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Torah & crainte du Ciel

+ Torah & crainte du Ciel :

-> Le lien entre l'étude et l'ahavat Hachem (amour d'Hachem) comprend deux étapes. Tout d'abord, une personne qui étudie la grandeur et la bienveillance d'Hachem est remplie d'amour pour Hachem et du désir de Le connaître. Cet amour l'incite à se consacrer à l'étude de la Torah au maximum de ses capacités.
En apprenant la Torah, une personne découvre qui est Hachem, ce qui, à son tour, développe en elle un amour plus profond et plus grand pour Hachem et un lien avec Lui.

Dans les enseignements de nos Sages, nous trouvons une corrélation parallèle entre yirat chamayim (crainte du Ciel) et l'étude de la Torah.
La guémara (Shabbath 31a) compare quelqu'un qui étudie la Torah mais qui n'a pas de yirat chamayim à un trésorier qui possède les clés du coffre intérieur mais pas celle extérieure pour y accéder.
Sa possession des clés est inutile, car il est incapable d'accéder à l'intérieur.
Cela implique que la yirat chamayim est le tremplin qui permet à une personne d'acquérir la Torah.

Cependant, la guémara continue à déplorer les perspectives d'une telle personne qui étudie mais n'a pas de yirat chamayim, la comparant cette fois à quelqu'un qui possède une porte qui sert d'entrée à une cour, mais qui n'a pas de cour derrière cette porte.
Cela suggère que l'étude de la Torah est l'outil nécessaire pour acquérir la yirat chamayim.
=> Ainsi, les deux affirmations de cette guémara semblent se contredire : la yirat chamayim mène-t-elle à la Torah, ou la Torah mène-t-elle à la yirat chamayim?

La réponse est que, tout comme il y a 2 niveaux de ahavat Hachem, il y a 2 niveaux de yirat chamayim.
En vérité, l'ahavat Hachem n'est qu'une facette de yirat chamayim.
La yirat chamayim est généralement traduit par crainte d'Hachem, mais la racine du mot : "yira" signifie en fait "voir". Le rav Shimshon Raphael Hirsch explique que la yirat chamayim ne signifie pas avoir peur/craindre Hachem, mais plutôt être constamment conscient de Sa présence.
Le rav Hirsch écrit ('Horev) : "la pensée de Sa grandeur ne vous quitte jamais, et partout, toujours et en toute chose, vous voyez le D. tout-puissant, grand, créatif, omniprésent et régnant sur tout. La yirat Hachem signifie, au sens strict, voir Hachem partout et sentir sa propre petitesse dans Sa grandeur."

-> Le résultat d'une telle prise de conscience sera qu'une personne aura peur d'Hachem et craindra de Lui désobéir, mais en même temps elle sera remplie d'amour et d'admiration envers Lui.
L'amour d'Hachem et la crainte d'Hachem sont des résultats directs de la conscience d'Hachem, atteinte par l'étude des merveilles de la Création et par l'étude de la Torah.
La yirat chamayim a deux étapes. La première est la prise de conscience d'Hachem, acquise à travers les merveilles de la Création. Cette prise de conscience incitera l'individu à s'engager dans l'étude de la Torah avec le dévouement et l'assiduité nécessaires. À cet égard, la yirat chamayim conduit à l'étude de la Torah.
Cependant, c'est en étudiant correctement la Torah qu'une personne atteint le niveau le plus élevé de yirat chamayim, la reconnaissance la plus claire d'Hachem, "parce qu'à travers la Torah, on reconnaît Celui qui a parlé et qui a fait naître le monde".
En effet, le but ultime de l'étude de la Torah est d'atteindre le niveau élevé de la conscience maximale d'Hachem, et c'est ce que la guémara veut dire en affirmant que la Torah mène à la yirat chamayim.

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-> Le Rambam (Yessodé haTorah 2,2) dit explicitement que l'étude des merveilles de la Création inspire un sentiment à la fois d'amour et de crainte d'Hachem :
"Quel est le moyen de parvenir à l'amour et à la crainte d'Hachem? Si une personne étudie tout ce qu'Hachem a fait, Ses grandes et merveilleuses créations, et qu'à travers elles elle reconnaît l'incommensurable et infinie sagesse d'Hachem, elle ressentira immédiatement de l'amour [pour Hachem], Le louera et Le glorifiera, et sera remplie d'un immense désir de connaître Son Grand Nom ...
Et lorsqu'il considérera ces concepts, il reculera immédiatement, effrayé, et il réalisera qu'il n'est qu'une création chétive et basse ... en comparaison avec l'Intelligence Suprême."

"Craindre Hachem pour être épargné d'une punition est bien en deçà du niveau de ahavat Hachem.
La crainte d'Hachem devrait être comparable à l'amour entre un mari et sa femme. Il a peur de faire quelque chose qu'elle désapprouverait parce qu'il ne veut pas gâcher l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre.
De même, une personne devrait avoir peur de désobéir à Hachem, de peur de ruiner l'amour d'Hachem ... C'est la peur qui naît de l'amour!"
[Or'hot Tsadikim - Aava]

"Chaque prière est une nouvelle leçon de crainte du Ciel (yirat Chamayim)"
['Hazon Ich]

La prière, que l'on appelle le "service du cœur", permet d'atteindre le cœur de quelqu'un.
Or, le fondement même de la prière est qu'Hachem est celui qui dirige le monde entier.
Plus on ressent qu'Hachem est le Roi (sur nous-même, et sur l’univers tout entier), plus on est conscient de Lui, et plus on a de la crainte du Ciel.

Nitsavim & Roch Hachana – Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel

+ Nitsavim & Roch Hachana - Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel :

-> Rachi nous rapporte que lorsque le peuple juif a entendu les 98 malédictions qui s'abattraient sur quiconque n'accomplirait pas la Torah, il a été terrifié.
Moché tenta de les rassurer : "Regardez, vous êtes vous êtes ici aujourd'hui (nitsavim ayom), bien que vous ayez mis Hachem en colère à de nombreuses reprises (Devarim, Rachi 29:12)".

