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L’importance d’espérer à davantage de spiritualité (1ere partie)

+ L'importance d'espérer à davantage de spiritualité (1ere partie) :

-> La guémara (Taanit 24b-25a) rapporte un incident qui s'est produit avec le tsadik Rabbi 'Hanina ben Dossa, pour qui le monde entier recevait sa subsistance par son mérite, alors que son alimentation personnelle hebdomadaire consistait en une quantité d'un seul "kav" de caroubes.
Le fait de vivre dans une telle pauvreté extrême est très difficile, au point que sa femme a demandé : "Pendant combien de temps allons-nous souffrir dans ce monde?"
Il a demandé : "Que pouvons-nous faire?"
Elle lui a répondu : "Prie le Ciel de nous donner quelque chose!"

Rabbi 'Hanina ben Dossa a prié et [alors] une main est apparue et lui a donné un pied en or d'une table en or.
Suite à cela il s'endormit, et il rêva que tous les tsadikim présents mangeaient à des tables dorées, chaque table étant soutenue par 3 pieds. Cependant, Rabbi 'Hanina mangeait à une table instable qui était en équilibre précaire sur seulement 2 pieds. Il comprit que le pied de table reçu avait été déduit de sa part dans le monde à Venir.
Lorsqu'il raconta son rêve à sa femme, elle lui a demandé : "Est-ce que tu souhaite que tout le monde aura un table complète, tandis que nous mangerons à une table manquante [d'un pied]?"
Il a répondu : "Que pouvons-nous faire?"
Elle lui a dit : "Prie Hachem pour qu'il reprenne le pied".
Il pria, et le Ciel reprit le pied en or.

La guémara déclare que le 2e miracle, où la main est revenue pour récupérer le pied de table en or était un miracle encore plus grand que celui où il a été donné, lors du premier miracle Car nous avons un principe que ce que le Ciel donne, il ne nous l'enlève pas.

Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - 'helek 1, drouch 3) questionne ce principe :
Il est écrit : " Hachem avait donné, Hachem a repris, que le nom d'Hachem soit béni" (Iyov 1,21).
Il est clair donc que Hachem reprend ce qui a été donné dans ce monde. Pourquoi la guémara déclare-t-elle qu'Hachem ne reprend pas?
Plus que cela : pourquoi est-ce que au Gan Eden ils mangent tous à des tables ayant 3 pieds, et quel pied a été donné à Rabbi 'Hanina?

Le rav Yonathan Eibschutz explique :
Chimon haTsadik enseigne : "Le monde repose sur 3 piliers : [L’étude de] la Torah, le service [de D.] et les actes de bonté" (Pirké Avot 1,2).

Rabbi 'Hanina ben Dossa et sa femme vivaient de façon extrêmement simple et modeste. Ils étaient très pauvres, ne se subsistant de très peu. Pourquoi alors en sont-ils venus soudainement à demander à Hachem un cadeau matériel?

Le rav Yonathan Eibschutz explique : Rabbi 'Hanina ben Dossa était le "tsadik hador". Tout le monde venait à lui pour obtenir des conseils et de l'aide. Il fournissait toute l'aide qu'il pouvait, mais il n'était pas en mesure d'offrir tellement de soutien financier à ceux qui en avaient besoin.
Il était lui-même un pauvre, et autant lui que sa femme voulaient donner de la tsédaka et accomplir des actes de 'hessed, mais ils étaient très limités par leur pauvreté.

Ils craignaient que lorsqu’ils finiraient par se tenir devant la Cour céleste, il y aurait un vide dans leur accomplissement des mitsvot. Ils auraient beaucoup de mérites de l'étude de la Torah, de leur prière exemplaire, ...
Mais le 3e pilier, celui des actes de bonté (guémilout 'hassadim), ferait défaut. Ils n'étaient pas en mesure d'accomplir un large éventail d'actes de bonté ('hessed), car ils n'avaient aucune ressource pour le faire.

Lorsque sa femme a demandé davantage de moyens matériels, ce n'était pas dans l'intention de les utiliser pour eux-mêmes. C'était afin d'avoir suffisamment de ressources pour fournir de l'aide et du soutien aux personnes qui frappaient à leur porte. Leur demande était un appel à Hachem pour obtenir les fonds dont ils avaient tant besoin, leur permettant de s'engager dans le 3e pilier : accomplir des actes de bonté.
De cette façon, ils auraient les 3 piliers qui les soutiendraient dans le monde de Vérité.
Cependant, le rav Yonathan Eibschutz explique que Rabbi 'Hanina et sa femme se sont trompés en considérant les mitsvot de ce point de vue.

-> Le rav Yonathan Eibschutz développe un principe fondamental : si quelqu'un désire sincèrement accomplir une mitsva mais ne peut pas le faire en raison de ses ressources limitées, il est dans une meilleure position que s'il avait réellement fait la mitsva.

Nous pensons instinctivement qu'il est préférable de réaliser une mitsva que de ne pas pouvoir la réaliser du tout, en raison de circonstances indépendantes de notre volonté.
Le rav Eibschutz écrit que c'est un sentiment erroné. Ne pas être capable du tout d'accomplir une mitsva, mais vouloir le faire est supérieur à l'accomplissement réel de la mitsva.

Selon la guémara (Béra'hot 6a) : Si quelqu'un désire effectuer une mitsva, mais est incapable de le faire à cause de circonstances indépendantes de son contrôle, Hachem le considère comme s'il avait réellement effectué la mitsva.

C'est un enseignement très curieux. Pourquoi est-ce le cas? Pourquoi est-il préférable de vouloir faire une mitsva, bien qu'incapable de la faire, que de réellement faire la mitsva?
Certainement une personne qui désire faire une mitsva mais ne peut la faire doit en être récompensée, mais comment cela peut-il être plus important que le fait de réellement réaliser la mitsva?

La réponse réside dans les limites que nous avons tous, et qui affectent notre capacité à accomplir les mitsvot d'une manière totalement parfaite. La réalité est que toutes les mitsvot sont limitées par des lacunes humaines.
Par exemple, même l'individu le plus aisé est limité par les ressources dont il dispose, et à ce titre, il ne peut subvenir pleinement aux besoins de tous ceux qui pourraient rechercher son aide.

Quelqu'un qui a lui-même des difficultés, peut n'avoir aucun moyen d'aider quelqu'un d'autre dans le besoin. Cependant, il peut avoir un désir ardant de fournir une aide et de donner de la tsédaka, et son désir de donner lui est compté par Hachem comme s'il avait accompli la mitsva complétement : en tant que tel, il est plus élevé que l'individu riche qui a donné une somme substantielle (mais pas tout).

Mais cela a également une autre dimension. Lorsqu'il s'agit de faire une mitsva, peut-on honnêtement dire qu'on l'accomplit avec une intention (kavana) parfaite, avec un amour authentique d'Hachem, avec une crainte du Ciel fervente?
Est-ce que la réalisation de la mitsva est 100% léchem chamayim, sans absolument aucune arrière pensée personnelle (même inconsciemment).

La fragilité humaine entraîne inévitablement une certaine déficience dans la mitsva, car presque toutes les mitsvot que nous effectuons sont dévalorisées par nos défauts humains. Dans une certaine mesure, nos mitsvot sont invariablement diminuées par rapport à ce qu'elles pourraient idéalement être.
Cependant, lorsque quelqu'un désire faire une certaine misva mais est incapable de la faire parce qu'il en est limité par des circonstances, s'il désire sincèrement accomplir la mitsva, alors il peut bénéficier d'un mécanisme merverilleux.
Dans cette situation, nous utilisons le principe indiqué ci-dessus (guémara Béra'hot 6a). Dans ce cas, une personne ne fait pas réellement la mitsva, mais Hachem créé une réalité dans laquelle Il considère que cette personne a véritablement accompli la mitsva.

Lorsque Hachem attribue la réalisation d'une mitsva de cette manière, Il le fait de sa manière la plus parfaite. Cette mitsva n'est en aucun cas entachée ou diminuée par le facteur humain.
Ainsi, Hachem offre une mitsva parfaitement accomplie, à celui qui veut vraiment la faire mais ne peut pas, en raison de circonstances indépendantes de sa volonté.

Lorsque nous aspirons à accomplir une mitsva que nous ne pouvons probablement pas faire, alors on considérera que nous avons réalisé cette mitsva à la perfection, et par conséquent la mitsva forcément sera supérieure à une mitsva qu'un autre aura réellement accomplie.
Il est évidement qu'en toute honnêteté (avec nous-même), on met tous nos efforts pour accomplir les mitsvot qui sont à portée de main, et Hachem sait si on a fait de notre mieux. Mais si malgré cela, en raison de circonstances indépendantes de notre volonté, de nos capacités, de nos ressources, ... alors nous serons comptabilisés de la mitsva dans sa perfection.

