Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Donner la tsédaka = unir le Nom Divin

+ "Quant à moi, c'est dans la justice (tsédek) que je contemplerai Ta face" (Téhilim 17,15).
J'ai entendu dire, au nom du Baal Chem Tov, que lorsqu'on donne une pièce de monnaie à un pauvre, on réalise une unification [du nom divin יהוה].
La pièce représente la lettre youd [qui est un petit point]. Les cinq doigts du donateur font allusion à la lettre hé [qui équivaut au chiffre cinq]. Son bras étendu est comparable à la lettre vav. Et les cinq doigts du receveur correspondent à la dernière lettre, hé.
De cette manière, on attire la miséricorde Divine [qui est représentée par le nom divin יהוה]
[Mévasser Tsédek - Réé]

+ Chaque juif est une couronne sur la "tête" du Créateur.
Il est de notre devoir, vis-à-vis de cette couronne, d'y placer toutes sortes de joyaux et de pierres précieuses que nous pouvons trouver.
Lorsque nous faisons un effort conscient pour rechercher le bien chez notre prochain (ex: en le jugeant favorablement), nous faisons en sorte que la couronne d'Hachem devienne de plus en plus belle.
Comme les diamants, les rubis et les saphirs, ces qualités positives [en autrui (et nous)] font briller la couronne d'Hachem d'un éclat aveuglant, augmentant Sa Gloire et Lui apportant un plaisir et une joie insondables.
[d'après Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan 6]

Le lachon ara

+ Le lachon ara

-> La Torah interdit de dire du lachon ara.
Le 'Hafets 'Haïm consacre plusieurs livres à la gravité et à l'énormité de cette faute, que nos Sages assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

=> Parler du lachon ara doit être considéré comme l'un des actes les plus cruels, les plus barbares et les plus honteux que l'on puisse imaginer. En effet, la Torah pousse une personne à être un baal 'hessed, à se concentrer sur les besoins et les sentiments de son prochain juif, grimaçant à l'idée de la douleur et de la honte ressenties par l'autre personne.
Il est impossible de ressentir cela et de lui causer froidement une blessure aussi insupportable.
[le lachon ara est tellement contraire au but de la Torah ('hessed = se mettre à la place d'autrui), qu'il est aussi grave que le cumul des 3 fautes très graves, qu'il y a autant d'avertissements de nos Sages sur la gravité d'en dire. ]

<--->

-> Nos Sages nous enseignent qu'il est préférable d'être jeté dans une fournaise ardente plutôt que d'embarrasser une autre personne en public. [guémara Baba Métsia 59a]

-> La gravité d'embarrasser quelqu'un est évidente dans la halakha du motsi chem ra.
La Torah (Dévarim 22) parle d'un homme qui a faussement accusé sa fiancée d'adultère. Il est puni en devant payer une lourde amende "car il a répandu une mauvaise réputation sur une jeune fille juive".
Cela laisse perplexe : s'il avait réussi à l'accuser, elle aurait été mise à mort. Ne devrait-il pas être puni pour le crime bien plus grave d'avoir tenté de faire tuer une femme innocente?

Rabbénou Yona (Shaaré Téchouva 3,111) répond que la Torah nous enseigne que c'est une plus grande faute d'embarrasser une personne que de la faire tuer, "car la douleur de l'humiliation est pire que la mort".

La michna (Pirké Avot 3,11) ajoute que celui qui embarrasse une personne en public "n'a pas de part dans le monde à Venir".
[le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon 2,17) se basant sur le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,14), précise que cela n'est vrai uniquement pour celui qui agit ainsi de manière habituelle, et non si cela n'a lieu qu'une fois (très occasionnellement).]
Nos maîtres du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais qu'une telle personne n'a aucun lien avec le monde à Venir (olam haba). Son essence est l'exact opposé des personnes qui méritent le monde à venir.
Quelqu'un qui se soucie si peu des sentiments d'une autre personne qu'il peut l'humilier publiquement est si éloigné de ce que désire Hachem qu'il n'aura rien avoir à faire avec Hachem dans le Monde à venir.

-> La guémara (Sotah 42a) nous dit que les personnes qui disent du lachon hara font partie de celles qui sont incapables de rencontrer la Ché'hina.

