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Le principal pouvoir du yétser ara est de faire oublier à une personne [juive] combien elle est grande, d'oublier qu'elle est un ben Mélé'h (un enfant adoré du Roi des rois - Hachem).
C'est ce qui fait qu'une personne tombe et fait des choses qu'un ben Mélé'h ne ferait jamais.

Lorsque Yossef haTsadik a été confronté à la plus grande épreuve de sa vie, il a dit à la femme de Potifar : "J'ai un lien avec de grandes personnes, les Patriarches. Comment pourrais-je avoir quelque chose à faire avec vous?"
C'est ainsi qu'il a passé cette épreuve, et c'est ainsi que nous devons agir [particulièrement] en Elloul, pour nous élever et rester proches de la vérité : "Ani lédodi védodi li" (Je suis pour mon Bien-aimé, et mon Bien-aimé est pour moi - Chir haChirim 6,3).
Nous sommes très proches d'Hachem. Lorsqu'une personne [juive] se souvient qu'elle est un ben Mélé'h et qu'elle le ressent vraiment, elle agit instinctivement comme une personne différente.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité)

+ Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité) :

-> Le Ramban (Kédochim 19,2) explique le commandement de la Torah de "kédochim tiyou" (soyez saints). La façon dont nous atteignons la sainteté est de nous abstenir des plaisirs de ce monde. Il nous est ordonné de ne pas être glouton dans nos désirs. Même si la Torah nous autorise à manger tout ce qui est casher, elle attend davantage de nous.
Il est possible pour une personne de courir après ses désirs, qui peuvent même être permis, et d'être engloutie par eux ...

Nous pouvons expliquer ce Ramban (de Kédochim) en nous basant sur un autre Ramban (Nitsavim 29,18), qui explique le fonctionnement des désirs. Plus on les nourrit, plus ils grossissent. C'est le contraire de ce que nous imaginons.
Nous pourrions penser que si nous cédons à nos désirs, nous les apaiserons.
Par exemple, nous pensons que si nous voulons manger un certain aliment, il suffit d'en manger un peu pour que nos désirs disparaissent. C'est le contraire : plus nous y cédons, plus ils deviennent importants et exigeants. Imaginez que vous soyez au régime et que vous ayez devant vous une boîte de biscuits. Vous vous dites : "Je n'en prendrai qu'un seul." Quel que soit le niveau de désir que vous aviez avant de commencer à manger les biscuits, il ne sera rien comparé au désir que vous aurez après en avoir mangé "juste un". En général, ce biscuit se transforme en plusieurs biscuits.

Le Ramban explique qu'il s'agit d'un cycle continu, et que finalement, il deviendra incontrôlable au point que nous devrons étendre nos désirs à des produits non cachers, puisque nous aurons atteint le maximum de nos désirs d'une manière permise.
Plus nous suivons nos désirs, plus nous risquons de transgresser les interdictions.

Cependant, le Ramban ne semble pas dire que c'est là le problème. Il semble, d'après ses mots, qu'il y a un problème à être indiscipliné dans nos désirs. Mais pourquoi?

Nous pouvons peut-être expliquer cette idée en nous basant sur une explication du Ibn Ezra (Nasso 6,7).
Le Ibn Ezra écrit que le plus grand esclave est une personne qui est esclave de ses propres désirs. Lorsque nous suivons nos désirs, nous sommes entre leurs mains, à leur disposition. Lorsque notre yétser ara nous appelle, nous nous mettons au garde-à-vous et répondons : "Hinéni" (me voici!). C'est un véritable esclave.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (dans son introduction à Daat 'Hokhma ouMoussar 1,9) écrit qu'il se rend compte qu'il n'est pas sous son propre contrôle ; il est plutôt contrôlé par "les autres" : le yetzer hara.
C'est ainsi que nous pouvons comprendre l'explication du Ramban.
Même si nous ne prenons part qu'à des désirs 100% cachères selon la halakha stricte, nous sommes des esclaves. Chaque fois que le yétser ara nous appelle, nous répondons par l'affirmative, nous avons perdu le contrôle de nous-mêmes.

Le verset nous (Béhar 25,55) dit que nous sommes des serviteurs d'Hachem (éved Hachem). Si c'est vrai, nous ne pouvons pas être esclaves du yétser ara. Soit nous servons Hachem, soit nous servons le yétser ara, nous ne pouvons jamais avoir les deux.
Imaginez un esclave à qui son maître demande de se lever tôt et de lui préparer une tasse de café, et qui résiste parce qu'il a besoin de dormir. Est-il possible qu'il puisse servir son maître s'il a ses propres désirs? Jamais!

Nous devons faire preuve de maîtrise de soi. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons servir Hachem comme il se doit. La michna écrit : "Annule ta volonté afin de faire la volonté d'Hachem" (batél rétson'ha mipné rétsono - Pirké Avot 2,4).
La clé pour servir correctement Hachem est de contrôler nos désirs.
[au-delà d'une question de halakha, à chaque instant, on a le choix entre soit être au service d'Hachem, soit au service de nos désirs/yétser ara. (la différence peut être très fine, on peut facilement se mentir à soi-même en servant notre propre dieu : notre égo.
Par ailleurs, souvent on peut avoir une intention préalable qui va transformer un acte anodin pour en acte pour Hachem, comme dormir/manger pour mieux le servir.)]

Selon le Or'hot Tsadikim (chaar ahava), notre amour pour quelque chose est parfois préjudiciable. Par exemple, notre amour pour nos enfants peut nous empêcher de les réprimander correctement. Il donne sept exemples de cette idée. Il écrit que le pire de tous est notre amour du luxe.
Une personne qui aime le luxe et qui poursuit constamment ses désirs oubliera Hachem.
C'est l'un ou l'autre!
[Hachem vient là où on Le laisse venir en nous, et si on est déjà rempli par nos "moi je veux", "moi je suis", alors il ne reste plus beaucoup de place pour Hachem.
En ce sens, Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" (guémara Sotah 5a). ]

De même, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Béhar 25,35) écrit que le corps et l'âme sont comme une balançoire à bascule : lorsque nous accordons de l'attention à nos désirs physiques, notre désir de spiritualité diminue, et vice versa.

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-> [chacun doit reconnaître les désirs qui lui sont vraiment nécessaires, de ceux qui sont superflus.
On a vu que plus on nourrit nos désirs, plus on en a envie, et donc plus on s'expose à de la frustration si on n'arrive pas à combler ce manque toujours plus conséquent. ]

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Kédochim 19,2) écrit que si notre intention principale dans tous nos désirs est d'accomplir la mitsva et de servir Hachem, et non notre bénéfice personnel, cela n'aura pas d'effet négatif sur nous. Même si, logiquement, la relation devrait attiser nos désirs, Hachem nous protégera si nous avons les bonnes intentions.

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+ Tout commence dans l'esprit :

-> Il est très important de comprendre que le moteur de nos désirs se trouve dans l'esprit.
Rachi (guémara Béra'hot 61a) écrit que le yétser ara nous attaque dans notre processus de pensée.
Même si les yeux alimentent le yétser ara, sans l'esprit, les yeux n'enregistreraient pas ce qu'ils voient. Ce sont nos désirs qui nous poussent à regarder. C'est pourquoi, lorsque la Torah (Chéla'h Lé'ha 15,39) nous met en garde contre les mauvaises pensées, elle dit d'abord : "Ne suivez pas vos cœurs et vos yeux." Si les yeux étaient le déclencheur, la Torah ne commencerait-elle pas par dire "Surveillez vos yeux" avant de parler du cœur?
Les yeux ne sont guidés que par notre esprit. Si nous voulons prendre le contrôle de nos désirs, cela doit commencer par l'esprit, et non par les yeux.

