Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

-> Grâce au fait de prodiguer [de la bonté à autrui], un homme verra ... sa descendance bénie et il méritera d'avoir des enfants bons et vertueux.
['Hatam Sofer - paracha Noa'h (commentaire sur Téhilim 89,3)]

-> De même, selon le Sforno (Noa'h 6,10), le fait de prodiguer du bien à autrui est un remède pour avoir des enfants vertueux.

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-> Le 'Hatam Sofer ajoute également que celui qui prodigue le bien à autrui "méritera également la bénédiction, l'abondance et une longue vie, en étant bon avec autrui, à l'instar de Noa'h qui mérita de reconstruire le monde grâce à la bonté qu'il prodigua à tous les animaux."

Peu importe à quel point on peut s'égarer, en chaque juif il ne pourra jamais s'éteindre l'amour sincère pour le Créateur [Hachem] et l'étincelle de judaïcité, comme le dit le prophète : "véamé'h koulam tsadikim" ("Et ton peuple ne sera composé que de tsadikim" - Yéchayahou 60,21).
Ainsi à un égard, chaque juif est totalement tsadik (juste), en ce sens que sa part intérieure de judaïcité (la 'pintele Yid') ne cesse jamais de briller.
[Sfat Emet - 5664]

Juger favorablement autrui = avoir Hachem pour avocat

+ Juger favorablement autrui = avoir Hachem pour avocat :

-> Rabbi Yo'hanan (guémara Sanhédrin 44 b) dit : "On demandera toujours grâce, pour être encouragés et pour que nous n'ayons pas d'ennuis venus d'en-Haut."
Rachi explique : "Qu'il soit assisté par les anges de service pour demander grâce, et qu'il n'y ait pas d'accusateur en-Haut."

-> Rabbi Yaacov Galinski (Lehaguid) écrit à ce sujet :
"Il est arrivé que les anges de service soient les accusateurs, et que D. défende la cause de quelqu'un pour le sauver (Rachi sur la guémara Roch Hachana 16 b dans le midrach), et il est même arrivé que des anges ferment les portes des Cieux, pour empêcher la prière de monter, et que D. fasse tout Son possible dans les Cieux pour la recevoir (guémara Sanhédrin 103a)".

-> La guémara (Shabbath 127b) écrit : "De même que tu m'as jugé favorablement, D. te jugera favorablement."

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) enseigne :
Le 'Hafets Haïm (Chmirat Halachon) sur cette guémara commente : "qu'il faut juger son prochain favorablement, même quand la justification est très hypothétique".
Si l'on se conduit ainsi, D. nous jugera favorablement.

On peut se demander comment il est possible de comparer un homme qui juge favorablement à D.
En effet, nous ne pouvons pas deviner ce qui se cache dans le cœur de notre prochain, c'est ce qui rend nécessaire ce principe d'à priori positif, mais D. sait ce qu'il y a dans notre cœur et dans nos reins. Il connaît la vérité ! Si nos intentions sont bonnes, le mérite ne sera pas retiré, et si elles sont mauvaises, comment les considérer en contredisant la vérité?
Le Hafets Haïm explique que l'homme est jaugé en fonction de la majorité de ses actes. Si la plupart sont des mitsvot, il est considéré comme juste, et dans le cas contraire, comme mauvais.

Or nous savons que si D. se conduisait avec nous selon l'attribut de justice, il ne resterait presque rien de nos mérites, car la plupart ont été acquis de façon imparfaite. Quant à ceux qui sont entiers, il se peut qu'ils n'aient pas été acquis dans l'amour, la crainte et la joie, qui conviennent à l'accomplissement de chaque mitsva.
C'est pourquoi c'est seulement si D. se conduit avec nous selon l'attribut de bonté et qu'Il cherche nos mérites, qu'il nous en restera. De même, nos fautes seront moins nombreuses, car D. trouvera toutes sortes d'excuses à nos fautes, qui n'étaient peut-être pas intentionnelles.

=> Qu'est-ce qui influencera le comportement divin à notre égard?
C'est le comportement que l'on adopte nous-mêmes à l'égard des autres. Si l'on a l'habitude de juger les autres favorablement, on est jugé favorablement ; mais si l'on a l'habitude de critiquer et de blâmer, les anges de service diront du mal de nous.

