Celui qui loue Hachem pour Sa bonté et tout le bien qu'Il fait, à la fois de manière ouverte et cachée, il mérite, grâce à sa louange/remerciement à Hachem, que ses prières soient acceptées.
[séfer Béérot Mayim - Vayigach 44,18]
Catégorie : Gratitude/Reconnaissance
Se rapprocher d’Hachem grâce au fait de le remercier
+ Se rapprocher d'Hachem grâce au fait de le remercier :
"Yéhouda s'approcha de lui et lui dit : "Je t'en prie, mon maître ..." (Vayigach 44,18)
-> Le 'Hidouché haRim explique les mots "Et Yéhouda s'approcha" (vayigach élav Yéhouda) en disant que la raison pour laquelle les juifs sont appelés Yéhoudim est que nous portons le nom de Yéhouda.
La raison pour laquelle nous portons tous son nom est que ce nom symbolise la "hodaa" (la louange, le remerciement).
Cela fait allusion au fait que les juifs louent constamment Hachem pour tout ce qu'Il fait pour nous, qu'il s'agisse de grandes ou de petites choses. Même si les événements semblent mauvais, nous remercions Hachem pour eux, car nous savons que tout ce qu'Il fait est vraiment bon.
Par conséquent, lorsque le verset dit que Yéhouda s'est approché, cela peut être lu comme signifiant que quelqu'un qui a le trait de Yéhouda, c'est-à-dire quelqu'un qui loue (remercie) constamment Hachem, méritera grâce à cela de davantage s'approcher de Lui et d'avoir une relation spéciale avec Hachem.
L’ingratitude de la génération du Déluge
-> Le guémara (Sanhédrin 108a) nous enseigne que les gens de la génération du Déluge s'enorgueillissaient de l'abondance que Hachem leur avait octroyée.
Ils disaient ainsi : nous n'avons besoin de rien, même pas d'une goutte de pluie ! Nous avons des fleuves, des sources qui nous abreuvent!
Hachem dit : ils Me mettent en colère avec l'abondance dont Je les ai pourvus. Je vais les juger par elle, comme il est écrit : "Et Moi, Je vais amener sur la terre le Déluge" (Noa'h 6,17).
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[si l'on veut éviter d'avoir des périodes de déluge dans notre vie (nous poussant au final à nous tourner vers Hachem), il faut autant que possible remercier et avoir de la gratitude envers Hachem (même quand tout va bien, même sur les petites choses routinières de la vie), pour les bontés qu'Il nous octroie en permanence. ]
La force de la prière dissimulée dans nos louanges, remerciements à Hachem
+ La force de la prière dissimulée dans nos louanges, remerciements à Hachem :
-> Le Bné Yissa'har (Kislev 4,134) enseigne que l'on peut prier en louant Hachem.
Par exemple, dans la 2e bénédiction de la Amida, lorsque nous disons "le guérisseur des malades", nous pouvons penser : "Tu (Hachem) guéris les malades, alors s'il te plaît, guéris tel et tel ..."
Cette prière cachée dans la louange monte au ciel sans obstruction.
Alors que les demandes habituelles peuvent être bloquées par des anges qui arguent de notre indignité, personne ne peut empêcher un juif de louer Hachem.
Les louanges s'élèvent, Hachem lit entre les lignes et exauce la demande dissimulée dans la louange.
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[un autre exemple, consiste à remercier Hachem, Lui attribuant notre gratitude et conscience que c'est 100% grâce à Lui, et à ensuite faire une demande. ]
Avoir du bita'hon en Hachem est plus grand que toutes les louanges que l'on peut adresser à Hachem.
[ séfer ha'Ikarim ]
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[ex: d'une certaine façon, en ayant actuellement confiance en Hachem, c'est comme si je témoigne concrètement de mes remerciements pour tout le bien que D. a pu faire pour moi dans le passé, et de mon assurance qu'Il continuera à le faire (tout venant 100% d'Hachem pour mon bien). ]
Raconter les bontés d’Hachem, a le pouvoir d’engendrer d’autres bontés
+ Raconter les bontés d'Hachem, a le pouvoir d'engendrer d'autres bontés :
-> "Du souvenir de Ton abondante bonté, ils parleront (yabiou)" (Téhilim 145,7)
-> Le Sfat Emet (paracha Vayichla'h), cite le rav Elimélé'h de Lizhensk, qui explique :
Le mot "yabiou" peut également signifier "s'écouler". Le verset signifie qu'en parlant de la bonté d'Hachem et des merveilles (petites comme grandes) du passé, on crée une fontaine pour que d'autres merveilles s'écoulent.