C'est également pour cette raison qu'il nous est enseigné dans Avor déRabbi Nathan (20,1) que quelqu'un qui a des pensées de Torah à l'esprit n'aura pas de pensées pour d'autres désirs.
La seule façon de combattre nos esprits est de les remplir de Torah. [qui d'un côté purifie notre intériorité, mais surtout occupe notre esprit ne le laissant pas disponible à de mauvaises pensées. ]
C'est pourquoi le Rosh (Or'hot 'Haïm 76) écrit qu'une personne ne doit pas séparer son esprit de la Torah ou des pensées de moussar. C'est la seule façon de contrôler nos pensées.
Le Rambam (Issouré Bia 22,21) écrit que seul un esprit vide de Torah verra d'autres pensées y résider. Plus nous remplissons notre esprit de pensées adéquates, plus les pensées inappropriées seront repoussées.

-> Nous disons à la fin du Amida : "A'haré mitsvoté'ha tirdof nafchi" (que mon âme poursuivre Tes mitsvot). Pourquoi ne faisons-nous pas simplement une prière pour pouvoir accomplir les mitsvot? Quel est le but de courrir, de poursuivre les mitsvot?
Courir pour faire les mitsvot montre où se trouve notre cœur (ce qu'on souhaite réellement), et nous prions pour qu'Hachem instille dans nos cœurs le désir de faire les mitsvot, et pas seulement de les accomplir (par obligation/forcé, par habitude).

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-> Selon le rav El'hanan Wasserman, la véritable raison pour laquelle les gens nient la présence d'Hachem est parce qu'ils sont aveuglés par la volonté de suivre leurs désirs et que, pour le faire sans mauvaise conscience, ils "enlèvent Hachem de l'image".

-> Le rav Eliyahou Desser explique que la racine de tout désir est le trait de caractère d'être un preneur (JE veux pour MOI), intéressé par ses propres plaisirs et désirs.
[en ce sens, plus on court après nos désirs matériels, plus on développe notre caractère d'être un preneur. ]

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-> Nos Sages nous enseignent que la source de la méchanceté de la génération était leurs yeux corrompus.

La guémara (Sanhédrin 108a) dit : "La génération du Déluge est devenue hautaine à cause de son globe oculaire".
Rachi explique qu'en raison de leur immense prospérité, ils sont devenus hautains et ont commencé à courir après toutes les convoitises et tous les désirs sur lesquels ils posaient les yeux.

Le Maharcha ajoute que si quelqu'un regarde vers le bas ou loin de choses inappropriées, ses globes oculaires ne peuvent pas être vus par les autres.
Cependant, s'il veut assouvir ses désirs, il relève la tête et ouvre grand les yeux pour regarder autour de lui. De cette manière, ses globes oculaires deviennent visibles par tout le monde.
L'ayin ra qui était grand ouvert et à la recherche de plaisirs et de complaisance les a conduits sur le chemin de la destruction spirituelle.

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+ Le premier péché du monde

Quelle était la source de l'ayin ra dans le monde?

-> Le Chlah haKadoch écrit que la raison pour laquelle Avraham a voulu descendre en Egypte était de purifier et de nettoyer le léger soupçon d'impureté qui subsistait de la faute d'Adam HaRishon.

Hachem avait interdit à Adam et à sa femme, 'Hava, de manger de l'arbre de la Connaissance (éts hadaat). Pourtant, le verset nous dit : "La femme vit que l'arbre était bon à manger et qu'il était un plaisir pour les yeux" (Béréchit 3,6).

Le Kli Yakar explique cela comme suit :
Chaque fois qu'une personne est confrontée à la tentation de fauter, elle subit une lutte entre son yétser ara et son yétser tov. Son yétser tov lui garantit une félicité et un bonheur sans fin dans le monde à venir en récompense de sa résistance à la faute, tandis que le yétser ara le persuade de participer aux plaisirs immédiats de ce monde.
Le yétser ara aveugle la personne avec l'éclat des plaisirs qu'elle peut voir devant elle, lui promettant qu'elle en jouira bien plus que la récompense dans le monde à venir, à propos duquel le pasouk écrit : "L'œil ne les a jamais vus",

Les mots du verset : "Et la femme vit" signifient que 'Hava a accepté l'affirmation du yétser ara selon laquelle les désirs de ce monde, que l'on peut voir avec les yeux, l'emportent sur la récompense inconnue et non encore vue offerte dans le monde à venir.

Le tout premier péché de l'histoire du monde tournait autour de l'ayin ra de l'homme qui suivait ses yeux pour s'adonner à aux désirs.
Et tout acte de désirer nécessite de fermer les yeux sur la présence d'Hachem, car on ne peut pas fauter si l'on sait qu'Hachem nous regarde et qu'il nous punira si nous Lui désobéissons.
C'est ainsi qu'à un degré infiniment petit, Adam est qualifié d'hérétique par nos Sages. À son niveau élevé, il y avait un certain déni de la Présence et du contrôle d'Hachem sur le monde qui a permis à Adam d'ignorer le commandement d'Hachem et de se livrer à la convoitise/désir de ses yeux.

Ce petit défaut est devenu inhérent à l'humanité et s'est manifesté dans les générations du Maboul et de la Tour de Bavél.
C'est ce défaut que le peuple juif a cherché à éradiquer lorsqu'il est entré dans Egypte, la terre de tsarout ayin.

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-> Le rav 'Haïm Friedlander explique que quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir), alors son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel.
Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava.
Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava. Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

L'obsession réciproque d'Israël et d'Hachem est unique et témoigne de leur relation particulière.
Aucune autre nation n'a jamais développé une telle intimité avec Hachem, et Hachem n'a jamais manifesté une telle affection à une autre nation.
[Sfat Emet - Choftim 5658]

[ Quel honneur et quelle chance d'être juif(ve)!!! ]

Même lorsqu'une personne est impliquée dans les affaires de ce monde, si son seul désir est de s'attacher à Hachem, ce désir [n'a pas seulement un impact profond sur l'individu], mais il élève également le monde matériel tout entier.

Le terme רצון (ratson), généralement traduit par : volonté, est en fait dérivé de ריצה (ritsa - courir).
Celui qui possède un désir intense [de se rapprocher d'Hachem] peut s'élever et s'envoler spirituellement et poursuivre des objectifs qui sont normalement inatteignables.
En fait, il parviendra à tout transformer dans ce monde, les malédictions comme les bénédictions, en une source de bénédiction.
[d'après le Sfat Emet - Réé 5632]

La génération avant le machia’h

+ La génération avant le machia'h :

-> Le 'Hafets 'Haïm (dans Tsipita l'Yéchoua, s'interroge sur une contradiction apparente entre nos Sages et la Torah.
La michna de Sotah (49b) dépeint la dernière génération dans un état terrible : insolence croissante, débauche, hérésie, manque de respect, et pire encore.
D'un autre côté, la Torah (Nitsavim 30,1-3) décrit que le peuple juif se repentira totalement, de tout son cœur et de toute son âme, qu'il accomplira toute la Torah et toutes les mitsvot et qu'il sera proche d'Hachem.
Quelle est l'image correcte?

Le 'Hafets 'Haïm répond : les deux sont correctes!
Au cours de la dernière période avant le machia'h, il y aura deux groupes distincts, qui accéléreront tous deux la venue de la rédemption finale.

Il y aura un groupe, qui malgré toutes les difficultés, qu'elles soient financières ou sociales, se consacrera loyalement à une vie de Torah et de mitsvot et se consacrera à l'étude de la Torah [autant que possible].
Malgré leur situation difficile, ils continueront à faire du 'hessed et à faire tout ce qu'ils peuvent pour s'entraider. Ils résisteront aux tentations écrasantes du monde extérieur qui tentent de les détourner de leur mode de vie fidèle.
Ceci, écrit le 'Hafets 'Haïm, est certainement considéré comme un repentir complet, et leur récompense est beaucoup plus grande que dans les générations précédentes, car la récompense reçue est proportionnelle à la difficulté impliquée.