<--->

-> issu du divré Torah : https://todahm.com/2023/08/22/une-torah-de-hessed

<-------->

-> Il existe une coutume répandue qui consiste à dire les 10 Rappels (zékhirot) que nous devons avoir quotidiennement, après la prière de cha'harit. Il s'agit de : le Shabbath, la sortie d'Egypte, le don de la Torah sur le mont Sinaï, la faute du Veau d'or, l'obligation d'exterminer notre ennemi juré Amalek, ...
Le 8e Rappel consiste à se souvenir comment Myriam a été punie pour avoir parlé du lachon ara à propos de son frère Moché.
Qu'y a-t-il de si fondamental avec toute parole de lachon ara pour qu'il soit compris avec les Rappels les plus importants du judaïsme et qu'il soit prononcé tous les jours?

Le rav Chatzkel Lévenstein en tire la leçon suivante :
"Le principe fondamental de toute chose est d'imiter Hachem, qui est la source de tout bien et de toute bonté. Mais le lachon ara est méchant, l'exact opposé du but recherché qui est de s'attacher à la bonté".
Ce principe est si important qu'il faut s'en souvenir tous les jours.

<---------->

+ L'exemple de Yossef :

-> Nos Sages nous disent que la femme de Potiphar a menacé Yossef de l'emprisonner, de le mutiler et même de le tuer s'il ne consentait pas à la regarder.
Le midrach (Tan'houma - Vayéchev 7) décrit comment elle lui parlait à plusieurs reprises tout au long de la journée pour essayer de le persuader et changeait même de vêtements 3 fois par jour "afin qu'il pose ses yeux sur elle".
Le midrach (Tan'houma Vayéchev 12) poursuit : "Lorsqu'elle lui parlait, il baissait le visage pour ne pas la regarder". En réponse, elle plaça sous son menton un rayon de fer qui le couperait s'il baissait la tête, mais il ne céda pas.

De plus, lorsque Yossef fut nommé commandant en second d'Egypte (après Pharaon), il fut exhibé dans tout le pays. Nos Sages (midrach Béréchit rabba 98,18) nous disent que toutes les femmes importantes d'Egypte se pressaient autour de lui pour le voir et le couvraient de vêtements et de bijoux coûteux "dans l'intention qu'il les regarde".
Yossef est resté fort et n'a pas levé les yeux, ne serait-ce qu'une seule fois, pour regarder.
Les commentaires soulignent l'extrême grandeur de sa résistance. Il était à des kilomètres de chez lui, dans un endroit où personne ne savait qui il était et où personne ne découvrirait jamais s'il avait péché. Il était jeune et extrêmement beau, au sommet de sa gloire. Après être devenu le commandant en second, il était puissant, riche et prospère, autant d'éléments qui conduisent souvent les gens à l'erreur.
Pourtant, Yossef était tellement imprégné de la sainteté héritée de ses ancêtres qu'il est resté ferme.
Grâce à son comportement, la sainteté a été insufflée au peuple juif en Egypte pour lui permettre de résister à toutes les tentations des yeux auxquelles ils seraient exposé par la suite (ce qui leur a été un mérite pour être délivrés d'Egypte).

=> Quelle a été l'erreur de Yossef? Pourquoi la sainteté de Yossef a-t-elle été soumise à des tests aussi extrêmes?

-> De manière fascinante, nos Sages (Tan'houma - Vayéchev 10) enseignent que c'est parce qu'il a parlé du lachon ara à propos de ses frères.
Il a dit à Yaakov qu'ils avaient jeté leur dévolu sur les filles non juives du pays. En retour, il fut mis à l'épreuve par des épreuves consistant à ne pas regarder des femmes interdites.

Nous avons cité plus haut le rav Yérou'ham Lévovitz, qui a déclaré qu'il ne serait jamais possible de parler de lachon ara à propos d'une autre personne s'il l'imaginait en train de lui crier d'avoir pitié d'elle et de ne pas l'avilir. Parler de lachon ara provient du trait de tsarout ayin, qui consiste à ne pas se concentrer pleinement sur l'autre personne et ses sensibilités.

