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Se perfectionner soi-même impacte tout le klal Israël

+ Se perfectionner soi-même impacte tout le klal Israël :

-> Celui qui veut réparer le général [le peuple juif] doit d'abord réparer le particulier [sa propre personne].
En se réparant soi-même, et en transformant sa propre substance, les autres [juifs] s'éveilleront naturellement à la repentance (téchouva), car ils sont inclus en nous.
Ensuite, on pourra facilement réparer notre génération et la transformer positivement.

C'est pourquoi la guémara (Arakhin 17a) dit : "Je serais surpris qu'il y ait quelqu'un dans cette génération qui puisse accepter la réprimande". En d'autres termes, si un orateur réprimande son auditoire et ne s'inclut pas lui-même dans ses paroles, il ne fera aucune impression sur lui.
[Toldot Yaakov Yossef - p.100a ]

Comment réprimander autrui (selon le rav de Berditchev)

+ Comment réprimander autrui (selon le rav de Berditchev) :

-> Il y a 2 façons d'inciter le peuple juif à accomplir la volonté d'Hachem.
La première consiste à parler de manière positive, en parlant à chaque juif de ses grandes qualités et de l'endroit où son âme a été taillée à l'origine. En vérité, chaque âme juive est taillée en-Haut, depuis le Trône de Gloire d'Hachem (une âme juive provient de l'intériorité de D., tandis qu'une non-juive provient de Son extériorité).
L'incitateur explique la grande satisfaction que D. reçoit, pour ainsi dire, grâce à l'observance des mitsvot par chaque juif.
Il explique la grande joie que tous les mondes éprouvent lorsqu'un juif réalise les mitsvot d'Hachem.
Par cette "réprimande", il incite le peuple juif à accomplir la volonté de D., en acceptant le joug céleste.

La deuxième façon d'admonester le peuple juif consiste à utiliser des termes durs et humiliants, jusqu'à ce qu'il se sente obligé d'accomplir la volonté de D.

La différence entre ces 2 approches est que lorsqu'une personne réprimande de manière positive, l'âme du juif s'élève de plus en plus.
La personne qui réprimande rappelle constamment la droiture et la grandeur du peuple juif, ainsi que l'influence considérable qu'il exerce sur le monde.
Une personne qui réprimande de cette manière est digne d'être un dirigeant juif. En revanche, celui qui réprimande le peuple juif avec des mots durs n'est pas de la même trempe.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 'Houkat 20,8-12 ]

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=> Il est plus efficace de réprimander les fauteurs en soulignant leur caractère et leur valeur exceptionnels, qu'en les fustigeant.

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-> Il est à noter que dans ce même dvar Torah, le rabbi de Berditchev ajoute :
"Lorsque l'on motive le peuple juif de manière positive, en louant toujours sa grandeur et sa droiture, toute la création voudra, d'elle-même, s'adapter au peuple juif, afin de réaliser l'objectif pour lequel elle a été créée "pour l'amour d'Israël".
Cependant, lorsque l'on ne raconte pas et ne promeut pas la droiture du peuple juif, chaque entité créée doit être forcée de remplir le but pour lequel elle a été créée, c'est-à-dire d'accomplir la volonté du peuple juif."

Il développement cela magnifiquement dans l'épisode où Moché frappe le rocher dans le désert : https://todahm.com/2023/08/20/lepisode-du-rocher

Réprimander avec amour

+ Réprimander avec amour :

-> La guémara (Yoma 54b) écrit que lorsque les non-juifs sont entrés dans le Temple pour le détruire, ils ont vu les kérouvim (chérubins) s'enlacer.

Le Ritva note que les Bné Israël n'accomplissaient certainement pas la volonté d'Hachem à ce moment-là, alors pourquoi les kérouvim ne s'étaient-ils pas détournés les uns des autres?

-> Le Ri Migach (cité dans Shita Mékoubétsét Baba Batra 99a) répond qu'Hachem voulait offrir aux non-juifs un aperçu de Son amour pour le peuple juif, même avant la destruction.
[Peu importe ce que nous pouvons faire, Hachem a un amour inconditionnel, une proximité particulière, avec chaque juif! ]

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar 5731:26) adopte une approche différente.
La punition et la réprimande ne sont efficaces que si elles découlent d'un amour intense pour la personne qui les reçoit. Dans le cas contraire, la réprimande est impure et vouée à l'échec.
Ainsi, lorsque Hachem a puni les Bné Israël par la destruction du Temple (malgré de la patience et des avertissements préalables), les kérouvim étaient enlacés, démontrant l'amour absolu avec lequel Hachem nous réprimande.

=> Ainsi, même lorsqu'autrui, et à plus forte raison nos proches (enfants, conjoint) ... pousse notre patience à bout, avant toute réaction nous devons d'abord nous assurer que cela repose sur un amour intense, et non pas sur une blessure de notre orgueil, une vengeance de notre égo (ex: je vais avoir le dernier mot, tu vas voir de quel bois je me chauffe, tu sais qui JE suis, ...).

Il ne faut pas faire honte à ce qui existe, car tout a été formé avec la sagesse divine.
Ainsi, on ne doit pas déraciner une plante sans but, ni tuer une créature vivante sans raison.
[Ramak - Tomer Devorah chap.3]

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-> Il faut respecter toutes les créatures, car on peut discerner en elles la marque du Créateur "qui a formé l'homme avec sagesse", toutes les créations contiennent en elles la sagesse de leur Créateur.
On doit les observer et constater qu'elles sont extrêmement dignes d'éloges.
S'il devait, à D. ne plaise, les critiquer, il insulterait l'honneur de leur Créateur. On peut comparer cela à un orfèvre qui façonne un récipient avec une grande sagesse et qui montre son travail à certaines personnes. Si l'une d'entre elles se mettait à insulter et à critiquer le vase, le sage se mettrait en colère, car elle insulterait sa sagesse en insultant son travail.
De la même manière, c'est un mal aux yeux d'Hachem lorsque nous faisons honte à Ses créations.
[Ramak - Tomer Devorah - chap.2]

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-> La guémara (Taanit 20a) raconte que lorsque Rabbi El'azar ben Rabbi Shimon a réprimandé un homme extrêmement laid (qui, en fait, était Eliyahou haNavi déguisé - Rachi & Tossafot), l'homme a répondu : "Pourquoi ne vas-tu pas voir l'artisan qui m'a fait et ne lui dis-tu pas à quel point sa création est laide?"
Commentant cet incident, le Maharcha écrit que Eliyahou haNavi a réprimandé Rabbi El'azar parce qu'il est interdit de souligner un défaut dans n'importe quelle partie de la création.

-> "Les yeux d'Hachem sont sur les tsadikim" (éné Hachem él tsadikim - Téhilim 34,16)

Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 98) explique que les tsadikim abordent le monde avec des "yeux Divins" = ils abordent toute la création d'une manière totalement différente de celle des autres. Ils sont capables de vivre avec la prise de conscience constante que chaque être humain, chaque animal, et même chaque insecte, regorge de la sagesse d'Hachem.

-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi - Toldot) écrit :
"Les tsadikim ne désirent la destruction d'aucune création, car ils voient la sagesse de leur Créateur en elle."

=> Les tsadikim cherchent à trouver la sagesse divine dans chaque création et ne souhaitent donc que le succès et la bénédiction de tout ce qui existe.
Si nous gardons cette idée à l'esprit, nous serons en mesure de trouver Hachem en toute chose et de réaliser la divinité dont nous sommes complètement entourés.

Réprimander autrui

+ Réprimander autrui :

-> Le rav de Klausenbourg recommandait, avant de réprimander quelqu'un, d'adresser une prière à Hachem de dire : "Je suis sur le point de faire quelque chose pour Ton honneur. Aide-moi à faire en sorte que mes paroles aboutissent à quelque chose de bénéfique et de durable."

-> Avant de réprimander quelqu'un, le rav 'Haïm de Palagi lui insufflait la compassion et la chaleur qui le caractérisaient. Une fois que la personne avait été réchauffée par ses mots, il la réprimandait rapidement et avec douceur.

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - 'Houkat) écrit :
L'idéal est de corriger les autres avec des mots agréables.
Vous pouvez expliquer à chaque juif à quel point il est important et à quel point son âme est élevée, puisque toutes les âmes juives sont taillées dans un endroit plus élevé que le Trône de Gloire.
Vous pouvez leur parler de l'immense plaisir qu'Hachem éprouve à l'égard des mitsvot observées par chaque juif et de la joie illimitée qui existe dans tout le monde spirituel lorsqu'un seul juif observe les mitsvot d'Hachem.