C'est aussi ce que dit le Baal Chem Tov au sujet de la michna : "Juge tout homme favorablement " (Pirké Avot 1,6) = l'homme est considéré comme un juge, car il se juge lui-même en fonction du regard qu'il porte sur l'autre.
Le principe de "mesure pour mesure" n'a pas été annulé après la création, tandis que tous les autres attributs l'ont été (midrach Beréchit rabba 9,11), de sorte que même le principe selon lequel D. "voile Sa face", où Il voit sans qu'on puisse Le distinguer, peut être appréhendé comme un dérivé de "mesure pour mesure".

Nos Sages nous ont ainsi enseigné que le comportement de D. envers nous est influencé par notre comportement envers notre prochain : "c'est avec la mesure que l'homme prend pour mesurer, qu'on le mesure" (guémara Sota 8b), ou encore : "Tout homme qui a pitié des créatures, recevra la pitié du Ciel" (guémara Shabbat 151b).
De même, D. promet (Réchit 'Hokhma - chaar anava) que "tant qu'Israël se conduit devant Lui en accord avec les 13 Attributs de miséricorde, Il leur pardonne". 'Devant Lui' signifie comme Lui, c'est-à-dire "de même qu'Il est miséricordieux, sois miséricordieux".

=> C'est donc ce comportement qui nous sauvera le jour du Jugement : si l'on se fait les accusateurs de notre prochain, D. lui aussi se fera accusateur.
Si l'on juge tous les hommes favorablement, quitte à construire des hypothèses très fragiles, nous sauverons notre personne et notre âme.

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-> "Juge chaque homme favorablement" (évé dan ét kol haadam lékaf zékhout - הֱוֵי דָן אֶת כָּל הָאָדָם לְכַף זְכוּת - Pirké Avot 1,6), dont les initiales forment les mots : HaDA KéHaLaZ, qui signifient : "ceci comme cela".
Ce comportement, que tu as observé chez Untel, correspond à cela; autrement dit, il est conforme à son caractère et à ses qualités. De même que, lorsqu'on rencontre une personne ayant un handicap mental, on n'est pas étonné par ses comportements absurdes, ainsi, lorsqu'on voit son prochain dire ou faire des choses incohérentes, il convient d'imaginer qu'il a un handicap dans son entendement vis-à-vis de ce point, et ne pas se précipiter à le juger sévèrement.

-> Pourquoi est-il écrit qu'il faut juger "tout homme" favorablement, et pas simplement "les hommes"?
Rabbi Yé'hezkel de Kozmir explique : c'est que lorsqu'on considère l'autre superficiellement, on repère rapidement ses défauts, personne n'étant exempt de défaillances. Or la michna nous invite à envisager "tout homme", que l'on peut lire "tout l'homme", et donc à voir aussi ses bons côtés, ce qui change totalement la perspective. L'autre n'aura plus l'air si mauvais, et l'on pourra prendre en compte ses qualités au regard de ses défauts.

-> Le Pné Ména'hem commente la michna : "Juge ton prochain favorablement", de façon littérale : le plateau/la cuillère du mérite (kaf zé'hout).
Quelle est cette cuillère (kaf) du mérite (zé'hout)?
Il l'explique par la métaphore suivante : dans une marmite de Tchoulent, on se sert avec une grande cuillère (kaf). Et que fait-on avec? On cherche [par exemple] un bon morceau de viande, on remue le fond de la marmite et on cherche.
"Juge ton prochain avec la cuiller du mérite", c'est-à-dire cherche en lui, avec ta cuillère, quelque morceau de mérite. Et si tu cherches, tu trouveras à coup sûr.

"Kaf", c'est aussi un chausse-pied. Lorsqu'on achète une paire de chaussures neuves, et qu'on a des difficultés pour y introduire le pied, on utilise un chausse-pied. Qu'a fait le chausse-pied? A-t-il raccourci le pied? Agrandi la chaussure?
Ni l'un ni l'autre. Il a simplement aidé à faciliter l'entrée du pied à l'intérieur de la chaussure.
Il en est de même pour le Kaf Zé'hout, le chausse-pied du mérite si tu pousses bien, cela rentrera, si tu fais l'effort de trouver un quelconque mérite, tu le trouveras.

