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La gravité du lachon ara

+ La gravité du lachon ara :

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:206) écrit :
"Ceux qui parlent du lachon ara ont tendance à prendre leurs fautes à la légère. Ils imaginent que les mots prononcés sont relativement inoffensifs, ne reconnaissant pas l'ampleur des dégâts qu'ils causent en réalité.
Par conséquent, il est peu probable qu'ils reviennent à la téchouva. Et même s'ils le font, leur téchouva est superficielle et peu sincère. Ils ne reconnaissent pas la gravité de leurs fautes.
La véritable téchouva, qui purifie l'âme du péché, exige un feu brûlant de remords au plus profond de l'âme".

-> Après toutes les fautes des Bné Israël, leur destin n'était pas scellé, à savoir mourir dans le désert et se voir refuser l'entrée en terre d'Israël, jusqu'à ce qu'ils parlent de lachon ara à propos de la terre d'Israel.
Nos Sages (Arakhin 15a) en concluent que les fautes avec des mots sont pires que les fautes des actes.

-> Dire du lashon hara est comparable à nier l'existence d'Hachem, comme il est écrit : "Ils disent : 'Nos langues vont dominer. Nos lèvres sont avec nous. Qui est notre maître?" (Téhilim 12,5)

-> Le guémara (Yérouchalmi Péa 1,1) affirme qu'il y a 4 fautes pour lesquelles une personne est partiellement punie dans ce monde, sans pour autant diminuer le poids principal de la punition qu'elle devra endurer dans le monde à Venir : l'idolâtrie, les relations illicites et le meurtre ; alors que la punition pour le lachon ara est équivalente à tous ces 3 autres fautes réunies.

Le Maharal (drouch léShabbath téchouva) écrit qu'il ne faut pas s'étonner de trouver une faute qui semble si petite et qui est pourtant si terriblement sévère. Il en va de même, dans un sens opposé, pour les mitsvot. Elles semblent souvent petites et insignifiantes, mais leur récompense dépasse notre imagination. Nos Sages (Pirké Avot 2,1) nous disent d'être aussi prudents avec une "petite" mitsva qu'avec une mitsva "sérieuse/importante", puisque nous ne connaissons pas la véritable récompense des mitsvot.
Il en va de même pour les fautes tels que le lachon ara, qui nous paraissent peu importants (ça va ce n'est que des mots, que bouger ça bouche, il n'y a pas mort d'homme!) et dont nous pensons qu'ils n'entraînent qu'une punition mineure, alors qu'en réalité le lachon ara est le pire des péchés (au moins équivalent au cumul des 3 fautes capitales : l'idolâtrie, les relations illicites et le meurtre), avec la punition la plus horrible qui soit.
La guémara (Sota 42a) affirme que ceux qui disent lachon ara font partie des 4 groupes de personnes qui ne mériteront pas de voir le visage de la Shechinah.

-> A partir de là, nous pouvons commencer à comprendre l'ampleur du lashon hara aux yeux d'Hachem, et l'influence horrible et destructrice qu'il exerce sur l'humanité, détruisant le corps et l'âme.
Le Zohar (II,264b) affirme que le lachon ara provoque des accusations contre le peuple juif devant la Cour céleste, libérant ainsi des forces néfastes de destruction dans ce monde.
Dans les mots du Zohar :
"Lorsque l'humanité se met à parler de lachon ara, ou même si une seule personne se met à parler de lachon ara, un mauvais esprit d'impureté appelé Sach'sicha est réveillé dans le Ciel.
Cet esprit s'appuie sur l'éveil du lachon ara prononcé par l'humanité. Il s'élève dans les cieux pour lancer des accusations, et en réveillant le lachon ara, il apporte la mort, la guerre et le meurtre dans le monde."

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-> Les dommages causés par le lachon ara ne se limitent pas à la personne qui le prononce.
Par nos fautes (avec la parole), on réveille le pouvoir de la sitra a'hra (force du mal/impureté) et on lui permet de s'introduire dans le camp des saints anges du Ciel, où elle lance des accusations contre l'ensemble du peuple juif.