On peut comparer cela à une fontaine qui commence par un petit trou, mais qui devient de plus en plus grande au fur et à mesure que l'eau y coule.
De même, plus nous racontons des récits sur les merveilles d'Hachem (qui nous sont arrivés à nous-même, à des tsadikim, à d'autres juifs, ...), plus la fontaine s'agrandira et plus nous bénéficierons de Ses miracles.
Plus nous remercions Hachem, plus nous aurons de nouvelles occasions de Le remercier
+ Plus nous remercions Hachem, plus nous aurons de nouvelles occasions de Le remercier :
-> "Il faut louer Hachem pour chaque bonne chose qu'Il fait pour nous. Même si l'on ne peut jamais Le remercier suffisamment, il ne faut jamais cesser de Le remercier.
Chacun devrait prendre le temps de Le remercier, en particulier à des moments précis où l'on connaît de la réussite, on devrait remercier Hachem et louer Celui qui a fait de grands actes de bonté pour nous et qui nous a aidé de manière spécifique.
Une partie de la bonté d'Hachem réside dans le fait que lorsque nous Le remercions et Le louons pour tout ce qu'Il fait pour nous, Il considère cela comme une mitsva et nous récompense, à tel point qu'Il dit que s'Il accomplit un miracle pour une personne et que cette personne Le loue, sa récompense est qu'Il fera un autre miracle pour elle".
[Pélé Yoetz - Eré'h Hallel ]
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+ Celui qui remercie Hachem méritera son salut :
-> "Celui qui égorge un Korban Toda (offrande de remerciement) M'honore, et je lui préparerai le chemin ; je lui montrerai le salut d'Hachem" (Téhilim 50,23).
-> Le rav Akiva Eiger (paracha Tsav) explique que lorsqu'une personne rend service à son prochain et que celui-ci la remercie, elle s'attire davantage de faveurs. Parce qu'il a remercié son ami, ce dernier voudra lui rendre d'autres services à l'avenir.
Cependant, si l'on ne remercie pas son prochain lorsqu'il nous rend service, notre prochian ne voudra probablement plus nous rendre service à l'avenir.
Le verset dit que lorsqu'une personne apporte un Korban Toda pour remercier Hachem, elle "M'honore", c'est-à-dire qu'elle a le mérite d'honorer Hachem.
De plus, il "prépare le chemin", c'est-à-dire qu'il crée un chemin pour qu'Hachem continue à faire de bonnes choses pour lui et "lui montre le salut d'Hachem".
Plus on apporte de sincères remerciements à Hachem (même sur les petites choses de la vie), on crée plus de salut, de délivrance pour nous-même.
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+ La puissance du Nichmat :
-> Dans la prière (ex: le samedi matin), nous disons le "Nichmat [kol 'haï tévaré'h]", dans laquelle nous louons Hachem et le remercions pour tous les miracles et les merveilles qu'il accomplit pour nous.
En récitant des Nichmat et en Le remerciant, nous sommes en mesure de mériter de recevoir Sa bonté de plus en plus.
Nous avons tous besoin d'être sauvés et aidés de diverses manières. Chacun a ses problèmes personnels qu'il a besoin qu'Hachem résolve. En disant Nichmat, nous pouvons mériter l'aide du Ciel dont nous avons besoin.
La source de cette ségoula est tirée du séfer Kaf ha'Haïm (281:8), où il est dit :
"Nous avons une tradition du rav Yéhouda ha'Hassid selon laquelle la louange de Nichmat est une ségoula pour prévenir toutes les formes de douleur. Une personne devrait accepter que lorsqu'elle est sauvée d'un problème, elle récite Nichmat, en remerciant Hachem par un chant, devant dix personnes. Ce faisant, de nombreuses personnes seront sauvées."
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=> Il en découle que plus nous exprimons [dès qu'on peut] ce que nous avons de biens dans notre vie, plus nous déclarons à Hachem qu'Il nous comble déjà actuellement de beaucoup de bonnes choses, alors par cela on ouvre la voie, on donne de la force à Hachem (ténou ozl'Elokim) afin qu'Il nous comble de pleins de belles nouvelles choses, qui seront autant de nouvelles occasions pour Le remercier.