"L'homme a plus d'égards pour son pied que pour la tête de son prochain"
[Maharach de Loubavitch]

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[on peut éventuellement y ajouter que naturellement on préfère écraser (de notre pieds) notre prochain pour mieux se sentir important (avoir la tête haut).
Or être juif c'est aller contre cette tendance animale, pour plutôt marcher dans les "traces" d'Hachem, laisser s'exprimer la divinité (âme) qui est en nous.]

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+ Ne pas faire honte à autrui = c'est mériter des miracles!

-> La guémara ('Houlin 7a), rapporte l'histoire de Rabbi Pin'has Ben Yaïr qui était en chemin pour accomplir la mitsva de libérer des prisonniers. Lorsqu'il arriva tout près du fleuve Guinaï, il lui demanda de séparer ses eaux en deux afin de le laisser poursuivre sa route. Après quelques pourparlers, le fleuve se sépara en deux, et Rabbi Pin'has Ben Yair put le traverser. La guémara nous dit qu'on apprend de cet épisode la grandeur de Rabbi Pin'has Ben Yaür, qui a mérité le même miracle que celui de Moshé, accompagné des six-cent-mille Fils d'Israël.

Le Talmud de Jérusalem (Dmai 61 ; halakha3) rapporte que les élèves de Rabbi Pin'has, qui étaient restés sur l'autre rive du fleuve, demandèrent à leur maître si eux aussi pouvaient passer sans craindre que le fleuve ne se refermât sur eux. A quoi il leur répondit, d'après l'explication du Penei Moché, que quiconque est certain de ne jamais avoir fait honte à un Juif de toute sa vie, et n'a pas négligé de le respecter, peut passer sans craindre aucun dommage.

Rabbi Pin'has a appris à ses élèves que D. accomplit des miracles qui défient les Lois de la Nature, comme séparer les eaux de la Mer des Joncs, pour ceux qui se comportent avec le prochain au-dessus des Lois de la Nature : ceux qui veillent à ne pas faire honte, à ne pas causer de peine, à ne pas blesser, et qui ne négligent pas de respecter un juif.

Savoir pardonner autrui

+ Savoir pardonner autrui :

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva - chap.2) enseigne :
"Il est interdit d'être cruel et de refuser d'être apaisé. On doit au contraire s'apaiser facilement, et se mettre en colère difficilement; et à l'instant où celui qui a fauté nous demande pardon, on doit lui pardonner de tout cœur, sincèrement. Même s'il nous a causé beaucoup de tort et a fauté lourdement, on ne se vengera pas, et on ne tiendra pas rancune. Telle est la conduite d'un descendant d'Israël, au cœur pur.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Michna Beroura 606,8 et Chaar Hatzioun alinéa 8 ) écrit :
"Dans le Ciel, l'homme est jugé mesure pour mesure. Il doit pardonner même si l'autre lui a causé du tort volontairement, en le défiant ; ainsi il méritera que lui soient pardonnées ses fautes intentionnelles. Celui qui dépasse son penchant mérite qu'on passe sur toutes ses fautes.
Au moment de pardonner et de renoncer, on voit le dommage énorme qui découlera de ce renoncement, ce qui rend cette action encore plus difficile à effectuer. Mais il faut savoir qu'on ne perd rien quand on renonce, bien au contraire : c'est le renoncement lui-même qui entraîne un gain, tandis qu'on perd sans cela."

-> Celui qui s'empresse de pardonner est digne de louanges, et qu'il est empreint de l'esprit de nos Sages.
[ 'Hovel Oumazik (5,10)]

-> Rabbi Chlomo Zalman Auerbach avait demandé que, lorsqu'on l'enterrerait, on ne fasse pas de discours. Seule une chose devait être dite. Son fils, Rabbi Avraham Leib de Tibériade, lut devant 300 000 personnes un texte où son père demandait que si, Dieu l'en préserve, il lui était arrivé de blesser quelqu'un, ce dernier veuille bien lui pardonner. Comment un Rav de son envergure aurait-il pu blesser quelqu'un?
Il ne se contenta pas d'une demande générale, mais précisa ce qu'il entendait par "blesser" : il se pouvait qu'on soit venu lui poser une question et qu'il n'ait pas répondu de suite...
Rabbi Chlomo Zalman Auerbach écrivait : "Je demande votre mansuétude, et que chaque personne ici présente à mon enterrement dise qu'elle pardonne à Rabbi Chlomo Zalman Auerbach, fils de Rav 'Haïm Leib."