Le Abir Yaakov (Makhsof haLavan - Kédochim) écrit qu'une indication à ce sujet peut être trouvée dans le verset : " Ne va point colportant (ra'hil) le mal parmi les tiens, tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain : Je suis Hachem" (Kédochim 19,16).
Le mot "ra'hil" (רָכִיל) dans ce verset signifie littéralement un marchand ambulant (un colporteur). Dans le contexte du verset, il est généralement compris comme désignant un orateur de lachon ara, qui voyage d'un endroit à l'autre pour "acheter" des histoires intéressantes ici et les "vendre" là.
Toutefois, on peut également y voir une référence à Satan, qui est réveillé par la lachon ara et voyage de son lieu de malheur jusqu'au camp céleste des anges.

Lorsque les anges voient que le Satan est venu parmi eux, ils se demandent les uns aux autres quelle horrible faute a été commis sur terre pour lui permettre d'entrer.
L'auteur du lachon ara est alors désigné comme la source de l'habilitation soudaine du Satan. Il s'agit là d'une accusation majeure à l'encontre de l'orateur lui-même et de notre nation tout entière, comme il est écrit : "Un seul fauteur peut ruiner beaucoup de bonté" (Kohélet 9,18) = un seul mot de lachon ara peut empêcher une grande quantité de bénédictions qui auraient dû descendre sur le peuple juif.

C'est pourquoi nous sommes avertis : "N'allez pas comme un colporteur (ra'hil)", un conteur itinérant, de peur de réveiller l'autre mauvais "ra'hil", le Satan, pour qu'il lance des accusations "parmi votre nation". [en colportant contre autrui, tu permets au Satan de colporter, d'attaquer contre toi et tout le peuple juif! ]

"tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain" = ces accusations peuvent entraîner de terribles décrets d'effusion de sang sur notre nation, que D. préserve. C'est pourquoi nous sommes avertis de ne pas causer de chagrin et de douleur au sein du peuple juif, par nos fautes de lachon ara.

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Dire du lachon ara a le pouvoir incomparable de briser les barrières de la sainteté.
En évitant le lachon ara, nous protégeons la sainteté de notre corps et de notre âme, en refusant toute entrée aux forces du mal.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Pitou'hé 'Hotam - Noa'h]

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-> La parole est si puissante parce qu'elle est essentiellement une force spirituelle, non encombrée par une substance matérielle. Elle peut donc s'élever jusqu'aux plus hautes sphères du Ciel pour effectuer des rectifications spirituelles qui ne peuvent être faites ici-bas.
Pour qu'elle ait un tel pouvoir au profit des mondes purs et saints du Ciel, elle doit elle aussi être pure et sainte, dépourvue de lachon hara et d'autres formes de paroles interdites.
Lorsque la voix d'une personne est souillée par la faute, non seulement elle est incapable de profiter aux mondes spirituels, mais au contraire, elle cause de grands dommages.

C'est ainsi que l'on peut comprendre le verset : "Vous serez saints, car Moi, Hachem votre D., Je suis saint" (Kédochim 19,2).
Si une personne souhaite se rapprocher d'Hachem et jouir de l'éclat de sa sainteté, elle doit d'abord faire de son mieux pour se sanctifier. Dans ce mérite, elle est récompensée par un flux correspondant de sainteté venant d'en-Haut. [Torat Cohanim - Kédochim 1 ; Zohar III:42a]
[...]

La parole étant une force purement spirituelle, elle résonne dans les mondes spirituels les plus élevés d'où elle est tirée.
Il peut nous sembler qu'un mot, une fois sorti de la bouche, est passé et a disparu, mais il n'en est rien. Chaque mot que nous prononçons continue d'exister à jamais dans les royaumes spirituels.
Une parole sainte, prononcée par une bouche exempte de faute, franchit toutes les barrières qui séparent les mondes. Elle s'élève jusqu'à la source de la vie éternelle et y apporte la guérison à tous les maux du monde.