Il semble que Moshé essaie d'être rassurant. Cependant, Moché poursuit : "Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme ... dont le coeur se détourne d'être avec Hachem ... et lorsqu'il entendra ces malédictions ... il dira : 'La paix sera avec moi, même si je suis les désirs de mon coeur' ... Hachem ne sera pas disposé à lui pardonner ... et toutes les malédictions de ce Livre viendront sur lui, et Hachem effacera son nom de dessous les cieux ! (Nitsavim 29,17-19)."

=> À qui Moché s'adresse-t-il? La nation entière vient d'entendre les malédictions et tous sont terrifiés. Comment Moché pouvait-il penser qu'il y aurait encore quelqu'un qui pensait pouvoir faire tout ce qu'il voulait sans que rien ne se produise? Qui serait assez fou pour penser cela?

-> Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'il existe en effet une personne capable de penser de cette manière : quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir).
Son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel. Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Moché indique clairement qu'une telle personne commet une grave erreur. Pour un tel comportement, Hachem appliquera toutes ces malédictions. De plus, Il punira même les fautes involontaires comme s'ils avaient été commis délibérément (voir Rachi - Nitsavim 29,18). Enfin, le nom du fauteur sera effacé du monde.

=> Cette mesure semble inhabituellement sévère. Après tout, le fauteur peut certainement prétendre qu'il s'est oublié lui-même à ce moment-là (je n'étais plus moi-même!). Il était incapable de penser logiquement. Est-il vraiment si terrible?
Pourtant, l'avertissement de Moché à ce fauteur est que le fait de permettre à à son désir d'écarter Hachem de son esprit est une forme grave de rébellion contre Lui.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava. Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava.
Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

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-> Le rav Yé'hezkel Lévenstein rappelle que Roch Hachana et Yom Kippour sont connus sous le nom de Yamim Noraïm, littéralement les jours redoutables.
Le Rambam (sur la michna Roch Hachana 4:7) écrit que ce sont des jours où un juif doit craindre le jugement d'Hachem et s'y préparer en se repentant de ses fautes passées.

Pendant les Yamim Noraïm, Rav Levenstein exhortait les gens :
"Hachem nous a donné ces jours pour que nous sachions que nous sommes sur le point d'être jugés, afin que nous nous repentions. Il exige que nous le craignions! Si quelqu'un ne le fait pas maintenant, pendant ces jours uniques, il est certainement coupable de 'suivre les désirs de son cœur et d'ignorer Hachem'."

Le rav Lévenstein avertit ensuite :
"J'hésite à le dire, mais une telle personne peut encourir les punitions que Moché a énumérées dans la paracha Nitsavim, à D. ne plaise.
Il se peut qu'Hachem ne veuille pas pardonner à une telle personne, car même maintenant, avec le spectre du jugement qui se profile devant elle, elle ne ressent rien.
Il observe donc les mitsvot, mais qu'en est-il de la crainte d'Hachem? Pourquoi se comporte-t-il comme s'il n'avait pas à se repentir? Quel est le problème de cette personne?"

-> De même, le rav Israël Salanter (Ohr Israël 7) écrit :
"Ne voyons-nous pas que chaque année, il y a des gens, même jeunes et en bonne santé, qui ne parviennent pas à la fin de l'année? Comment ne pas avoir peur? Il faut au moins qu'un sentiment s'exprime!"

-> Le rav Lévenstein a trouvé cette idée dans le récit de la guémara (Béra'hot 28b) sur la fin de la vie de Rabban Yo'hanan ben Zakaï. Il y est dit qu'alors qu'il était alité, ses élèves vinrent lui rendre visite.
Lorsqu'il les vit, il pleura. Ses élèves lui demandèrent pourquoi il pleurait, après tout, il pouvait certainement s'attendre à une grande récompense dans le monde à venir (au regard de ses incroyables mérites spirituels). Il a répondu que s'il était sur le point de faire face à un juge humain, qui ne pourrait que le condamner à un châtiment dans ce monde, il aurait certainement peur.
Il sera bientôt jugé par Hachem, dont le châtiment est pour l'éternité. Il est évident qu'il serait terrifié dans ce cas!

Le rav Lévenstein commente :
"Il semble, d'après le récit, que Rabban Yo'hanan ben Zakaï ne pleurait pas avant l'arrivée de ses élèves.
Si c'est le cas, pourquoi a-t-il pleuré à ce moment-là ? Ce n'était certainement pas pour montrer sa piété ...
Rabban Yo'hanan ben Zakaï avait plutôt l'intention de transmettre un enseignement à ses élèves.
[A l'approche de Roch Hachana et Kippour,] nous devons imaginer que nous sommes confrontés à un véritable procès. Imaginons que nous soyons convoqués devant un juge humain, qui a le pouvoir de nous punir. Nous aurions certainement peur!
La crainte que nous ressentirions est le minimum absolu que nous devrions ressentir lorsque nous nous trouverons bientôt devant Hachem. Nous devrions nous demander si nous avons au moins aussi peur de Roch Hachana."

-> Ceux qui ont connu le grand de la génération, le rav Elazar Shach ont témoigné qu'il vivait avec une telle peur tout au long de l'année. Tout au long de sa journée, il se disait (et parfois se demandait même à haute voix) : "Serai-je capable d'expliquer pourquoi j'ai agi ainsi lorsque je me tiendrai devant la Cour céleste?"

En particulier à Elloul et pendant les dix jours de repentir, son sentiment de peur était palpable.
Son comportement semblait demander : "Comment puis-je me tenir devant Hachem en jugement ?"
Une fois, pendant le mois d'Elloul, le petit-fils du rav Shach, le rav Isser Zalman Bergman, lui a dit que l'un de ses fils allait bientôt devenir bar mitsva et qu'une réception serait organisée dans quelques jours.
"Une célébration maintenant? Pendant Elloul?" Rav Shach est choqué. "Comment puis-je me rendre à une fête pendant ces jours-ci? Pourriez-vous la reporter après les Yamim Noraim?"

