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Un bon orgueil

+ Un bon orgueil :

-> L'orgueil, l'arrogance, est un péché capital dans l'éthique religieuse en général. Il existe néanmoins un "bon orgueil", dont il est dit "son cœur était élevé (fier) dans les voies d'Hachem" (II Divré Hayamim 16,6).
Cet orgueil n'est pas préjudiciable à l'idéal d'humilité, mais elle le soutient et le renforce ('Hovot Halévovot - chaar Hakeniya - chap.9).
C'est la fierté en Hachem et en la Torah, qui conduit ainsi au service de D. et à l'accomplissement des mitsvot, alors que l'humilité négative est répugnante à ceux-ci (voir Kéter Shem Tov, sect.68 & 393).

[nos Sages parlent de : "gaava dikédoucha", un orgueil de sainteté (puisqu'il nous pousse à agir pour avoir davantage de sainteté, spiritualité). ]

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-> En général, il convient de choisir une voie médiane (le "juste milieu"). En ce qui concerne l'orgueil et la colère, cependant, il faut s'en éloigner le plus possible.
Ces deux traits de caractère équivalent à de l'idolâtrie (Hilkhot Déot 2,3).
L'orgueil positif évoqué dans la section précédente ne contredit pas ce principe : il n'est pas personnalisé, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'estime de soi, mais exclusivement de la gloire d'Hachem.

En ce sens, le Baal Shem Tov enseigne que :
"L'orgueil purifie ce qui est souillé et souille ce qui est pur" : un faux sentiment d'humilité, se dire "je ne suis pas digne d'approcher Hachem", souille, car il vous empêche de remplir vos obligations . Mais il est surmonté (ce qui nous purifie) par l'orgueil de "son cœur est orgueilleux dans les voies d'Hachem".
[l'orgueil à priori (avant d'accomplir une mitsva), ou dans un but de regarder dans son sac de mitsvot (en étant fier, orgueilleux, et ayant de l'estime spirituelle de nous!) pour se renforcer dans un moment de faiblesse, pour se renforcer face aux tentations du monde environnant, aux faiblesses de la nature humaine, ... Tout cela est nécessaire pour vaincre notre yétser ara et allant de l'avant au mieux de nous-même. (lui à l'inverse il prône une humilité immobilisante, un manque de confiance spirituelle ...) ]

D'autre part, celui qui semble pur et qui remplit ses obligations est souillé par son orgueil, par l'autosatisfaction et l'estime de soi dans son service d'Hachem.
[on parle d'un orgueil à postériori (postérieur aux mitsvot) qui vient alimenter notre égo dans un but non nécessaire spirituellement (se renforcer pour agir davantage).
L'idée est qu'il y a un équilibre à trouver en fonction des moments, comme l'idée qu'on a 2 poches, une affirmant que le monde n'a été créé que pour moi (quelle personne grandiose je suis, tout le monde doit être à mes pieds d'exister grâce à moi!), et l'autre disant que je ne suis rien (même pas poussière, sans Hachem qui me donne la vie, la force, ... à chaque seconde). ]
[Kéter Shem Tov, sect.393 ]

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-> Hachem déclare à propos de toute personne orgueilleuse : "Moi et lui, nous ne pouvons cohabiter dans le monde" ; comme il est dit : « Je ne peux supporter celui qui a les yeux hautains et le cœur orgueilleux" (Téhilim 101,5)" [guémara Sotah 5a ].

Le Baal Shem Tov enseigne que ce passage prouve que l'orgueil est pire qu'une faute flagrante : de toutes les formes de faute et d'impureté, il est dit "Qui demeure avec eux au milieu de leur impureté" (A'haré Mot 16,16 ; c'est-à-dire que la Chékhina reste parmi eux malgré leur contamination spirituelle ; Yoma 56b).
Cependant, à propos des orgueilleux et des arrogants, il est dit : "Lui et moi ne pouvons cohabiter dans le monde".
[cité par rabbi Yaakov Yossef de Polnoy - Tsafnat Panéa'h - Yitro ]

-> L'orgueil, même la moindre pensée à ce sujet, est une problème très grave ...
Avec l'orgueil, on cause donc une grave souillure en-Haut et on "repousse les pieds de la Chékhina", comme il est écrit : "Quiconque a le cœur orgueilleux est en abomination pour Hachem" (Michlé 16,5).
[Baal Shem Tov - Tsava'at haRivach - 92 ]