Tout cela n'est possible que lorsque nos paroles de Torah et nos prières sont prononcées par des bouches pures et exemptes de fautes. C'est alors qu'elles ressemblent alors à la sainteté du Ciel et sont capables d'exercer leur influence dans ces royaumes immaculés.
Cependant, si la bouche d'une personne a été souillée par des paroles sales de lachon ara et autres, alors même lorsqu'elle prononce des paroles saintes d'étude de la Torah et de prière, celles-ci sont également entachées par les forces du mal.
La sitra a'hra (force du mal/impureté) s'attache à ses paroles de Torah et de prière.
Au lieu de renforcer les forces saintes de la création, ses paroles les affaiblissent.

Il est écrit : "Tu as fatigué Hachem par tes paroles" (Mala'hi 2,17).
Bien sûr, Hachem lui-même n'a pas de limites physiques et ne peut jamais être fatigué. Cela signifie plutôt que les forces de sainteté qu'Il a mises en place pour le bien du monde sont affaiblies par le mal que nous causons avec nos paroles.
Au lieu de construire des mondes de sainteté et de renforcer ainsi les forces du bien, nous renforçons la sitra a'hra avec des mots qui ont été entachés par la faute.
[...]

Lorsque la bouche n'est utilisée que pour des sujets saints, elle reçoit un grand pouvoir d'influence sur les mondes les plus élevés du Ciel.

[d'après les enseignements de rabbi Yaakov Abou'hatséra, le Abir Yaakov]

Notre prière & lachon ara

+ Notre prière & lachon ara :

-> Les hommes ont à peine conscience de la puissance de leur parole. Nous ne voyons devant nos yeux que la matière, et nous ne percevons pas la grande puissance des mots spirituels et informes qui sortent de nos bouches. Nous ne pouvons pas imaginer le mal que nous causons par nos mauvaises paroles, tant au Ciel que sur la Terre.
Si nous réalisions que ce monde matériel n'est que la plus petite facette de la réalité, alors que les Cieux constituent la grande majorité de l'existence, et que ces mondes spirituels n'ont pas de forme ou de substance matérielle, nous nous rendrions compte de la puissance investie dans les mots que nous prononçons.

"Lorsque j'invoquerai le Nom d'Hachem, attribuez de la grandeur à notre D." (Haazinou 32,3).
Le Abir Yaakov (Pitou'hé 'Hotam - Haazinou) commente : ici, Moché dit aux Bné Israël combien de bénéfices sont apportés aux mondes célestes chaque fois qu'ils invoquent le Nom d'Hachem dans leurs bénédictions. Nous ne devons jamais sous-estimer le pouvoir de nos bénédictions et de nos prières.
Nos mots spirituels de prière ont un grand pouvoir dans le monde spirituel du Ciel.

Les anges ne peuvent chanter leurs grandes et saintes louanges au Ciel qu'après que les juifs ont chanté les louanges d'Hachem ici sur terre.
Nous voyons ici le véritable pouvoir de la voix des bné Israël (juifs) et l'influence qu'ils exerce sur les mondes célestes.
[...]

Nous ressemblerons aux anges dans leurs prières, comme nous le disons dans les bénédictions qui précèdent le Shéma le matin : "Ils ouvrent tous la bouche dans la sainteté et la pureté ... ils proclament avec crainte et parlent avec effroi".
Lorsque nous prions avec la même sainteté, la même pureté et la même crainte, la ressemblance entre nos prières et celles des anges les incite à chanter les louanges d'Hachem dans les cieux.
Cependant, lorsque nos prières sont prononcées par des bouches souillées par le lachon ara et d'autres fautes de la parole, elles ne ressemblent en rien aux prières des anges et ne peuvent les éveiller à chanter.