[Roch Hachana et Kippour impliquent de développer en nous une profondeur crainte, frayeur, de la gravité de ce moment (le jugement est de Vérité, avec Rigueur, impitoyable [ex: aucune pensée n'est cachée de D.]). Et ce n'est qu'ensuite qu'on peut y ajouter de la joie, de l'amour, d'avoir papa Hachem comme juge, qui nous aime infiniment, rempli de miséricorde.
On doit respecter cet ordre, car alors l'un (crainte) alimente l'autre (la joie, amour). Plus on a conscience de la gravité de la situation, plus on apprécie la bonté d'Hachem, de L'avoir en permanence s'occupant de nous pour notre mieux éternel. ]

La crainte d’Hachem (selon le Ben Ich ‘Haï)

+++ La crainte d'Hachem (selon le Ben Ich 'Haï) :

+ "Que la crainte du ciel soit sur vous" (Pirké Avot 1,3)

=> Pourquoi utilise-t-on couramment l'expression "crainte du ciel" (yirat chamayim) plutôt que "crainte de D. (yirat Hachem)"?

Dans nos prières, nous disons : "Que Celui qui fait la paix dans Ses cieux fasse la paix avec nous ...".
Nos Sages se sont interrogés : Y a-t-il des dissensions dans les cieux qui nécessitent un rétablissement de la paix?
Ils ont répondu : D. a décrété que l'eau et le feu se mélangent pour former les cieux (guémara Haguiga 12a). Par nature, le feu et l'eau se détruisent mutuellement ; le feu évapore l'eau et l'eau éteint le feu.
Afin d'accomplir le décret d'Hachem, le feu et l'eau ont surmonté leur nature pour demeurer ensemble en paix dans les cieux.

L'expression "crainte du ciel" signifie le type de crainte qui existe au ciel : aller à l'encontre de sa nature pour faire la volonté de D.
Tout comme le feu et l'eau vont à l'encontre de leur nature pour coexister harmonieusement au paradis, nous devons nous éloigner du mal et de la violence et faire le bien, même si cela va à l'encontre de notre nature et de nos inclinations personnelles.
[...]

Les vêtements extérieurs sont toujours visibles, mais les portefeuilles restent dans les poches jusqu'à ce qu'il faille faire des paiements.
Pour certaines personnes, la crainte du ciel est comme un portefeuille ; elle reste cachée jusqu'à ce qu'elles commettent un péché, moment où la crainte du châtiment est éveillée et les pousse à se repentir.
Il est plus souhaitable que la crainte du ciel soit manifeste à tout moment, comme un vêtement qui est toujours "sur vous". C'est ainsi que Rabbi Méïr a déclaré que l'étude de la Torah "habille [l'apprenant] d'humilité et de crainte" et le prépare ainsi à être juste, honnête et fidèle (Pirké Avot 6,1).
[Ben Ich 'Haï - 'Hasdé Avot]

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-> Comment est le vêtement d'un érudit en Torah? Son corps n'est pas vu en dessous. [guémara Baba Batra 57b]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) nous explique :
Le vêtement fait référence à la crainte du ciel, que l'on appelle vêtement : "Il l'habille d'humilité et de crainte" (Pirké Avot 6,1).
Le corps abrite les forces des désirs physiques et matériels. La crainte, qui est le vêtement, doit dominer ces forces corporelles jusqu'à ce qu'elles n'apparaissent plus et qu'elles soient introuvables.

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-> Rabbi Meir a dit : Le terme "craignant D." est utilisé pour décrire Iyov (Iyov
1,8) et pour décrire Avraham (Vayéra 22,12). Tout comme la crainte de D. d'Avraham provenait de l'amour, il en va de même pour celle d’Iyov. [guémara Sota 31a]

=> Pourquoi considère-t-on comme un fait établi que la crainte de D. chez Avraham provenait de l'amour?
C'est au cours de la 10e et plus dure épreuve à laquelle D. a soumis Avraham (la ligature d'Its'hak) que D. a dit : "Maintenant, je sais que tu crains Dieu" (Vayéra 22,12).
Cette crainte (yira) est en fait une crainte de Sa majesté, qui se développe à partir d'un puissant amour de D.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

[ainsi, idéalement notre crainte d'Hachem doit reposer sur beaucoup d'amour d'Hachem. En ce sens, c'est une dynamique épanouissante dans la joie et l'espoir, plutôt que l'inverse.
D'une certaine façon, on a : "Avinou Malkénou" (notre Père, notre Roi) = d'un côté on a tout l'amour et la proximité d'une relation avec un père aimant, mais d'un autre côté on doit ensuite y ajouter ce qu'implique de servir LE Roi (crainte révérencielle + admiration et fierté d'avoir l'honneur d'être au servir d'un Maître aussi énorme, c'est le boss des boss!).
Ces 2 éléments sont comme les jambes/ailes d'un juif pour évoluer dans sa relation avec Hachem (ce monde est comme une salle de musculation où l'on renforce notre lien de proximité avec D. en faisant ou ne faisant pas des choses, face à l'opposition de notre nature et du monde extérieur).]

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+ Les 2 niveaux de crainte du Ciel :

-> Hachem n'a rien d'autre dans son trésor, si ce n'est le trésor de la crainte du ciel.
[guémara Béra'hot 33b]

-> "Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du ciel" (guémara Béra'hot 33b).
Tout ce qui se passe dans le monde est décrété ; tous les décrets quittent le trésor de D. du potentiel et sont actualisés dans le monde.
Seule la crainte reste en arrière, cachée dans le trésor de D. ; elle ne sort pas comme un décret.
[...]
Il existe 2 types de crainte (yira) : à un niveau bas, c'est la crainte du châtiment, et à un niveau élevé, c'est la crainte de la majesté d'Hachem, car Il est le souverain de l'univers et la racine de tous les mondes.
Le niveau élevé est appelé "crainte du ciel" parce qu'il s'agit de la crainte (yira) que l'on trouve parmi les armées célestes.
"Hachem n'a rien d'autre dans son trésor que le trésor de la crainte du ciel" = Hachem n'a dans son trésor que le type élevé de la yira.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

-> "Faire monter une flamme continuellement" (Emor 24,2) = pour que la flamme monte d'elle-même, et non par l'intermédiaire de quelque chose d'autre. [guémara Shabbath 21a]