La grandeur de remercier Hachem même dans nos difficultés
+ La grandeur de remercier Hachem même dans nos difficultés :
"Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h - Vayichla'h 32,13)
-> Le rav Yé'hezkel de Kouzmir explique ce verset en disant que si une personne qui traverse une période difficile se plaint de sa situation et dit qu'elle est mauvaise, Hachem répond : "Tu penses que c'est mauvais? Je vais te montrer quelque chose qui est vraiment mauvais!"
Il lui envoie alors une souffrance encore plus grande.
Tant que la personne continue à se plaindre, Hachem lui enverra une douleur et une souffrance encore plus grandes.
En revanche, si la personne renforce sa émouna et accepte que tout ce qu'Hachem lui envoie est pour son bien et est en fait bon, Hachem répond en disant : "Tu penses que c'est bon? Je vais te montrer quelque chose d'encore mieux!"
Il couvrira alors la personne de bonté et de compassion.
Plus l'individu loue Hachem et le remercie pour la bonté, plus Il enverra de bonté.
En conséquence, le verset dit que lorsqu'une personne dit "étev" = si elle dit que ce qu'Hachem lui a donné est bon, alors Hachem dit "étiv ima'h" = Je ferai encore plus de bien pour toi.
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-> Lorsque nous prions Hachem et que nous Lui exprimons notre reconnaissance, nous ouvrons les portes pour recevoir Sa bonté, cela aide à l'acceptation de nos prières
Le Baal haTourim (Vaét'hanan) voit une allusion à ce concept dans le verset : "Vaét'hanan el Hachem ba'ét hahi" (et il pria à Hachem à ce moment-là - Vaét'hanan 3,23).
Le mot "Vaét'hanan" a la même guématria que le mot "shira" (un chant). Cela indique que Moché a chanté une 'shira' à Hachem, Le louant, afin que ses prières soient acceptés.
-> Le Beit Aharon de Karlin (dans son séfer sur Pessa'h) utilise cette idée pour expliquer le midrach (Yalkout - remez 233) qui dit qu'après qu'Hachem ait demandé à Moché pourquoi il criait vers lui (Béchala'h 14,15), Moshé a répondu, "Que devrais-je faire d'autre?". Hachem lui dit alors : "Tu dois chanter pour Moi et louer Celui qui est royal!".
Cela signifie que lorsqu'une personne a besoin de quelque chose de la part d'Hachem, comme une réfoua (guérison) ou un succès dans les affaires, il est naturel pour elle de réciter des Téhilim. Pendant que l'on récite les Téhilim, on a à l'esprit de demander à Hachem ce dont on a besoin.
Cependant, le roi David dit : "C'est par la louange que j'appelle Hachem et je serai sauvé de mes ennemis" (Téhilim 18,4).
Le Ibn Ezra explique que lorsqu'il a eu besoin de l'aide d'Hachem pour être sauvé de ses ennemis, il ne Lui a rien demandé. Il a simplement loué Hachem et s'est connecté à Lui, et de cette façon, il a été sauvé de ses ennemis sans même l'avoir demandé.
C'est pourquoi Hachem a dit à Moché de ne rien Lui demander. Il lui dit plutôt de simplement chanter pour Lui et de Le louer. De cette façon, il se connectera à Lui et recevra tout ce dont il a besoin.
=> C'est le meilleur conseil que l'on puisse donner à une personne qui a besoin d'une délivrance à un problème. Elle ne doit pas penser à elle-même et se concentrer uniquement sur la prière pour obtenir ce dont elle a besoin. Elle doit plutôt imiter le roi David et se concentrer sur la louange et le remerciement à Hachem. Après avoir créé cette connexion, sa délivrance (yéchoua) arrivera.
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+ Remercier Hachem conduit à des miracles supplémentaires :
-> Louer et remercier Hachem n'accordera pas seulement à la personne la yéchoua dont elle a besoin, cela lui permettra également de recevoir d'autres bénédictions et de connaître le succès à l'avenir.