À cet égard, le Abir Yaakov (Chaaré Téchouva 14) nous avertit que la voix de la prière avec laquelle nous éveillons les chants des anges doit être exempte de faute. Sinon, elle pourrait réveiller les forces du mal et se joindre à elles.
Le mot קול (kol - voix), qui fait référence à la voix de la prière, nous donne une indication à ce sujet. La guématria de קול, lorsqu'elle est doublée, est égale à ערב (arèv - doux), comme nous le voyons dans le verset : "Car ta voix est douce" (ki kolé'h arèv - כי קולך ערב - Chir haChirim 2,14).
Cela fait référence à la voix des Bné Israël, qui s'unit à la voix des anges dans le Ciel, pour faire une louange douce et agréable devant Hachem. Tout cela n'est possible que lorsque notre voix est gardée dans la pureté, afin qu'elle soit digne de se joindre à la voix des anges.

Cependant, la gematria de קול (voix), lorsqu'elle est doublée, est également égale à ברע (béra - avec le mal). Lorsqu'une voix est souillée de mauvaises paroles, au lieu de s'unir à la voix des anges, elle s'unit à la voix de la sitra a'hra (forces du mal/d'impureté).
Il est écrit à ce sujet : "Garde ta langue du mal" (nétsor léchoné'ha méra - Téhilim 34,14) = garde-la, de peur que tes prières ne soient souillées par le lachon ara, et qu'elles ne se joignent ainsi à la sitra a'hra.

[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra ]

Le pouvoir de nos paroles

+ Le pouvoir de nos paroles :

-> L'humanité s'est vue confier un don précieux et céleste : le pouvoir de la parole.
C'est l'avantage principal de l'homme sur l'animal.
Hachem "souffla dans ses narines l'âme de la vie, et l'homme devint un être vivant" (Béréchit 2,7), selon le Targoum Onkelos : "un esprit de parole" (roua'h mémaléla).
Les gens sous-estiment souvent l'importance de ce don. Ils ne se rendent pas compte du pouvoir qu'il confère, celui de construire ou de détruire des mondes entiers.

-> Le Zohar (III,31b) enseigne :
""Il prononcera un discours" (védabèr davar - Yéchayahou 58,13) = [la double formulation de ce verset implique que] lorsqu'une personne prononce une parole ici-bas, elle éveille un pouvoir de parole correspondant en-Haut ... Sa parole monte au ciel, à l'endroit qui lui correspond, et éveille les forces qui lui sont liées.
Une bonne parole éveille les forces du bien, tandis qu'une mauvaise parole éveille les forces du mal. "

-> Le Zohar (II,47b) affirme que chaque mot prononcé par une personne monte au Ciel pour éveiller une influence correspondante d'en haut.
Les bonnes paroles éveillent une force du bien, tandis que les mauvaises paroles éveillent une force du mal.

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-> Selon le Zohar (tikoun 69,p.105b) :
"Lorsque l'homme émet de sa bouche des paroles de prière, combien de saints anges étendent leurs ailes et ouvrent leur bouche pour les recevoir, comme il est écrit : "Car un oiseau du Ciel portera la voix, et les ailés rapporteront ce qui a été dit" (Kohélet 10,20).
Ensuite, Hachem prend ces mots et construit avec eux des mondes célestes, dont il est écrit : "Les nouveaux Cieux et la nouvelle Terre que Je ferai" (Yéchayahou 66,22).
... "Ne lisez pas ceci "Vous êtes Ma nation" (ami ata - Yéchayahou 51,16), mais plutôt "imi ata" (Tu es avec Moi", ensemble en tant que Mon partenaire.
Par nos mots, Hachem construit des mondes, et c'est comme si la personne qui prie les avait construits en partenariat avec Hachem."

-> Selon le Arizal (chaar Roua'h haKodech 1) :
"Nos Sages (Pirké Avot 4,11) nous disent que pour chaque mitsva qu'une personne accomplit, un ange est créé pour plaider en sa faveur.
Les paroles d'une personne créent des forces bonnes ou mauvaises, selon le contenu de son discours."