La flamme fait allusion à la crainte (yira), dont il existe 2 types.
Il y a la crainte externe, la peur du châtiment, qui dépend des avantages qu'une personne souhaite obtenir ou des problèmes qu'elle souhaite éviter.
Et il y a la crainte interne, la crainte de la majesté divine, qui est indépendante des intérêts personnels.
La guémara dit que la flamme doit s'élever d'elle-même, c'est-à-dire que notre yira doit être la crainte de la majesté divine, qui est indépendante de l'intérêt personnel. Et cette flamme doit être permanente.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

-> "Qu'est-ce que Hachem, ton D., te demande? Seulement de craindre Hachem ton D." (Ekev 10,12) ... La crainte [de Dieu] était une petite chose pour notre maître Moché. [guémara Béra'hot 33b]

La crainte qui est "une petite chose" est la crainte (yira) inférieure, la crainte qui découle de la préoccupation de la punition ou de la récompense, par opposition à la crainte (yira) supérieure, la crainte de Sa gloire. Cette crainte inférieure n'était rien pour Moché.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou]

-> Moché est monté dans un nuage, a été couvert par un nuage et a été sanctifié par un nuage. [guémara Yoma 4a]

Moché a atteint la forme supérieure de crainte (yira) qui n'est pas une réaction à une punition ou même à une récompense, mais à la souveraineté de D. sur tout. Plus Moché percevait la majesté et la gloire de D., plus il en était émerveillé.
Les nuages du ciel font allusion à la crainte de la gloire divine. Moché est "monté dans un nuage", c'est-à-dire qu'il a été émerveillé par la gloire de D., et c'est pour cela que Moché est loué.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou]

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-> Si Israël est méritant, [le machia'h] viendra sur les nuages du ciel. S'il n'est pas méritant, [il sera un pauvre monté sur un âne. [guémara Sanhédrin 98a]

-> Le machia'h vient par la perfection de la crainte (yira) d'Israël, et la façon dont il vient dépend du type de crainte d'Israël.
Si Israël est méritoire, "il viendra avec les nuages du ciel", c'est-à-dire qu'il viendra parce qu'Israël percevra la grandeur de D. et sera rempli de crainte.
Si Israël n'est pas méritoire, le machia'h sera un pauvre homme monté sur un âne. Le mot hébreu pour âne ('hamor) est lié à 'homer (la matière).
Cela reflétera le fait qu'Israël a une crainte inférieure, qui découle des besoins matériels d'une personne.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou]

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-> À la mort de rabbi Yéhouda haNassi, l'humilité et la peur du péché ont cessé.
[guémara Sotah 49a]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique :
Le Alchikh haKadoch explique le verset "Vous le craindrez" (Réé 13,5) comme faisant référence à la crainte de la faute ; nous ne devons pas nous fier à nous-mêmes, mais toujours être sur nos gardes face à l'inclination du mal.

Les juifs d'autrefois ne se fiaient jamais à leur droiture ; ils craignaient toujours de succomber au péché. Même notre patriarche Yaakov craignait de perdre la protection de D. en péchant (guémara Béra'hot 4a), et le grand Tanna Rabbi Tarfon annonçait : "Veillez sur moi [de peur que je ne sois seul] avec ma belle-fille [et que j'en vienne à fauter]" (guémara Kidouchin 81b).

[ainsi, on voit qu'une part de la crainte d'Hachem doit également se ressentir dans notre crainte d'en venir à fauter, c'est-à-dire à ne pas "trahir", ne pas être en accord avec la volonté de D. ]

-> A ce sujet, le Ben Ich 'Haï ('Haïm véhaShalom) écrit aussi :
Il semblerait que le simple fait d'éprouver de la crainte ne puisse pas être considéré comme un service à D., car aucune action n'est accomplie. En réalité, cependant, si la peur de la faute s'éveille dans le cœur d'une personne, qu'elle soit anxieuse à l'idée qu'elle pourrait commettre un péché ou qu'elle soit en train de fauter à ce moment précis sans s'en rendre compte, cet éveil de la peur dans le cœur est considéré comme une action.
Le verset : "Servez Hachem avec crainte" (ivdou ét Hachem béyir'a - Téhilim 2,11) signifie donc : "Servez Hachem en permanence, avec la crainte qui monte dans vos cœurs à chaque instant".

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-> Qui peut se rendre compte des ses erreurs? Laisse-moi [Hachem] indemne des [fautes] cachées.(Téhilim 19,13)

=> Si tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du ciel, comment le roi David a-t-il pu prier pour être sauvé de la faute?

Certes, pour préserver la liberté de choix de l'homme et rendre possible la récompense et le châtiment, D. ne sauve pas une personne du mauvais penchant lorsqu'il la pousse à commettre une faute connue.
Mais il arrive que le mauvais penchant essaie de convaincre une personne qu'une certaine action n'est pas une faute ; il peut même essayer de prétendre qu'il s'agit d'une mitsva!
C'est de ce type de mauvais penchant que D. nous sauve.

Le roi David a donc prié pour être sauvé d'une situation dans laquelle le mauvais penchant l'embrouillait, de sorte qu'il ne voyait pas clairement qu'il s'agissait d'une faute.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Sotah 34b]

"Il y a de nombreuses raisons de respecter Hachem, mais la principale est de Le respecter comme une force grande et dominante, la Source et la Racine de tous les mondes"
[Zohar]

Si un juif ressent que son amour envers son prochain juif augmente chaque jour, alors son amour et sa crainte à l'égard d'Hachem s'intensifieront également.
[rabbi Bounim de Pschisha - le Yid Hakadoch - rapporté dans le Tiféret Yéhoudi 87 ]

La crainte du Ciel

+ La crainte du Ciel (par le rav Nathan Watchfogel) :

-> "Si une personne n'a pas de crainte [d'Hachem], elle n'a pas non plus de sagesse" (Pirké Avot 3,17).
... La seule façon de gagner en crainte d'Hachem est d'étudier du moussar, il adoucit nos cœurs de pierre.
Cela nous ouvre les yeux, nous remarquons la main d'Hachem dans nos vies, et nous ressentons plus de crainte d'Hachem grâce à cela.
[rabbi Nathan Watchfogel]

