à outrance, à éviter de faire souffrir autrui, ... car en parallèle nous affectons aussi Hachem! (or nous devons L'aimer, alors comment lui imposer de la douleur) ]

La grandeur de remercier Hachem même dans nos difficultés

+ La grandeur de remercier Hachem même dans nos difficultés :

"Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h - Vayichla'h 32,13)

-> Le rav Yé'hezkel de Kouzmir explique ce verset en disant que si une personne qui traverse une période difficile se plaint de sa situation et dit qu'elle est mauvaise, Hachem répond : "Tu penses que c'est mauvais? Je vais te montrer quelque chose qui est vraiment mauvais!"
Il lui envoie alors une souffrance encore plus grande.

Tant que la personne continue à se plaindre, Hachem lui enverra une douleur et une souffrance encore plus grandes.
En revanche, si la personne renforce sa émouna et accepte que tout ce qu'Hachem lui envoie est pour son bien et est en fait bon, Hachem répond en disant : "Tu penses que c'est bon? Je vais te montrer quelque chose d'encore mieux!"
Il couvrira alors la personne de bonté et de compassion.
Plus l'individu loue Hachem et le remercie pour la bonté, plus Il enverra de bonté.

En conséquence, le verset dit que lorsqu'une personne dit "étev" = si elle dit que ce qu'Hachem lui a donné est bon, alors Hachem dit "étiv ima'h" = Je ferai encore plus de bien pour toi.

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-> Lorsque nous prions Hachem et que nous Lui exprimons notre reconnaissance, nous ouvrons les portes pour recevoir Sa bonté, cela aide à l'acceptation de nos prières
Le Baal haTourim (Vaét'hanan) voit une allusion à ce concept dans le verset : "Vaét'hanan el Hachem ba'ét hahi" (et il pria à Hachem à ce moment-là - Vaét'hanan 3,23).
Le mot "Vaét'hanan" a la même guématria que le mot "shira" (un chant). Cela indique que Moché a chanté une 'shira' à Hachem, Le louant, afin que ses prières soient acceptés.

-> Le Beit Aharon de Karlin (dans son séfer sur Pessa'h) utilise cette idée pour expliquer le midrach (Yalkout - remez 233) qui dit qu'après qu'Hachem ait demandé à Moché pourquoi il criait vers lui (Béchala'h 14,15), Moshé a répondu, "Que devrais-je faire d'autre?". Hachem lui dit alors : "Tu dois chanter pour Moi et louer Celui qui est royal!".

Cela signifie que lorsqu'une personne a besoin de quelque chose de la part d'Hachem, comme une réfoua (guérison) ou un succès dans les affaires, il est naturel pour elle de réciter des Téhilim. Pendant que l'on récite les Téhilim, on a à l'esprit de demander à Hachem ce dont on a besoin.
Cependant, le roi David dit : "C'est par la louange que j'appelle Hachem et je serai sauvé de mes ennemis" (Téhilim 18,4).
Le Ibn Ezra explique que lorsqu'il a eu besoin de l'aide d'Hachem pour être sauvé de ses ennemis, il ne Lui a rien demandé. Il a simplement loué Hachem et s'est connecté à Lui, et de cette façon, il a été sauvé de ses ennemis sans même l'avoir demandé.

C'est pourquoi Hachem a dit à Moché de ne rien Lui demander. Il lui dit plutôt de simplement chanter pour Lui et de Le louer. De cette façon, il se connectera à Lui et recevra tout ce dont il a besoin.

=> C'est le meilleur conseil que l'on puisse donner à une personne qui a besoin d'une délivrance à un problème. Elle ne doit pas penser à elle-même et se concentrer uniquement sur la prière pour obtenir ce dont elle a besoin. Elle doit plutôt imiter le roi David et se concentrer sur la louange et le remerciement à Hachem. Après avoir créé cette connexion, sa délivrance (yéchoua) arrivera.

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+ Remercier Hachem conduit à des miracles supplémentaires :

-> Louer et remercier Hachem n'accordera pas seulement à la personne la yéchoua dont elle a besoin, cela lui permettra également de recevoir d'autres bénédictions et de connaître le succès à l'avenir.
Le 'Hida (séfer Yossef Téhilot) explique le verset : "Chantez à Hachem, bénissez Son nom, annoncez Son salut jour après jour" (Téhilim 96,2), en disant que lorsque l'on chante à Hachem et que l'on bénit Son nom pour les miracles qu'Il a accomplis pour nous, on est assuré de pouvoir "annoncer Son salut", car il recevra des miracles supplémentaires qui seront un motif de louange à Hachem dans le futur.

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+ Hachem nous aide à Le louer :

-> Le siddour haChlah explique le pasouk de Tehillim qui dit "ouvre grand ta bouche et Il la remplira" (Téhilim 81,11) comme signifiant que l'on devrait ouvrir sa bouche et dire de nombreuses louanges à Hachem. Il ne faut pas penser que l'on n'est pas digne de le faire ou que l'on ne sait pas comment le faire correctement, car Hachem promet qu'Il "remplira nos bouches" avec les mots appropriés à prononcer.
Hachem nous aidera à Le louer. Il nous enseignera comment le glorifier correctement.
Lorsque l'on fait l'effort de prier pour Hachem, Il nous donne les mots pour Le louer correctement, comme le disent nos Sages (guémara Yoma 38b) : "Lorsque quelqu'un vient se purifier, il reçoit l'aide Divine".