=> Cela a été l'erreur de Rabbi 'Hanina ben Dossa. Lui et sa femme se lamentaient du fait qu'ils ne pouvaient pas donner de tsédaka, et se demandaient comment ils pourraient éventuellement compléter le 3e pilier du monde (les actes de bonté).
Ressentant une grande perte de ne pouvoir aider ceux dans le besoin, ils se sont alors tournés vers Hachem, et lui ont demandé de leur donner des moyens pour subvenir aux besoins des nécessiteux qui frappaient à leur porte.

Cependant, ce qu'ils n'ont pas réalisé, c'est que leur désir de donner la tsédaka leur octroyé un niveau encore plus élevé que la mitsva de l'avoir réellement fait.
Ils voulaient aider les autres mais étaient gênés par leur manque de ressources. En tant que tel, Hachem les a crédités de la mitsva de tsédaka, de bonté, à la perfection.
Hachem considéré comme s'ils avaient donné à tous les pauvres qui leur avaient demandés, et ce de la manière la plus parfaite.

Mais ils n'ont pas reconnus cette réalité, et ils ont alors supplié Hachem de leur permettre d'avoir l'opportunité de réellement accomplir le 'hessed.
Hachem leur a répondu favorablement, par le biais du pied de table en or.
Ensuite dans son rêve, Hachem a informé Rabbi 'Hanina, que l'utilisation de cet or pour le 'hessed entraînerait en réalité la perte de l'un des pieds de soutien de sa table dans le monde à Venir.
En effet, le 'hessed qu'ils pourraient et feraient certainement avec les ressources nouvellement acquises (par cet or) ne seraient jamais au même niveau que les mitsvot parfaites de 'hessed dont ils étaient crédités simplement par le fait de désirer sincèrement vouloir faire la mitsva.
Puisqu'ils étaient trop pauvres (n'ayant pas les ressources matérielles), alors Hachem considérait qu'ils faisaient parfaitement la mitsva, et les récompensaient en conséquent.
Maintenant suite à leur demande du pied en or, puisqu'ils pouvaient réellement faire du 'hessed, alors ils s'ouvraient aux imperfections et limitations humaines, ce qui diminue forcément leur capacité à exécuter parfaitement les mitsvot.
[cela explique pourquoi il a ensuite demandé à Hachem de reprendre le pied en or, car il voulait revenir à son état original qui est finalement plus avantageux.
Rabbi Yonathan Eibschutz dit que le miracle de reprendre l'or a été plus dur que celui de donner, car le fait de reprendre signifie que les pauvres n'en bénéficieront pas (même si Hachem ne manque pas de moyen, pour donner à chacun ce qui lui est destiné).]

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-> Le rav Yonathan Eibschutz nous donne des exemples de ce principe :
1°/ si quelqu'un porte ses tsitsit tous les jours et aspire au fait d'avoir des fils peints en té'hélét, alors Hachem leur accorde la récompense pour accomplir les tsitsit à la perfection, té'hélét inclus.
Il recevra même davantage de récompense que celui qui pourrait porter des tsitsit avec du té'hélét.

2°/ Lors de la récitation des korbanot chaque matin. Celui qui aspire sincèrement à pouvoir apporter des sacrifices à Hachem, malgré le fait de ne plus avoir le Temple, alors il sera crédité comme s'il avait apporté les korbanot (sacrifices) de la façon la plus parfaite possible.
Sa récompense sera supérieure à ceux au temps du Temple qui apportaient réellement des sacrifices.

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-> Le rav Yonathan Eibschutz enseigne qu'il y a 2 manières par lesquelles une personne inactive, qui ne fait rien, peut recevoir une récompense comme si elle avait accompli des mitsvot.

1°/ la guémara (Kidouchin 39b) enseigne : "[au moment où il est tenté] si quelqu'un s'assoit et [surmonte son yétser ara et] ne transgresse aucune faute, il sera récompensé comme s'il avait accompli une mitsva" (yachav vélo avar avéra, noten lo cha'har kéossé mitsva).
Ainsi, de cette façon quelqu'un qui surmonte son envie de pécher, peut recevoir une récompense pour avoir fait une mitsva en restant passif.

2°/ Une autre façon est quand quelqu'un a un désir ardent d'accomplir une mitsva qui est hors de sa portée. Lui aussi recevra une récompense pour les mitsvot, celles qu'il aurait tant voulu faire mais qu'il n'a pas pu faire.

[ex: tout est question d'être honnête, sincère, avec soi-même et Hachem. Est-ce que j'aspire à faire des mitsvot que je ne fais pas par paresse, facilité? Où bien à l'image de quelqu'un qui est malade, qui n'a vraiment plus les forces, les moyens, ... et qui aurait tellement aimé faire telle mitsva ... ]

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-> Le rav Yonathan Eibschutz développe cela avec l'exemple de Haman :
Qu'est-ce qui a donné à Haman les forces spirituelles pour combattre le peuple juif?
Selon le rav Eibschutz, c'est par le mérite de son ancêtre Essav.
Le midrach (Yalkout Chimoni - Toldot 115) cite Rabbi Chimon ben Gamliel [qui était le gadol hador] qui oppose son propre accomplissement de la mitsva d'honorer ses parents avec celui d’Essav, affirmant qu'il n'a pas atteint une fraction du niveau de celui d’Essav. [ex: chaque fois qu'Essav servait son père, il revêtait des vêtements spéciaux. ]
La guémara (Kidouchin 31b) dit que la mitsva d'honorer ses parents est si difficile que Rabbi Yo'hanan a pu dire : "achré mi chélo 'hama'an" (heureux celui qui n'a jamais vu son père et sa mère).

Ainsi, pour anéantir les juifs, Haman a pu s'appuyer sur le mérite d'Essav, qui a respecté son père d'une façon quasiment parfaite.
[on peut noter que la guématria de "Amalek" est de 240, soit la même valeur que le siman du Choul'han Arou'h qui traite des lois de kiboud av va'ém.]

Pour contrecarrer cela, Hachem a donné aux juifs un sauveur qui n'a jamais vu ses parents (Esther).
De son côté, durant toute sa vie, Esther désirait sincèrement pouvoir accomplir cette mitsva.
Elle déplorait le fait qu'elle ne pourrait jamais accomplir cette mitsva, puisque ses parents étaient morts.

Le désir irrésistible d'Esther d'accomplir une mitsva dont elle n'avait pas les capacités de faire, a été pour elle un mérite comme si elle avait fait cette mitsva de la façon la plus parfaite. Hachem lui a accordée cette mitsva à un niveau qu'aucun être humain ne peut accomplir.
Ainsi, même Essav qui est la référence dans le respect de son père, a quand même réalisé cette mitsva d'une façon inférieure, diminuée par les limitations humaines.
Puisque la mitsva de kiboud av va'ém à Esther était un don d'Hachem, elle l'était sans aucun défaut, et donc ce mérite d'Esther a permis de triompher sur le mérite d'Essav, et donc d'Haman.

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==> Le rav Yonathan Eibschutz nous enseigne que chaque fois que nous sommes limités par des circonstances (indépendantes de notre volonté), que nous ne pouvons pas avoir le mérite de réaliser une mitsva, alors il existe un autre moyen (peut-être meilleur!) de l'accomplir.
Nous pouvons générer en nous un véritable désir sincère de faire la mitsva, de vraiment regretter de ne pouvoir la faire, et alors Hachem considérera comme si nous l'avions fait à la perfection.

[ainsi d'une certaine façon plutôt que de déprimer en criant à l'injustice, on doit se plaindre à Hachem de ne pouvoir faire telle mitsva, tout en étant confiant au fond de notre coeur qu'au final on aura une récompense qui sera plus grande, parfaite, que si nous avions réellement les moyens de la faire.]

[le rav Yonathan Eibschutz note que grâce à cela nous pouvons faire toutes les mitsvot de la Torah (ex: celles plus en cours actuellement, celles des Cohanim, ...)]

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-> Le rav Avigdor Miller enseigne que :
"la prière est notre plus grandes opportunité d'exercer notre libre-arbitre.
Dans la réalité nous sommes limités par les circonstances (ex: nous ne sommes pas assez riches pour nourrir tous les nécessiteux, pour guérir tous les malades, pour ériger et maintenir toutes les institutions de Torah, ...).
Mais la réalité de la prière ne connaît aucune limite. Nous pouvons tout demander et supplier à Hachem. Nous activons alors notre libre-arbitre et démontrons notre désir d'aider les pauvres et de sauver les affligés. Tout ce que l'on ne peut pas accomplir par des actes, on peut l'accomplir par un désir sincère de le faire.