-> Une personne doit commencer à apprendre le moussar par le biais du yira (crainte d'Hachem), mais cela doit immédiatement se transformer en joie.
Si une personne prend le moussar qu'elle étudie et en fait vraiment une partie de sa vie, et le prend vraiment à cœur, alors cela lui apporte de la joie, parce qu'au fond de nos cœurs, la joie nous vient plus naturellement que la peur/crainte.
Lorsqu'une personne étudie le moussar comme il se doit, elle est immédiatement remplie de joie.
[rabbi Nathan Watchfogel]

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-> Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de gens qui s'assoient et étudient dans le monde entier. Il y a beaucoup plus de yechivot et de kollélim. Avec autant d'étude, nous devrions nous attendre à ce que cette nouvelle génération produise plus de guédolé hador que jamais auparavant, mais nous n'avons pas constaté que c'était le cas. Pourquoi?

Les gens sont occupés à étudier la Torah, mais ils ne font pas d'effort pour acquérir la crainte d'Hachem.
Il est dit : "Sans crainte (d''Hachem), il n'y a pas de 'hochmah (sagesse)" (Pirké Avot 3,21).
Comme le dit le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm), la yirat Chamayim (crainte du Ciel) est l' "entrepôt" de la Torah.
Le rav de Volozhin écrit : "Plus l'entrepôt de yirat chamayim qu'une personne se construit est grand, plus elle peut y mettre de 'grains' de Torah et les garder en sécurité dans son entrepôt" (Néfech ha'Haïm 4,5).
Nos Sages (guémara Yoma 72b) disent : "Malheur aux talmidé 'hakhamim qui étudient la Torah mais n'ont pas de yirat Chamayim".
Etudier le moussar est ce qu'une personne doit faire pour acquérir la yirat chamayim. C'est ce qui permet de réussir dans la Torah.
[rabbi Nathan Watchfogel]

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-> Sans un séder de moussar quotidien, "la chose la plus importante manque".
Le rav Yérou'ham Lévovitz a dit que le yétser ara laissera une personne faire tout ce qu'elle veut, juste pour qu'elle n'étudie pas le moussar!

-> Le rav El'hanan Wasserman parlait un jour au 'Hafets 'Haïm d'une nouvelle yéchiva qui venait d'ouvrir, et il en disait beaucoup de bien.
Le 'Hafets 'Haïm lui demanda s'il y apprenait le moussar.
Lorsque Rav El'hanan répondit par la négative, le 'Hafets 'Haïm dit : "Si c'est le cas, alors la yéchiva ne vaut même pas une bouffée de tabac".

La crainte du Ciel

+ La crainte du Ciel (yirat chamayim) :

-> "Un ange d'Hachem est posté près de ceux qui Le craignent et les fait échapper au danger" (Téhilim 34,8)

-> "Il (Hachem) accomplit les désirs de ceux qui Le craignent, entend leurs supplications et leur porte secours" (Téhilim 86,11)

-> "Les yeux d'Hachem sont ouverts sur ceux qui Le craignent, sur ceux qui ont foi en Sa bonté" (Téhilim 33,18)

-> "Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant Sa grâce est puissante pour ceux qui Le craignent. (Téhilim 103,11)

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-> A propos de la crainte de D., le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.25) écrit :
"Ce qu'il faut, c'est sentir constamment que partout où l'on se trouve, on est en présence de Hachem et qu'Il observe attentivement chaque homme et chaque geste, grand ou petit, et que rien ne Lui est caché ni ne Lui échappe.

Celui qui vit avec cette conscience craindra sincèrement de faire le moindre geste qui ne soit pas en accord avec les désirs du Tout-puissant."

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+ Hachem dit au roi David : "Tu souhaites la vie? Recherches la crainte du Ciel!"
[midrach Shocher Tov - chap.16]

-> La crainte du Ciel est une grande qualité, car le Ciel et la terre ont été créés uniquement par le mérite de la crainte du Ciel.
[midrach Kohélét rabba 3,13]

-> Il n'y a rien de plus aimé qu'une personne qui a la crainte du Ciel
[...]
Celui qui est riche, sage et intelligent, mais qui ne possède pas la crainte du Ciel, alors il ne possède rien du tout.
[Aggadot Béréchit - chap.33]

-> Il n'y a aucun trait de caractère plus désirable que d'avoir de la crainte de D. et l'humilité.
[midrach Bamidbar rabba - chap.18]

-> Tout celui qui craint le Ciel, ses mots sont entendus [les gens acceptant ce qu'il a à dire].
[guémara Béra'hot 6b]

-> Une personne doit toujours être rusée dans la crainte du Ciel
[guémara Béra'hot 17a]
[il faut concevoir des stratégies pour vaincre notre yétser ara, et acquérir de la yirat chamayim]

-> "Tout est dans les mains du Ciel, à l’exception de la crainte du Ciel, comme il est dit : "Et maintenant, Israël ce que Hachem ton D. te demande, c'est uniquement de Le craindre"."
[guémara Béra'hot 33b]
[cela implique que les circonstances et conditions d'une personne (sa taille, son apparence, sa santé, sa richesse, ...) sont imposées par Hachem . Son libre arbitre ne s'étend que sur les sujets qui sont associés à la crainte du Ciel, de faire le bien ou le mal (ce qui est contraire à la Volonté de D.).]