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-> Une personne est comme un diamant recouvert de poussière. Pour nettoyer la poussière, il ne faut pas utiliser une brosse dure, qui pourrait créer de petites rayures (critique sévère). Il faut plutôt essuyer la poussière de la pierre avec une brosse très douce (doux encouragement). Le diamant brillera alors plus intensément de jour en jour.
[rav 'Haïm Friedlander]

[lorsqu'une personne réprimande quelqu'un avec compassion, montrant ainsi qu'elle se préoccupe de l'âme de son frère, elle fait plaisir à Hachem.]

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-> Ouvrez votre cœur et montrez votre angoisse à la personne que vous tentez de réprimander. Lorsqu'une personne fait une réprimande sensible, celle qui réprimande et celle qui reçoit la réprimande sont toutes deux bénies.
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.3]

La mitsva de la réprimande

+ La mitsva de la réprimande (to'hakha) :

-> "Tu dois sûrement réprimander ton prochain (litt. réprimandez, vous devez réprimander - hokhéa'h tokhia'h), et tu ne dois pas supporter le péché à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Selon la guémara (Arachin 16b) :
D'où savons-nous que celui qui voit son prochain faire quelque chose de déshonorant est tenu de le réprimander?
C'est ce qui est écrit : "Réprimandez, vous devez réprimander." Si on l'a réprimandé et qu'il n'a pas écouté, on en déduit qu'il faut retourner le réprimander à nouveau.

-> Le Rambam (Sefer haMitsvot - commandement positif n°205) écrit :
Il nous a ordonné de réprimander un pécheur ou celui qui voudra pécher, et de l'arrêter verbalement.
[...]
Il ne nous est pas permis de dire : "Je ne pécherai pas ; et si quelqu'un d'autre pèche, c'est entre lui et Hachem". Cette [attitude] est contraire à la Torah.
Au contraire, il nous est commandé de ne pas transgresser, ni de permettre à un autre juif de transgresser.
Si une personne se prépare à transgresser, chaque individu est tenu de l'avertir et de l'empêcher de transgresser.

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - chaar I,50) enseigne :
Il est écrit : "Tu dois sûrement réprimander ton prochain et tu ne dois pas supporter le péché à cause de lui". Nous voyons que celui qui ne le réprimande pas sera puni à cause de ses péchés.

-> Selon le Chla haKadoch (Vavé Ha'amoudim - chap.27) :
La réprimande est un commandement positif, comme il est écrit : "Tu dois sûrement réprimander ton prochain." Il s'agit d'une mitzvah extrêmement importante (raba bim'od).

-> Selon le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h 'Haim - Pirké Avot 2,1) :
Tout le monde pense que la mitsva de la réprimande (to'hakha) n'a été commandée qu'aux orateurs et aux rabbins. La vérité est que [cette attitude] est corrompue, puisque cette mitsva [incombe] à chaque juif. Même une personne simple qui observe un mauvais trait de caractère chez son ami doit le réprimander.

-> Le Pélé Yoets (394) écrit :
Faire des reproches est l'un des 248 commandements positifs, comme il est écrit (Vayikra 19:17) : "Tu réprimanderas ton prochain et tu ne dois pas supporter le péché à cause de lui"
Chaque juif est tenu de respecter cette mitsva.
Ce n'est pas comme le pensent de nombreux ignorants que cette mitsva n'a été donnée qu'aux érudits de la communauté. Au contraire, chaque personne juive est tenue de réprimander son collègue lorsqu'elle le voit pécher ou négliger une mitsva.
Cette obligation pèse davantage sur les gens ordinaires, car leurs paroles peuvent avoir un impact plus important que celles de l'érudit. Lorsque l'érudit corrige les gens, ils peuvent répondre : "Personne d'autre ne peut se montrer à la hauteur de cet érudit vertueux ..."
De plus, le savant n'est généralement pas à proximité des masses pour observer leurs actions. Ce n'est pas le cas de ceux qui font partie des cercles sociaux d'une personne. Lorsqu'un collègue fait un reproche, il doit dire : "Mon frère, ne fais pas le mal. J'ai aussi [très] envie de faire ce que tu fais, mais j'ai peur de pécher et de subir le jugement d'Hachem. Pourquoi ne pas nous préoccuper de l'honneur de notre Créateur ... et de notre propre destruction?"
Quand on s'exprime avec des mots comme ceux-là, ils ont un impact.

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-> La guémara (Shabbath 119b) nous rapporte :
Jérusalem n'a été détruite que parce que [les habitants] ne se sont pas réprimandés les uns les autres.

-> Le Noa'h Weinberg fait remarquer :
Une réprimande révèle l'expression de la réalité qui nous regarde droit dans les yeux.

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-> Il est écrit dans la guémara (Arachine 16b) :
Rabbi Tarfon a dit : "Je serais étonné qu'il y ait quelqu'un dans cette génération qui accepte les réprimandes, car si on lui dit : "Enlève le grain d'entre tes yeux", il répondra : "Enlève la poutre d'entre tes yeux"!"
Rabbi Elazar ben Azaria a dit : "Je serais stupéfait qu'il y ait quelqu'un dans cette génération qui sache délivrer une réprimande !".

-> Le 'Hazon Ich (Yoré Déa 2:28) enseigne :
[Le Chafetz Chaim] a écrit à la fin du Séfer Ahavat 'Hessed au nom du rav Molin qu'il existe une mitsva d'aimer les réchaïm pour cette raison [qu'ils sont considérés comme irréprochables].
Il cite la réponse du Maharam Lublin selon lequel pour nous [dans le monde d'aujourd'hui, quelqu'un qui a fauté, même s'il a été réprimandé, doit être considéré] comme s'il n'avait pas encore reçu de réprimande, car nous ne savons pas comment réprimander et nous considérons donc [ceux qui ont pu fauter] comme s'ils étaient irréprochables.

-> Il est écrit dans Michlé (10,20) :
La langue du juste est de l'argent de choix ; le cœur du racha vaut peu.

-> Le Gaon de Vilna (sur Michlé 10,20) commente :
Je serais étonné qu'il y ait quelqu'un dans cette génération qui sache faire une réprimande, car [un fauteur] n'écoutera pas si quelqu'un le châtie durement et le dénigre en disant : "Comment as-tu pu faire cela..." et le dénigre ainsi.
En revanche, le juste qui sait réprimander vient avec des mots positifs et attire les gens vers la Torah lorsqu'ils l'écoutent, car tout le monde attend avec impatience [d'entendre parler d'éthique et de Torah de sa part] comme Aharon qui aimait la paix et la recherchait et les rapprochait de la Torah.
C'est [ce que le verset veut dire lorsqu'il compare la langue des justes à] de l'argent de choix. Tout comme tout le monde court après l'argent de qualité, tout le monde court après la langue réprobatrice du juste, car tout le monde accepte [la réprobation] de sa part et il est agréable aux gens.

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,8) écrit :
Au début, une personne qui fait des reproches à son prochain ne doit pas lui parler durement jusqu'à ce qu'il en soit gêné ... C'est ce que nos Sages ont dit : "Devrais-tu le réprimander au point que son visage change de couleur?" La Torah dit : "Tu ne dois pas supporter un péché à cause de lui" = de cela, nous apprenons qu'il est interdit à une personne d'embarrasser un [autre] juif.

[d'une certaine façon de même que la mitsva de l'étrog faite sur un étrog volé n'a pas de valeur (mitsva faite sur le dos d'une avéra), de même lorsqu'on fait la mitsva de réprimander en faisant du mal intérieur à autrui, cela n'a pas plus vraiment de valeur.
Ainsi, à l'image d'une opération où l'on va prendre de grandes précautions pour ne pas faire mal à une personne, de même nous devons être très délicat, lui dire des paroles d'appréciation, d'encouragement, attendre le bon moment, pas devant tout le monde, ... pendant qu'on l'opère (notre réprimande).
Si autrui est à la moindre blessure à son amour-propre, alors l'opération aura ratée. ]

-> Le Or'hot Tsadikim (chaar aava) enseigne :
Il y a beaucoup à gagner à s'engager auprès des autres avec affection et amitié. Il y a un bénéfice pour ce monde et un bénéfice pour le monde à Venir ...
Le bénéfice pour le monde à Venir est que lorsqu'une personne est aimée de tous, elle acceptera ce qu'elle a à dire et elle aura la capacité de la réprimander pour qu'elle s'amende.

-> Selon le Tiféret Israël (sur Pirké Avot 1,12) :
lorsque vous réprimandez les gens, veillez à protéger leur amour-propre. Il ne doit pas être prononcé avec colère mais avec douceur et encouragement, comme un père qui est miséricordieux avec son fils.
C'est le seul moyen de rapprocher les gens de la Torah, car une personne n'acceptera pas les conseils de quelqu'un qui la déteste. Il n'écoutera qu'une personne [dont il sent] qu'elle l'aime et se soucie de lui.