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-> Un érudit de la Torah représente l'honneur de la Torah. Pour lui-même, il doit être humble, comme tout le monde. Mais en même temps, il doit aussi se souvenir de ce qu'il représente et se comporter en conséquence (voir Maïmonide, Hilchot Déot - chap.5 ; et cf. Hilkhot Talmud Torah 6,10 & 12).
Dans ce contexte, il doit manifester (extérieurement - cf. Rambam - Hilkhot Déot 1,4-5 et 2,3) un minimum d'orgueil, c'est-à-dire "un huitième d'un huitième".
[cette quantité symbolique est choisie parce qu'elle représente le contenu du plus petit instrument de mesure dans la Halakha (Tossafot - Roch Hachana 13a) ]

[à l'image d'une personne qui porte un séfer Torah et dont tout le monde lui témoigne tout d'un coup beaucoup de considérations, d'honneur.
De même, tout l'orgueil est pour cette Torah (non l'égo de la personne), et pour le principe qu'une chose considérée comme grande a plus de chance d'entrer profondément en nous car elle davantage de valeur/importance à nos yeux. ]

Fausse humilité

+ Fausse humilité :

-> L'orgueil est un mauvais trait de caractère, à tel point qu'Hachem dit : "Je ne peux pas être proche d'une personne orgueilleuse".
L'humilité est considérée comme l'une des plus belles qualités qui soient. Parmi toutes les grandes qualités et attributs de Moché, la Torah n'en retient qu'une seule : il était la personne la plus humble qui ait jamais vécu.

Bien que cela soit vrai, nous devons nous méfier extrêmement d'un sentiment de fausse humilité. Le yétser ara qui nous pousse à être orgueilleux est le même que celui qui nous pousse à croire que nous ne sommes pas capables de réussir [spirituellement] et que nous ne pourrons jamais contribuer à la société.

C'est cette préoccupation qui a conduit Moché à ajouter la lettre youd au nom de Yéhochoua, avant qu'il ne parte avec les 11 autres espions pour explorer le pays de Canaan.
Moché savait que son élève Yéhochoua était extrêmement humble. Et il craignait que le yétser ara ne s'en nourrisse et ne conduise Yéhochoua à croire qu'il n'avait pas la capacité de tenir tête aux espions s'ils revenaient avec un rapport négatif sur le pays.
[ rav Yonathan Eibshitz - Magen Ha'Elef ]

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-> Comment pouvons-nous discerner si ce que nous ressentons est un véritable sentiment d'humilité ou une fausse humilité?
Si ce que vous ressentez vous pousse à agir, alors vous savez que votre humilité est réelle et sincère.
Comme ce fut le cas pour Moché, qui était l'être humain le plus humble, mais il a tenu tête au Pharaon, le dirigeant le plus puissant de l'époque, et il a résisté à la révolte de Kora'h.
Si, cependant, l'humilité vous empêche de prendre position ou de vous atteler à la tâche, sachez que l'humilité que vous ressentez provient de votre yétser ara et qu'il s'agit d'un sentiment négatif qui doit être éradiqué.
[rav Yaakov Barber ]

Seul celui qui croit ne rien mériter peut recevoir un don gratuit d’Hachem

+ Seul celui qui croit ne rien mériter peut recevoir un don gratuit d'Hachem :

"Et j'ai imploré (Vaét'hanan - וָאֶתְחַנַּן) Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)

-> Rachi dit que le mot : 'hinoun (חִנּוּן) implique toujours l'idée de "matnat 'hinam" (un don gratuit).

-> Le séfer Sifté Tsadik cite son grand-père, le 'Hidouché Harim :
Il affirme qu'il existe un "otsar" (salle de trésor) au Ciel pour chaque entité de ce monde, et que le plus grand otsar est celui du "matnat 'hinam".
La question qui se pose est la suivante : si tout ce qui se trouve dans cet otsar est un "don gratuit", pourquoi chacun ne peut-il pas en tirer ce qu'il veut?

Il répond que seuls ceux qui reconnaissent ne rien mériter d'Hachem sont autorisés à en tirer quelque chose, et que tout ce qu'Il leur donne est, en réalité, un "don gratuit".
Quiconque pense mériter quelque chose en raison de ses mitsvot ne peut rien recevoir comme "matnat 'hinam".