Cependant, il y aura un 2e groupe qui s'éloignera du style de vie et de l'engagement que les juifs ont eu pendant des millénaires. Ils abandonneront la voie glorieuse de leurs ancêtres. Leur ressentiment à l'égard de la Torah et des tsadikim s'accentuera et toutes les terribles tragédies décrites dans la michna se matérialiseront.

Mais le 'Hafets 'Haïm donne une explication remarquable sur la façon dont ce groupe est également une cause de l'arrivée rapide du machia'h.
Hachem aurait pu amener la guéoula il y a bien longtemps. Cependant, dans Son infinie bonté, Il a retardé son arrivée afin de permettre au peuple juif d'accumuler davantage de récompenses pour les mitsvot qu'il accomplit et surtout pour l'attente dans l'espoir et le désir de l'arrivée du machia'h. À chaque génération qui passe, leur récompense augmente (chaque génération vit dans un milieu plus obscure, avec une descente spirituelle, et donc chaque jour a plus de mérite d'espérer en la venue du machia'h, de rester fidèle à la volonté de D. ).
Mais si les nouvelles générations commencent à abandonner le style de vie de leurs ancêtres et n'attendent pas et n'anticipent pas l'arrivée de machia'h, alors, comme le dit le 'Hafets 'Haïm : "Contre Sa volonté, Hachem devra se dépêcher d'apporter la guéoula" pour sauver un plus grand nombre de Ses enfants de l'égarement.

Le 'Hafets 'Haïm conclut que chacun a le choix du groupe auquel il veut appartenir.

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-> Il en résulte que l'obscurité et le niveau plus faible de notre génération n'est pas une raison de désespérer (ex: on vaut rien aux yeux d'Hachem), au contraire la "récompense est beaucoup plus grande que dans les générations précédentes, car la récompense reçue est proportionnelle à la difficulté impliquée."

-> "L'homme Moché était extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre!" (Béahaloté'ha 12,3)

Le Rachab donne l'explication suivante :
Le midrach (Chémot rabba 40,2) nous dit que Hachem a montré à Moché le séfer de Adam haRichon, dans lequel il a pu voir toutes les générations de l'Histoire de celle de béréchit jusqu'à celle de la résurrection des morts.
Lorsque Moché a vu la génération précédent la venue du machia'h et qu'il a vu à quel point ils s'efforçaient d'avoir de la émouna et de servir Hachem, alors il en est devenu si humble au point de déclarer : "ils sont plus grands que moi!"
[il est écrit : "véa'ich Moché, anav méod MIKOL aadam" = Moché était très humble PAR RAPPORT, en raison d'autres personnes (ceux avant l'arrivée du machia'h= nous!).]

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-> Le 'Hafets 'Haïm nous enseigne que si le machia'h n'est pas encore là c'est parce que Hachem désire que l'on acquiert davantage de mérites (dont la mitsva d'attendre/espérer en la guéoula).
Ainsi, Hachem préfère qu'il y ait un 'hilloul Hachem (ex: absence manifeste de Sa Gloire dans le monde, les gens L'oubli, Il est sans résidence fixe en l'absence du Temple, Il est éloigné de Ses enfants (juifs) adorés, ...), et Il accepte cette situation par amour pour Ses enfants.

-> Selon le 'Hidouché haRim (Sia'h Sarfé Kodech - vol.2, 176), il se peut que notre exil dure si longtemps car c'est agréable à Hachem lorsque les juifs étudient la Torah même quand ils ont de très nombreux problèmes et que gagner sa vie est si difficile.

-> Le Shomer Emounim (maamar ha'bita'hon vé'hischazout 10) dit que la raison de cet long exil ... est parce que Hachem aspire et attend impatiemment que tous les juifs retournent à Lui peu importe à quel point ils ont pu tomber.

-> Lorsque le rav Yissa'har Dov de Belz (1854-1926) était à Vienne, il a été impressionné par un certain garçon qui étudiait la Torah avec passion pendant des heures le jour du Shabbath.
Voulant en savoir plus, le rav lui a parlé.
Le garçon lui a rapporté qu'il avait été engagé dans l'armée, et il a ajouté : "Généralement, les soldats sont forcés de profaner le Shabbath. J'ai parlé au chef de mon peloton et j'ai demandé d'avoir mon Shabbath de libre, en échange du fait de travailler des heures supplémentaires pendant la semaine.
Cela a été un miracle qu'il accepte ma requête. Afin de payer en retour Hachem pour cela, j'essaie de faire que tout mon Shabbath soit saint pour Hachem, en m'immergeant dans la Torah".

Lorsque le rav Yissa'har Dov de Belz répétait ce récit, il ajoutait : "Qui sait si cette Torah n'empêche pas la construction du Temple?"

[évidemment que l'on doit s'analyser et tout faire pour constamment s'améliorer pour contribuer à la venue du machia'h. (en plus d'attendre impatiemment sa venue)
Mais d'un autre côté, nous ne devons pas désespérer, mais plutôt se dire que s'il n'est pas encore venu c'est pas parce qu'on est nul, mais au contraire car Hachem adore tout particulièrement notre étude, nos mitsvot, qui sont faites dans un contexte d'une obscurité spirituelle importante.
Cela doit nous booster à encore davantage apporter de la joie, du plaisir à notre papa Hachem!]

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-> On vient de voir la position d'Hachem qui adore tellement Ses enfants et surtout les efforts qu'ils font dans les dernières générations avant la venue du machiah', qu'Il repousse la guéoula, au prix même de Son honneur, du fait de souffrir avec les souffrances des juifs en exil, de repousser le moment où Il sera réuni en grande proximité avec Ses enfants adorés (les juifs) au Temple, ...

Maintenant, la position des juifs est de désirer ardemment la venue du machia'h au plus vite, et cela malgré le fait que l'on ne pourra alors plus faire des mitsvot (dont les faciles comme celle des tsitsit) qui nous donnent d'infinis mérites (dont avoir un meilleur monde à Venir avec davantage de proximité avec papa Hachem), on ne pourra plus faire téchouva. Ainsi à un niveau individuel, on peut y perdre beaucoup à la guéoula.
On peut vouloir le machia'h pour sortir de ses problèmes matériels, pour davantage avoir de spiritualité, mais la raison suprême est : on veut la guéoula tout de suite pour que la Grandeur de D. soit manifeste, on veut un kidouch Hachem, on veut que Hachem ne souffre plus avec Ses enfants (juifs) en exil sans Temple, ...

=> On a une situation qui ressemble à la sortie d'Egypte, où d'un côté les juifs appellent la fête Pessa'h en souvenir du fait que Hachem est passé au-dessus (passa'h) des maisons des juifs ne tuant pas leurs premiers-nés par amour, et d'un autre côté la fête s'appelle par Hachem la fête des matsot ('hag hamatsot), en souvenir du fait que les juifs ont été prêts à partir dans le désert (animaux dangereux, chaud, sans boire, manger, ...) sans provision (sauf une pâte qui a très vite cuit - matsa), uniquement par amour et confiance en Hachem.
La guéoula finale sera semblable à celle d'Egypte, et ainsi on remarque cette magnifique relation d'amour réciproque : Hachem est prêt à repousser la venue du machia'h, les juifs l'attendant à chaque instant!

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[la guéoula peut venir soit en son temps (peu importe nos mérites, car la date limite fixée est arrivée), soit à chaque instant (si on le mérite).
Le Ben Ich 'Haï dit que le moment de la date limite est déjà possible à tout moment.
Ainsi, le machia'h peut véritablement arriver constamment.