-> Selon le rav 'Haïm de Volozhin (Kéter Roch 143) :
La réprimande ne doit pas être prononcée avec dureté, car les mots durs ne sont pas pris en compte.
Elle doit plutôt être exprimée avec douceur. Si une personne est totalement incapable de parler doucement, elle est dispensée de donner une réprimande

-> Le rav El'hanan Grunberger commente :
L'objectif de la réprimande est d'aider les juifs à améliorer leur vie en corrigeant leurs erreurs et en les rapprochant de la Torah et des mitsvot. Puisqu'il existe différentes manières d'y parvenir, il faut évaluer si délivrer la réprimande est, en fait, la manière la plus efficace d'atteindre le résultat souhaité.
Si une personne n'est pas en mesure de remplir les conditions pour délivrer la réprimande, un sourire chaleureux, une conversation agréable ou une invitation pour le Shabbat peuvent également permettre d'atteindre le but ultime du kirouv.
[parfois en faisant une remarque indirecte (ex: je viens d'apprendre qu'il faut mieux ...), en montrant l'exemple, ... peuvent permettre d'éviter de blesser l'autre. ]

-> Il est écrit dans les Chéélot ou Téchouvot du Avné Nézer (Yoré Déa - 127) :
S'il est évident que [le celui qui a fauté] ne tiendra pas compte [de la réprimande] et qu'il transgressera de toute façon, alors il n'y a pas de concept de responsabilité entre juifs. Il est donc interdit de le réprimander car cela ne fera qu'augmenter sa responsabilité en matière de punition.
[avant il fautait sans le savoir, maintenant il faute en sachant que c'est interdit, ce qui est plus grave. Ainsi, il faut mieux ne rien dire si on sait qu'il ne va pas changer. Plutôt prions Hachem pour cela, et laissons la porte ouverte au cas où il soit un jour davantage réceptif. ]

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-> Selon le midrach (Béréchit rabba 54,3) :
Rabbi Yossi bar 'Hanina a déclaré : "La réprimande mène à l'amour, comme il est dit : 'Réprimande le sage et il t'aimera' (Michlé 98)".
C'est l'approche de Rabbi Yossi bar 'Hanina qui a déclaré : "Tout amour qui n'est pas accompagné de réprimande n'est pas vraiment de l'amour."
Reich Lakich a dit : "La réprimande mène à la paix ... toute paix qui n'est pas accompagnée de réprimande n'est pas la paix."

Le rav El'azar Grunberger explique : Pourquoi selon Rabbi Yossi bar 'Hanina, l'amour dépend-il de la composante de la réprimande? L'explication doit être que le véritable amour que l'on porte à autrui exige de toujours veiller à son bien-être et à son amélioration, ce qui conduirait inévitablement à une réprimande constructive, augmentant ainsi l'amour entre eux.
[on doit faire attention à ce que notre réprimande soit 100% pour le bien d'autrui, et non pas motivé par une envie de supériorité (inconsciemment on peut penser : lui n'agit pas bien, donc moi je suis quelqu'un de bien (car mieux que lui), et en plus je fais des réprimandes! L'être humain aime bien abaisser l'autre, pour mieux se sentir plus relevé. Cela est plus simple que de faire les efforts pour s'améliorer soi-même, et surtout on n'a pas tous les mêmes domaines sur lesquels on doit travailler son caractère. ]

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,7) écrit :
Lorsque quelqu'un fait des reproches à son prochain, que ce soit à cause d'un [tort commis] contre lui ou à cause d'une affaire entre son prochain et D., il doit le réprimander en privé. Il doit lui parler avec patience et douceur, en l'informant qu'il ne fait ces déclarations que pour le bien-être de son collègue, pour lui permettre de mériter la vie du monde à venir.

-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Vayétsé 29,11) enseigne :
Celui qui fait une réprimande doit aimer celui qui a fauté au moment où il le réprouve.
Nous ne pouvons pas réprimander un pécheur lorsque cela l'humilie ... il ne s'agit pas seulement d'une violation de l'embarras des autres, mais une telle réprimande ne constitue même pas un accomplissement de la mitsva de réprimande, puisqu'elle n'a pas été prononcée par amour.
[ainsi la mitsva de réprimande doit être basée sur l'amour, l'attention et la considération pour la personne à laquelle on s'adresse, sinon elle n'en est pas (voir ça peut être une avéra de blesser autrui). ]

-> Selon le 'Hazon Ich (Yoré Déa 2:16)
Dans la situation actuelle (où notre génération à beaucoup baissée spirituellement par rapport aux précédentes), nous sommes obligés de ramener [les non-observants] à la lumière [de la judaïcité] avec des "liens d'amour" au mieux de nos capacités [ce qui est le moyen approprié de réparer le monde à notre époque].

[ainsi, à notre génération à la différence de par le passé, il faut approcher les réprimandes avec beaucoup d'amour, plutôt qu'une remontrance sévère.]

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-> b'h, également sur le sujet de la réprimande : https://todahm.com/2021/09/10/la-reprimande

Hachem punit quiconque médit des juifs.
[Méam Loez - Dévarim 1,1]

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-> La Torah souligne que quiconque invoque une malédiction sur le peuple juif se maudit lui-même.
[Méam Loez - Balak 23,7]

-> En créant le monde, Hachem n'a pas pris en compte les nations du monde, c'est-à-dire qu'il n'a pas créé le monde pour elles. Au contraire, le monde a été créé uniquement pour le peuple juif.
Par conséquent, comment est-il possible de maudire une telle nation, pour laquelle le monde entier a été créé?
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Balak 23,9 ]

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+ b'h, voici 4 exemples d'illustres personnes :

-> 1°/ [Peu avant sa mort, au début de la paracha Dévarim, Moché a réprimandé le peuple juif.]
Moché craignait de les réprimander car il se dit : "Lorsque j'ai voulu faire jaillir de l'eau du rocher, je les ai réprimandés en disant : Ecoutez, rebelles! (Bamidbar 20,10). Hachem a été mécontent de moi et a décrété que je n'entrerai pas en terre d'Israël".
En effet, [il existe une règle dans ce monde : ] Hachem punit quiconque médit des juifs. [cela est valable même pour Moché!]

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-> 2°/ Yéchayahou a été puni d'avoir dénigrés les juifs en les qualifiant de "peuple aux lèvres impures" (Yéchayahou 6,5). Le prophète déplorait que les juifs aient souillé leur bouche par leurs paroles.
Yéchayahou avait vu par prophétie D. assis, pour ainsi dire, sur un trône haut et élevé et des anges se tenant de bout devant Lui Le louaient en disant la kédoucha (Yéchayahou 6,2).
Le prophète dit "Malheur à moi! Je vais mourir car je suis un homme aux lèvres impures et je me trouve parmi un peuple aux lèvres impures. C'est comme si j'avais vu D. dans un lieu impur!"
Yéchayahou a été puni d'avoir médit des juifs et de les avoir appelé un peuple aux lèvres impures.
[il est rapporté que pour éviter que le roi Ménaché soit coupable de meurtre en voulant le tuant, Yéchayahou a prononcé l'un des Noms de D. et fut englouti par un cèdre.
Ménaché a ordonné qu'on apporte le cèdre et ses hommes se sont mis à le raboter. Lorsque le rabot a atteint sa bouche, le prophète Yéchayahou a rendu l'âme.
Hachem dit : "Que la bouche qui a médit des juifs soit retranchée".]

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-> 3°/ Pour la même raison, Hachem a retiré le don de prophétie à Eliyahou.
D. était apparu au prophète Eliyahou lorsqu'il fuyait Izével. En effet, la femme du roi A'hav cherchait à tuer Eliyahou car il avait assassiné les prophètes du Baal. Alors qu'il se trouvait dans une grotte du désert, D. l'a appelé : "Que fais-tu là, Eliyahou" (Méla'him I 19,9).

Hachem savait bien que le prophète fuyait Izével. Eilyahou aurait donc dû répondre : "Tes enfants, les descendants d'Avraham, Its'hak et Yaakov ont fait Ta volonté dans le monde".
Cependant, il a dit : "J'ai été zélé pour Hachem, D. des Armées célestes, car les juifs ont abandonné Ton alliance. Ils ont abattu Ton autel et tué Tes prophètes par l'épée. Je suis resté seul et ils cherchent à prendre ma vie (Méla'him I 19,10).

Hachem dit à Eliyahou : "Lorsque Je suis descendu sur le mont Sinaï pour donner la Torah à Israël, des myriades d'anges qui M'ont accompagné cherchaient à obtenir le bien pour Israël. Et toi, pourquoi as-tu parlé d'Israël de cette façon?"

Hachem a attendu 3 heures puis a réapparu à Eliyahou et a demandé : "Que fais-tu là, Eliyahou?".
Il a répondu : "J'ai été zélé pour Hachem, D. des Armées célestes car les juifs ont abandonné Ton alliance".