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,13) écrit à ce sujet :
"Chaque mot prononcé par une personne éveille une puissance au Ciel. Les bonnes paroles renforcent les forces de la sainteté."

-> Le roi Shlomo commence le livre de Kohélet par 7 utilisations du mot : hével (hével havalim ...). Hével signifie littéralement "brume". Le Zohar (I, p.146b) explique qu'il s'agit de la vapeur insubstantielle que l'homme émet de sa bouche lorsqu'il parle, et qui forme les piliers sur lesquels repose le monde entier.

-> Par exemple, le Zohar (II,39a) affirme : "C'est le secret des précieuses vapeurs qui sortent de la bouche et se transforment en sons. Le monde entier est soutenu par le "hével" des enfants qui étudient la Torah et qui sont innocents de toute faute".
L'étude de la Torah est plus qu'un simple effort intellectuel. Les mots de Torah prononcés ont un grand pouvoir. La guémara (Erouvin 54a) affirme que lorsqu'une personne prononce à haute voix des mots de Torah qu'elle étudie, ils la vivifient, comme il est écrit : "Car ils sont vie pour ceux qui les trouvent, et guérison pour toute sa chair" (Michlé 4,22). Ne lisez pas cela comme "lémotséé'ém" (pour ceux qui les trouvent), mais plutôt "lémotsié'ém bapé" (pour ceux qui les prononcent à haute voix).

-> De même que des paroles de Torah ont le pouvoir d'attirer la sainteté sur une personne, de même, dans une mesure égale et opposée, des paroles mauvais (selon la halakha - ex: lachon ara) attirent l'impureté sur elle.
Le Méor Enayim (Vayéra) écrit : "lorsque la parole d'une personne est pure, elle attire en elle la sainteté d'Hachem. En revanche, lorsqu'elle souille sa bouche par le mensonge, le rékhilout et le lachon ara, leur impureté bloque l'ouverture de la bouche et empêche cette sainteté d'entrer.

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-> En protégeant notre parole du lachon ara et d'autres mots interdits, nous préservons son pouvoir et sa sainteté pour l'étude de la Torah et la prière.
Le Ri Ibn Shou'ivo (Shlach) écrit que la parole est la porte de l'âme sainte. Lorsqu'une personne contamine son discours avec du lachon ara, c'est comme faire couler des eaux usées d'égout à ciel ouvert devant l'entrée du Temple.

-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-Shétika 22) avertit que si nous souillons bouche par du lachon ara ou d'autres formes de paroles interdites, alors toutes les paroles de Torah et de prière qu'on prononce sont dégradées par leur impureté.
Non seulement on ne recevra aucune récompense pour ces paroles, mais on sera puni. On est comme quelqu'un qui offre un cadeau au roi sur un plat sale et maculé de boue.

-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-shétika) compare les bavardages insensés à des relations interdites. Tout comme chaque graine est sacrée et ne doit jamais être gaspillée, il en va de même pour chaque mot que nous prononçons.
La brit de la parole est en parallèle à la brit mila. Le mot מילה (mila - l'organe masculin) a la même guématria que פה (pé - la bouche). Les efforts que nous faisons pour s'améliorer dans un domaine améliore également l'autre domaine (les 2 brit [alliance] étant liées).
De même, les fautes de l'un sont équivalents aux fautes de l'autre, comme il est écrit : "Ne laisse pas ta bouche porter le péché sur ta chair" (Kohélet 5,5).

-> Le Alchikh haKadoch (Tétsavé 28,35) ajoute que lorsqu'une personne prie, elle plaide devant le Trône d'Hachem au nom de son âme. Cependant, lorsque la même langue qui implore la miséricorde est également utilisée pour du lachon ara et d'autres fautes avec la parole, son avocat/défenseur se transforme alors en son pire procureur/accusateur.
Chaque mot prononcé pour sa défense ne fait que rappeler à la Cour céleste les nombreuses fautes qu'elle commet avec sa bouche. Ce n'est que lorsque la bouche est utilisée pour le bien, et non pour le mal, que ses paroles trouveront grâce aux yeux d'Hachem lorsqu'on se tiendra debout pour prier.