[ D'une certaine façon, on peut dire que si l'on acquiert des mitsvot, qu'on fait la mitsva d'espérer en la guéoula, alors on n'est actuellement pas méritant par rapport à dans une seconde suite à l'accomplissement de ces mitsvot. Ainsi, tant qu'on peut acquérir des mitsvot, Hachem est prêt à repousser le moment de nos retrouvailles, car alors on sera encore plus sublimes et le kidouch Hachem sera encore plus beau pour l'éternité.

Mais à l'inverse, si on ne se comporte pas selon la Torah, alors on est déjà davantage méritant qu'ensuite (nos futures fautes venant nous impacter), et donc par amour Hachem fait venir tout de suite la guéoula, pour que l'on soit le plus beau possible.
Cela n'est pas l'idéal, comme le dit le 'Hafets 'Haïm : "contre Sa volonté, Hachem devra se dépêcher d'apporter la guéoula" pour sauver un plus grand nombre de Ses enfants de l'égarement. ]

Mitsva & Avera – la valeur dépend de l’effort

En ce qui concerne les transgressions, leur punition sera proportionnelle au degré de résistance à la faute. Plus il sera facile de résister à la tentation de commettre une faute, et plus on sera puni si on finit par fauter.
Et bien que l'homme soit puni pour n'importe quelle transgression, cette punition ne sera pas la même suivant la situation. Car si l'homme faute pendant une période où il ressent une grande facilité de s'abstenir de fauter, alors sa punition sera décuplée.

D'après ceci, il est possible que l'homme commette parfois une même transgression à deux instants égaux de par leur nature, et que, malgré tout, sa punition soit différente, car il faut tenir compte de la manière dont il a résisté à la transgression avant de finalement la commettre.
[rav Israël Salanter - Ohr Israël - n°8]

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- > Le rav Salanter y écrit de même à propos des mitsvot :
"Il arrive parfois qu'un homme fasse une même mitsva à deux moments distincts, égaux de par leur nature, mais qu'il y ait une différence en ce qui concerne la difficulté de les accomplir, car chaque chose se décomposera en de multiples éléments fins, puisque la difficulté de mise en œuvre sera différente selon la manière de les faire.
Par exemple : quelqu'un étudie dans un premier temps pendant une heure, et son esprit est parfaitement clair, sa nature ne s'oppose pas à cette étude. Il ne ressent aucune difficulté dans son âme, ou tout au plus, un petit peu pendant son étude. Et puis, à un autre moment, la situation s'inverse complètement, et l'étude lui apparait alors comme un lourd fardeau pesant sur son âme ...
Et il en est de même dans tous les domaines : il n'y a aucun moment qui ressemble à un autre du point de vue de sa forme. Et même ses actions, même s'il les accomplit sans le moindre changement au niveau de leur nature, malgré tout, du point de vue de leur forme, la différence sera importante."

Les juifs = plus grand que les anges

+ Les juifs = plus grand que les anges :

-> Il existe un niveau de grandeur encore plus profond caché dans l'accomplissement de notre avodat Hashem lichma (désintéressé - pour Hachem et non pour un gain personnel futur). Parfois, on peut avoir l'impression de recevoir, mais en réalité, il s'agit d'une forme de don.
Un mari qui accepte avec joie le dîner d'amour de sa femme peut être considéré comme un donateur. Il donne à sa femme la possibilité de satisfaire son désir et de lui donner à manger. Il lui permet de faire ce qu'elle veut. Il s'agit certainement d'une forme de don, même s'il s'agit d'une forme de prise.

Sur la base de cette idée, le rav 'Haïm Friedlander (Sifté 'Haïm - Emouna & Bé'hira) ouvre la porte à une profondeur extraordinaire dans notre relation avec Hachem, qui peut servir de source de grande joie et de renforcement dans toutes nos avodat Hachem.

Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 95) écrit :
"Tout ce qui est atteint lorsque les gens accomplissent les mitsvot d'Hachem n'est que cela : C'est Son désir de nous faire du bien, et lorsque, par l'accomplissement de ces mitsvot, un homme se rend capable et prêt à accepter ce bien, Hachem lui accordera des bienfaits.
Il leur a donc enseigné la bonne voie à suivre pour devenir des personnes honnêtes, à savoir la voie de la Torah, par laquelle l'homme devient bon. Par conséquent, quiconque accomplit les mitsvot d'Hachem satisfait le désir d'Hachem en étant digne de recevoir Ses bienfaits.
En revanche, si quelqu'un ne se prépare pas à cela, sa faute est très grave, car il connaît le désir d'Hachem et agit pourtant à l'encontre de ce désir."

-> Hachem peut nous offrir de nombreux cadeaux et bienfaits, et c'est ce qu'Il fait, même si nous ne les méritons pas. Cependant, Son plus grand désir est que nous gagnions le droit de recevoir ces cadeaux en écoutant Ses instructions ; si nous avons travaillé dur pour mériter ces cadeaux qu'Hachem veut nous donner, il y a moins de honte de notre part lorsque nous les recevons que lorsque nous les recevons pour rien.
[c'est ce qu'on appelle le "le pain de la honte" (na'hama dé'hissoufa). Lorsque quelqu'un reçoit un cadeau qu'il ne mérite pas, cela s'accompagne d'un sentiment de gêne. Hachem aurait pu laisser nos âmes à côté de Son Trône de Gloire, profitant de tout, mais Il a préféré nous envoyer dans ce monde pour Le servir dans l'effort. En effet, ainsi il n'y a plus de sentiment de honte, et le plaisir est infiniment plus grand. ]

Cela augmente de façon incommensurable la grandeur et la perfection de la bonté, et c'est le désir d'Hachem de nous offrir le cadeau le plus parfait possible.
Cela signifie qu'un juif a la capacité, en quelque sorte, d'aider Hachem! Il a la capacité de permettre à Hachem de réaliser Son désir, qui est de nous offrir les cadeaux les plus parfaits.
Notre avodat Hachem peut être accomplie sous la forme d'un don à Hachem, c'est-à-dire en donnant à Hachem la capacité de faire ce qu'Il désire le plus, nous combler de cadeaux sans s'accompagner de honte.
Non seulement c'est un don à Hachem, mais c'est en fait la plus grande imitation possible d'Hachem, car il agit purement pour le bien d'autrui, c'est-à-dire pour Hachem lui-même.

À cet égard, le juif est même plus grand que les anges les plus saints.
Les anges reçoivent et apprécient tous les plaisirs de la proximité et de la compréhension d'Hachem, mais sans rien faire pour qu'il en soit ainsi.

D'une certaine manière, Hachem n'est pas très heureux d'offrir de tels cadeaux, car ils n'ont pas été mérités et s'accompagnent donc d'un certain degré de honte de la part de celui qui les reçoit.
Le juif, en revanche, en s'efforçant d'observer toutes les mitsvot, donne à Hachem l'occasion d'accomplir le maximum de bonté et de le couvrir d'un cadeau sans honte.

C'est pour cette raison que les nos Sages nous racontent que Moché Rabbénou a supplié Hachem de lui permettre d'entrer en terre d'Israël afin qu'il puisse accomplir les mitsvot applicables uniquement en terre d'Israël) et recevoir une récompense pour celles-ci. Moché n'était pas intéressé par la récompense pour son propre bénéfice ; il voulait gagner une récompense supplémentaire pour fournir à Hachem des occasions supplémentaires de lui faire du bien de façon totale sans honte.
[plus nous faisons des mitsvot, plus nous permettons à Hachem de nous faire du bien, et plus nous faisons le plus grand plaisir à Hachem. Quelle grandeur a chaque juif! ]

La Présence d’Hachem dans notre génération

+ La Présence d'Hachem dans notre génération :

-> La Torah nous dit que "Hachem était avec Yossef" (Vayéchev 39,23).
Le midrash (Béréchit rabba סי' 86) explique que cela implique que la présence d'Hachem en Egypte, avec Yossef, était plus forte qu'elle ne l'était avec ses frères dans la maison de leur père.