Hachem lui a dit :
"Tu as calomnié les juifs, ainsi Je ne veux pas que tu prophétises pour Mes enfants. Je désignerai Elicha fils de Chéfat, comme prophète à ta place.
Puisque tu as diffamé Mes enfants et dit qu'ils on abandonné Mon alliance, tu devras être présent chaque fois que Mes enfants maintiendront l'alliance en circoncisant leurs nouveaux-nés. Que la bouche qui a dit : 'Ils ont abandonné Ton alliance' témoigne que Mes enfants accomplissent la circoncision avec joie!"

Lors d'une circoncision, D. convoque toutes les Armées d'en Haut et leur dit : "Voyez quels enfants J'ai créé dans le monde! Ils accomplissent le commandement de la circoncision avec tant de joie".
A ce moment-là, Eliyahou vole depuis les cieux et arrive à la cérémonie. On a donc coutume de préparer une chaise en l'honneur de Eliyahou haNavi venu assister à la circoncision.

On doit annoncer : "Voici la chaise du prophète Eliyahou!" (zé kissé chel Eliyahou haNavi). Si on ne dit pas cette phrase, Eliyahou ne vient pas.
Après la circoncision, il retourne en Haut et témoigne devant D. qu'Israël observe ce commandement.

De même, chaque samedi soir, Eliyahou s'assoit sous l'arbre de la Vie au Gan Eden et inscrit toutes les bonnes actions que les juifs ont accomplies pendant toute la semaine.

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-> 4°/ Le midrach raconte que rabbi Abahou et rabbi Chimon ben Lakich allaient entrer dans une ville.
Rabbi Abahou dit à rabbi Chimon ben Lakich : "Pourquoi veux-tu entrer dans cette ville? Tous ses habitants sont méchants et arrogants".
Rabbi Chimon ben Lakich descendit de son âne, prit du sable, l'introduisit dans la bouche de rabbi Abahou et le réprimanda : "D. n'aime pas celui qui médit de Ses enfant! Les juifs ressemblent à un homme qui voyage à travers les montagnes et attrape un fort coup de soleil. En rentrant chez lui, il applique toutes sortes d'huiles sur son visage et retrouve sa couleur.
Même si les juifs fautes, lorsqu'ils se repentent, ils redeviennent blancs et sont débarrassés de leurs fautes. Hachem se rapproche d'eux à nouveau".

=> ainsi Hachem s'irrite lorsque l'on médit de tout le peuple, mais il est également contrarié si l'honneur d'un seul juif est bafoué.
On s'habituera donc à toujours dire du bien des juifs et Hachem nous récompensera en nous élevant.

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+ Si une personne se maudit, un groupe d'anges destructeurs appelés "oreré yom" (ceux qui maudissent de jour) prennent cette malédiction et la font se réaliser comme si la personne s'était elle-même causé du mal.
Outre le mal qu'elle s'inflige à elle-même, elle cause du tort au monde entier car sa malédiction peut toucher d'autres personnes.
[...]
On devra veiller à ne pas maudire son épouse. Cela revient à se maudire soi-même car elle est comme sa propre personne.

"Garde ta langue du mal" (Téhilim 34,14) ...
Ce verset interdit de maudire qui que ce soit. Si quelqu'un nous a fait du mal, il faut prier D. de le faire changer d'attitude et de l'amener à bien agir.
Quand un homme maudit son prochain, en Haut on ouvre ses livres de comptes et on les examine pour voir s'il mérite que sa malédiction soit acceptée et que son prochain soit puni.
Si, après examen, on découvre qu'il ne le mérite pas, la malédiction est retournée contre celui qui l'a proférée. Au lieu d'être dirigé contre son prochain, elle atteint celui qui l'a prononcée ainsi que ses enfants.
Ainsi ne faut-il jamais prononcer de malédiction.

Rabbi Tarfone disait souvent : "Que je perde mes fils si ce n'est pas comme je le dis!"
Plus tard, rabbi Yéhouda haNassi a fait des recherches et a découvert qu'aucun des fils de rabbi Tarfone n'avait survécu. Seule une fille était restée en vie.
Voilà la conséquence de ses paroles bien que rabbi Tarfone eût toujours dit la vérité.
Il n'est donc pas bon de jurer sur la vie de ses enfants, même pour dire la vérité, car nos enfants sont une partie de notre âme. Le roi Salomon disait : "Quiconque garde sa bouche et sa langue garde son âme des malheurs" (Michlé 21,23).
Garder sa bouche des serments, c'est protéger son âme. La Torah nous recommande : "Sois vigilant et prends bien garde à ton âme".
[Méam Loez - Vaét'hanan 4,9]

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-> Ne calomnie pas ton peuple. Ne médis pas de lui.
[Baal Chem Tov]

-> Ne te moque pas de D.
Ne te moque pas de toi.
Ne te moque pas des gens.
[rabbi Acher de Stretyn]

La réprimande

+ La réprimande (Méam Loez - Dévarim 1,2) :

-> Lorsque l'homme accepte la réprimande, abandonne la faute et se repent, il peut faire pencher la balance vers le mérite et répandre le bien dans le monde entier.
Il mérite alors des bénédictions comme il est écrit : "Mais ceux qui réprimandent [les réchaïm] s'en trouvent bien, et il leur vient de bonnes bénédictions" (Michlé 24,25)."

Celui qui fait les reproches et celui qui les accepte méritent des bénédictions. Si l'homme réprimandé se repent, il apporte ainsi une bénédiction à ses descendants.
[...]

L'homme qui hait la réprimande est pire que celui qui néglige un commandement.
S'il néglige un précepte, le repentir, Yom Kippour et les souffrances peuvent faire expiation même s'il aurait mérité la mort.
Cependant, l'homme qui déteste les remontrances mourra, comme il est écrit : "Qui hait la réprimande mourra" (Michlé 15,10). Chaque jour, il continuera à se souiller par sa faute et il aboutira au Guéhinam.

Le roi Salomon dit : "L'oreille qui entend la réprimande de vie demeurera parmi les sages" (Michlé 15,31). La personne qui accepte la réprimande mérite d'être appelée sage car elle comprend que les reproches lui sont adressés pour son bien.

La vie de l'homme dépend de sa capacité à accepter les remontrances grâce auxquelles il abandonnera ses mauvaises voies et héritera de la vie future.
"Les réprimandes dictées par la morale sont un chemin de vie" (Michlé 6,23) ...

Si un médecin prescrit à un malade les remèdes indiqués dans son état, il n'est pas certain qu'ils le guériront. Et même s'ils le guérissent, ils ne le revigorent pas mais le sauvent seulement de la mort.
Par contre, la réprimande conduit l'homme à la vie du monde futur : "une langue bénéfique est un arbre de vie" (Michlé 15,4).

Hachem nous a accordé un grand bienfait en nous donnant l'occasion d'être repris. La réprimande nous sauvera du jugement à venir et nous fera mériter la vie au monde futur.
Avraham a réprimandé ses contemporains, les a guéris par sa langue bénéfique et les a mis sous la protection de la Présence Divine.
"Une langue bénéfique est un arbre de vie" = les remontrances d'Avraham ont sauvé ses prochains de l'idolâtrie et les ont conduits à la vue au monde futur.
La crainte du ciel d'une personne se révèle lorsqu'elle accepte les remontrances et fuit la faute comme on fuirait un serpent. Dans ce cas, elle aimera la personne qui l'a réprimandée.

Après avoir décelé un manquement chez rabbi Akiva, rabbi Yo'hanan l'a réprimandé et l'a frappé en présence de rabban Gamliel. Rabbi Akiva l'en a aimé encore davantage.
Le roi Salomon dit à ce sujet : "Réprimande le sage et il t'aimera" (Michlé 9,8). Lorsqu'une personne réellement sage est réprimandée, elle comprend que c'est pour son bien.

La guémara raconte la façon dont le roi Salomon a accepté avec amour les réprimandes de sa mère.
Pendant les 7 ans qu'avait duré la construction du Temple, le roi Salomon n'a pas goûté au vin. Mais le jour où le Temple a été terminé, Salomon était très heureux et s'est permis de boire.
L'alcool l'a fait dormir jusqu'à 10 heures du matin tandis que les clés du Temple se trouvaient sous son oreiller. Tous les juifs étaient déconcertés car l'inauguration du Temple devait avoir lieu ce jour-là.
Il était 10 heures (la 4e heure du jour) et l'on n'avait pas encore offert le sacrifice quotidien (tamid) du matin.
Inquiets à l'idée que le moment du sacrifice soit dépassé, les juifs sont allés décrire la situation à sa mère [Batchéva].