-> Le midrach (Vayikra rabba 16,2) raconte l'histoire d'un marchand ambulant qui allait de ville en ville en criant : "Qui veut la vie? Qui veut la vie?"
Rav Yanaï entendit l'appel de sa fenêtre et invita le marchand à venir chez lui pour lui vendre la vie.
Le marchand lui répondit : "Vous n'avez pas besoin de ma marchandise".
Le marchand vint chez lui, ouvrit un livre de Téhilim et lut le verset suivant : "Qui est l'homme qui désire la vie? Garde ta langue du mal" (Téhilim 34,13).
Rav Yanaï acquiesça et ajouta les mots du roi Shlomo : "Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde son âme du mal" (Michlé 21,13).
"J'ai lu ce verset tout au long de ma vie, mais je n'avais jamais réalisé sa signification simple, jusqu'à ce que ce marchand vienne et me l'explique", conclut Rav Yanaï.

=> Sur la base de ces versets, le Ménorat Hamaor (chap.18) avertit que toutes les difficultés et les souffrances qui s'abattent sur une personne sont uniquement dues au lachon ara qu'elle prononce.

-> Le Rav 'Haïm Vital écrit dans Shaaré Kédoucha (2:5) :
"Lorsqu'une personne n'étudie pas la Torah, ses lèvres doivent rester serrées l'une contre l'autre comme une meule de pierre sur une autre. Toutes les bonnes actions et tous les mérites qu'une personne accumule tout au long de sa vie ne suffisent pas à compenser une seule mauvaise parole qu'elle prononce.
Heureux celui qui sait se comporter comme s'il était muet, sourd, aveugle ou infirme, selon la situation, afin que ses membres ne fautent pas et ne le condamnent pas à Guéhinam, comme l'a dit David Hamelech : 'Je suis comme les sourds qui n'entendent pas et les muets qui ne peuvent pas ouvrir la bouche' (Téhilim 38,14)."

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-> Il est très difficile de protéger notre parole parce que nous ignorons à quel point elle est puissante.
Nous sommes tellement immergés dans nos activités quotidiennes banales (dans le monde matériel avec la même vision que les juifs qui nous entourent) que nous perdons la sensibilité nécessaire pour percevoir la spiritualité qui sous-tend la création et les ramifications célestes de tous nos actes et paroles.
C'est pourquoi les gens ont tendance à dire des choses telles que : "Ce n'était qu'une blague. Juste quelques mots. Où est le problème? Comment pourrais-je être puni si sévèrement pour une simple remarque?" ...
C'est le plus dangereux de tous les pièges du yétser ara.
[...]

L'ampleur des pouvoirs de l'esprit (spirituel), par rapport aux pouvoirs beaucoup plus limités de la matière physique (matériel), peut être constatée en comparant le corps et l'âme. Bien que le corps semble être la principale force active, il n'en est ainsi qu'au niveau le plus superficiel.
Dans la profondeur de la réalité, c'est l'âme invisible qui agit sur le monde, utilisant le corps comme une main dans un gant.
Il en va de même pour le pouvoir de la parole, qui influence la réalité plus profonde et spirituelle de la création d'une manière que nous ne pouvons pas voir, mais que nous savons être vraie.
[...]

Puisque la parole est si importante dans notre avodat Hachem, nous devons prendre grand soin de protéger notre pouvoir de parole et ne pas le souiller avec la saleté du lachon ara et d'autres fautes de parole qui nuisent à son efficacité. La bouche souillée par des paroles fauteuses ne peut attirer la sainteté dans le monde par le biais de la Torah et de la prière.
Au contraire, de telles paroles sont aussi offensantes qu'un cadeau offert au roi sur un plat taché de boue. [voir Zohar II 263b]

[d'après les enseignements de rabbi Yaakov Abou'hatséra, le Abir Yaakov]

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Nos paroles sont articulées par la bouche, la langue et les lèvres, chacune d'entre elles représentant représentent les noms d'Hachem.