Ainsi, on peut pratiquer notre libre-arbitre en priant pour le machia'h, pour la reconstruction de Jérusalem, pour le rassemblement des exilés, pour la restauration des anciens Juges, et pour le retour de la Présence Divine au peuple d'Israël.

Au moyen de la prière, nous ouvrons une porte vers une grandeur illimitée, dans laquelle il est considéré comme si nous accomplissions ces grandes réalisations avec nos efforts physiques.
"Si quelqu'un a pensé faire une mitsva mais en a été empêché (par des circonstances indépendante de sa volonté), et ne l'a pas fait, il est considéré comme s'il l'avait fait" (guémara Béra'hot 6a).
Ainsi, on peut s'enrichir [de mitsvot] en vocalisant de grandes aspirations."

=> Ainsi, on ne peut pas humainement participer au processus de guérison de tous les juifs du monde, mais cependant en prenant le temps de prier avec kavana, et en demandant sincèrement à Hachem de guérir tous les malades, alors on peut être crédité comme si personnellement on avait aidé chaque personne avec sa maladie.

Dans le monde physique, on ne peut pas vraiment reconstruire le Temple, mais cependant en priant pour la reconstruction du Temple, on peut en réalité être crédité avec la mitsva d'avoir reconstruit le Temple.

Ainsi, avec une Amida priée avec une vraie intention, on peut accomplir plus que ce qu'on pourrait faire durant toute une vie.
On peut prier pour une bonne parnassa chez tous les juifs, pour que celui qui attend son zivoug le trouve, celui qui attend des enfants puisse en avoir, ...
Hachem nous créditera comme si nous avions personnellement aidé chaque juif dans le besoin.

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-> Le rav Yonathan Eibschutz souligne que sur les 613 mitsvot de la Torah, il y en a beaucoup que nous sommes incapables d'accomplir aujourd'hui.

Le jour de Rosh Chodesh, nous prions : "Que tu établisses un nouvel autel à Tsion, et que nous y déposions les offrandes d'élévation de la nouvelle lune, et que nous y préparions des boucs avec faveur ... Là, nous ferons devant Toi nos offrandes obligatoires, les offrandes perpétuelles selon leur ordre et les offrandes supplémentaires selon leur loi." (mizbéa'h 'hadach bétsion ...).

=> Nous exprimons le désir de pouvoir apporter les sacrifices (korbanot). Pourquoi disons-nous à Hachem que nous aimerions pouvoir apporter des offrandes dans le Temple s'il ne nous est pas possible de le faire aujourd'hui?

Le rav Eibschutz explique : si nous exprimons le désir d'avoir le Temple et d'offrir les korbanot, alors Hachem nous créditera d'apporter des korbanot parfaitement accomplis.
C'est une chose que nous ne pourrons plus faire lorsque le Temple sera reconstruit, car les sacrifices réels seront alors soumis aux limites et à l'inadéquation humaines.

C'est l'une des idées principales qui sous-tendent les prières de Moussaf que nous récitons à Yom Tov et à Roch 'Hodech. En exprimant notre désir sincère d'apporter le korban tamid, le korban moussaf, le korban 'hagigah et d'être olé laRégel (de monter au Temple pour les fêtes), nous sommes en mesure d'exploiter l'un des meilleurs moyens d'activer notre libre arbitre et de recevoir une récompense.
En application du principe : "Si quelqu'un désire effectuer une mitsva, mais est incapable de le faire à cause de circonstances indépendantes de son contrôle, Hachem le considère comme s'il avait réellement effectué la mitsva (guémara Béra'hot 6a).

=> Nos prières sont récités de manière à évoquer et à susciter notre désir d'accomplir ces mitsvot nous-mêmes.
Selon rav Yonathan Eibschutz, le fait de souhaiter sincèrement pouvoir accomplir ces mitsvot est en fait meilleur pour nous que de les accomplir, car nous serons accrédités par des mitsvot d'un niveau que nous ne pourrions jamais réaliser. [comme si fait à la perfection de la perfection, alors la plus haute récompense possible]

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b'h, autres exemples à ce sujet :
- https://todahm.com/2022/01/17/35625
- https://todahm.com/2022/03/18/35348

L’importance d’espérer à davantage de spiritualité (2e partie)

+ L'importance d'espérer à davantage de spiritualité (2e partie) :

-> "Les réchaïm sont tenus pour morts même de leur vivant. Les tsadikim même dans leur mort, ils sont toujours considérés comme vivants et de plus, ils exercent une plus grande influence après leur disparition que de leur vivant." [guémara Béra’hot 18]

[on peut éventuellement comprendre cela dans le sens où quelqu'un qui est juste (il agit du mieux qu'il peut et il aspire à atteindre le niveau des plus grands tsadikim juifs, comme nos Patriarches), alors par ce mérite d'aspirer à atteindre le maximum de spiritualité, de proximité avec Hachem, alors il sera vivant dans le monde à venir, même après sa mort de ce monde.
A l'inverse, quelqu'un qui vit sans aucune aspiration de grandeur spirituelle, alors dans le monde à venir il sera comme mort, dans le sens où il ne pourra plus bouger de la position qu'il aura atteint au moment de sa mort physique.
Ainsi, l'aspiration à davantage de spiritualité est ce qui donne de la vie, et plus on en a, plus nous sommes vivants dans ce monde, et surtout dans l'éternité du monde à venir! ]

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-> Le roi David dit : "Je mets constamment Hachem devant moi" (shiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8).

-> Par le fait de mettre Hachem devant nous, dans le sens d'aspirer, de désirer, de tendre le plus possible vers Hachem (jusqu'à presque l'atteindre par amour), alors même si on ne peut pas le faire dans ce monde car nous avons des capacités limitées, un temps disponible de vie limité, ... mais dans le futur par le mérite de cette aspiration cela nous permettra de monter de niveau en niveau.
[dans ce monde on doit désirer, mais également faire de notre mieux à notre niveau. ]

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-> Le Maharal (Nid'hé Israël פמ"ו) enseigne :
après la venue du machia'h, certaines personnes auront toujours la capacité de se développer et d'élever leur niveau. Il s'agit des personnes, qui bien qu'en exil, se sont toujours efforcées de s'améliorer.
Lorsque les jours du machia'h arrivent, de telles personnes seront capables d'atteindre les niveaux, vers lesquels elles aspiraient tout en étant en gualout (exil), même si elles n'ont pas réussi à y parvenir alors.
[la suite : 2e partie du divré Torah : enseignement fondamental du Maharal : https://todahm.com/2022/03/18/le-monde-a-venir-depend-de-nous ]

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-> La nature de notre libre choix après la venue du machia'h sera différente.
Le Zohar (paracha Dévarim) déclare que le repentir le plus aimé par Hachem est la téchouva entreprise spécifiquement pendant une période de "hester panim" (Hachem cachant Son visage, pour ainsi dire), lorsque la providence d'Hachem est la moins évidente.
Il semblerait qu'une fois qu'Hachem aura révélé Son honneur majestueux lors de l'arrivée du machia'h, le repentir ne sera plus efficace.

En revanche, si nous prouvons maintenant, alors que nous sommes encore en exil, que nous sommes prêts à servir Hachem avec dévouement à tout moment et dans toute situation, alors nous recevrons une grande récompense même lorsque le machia'h sera déjà là, et nous ne "perdrons" même pas un iota de l'arrivée du machia'h.
Puisque nous avons, pour notre part, prouvé que nous continuerions à surmonter les épreuves même pendant la période qui suivra la venue du machia'h, par conséquent, même si en pratique nous ne serons plus confrontés à de telles épreuves, néanmoins, Hachem nous versera une récompense comme si nous continuions à les surmonter.
[rav Moché Sternbuch - entendu du rav Yoel Teitelbaum (voir Ech Kodech 5775 - p.130)]

=> Avec la venue du machia'h, il y a une disparition du libre arbitre, et donc du fait d'avoir une récompense pour agir selon la volonté d'Hachem (on reste à la place acquise au moment de notre mort). Cependant, si nous aspirerons maintenant à faire du mieux de nos capacités, alors nous pourrons mériter éternellement des récompenses, de pouvoir continuer à s'élever/se rapprocher d'Hachem dans le monde à Venir.