Elle a réveillé Salomon, l'a attaché à un poteau, s'est mise à le frapper et lui a dit :
"Ton père avait plusieurs femmes. Lorsque le prophète Nathan lui a annoncé qu'il aurait un fils, appelé Salomon, qui régnerait sur le monde entier, chacune de ses femmes se dit : 'Si je mérite de donner naissance à ce fils, j'offrirai tous les sacrifices que D. a ordonnés dans la Torah".
Finalement, c'est moi qui ai eu le mérite de te mettre au monde. Je me suis levée très tôt le matin et j'ai offert tous les sacrifices que j'avais promis.
Mais à présent, à la 4e heure du jour, tu es encore au lit! Les clés du Temple sont sous ton oreiller et les portes sont fermées! Que diront les gens? C'est moi qu'ils blâmeront pour ton ivresse.
Chacun sait que ton père était un saint. Toutes les femmes de ton père on prié de donner naissance à un fils qui gouvernerait, qui serait parfait en Torah et prêt à recevoir la prophétie. Et toi, tu t'occupes de manger et de boire comme les rois ordinaires qui s'abandonnent à la boisson et s'enivrent.
Cela peut te conduire à commettre tous les péchés du monde! Si tous les mystères du monde te sont révélés, est-ce une raison pour te gorger de vin? Que feras-tu si tu dois rendre la justice? Tu ne pourras déterminer qui est coupable et qui est innocent en état d'ivresse!"

Elle a continué à le réprimander ainsi et à le battre, tout en s'exclamant : "Tous les rois d'Orient et d'Occident viennent te demander conseil. Est-il convenable de t'enivrer de la sorte?"
Salomon a avoué à sa mère qu'il avait mal agi et a résolu de ne jamais recommencer.

Ceci nous apprend que si un homme commet un méfait et qu'on le lui reproche, il doit reconnaître la vérité et décider de s'en abstenir à l'avenir. Cependant, s'il ridiculise ceux qui lui font des remontrances ou si, pour toute réponse, il leur crie : "Qui vous a permis de me juger?", c'est le signe qu'il n'est pas vraiment enraciné dans le judaïsme.
Par contre, celui qui craint D. et sait qu'on le réprimande pour son bien ne se mettre pas en colère même si son interlocuteur est inférieur à lui.

Généralement, l'homme désire aider ses amis. Si l'un d'eux est malade, il fera venir un médecin à son chevet et lui achètera les remèdes nécessaires. Il tentera de contribuer à sa guérison afin d'observer le commandement d'aider son prochain.
A plus forte raison l'homme doit-il s'efforcer de s'aider lui-même!
Il y parviendra en écoutant les remontrances. Il peut également aller à la synagogue et écouter attentivement les réprimandes du rav lorsqu'il enseigne la voie à suivre et les erreurs à éviter.

Grâce à cela, il gagnera 2 choses. Nous avons déjà mentionné que l'homme qui détourne l'oreille des réprimandes ne sera pas agréé lorsqu'il demande à D. de l'aider dans une situation difficile.
Comme il a détourné son oreille des paroles de Torah, mesure pour mesure, D. détourne, pour ainsi dire, l'oreille de lui.

De plus, cet homme gagnera à écouter les paroles du rav car cela lui permettre de s'écarter de la faute. Une fois qu'il se sera rendu compte de ses transgressions, il ne souillera plus son âme ...

L'homme qui ne fait même pas l'effort d'aller à la synagogue où le rav enseigne ou donne un serment, il ne peut prétexter l'ignorance car s'il n'est jamais allé apprendre, il en porte l'entière responsabilité.

Hachem dit à Israël : "Voyez combien vous m'êtes précieux. Si un homme tombe du toit et se casse les bras et les jambes, il va consulter un médecin et celui-ci bande ses membres brisés. Mais lorsque vous fautez par vos mains, vos pieds et vos autres membres, il suffit que votre oreille accepte les remontrances pour que votre corps entier soit guéri.
Il est écrit : 'Ecoutez et votre âme vivra' (Yéchayahou 55,3) : si vous écoutez et évitez la faute, votre âme vivra".
[...]

L'une des raisons pour lesquelles un homme n'accepte pas la réprimande est la colère. Personne ne veut lui faire de reproches parce qu'on craint qu'il ne s'emporte. Même si un ami décide de lui parler et de lui adresser des remontrances, il ne les acceptera pas.

Jérusalem a été détruite notamment parce que ses habitants n'écoutaient pas les reproches des prophètes.

Quiconque accepte les réprimandes mérite de monter chaque nuit pour regagner sa place au Gan Eden, appelée la montagne de D., où D. révèle aux tsadikim les secrets de la Torah.
De plus, il sera sauvé du châtiment qu'il est destiné à recevoir en quittant ce monde : la punition de la tombe ('hibout kakévère) dont ni les tsadikim ni les enfants ne sont épargnés.

Cependant, certains échappent à cette peine : ceux qui meurent la veille de Shabbath, qui pratiquent la charité et l'hospitalité, qui prient avec ferveur ainsi que ceux qui écoutent les remontrances.

[Selon les Pirké Avot,] l'un des 48 moyens d'acquérir la Torah est d'aimer la réprimande.
Moché a réprimandé les Bné Israël (début paracha Dévarim) avant de leur expliquer la Torah pour leur apprendre qu'on mérite la Torah si l'on aime et accepte les reproches.

Les Bné Israël de la génération du désert étaient habitués à se réprimander les uns les autres. Si un homme voyait son ami faire quelque chose de mal, il le lui signalait.
Par conséquent, ils ont accepté de bon gré les reproches de Moché.
Hachem a dit à Moché : "Puisque les Bné Israël ont accepté tes réprimandes, tu dois les bénir" (Yalkout Chimoni 796), car quiconque écoute les réprimandes de son prochain et les accepte mérite les bénédictions.

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-> Rabbi Yonathan Eibschutz dit que faire la morale aux autres n'est possible que si on adresse le reproche ou la remontrance à soi-même en même temps qu'à autrui.
C'est d'ailleurs pourquoi il est écrit : "Examinons nos actes!". Au pluriel.

-> b'h, de nombreux divré Torah sur la réprimande/reproche : https://todahm.com/2019/07/07/9477-2

-> Faire des reproches : l'importance de donner l'exemple & paroles positives avec ses enfants (applicable aussi avec autrui) : https://todahm.com/2021/05/09/32461

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+ Les reproches (par rabbi Nissim Yaguen) :

-> Accepter les reproches est très important. Personne n'est parfait, il est recommandé à chacun de les écouter. Même le Gaon de Vilna, avec toute sa grandeur, a demandé au Maguid de Doubno de le reprendre. Car par l'acceptation des reproches on peut construire une maison, un foyer, une famille, un peuple entier.
Si on n'aime pas les reproches, si on n'évalue pas convenablement le reproche et le reprocheur, on peut perdre une maison, une famille, et même tout le peuple.

Le Temple a été détruit. Jérusalem a été détruite. Des millions de gens, des femmes et des enfants ont été égorgés à Jérusalem.
Durant 7 ans, les agriculteurs non juifs n'ont pas mis d'engrais dans leurs champs, parce que le sang des juifs était engorgé dans la terre et faisait office d'engrais. Un fleuve de sang coulait depuis Bétar jusqu'à la méditerranée.

La guémara (Shabbath 119b) nous donne la raison de la destruction de Jérusalem : "Rabbi Chimon bar Aba a dit à rabbi 'Hanina : Jérusalem a été détruite seulement pour la raison que l'un l'autre ne se reprenait pas".
Chacun disait : "Mes enfants, D. merci ... Je suis, D. merci, religieux ...". Mais au final, cette autosatisfaction a fait du mal à tout le peuple d'Israël, car nous voguons tous dans le même navire.
[...]

Deux ordonnances se suivent dans la Torah. Le verset (Kédochim 19,17) dit : "Ne hais point ton frère en ton cœur", et à suite du même verset : "reprends ton prochain".

Cette juxtaposition est plein d'intérêts. Nos Sages ont déterminé qu'il y a un lien étroit entre ces 2 versets : si tu ne reprends pas ton ami, si tu ne lui fais pas de reproches, c'est un signe qu'il t'est indifférent. Un mari qui reprend son épouse, il lui dévoile qu'elle est importante à ses yeux. Si elle ne lui était pas chère, il ne la reprendrait pas. Lorsqu'on cesse de se reprendre l'un l'autre, c'est la fin du foyer, c'est le signe d'un mauvais lien dans le couple ; les liens se détachent. C'est la raison de l'indifférence du mari vis-à-vis de son épouse. Elle n'agit pas convenablement et lui ne la reprend pas.