De toute évidence, au niveau de Yossef, nous discutons d'un tsarout ayin et d'un lachon ara véritablement infime (les justes sont jugés sur l'épaisseur d'un cheveux).
Les commentaires décrivent les nombreuses justifications qu'il avait pour dire ce qu'il a fait, mais néanmoins, la perfection totale qu'Hachem exige d'aussi grands tsadikim que lui, était manquante.
Pour remédier à ce manque et le propulser vers la perfection totale, il a été soumis à d'énormes épreuves de garder ses yeux de mauvaises visions, en contrôlant ses yeux.
[de même qu'il a utilisé ses yeux pour voir du mal dans ses frères, au détriment de la sensibilité et d'être à leur place (ayin tov), alors en réparation il a dû utiliser yeux à ne pas voir de mauvaises choses (Potifar, les plus belles femmes d'Egypte courant après lui, ...)]
Son succès dans ces épreuves lui donna le ayin tova (bon œil) qu'Hachem recherchait pour l'implanter dans Son illustre peuple. [la descendance de Yossef n'est pas soumise au ayin ara! ]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (Kédochim 19,18)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
Par le biais de l'amour, la solidarité et la bonne entente entre tous parmi le peuple juif, le Nom de D. est unifié.
Chaque juif est une ramification du Nom יהוה, comme il est écrit : "car son peuple est une partie d'Hachem" (Haazinou 32,9).
Lorsque les gens s'aiment et se respectent, le Nom de D. s'unit.

La parole

+ La parole :

-> L'entrée du corps d'une personne par laquelle elle s'attache à la sainteté est la bouche.
Lorsqu'une personne prononce des paroles saintes, elle attire la sainteté en elle.
A l'inverse, si elle rend sa parole impure par le mensonge et le bavardage, et en particulier lorsqu'elle profère du lachon ara ou parle des justes de manière désobligeante, elle empêche la sainteté d'entrer en elle.
En fin de compte, cela l'amènera à corrompre l'alliance de la circoncision et à se plonger dans une spirale descendante de ténèbres spirituelles dans laquelle la sainteté ne peut pas entrer.
[Méor Enayim - Vayéra]

<--->

-> Lorsqu'une personne prononce des paroles inutiles ou du lachon ara, ses paroles et son souffle s'élèvent vers le ciel et deviennent des forces accusatrices dans les royaumes spirituels.
Si, par la suite, elle prononce des paroles de Torah, ces paroles et ce souffle s'élèvent également.
Dans les royaumes spirituels, cependant, les paroles indésirables qu'il a prononcées précédemment ont encore un effet et bloquent, dans une certaine mesure au moins, les paroles de Torah qu'il récite, empêchant ses paroles d'être acceptées en haut.
[le Maggid de Mézéritch - Likouté Amarim]

-> La vitalité que D. accorde à une personne s'exprime dans son discours.
Lorsqu'une personne s'exprime de manière positive, sa parole s'élève vers le haut et suscite la parole de D.., pour ainsi dire, attirant une vitalité accrue pour cette personne.
En revanche, lorsqu'elle parle de manière indésirable, la vitalité qui lui est accordée s'exprime, mais ses paroles ne montent pas en haut et aucune vitalité nouvelle n'est générée pour elle. Il est donc possible que sa vitalité cesse complètement.
[Baal Chem Tov - Tsavaat haRivach]

<--->

-> Nos Sages enseignent qu'une personne qui prononce des paroles inutiles enfreint un commandement positif, car il est écrit: "Tu parleras d'eux" (Vaét'hanan 6,7), "d'eux", et non pas "de choses inutiles".
Il en va de même pour les choses interdites. Si quelqu'un s'aperçoit qu'il a agi de la sorte, il doit se tourner vers D. pour faire téchouva.
[rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov - Agra déPirka]

"Quiconque parle excessivement commet un faute" (guémara Béra'hot 4a). Le mot חטא ('hét) traduit par "faute", peut également signifier "manque".
Même lorsqu'on parle des paroles de la Torah avec les gens, le silence est préférable. En effet, dans le silence, on peut lier sa pensée à la grandeur de D., créant ainsi un lien plus profond que celui que l'on peut obtenir par la parole.
[Baal Chem Tov - Tsavaat haRivach]

-> Parler des réchaïm peut conduire à des pensées impures, car cela attire le mal dans le monde. Inversement, parler des attributs positifs des justes attire la bonté dans le monde.
[Dar'hé Tsadikim]

-> Parfois, il est souhaitable de ne pas mentionner du tout une mauvaise qualité ou une mauvaise personne, ni même d'en parler de façon péjorative.
En effet, en parlant d'eux, même négativement, on leur insuffle de la vitalité, et en les ignorant, on les prive de leur source d'alimentation.
[rabbi Tsvi Elimélé'h de Dino - Agra déPirka - citant le rabbi Pin'has de Koritz]