Le midrash explique que les frères de Yossef étaient plus âgés et plus développés spirituellement ; de plus, ils étaient en sécurité dans l'environnement inspirant de la maison de leur père (Yaakov Avinou).
Pour cette raison, ils n'avaient pas besoin d'un niveau plus élevé d’attention et de protection de la part d'Hachem.
Yossef, en revanche, était un adolescent tout seul en Egypte, et la Ché'hina est donc descendue en Egypte (à ce moment là référence mondiale de l’immoralité) pour le protéger de la chute. Sans cela, Yossef aurait été perdu!

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-> Il n'y a aucune injustice. Chaque génération doit faire face selon ses capacités du moment à un yétser ara personnalisé.
Le fait de constater la baisse du niveau de spiritualité et la facilité de fauter (surtout dans le domaine de la sainteté), doit nous remonter le moral car à l'image de Yossef en Egypte cela implique que Hachem est davantage présent à nos côtés pour nous soutenir, pour nous aider.

Au lieu de nous décourager, nous devons nous renforcer en sachant qu'Hachem est tout proche, qu'il nous aide à chaque étape du chemin. Comme Yossef, nous sommes de "jeunes" hommes qui peuvent se sentir seuls et vulnérables.
Mais nous aussi, nous ne luttons pas seuls! Nous avons la chance de bénéficier d'une Provdience Divine (hachga'ha) permanente qui peut nous aider à surmonter tous les défis qui peuvent se présenter.
Hachem nous aime et se soucie de notre réussite d'une manière qui dépasse vraiment notre entendement.

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-> Nos Sages (midrach Vayikra rabba 32,5) nous disent que c'est en évitant les arayot (relations interdites) que les Bné Israël ont mérité d'être libérés d'Egypte.
La guéoula finale ressemblera à celle d'Egypte, et en tant que génération pré-messianique, nous sommes particulièrement mis à l'épreuve dans ce domaine. En restant fort à l'image de Yossef, nous provoquerons la Délivrance, très rapidement b'h.

Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim

+ Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim :

-> Le rav Its'hak Hutner écrit :
"C'est une terrible maladie que nous avons : lorsque nous parlons de la grandeur de nos guédolim, nous ne parlons que des niveaux élevés qu'ils ont atteints à la fin de leur vie. Nous décrivons leur perfection phénoménale, mais nous ne mentionnons absolument pas les énormes luttes intérieures qu'ils ont traversées. Cela donne l'impression que ces personnes sont nées pleinement développées et déjà parfaites.

Tout le monde parle de la pureté de parole du 'Hafets 'Haïm, mais qui connaît ne serait-ce qu'un infime pourcentage des combats, des luttes, des échecs et des chutes qu'il a connus dans sa guerre contre le yétser ara?
Il en résulte que lorsqu'un jeune homme plein d'aspirations et d'énergie est confronté à des défis et à des échecs, il a l'impression de ne pas réussir dans le beit midrach, car il s'imagine que réussir signifie être assis calmement et satisfait, sans que le yétser ara ne le défie, comme un tsadik dans le Gan Eden jouissant de la félicité de l'autre monde ...

Mais mon cher ami, tu dois savoir que le but de ton âme n'est pas la tranquillité du yetser tov, mais plutôt les difficultés auxquelles tu devras faire face. Tu vas certainement tomber et échouer et tu continueras à le faire dans le futur, mais je te garantis qu'à la fin de tout, tu sortiras vainqueur de la guerre ...
Je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas vous comparer aux grands guédolim qui contrôlent leur yétser. Imaginez plutôt leur grandeur dans l'élan de leur terrible guerre contre tous leurs désirs et toutes leurs pulsions.
Lorsque vous ressentez en vous les affres d'une lutte contre le yétser ara, vous devez réaliser qu'à ce moment-là, vous ressemblez beaucoup plus aux guédolim que lorsque tout se passe bien, comme vous le souhaiteriez."

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=> Les biographies des guédolim/tsadikim sont destinées à nous inspirer sur la grandeur que la Torah peut insuffler à une personne et sur la manière dont la Torah doit être exprimée dans la vie quotidienne.
Mais elles ne sont pas destinées à nous écraser et à nous déprimer en nous faisant croire que nous ne serons jamais comme les guédolim et en nous amenant à nous considérer comme des ratés.
Chaque personne doit faire de son mieux en fonction des capacités qu'Hachem lui a données, et rien de plus.
[si un grand tsadik a fait 100% de ce que Hachem attendait de lui, et nous faisons 100% de ce que Hachem attend de nous à notre tout petit niveau (selon nos capacités), et bien c'est identique!
Il faut connaître et accepter les potentialités que nous avons, et les exploiter de notre mieux, car telle est la volonté de D. pour le mieux. ]

Connaître notre grandeur (2e partie)

+++ Connaître notre grandeur (2e partie) :

-> Le verset de Chir haChirim (1,9) compare les juifs aux chevaux des égyptiens qui se sont noyés dans la mer Rouge et Hachem au cavalier. [léssoussati béri'hvé Par'o, dimiti'h rayati]

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,9) explique que, normalement, le cavalier dirige le cheval. Cependant, lors de l'ouverture de la mer Rouge, nos Sages nous disent que les cavaliers ont essayé de diriger les chevaux loin de l'eau, mais les chevaux les ont maîtrisés et ont foncé directement dans les eaux déchaînées.
Hachem se décrit comme ces cavaliers. Le peuple juif, d'une certaine manière, contrôle Hachem!
Nous décidons de la manière dont Il interagit avec le monde. Si nous nous comportons correctement, Il nous comblera de Ses bénédictions.
Dans le cas contraire, Il devra nous infliger une punition.
[nous devons régulièrement prendre du temps pour réfléchir à cette réalité énorme. En effet, notre yétser ara essaie de nous insuffler une fausse modestie, mais en vrai Hachem a mis en nous tellement de puissance qu'Il est d'une certaine façon dépendant de nos actions. Alors faisons honneur à cela et agissons avec une grandeur adéquate! ]

-> Est-ce qu'Hachem se soucie de la façon dont vous faites vos lacets (la loi juive régissant même cela)? Oui!
Chaque action de chaque juif (même la plus banale) est d'une importance inouïe qui peut affecter le monde entier ainsi que d'infinis domaines spirituels.
Chaque juif a constamment l'occasion précieuse d'apporter la bénédiction et la bonté dans le monde. Mais cela s'accompagne d'une énorme responsabilité, car Hachem crée le monde entier uniquement pour lui, en fonction de la façon dont il agit!

-> La guémara (Béra'hot 3a) décrit comment Rabbi Yossé est entré dans un bâtiment délabré et a entendu la Présence Divine (Che'hina) gémir : "Malheur aux fils à cause des fautes desquelles j'ai détruit Ma maison et brûlé le Temple et les ai exilés parmi les nations".
Il rencontra alors Eliyahou HaNavi, qui lui dit : "Je jure sur ta vie et sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha) que ce n'est pas seulement en ce moment que cela se produit, mais qu'Hachem le crie 3 fois par jour, et plus encore, chaque fois que les juifs vont à la synagogue et disent : 'yéhé chémé rabba" (que le grand nom d'Hachem soit béni) [dans le Kaddich], Hachem secoue la tête et dit : 'Heureux le roi qui est loué de cette façon dans sa maison. Que gagne le père qui a exilé ses enfants? Malheur aux enfants qui ont été exilés de la table de leur père".

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que le serment "sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha)" signifie qu'il a juré au nom de la Ché'hina.
Pourquoi avait-il besoin d'un second serment (sur ta vie et sur celle de D.) et pourquoi devait-il faire un serment aussi sévère avant de révéler à Rabbi Yossé ce qu'Hachem dit chaque jour?