Lorsqu'on voit un enfant faire de bêtise dans la rue, si des gens passent et ne lui font aucun reproche, c'est le signe qu'il n'est pas leur enfant. S'il s'agissait de leur fils, ils l'auraient évidemment repris.
Il n'a pas été dit par hasard : "car celui qu'Il aime, Hachem le reprend (châtie)" (Michlé 3,12).
Hachem reprend celui qu'Il aime. nous aussi désirons emprunter Ses voies, nous ne devons pas éviter de reprendre nos bien-aimés.
[...]

Nous devons habituer nos enfants à entendre des reproches. La valeur des reproches est énorme et merveilleuse. Grâce à eux, on peut avoir une vie agréable et heureuse, sinon on risque de perdre l'essentiel de la vie.

Un père peut entretenir son fils durant 20 ans, mais s'il ne le reprend pas, il n'y a aucune valeur à tous ses dons. Même s'il lui a donné des habits, des affaires pour se marier et tout ce qu'il faut pour élever ses enfants, un travail et une voiture, une maison et tout le bien, s'il n'a pas appris à son fils à accepter des reproches, il l'a privé de l'essentiel.
Parce que l'enfant grandira comme un sauvage, et il ne fera que ce qu'il veut. Et s'il fait une chose inhabituelle ou un acte désagréable pour son entourage, il ne se laissera pas reprendre.
Que vaut tout le bien qu'il a reçu, quelle est la valeur de la femme qu'on lui a donné, quel avantage tirera-t-il de la maison qu'on lui a construite, qu'y a-t-il de bon dans l'argent qui l'entoure et les enfants qui lui sont nés?
Il peut tout saboter et détruire, parce qu'il n'est pas habitué à accepter ce qu'on lui dit et ce qu'on lui fait remarquer, et il n'est pas prêt de se corriger, même avec celui qui essaye de lui faire changer ses soi-disant bonnes manières.

En revanche, un père qui a habitué son fils à entendre des reproches, il a mis dans ses mains les clés du bonheur dans tous les domaines. Chaque remarque est reçue, il tente d'améliorer ses voies et de s'adapter à chacun dans toutes les situations.
Même s'il ne reçoit pas tout le bien du monde d'ici-bas, de lui-même, il s'adaptera à une voie pour une vie heureuse. Car ses oreilles sont habituées à accepter, il n'est pas offensé par les remarques, il comprend que c'est dans son intérêt.

"Ce sont là les paroles que Moché adressa à tout Israël" (Dévarim 1,1).
Cependant, pour quelle raison la Torah met-elle l'accent sur "ce sont là les paroles que Moché adressa à tout Israël". N'a-t-il pas dit d'autres choses?
En vérité, un grand nombre de choses ont été dites par son intermédiaire, mais les paroles qui ont tenu et maintenu les Bné Israël sont les reproches qu'il a prononcés. Si un homme ne sait pas accepter un reproche, qu'est-ce qui le maintiendra dans sa vie?
[...]

Après que la Torah nous a écrit les mitsvot "ne hais point ton frère en ton cœur", et "reprends ton prochain", elle nous a également ordonné : "Ne te venge ni ne garde rancune".
Ce n'est pas un hasard si ces mitsvot sont l'une à la suite, car elles ont une grande affinité entre elles.

Nous avons entendu souvent un homme répondre à son ami le reprenant, ou une femme répondre à son mari à la suite d'un reproche : "Tu veux que je te rappelle tes défauts?". C'est exactement l'intention de la Torah par cette juxtaposition. Lorsqu'on te fait un reproche, il n'y a ni place pour se venger ou pour garder rancune.
Ecoute le reproche en silence et avec soumission. Même si tu as quelque chose à dire au reprocheur, même s'il est plus pitoyable que toi, c'est une obligation de se taire et de recevoir le reproche.
"Ne te venge ni ne garde rancune", ne réponds pas au reprocheur par des reproches.

C'est dur? Certainement!
La nature humaine empêche d'être en accord avec un individu qui nous dit des choses rudes. Tu as envie de lui répondre en lui lançant une bonne vanne à la figure.
Se taire à ce moment est difficile au plus haut point. Il suffit d'une seule allumette pour embraser tout un baril d'essence et incendier tout le quartier. Une seule allumette!
Oui, une seule, car l'essence est inflammable. Tu voudrais répondre, mais "il n'y a ni sagesse, ni prudence, ni résolution qui vaillent contre Hachem".
Il nous a ordonné dans Sa Torah de ne pas se venger ou garder rancune, nous devons appliquer Ses ordres sans discuter. C'est un commandement de la Torah.

Nous devons développer la fibre de l'acceptation des reproches d'urgence. Même un reproche par allusion doit nous influencer!
Celui qui prend personnellement et convenablement en compte ces choses, il aura une merveilleuse existence. Il faut une force mentale phénoménale pour accepter un reproche.
La plupart des gens n'en ont pas, parce que naturellement, l'homme n'apprécie pas d'être repris, qu'on lui dise quoi faire. Personne ne veut voir ses défauts à l'affiche, ou même évoqués ou débattus.
Et lorsqu'on lui rappelle ses défauts, cette nature le pousse à lancer au visage du reprocheur ses propres défauts. C'est pour cela que la Torah nous a dit : "Ne te venge ni ne garde rancune".
[...]

C'est incroyable, la plupart des femmes, lorsqu'elles veulent s'acheter une tenue, demandent à une de leurs sœurs ou à une bonne amie de les accompagner pour les conseiller dans leur choix.
Généralement une femme ne se suffit pas de l'avis de la vendeuse, car elle n'est pas objective, elle veut vendre. Mais sa conseillère la plus proche, ne désirant que son bien, lui dira les vraies carences du vêtement.

Incroyable, pourquoi dans ce cas n'avons-nous jamais entendu parler d'une conseillère pour le service divin et la correction des traits de caractère.
Comment elle inspecte le vêtement en vue d'y trouver un défaut, de la même manière, elle inspectera ses agissements, et la reprendra sur ses carences. Pourquoi pas? Mais nous n'en avons jamais entendu parler!

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-> Ailleurs, rabbi Nissim Yaguen enseigne également à propos de l'obligation de réprimander :
"La guémara (Shabbath 55a) dit que celui qui peut réprimander les membres de sa famille et ne le fait pas, sera puni pour les fautes de ces derniers. Celui qui peut réprimander les habitants de la ville et ne le fait pas, sera puni pour les fautes de toute la ville.
Celui qui peut réprimander le monde entier et ne le fait pas, sera puni pour les fautes du monde entier.

La michna (Shabbath 54b) dit que la vache du chef d'Israël, rabbi El'azar ben Azaria, sortait le Shabbath avec des ornements, ce qui veut dire une transgression du Shabbath.
La guémara explique qu'il ne s'agissait pas de la sienne, mais de celle de sa voisine, mais puisqu'il ne l'a pas réprimandée, elle a été sienne.

Réfléchissons. Nous étudions cette michna de génération en génération, dans toutes les demeures d'Israël, au gan eden, dans la yéchiva d'en-Haut et d'en bas, et tous disent et répètent que sa vache a profané le Shabbath.
Et lui, doit dire : "Ce n'était pas la mienne mais celle de ma voisine, mais puisque je ne l'ai pas réprimandée, elle a été dite mienne!"

De là, nous voyons la gravité de la responsabilité d'un homme vis-à-vis de son entourage. S'il en est ainsi pour la vache de sa voisine, à fortiori lorsque la femme ou les enfants transgressent le Shabbath.

A cause de cette faute, selon la guémara de Jérusalem, les dents de rabbi El'azar ben Azaria se sont détériorées du fait de tous les jeûnes auxquels il s'est astreint! C'est-à-dire qu'il a jeûné toute sa vie pour la faute de ne pas avoir réprimandé sa voisine pour la profanation du Shabbath par sa vache.
[...]

La haine gratuite est ce qui a engendré la destruction du 2e Temple.
Le Nétsiv de Volozhin (dans l'introduction du livre de Béréchit) dit qu'à cette époque, il y avait des juifs qui se consacraient entièrement à la Torah, des tsadikim et des 'hassidim.
Chacun était persuadé de sa propre perfection. Il était certain d'être le tsadik parfait, et que son ami était l'hérétique qu'il fallait poursuivre jusqu'à la mort.

Cette haine gratuite est encore actuelle, et empêche jusqu'à présent la reconstruction du Temple.
Notre réponse est de transmettre le message divin avec douceur. Celui qui a la possibilité de rapprocher et de renforcer les autres devra le faire ainsi."