<--->

-> Lorsqu'une personne corrompt sa parole, elle corrompt également l'alliance de la circoncision.
[le Maggid de Koznitz - Avodat Israël]

-> Il est bien connu que si une personne protège sa bouche et sa langue des paroles mensongères, du lachon ara, des calomnies et autres, elle se gardera de ternir l'alliance de la circoncision.
Une personne qui compromet l'alliance de la langue en prononçant le type de paroles mentionnées ci-dessus compromettra également l'alliance de la circoncision.
[rabbi Avraham Yéhochoua d'Apt - Ohev Israël - Tétsavé]

-> Le Abir Yaakov (Tétsavé) fait remarquer que les mots : "pé" (bouche - פה) et "mila" (מילה - renvoyant au sexe masculin), ont la même guématria de 85.
Il existe 2 sortes de circoncision : celle de la bouche et celle du sexe, et l'intégrité de la 2e dépend de la 1ere.
Garder sa bouche de propos vains et des insanités, c'est garder la pureté de sa circoncision.

Il ne faut pas faire honte à ce qui existe, car tout a été formé avec la sagesse divine.
Ainsi, on ne doit pas déraciner une plante sans but, ni tuer une créature vivante sans raison.
[Ramak - Tomer Devorah chap.3]

<--->

-> Il faut respecter toutes les créatures, car on peut discerner en elles la marque du Créateur "qui a formé l'homme avec sagesse", toutes les créations contiennent en elles la sagesse de leur Créateur.
On doit les observer et constater qu'elles sont extrêmement dignes d'éloges.
S'il devait, à D. ne plaise, les critiquer, il insulterait l'honneur de leur Créateur. On peut comparer cela à un orfèvre qui façonne un récipient avec une grande sagesse et qui montre son travail à certaines personnes. Si l'une d'entre elles se mettait à insulter et à critiquer le vase, le sage se mettrait en colère, car elle insulterait sa sagesse en insultant son travail.
De la même manière, c'est un mal aux yeux d'Hachem lorsque nous faisons honte à Ses créations.
[Ramak - Tomer Devorah - chap.2]

<--->

-> La guémara (Taanit 20a) raconte que lorsque Rabbi El'azar ben Rabbi Shimon a réprimandé un homme extrêmement laid (qui, en fait, était Eliyahou haNavi déguisé - Rachi & Tossafot), l'homme a répondu : "Pourquoi ne vas-tu pas voir l'artisan qui m'a fait et ne lui dis-tu pas à quel point sa création est laide?"
Commentant cet incident, le Maharcha écrit que Eliyahou haNavi a réprimandé Rabbi El'azar parce qu'il est interdit de souligner un défaut dans n'importe quelle partie de la création.

-> "Les yeux d'Hachem sont sur les tsadikim" (éné Hachem él tsadikim - Téhilim 34,16)

Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 98) explique que les tsadikim abordent le monde avec des "yeux Divins" = ils abordent toute la création d'une manière totalement différente de celle des autres. Ils sont capables de vivre avec la prise de conscience constante que chaque être humain, chaque animal, et même chaque insecte, regorge de la sagesse d'Hachem.

-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi - Toldot) écrit :
"Les tsadikim ne désirent la destruction d'aucune création, car ils voient la sagesse de leur Créateur en elle."

=> Les tsadikim cherchent à trouver la sagesse divine dans chaque création et ne souhaitent donc que le succès et la bénédiction de tout ce qui existe.
Si nous gardons cette idée à l'esprit, nous serons en mesure de trouver Hachem en toute chose et de réaliser la divinité dont nous sommes complètement entourés.

Le commentaire de Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même est une grande règle de la Torah (zé klal gadol baTorah)" (guémara Yérouchalmi Nédarim 9:4), peut également être traduit d'une manière différente.
Le mot כלל (klal) peut faire référence à : Klal Israël, la nation juive.
Ainsi, l'observation de Rabbi Akiva peut également signifier : "Le commandement d'aimer ton prochain comme toi-même fait d'Israël une nation grande dans la Torah".
Inversement, l'adhésion commune à la Torah favorise l'unité entre les juifs.
[Sfat Emet - Shavouot 5662]

L’ahavat Israël

+ L'ahavat Israël :

-> Chaque juif a une lettre individuelle dans la Torah, et la Torah et D. ne font qu'un.
Ainsi, la lettre d'un juif dans la Torah représente la source de son âme et son lien individuel avec Hachem. Cette lettre attire un flux de sainteté vers l'âme de cette personne.