Le rav Mordé'hai Potach (dans Niflaot haKaddich - p.11), explique que le prophète Eliyahou était préoccupé par le fait que pour nous, il est presque inconcevable qu'Hachem réagisse ainsi chaque fois qu'un juif répond au Kaddich. En effet, combien de millions de millions de fois cela s'est-il produit au cours de l'histoire juive? [comment comprendren que Hachem réagisse ainsi même pour le juif le plus simple, le juif avec les pires fautes, ... ]
C'est pourquoi il a fait le plus sérieux de tous les serments, afin que Rabbi Yossé se rende compte qu'il n'y avait absolument aucune exagération dans ce qu'il allait lui dire.

=> La même idée s'applique dans notre contexte de connaître la grandeur d'un juif. Il n'y a pas d'exagération dans l'amour et l'enthousiasme d'Hachem pour chaque juif et pour chacun de ses actes d'avodat Hachem.

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+ La prière :

-> Le juif dispose également d'une arme pouvant changer le monde : la prière.
Lorsque nous nous levons pour prier, nous nous tenons plus près d'Hachem que tous les âme au Ciel et que les anges les plus saints.

Nous décrivons Hachem comme le "Shoméa téfila" (Celui qui répond aux prières).
Un juif se tient debout dans la prière, confiant dans le fait qu'Hachem attend de répondre à nos demandes et de recréer le monde en fonction de ce que nous Lui demandons.
Nos Sages enseignent qu'il n'y a pas de miracle si Hachem répond à notre prière et accomplit des miracles pour nous aider. En effet, Hachem a créé le monde de manière à ce que nous priions et qu'Il nous réponde. C'est la manière "naturelle" du monde.
À tel point que le midrach écrit que si une personne réalise qui elle prie (le Roi des rois) et ce qu'elle est capable d'accomplir avec sa prière, alors elle serait remplie d'une joie intense à l'idée de faire la prière.

-> La prière est une source de frustration et de déception pour beaucoup.
Nous avons beaucoup de mal à nous concentrer et encore plus à ressentir une véritable émotion. Même dans un moment de réelle tristesse, lorsque nous savons à quel point il est crucial de bien prier, et que nous commençons avec la détermination ardente que cette fois-ci sera différente, notre prière finit généralement comme toutes les autres, nous laissant découragés et souvent gênés de prier à nouveau.
[notre yétser ara nous pousse à penser : je prie mal => ma prière a peu d'impact, d'importance auprès d'Hachem, alors pourquoi continuer ... ]

Pourtant, le Baal HaTanya (chap.28) nous explique ce qui se passe pendant notre prière :
"Même si l'on commence à avoir des pensées de convoitise ou d'autres pensées sans rapport avec le sujet pendant qu'on étudie [la Torah] ou qu'on fait la prière, on ne doit pas du tout y prêter attention.
On ne doit pas se sentir déprimé ou humilié pendant la prière, car il faut être rempli de joie.
Au contraire, on doit se renforcer et travailler encore plus dur pour se concentrer sur les mots avec une grande joie, parce qu'on doit réaliser que ces pensées nous viennent du yétser ara, qui fait la guerre à notre âme.
Lorsque 2 combattants s'affrontent et que l'un d'eux commence à prendre le dessus, l'autre utilise toutes ses forces pour riposter.
Ainsi, si l'âme s'efforce de bien prier, le yétser ara se renforce lui aussi et fait tout ce qu'il peut pour la distraire et lui faire penser à autre chose...

On pourrait conclure du fait qu'on a pensé à d'autres choses pendant qu'on priait, alors notre prière est sans valeur, tandis que si on avait prié correctement, on n'aurait jamais eu de telles pensées.
Cela serait vrai si on n'avait prié qu'avec sa bonne âme et que notre esprit avait dérivé vers d'autres pensées.
Mais la vérité est qu'il y a 2 âmes qui se font la guerre dans sa tête pendant qu'on prie. Chacune d'entre elles veut prendre le dessus et être la seule à contrôler la situation.
Lorsqu'une personne commence à prier, c'est comme si un racha adorateur d'idoles se tenait devant elle et commençait à lui parler pour la distraire. La seule chose qu'on puisse faire est de ne pas répondre et de faire comme si on était sourd ... et de se forcer à détourner son esprit de ces pensées et à se concentrer sur les mots de la prière.
Et si on n'y parvient pas, on doit supplier et implorer Hachem d'avoir pitié de nous, comme un père de son fils ..."

[ ne cédons jamais à notre yétser ara! Chaque échec prouve que nous sommes des ambassadeurs loyaux d'Hachem qui n'abandonneront pas le combat! Notre neshamah est toujours prête à faire la volonté d'Hachem, que nous le sentions ou non.
Nous devons prier Hachem de nous aider à nous connecter à Lui et à ne pas être désillusionnés par l'écran de fumée que le yéter ara place devant nos yeux. (qui nous pousse principalement à dévaloriser l'impact de nos prières, de nos actions, et la valeur de tout juif! )]

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-> Chaque juif est grand en tant qu'ambassadeur bien-aimé et choisi d'Hachem dans ce monde.
Mais il est aussi essentiel que chaque personne soit consciente de ses talents et de ses forces, uniques et personnels, ainsi que de ses faiblesses. Les maîtres du moussar disent : "Malheur à celui qui ne connaît pas ses faiblesses. Elle ne pourra jamais réparer ce qu'elle a fait de mal. Mais il y a pire : celui qui ne connaît pas ses points forts. Elle risque de rater tout son travail dans ce monde [puisque ne les utilisant pas]."

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+ Plus grand au fil des générations :

=> On a tendance à se dire : ok, les juifs d'antan avaient sûrement beaucoup de valeur auprès d'Hachem, mais moi, qui suis tellement loin de ce qu'ils faisaient, je dois avoir forcément beaucoup moins de valeur auprès d'Hachem.

-> Le Arizal a dit à son disciple, le rav 'Haïm Vital, qu'il (rav 'Haïm) avait une âme extrêmement sainte.
Rav 'Haïm lui demanda comment il pouvait dire une telle chose puisqu'il n'approchait même pas la piété et la sainteté du moindre des Richonim.
Le Arizal répondit : "Vous devez savoir que la grandeur d'une personne ne dépend pas de ses actions. Elle dépend plutôt de l'époque et de la génération dans laquelle il vit. Une toute petite action dans la génération actuelle vaut de nombreuses mitsvot accomplies dans les générations précédentes, car de nos jours, l'impureté s'est considérablement développée."
Il poursuit en disant à rav 'Haïm que, pour cette raison, son âme est plus grande que celle de certains Amora'im et même Tana'im de l'époque de la Michna.

-> Un concept similaire est développé par le 'Hafet 'Haim (Tsipita l'Yéchoua - chap.1), où il note que la source de cette idée est le célèbre dicton de nos Sages "Une fois avec difficulté vaut cent fois sans"(Avot déRabi Nathan - chap.3).

-> Si le Arizal a écrit une telle chose au sujet de la ville sainte de Tsfat au 16e siècle, que peut-on dire de l'époque actuelle?
Au regard de l'obscurité et de l'impureté de l'époque actuelle, même notre plus petite action peut valoir un million de fois plus que dans les générations précédentes.
Se rendre à la synagogue aujourd'hui peut représenter un plus grand défi pour la protection de nos yeux que nos grands-parents n'en ont eu au cours de leur vie.

-> b'h, également : L'incroyable grandeur de chaque juif à notre génération : https://todahm.com/2022/02/08/la-grandeur-de-chaque-juif-a-notre-generation

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+ La bête sauvage qui est en vous :

-> Le 6e jour de la création, Hachem a dit : "Faisons l'homme". Ces mots sont difficiles à comprendre. Nous savons qu'Hachem a tout créé par lui-même, alors que voulait-il dire en utilisant le pluriel "nous" (de "faisons") ?