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+ L'exemple des érudits qui n'ont pas de repos dans le monde futur :

-> "Les érudits n'ont de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur, comme il est écrit : ‘Ils iront de force en force ; il apparaitra devant D. à Tsion' (Tehilim 84,8)." [guemara Béra'hot 64a]

=> On comprend que les érudits soient occupés dans ce monde à l'étude de la Torah, les mitsvot et les bonnes actions, mais pourquoi n'auraient-ils pas de "repos" dans le monde futur?

Cela veut peut-être nous dire que même après leur mort, les justes (tsadikim) ne cessent pas de se développer spirituellement et d'atteindre des niveaux spirituels toujours plus hauts. Au Ciel aussi, ils continuent à étudier la Torah et à s'élever dans l'Académie céleste.

-> "Les érudits n'ont pas de repos de leur engagement dans l'étude de la Torah même dans le monde futur, comme le dit le verset : Ils iront de force en force'." (midrach Téhilim - ch.84)

-> De même, Tossefot HaRoch (Moèd Katan 29a) explique cet enseignement ainsi : "De même que [les érudits] font des efforts dans l'étude de la Torah dans ce monde, ils font des efforts dans la Torah dans le monde futur, en présence de la Chékhina".

-> Le Chlah haKadoch (Pessa'him, pérèk Torah Or) écrit : "Les érudits n'ont pas de repos dans le monde futur ; ils iront de force en force et de compréhension en compréhension, sans mesure ni limite".

-> Selon le Ritva (Moèd Katan 29a) : "Ils iront du Gan Eden au Trône de Gloire et voyageront à travers toutes les académies, en haut et en bas, pour goûter l'éclat de la Chekhina, comme un homme se rendant de la synagogue à la maison d'étude".

-> Selon les écrits du Arizal (Likouté HaChass, Berakhot 64b) : "Car dans le monde après la mort, les érudits étudieront la Torah et monteront de niveau en niveau et d'académie en académie car même Moché Rabbénou s'élève et comprend davantage chaque jour. De même que D. n'a pas de fin, Sa Torah n'a pas de fin."

-> Le Nimouké Yossef (guémara Moèd Katan 18b) explique : "Les érudits n'ont de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur, ce qui signifie que, même après leur mort. ils se consacrent à l'étude de la Torah à l'Académie céleste".

-> Le Ran (guémara Moèd Katan 29a) dit aussi que les érudits continuent à étudier la Torah dans le monde futur. Il cite pour preuve la guémara (Baba Kama 92a) disant que la prière de Moché en faveur de Yéhouda (Vézot haBéra'ha 33,7) était que Yéhouda entre à l'Académie céleste et réussisse dans son étude.

-> Bien que nos Sages (guémara Tamid 33b) appellent le monde futur "le jour qui est entièrement Shabbat et le repos pour l'éternité", le Maharcha (guémara Béra'hot 64a) explique que dans ce contexte, "repos" évoque le repos après le travail, comme dans le verset : "Il se reposa le 7e jour" (Yitro 20.11), qui évoque l'achèvement du "travail" de D. pour créer le monde.
Le monde futur, cependant, ne donnera pas aux justes le "repos" et ils pourront encore exercer leur intellect. Au contraire, le Maharcha affirme que la nature même du "repos" du monde futur implique un effort intellectuel ; nos Sages enseignent (guémara Béra'hot 17a) que le monde futur signifie que "les justes sont assis, leurs couronnes sur leur tête et jouissent de l'éclat de la Chékhina" en s'immergeant dans les profondeurs de la Torah.

Dans le même ordre d'idées, le Maharal (Nétivot Olam, Nétiv haTorah ch.9) dit que les justes pourront se reposer dans le monde futur, mais que leur intellect n'aura pas de repos "car il n'y a ni fin ni limite à leur compréhension : [même] après avoir compris une chose, il est toujours possible de comprendre davantage, et l'intellect n'atteint donc jamais la perfection."

Il s'agit de l'état spirituel appelé "méalé'him" (marcher).
Le Gaon de Vilna (Béra'hot 64a) explique :
"Dans ce monde, l'homme est appelé "olé'h" (celui qui 'marche'), car il se déplace constamment d'un niveau [spirituel] à l'autre par les commandements qu'il accomplit.
Dans le monde futur cependant, il est appelé "omèd" (immobile), car il est impossible d'accomplir des mitsvot dans le monde futur et il restera toujours au même niveau, celui de la perfection qu'il a atteinte dans ce monde.
Mais certains tsadikim sont appelés mehalkhim même dans le monde futur, et c'est un niveau élevé que rien ne dépasse, comme il est écrit : "Je te mettrai comme ceux qui marchent parmi ceux-ci qui sont immobiles" (Zé'haria 3,7), [cela veut dire] que même parmi les anges, qui sont immobiles (om'dim), vous irez d'un niveau à l'autre.
Tel est le sens de ce que disent [nos Sages] : "Les érudits n'ont pas de repos dans le monde futur".

[le Malbim (Divré Havamim I 17,11) nous donne une explication semblable. ]

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+ Une condition = s'élever déjà dans ce monde :

-> Le Rama MiPano (Maamaré HaRama MiPano, Maamar haNéfech 2,15) enseigne que chaque fois qu'un juste est sur le point de s'élever à un niveau spirituel supérieur, il est d'abord jugé pour déterminer s'il en est digne.
S'il en est jugé digne, sa progression dans le royaume céleste correspondra à l'effort qu'il a fourni dans ce monde pour progresser spirituellement.

-> Le Chlah haKadoch l'explique ainsi (Toldot Adam, beit 'hokhma, par.198) :
"Lorsque le juste désire atteindre un repos plus grand qu'il ne lui a été accordé et s'élever davantage, le verdict de ce tsadik est examiné. Même s'il avait été examiné au début, on l'examine à nouveau lorsqu'il va de force en force, tout cela selon la grandeur de ses actes.

S'il n'avait pas de repos dans ce monde, car il renforçait constamment sa kédoucha, il ira aussi de force en force dans le monde futur et sera jugé et déclaré méritant. [Ceux qui] n'ont pas de repos sont [ceux] qui sont destinés au repos éternel."

Par ces mots, le Chlah haKadoch enseigne que les justes qui "ne se sont pas donné de repos" dans ce monde sont ceux qui atteindront ce niveau dans le monde futur. Ainsi, lorsque le moment arrive pour un tsadik d'atteindre un niveau plus haut dans le royaume supérieur, le Tribunal Céleste le juge à nouveau, selon ce niveau, pour déterminer s'il s'est efforcé de progresser dans le monde physique.

=> Nous voyons donc que le progrès spirituel de l'homme dans le monde futur dépend de son aspiration à la spiritualité dans ce monde.

Parfois, un homme peut ressentir un désir puissant de "réussir" spirituellement, désirant même atteindre le niveau d'un Tana ou d'un prophète, mais sachant qu'il lui est impossible d'atteindre ce niveau, il croit à tort que cette aspiration est vaine.

Ces aspirations ont au contraire une valeur immense et c'est grâce à elles qu'il n'aura "pas de repos" dans ce monde et qu'on lui permettra d'atteindre des niveaux toujours plus élevés dans ce monde et dans le monde futur.

Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Elloul) conclut :
Cela s'applique dans le service Divin (avodat Hachem) de chacun de nous. Nul être humain ne doit céder au désespoir s'il n'a pas réussi à concrétiser ses aspirations.
Le désespoir est une arme du yétser ara. Il cherche à intimider et décourager les justes en représentant le service de D. comme une montagne inaccessible et à minimiser les aspirations des réchaïm en les faisant apparaitre insignifiantes.

En réalité, même si une personne a de hautes aspirations qu'elle n'est pas capable d'atteindre en peu de temps, elle doit avoir confiance : elle finira par y parvenir...

Tant qu'un homme fait tout son possible pour servir D., non seulement il finira par atteindre son but, mais il peut être assuré qu'il est considéré comme un serviteur de D. parfait même avant d'avoir atteint ce but.

Se préparer préalablement aux mitsvot et aux fêtes juives

+ Se préparer préalablement aux mitsvot et aux fêtes juives :

-> "Car c’est un précepte en Israël, une loi pour le D. de Yaakov" (ki 'hok léIsraël ou, michpat l'Eloké Yaakov - Téhilim 81,5)

Le Baal Chem Tov explique :
si un juif accomplit les mitsvot d’Hachem comme un "'hok" (חוק - un précepte, au sens de geste machinal) dans lequel seuls les membres agissent, sans y associer la pensée ni le cœur, il suscite par là le "michpat l'Eloké Yaakov" (משפט לאלוקי יעקב) = la rigueur du jugement Divin (à D. ne plaise).
Il doit au contraire aborder toute chose sainte avec flamme et émotion.