Chaque lettre de la Torah est liée à toutes les autres lettres. Par conséquent, lorsqu'une lettre de la Torah n'est pas valide, c'est tout le rouleau qui est disqualifié (à l'usage, car non-casher).
C'est sur cette base que nos Sages (Sanhédrin 4:5) ont déclaré que celui qui fait périr une âme juive est considéré comme s'il faisait périr le monde entier.
De même, c'est pour cette raison qu'avant de commencer nos prières, il convient de dire : "Voici que j'accepte sur moi le commandement positif : "Aime ton prochain comme toi-même" (aréni mékabel alaï mitsvat assé chél : véaavta léréa'ha ...).

Si quelqu'un voit le mal chez son prochain, il doit haïr cette mauvaise dimension, mais il doit aimer la dimension sainte que possède l'autre personne comme il aime son propre être.
En effet, le Baal Chem Tov disait qu'un homme parfaitement juste, qui n'a aucune trace de mal dans son âme, ne verra jamais le mal chez une autre personne. En revanche, lorsqu'une personne voit le mal chez son prochain, elle doit se rendre compte que ce dernier n'est qu'un miroir qui lui renvoie l'image du mal qu'elle possède elle-même.
Telle est la signification de la phrase "Aime ton prochain comme toi-même". De même qu'une personne sait qu'elle possède certaines caractéristiques négatives, qu'elle les déteste pour leur dimension indésirable, mais qu'elle les ignore et continue à s'aimer, de même elle doit considérer les caractéristiques négatives de son prochain.
Car, en vérité, tout comme lui, son prochain fait partie de D. et possède une lettre dans la Torah.
[Méor Enayim - 'Houkat]

<--->

-> Chaque juif, qu'il soit tsadik, bénoni ou racha, même au niveau le plus bas, possède une étincelle de divinité qui constitue son énergie vitale fondamentale. Chacun a l'obligation de croire que son prochain veut sincèrement faire la volonté de D., c'est juste que temporairement, il s'est écarté du chemin de la sagesse. En fin de compte, il reviendra.
Aimer son prochain juif comme soi-même, c'est croire qu'il est comme soi, car sa judéité s'affirmera d'elle-même.
[rabbi Moché de Koznitz - Béer Moché - Vayigach]

<--->

-> Une personne ne devrait pas dire : Pourquoi devrais-je me préoccuper de la communauté dans son ensemble? Je me développerai spirituellement.
Il s'agit d'une approche inappropriée, car le peuple juif tout entier est une entité unique, bien que l'on puisse comparer l'un au corps et l'autre à l'âme. Néanmoins, tout comme le corps et l'âme ont besoin l'un de l'autre et se complètent, le peuple juif tout entier a besoin l'un de l'autre et se complète.
Par conséquent, quel que soit le degré de développement spirituel d'une personne, elle ne doit pas se séparer du reste du monde. Au contraire, elle doit se joindre à eux, les regarder d'un œil compatissant et essayer de les influencer pour qu'ils corrigent leur conduite.
[Toldot Yaakov Yossef - Kédochim]

-> L'amour avec son prochain juif, leur attachement l'un à l'autre et leurs discussions de cœur à cœur reflètent d'importantes qualités spirituelles.
Aimer son prochain comme on s'aime soi-même conduit à une véritable téchouva, à l'humilité, au bonheur, à la capacité de faire un bilan spirituel honnête et à la capacité de vaincre le yétser ara.
Grâce à une telle conduite, on mérite le succès dans ce monde et une part dans le Monde à venir.
[rabbi Avraham de Slonim - Yessod haAvoda]

<--->

-> La véritable fraternité et l'amour sont dans le cœur. Néanmoins, ils doivent également être exprimés verbalement, c'est-à-dire qu'il faut parler à son prochain juif d'une manière fraternelle.
[rabbi Ména'hem de Kossov - Ahavat Shalom - Kédochim]

-> Si vous n'aimez pas votre prochain juif fidèlement, vous n'avez pas goûté à la véritable crainte de D.
Si vous croyez que votre âme est une partie de D., le corollaire logique est que tout Israël est un.
Il convient de susciter les miséricordes de D. sur Israël à tout moment.
[rabbi Moché Leib de Sassov]