-> "La crainte est la seule chose qu'Il te demande, car tout est entre Ses mains hormis cette qualité qui est entre les tiennes"
[Rachi - guémara Nida 16b]

-> Rabbi 'Hanina ben Dossa dit : "Celui dont la crainte du péché prévaut sur la sagesse, sa sagesse se maintient ; mais celui dont la sagesse prévaut sur la crainte du péché, sa sagesse ne se maintient pas."
[Pirké Avot 3,9]

-> Tout celui qui Me craint et accomplit les mots de la Torah, toute la sagesse et toute la Torah sont dans son cœur [= la connaissance en Torah lui sera facile à acquérir]
[midrach Dévarim rabba 11,6]

-> Celui qui ne craint pas le Ciel, n'a pas d'humilité, ni de piété en lui.
[Zohar - Bamidbar - p.145]

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-> "La crainte de Dieu, voilà sa richesse" (Yéchayahou 33,6)

Rachi (guémara Shabbath 31a) de commenter : La chose la plus importante aux yeux d'Hachem, est qu'une personne développe en elle de la crainte du Ciel, afin ... de créer un moyen pour retenir son étude.
[la crainte du Ciel est ce qui permet de conserver notre étude de la Torah, à l'image d'un grenier/entrepôt]

-> Rava (Shabbath 31a) enseigne l'idée que chez celui qui n'a pas de crainte du Ciel, il aurait mieux valu qu'il n'étudie pas la Torah, et sans cette crainte on ne sera pas jugé favorablement par le tribunal Céleste.
[la Torah et les mitsvot n'ont pas de valeur sans la crainte de D.]

-> Rabba bar Rav Houna (Shabbath 31a) dit que pour celui qui a acquis la sagesse de la Torah, mais pas la crainte du Ciel, c'est semblable à un trésorier qui a les clés des salles intérieures, mais pas celle des pièces extérieures [Comment peut-il entrer? ]

-> Selon rav Yanaï (Shabbath 31a), cette situation est comme quelqu'un qui a fait une porte pour une cour, mais qui ne possède pas de cour. [la Torah permet de grandir spirituellement, mais sans crainte du Ciel la sagesse en Torah n'a pas d'utilité]

-> Selon rav Yéhouda (Shabbath 31a), Hachem a créé Son monde uniquement pour que les gens Le craignent, comme il est écrit : "D. a arrangé les choses de telle sorte qu'on le craigne" (Kohélét 3,14)

-> "Qu'est-ce que Hachem ton D. demande de toi? Uniquement de craindre Hachem ton D. ..." (Ekev 10,12)

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
La guémara (Shabbath 31a) dit : "Rabba a dit : lorsqu'on introduit l'homme dans le tribunal céleste, on lui demande : T'es-tu conduit avec honnêteté dans tes affaires, as-tu fixé des temps fixes pour étudier la Torah, ... Et même ainsi, si la crainte d'Hachem est sa richesse : oui, si non, non".
C'est-à-dire : un homme peut étudier les halakhot, les Aggadot et les midrachim, mais s'il n'a pas la crainte de la faute, il n'a rien dans les mains. S'il n'a pas de crainte des Cieux, il en restera rien de sa Torah.

La guémara poursuit : "Cela ressemble à un homme qui a dit à son employé : monte-moi un kour de blé dans la grange, et il s'exécuta. Il lui a dit : "Y as-tu mélangé un kav de homtin?"
Il a répondu : "Non".
Il lui a dit : "Il aurait mieux valu que tu ne montes pas".

"Un kav de homtin" est un conservateur qui empêche la récolte de se détériorer. Si on ne mélange pas de conservateur au blé, il vaut mieux ne pas l'entreposer, car il pourrira complétement. La crainte des Cieux est "le conservateur" de la Torah, de l'homme, de ses traits de caractère.

Si on presse des tomates un jour chaud, et on laisse le jus 2 jours sur le plan de travail, ce sera plein de vers, pourri, car il n'y a pas de conservateur : il en est de même pour les prières, les mitsvot et la Torah de l'individu : sans "conservateur" ils "pourriront".
L'unique conservateur de la Torah est la crainte des Cieux, avoir peur d'Hachem, craindre de fauter envers Lui.
[...]

Une des différences entre Yaakov et Essav, différence qui a entraîné à chacun, à Essav comme à Yaakov, d'être ce qu'il a été, est un trait de caractère qui manque à beaucoup de gens, qu'avait Yaakov mais pas Essav : la crainte de fauter.

Nos maîtres ne traitent pas de comment éviter de fauter, mais de la crainte de la faute. Car lorsqu'un homme a peur de la faute, il s'éloigne d'elle.
Nous trouvons dans plusieurs endroits du Talmud, qu'un homme qui n'a pas la peur de la faute, qui ne craint pas de se mettre dans une situation qui risque de l'entraîner à fauter : on le nomme racha, même s'il na pas fauté au final.

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-> "Le principe de la sagesse, c’est la crainte de Hachem" (Téhilim 111,10)

-> "La crainte du Seigneur, voilà la Sagesse" (Iyov 28,28)

Rachi (guémara Shabbath 31a) enseigne que chez un Sage nous devons plutôt louer le fait qu'il craint la faute, plutôt que son érudition, car la crainte de la faute est supérieure au fait d'avoir de grandes connaissances en Torah, et dans ce cas on diminuerait sa grandeur..

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+ "La conclusion de tout le discours, écoutons-la: "Crains Dieu et observe Ses commandements ; car c'est là tout l'homme"
[le roi Salomon - à la fin de Kohélét 12,13]

-> Selon rabbi El'azar (Shabbath 31a), cela signifie que : le monde entier a été créé en l'honneur de cette personne [qui a de la crainte du Ciel].

-> Selon rabbi Abba bar Kahana (Shabbath 31a), cela signifie que : cette personne est égale en importance au monde entier.

-> Selon Shimon ben Azzai, cela signifie que : le monde n'a été créé que pour accompagner cette personne, [afin qu'il ne se sente pas seul].

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-> La guémara (Yoma 72b) transmet l'idée que : Honte aux Sages en Torah, qui s'immergent dans la Torah et qui n'ont pas de crainte du Ciel.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Or'hot Yocher) écrit que chez celui qui étudie la Torah sans crainte du Ciel, sa sagesse ne rencontrera pas le succès, et à l'inverse, elle se transformera en un poisson mortel pour lui, comme cela s'est passé pour Doég et A'hitophel, que D. nous protège d'une telle fin.

[Doeg haAdomi était un conseillé du roi Shaül. Il était un très grand érudit en Torah, et finalement il a perdu sa part dans le monde à venir à cause de ses fautes (cf. Chmouël I chap.21-22)]

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-> Comment comprendre le paradoxe suivant :
- d'un côté l'homme est naturellement facilement effrayé par des peurs/dangers réels ou imaginaires ;
- et d'un autre côté, il a une absence naturelle de crainte envers Hachem, l'Unique Maître du monde, témoignant une indifférence quasi totale malgré l'infinie puissance de son Créateur.