Il ajouta à cette demande une explication qui en donnait 2 raisons :
- La première, c'était que l'on soit bon et généreux avec lui, et pas assez cruel pour ne pas lui pardonner. En effet, ces affaires allaient le poursuivre là-Haut, et il risquait de souffrir terriblement à cause de cela.
- La deuxième, c'est qu'il n'était pas avantageux de ne pas pardonner. En effet, si l'on ne pardonne pas, celui qui nous a fait du mal sera sanctionné et subira des préjudices, mais celui à cause de qui on sanctionne sera puni pour cela, si bien qu'en l'absence de pardon, tout le monde est perdant.

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+ Quelles conséquences si on en pardonne pas autrui (d'après le rav Yaakov Pozen - Adéraba) :

-> Rabbi Yaakov Galinski (vé'igadéta) nous dit que tant qu'un homme n'a pas apaisé son prochain, il ne reçoit pas de pardon sur les fautes effectuées envers D.
Voici sa source : Il est écrit dans la guémara (Yoma 85b) : "Rabbi Eléazar ben Azaria explique le verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez" (A'haré Mot 16,30) : les fautes faites envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, et les fautes faites envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour."

-> Le Min'hat 'Hinoukh, quant à lui, dit que chaque faute commise envers son prochain contient aussi une faute envers D., et qu'après avoir apaisé son prochain, nous avons l'obligation de la reconnaître et de nous repentir pour ce qui concerne la faute commise envers Dieu.
Mais tant que l'on n'a pas apaisé son prochain, il n'y a pas de pardon pour la part relative à D., et le repentir reste sans effet.

-> Le Rif se demande ce que ces paroles de Rabbi Éléazar Ben Azaria ajoutent à la Michna. En effet, l
Michna dit déjà que les fautes effectuées envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, mais que les fautes effectuées envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour. S'il voulait dire que ceci est tiré du verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez", pourquoi ne pas simplement le citer?

Le Rif répond que Rabbi Éléazar Ben Azaria vient ajouter que si nous avons fauté envers notre prochain, le pardon de l'ensemble de nos fautes, même celles qui sont sans rapport avec celle-là, dépend de ce que nous apaisions celui à qui nous avons fait du mal.
Il tire cet enseignement du verset : "Car ce jour-là Il vous pardonnera, pour vous purifier de toutes vos fautes devant D.
Le dernier mot, "vous vous purifierez", vient nous dire que ce pardon promis ne sera effectif que lorsque vous vous purifierez des fautes commises envers votre prochain.

[selon cet avis du Rif,] Même si nous avons fauté envers une seule personne, une seule fois, peut-être pas gravement, et que nous ne faisons pas en sorte d'obtenir son pardon, cette légère faute, D. nous en préserve, bloque le pardon de toutes les autres !

-> En contrepartie, il pèse une responsabilité sur la victime, comme l'écrit Rabbi 'Haïm Palaggi : même si on l'a blessée, qu'on a eu tort, que l'offense est importante; même si la victime a le droit, strictement, d'en tenir rigueur, et n'est pas obligée de pardonner, elle doit avoir en tête que sa colère a pour conséquence d'empêcher l'autre d'obtenir le pardon pour toutes les autres fautes!

-> Le Choul'han Aroukh va plus loin (Ora'h 'Haim 422,1) : celui qui refuse de pardonner est appelé 'cruel', et Dieu, qui rend mesure pour mesure, risque de se montrer cruel envers lui le jour du Jugement.
En refusant de pardonner, il fait du tort à l'ensemble du peuple d'Israël, comme le dit le Tour sur le midrach : lorsque Samaël, l'ange accusateur, voit que l'assemblée d'Israël est sans fautes, le jour de Yom Kippour, il dit : "Maître du monde, il est un peuple sur Terre qui est comparable aux anges de service. De même que les anges de service ne sont entachés d'aucune faute, Israël n'est entaché d'aucune faute. De même que la paix règne parmi les anges de service, la paix règne en Israël. D. entend le témoignage de l'ange accusateur, et leur pardonne."