Le rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim - essai "Yirat Chamayim") cite le Zohar qui explique qu'Hachem s'adressait à toutes les créatures du monde. Chaque animal, chaque oiseau et même chaque ange a contribué, par ses caractéristiques uniques, à la constitution de l'être humain.
Le rav El'hanan écrit : "Chaque personne est un monde en soi, composé de toutes les caractéristiques de chaque créature, à la fois du monde physique et du monde spirituel. Cela signifie que les caractéristiques de chaque animal sauvage se retrouvent chez l'homme. Il n'y a pas de bête plus sauvage que l'être humain!"

Il arrive que l'on soit pris d'une envie irrésistible de fauter ou de se comporter d'une manière tout à fait inappropriée, ou que l'on découvre un terrible trait de caractère dont on n'était pas conscient. On est choqué : comment a-t-on pu penser à faire une telle chose? On est consterné de posséder un tel trait de caractère. Et on arrive souvent à la conclusion qu'on est une personne méchante et basse, à des années-lumière du tsadik qu'on rêverait d'être.
Mais ce n'est pas vrai! On est en partie constitué d'une bête sauvage! Il est normal et naturel d'avoir des pensées et des sentiments de faute et de bassesse, et cela ne doit pas être déprimant ou frustrant.
Au contraire, dit le Baal haTanya (ch.27), on devrait se sentir joyeux d'avoir l'occasion de lutter contre le yétser ara.

Le rav El'hanan nous assure que, tout comme un chien sauvage peut être contrôlé en étant enchaîné, nous avons nous aussi la capacité de restreindre cette tendance sauvage qui est en nous afin qu'elle ne s'exprime pas. La chaîne est : la yirat Chamayim (crainte d'Hachem).
Nous avons une yirat Chamayim innée parce que nous avons une âme qui vient de devant le Trône de Gloire d'Hachem. Notre âme pure et sainte peut dominer le côté humble qui est en nous. C'est le combat de notre vie entre notre âme et notre corps.

[on comprend mieux que notre yétser ara cherche à nous identifier comme étant un animal (regarde comment tu te comportes!), pour mieux nous désespérer d'exploiter notre spiritualité.
Mais en réalité cette partie là est en nous pour agir selon la volonté d'Hachem, et ainsi s'attacher éternellement avec Lui.
Ce que nous sommes véritablement est notre âme (une partie de Divinité), qui reste pure et sublime peut importe ce qu'on peut faire dans notre vie. ]

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+ La téchouva :

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit à rav Barou'h Leibowitz : "Si [vous avez fait téchouva alors] vous n'avez pas besoin d'être brisé. La faute est effacée, et c'est comme si vous ne l'aviez jamais commise!"

=> Nous devons toujours nous rappeler que, quels que soient l'endroit où nous nous trouvons et ce que nous avons fait, un juif n'est jamais perdu. Nous pouvons toujours retourner auprès de notre Père céleste aimant et recommencer à le servir loyalement.
L'âme reste aussi pure et sainte qu'elle l'a toujours été et Hachem est heureux de nous accepter comme si rien ne s'était passé.

-> Rabbénou Yona (Yesod haTéchouva) écrit :
"Le jour où l'on décide de faire téchouva et de revenir à Hachem, on doit se défaire de toutes les fautes qu'on a commises et faire comme si on venait de naître, sans mérites ni fautes. C'est aujourd'hui que commence notre action. Aujourd'hui, on doit veiller à ne pas s'écarter du droit chemin.
C'est ainsi qu'on pourra se repentir pleinement en se débarrassant du lourd fardeau de ses fautes.
[le yétser ara désire davantage l'état de culpabilité, de désespoir qui résulte d'une faute, que la faute en elle-même! ]
On ne doit pas être découragé par des pensées qui nous hantent et nous empêchent de faire téchouva parce qu'on se sent gêné par nos fautes, et qu'on se dit : "Comment puis-je avoir l'audace de me repentir? J'ai commis toutes sortes de fautes, même délibérées, et je les ai répétées encore et encore, un nombre incalculable de fois. Je suis gêné de me tenir devant Hachem comme un voleur pris en flagrant délit. Comment puis-je entrer dans le Heichal d'Hachem? Comment puis-je garder Ses mitsvot?"

Ne pensez pas ainsi ! C'est un stratagème du yétser ara, qui est assis comme une mouche dans les chambres du cœur, se renouvelant chaque jour.
Le yétser ara guette et attend de faire trébucher. Il faut plutôt penser : "C'est la mida d'Hachem, Sa main est [toujours] tendue pour accepter ceux qui se repentent."

La meilleure chose que l'on puisse faire est de se débarrasser de toutes ses fautes et de se faire un nouveau cœur."

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,6-7) enseigne :
"La téchouva est si grande qu'elle rapproche une personne d'Hachem ... Hier, il était détesté, dégoûtant et éloigné d'Hachem, mais aujourd'hui, il est aimé, chéri, proche et meilleur ami ...
Hier, il était séparé d'Hachem ... il faisait la prière mais n'était pas exaucé ... aujourd'hui [suite à sa téchouva], il est attaché à Hachem, il fait la prière et est exaucé immédiatement ... Hachem accepte ses mitsvot avec joie et désire qu'il les accomplisse".

=> Quel que soit l'endroit où elle se trouvait, un juif peut revenir pour devenir proche d'Hachem, aimée et chérie à Ses yeux. Quelle chance!!

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Le sujet de la téchouva est très vaste, mais on peut rapporter en guise de réflexion :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédochim 12) enseigne :
"Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales, comme le Zohar (vol.II,184a) nous l'apprend : "la lumière la plus lumineuse est celle qui brille dans l'obscurité ... Au final, il sera révélé que toutes les âmes d'Israël, Ta nation, sont des tsadikim [cf. "Ton peuple : tous sont tsadikim" (Yéchayahou 60,21)] ... même quelqu'un qui a fauté dans ce sujet [de la sainteté].

C'est parce qu'en réalité notre désir est de faire Ta volonté, mais "la levure dans la pâte" (le yétser ara) nous en empêche ...
Grâce à la téchouva tout peut être réparé ... et davantage de lumière peut briller du milieu des ténèbres."

=> Lorsque nous tombons dans la faute, au lieu de désespérer (je ne vaux rien! je suis nul), il faut avoir conscience que : "Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales".
[ce n'est pas parce qu'actuellement je suis sale (sans l'avoir fait exprès!) que je ne vaux rien, au contraire!]
De plus, en faisant téchouva, nous avons la possibilité d'allumer dans l'obscurité de ce monde/notre vie, une lumière d'une intensité très élevée.

-> "Même une personne qui faute durant toute sa vie, elle peut quand même être considérée comme un tsadik, tant qu'elle n'abandonne jamais et qu'elle continue à se battre [pour vaincre son yétser ara]."
[Séfer Ménou'ha véKédoucha - écrit par un élève du rav 'Haïm de Volozhin]

-> "Rien ne peut s'opposer à la téchouva.
Même si quelqu'un a pu commettre toutes les fautes du monde, il pourra faire téchouva sur chacune d'elles"
[Chla haKadoch - Roch Hachana - Dérékh 'Haïm To'ha'hat Moussar 114]

[Précision: une personne qui faute volontairement, pensant qu'elle pourra ensuite faire téchouva, il lui sera alors extrêmement difficile de le faire car ce qui l'a poussé à fauter est cette capacité à se faire pardonner]

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+ L'orgueil de la sainteté (gaava diKédoucha) :

-> Tous les livres de moussar discutent longuement que l'orgueil est le pire trait de caractère.
Mais souvent nous avons une mauvaise compréhension de ce qu'est l'orgueil (gaava).
Le Ram'hal (Messilat Yesharim (ch. 11) explique : connaître ses points forts et sa valeur personnelle n'est pas de l'orgueil en soi.
Il définit l'orgueil comme le sentiment que l'on mérite d'être loué pour ce que l'on est ou ce que l'on a fait. La personne orgueilleuse estime qu'elle est responsable de son succès, de son apparence, de sa sécurité financière, et ainsi de suite, et pense qu'elle devrait être félicitée pour ces choses.
[on peut être orgueilleux de ne rien être, comme on peut l'être de qualités, de ressources, dont nous sommes dotées.]