Quand on est humble, nos prières sont exaucées ... et puissantes.
[le rabbi de Ropshitz ]

S’enorgueillir de notre âme divine

+ S'enorgueillir de notre âme divine :

Nous devons prendre conscience que nous (les juifs) sommes des enfants de la royauté. Nous possédons une âme divine (une partie d'Hachem!) qui vient d'un endroit très élevé au ciel (beaucoup plus élevé que celle des non juifs) et qui descend dans notre corps. Et puisque nous sommes les enfants du Roi, nous devons agir en conséquence.

La maladie qui afflige tant de gens de notre génération est que nous avons oublié [l'incroyable grandeur] d'un élément nous composant : notre âme.
C'est pourquoi nous ne voyons aucun problème à nous avilir dans toutes sortes de comportements inappropriés.
Chaque juif doit toujours être fier de son statut particulier.
Et bien que l'orgueil soit l'antithèse de l'effort spirituel, la fierté qui découle de la connaissance que nous avons une âme divine doit être encouragée.
C'est ce qui nous protège de nous contenter de simplement suivre le reste de la société.
[ d'après le rav Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 1,15 ]

Si un fauteur ne se repent pas, son âme monte au ciel et porte témoignage contre lui devant Hachem qui lui envoie alors des souffrances pour l'inciter à apporter en toute humilité un sacrifice expiatoire.
Car l'orgueilleux oublie ses fautes et Hachem les lui rappelle par les malheurs qui le frappent .
[...]

Quand un homme étudie la Torah, celle-ci lui fait prendre conscience de ses fautes, mais de manière douce, comme une mère ; grâce à elle, il ne l'oublie pas et se repent.
[Zohar - Vayikra 23b]

Celui qui aime Hachem et son prochain comme son propre fils, juge ses semblables favorablement, dit toujours du bien d'eux, se montre aussi humble que Hillel l'Ancien, gentil et conciliant, il a le mérite de s'attacher à son Créateur et d'être appelé "saint" (kadoch).
[séfer 'Harédim 68a]

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+ Juger sévèrement son prochain rend impur :

-> Celui qui hait son prochain, le juge sévèrement, médit de lui ou se montre orgueilleux et colérique s'attache aux forces impures et mérite d'être mis à l'écart du camp d'Israël, comme celui qui est frappé d'une affection lépreuse à cause de sa médisance.

C'est pourquoi, il faut se repentir pour bénéficier de la miséricorde d'Hachem et de Son assistance prodiguée à toute personne qui vient se purifier.
[séfer 'Harédim 68b]

Puisque tu survis [à chaque seconde] grâce à la lumière que D. fait rayonner sur toi, comment peux-tu te détourner de Lui alors que Lui, Il te regarde sans cesse pour te maintenir en vie?
Il n'y a pas de plus grande impudence! C'est pourquoi, sois plein de honte et d'humilité devant Lui.
[Séfer 'Harédim 68a]

Un orgueil nécessaire

+ Un orgueil nécessaire :

-> Le rav Yaakov Emden, le Yaavetz, dans l'introduction de son Sidour Beit Yaakov, après une critique cinglante de ceux qui sont orgueilleux (baalé gaava), il écrit :
"Mais il existe une autre forme d'orgueil, d'arrogance spirituelle, qui est très bonne ... Il s'agit de reconnaître la valeur de notre sainte âme (néfech). Notre néfech est notre véritable essence et une partie d'Hachem en-Haut, comme on le sait.
Sache que tu es un juif, au sujet duquel Hachem dit : "Israël, en toi Je m'enorgueillis" (Israël acher bé'ha espa'er - Michlé 16,18).

Hachem récompense doublement ceux qui connaissent leur place

+ Hachem récompense doublement ceux qui connaissent leur place :

"Si l'objet volé est retrouvé en sa possession, qu'il s'agisse d'un boeuf, d'un âne ou d'un mouton, vivants ('haïm), il paiera le double" (Michpatim 22,3)

-> Le séfer Chashvah Tova cite le rav Bounim de Peshischa qui explique ce verset ainsi :
"Si l'objet volé est retrouvé en sa possession" = cela signifie que si une personne reconnaît son propre statut et sait où elle se trouve dans ce monde, elle ne se trompe pas en pensant qu'elle est meilleure qu'elle ne l'est en réalité.
"Vivants" ('haïm) = si une personne reconnaît sa place de cette manière, alors Hachem, Celui qui vit éternellement, lui "paiera le double".
Hachem le récompensera en l'aidant à s'élever à un niveau deux fois supérieur à celui qu'il occupe actuellement.