-> Le Lévouch écrit à ce propos que si la paix ne règne pas, le Satan aura la possibilité de porter des accusations en disant : "Maître du Monde, ceux qui se tiennent devant Toi, et Te demandent de pardonner leurs fautes, méritent que Tu Te conduises comme eux. Ils refusent de se pardonner l'un l'autre, Toi non plus, ne leur pardonne pas!"
Il en profite pour mentionner leurs fautes et ajoute : "Celui-ci a fait une petite faute envers son prochain, qui refuse de lui pardonner. A plus forte raison, les fautes qu'ils ont commises à Ton égard, qui sont immenses et innombrables, pourquoi les leur pardonner?"

-> La guémara (Shabbat 149b) écrit que celui à cause de qui l'autre est puni, n'est pas admis dans l'entourage de D. De qui la guémara parle-t-elle précisément?
De Navot le Yizrééli, que A'hav, privé d'héritage dans le Monde futur, a accusé à tort, a assassiné et dépossédé de ses biens. L'esprit de ce même Navot, lorsqu'il a voulu se venger de A'hav, a été exclu de l'entourage de D.

De même D. dit à David : "Jusqu'à quand cette faute te poursuivra-t-elle ? C'est à cause de toi que fut détruite Nov, la ville des Cohanim, que Doeg HaAdomi a été malmené, à cause de toi que Chaoul et ses trois fils sont morts. Veux-tu que J'anéantisse ta descendance, ou que Je te livre aux mains des ennemis?"
Qui est capable de comprendre une chose pareille? Est-ce la faute de David si Doeg a été jaloux de lui, a inventé une fausse accusation contre la ville de Nov, la ville des Cohanim, à cause de lui, et a excité Chaoul contre lui?

Sauf que d'autres ont été punis à cause de lui ... Au final, même si l'autre est coupable, si nous refusons de lui pardonner, qu'à cause de nous il a des ennuis à Yom Kippour et qu'il s'ensuit pour lui des malheurs et des préjudices, la responsabilité nous en reviendra. Pourrons-nous nous pardonner de telles conséquences?
Même s'il ne s'est pas repenti, et continue à mal agir, on a intérêt à lui pardonner. C'est notre intérêt personnel, comme il est écrit dans la guémara (Roch Hachana 7a) : "Celui qui pardonne, toutes ses fautes lui sont pardonnées."

Ce principe n'est pas valable seulement pour Yom Kippour, mais pour tous les jours de l'année. Rabbi Yossi soutient que nous sommes jugés chaque jour, et que nous prions donc chaque jour pour le salut et pour la réussite; pour cette même raison, nous devons nous empresser de pardonner, et ainsi mériter le pardon de nos propres fautes et voir se réaliser nos souhaits.

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+ L'humiliation et le pardon simultanés :

-> Le 'Hida (Méirat Einayim) rapporte une histoire qu'il a entendu raconteur par l'auteur du Ohr ha'Haïm haKadoch. Elle se passa dans la ville où il vivait.
"L'un des dirigeants communautaires, qui était ministre du roi, manqua de respect à un sage. Le Rav l'appela pour l'apaiser, et commença à lui dire des paroles de conciliation. Mais l'homme répondit au Rav : 'Pourquoi vous donner ce mal? Alors que le ministre me dénigrait, je lui avais déjà pardonné. Le Zohar, en effet, nous dit que les fautes d'Israël pèsent, en quelque sorte, sur les ailes de la Providence. Or si je ne pardonne pas à cet homme qui a fauté en me manquant de respect, sa faute reste entière et fait souffrir la Providence. C'est pourquoi je me suis empressé de pardonner, pour que la faute n'ait pas le temps d'exister, de sorte que l'humiliation et le pardon ont eu lieu en même temps, et que la Providence n'a pas eu à souffrir'."

=> Le 'Hida dit : "À la lumière de cette histoire, nous comprenons pourquoi celui qui pardonne est pardonné : en pardonnant à son prochain, il évite une souffrance à la Providence, et par mesure de réciprocité, on lui pardonne ses fautes."

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+ Précision sur la notion de "pardon" :

-> Rabbi Mena'hem Stein nous enseigne : "Il faut savoir que le terme pardon (Me'hila), vient de la racine "Ma'hol" (ronde, cercle).
Pardonner vraiment, c'est repartir en arrière, comme si la blessure n'avait pas existé. Quand on a été touché profondément, en général il n'est pas possible d'effacer complètement.