-> Si notre prochain a besoin qu'on prie pour lui, nous devons prier pour lui et ne pas s'excuser en disant : "Mes prières ne sont pas dignes d'être exaucées." Car si nous possédions nous-même un tel manque, nous prierions certainement.
Ainsi, en priant pour une autre personne, nous accomplissons la mitsva d'aimer notre prochain comme nous-même.
[rabbi Zé'haria de Yarislav - Darchei Tsédek]

-> Lorsqu'une personne vous met dans l'embarras et vous fait souffrir, vous devez renforcer votre amour pour elle, l'augmenter encore plus qu'auparavant, car : a) à ce moment-là, il y a un puissant yétser ara pour la haïr, et b) en l'aimant, il est possible de la motiver à se repentir.
Il faut aimer même les réchaïm, même si l'on doit détester leurs mauvaises actions.
[rabbi Pinchas de Koritz - midrach Pin'hat]

"Une personne qui est constamment plongée dans ses propres préoccupations ne voit même pas l'autre.
Cette personne doit faire l'effort de quitter son espace personnel et abandonner ses préoccupations de temps en temps.
Nous ne devons pas donner l'impression que cela n'a pas d'importance, car comment un ben Torah peut-il rester égoïste? Qu'Hachem nous en préserve!

Même celui qui n'est pas un égoïste au sens propre du terme, mais quelqu'un qui est constamment préoccupé par la construction de son monde intérieur, contemplant des pensées profondes de Torah et de crainte [d'Hachem], il sera également difficile pour une telle personne d'être consciente des choses qui se passent autour d'elle"
[rav Wolbe - Alé Shour, Vol.2]

<--->

[la routine, la vie qui va à 100%, ... tout cela peut nous empêcher de remarquer qu'autrui a besoin de nous.
Etre juif, c'est maintenir ouvert ses capteurs de 'hessed et d'amour envers son prochain juif. ]

Tous les juifs sont liés les uns les autres

+ Tous les juifs sont liés les uns les autres :

-> "Réprimande ton prochain juif, et ne porte pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Rachi explique que la fin du verset nous enseigne comment réprimander : nous ne devons pas mettre notre prochain juif dans l'embarras, car c'est une grave faute.

-> Le Targoum Onkelos et Rabbénou Yonah (Chaaré Téchouva 3:72) comprennent que "ne porte pas de faute à cause de lui" nous enseigne pourquoi nous sommes tenus de réprimander = parce que celui qui est témoin de la faute de son prochain juif et qui reste silencieux est tenu pour responsable de cette faute.
"Kol Israêl arévim zé bazé" (tous les juifs sont garants les uns des autres - guémara Shevouot 39a), note Rabbénou Yona. Tout comme un garant doit rembourser la dette d'un emprunteur comme s'il s'agissait de la sienne, chaque juif est responsable de l'observance de la Torah par l'autre.

-> Ainsi, nous pouvons comprendre cette directive comme n'importe quelle autre mitsva. Tout comme il existe une obligation de garder la cacherout, il existe une obligation de s'assurer que les commandements de la Torah sont suivis par d'autres. Une personne est donc responsable de toute transgression qu'elle aurait pu éviter.

Le rav Moché Cordovero va plus loin.
Il (Tomer Deborah 1,4) écrit que l'âme de chaque juif comprend un peu de l'âme de tous les autres juifs. Par conséquent, lorsqu'un juif commet une faute, c'est comme si nous l'avions tous commis, puisqu'un fragment de nous se trouve dans celui qui a fauté.
En raison de ce lien, chaque juif est garant et responsable des actions de son prochain.

-> Le rav Aharon Kotler (Michnat Rabbi Aharon) remet en question cette explication.
Si chaque fois que quelqu'un faute, c'est comme si tout le monde fautait, pourquoi un juif est-il puni pour l'infraction de son compagnon seulement s'il aurait pu l'en empêcher?
Rav Aharon Kotler répond que si l'on n'a pas pu arrêter celui qui a fauté, on considère que la partie de nous qui se trouve à l'intérieur du fauteur a le statut d'avoir fauté sous la contrainte et est exemptée de punition, puisque le péché a été commis contre notre volonté.