"Tu réprimanderas ton prochain et ne porteras pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Si un sage en Torah (talmid hakham) est bien-aimé par les habitants de sa ville, ce n'est pas en raison de sa supériorité [en sagesse], mais plutôt parce qu'il ne leur fait pas de remontrance dans les sujets du Ciel.
[il est bien-aimé car il n'est pas strict avec eux au sujet de leur observance des mitsvot]
[Abbayé - guémara Kétoubot 105b]

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-> Un rav dont la communauté ne souhaite pas le départ n’est pas un rav.
Et un rav qui a été renvoyé par sa communauté n’est pas un homme."
[Rav Chakh au nom du Maharil Diskin]

[Habituellement, les gens n’aiment pas recevoir de remontrances, et c’est pour cela qu’ils préfèrent avoir un rav de communauté qui les laisse "tranquilles" dans leurs agissements.]

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"La réprimande réveille souvent un sentiment d'hostilité. Néanmoins, cela ne doit pas décourager un rav/rabbi de protester contre de mauvaises actions.

Il est mauvais que le rav/rabbi reste silencieux et se dise : "Pourquoi ai-je besoin de cet embarras? Pourquoi devrais-je créer de l'animosité et des différends dans ma communauté?"

Il doit avoir confiance dans la bonne volonté des gens et il devrait se dire à lui-même : "Je vais les réprimander comme il le faut, et je suis persuadé qu'ils sont assez honnêtes pour accepter la vérité sans garder de rancune à mon égard"."

[il faut agir avec beaucoup de sagesse pour s'assurer que la remontrance porte, b"h, des fruits positifs.]

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+ b'h, quelques autres divré Torah sur le sujet de la réprimande :
-> https://todahm.com/2016/10/18/la-remontrance

-> https://todahm.com/2015/03/17/reprimander-autrui

-> https://todahm.com/2014/11/19/le-reproche

-> https://todahm.com/2018/05/30/6468

-> https://todahm.com/2018/08/08/6972

-> https://todahm.com/2018/01/02/5918

-> https://todahm.com/2014/05/18/1429

-> et aussi : https://todahm.com/2021/09/10/la-reprimande

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-> Le déluge à l'époque de Noa'h est appelé : "les eaux de Noa'h" (Yéchayahou 54,9), car le déluge aurait pu être évité si Noa'h avait réprimandé sa génération.
[Imré Séfer]

-> Tout celui qui néglige de réprimander son prochain, porte ses fautes avec lui.

Tous les juifs partagent un compte commun, dans lequel chacun des membres se partage la responsabilité du comportement moral les uns des autres.
Il faut prendre cela au sérieux à l'image d'un emprunt collectif, car si nous ne nous assurons pas qu'autrui paie bien sa part, alors nous la paierons à sa place.
[Kli Yakar - Kédochim]

[tous les juifs sont liés les uns aux autres, et le comportement de chacun impacte par ricochet la collectivité et chaque juif individuellement.
Par ailleurs, la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, et celle d'aimer Hachem (tsélem élokim = l'âme), nous obligent à désirer que notre prochain puisse avoir le meilleur monde à venir, en se comportant au mieux dans ce monde, et cela passe par la nécessité de le réprimander.
Comment rester insensible lorsqu'un de nos frères/sœur juif détruit son monde futur par ses actions?]

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-> Lorsqu'une personne fait une remontrance à autrui d'une manière pleine de miséricorde, témoignant de la préoccupation pour l'âme de son prochain, cela amène du plaisir à Hachem.
A la fois l'émetteur et le receveur de la réprimande sont bénis.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba - chap.3]

-> Une personne qui accepte avec amour les remontrances, démontre qu'elle est humble, et la Présence Divine réside alors sur elle.
[Rav Pinh'as de Koretz - dans le Ménorat Téhora]

-> De nombreux tsadikim comme le Maharcha, le Gaon de Vilna et le Baal haTanya, avaient des professionnels pour les réprimander.
D'ailleurs, selon Rabbénou Bé'hayé (Nitsavim) le fait d'être content [et d'avoir de la gratitude] lorsque l'on nous fait remarquer des points à améliorer, c'est un signe de bons traits de caractère.

[nous devons apprécier tout particulièrement ceux qui nous font des reproches constructifs, car ils nous permettent de prétendre au meilleur dans l'éternité du monde à venir.]

Le Rosh (Or'hot 'haïm 45) enseigne que nous devons nous réjouir lorsque des reproches positifs nous sont adressés.
[certes, une critique n'est pas agréable sur le moment, mais il nous sera bien plus honteux d'avoir des défauts pour l'éternité dans le monde à venir.
Plutôt que de faire toute sa vie d'une mauvaise façon, aucun la modifier est agir d'une façon bénéfique sans forcément plus d'effort de notre part, juste la bonne habitude qui se met en place!]

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-> Toute personne qui fait une remontrance devra toujours faire bien attention à ne pas dépasser la fine ligne menant à émettre une critique contre les juifs [en général].
[le 'Hida - Dvach léPhi]

-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou), lorsque ses enfants ou ses étudiants ne se comportaient pas comme il le fallait, il ne les disciplinait pas immédiatement par peur que la réprimande ne soit salie/polluée par de la colère.

C'est uniquement lorsqu'il était certain que sa colère avait totalement disparu qu'il agissait.
Une fois, il a attendu 2 semaines avant de faire une remarque à l'un de ses enfants, sur sur mauvais comportement.

-> Le rabbi 'Haïm Friedlander compare une personne à un diamant.
Pour retirer la poussière d'un diamant, on ne doit pas utiliser une brosse dure qui va créer de minuscules rayures (des critiques), mais plutôt essuyer la pierre avec une brosse très douce (des encouragements et de la bienveillance). Alors, le diamant brillera plus fortement qu'auparavant.

-> L'Alter de Kelm fait remarquer que lorsqu'un élève est réprimandé 2 ou 3 fois et que l'on ne constate pas d'amélioration, on ne doit pas se mettre en colère.
A la place, il faut se demander : "Ai-je réussi à corriger mes défauts en 2 ou 3 essais?"

[de même que nous sommes tolérant envers nous-même, de même dans nos attentes avec autrui]

-> Lorsqu'un professeur de la yéchiva de Sochatchov avait besoin d'être réprimandé, le rav Kowalsky exprimait des louanges sur les actions de l'enseignant jusqu'au point où son visage rayonnait de joie.
Il délivrait alors rapidement son reproche, en disant à quel point il était dommage qu'une situation si parfaite puisse être entachée par un problème si facilement modifiable.

Le 'Hatam Sofer agissait également en ce sens, où à l'image d'un sandwich, il enrobait habilement sa réprimande de plusieurs couches de tranches de louanges.

-> Le Kédouchat Lévi ('Houkat) décrivait la personne en des termes agréables, rappelant son origine Divine (l'âme) et sa grandeur inhérente, et la joie que Hachem tire de ses bonnes actions.
Il tirait le cœur du fauteur vers Son Père au Ciel.

De même, l'Alter de Slabodka insistait sur la grandeur de l'homme, qui est créé à l'image de Hachem.

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-> Personne n'aime qu'on lui dise quoi faire.

Une réprimande (tokhakha - תוֹכָחָה) provient du même mot que : une preuve (hokhakha - הוֹכָחָה).
Il faut donc amener autrui à se rendre compte lui-même de la vérité, ce qui va éliminer sa réaction naturelle d'auto-défense.
La nécessité de changer devient un choix personnel dans l'intimité, et non imposé (donc potentiellement rejeté par orgueil personnelle : je fais ce que je veux!).

-> Le Ben Ich 'Haï dit que l'on peut préserver sa dignité en employant une parabole, une histoire de quelqu'un d'autre dans la même situation, ...
Puisqu'il n'est pas visé directement, il va être beaucoup plus ouvert (non sur la défensive) pour être réceptif au message.

-> Le risque de la remontrance est d'installer l'idée suivante : c'est un fauteur, tandis que moi je suis davantage parfait, meilleur que lui!
Il peut être bien d'admettre que nous avons également fauté, et que du coup nous ne faisons que partager des conseils d'ami pour lutter contre le yétser ara.
[traitement entre amis, d'égal à égal dans la faute!]

-> Rabbi Aharon Kotler fait remarquer que les actions peuvent parler davantage que les mots dans un but d'influencer les autres. Ainsi, le fait de donner un bon exemple est également une forme de remontrance (si lui agit d'une si belle façon, alors pourquoi pas moi!).

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-> La guémara Baba Métsia (31a) affirme : "Réprimande-le même 100 fois, s’il le faut!"

Selon le Saba de Kelm, il ne faut pas émettre une remontrance d'un coup, en une fois, mais plutôt la morceler, et l'adresser par petites doses.

Le Ralbag dit qu'en voulant trop donner d'un coup, au final il n'arrivera à rien digérer. Il faut y aller étape par étape en fonction de ce qui est raisonnable et acceptable pour cette personne.

Le 'Hafets 'Haïm compare cela à une prescription de médicaments, qui se prend par de nombreuses petites doses sur une certaine période.