-> Dans le livre HaKarmel, on rapporte au nom du Malbim que pardonner, c'est effacer la faute ou la blessure de la réalité.
Le Roi David (Téhilim 130,4), s'adresse à D. en Lui disant : "Le pardon est Ton fait, c'est pourquoi on Te révère".
Rachi explique que le pardon ne peut se trouver que chez Di. Seul le Créateur a une force telle qu'I peut laver complètement, et faire disparaître une action déjà commise, selon le principe : "Il écartera tes fautes, et tes péchés seront pardonnés" (Yéchayahou 6,7), dans le sens où la faute est écartée de la réalité.
[d'ailleurs, on ne doit pas hésiter à Hachem qu'iIl nous aide à ce qu'autrui nous pardonne ou à ce que nous pardonnons totalement autrui.

-> Selon certains, le pardon, 'Me'hila', s'apparente à un forage profond, à une galerie souterraine, qui se dit aussi "Me'hila". Il faut trouver des passages enfouis, des chemins souterrains, pour parvenir au coeur de celui qui a été blessé, afin qu'il pardonne sincèrement, le pardon superficiel des lèvres n'ayant presque aucune valeur.

La force de l’amour envers son prochain

+ La force de l'amour envers son prochain (selon le rav Yaakov Pozen) :

-> La Torah nous ordonne : "Tu ne mépriseras pas l'Egyptien car tu as été étranger dans son pays" (Ki Tétsé 23,8).
Rachi explique : "Ils t'ont hébergé au moment où tu en avais besoin."

Pharaon savait que tout ce qu'il avait reçu venait du seul mérite de son acte de bonté. Il voulut mettre cette connaissance au service de son intérêt personnel pour étendre son pouvoir sur Israël. Il est écrit "Ils nous ont [rendu] mal (otanou)" et pas "ils nous ont fait du mal (lanou)".
On peut comprendre "ils nous ont rendus mauvais" = c'est-à-dire que Pharaon a voulu rendre les fils d'Israël méchants les uns envers les autres, et déraciner la qualité de bonté ancrée en eux, dans l'espoir de donner une nouvelle impulsion à l'asservissement et le faire durer plus longtemps.

Le Tana Debé Eliyahou (chap.4) dit que le peuple d'Israël, au contraire, "s'est rassemblé en un faisceau uni, et s'est engagé par une alliance à ce que chacun se conduise avec bonté envers l'autre, pratique la circoncision, n'abandonne pas la langue de la maison de Yaacov, et n'apprenne pas l'égyptien à cause des coutume idolâtres."
Ils ne se sont pas contentés de prodiguer des actes de bonté : ils ont juré de le faire. Si par exemple quelqu'un était rapide dans la fabrication des briques et en produisait plus que le quota imposé, il donnait les briques supplémentaires à son voisin épuisé.

Par ailleurs, le midrach (Chemot rabba 5,20) rapporte que lorsque les contremaîtres arrivaient et voyaient que le quota de briques n'était pas atteint, ils demandaient aux surveillants : "Qui n'a pas terminé son travail?". Sans la bonté qui les caractérisait, chacun se serait exclamé : "J'ai fait mon travail, c'est mon voisin qu'il faut frapper!".
Or il est écrit : "Les surveillants furent frappés". Le midrach explique : "Ils étaient valeureux et se sont sacrifiés pour épargner Israël ; ils ont subi des coups pour alléger les souffrances du peuple."
Ils ont préféré supporter des coups dans leur propre chair plutôt que de dénoncer ceux qui n'avaient pas complété leur tâche.
[selon le rav Yonathan Eibschutz, l'objectif des égyptiens en élevant certains juifs à des positions plus élevées que d'autres, était de créer des disputes, de la haine, au sein de la nation juive. En effet, les égyptiens savaient que les pires tragédies sont arrivées aux juifs à cause de la "haine gratuite" (sin'at 'hinam) entre eux. ]

Dans la mesure où Dieu agit dans ce monde selon le principe que "celui qui agit avec bonté envers une créature mérite d'être traité avec bonté par le Ciel", à l'instant même commença la délivrance d'Israël, et les dix plaies s'abattirent sur les Egyptiens ...

Ainsi, l'amour du prochain est capable d'éveiller la clémence en faveur d'Israël, et d'apporter la délivrance du monde. C'est ce mérite qui a permis la libération d'Egypte au peuple juif.

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Quand D. s'adresse à Moché, il lui dit : "Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" (Vaéra 6,5)
Le 'Hatam Sofer se demande pourquoi il est écrit "Moi aussi". Quelqu'un d'autre a-t-il aussi entendu leur plainte?