=> Ce qui est minuscule/inexistant cause une inquiétude infinie, et l'infini entraîne une peur minuscule/inexistante.
Pourquoi cela?

-> Le rav Its'hak Blazer (Ohr Israël - Chaaré Or - chap.2) répond que cet étrange phénomène fait partie du plan divin.

Par décret divin, l'homme ne craint pas D. naturellement, et ce afin de le laisser profiter du libre-arbitre.
En effet, s'il était saisi par une terreur de D. instinctive et innée, il choisirait le Bien sans réfléchir, le Mal ne représenterait pas vraiment un choix.

Il faut donc rechercher de façon continue à acquérir la crainte de D., en s'efforçant de voir et de sentir sa souveraineté, et par là emplir toujours davantage notre cœur de respect et de crainte.

Le roi Salomon écrit : "Si tu la souhaites comme de l'argent, la recherches comme des trésors, alors tu auras le sens de la crainte d'Hachem" (Michlé 2,4-5).

[de même qu'il nous faut de la parnassa pour vivre, de même il nous faut de la crainte de D. pour vivre juif!]

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.25) suggère que nous devons se réserver chaque jour quelques moments pour méditer et réfléchir à la façon d'augmenter notre crainte de D.

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-> "Si tu la souhaites comme de l'argent, la recherches comme des trésors, alors tu auras le sens de la crainte d'Hachem" (Michlé 2,4-5)

Le rav David Pinto (la Voie à suivre n°1175) enseigne :
"Si on désire déterminer combien d’efforts on doit fournir pour acquérir la crainte de D. et une juste compréhension de la Torah, et quel est le potentiel personnel dont on dispose, il suffit de s’imaginer quelles forces on aurait été prêt à investir pour gagner de l’argent et des trésors.

Imaginons un homme extrêmement fatigué, qui est allé se reposer. S’il recevait subitement un appel téléphonique lui annonçant être l’heureux gagnant d’une importante somme d’argent au loto, il se renforcerait sans doute aussitôt comme un lion, oublierait sa fatigue et courrait chercher son dû, de peur que cette heure de grâce ne lui échappe.
Or, malheureusement, combien de personnes courent toute leur vie après l’argent et s’acharnent au travail, se retrouvant finalement épuisées face aux livres de Torah, dans les quelques instants qui leur restent à leur consacrer."

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-> La sagesse et la souveraineté de D. sont évidentes dans le moindre atome de l'univers.
Chaque brin d'herbe et chaque molécule de matière crie un message parfaitement clair : "C'est le Tout-Puisant qui nous a créés!"

Mais de nombreuses personnes sont incapables de voir cette évidence parce que leur vision est souillée par la passion et l'orgueil, et qu'ils refusent obstinément de la nettoyer.

[Rav Mordé'haï Programansky]

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-> "Servez Hachem avec crainte et réjouissez-vous avec tremblement" (Téhilim 2,11)

=> Comment comprendre le fait de se réjouir "avec tremblement"?

La guémara (Béra'hot 30b) répond :
Selon Rav : "Là où se trouve la réjouissance, doit aussi se trouver le tremblement".
[...]
Mar, le fils de Davina célébrait la noce de son fils.
Voyant les Sages d'une humeur un peu [trop] gaie, il saisit un verre de cristal d'une valeur de 400 zouzim et le fracassa sous leurs yeux, ce qui les dégrisa sur le champ.

[Selon Tossefot, c'est de là que provient l'usage de briser un verre sous le dais nuptial.]

-> Nous devons apprendre à doser la crainte et la joie, la peur et l'exaltation.

D'ailleurs, le Rama dans son commentaire du Choulkhan Aroukh :
- commence cet ouvrage par les mots : "Je fixe constamment mes regards sur Hachem" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8) ;
- et cet ouvrage se termine (lois de Pourim) : "mais celui qui a le cœur content est constamment en fête" (vétov lév michté tamid - Michlé 15,15)

=> Le respect strict de la halakha entraîne une joie et une sérénité profondes.
La crainte mène à la joie, et ces 2 sentiments sont étroitement liés pour garantir un progrès, à l'image de la nécessité d'avoir 2 jambes!

[la joie ne doit pas amener à un excès d'intimité (c'est Hachem!), et la crainte ne doit pas causer un excès de froideur, de tristesse, d'anxiété.]

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-> On a demandé au rabbi de Satmar (le Divré Yoel), qu'est-ce que la crainte de D.?
Il a répondu : "la yir'at Hachem, c'est de penser à Hachem chaque seconde".
[en ayant conscience de Sa Grandeur, du fait qu'Il est témoin de chacun de nos actes/pensées, en se demandant constamment : est-ce que l'action que je fais est susceptible de Lui faire plaisir?, ...]

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-> "Un homme doit toujours appliquer le principe : Chiviti Hachem lénégdi tamid (Je fais résider Hachem devant moi perpétuellement).
C'est un grand principe de la Torah et c'est là l'atout des tsadikim qui marchent avec Hachem, car sache que lorsqu'un homme est assis, bouge, agit et qu'il est seul dans sa maison, cela ne ressemble pas à celui qui est assis, bouge et agit devant un très grand Roi. Et même sa manière de parler lorsqu'il est avec les gens de sa famille ne sera pas la même que lorsqu'il est en face d'un grand Roi.
L'homme doit alors prendre conscience qu'en réalité il est toujours en face d'un grand Roi.
Cette présence d'Hachem remplit la terre et même lorsque l'homme se cache dans les cachette, Hachem est avec lui et le voit.
Il aura alors une crainte perpétuelle et une soumission, ainsi qu'une honte devant la Présence d'Hachem qui l'accompagne.