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-> "Le temps est venu d’accomplir pour Hachem, on a renversé Ta Torah" (Téhilim 119,126)

Le Méïri explique :
"Celui qui accomplit les mitsvot seulement parce que leur moment est arrivé sans réfléchir à leur signification, entre dans la catégorie de celui qui "a renversé Ta Torah" (à D. ne plaise).
Car [en agissant ainsi] même s’il accomplit la mitsva parce qu’Hachem en a fixé le temps, il en dévoile le sens ... Et s’il ne suscite pas en lui-même le réveil nécessaire mais l’accomplit par habitude sans ressentir qu’il le fait en l’honneur de son Créateur et sans penser particulièrement qu’il accomplit Son commandement. Si c’est avec cet état d’esprit qu’il mange la matsa à Pessa’h ou réside dans une Souca à Soucot, il ressemble en cela à un âne qui transporte des gerbes à l’époque de la moisson, des raisins à l’époque des vendanges, et du blé à l’époque de la mouture.
Il ne retirera aucune réflexion du changement d’époque, mais seulement une modification des gestes accomplis, comme si celui-ci se produisait par hasard."

-> Le Méïri enseigne également :
"cela doit inciter l’homme à réfléchir à ces jours particuliers : en quoi se distinguent-ils des autres? ...
Si lorsque parviennent ces jours, cela n’éveille pas en lui une réflexion sur un élément nouveau digne d’être soulevé à leur propos, et qu’ils les célèbrent sans réfléchir à la mitsva qu’il accomplit, il n’en retirera pas le bénéfice qu’Hachem avait l’intention qu’il en retire. De ce fait, il lui fait perdre sa signification."

+ Le véritable caractère d'un individu, sa nature profonde et son intériorité ne se révèlent pas dans les grandes actions de sa vie, mais seulement dans les petites actions qui, à priori, ont peu d'importance aux yeux de ceux qui les réalisent.
Par contre, les grandes œuvres publiques réalisées par un individu, faites avec enthousiasme, encouragées par la publicité faite autour, ne traduisent que l'extériorité de cette personne.
C'est pourquoi, le midrach (Chémot rabba 2,3) dit : "Hachem ne donne de la grandeur à un individu qu'après l'avoir testé sur des petites choses apparemment sans importance" ; c'est ainsi qu'Il avait éprouvé Moché et David.
[rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome 3, p.107]

Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations

+ Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations :

-> Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda a fait ce commentaire :
Comment comprendre ce verset : "Il est un fait troublant qui se produit sur Terre : il y a des Justes (tsadikim) qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des impies (réchaïm), et il y a des réchaïm qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des tsadikim" (Kohélet 8,14)?
Il faut comprendre ainsi : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les réchaïm dans le monde futur ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les tsadikim dans le monde futur.
Rava objecte : Quel mal y a-t-il à ce que les tsadikim jouissent des 2 mondes? Donc, Rava comprend ainsi (le verset cité) : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les mêmes bienfaits que ceux dispensés aux réchaïm dans ce monde-ci ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci le mal qui arrive aux tsadikim dans ce monde-ci.
Rav Pappa et Rav Houna fils de Rav Yéhochou'a sont venus étudier auprès de Rava. Ce dernier leur dit : Avez-vous étudié en profondeur tel et tel traité (de "guémara")? Ils répondirent : Oui. Rava ajouta : êtes-vous un peu riches (pour étudier sans soucis) ? Ils répondirent : Oui, nous avons acheté un petit lopin de terre (dont nous tirons notre subsistance).
Rava s'exclama : Heureux les tsadikim qui obtiennent ici-bas ce qu'obtiennent les réchaïm ici-bas.
[guémara Horayot 10b]

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=> Comment Rav Na'hman a-t-il interprété le verset (Kohélet 8,14)?

-> Rachi commente :
Voici comment Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda explique le début du verset de Kohélet cité : Heureux les tsadikim qui subissent des souffrances dans ce monde-ci (olam azé) de la même manière que les réchaïm souffriront dans le monde futur ('Olam Haba), car ces tsadikim expient ainsi ici-bas leurs fautes peu nombreuses, afin de recevoir la totalité de leur récompense dans le monde à venir.
Rav Na'hman explique ainsi la fin du verset : Malheur aux réchaïm qui reçoivent des bienfaits ici-bas de la même manière que les tsadikim recevront dans le futur de nombreux bienfaits dans le monde à venir, car ces réchaïm profiteront ici-bas seulement des fruits de leurs rares bonnes actions et n'auront rien dans le monde à venir.
Ce verset : "Mais qui paie ceux qui Le haïssent, à leur face, en les faisant périr" (Vaét'hanan 7,10 confirme ce comportement d'Hachem dans le domaine des récompenses et des sanctions.

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-> Ne vous tourmentez pas pour les difficultés de vos épreuves dans ce monde, car tout est vanité ici-bas ; de même vous les réchaïm ne vous réjouissez pas de votre tranquillité dans ce monde car tout est vanité ici-bas.
[Rif - EinYaakov]

-> Dans ce monde-ci, aussi bien les bienfaits dont bénéficient les réchaïm que les maux que subissent les tsadikim sont sans grande importance. Même le bonheur des tsadikim quand la vie leur réussit dans ce monde et même les sanctions des réchaïm dans ce monde sont vanité, car ce monde-ci est passager [si éphémère], et l'essentiel c'est le olam aba [éternel].
[Ets Yossef]

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=> Qu'est-ce qui a incité Rava à donner au verset Kohélet (8,14) une interprétation nouvelle, opposée à celle de Rav Na'hman?

-> Selon le Rif (Ein Yaakov), voici l'intention de Rava dans son interprétation :
- Même lorsque les tsadikim bénéficient d'une vie paisible dans ce monde, Hachem ne diminuera pas la grande récompense qui les attend dans le monde à venir, car le profit dans ce monde-ci est vanité et n'est pas considéré comme une récompense ; c'est pourquoi Rava dit : "Heureux les tsadikim".
- De même, lorsque les impies reçoivent des épreuves dans ce monde-ci, Hachem ne diminuera pas les sanctions qui les attendent dans le monde à venir, car les sanctions dans ce monde-ci sont hvanité et ne sont pas considérées comme de véritables sanctions par rapport à celles du monde à venir.

-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot) explique :
Selon la guémara (Béra'hot 61b), le monde à venir n'a été créé que pour les tsadikim et ce monde-ci n'a été créé que pour les réchaïm.
Ainsi, un même homme ne bénéficie pas en général des 2 mondes. C'est pourquoi, s'il arrive qu'un tsadik soit favorisé dans ce monde-ci où il ne devait pas avoir de part, Rava dit de lui : "Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les bienfaits dispensés aux réchaïm dans ce monde".
De même, s'il arrive qu'un racha ne soit pas favorisé dans ce monde (olam azé) qui a été créé pour lui, Rava dira de lui : "Malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci les maux qui frappent habituellement les tsadikim dans ce monde-ci", car ils auraient alors perdu les 2 mondes.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Pourquoi Rava dit-il : "Malheur aux réchaïm qui sont frappés d'épreuves et souffrances dans ce monde ci? Au contraire, c'est un bienfait pour eux, car ces souffrances seront une source d'expiation pour leurs fautes.
En fait, puisqu'ils risquent de se rebeller et de ne pas accepter ces souffrances comme une expiation de leurs nombreuses transgressions, leurs fautes ne seront pas expiées, et ainsi, ils auront souffert pour rien, ce qui justifie l'affirmation de Rava : "Malheur aux réchaïm".

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=> Les interprétations de Rav Na'hman et de Rava se complètent-elles ou se contredisent-elles?

-> Selon Méiri, les 2 commentaires du verset (Kohélet 8,14) faits par Rav Na'hman et Rava respectivement sont vrais et ne se contredisent pas. En effet :
- selon Rava, "Heureux les tsadikim qui bénéficient des 2 mondes : "olam azé et olam aba", donc qui ont à la fois une richesse matérielle, des honneurs, une vie paisible d'une part, et un grand bagage de Torah d'autre part, mais ce cas est peu fréquent, et en général l'homme doit mettre son énergie en priorité sur l'étude de la Tora et non sur l'accumulation de biens matériels. Mais si la Miséricorde Divine lui accorde les 2 "tables", spirituelle et matérielle, heureux est son sort ;
- selon Rav Na'hman, si le tsadikim est étriqué dans ses finances, il doit également se considérer heureux, car cette difficulté fait rémission de ses fautes peu nombreuses et il n'a donc pas à se rebeller contre l'Eternel.