Le 'Hatam Sofer explique : "Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël", ne signifie pas qu'il y ait eu à ce même moment une prise de conscience, ou une supplication pour la délivrance. C'est que D. a entendu que chaque Juif écoutait les cris de souffrance des autres, et que chacun se souciait des difficultés de l'autre. C'est alors qu'Il dit : "Moi aussi, J'ai entendu" = Je veux entendre, Moi aussi, les souffrances que chacun d'entre vous a entendues de son prochain, et ce sera le levier de votre délivrance."

-> Un fois le 'Hatam Sofer dit sur " Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" = celui qui cherche un bon conseil, afin de solliciter l'aide de D., doit aider les autres précisément à ce moment-là, quand il est en difficulté. C'est alors qu'il méritera que D. lui vienne en aide et le délivre de ses maux.
[à l'image des juifs en Egypte, lorsque ça va pas très bien pour nous, qu'on aurait plutôt tendance à regarder sa boudine, à se plaindre, mais qu'au lieu de cela on va s'ouvrir à l'extérieur (pas qu'à notre intériorité, à mon "moi je") et qu'on va aider autrui, alors par cela particulièrement on amène la délivrance sur nous. ]

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-> Juste avant le don de la Torah, il est dit : "Israël campa là, face à la montagne" (Yitro 19,2).
[Selon le Ohr ha’Haïm haKadoch (Yitro 19,2) :"les Bné Israël sont devenus comme une personne, et ce n'est qu'alors qu'ils ont mérité de recevoir la Torah." ]
Le rav Its'hak de Vork explique que le mot "campa" (vayi'hen) vient du mot : 'hen (la grâce). On apprend de cela que la véritable union n'est possible que lorsque chaque juif trouve grâce aux yeux de son prochain.
[Il en découle que la Torah n'a pu être donnée que grâce à cette amour envers notre prochain. Lorsque nous aimons autrui comme soi-même, alors il y a une unité, condition préalable pour recevoir la Torah, et toutes les bénédictions de papa Hachem. ]

-> L'auteur du Chem Michmouel dit à ce propos :
"Or c'est une grande chose que les voies de mon prochain trouvent grâce à mes yeux, les avis n'étant jamais identiques. Mais il y a encore plus fort que cela : aimer l'autre, même lorsque ses voies ne trouvent pas grâce à mes yeux."

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-> Hachem éprouve une satisfaction particulière lorsque la paix et l'unité règnent dans le peuple d'Israël. Il est dit dans les récits de nos Sages : "D. a dit à Israël : 'Mes fils bien-aimés, Me manque-t-il quelque chose, que J'aie à vous demander? Or Je ne vous demande qu'une seule chose : que vous vous aimiez l'un l'autre, que vous vous respectiez mutuellement et que vous vous craigniez mutuellement."

-> Dans le livre Otsar Margaliot, on explique dans ce même esprit le verset "Les Chérubins étendaient leurs ailes vers le haut ... et le visage de l'un était tourné vers son frère." (Térouma 25,20).

La guémara (Baba Batra 99a) se demande pourquoi est-il dit ici : "Le visage de l'un était tourné vers son frère", alors que dans Divré Hayamim (3,13), il est écrit : "le visage tourné vers l'intérieur".
La guémara répond : Ici, c'est lorsqu'Israël accomplit la volonté de son Créateur, là quand Israël n'accomplit pas la volonté de son Créateur.

Lorsqu'ils tournent leur visage et leur cœur l'un vers l'autre, lorsque chacun s'enquiert de l'autre, se réjouit du bonheur de l'autre et se désole de ses malheurs, c'est là qu'Israël accomplit la volonté de son
Créateur.
Tandis que lorsqu'ils ont "le visage tourné vers l'intérieur", chacun ne se préoccupant que de ses propres intérêts, et de ceux de sa famille ("béito", l'intérieur), C'est "là qu'Israël n'accomplit pas la volonté du Créateur".

Etre vexé sans vexer en retour

+ Etre vexé sans vexer en retour :

-> "La Terre est suspendue à une cheveu ... Le monde se maintient par le seul mérite de ceux qui se retiennent de parler au cœur d'un conflit" (guémara 'Houlin 89a).