Le rav Aharon Kotler ajoute qu'il en va de même en ce qui concerne les mitsvot. De même que celui qui désapprouve la faute d'un autre n'en est pas tenu pour responsable, celui qui approuve la mitsva d'un autre en est considéré comme responsable et il en a aussi le mérite.
Cependant, s'il ne la désire pas, ou pire s'il essaie de l'empêcher, la partie de lui qui se trouve à l'intérieur de son prochain juif est forcée d'accomplir la mitsva, et il ne reçoit donc aucune récompense.

Rachi (Ki Tétsé 24,19) écrit que si l'on laisse tomber une pièce de monnaie par accident et qu'un pauvre la trouve et l'utilise pour subvenir à ses besoins, celui qui a perdu la pièce a accompli la mitsva de la tsédaka.
Sur la base de son explication ci-dessus, le rav Kotler maintient que ce n'est le cas que si la personne qui a perdu l'argent est heureuse que le pauvre ait pu subvenir à ses besoins avec cette pièce.

=> Ainsi, pour se connecter à tout le bien accompli par le peuple juif et en bénéficier, il faut se soucier du statut spirituel du peuple juif et de l'honneur d'Hachem.
[ cela est à ajouter au fait que seule l'unité entre les juifs nous permettra d'accomplir toutes les mitsvot, car certaines sont propres à certaines personnes (ex: Cohen, Roi, ...). Si nous ne formons qu'un, alors on considère comme si nous avions accompli toutes les mitsvot nous-même. ]

-> Le Ram'hal (Déré'h Hachem 2:3:8) écrit qu'Hachem a lié tous les juifs afin que nous puissions bénéficier des mitsvot des uns et des autres, et par conséquent, nous sommes également responsables des fautes des autres.
Hachem veut que chacun reçoive le bien suprême dans le monde à Venir. Cependant, certaines personnes ne le méritent pas. C'est pourquoi [dans Sa bonté] Hachem a relié tout le peuple juif, afin que chaque juif puisse s'accrocher aux mérites de l'autre et ainsi se prélasser dans la gloire d'Hachem pour l'éternité.

<--->

-> Nous retrouvons le principe de "l'âme partagée" du Tomer Devorah dans le verset suivant.
La Torah ordonne : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
Le Ramban souligne qu'il est impossible de se soucier d'autrui autant que de soi-même. La Torah exige plutôt que nous agissions envers les autres comme si nous les aimions autant que nous-mêmes. Nous devons les traiter comme nous voudrions être traités.

Cependant, rabbi Moché Cordovéro (Tomer Devorah) insiste sur le fait que, puisque chaque juif est lié à tous les autres et fait partie d'eux (il y a une petite partie de moi en mon prochain juif!), je dois ressentir la douleur ou le bonheur d'un autre comme si c'était le mien, parce que lui et moi ne faisons qu'un!
[le Malbim explique de la même façon ce verset. ]

<--->

[on peut ajouter un autre aspect : puisqu'en réalité les juifs ne sont qu'un (que seul les corps/matérialité semble diviser), lorsque mon prochain va bien, alors par ricochet je vais également aller mieux.
Le rav Salanter disait par exemple que si quelqu'un dit du lachon ara à Salant, alors un autre juif à Paris pourra en être impacté négativement en profanant Shabbath. [l'inverse est également vrai]
Cela nous responsabilise : Chacun de mes actes impacte tous les autres juifs (en bien ou en mal). ]

<--->

-> Chaque juif fait partie d'un collectif appelé Klal Yisrael (peuple juif).
Le rav Hutner note que le mot "רעך" (réa'ha - ton prochain) est lié au mot תרועה (téroua), les sons brefs et brisés du shofar.
Ce terme décrit quelque chose de cassé ou un morceau de quelque chose de plus grand. (De même, le mot רע (ra), mauvais ou maléfique, signifie en fait "cassé", car le mal est incomplet et imparfait).
Le rav Hutner écrit qu'un compagnon juif est appelé "réa'ha", car chaque membre du peuple juif n'est pas un tout en soi, mais plutôt une partie d'une unité plus grande.

-> Cette idée est soulignée par l'explication que donne le Talmud Yérouchalmi (Nédarim 9:4) du commandement qui précède immédiatement celui de "tu aimeras ton prochain" : celui de "Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les membres de ton peuple" (lo tikom vélo titor - Kédochim 19,18).

Le Yérouchalmi propose une parabole : Imaginez que quelqu'un se coupe par erreur la main. La main blessée prendrait-elle alors un couteau et couperait-elle l'autre main? Bien sûr que non!