Le 'Hida (séfer Yossef Téhilot) explique le verset : "Chantez à Hachem, bénissez Son nom, annoncez Son salut jour après jour" (Téhilim 96,2), en disant que lorsque l'on chante à Hachem et que l'on bénit Son nom pour les miracles qu'Il a accomplis pour nous, on est assuré de pouvoir "annoncer Son salut", car il recevra des miracles supplémentaires qui seront un motif de louange à Hachem dans le futur.
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+ Hachem nous aide à Le louer :
-> Le siddour haChlah explique le pasouk de Tehillim qui dit "ouvre grand ta bouche et Il la remplira" (Téhilim 81,11) comme signifiant que l'on devrait ouvrir sa bouche et dire de nombreuses louanges à Hachem. Il ne faut pas penser que l'on n'est pas digne de le faire ou que l'on ne sait pas comment le faire correctement, car Hachem promet qu'Il "remplira nos bouches" avec les mots appropriés à prononcer.
Hachem nous aidera à Le louer. Il nous enseignera comment le glorifier correctement.
Lorsque l'on fait l'effort de prier pour Hachem, Il nous donne les mots pour Le louer correctement, comme le disent nos Sages (guémara Yoma 38b) : "Lorsque quelqu'un vient se purifier, il reçoit l'aide Divine".
L'un des traits positifs d'une personne est de se réjouir de sa part (ce que lui accorde Hachem).
Celui qui a atteint ce niveau, et dont le désir est satisfait même avec le peu qu'il a, méritera qu'Hachem fasse encore davantage preuve de bonté à son égard.
C'est le sens du verset "Naftali shéva ratson" (Naftali s'est réjoui de sa part - Vézot haBéra'ha 33,23), [la suite du verset affirme] il a donc été béni pour être "malé birkat Hachem" (comblé des bénédictions d'Hachem).
[Alchikh haKadoch - Vézot haBéra'ha 33,23]
La gratitude (selon rav Sacks)
+ La gratitude (par le rav Jonathan Sacks) :
-> Je me souviens de la mort de mon père et du fait que nous, ma mère, mes frères et moi, faisions shiva. À maintes reprises, des gens venaient nous raconter les gentillesses qu'il avait eues pour eux, dans certains cas plus de 50 ans auparavant.
De nombreuses personnes qui ont fait shiva ont vécu des expériences similaires. Je me suis dit que c'était émouvant et, en même temps, que c'était triste que mon père ne soit pas là pour entendre ces mots. Quel réconfort cela lui aurait apporté de savoir qu'en dépit des nombreuses épreuves qu'il a traversées, le bien qu'il a fait n'a pas été oublié.
Il est tragique que nous gardions si souvent notre sentiment de gratitude pour nous-mêmes, ne l'exprimant à haute voix que lorsque la personne envers laquelle nous nous sentons redevables a quitté cette vie et que nous réconfortons les personnes en deuil.
Mais telle est la condition humaine. Nous ne savons jamais tout ce que nous avons donné aux autres, combien le mot gentil, l'acte attentionné, le geste réconfortant changent des vies et ne sont jamais oubliés.
[Covenant and Conversation: Numbers p.138]
-> Chaque jour, nous commençons nos prières matinales par une litanie de remerciements, car nous sommes ici, avec un monde dans lequel nous vivons, une famille et des amis que nous aimons et dont nous sommes aimés, sur le point de commencer une journée pleine de possibilités, dans laquelle, par des actes de bonté aimante, nous permettons à la présence Divine de s'écouler à travers nous dans la vie des autres."
[Studies in Spirituality p.259]
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-> Le judaïsme, c'est la gratitude dans l'attitude.
[Studies in Spirituality p.88]
-> Le judaïsme est une discipline soutenue qui consiste à ne pas tenir la vie pour acquise.
[Covenant and Conversation: Genesis p.119]
-> La prière juive est un séminaire permanent sur la gratitude.
[Essays on Ethics p.289]
-> Une partie de l'essence de la gratitude est qu'elle reconnaît que nous ne sommes pas les seuls auteurs de ce qui est bon dans notre vie.
[Essays on Ethics p.290]
-> Lorsque les juifs avaient peu de raisons de remercier Hachem, ils Le remerciaient, Le priaient et venaient à la synagogue et à la maison d'étude pour écouter et tenir compte de Sa parole. Lorsqu'ils avaient toutes les raisons de le remercier, beaucoup tournaient le dos à la synagogue et à la maison d'étude.
[Covenant and Conversation: Deuteronomy p.127]