[Rambam - Moré Névoukhim (Guide des égarés) - 3,chap.52]

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-> La qualité de la paix est très élevée, car c’est l’un des Noms d'Hachem, ainsi qu’il est dit : "Il l’appela Hachem Chalom" (Choftim 6,24).
Partout où l’on trouve la paix, on trouve la crainte du Ciel, et partout où il n’y a pas de paix, on ne trouve pas de crainte du Ciel.
Grande est la paix devant D.
['Hafets 'Haïm - Chmirat haLachon - Chaar haZé'hira chap.11]

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+ "Je me suis dit : seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit et ils me tueront du fait de ma femme" (Vayéra 20,11)

-> Un homme ne doit pas imaginer qu'on puisse être une personne civilisée et raffinée avec uniquement pour base des valeurs humanistes. Quand il manque la crainte d'Hachem, il faut savoir qu'en réalité il manque aussi l'humanisme.
Un homme ne peut pas être "humain" sans "crainte d'Hachem", même s'il est civilisé et qu'il dispose de toutes les autres qualités et sagesses.

Avraham avait constaté qu'en Pelichtim il ne manquait que la crainte d'Hachem, c'est à dire qu'il y avait toutes les autres qualités sauf celles-ci, comme il est dit : "Seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit", c'était la seule chose qui manquait. Et malgré tout, sans cela, "ils me tueront du fait de ma femme".
Car sans crainte d'Hachem, il n'y a pas d'humanité. Tout prétexte pourra transformer l'être "civilisé" en bête cruelle et criminelle.
[Malbim ; rabbi El'hanan Wasserman]

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-> "Pourquoi Hachem est-il appelé le Roi de l'honneur (mélé'h hakavod)?
Car Il partage Son honneur avec ceux qui Le craignent."
[midrach Bamidbar rabba 15,13]

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-> b'h, également : https://todahm.com/2021/01/21/30312
-> le Maharal sur la force de la crainte : https://todahm.com/2021/01/21/la-crainte-dhachem
-> mais aussi : https://todahm.com/2021/04/25/31296

-> La crainte de la punition = base de toute élévation spirituelle : https://todahm.com/2021/07/17/la-crainte-de-la-punition

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-> "Depuis le jour où le Temple a été détruit, Hachem n'a rien d'autre dans Son monde, si ce n'est les 4 coudées de la halakha" (guémara Béra'hot 8a) ;
-> "Hachem n'a rien d'autre dans Son monde si ce n'est la crainte du ciel" (guémara Shabbath 31b)

Le rav Ezra Attia concilie ces 2 enseignements de la guémara en expliquant que l'étude de la halakha est le meilleur moyen pour développer et atteindre l'authentique crainte du ciel.

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-> Le Maharcha (sur Béra'hot 8a) explique qu'à l'époque du Temple, le Grand Sanhédrin se rassemblait dans une vaste salle, connue sous le nom de "chambre de la pierre taillée", et ils y définissaient les lois.
Ces efforts sacrés faisaient descendre la Présence divine en son sein.
Depuis la destruction du Temple, la Présence divine réside là où un érudit en Torah s'engage dans l'exploration des profondeurs du Talmud et tranche la loi. Il occupa la place du Sanhédrin.

Avoir la crainte de limiter la miséricorde d’Hachem à notre égard

+ Avoir la crainte de limiter la miséricorde d'Hachem à notre égard :

-> La principale forme de crainte de D. est la crainte de Sa grandeur, parce qu'Il est le Maître et le Tout-Puissant, la racine et la source de tous les mondes, devant qui tous sont considérés comme rien (Zohar 1,11b).
Lorsqu'une personne atteint ce niveau, elle est désignée comme un "fils bien-aimé" de l'Omniprésent (ben aouv laMakom).

Or, un fils précieux qui est aimé d'un amour grand et éternel par son Père céleste a extrêmement peur de désobéir à la volonté de son Père, car il ne veut pas que son Père très aimé soit affligé, à D. ne plaise.
Toute l'aspiration du fils est de satisfaire son Père céleste, comme le disent nos Sages (Zohar 3,7b) : "Le peuple juif soutient son Père céleste" par l'étude de la Torah, la prière, les actes d'amour bienveillant et l'observance des mitsvot.

Mais si, à D. ne plaise, l'inverse est vrai, alors nos Sages disent : "[lorsqu'un homme souffre parce qu'elle a fauté,] la Chékhina gémit [de douleur] : "Ma tête est lourde, [Mon bras est lourd]" ('Haguiga 15b ; Sanhédrin 46a).
Cela indique que D. souffre, pour ainsi dire, lorsque l'homme ne se conforme pas à Sa volonté.
Les tsadikim ont toujours la crainte de faire souffrir leur Père du Ciel, à D. ne plaise, et n'entendent au contraire que Lui donner satisfaction.

Ainsi, ce type de crainte est en fait une crainte du trait de compassion de D., contrairement à la crainte de ceux qui ont peur/crainte du trait de jugement/rigueur (punitions) de D.
Un tsadik a la crainte du trait de compassion de D., c'est-à-dire de ne pas causer de douleur à Son attribut de miséricorde. En effet, la raison principale pour laquelle le monde a été créé par D. est afin d'en faire bénéficier les êtres créés.
En outre, "plus que le veau ne veut téter, la vache veut donner du lait" (Pessa'him 112a).
L'intention principale de D. est d'accorder au peuple juif Sa bonté et Son abondance de bienfaits. Si, à D. ne plaise, ils n'accomplissent pas la volonté divine, la Chékhina prononce l'expression "Ma tête est lourde" (kalani mérochi).

Il s'avère donc que la principale crainte du tsadik est de ne pas faire souffrir l'attribut de miséricorde d'Hachem, mais au contraire de permettre à Hachem d'accorder la bonté, la compassion, la vie et la paix au peuple juif. C'est en effet ce qui procure à D. son principal plaisir.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Kédochim 19,32]

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=> Le désir le plus passionné de D., pour ainsi dire, est de nous fournir une abondance de bien et de compassion.
Lorsque nous aspirons à servir D. uniquement pour qu'Il puisse exprimer ce désir, et que nous faisons tout notre possible pour l'empêcher d'être peiné de devoir retenir Son attribut de compassion, nous atteignons le degré ultime de Le servir avec un amour et une crainte véritables.