-> la bouche (pé - פה) en guématria équivaut à 85, soit 63 plus 22.
63 est la guématria des lettres du Nom d'Hachem (יהוה) lorsqu'elles sont écrite pleinement : יוד הי ואו הי.
Il y a 22 lettres dans l'alphabet hébraïque.
L'ensemble est égal à פה. Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot, cela équivaut également au Nom Divin : Elokim - אלהים (valeur de 86).

-> la langue (lachon - לשון) a une guématria de 386, ce qui équivaut à : Chékhina (Présence Divine) - שכינה (après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot).
Cela équivaut également aux lettres pleines de אלהים soit : אלף למד הי יוד מם (valeur de 300), auquel on rajoute le Nom Divine : Elokim - אלהים (soit 86). [le total est 386 = lachon]

-> la lèvre (chafa - שפה) a une guématria de 385, ce qui correspond exactement à la valeur de שכינה (Chékhina).
Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot (שפה), il est également égal aux lettres de אלהים lorsqu'elles sont épelées : אלף למד הי יוד מם, plus le nom אלהים (86).

Si une personne mérite de sanctifier sa parole, chaque mot qu'elle prononce est investi de secrets célestes, provenant des 6 noms d'Hachem qui composent son pouvoir de parole.
Cependant, s'il ne garde pas sa langue, les forces du mal (yétser ara) usurperont le saint pouvoir de la parole pour lequel l'homme a été créé, et les déformera à des fins maléfiques.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra]

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Si une personne croyait que la providence d'Hachem guide tout ce qui lui arrive, et qu'elle n'est jamais à la merci des autres pour l'aider ou lui nuire, mais qu'elle est toujours entre les mains d'Hachem, alors elle ne serait pas poussé à la colère par les blessures qu'il a subies de leur part.
Elle ne serait pas motivée à dire du lachon ara contre eux, puisqu'elle sait que tout vient d'Hachem et que tout est pour le mieux.
De plus, même si elle voulait prononcer des paroles de lachon ara contre eux, elle serait retenu par la reconnaissance du fait qu'Hachem entend toutes ses paroles et qu'un jugement sévère attend chaque parole de lachon ara qu'elle prononce.

Nos Sages disent que le lachon ara mène à la pauvreté (voir Séfer haKané et Tikouné Zohar).
['Hafets 'Haïm - Chemirat haLachon - conclusion chap.6 ]

Chaque mot de bonté, chaque mot de Torah ou de prière, crée un ange Défenseur céleste pour celui qui le prononce.
Chaque mot blessant, chaque mot de lachon hara ou de mensonge, crée un ange Accusateur.
[rabbi Avraham Azoulai - 1570-1643 ]

Selon le Arizal (voir chaar Roua'h haKadoch 1), une personne doit croire que sa parole fait plaisir à Hachem et apporte des résultats positifs pour le peuple juif.
S'il croit cela, il veillera à ne pas dire de mots interdits ou inutiles, il parlera favorablement de ses concitoyens juifs et il ne s'engagera que dans des discussions sur la Torah.

Lorsqu'une personne agit de la sorte, il est évident que sa parole fait plaisir à Hachem, et à son tour, D. lui obéit. Ainsi, la parole d'une personne (ex: quand elle priera) engendre de bonnes choses.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vaéra 7,9]

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=> lorsque nous affinons notre pouvoir de parole, Hachem exauce nos souhaits

Avant qu'une personne ne dise quelque chose, elle devrait d'abord considérer l'exaltation et la grandeur d'Hachem. Cela l'amènera à aimer et à craindre le nom de D., puis à vivre une expérience pleine de passion du Divin.
C'est ainsi qu'elle suscite la bienveillance de D. dans le monde.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Noa'h 6,15]

=> En imprégnant nos paroles de la conscience d'Hachem, nous pouvons susciter la bienveillance de D.