[nous devons prendre en compte l'état actuel de la personne (fatiguée? heureux dans sa vie? ...), sa réaction aux reproches, la taille de la remontrance à ses yeux, ... et en fonction de tous les paramètres nous devons établir une prescription de médicaments (avec plein de sucre autour pour dissiper le goût amer) pour qu'il guérisse, qu'il prenne conscience de son mauvais comportement.]

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-> "Une personne voit tous les défauts, à l’exception des siens" [michna Négaïm 2,5]

-> "Se trouve-t-il un seul individu, dans cette génération, qui soit apte à faire des remontrances?
Il voit la paille dans l’œil du voisin, et ne voit pas la poutre dans le sien!"
[Rabbi Tarfon - guémara Arakhin 16b]

-> Selon le Malbim, il y a 3 conditions qui sont nécessaires chez celui qui souhaite corriger son prochain : avoir un comportement irréprochable ; avoir un état d'esprit irréprochable ; et avoir une façon de réprimander qui ne fait pas honte à autrui en public.

-> La rabbanite Feldbrand écrit qu'avant de faire un reproche, on doit se demander :
- est-ce que cela doit être dit (parfois il vaut mieux se taire)?
- est-ce que je dois être celui qui le dit?
- à qui vaut-il mieux le dire?
- quelle est la meilleure manière/approche pour le dire?
- où et quand le dire?
Elle conclut que le plus important est au préalable de prier Hachem pour y réussir.

-> Le Mé haChiloa'h affirme que si l'on pense que notre réprimande n'aura pas d'effet positif, il vaut mieux s'engager dans une démarche de juger positivement autrui.

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 2,8) nous enseigne que si celui qui émet des reproches n'est pas à un bon niveau spirituel, alors sa remontrance n'atteindra pas un effet positif, et au contraire à la place elle peut causer des dommages spirituels.

-> Selon le rav Yéhouda Zev Segal, lorsque nous voyons notre prochain fauter, cela doit nous pousser à le réprimander comme si nous sauvons un proche de la noyade.
Mais cela n'est possible que si l'on traite déjà soi-même cette faute dans sa vie personnelle avec la plus grande des sévérités.

[il faut avoir à l'esprit que nous avons tous une tendance accrue à fauter dans des domaines différents. Ce qui est facile pour moi, peut être très dur pour autrui, et je dois en tenir compte!]

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-> "Reprends et corrige ton prochain, et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui" (hokhéa'h tokhia'h ét amité'ha, vélo tissa alav 'hét - Kédochim 19,17)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Du dédoublement du terme "hokhéa'h tokhia'h" on apprend beaucoup de bonnes conduites, ici nous voyons qu’il faut avant de reprendre ou de corriger notre prochain, se demander si, nous même ne sommes pas en défaut envers notre Créateur bien plus que notre prochain envers nous. Et alors qu’Hachem nous tolère, nous supporte et nous pardonne, comment pourrions-nous nous emporter contre le méfait que nous venons de subir?
Et donc si nous nous remettons en question (le premier "hokhéa'h") avant d’accuser (le deuxième "tokhia'h") notre prochain, alors nous ne lui tiendrons pas rigueur pour sa faute (c’est le "lo tissa alav 'hét").
Et là il nous deviens également possible d’accomplir le verset suivant: "Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple" (לֹא-תִקֹּם וְלֹא-תִטֹּר אֶת-בְּנֵי עַמֶּךָ) et même la suite: "mais aime ton prochain comme toi-même" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ).

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-> -> Le Ben Ich 'Haï (sur le verset Bamidbar 1,2) écrit :
L’idée de toujours garder un œil bienveillant sur le juif qui s’égare, de lui chercher une défense plutôt que d’accuser et primordiale et même quand il y a une mistva de parler durement à quelqu’un pour l’aider à se ressaisir, cela doit être superficiel, mais au fond de soi et surtout envers le Créateur, on se doit de n’être que de bons avocats pour nos frères.

La remontrance

+ La remontrance (par le Rabbi 'Haïm Chmoulevitch)

-> "Réprimande ton prochain et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> "Voici les paroles (de remontrances) que Moché adressa à tout le peuple d'Israël" (Dévarim 1,1)

Rachi sur ce verset : "Puisque ce sont des paroles de reproche, Moché a énuméré ici tous les endroits où les enfants d'Israël ont irrité Hachem et a dissimulé les faits reprochés en les rappelant par simple allusion, par égard pour le peuple d'Israël"

Moché prend soin de ne pas rappeler explicitement les fautes, dans un souci de ne pas offenser, déshonorer, tellement est important l'honneur dû à autrui.

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1°/ L'essence d'une remontrance :

Lorsque Yossef, 22 ans après avoir été vendu par ses frères, se fait reconnaître à eux, il est écrit :
-> "Il dit à ses frères : "Je suis Yossef" (Béréchit 45,3)
Rachi : "Ils étaient stupéfaits devant lui : de honte"

-> Rabbi Chimon ben Elazar dit : "Malheur à nous au jour du jugement (divin), malheur à nous au jour de la remontrance.

Si déjà les frères de Yossef n'ont pas pu répondre à leur jeune frère, tant ils étaient consternés (par sa réprimande), à plus forte raison pour chacun d'entre nous, lorsque D. viendra nous réprimander selon nos actions (au jour du jugement) seront-nous consternés"
[Yalkout Chimoni - Vayigach 152]

=> Faire une remontrance, ce n'est pas réprimander par des paroles sévères, c'est essentiellement placer le fauteur devant son erreur afin qu'il la reconnaisse et regrette son attitude.
C'est pourquoi, l'expression est concise : "Je suis Yossef".

-> "Hachem viendra réprimander chacun de nous selon ses actions"
[Yalkout Vayigach 152]

On peut imaginer notre réaction, lorsque dans le monde de vérité, tout nous apparaîtra clairement, et que nous seront placés face à nos erreurs de jugement et d'attitude.
Quelle souffrance énorme!

Lorsque Its'hak prend conscience de son erreur de jugement depuis de nombreuses années sur le caractère de Essav, il ressent une remontrance de D., un instant de vérité lui est révélé.
Il écrit : "Its'hak fut saisi d'une immense frayeur" (Béréchit 27,33)

Au point que nos Sages disent : "Cette frayeur était supérieure à celle qu'il avait ressentie lorsqu'il avait été lié sur l'autel" (midrach Béréchit rabba 7,2)

La frayeur de la remontrance est plus importante que celle face à sa mort, où attaché, il voyait les anges pleurer.

=> Il n'y a pas plus grande déception que de voir tout l'édifice et toute l'oeuvre d'une vie, basée sur des idées fausses, s'écrouler.

Se réprimander ou réprimander autrui, c'est donner une claque de vérité, et ça peut faire très mal!
On se doit de tout faire pour qu'il en résulte de la téchouva, une amélioration de la personne, et non l'effet contraire.

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2°/ Risque en cas de non écoute :

-> "Lorsque Elicha a réprimandé les enfants d'Israël et qu'ils ne se sont pas repentis de leur mauvaise voie, leurs ennemis vinrent les tuer et c'est comme si c'était lui (Elicha) qui les avait fait mourir, car ils furent davantage sanctionnés après qu'il les ait prévenus (réprimandés) que s'il ne les avait pas prévenus."
[le Radak - Méla'him I 19,17]

=> Faire une réprimande à une personne qui n'est pas prête à l'entendre lui cause du tort, car elle voit sa sanction aggravée.

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-> Yaakov lui dit : "Réouven mon fils, je vais te dire pourquoi je ne t'ai pas adressé de réprimande pendant toutes ces années (précédentes) : c'est que je craignais que tu me délaisses pour aller t'attacher à mon frère Essav" (Rachi - Dévarim 1,3)

Lorsqu'une personne est fortement perturbée et déçue, découragée ou désespérée, le yétser ara a le pouvoir de la faire basculer en un court instant, directement, depuis le sommet au fond du trou.

Si Réouven avait reçu la réprimande de son père juste après son action répréhensible, il aurait été fortement troublé et désemparé d'avoir perdu son monde futur.
Il aurait été alors en danger spirituel, et le yétser aurait pu accentuer ce désespoir et le faire basculer en un instant jusqu'à abandonner son père et ses valeurs pour s'attacher à Essav et son impiété.

=> Faire une réprimande, même par amour de l'autre, nécessite de peser ses mots et de savoir attendre la bonne occasion pour le faire.

A l'image d'un médicament, il faut mettre beaucoup de sucres (paroles positives) pour une faible dose de médicament amer (la réprimande), et s'assurer que la personne pourra l'avaler (parler au bon moment, garder l'honneur de l'autre intact, ...).

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+ Sur ce sujet, b"h, à lire aussi : https://todahm.com/2015/03/17/reprimander-autrui