De la même manière, tous les membres de peuple juif forment une unité, et se venger d'un autre revient à se venger de soi-même.

-> Le fait que nous soyons tous unis a également une signification halakhique.
Il n'est permis de prier que pour Hachem, et non pour les anges. Il est même interdit de leur demander de servir de médiateur entre nous et D. [Rambam, Pérouch haMichnayot, Sanhedrin 10 ; et aussi Hilkhot téchouva 3,7]

De même le Maharam miRottenberg précise que même si l'on se rend compte que c'est Hachem qui répond à notre prière, il est interdit d'utiliser un ange comme médiateur, de peur que l'on en vienne à servir l'ange au lieu d'Hachem.

Alors pourquoi pouvons-nous demander à un tsadik de prier pour nous?

Selon le 'Hatam Sofer (Shout 'Hatam Sofer - OH 166) puisque nous faisons partie du même corps national que le tsadik, il est compréhensible que nous envoyions la "tête" prier au nom du "pied".

-> Une deuxième ramification halakhique est mentionnée par le 'Hazon Ich.
Sur la base du principe : "Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du Ciel" (guémara Béra'hot 33b), on est tenu de prier pour sa propre crainte du Ciel (yirat chamayim).
Le 'Hazon Ich déclare que l'on peut également prier pour qu'Hachem aide une autre personne à obtenir la crainte d'Hachem.
En effet, puisque nous formons un seul corps, lorsqu'on prie pour un autre juif, c'est comme si ce dernier priait pour lui-même.

<--->

-> [la Torah nous demande d'aimer notre prochain comme soi-même. Les juifs sont comme des membres d'un corps humain. Ainsi, il y en a qu'on "préfère" à d'autres (ex: les yeux, le coeur, ...), d'autres qu'on ne soupçonne même pas d'exister, ... et pourtant ils sont tous nécessaires à notre bonne vie.
De même, chaque juif a dans ce monde un rôle unique que Hachem lui a attribué, et qu'il doit réaliser de son mieux. Il n'y a pas de jalousie négative, chacun a un apport unique au peuple juif.
(la Torah ne nous demande pas d'aimer forcément chaque juif identiquement, mais elle demande d'avoir un respect et un amour pour tous. De même qu'on considère et apprécie chacun des organes de notre corps. (ex: j'aime pas la forme du foie, alors je vais le mettre de côté! ) ]

[ex: le rav Yé'hezkel Weinfeld dit que même si le plus grand tsadik de la génération (même Moché) s'il prie seul, il ne peut pas faire la kédoucha, car la sainteté nécessite une connexion avec d'autres personnes.]

<--->

-> Le Ach Pri Tévoua rapporte qu'en hébreu, les termes caractérisant un être humain (une personne) ont tous un singulier et un pluriel.
Ainsi, on a :
-> Ich (איש) qui est singulier ; et anachim (אנשים) qui est pluriel ;
-> guéver (גבר) qui est le singulier ; et guévarim (גברים) qui en est le pluriel.
-> Seul le mot: Adam (אדם) n’existe qu’au singulier.

Nos Sages (guémara Yébamot 61a) nous enseignent que c’est seulement le peuple juif qui est appelé : adam (אדם), car ce n’est que parmi le peuple juif qu’il existe un sentiment intrinsèque d’unité, qui conduit au fait que toutes les individualités de la nation se fusionnent en une seule, unifiée.

-> Le rav Yaakov Mazeh dit : l'ensemble du peuple juif est une seule et même personne. La douleur d'un juif affecte tous les autres juifs du monde, tout comme une blessure au bras affecte l'ensemble du corps.
Mais les non-juifs ne sont pas appelés adam. Il s'agit de plusieurs personnes différentes, et non d'une entité singulière.

<--->

-> Le rav Zev Leff fait remarquer que le mot hébreu "ani" (je - אני) s'écrit avec un alef (א), numériquement un, représente l'individu. Il se termine avec un Youd (י), numériquement dix, représente un minyan (le tsibour - la communauté. Et un noun (נ), numériquement 50, représente les 50 portes de compréhension et de pureté auxquelles peuvent accéder l'esprit et le cœur, portes que nous devons ouvrir afin de fusionner notre moi individuel avec la nation tout entière.

=> ainsi, vivre juif c'est passer d'une perspective de mon petit "JE" (égo) à un grand "JE", cela d'un collectif, du peuple juif.