-> Selon le 'Hafets 'Haim, Rava s'oppose à Rav Na'hman. En effet, le bien suprême consiste à faire la Volonté d'Hachem, mais il existe des circonstances qui induisent l'homme en erreur et l'empêchent de faire téchouva.
- selon Rav Na'hman, les bienfaits reçus par un homme dans ce monde sont un obstacle à son repentir, car il considère qu'il est digne de ces bienfaits venus du Ciel pour le récompenser de ses bonnes actions agréées par Hachem. Cet homme ne sera donc pas porté à la téchouva.
C'est pourquoi "Heureux l'homme qui fait téchouva dans une situation de souffrances", car dans son état de souffrances, son cour brisé le poussera à se repentir et à faire davantage la Volonté du Créateur ;
- selon Rava, les tsadikim qui bénéficient des bienfaits de ce monde-ci sont portés à remercier Hachem et à se rapprocher de Lui en faisant davantage Sa volonté.

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=> Dans quel but Rava a-t-il posé ses 2 questions à Rav Pappa et à Rav Houna?

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Les 2 questions posées par Rava sont liées et n'en font qu'une. En effet, après avoir posé la première question : Avez-vous intégré en profondeur telle et telle massékhet (traité de guémara), qu'il a choisie parmi les plus difficiles, et avoir reçu une réponse positive de Rav Pappa et Rav Houna, Rava s'est demandé comment ont-ils réussi à acquérir un tel niveau en si peu de temps, car les 2 talmidim étaient jeunes :

- ou bien, ils possédaient une richesse matérielle qui "élargissait" leur cœur et facilitait leur acquisition de la Torah ; ou bien, ils avaient des difficultés pour assurer leur subsistance, comme la plupart des talmidé 'hakhamim dont l'esprit troublé par la gêne financière freine la progression spirituelle ; dans ce cas, c'est par miracle qu'ils ont atteint si vite un niveau aussi élevé.
Si Rava a demandé : "Etes-vous un peu riches" et non pas : "Etes-vous riches", c'est afin d'éviter un oeil malveillant (ayin ara) sur la richesse d'autrui.

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=> Comment comprendre la réponse : "Nous possédons un petit lopin de terre"?

-> Rachi précise :
Les 2 jeunes disciples ont répondu à Rava que chacun d'eux a acquis un petit lopin de terre duquel chacun tire sa subsistance avec largesse, afin d'étudier sans être préoccupé par les soucis de parnassa.

-> Selon le Maharcha :
Ils ont répondu qu'ils ont acquis un petit terrain, car ils voulaient rassurer Rava qui sait que lorsqu'un homme possède beaucoup de biens, cela peut être une cause de bitoul Torah (arrêt de l'étude) en raison des soucis pour gérer ce grand patrimoine.

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Pourquoi ont-ils ajouté le mot quétina (petit)?
C'est pour éviter un œil malveillant (ayin ara). En effet, s'ils avaient déclaré posséder un terrain chacun, sans préciser "petit", Rava aurait pu interpréter qu'ils possédaient chacun un grand terrain.
De plus, un grand terrain nécessite de grands travaux agricoles qui demanderaient beaucoup de temps au détriment d'une étude assidue de la Torah.
Enfin, pourquoi ont-ils utilisé l'expression quétina déar'a au lieu de ar'a kétina? Leur intention était de dire à Rava qu'ils avaient acquis le terrain le moins coûteux (quétina) parmi les terrains à vendre.

"Et tu sauras dans ton coeur que, tel un père qui châtie son fils, Hachem ton D. te châtie" (Ekev 8,5)

-> Le Smag (סמ"ג - mitsva 17) écrit à ce sujet :
"C'est un commandement positif d'accepter le jugement Divin pour tout ce qui arrive, comme il est dit : "Et tu sauras dans ton coeur que, tel un père qui châtie son fils, Hachem ton D. te châtie."
J'ai expliqué ce commandement à de nombreuses personnes ... : si les vicissitudes de l'existence accablent un homme, c'est un commandement positif de penser en son coeur que sa situation a été bouleversée pour son bien".

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz a enseigné cela dans un cours :
"Quand les choses ne vont pas bien ... c'est un commandement positif de croire que la souffrance est dans notre intérêt ... Accepter la souffrance avec amour est la principale source de réussite d'une personne dans ce monde".

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-> "Un homme est tenu de bénir sur le mal de la même manière qu'il bénit sur le bien" (Béra'hot 54a)

-> Rabbi Barou'h de Mézibou'h explique que les mots " 'hassadim tovim" à la fin du Birkat hamazon, sont une demande à Hachem de nous accorder des bontés qui nous soient douces.
[d'une façon identique, nous disons : "chana tova oumétouka" = donne nous de bonnes choses, mais en plus qui soient douces.
En effet, ce qui nous paraît bien ou mal, tout est en réalité une bonne choses. Nous demandons à Hachem de nous envoyer une bonne chose qui nous apparaisse clairement agréable sur le moment.]

Le Baal Chem Tov se tournait vers Hachem et disait : "Je sais que le mal est pour mon bien. Si seulement tu pouvais convertir le mal en bien visible et lui permettre d'effacer nos péchés."

-> La rabbanite Feldbrand enseigne : il y a la bonté qui est visible, lorsque Hachem nous bénit avec une bonne santé, de la prospérité, et de la satisfaction dans la vie.
Mais il y a un autre type de bonté, qui n'en est pas moins pour notre bien. C'est comparable à un traitement désagréable pour soigner une maladie ou à une intervention chirurgicale douloureuse mais salvatrice. Connaissant son but, le patient est reconnaissant envers le chirurgien, bien que l'expérience ait été tortueuse.

-> Le rav Rubinstein rapporte que lorsqu'un Mr Falk est arrivé à Buchenwald, il s'est dit : "Je ne sais pas pourquoi Hachem m'a mis ici, mais c'est mon travail de continuer à être juif ici, de la même façon que cela pourrait l'être partout ailleurs".
Avec cette attitude, il a pu aider de nombreuses personnes.

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-> Le rav Ben Tsion Abba Chaoul a enduré de grandes douleurs lors de ses traitements médicaux, son visage a toujours reflété le contentement et l'harmonie intérieure. Les médecins ne pouvaient pas comprendre comment leur patient ne réagissait pas à sa douleur atroce.
Rav Ben Tsion a expliqué : "Selon divers opinions (Smag, Samak, Yéréïm), c'est une mitsva d'accepter les souffrances avec amour, sachant qu'elles sont pour notre bénéfice.
De plus, la mitsva d'aimer Hachem "bé'hol méodé'ha" (avec toutes tes ressources), c'est l'aimer en toutes circonstances, y compris celles-ci.

Quand quelqu'un est venu rendre visite au rav Ben Tsion Abba Shaoul à l'hôpital, à un moment où la souffrance lui était particulièrement aiguë, il lui a demandé : "Comment se sent le rav?"
Il a répondu : "Barou'h Hachem, bien!"
Le visiteur a été surpris : "Vraiment?"
Le rav a dit : "Bien sûr! Le verset dit clairement : "Rendez grâce à Hachem, car Il est bon". Lorsque vous savez que tout dans ce monde est une expression de sa compassion/miséricorde, alors vous comprenez que tout est bon".

"Il y aura toujours des gens pour critiquer le comportement des autres, peu importe à quel point ils sont ou font de grandes et belles choses.
Lorsqu'une personne a conscience de cela, il lui sera alors plus facile d'accepter les critiques d'autrui, puisque provenant d'un avis personnel (pouvant être erroné) ou d'une tendance à la critique.
Lorsque l'on critique notre comportement, cela ne prouve pas nécessairement que nous sommes dans l'erreur."
[le Zéra Kodech - rav Naftali Tzvi Horowitz]

[ainsi de la même façon qu'il faut savoir être ouvert au regard d'autrui pour évoluer positivement, de même nous devons savoir en faire totalement abstraction lorsque cela nous impact uniquement négativement.
Notre valorisation de soi, notre humeur, ... ne doivent pas dépendre principalement d'autrui, mais plutôt de notre appréciation personnelle de notre intériorité, de la vie. ]

L’erreur de Kora’h = la non appréciation de la valeur de chaque juif

+ L'erreur de Kora'h = la non appréciation de la valeur de chaque juif :

"Et il ne sera pas comme Kora'h et son assemblée" (Kora'h 17,5)

=> La Torah nous demande de ne pas suivre l'exemple de Kora'h. Mais quelle est la racine de son erreur qui la pousser à causer une telle discorde?