Cependant, le juif de la Torah sait que tout ce qu'il possède lui a été donné par Hachem. Il sait qu'il est le messager d'Hachem et qu'il a donc reçu tout ce dont il a besoin pour remplir sa mission.
Son apparence, son intelligence, ses bonnes midot, sa femme, sa famille, ses finances et tout le reste lui ont été donnés afin de lui permettre de mener à bien sa tâche unique.

Si l'on prend conscience de cette vérité, il devrait être impossible de devenir orgueilleux.
On ne peut pas s'enorgueillir de quelque chose que l'on a emprunté temporairement (personne n'étant immortel à part D.!) et que l'on doit rendre à son véritable propriétaire (Hachem).
Si une personne pauvre s'est vu prêter un costume très cher pour le mariage de son fils, elle peut se sentir bien de porter un si beau costume, mais elle ne peut pas en être fière. Il serait stupide de le faire, car il ne lui appartient pas.

-> Cependant, le 'Hafet 'Haïm (Chem Olam - chap.7) écrit qu'il y a une chose dont nous pouvons et devons être fiers/orgueilleux.
Nos Sages (guémara Béra'hot 33b) enseignent que "tout provient à une personne depuis le Ciel, sauf la yirat Chamayim".
La seule chose qui reste à une personne est de choisir de faire la volonté d'Hachem (de parler à Hachem, de croire en Lui, d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah).
Le choix de mener une vie dévouée à Hachem est le choix individuel de chaque personne.

C'est pourquoi le prophète Yirmiyahou (9,22-23) dit : "Un sage ne doit pas s'enorgueillir de sa sagesse, ni un guerrier fort de sa force, ni un homme riche de sa richesse. Mais de quoi doit-on s'enorgueillir? D'avoir appris et d'avoir pris conscience de Moi [Hachem]."

En effet, la yirat Chamayim d'une personne est la seule chose qu'elle a réalisée elle-même grâce à son travail acharné. Elle mérite donc d'être félicité pour cet accomplissement.

Comme l'écrit le 'Hafets 'Haim : "lorsqu'on atteint ce niveau, qu'on reconnaît et comprend qu'Hachem contrôle tout dans le monde, on peut être fier de nous-même et personne ne doit mépriser cette fierté, car ce n'est pas de l'orgueil, cela fait plutôt partie de la joie sur les mitsvot ... et c'est quelque chose pour lequel il est digne de féliciter une personne."

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,15) mentionne également cette idée :
"C'est l'orgueil désiré : se souvenir constamment de son honneur et de ses qualités et agir en conséquence, comme il convient de se sentir bien à propos de sa valeur élevée."

-> Le 'Hovot haLévavot (Chaar haAnava - chap.9) écrit qu'il existe une forme d'orgueil permis et même nécessaire : la joie et la fierté qu'une personne éprouve à l'égard de la Torah et des mitvot qu'elle a eu le mérite d'accomplir.
Loin de rendre quelqu'un vaniteux, un tel sentiment : "l'incitera à travailler encore plus dur dans sa avodat Hachem et à s'humilier devant son entourage. Il se sentira heureux à l'égard de ses amis et se souciera de leur honneur, cachera leurs erreurs, ne parlera qu'en leur faveur, les aimera tous, se portera garant d'eux et sera très attentif à leur honneur."

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-> également à ce sujet : Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté : https://todahm.com/2021/12/12/confiance-en-soi-lorgueil-de-la-saintete

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-> Selon le Ben Ich 'Haï (Bénayahou - guémara Béra'hot 62b) :
Dans tous les traits de caractère, choisissez la voie du milieu ...
L'exception à la règle est l'orgueil ... il faut aller à l'extrême opposé.

[au préalable, il faut avoir une bonne définition de ce qu'est l'humilité (et donc l'orgueil).
Par exemple, on pense que c'est : "je ne suis rien, je ne vaux rien" (ce qui est faux!), et du coup on en vient à s'enorgueillir de n'être rien.
A l'inverse, par moment on doit s'enorgueillir d'être un serviteur, un enfant d'Hachem. (notre yétser ara nous pousse à nous dévaloriser sous couvert d'humilité pour réduire notre ambition spirituelle (pour qui tu te prends! tu n'es pas Baba Salé!), et donc nous faire moins exploiter notre potentiel.
Par moment, on doit être arrogant/orgueilleux face à notre yétser ara (le monde a été créé pour moi), en augmentant notre joie et fierté de vivre, en appréciant d'avoir une partie d'Hachem en nous! (donc je ne suis pas un rien que rien, et mes actions/mitsvot ont un impact éternel!)

A ce sujet, on peut citer :
-> Selon le rav Ben Tsion Abba Chaoul :
- concernant le futur = nous devons être plein d'orgueil, du fait de pouvoir réaliser la volonté de Hachem.
[Ce sentiment de fierté est sain, productif, et il témoigne de notre amour pour D., de notre joie de nous consacrer à son service. Par exemple, nous devons répondre avec plein d'orgueil à notre yétser ara qui nous pousse à la faute : "Tu sais qui je suis : un prince, un fils du Roi des rois! Alors comment oses-tu me déranger pour une chose si minable, honteuse pour quelqu'un de mon rang!"]
- concernant le passé = nous devons rester humble, car "Tout cœur hautain est en horreur à Hachem" (Michlé 16,5).
[ainsi, nous devons s'enorgueillir d'avoir la chance de pouvoir servir Hachem pour dynamiser nos actions futures, mais pas d'en venir à se reposer sur nos lauriers et se vanter à outrance de notre passé.
(à petite dose cela peut servir à se valoriser pour mieux aller de l'avant, mais pas pour se vanter pour se vanter).
De même dans le domaine de la prière (il y a nécessité d'avoir de la fierté [d'être juif] qui nous pousse à nous surpasser, à donner le meilleur de nous même, et il y a orgueil [d'être juif] qui ne pousse qu'à développer notre "moi je, moi je" [or, la prière c'est laisser de la place pour Hachem dans notre vie!].)]

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[pour réussir sa vie dans ce monde, tout juif a besoin de moments où il va développer un orgueil sur la grandeur d'être juif.
Dans le Alénou léChabéa'h (et les bénédictions avant/après l'étude de la Torah), nous affirmons notre chance et fierté d'être dans les chemins d'Hachem (le Vrai) tandis que les non-juifs vont dans des chemins totalement vides et inutiles (servant des idoles mortes!). [ché'en mista'havim laévél varik, oumitmaléllim lélo yochia ...]
Le Tiféret Israël demande : on comprend la nécessité de louer nos actions, mais pourquoi déprécier ouvertement celles des non-juifs? C'est pas respectueux pour eux!
Il répond car nous avons besoin au quotidien de les dévaloriser pour mieux être orgueilleux en prenant pleinement conscience de notre chance d'être juif, de pouvoir servir Hachem.
=> La Torah étant d'ordinaire si respectueuse de l'honneur d'autrui, on en déduit que le caractère vital de constamment renforcer notre grandeur à nos yeux, pour pouvoir vivre avec un très haut niveau de responsabilité et de spiritualité. ]