Le machia'h ne peut pas venir tant que nous n'avons pas éradiquer le lachon ara et les disputes, qui sont parmi nous.
[Gaon de Vilna - Adéret Eliyahou - paracha Dévarim]

Dire du lachon ara = le contraire de remercier Hachem

+ Dire du lachon ara = le contraire de remercier Hachem :

-> Le rav Weinfeld (Kountres ouvéYom Sim'hatkhem p.52) explique que la racine du lachon ara étant la négativité, son opposé est la positivité.
Seule une personne ayant une attitude positive peut remercier Hachem pour toutes les choses extraordinaires qu'Il lui donne.

Nous avons tous du mal à naturellement rester optimistes. Avec très peu d'efforts, nous pouvons remarquer toutes les bonnes choses que nous avons dans la vie. Pourtant, nous perdons facilement notre concentration et commençons à pinailler, voire à interpréter à tort un élément positif comme étant négatif (ex: disant du lachon ara).
C'est à nous de choisir la bonne perspective.

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3,217) compare la personne qui parle du lachon ara à une mouche.
Bien qu'elle puisse atterrir n'importe où sur un immense et magnifique comptoir en marbre, la mouche se dirige directement vers la petite tâche sale où de la nourriture s'est renversée.
De la même manière, il y a tant de bonnes choses sur lesquelles se concentrer dans n'importe quelle situation, mais certaines personnes se focalisent sur les mauvaises.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si’hot Moussar 5731:22) enseigne que la faute des explorateurs dans le désert n'était pas leur mauvaise parole, mais plutôt leur mauvais œil, la perspective négative qui les poussait à parler de manière négative.
Ce sont les 40 jours passés à recueillir toutes les informations négatives possibles qui ont scellé leur destin.
Par exemple, les meraglim ont décrit la terre d'Israël comme étant "une terre qui consume ses habitants" (Chéla'h Lé'ha 13,32). Rachi explique que partout où ils se sont tournés, ils ont vu des gens enterrer leurs morts. Hachem a délibérément préoccupé les habitants avec des funérailles, poursuit Rachi, afin que personne ne remarque la mission d'espionnage.
Pourtant, la perspective négative des explorateurs les a conduits à transformer ces événements, qui étaient à leur avantage, en un dénigrement de la terre d'Israël.

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[ainsi, exprimer notre gratitude à Hachem revient à reconnaître que tout n'est grâce à Lui, que nous Lui sommes dépendants, et nous avons donc une "dette de redevabilité" Or l'être humain préfère trouver un petit défaut, se plaindre, voir dire du lachon ara, et ainsi évacuer/diminuer cette "dette" (puisque tout n'est pas parfait à nos yeux!).]

-> Voir le positif et remercier Hachem peut même prolonger la vie. Comme le demande le roi David de manière rhétorique : "Quel intérêt y a-t-il à ce que je meure? ... La poussière Te reconnaîtra-t-elle?" (Téhilim 30,11) = reconnaître Hachem justifie la poursuite de notre vie!

"Cela sera la loi du Métsora (lépreux) le jour de sa purification, il sera amené au Cohen" (Métsora 14,1)

-> Le Métsora est l'homme qui a prononcé de la médisance (motsi ra - il a fait sortir du Mal de sa bouche).
Ce verset vient nous enseigner que la personne qui prononce des propos médisants (ex: lachon ara), éveille un souffle d'impureté.
Cette impureté vient empêcher ses prières d'être agréées par Hachem. Lorsque la personne se repent et se purifie, ses prières peuvent à nouveau être présentées devant Hachem.

"Le jour de sa purification, il sera amené au Cohen" = ses prières pourront de nouveau être amenées au Cohen Supérieur, qui est Hachem.
Mais tant que l'homme médisant ne s'est pas repenti, et qu'il continue à pratiquer la médisance, ses prières ne seront pas acceptées par Hachem. Le souffle d'impureté qu'il produit par sa faute fait barrage.
[Zohar]