-> Hachem a créé un monde dans lequel il ne manque rien et qui est rempli d'êtres prodigieux. Chacun a un rôle particulier et exclusif à remplir dans ce monde et doit servir Hachem avec ses moyens et à son niveau et, grâce à cela, accomplir la mission pour laquelle il a été envoyé ici-bas.
L'homme le plus simple qui assume cette mission avec dévouement a la même valeur aux yeux d'Hachem qu'un homme important qui remplit son rôle à un poste élevé.

Rabbi David de Lalov explique d'après cela que si Kora'h avait pris conscience qu'en servant Hachem dans les tâches les plus subalternes, il était considéré par Hachem de la même manière que le Cohen Gadol qui entre dans le Saint des Saints, il n'aurait jamais entamé cette dispute.
L'unique raison qui le poussa à cette folie fut qu'il s'imaginât à tort qu'il existait une quelconque différence entre le service des personnes de haut rang et celui des simples juifs.

-> L'homme qui occupe un rang élevé n'a aucune raison de s'enorgueillir de sa situation, et cela pour plusieurs raisons : premièrement, qui dit qu'il procure plus de plaisir au Créateur du monde qu'un simple juif?
Le rav Tsvi Hirsch de Ziditchov explique qu'il est écrit : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux comme la récolte de la grange et comme le produit du vignoble. » (Kora'h 18,27).
Bien que la Trouma (prélèvement sanctifié à D.) soit la partie consacrée de la récolte, elle ne tire de cette position aucune prétention particulière face au reste des fruits demeurés profanes. Elle sait que la sainteté dont elle est empreinte n'est due à aucune filiation ni qualité intrinsèque.
Il en est de même pour nous : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux", l'homme qui occupe un rang élevé, dans la Torah ou dans son travail, doit être à ses propres yeux comme cette Trouma que la Torah met au même niveau que "la récolte de la grange et le produit du vignoble".
Car elle-même n'a été dénommée Trouma que parce qu'Hachem en a décidé ainsi et non pas grâce à un quelconque mérite personnel.

-> Le rav Elimélé'h Biderman écrit : Hachem ne retire aucune satisfaction de quelqu'un qui cherche à atteindre des niveaux qui ne correspondent en rien au rôle qui est le sien ici-bas.
[Hachem attend de nous que nous agissions chacun du mieux de nos capacités, Hachem désire que nous remplissons notre mission unique pour laquelle nous avons été envoyée dans ce monde. Chacun a les outils et les potentialités qui lui sont nécessaires, et devra rendre des comptes en conséquent. Plutôt que de sans cesse voir chez autrui, on doit se comparer à soi-même et à ce qu'on pourrait être et faire de notre vie. ]

-> Rabbi Bounim de Pshis'ha rapporte que Kora'h aspirait à prier dans le Saint des Saints comme le Cohen Gadol.
Il n’avait pas compris que l'on pouvait prier exactement de la même manière en tout endroit.
(Certes, les lieux saints conservent toute leur valeur. Cependant, une personne qui est dans l'impossibilité de quitter l'endroit où elle se trouve doit savoir qu'elle peut prier avec la même force de là où elle est).

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-> Le Arougat Habossem explique la formule qu'employa Avraham lorsqu'il fit prêter serment à son serviteur Eliézer : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre" ('Hayé Sarah 24,3) en commentant au préalable le verset : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre pour qu'ils siègent auprès de Moi" Téhilim (101,6).
Pourquoi emploie-t-on ici l’expression "fidèles de la terre" et non point "fidèles de l'esprit"?

La guémara (Roch Hachana 11a) rapporte que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi enseigne : "Tous les êtres furent créés au moment de la Création selon leur taille définitive, avec leur connaissance et selon leur nature propre".
Rachi explique le terme de ''connaissance'' dans le sens de consentement : Hachem demanda à chaque créature si elle consentait à être créée de cette manière et toutes répondirent par l'affirmative".
Cela concerna même la terre. Elle ne s'opposa pas en disant : "Maître du monde, pourquoi les cieux et tout leur cortège sont-ils proches de leur Créateur et dois-je, moi, être forcée de demeurer une créature matérielle formé de matière grossière".
Elle accepta au contraire la décision d'Hachem de bon coeur en disant : "Si telle est la volonté du Créateur, je l'accomplirai de plein gré". Cela apparaît d'ailleurs en allusion dans le terme הארץ (la terre) qui contient les lettres רצ racine du verbe vouloir.
Elle fut ainsi dénommée, affirme le midrach (Béréchit rabba 517) "car elle voulut accomplir la Volonté Divine".

Le Arougat Habossem explique que la soumission de la terre au plan Divin est pour nous une leçon. Un homme ne doit pas énoncer de plaintes telles que : "Pourquoi contrairement aux autres suis-je incapable de m'assoir étudier et de servir Hachem de cette manière? Pourquoi n'ai-je pas été doté d'un esprit vif et aiguisé? Si j'avais été ainsi créé, j'aurais pu mieux servir Hachem".
Car si le Créateur de tous les mondes a prévu de le créer avec cette nature, il est certain qu'il ne peut parvenir à se réaliser entièrement que grâce à celle-ci.
Il n'y a à cela qu'une seule condition : s'en remettre avec confiance à la volonté d'Hachem.
=> C'est pourquoi le verset des Téhilim dit : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre". Car le Créateur chérit particulièrement ceux qui se conduisent avec intégrité, à l'instar de la terre, en soumettant leur volonté à la Sienne. Ils sont satisfaits de la manière dont ils ont été créés pour remplir leur rôle dans ce monde.

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-> A partir de cela, poursuit le Arougat Habossem, on peut comprendre l'épisode de Avraham et d'Eliézer : lorsque Avraham envoya son serviteur afin qu'il trouve une épouse pour son fils Its'hak, Eliézer lui dit : "Peut-être ne viendra-telle pas?" (oulaï lo télé'h - אֻלַי לא תלך - 'Hayé Sarah 24, 39).
Nos Sages (midrach Béréchit rabba 59,9) nous enseignent que le mot "oulaï" (אֻלַי - peut-être) est écrit sans vav et peut être lu "élaï" (אֵלַי - vers moi). Il vient évoquer qu’Eliézer avait une fille qu'il désirait marier à Its'hak.
Mais Avraham lui répondit que son fils était d'une descendance bénie alors qu’Eliézer était d'une descendance maudite. Toutefois, Eliézer, même après ce refus, lui demeura entièrement fidèle, comme il l'avait toujours été.

C'est à propos d'une telle attitude qu'Avraham lui dit : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre". Car Eliézer mérita alors de comprendre que ceux qui servent Hachem au simple niveau du ''D. de la terre'' (qui est celui de la descendance de Canaan dont il est issu) ont autant de valeur aux yeux d'Hachem que ceux qui le servent au niveau élevé de "D. du Ciel'' (qui est celui d'Avraham issu d'une descendance bénie).
Eliézer apprit cet enseignement de la terre qui accepta de bon gré de remplir sa mission afin de satisfaire la volonté Divine malgré le rôle purement matériel qui lui fut imparti.
Il est d'ailleurs notable de constater que lorsqu'Eliézer fut en route pour accomplir sa mission, nos Sages nous enseignent que la terre ''sauta à sa rencontre'' (et lui raccourcit ainsi le trajet). Car Eliézer se para alors de la même vertu que cette dernière : accomplir avant tout la Volonté Divine.

Il est écrit au sujet de Kora'h : "La terre ouvrit sa bouche" (Kora'h 16,32).
Il ne comprit pas que celui qui sert Hachem à son niveau est considéré au même titre que le Cohen Gadol dans le Saint des Saints. Il s'entêta à vouloir lui-même être le Cohen Gadol.
C'est pourquoi c'est la terre elle-même qui s'ouvrit pour l'avaler afin de lui montrer son erreur : il n'y a pas de rôle supérieur à un autre pour Hachem.

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-> La guémara (Pessa'him 50a) rapporte que Rav Yossef, le fils de Rabbi Yéhochoua Ben Lévi, tomba gravement malade au point que son âme quitta son corps. Lorsqu'il reprit vie, son père lui demanda : "Qu'as-tu vu (dans l'au-delà)?
- J'ai vu un monde à l'envers, lui répondit-il, ceux qui sont en haut (ici bas), en bas, et ceux qui sont en bas, en haut.
- Mon fils, tu as vu un monde de clarté".

=> A priori, cette guémara suscite une interrogation : est-ce que Rav Yossef pensait vraiment que les gens ''de la haute société'' dans ce monde occupent également un rang élevé dans le monde d'En-haut grâce à leur richesse? Ignorait-il qui sont véritablement les grands hommes de ce monde ?
Dans ces conditions, comment put-il dire ''j'ai vu un monde à l'envers'', ce qui laisse à penser que tant qu'il était vivant, il s'était trompé?

Le Mabit (dans l'introduction à son ouvrage Beit Elokim) explique qu'il est certain que Rav Yossef ne pensait nullement aux gens d'un niveau élevé du point de vue matériel.
C'est aux personnes de haute stature spirituelle qu'il pensait en parlant de "ceux qui sont en haut".
Néanmoins, en quittant quelques instants la vie terrestre, il vit que certains d'entre eux considérés comme inférieurs à d'autres leur étaient en vérité supérieurs.

Prenons l’exemple d’un homme qui étudie 10 heures par jour alors que son ami n'étudie que 5 heures.
Dans ce monde, on donnera la préséance et les honneurs au premier parce qu'il étudie le double du deuxième. Mais, dans le monde de Vérité, on réalisera que "ceux qui étaient en haut sont en bas et ceux qui étaient en bas sont en haut".
C'est pourquoi lorsqu'il revint dans ce monde, Rav Yossef s'écria : "j'ai vu un monde à l'envers" car cela lui semblait illégitime.
"Mon fils, tu as vu un monde de clarté", lui répondit son père, car celui que tu as vu étudier dix heures était capable en fait d'en étudier douze, suivant son niveau. Il n'avait donc pas exploité entièrement toutes ses capacités dans ce monde.
En revanche, le 2e était réellement dans l'incapacité d'étudier plus que 5 heures par jour, du fait de ses possibilités intellectuelles plus réduites ou parce qu'il était affairé pour pourvoir aux besoins matériels de sa famille.
Dès lors, il est tout à fait légitime qu'il soit considéré comme plus grand que son ami, car il a rempli entièrement le rôle qui lui était imparti. En revanche, ce dernier, bien qu'ayant étudié beaucoup plus d'heures que lui, aurait pu étudier davantage d’après ses capacités.
Car Hachem ne se comporte pas de manière impartiale envers Ses créatures mais il considère les actes de chacun avec exactitude en fonction de ses réelles capacités.

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-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) illustre ce qui précède par une parabole.
Un roi possédait de nombreux sujets et serviteurs. Chacun avait pour rôle de louer le roi. Imaginons que le premier d'entre eux entre chez ce dernier de bon matin la bouche remplie d'hommages envers le souverain en louant sa bonté immense, lui qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets ...
Le 2e serviteur entre après lui et loue à son tour la bonté immense du roi qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets. Puis entre le 3e serviteur qui répète les mêmes compliments que ses prédécesseurs et ainsi de suite pour le 4e, le 5e, ...
Il est clair pour tout le monde que cette procession ne constitue nullement un hommage pour le roi et que celui-ci ne retire aucun plaisir de ce cérémonial idiot.
L'honneur du roi ne s'exprimera que dans la mesure où chacun le louera par une qualité différente, l'un témoignera de sa sagesse, le 2e de sa puissance, ...
Hachem a créé un tel monde rempli d'une multitude infinie de créatures dans un but unique : afin que Son Grand Nom soit glorifié et sanctifié, comme il est dit : "Toutes les actions d'Hachem sont pour Sa Gloire" (Michlé 16,4).
Et si chacun a été créé avec un caractère différent, c'est précisément afin qu'il satisfasse son Créateur selon ses qualités personnelles et c'est de cette manière que le Nom d'Hachem est glorifié.
C'est d'ailleurs dans ce sens que certains ont expliqué la Michna (Pirké Avot 1,15) : ''si je ne suis pas pour moi-même qui sera pour moi'' (im en ani mi li) = car si je ne suis pas pour moi-même qui d'autre que moi peut remplir mon rôle et la mission qui m'a été confiée puisque chacun a été créé différemment des autres pour apporter sa part dans la glorification du Nom divin?

[commencer à vouloir être quelqu'un d'autre, à vouloir avoir d'autres outils, objectifs dans la vie, c'est d'une certaine façon ne pas accepter le rôle unique que Hachem nous a accorder (il nous connaît infiniment mieux que nous!). Plutôt que d'agir, on va passer son temps à se dire : si seulement j'avais, si seulement j'étais comme tel personne, avec telle ressources, ... alors là je donnerai mon potentiel, je serai heureux ..." C'est le yétser ara développe cette attitude pour que nous passions à côté de notre vie.
Mais aux yeux d'Hachem, si je fais 100% de ce que j'ai à faire, alors je suis équivalent au Cohen Gadol, au Gadol hador, qui fait 100% de ce qu'il a à faire. ]

L’étude de la Torah permet de nous épargner des souffrances

+ L’étude de la Torah permet de nous épargner des souffrances :

-> "Ils te prendront une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire" (Tétsavé 27, 20)

-> "Seule la première goutte extraite de l’olive était apte pour l’huile du candélabre." (Rachi, guémara Ména’hote 86a).

-> L’Admour rabbi Yissa'har de Belz enseigne :
La Ménora suggère la Torah (guémara Baba Batra 28b), c’est pourquoi on ne pressait que la première goutte pour les besoins de l’allumage (celle-ci est extraite facilement sans effort). Car celui qui étudie la Torah n’a pas besoin d’être "concassé" sans arrêt et de subir maintes et maintes souffrances, comme l’enseignent nos Sages (guémara Béra'hot 5a) : "Celui qui s’adonne à l’étude de la Torah, les souffrances s’éloignent de lui".
Grâce à celle-ci, l’homme est épargné de toutes sortes de peines et de tourments.

-> D’après ce qui précède, le ‘Hidouché haRim explique l’enseignement de la guémara (Béra'hot 6b) : "La récompense du rassemblement de la Torah, c’est le do’hak (terme qui signifie à la fois contiguïté, mais aussi la pauvreté").
Rachi d’expliquer : "Le Shabbat d’avant chaque fête, tous venaient se rassembler pour écouter les lois relatives à celle-ci".
D’après cela, commente le ‘Hidouché haRim, cet enseignement vient suggérer en allusion que la récompense reçue pour se rassembler afin d’étudier la Torah est le
"do’hak" = que toutes sortes de difficultés et d’épreuves disparaissent.

-> Le midrach (Béréchit rabba 92,1) enseigne : "Il n’est pas un homme sans épreuve, heureux l’homme dont les épreuves viennent
de la Torah".
L’explication en est que l’homme est né pour l’effort. Cependant, heureux celui dont les efforts et la peine sont dans le but de comprendre la Torah, car ceux-ci l’exemptent de toutes les autres souffrances.

-> Le Yichma'h Moché dit que l'on y trouve une allusion dans le verset : "C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain (Béréchit 3,19) : le mot "pain" peut avoir, en effet, deux significations : son sens propre, et aussi celui de "Torah", comme on le voit dans le verset : "Venez manger de Mon pain" (Michlé 9,5).
Or, si tout homme est soumis à ce décret, néanmoins, il peut choisir pour quel "pain" investir ses efforts. Car s’il les tourne tous vers la Torah (pour l’étude de laquelle il peine), il méritera de recevoir sa subsistance facilement, sans devoir beaucoup se fatiguer.

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-> La souffrance purifie les péchés de l'homme (guémara Béra'hot 5a).
Un homme sage n'attendra pas qu'Hachem lui envoie de la souffrance. Au contraire, il acceptera sur lui l'inconfort de l'étude de la Torah : l'absence de plaisirs, l'effort constant et le joug de la Torah qui affaiblit l'homme.
L'avantage est que la souffrance elle-même est une mitsva. En outre, elle remplace d'autres formes de souffrance et expie ses péchés.
[rav 'Haïm de Volozhin - Roua'h 'Haïm - Avot 6,6]

[le Pirké Avot, compte le fait d'accepter la souffrance parmi les 48 voies pour acquérir la Torah ]

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-> b'h, voir également : L'étude de la Torah expie les fautes comme les sacrifices : https://todahm.com/2022/04/24/letude-de-la-torah-expie-les-fautes-comme-les-sacrifices

[plus on met d'efforts dans notre étude de la Torah, plus on expie nos fautes, et donc le moins nous aurons besoin de souffrances en réparation des dégâts spirituels de nos fautes (c'est bon la Torah a déjà fait le travail nécessaire! ).]

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-> voir également : Torah & les souffrances pendant 'hevlé machia'h : https://todahm.com/2017/07/11/torah-les-souffrances-pendant-hevle-machiah

Le corps a des vêtements aussi bien que l'âme a des vêtements.
Les vêtements de l'âme s'appellent les midot (traits de caractère).
[Malbim]