-> "Celui qui n'écoute pas la colère des autres et reste calme a le mérite que 100 malheurs lui soient annulés."
[guémara Sanhédrin 7a]

Rachi commente : Heureux soit celui qui subit l'humiliation et se tait, d'autant plus s'il s'habitue à un tel comportement. Grâce à son silence, il s'évite 100 peines.

-> "Tout celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère a le mérite que ses fautes lui soient pardonnés"
[guémara Roch Hachana 17a]

Rachi commente : "Celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère et n'est pas pointilleux sur le mal qu'on lui fait mérite que ses fautes lui soient pardonnées.
La stricte justice ne s'appliquera pas à lui de la même manière qu'il a été capable d'outrepasser sa tendance naturelle".

-> Il est bon de garder à l'esprit que le fait de refréner nos réactions au moment d'une offense constitue une expiation de nos fautes plus grande encore que celle de Yom Kippour.
[Chla Hakadoch - Chaar haOtiyot - 200]

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - 1ere chap, 28) dit que celui qui sait retenir sa colère bénéficie d'une opportunité de taille. En effet, si quelqu'un a une chance de s'en sortir au Jour du jugement, c'est bien lui, car de lui seul il est dit que toutes ses fautes lui sont pardonnées.
Rabbi Dov Yafé disait : "Vous vous rendez compte du cadeau que ça représente! On a l'opportunité de racheter toutes nos fautes!"

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-> La guémara (Roch Hachana 17a) rapporte :
"Rav Houna, fils de Rav Yéhochoua, tomba malade. Rav Papa vint lui rendre visite, et vit qu'il était sur le point de mourir. Il demanda qu'on préparât son linceul. Finalement, Rav Houna guérit, et Rav Papa n'osait plus le croiser.
On demanda à Rav Houna : 'Qu'as-tu vu?'. Il répondit : 'Il avait été décrété que je devais mourir ; Et D. a dit : puisqu'il ne se met pas en colère, ne soyez pas pointilleux à son égard. Comme il est dit : Il supporte la faute et pardonne le péché. Il supporte la faute de qui? De celui qui pardonne le péché'"
[Rachi : "il ne tient pas rigueur aux autres, de même ne soyez pas rigoureux avec lui".]

-> Rabbi Ye'hiel Meir Tsouker nous invite à approfondir cette réflexion. Le monde a été créé avec l'Attribut de justice, indispensable à son maintien. La justice, en effet, établit des limites claires entre le Bien et le Mal. Et qui dit limite, dit que la mort fait nécessairement partie de ce monde, et la Justice détermine le temps exact qui reste à vivre à chacun.
Il en était de même avec Rav Houna. La Justice avait déterminé le moment exact de sa mort : la Justice pose les limites. Mais voici que D. dit à l'attribut de Justice : "Tu n'as pas de prise sur lui, car il dépasse sa colère, il ne tient pas rigueur à ceux qui contestent ses paroles, et ne s'obstine pas sur ses avis. Nous ne pouvons pas agir à son égard avec d'autres attributs que ceux qu'il incarnait, sa vie doit donc
être prolongée".

-> Nos Sages (guémara Taanit 25b) rapporte également :
"Il advint que Rabbi Eliézer se plaça devant l'assemblée pour mener la prière, il prononça 24 bénédictions qui restèrent sans réponse.
Rabbi Akiva vint à son tour et dit : 'Notre Père, notre Roi, nous n'avons que Toi. Notre Père, notre Roi, aie pitié de nous pour Ta gloire', et la pluie se mit à tomber.
Leurs élèves se mirent à faire des commentaires, si bien qu'une Voix Céleste se fit entendre : 'Aucun des deux n'est plus grand que l'autre. Mais il y en a un qui retient sa colère, et l'autre qui ne retient pas sa colère'."

Le rav Pozen explique :
Rabbi Akiva, lui, n'a pas eu besoin des 24 supplications du rituel mentionné dans le traité Taanit. Il lui a suffi d'une phrase pour que la Royauté Céleste ne soit plus que bonté et générosité.
Du fait que Rabbi Akiva travaillait sa patience et ne se conduisait pas avec ses prochains selon la stricte loi, l'Attribut de justice divine s'est alors annulé, et a été remplacé par l'Attribut de bonté et de générosité.

[ainsi soit je réponds à celui qui m'a vexé pour avoir un sentiment de supériorité naturel d'avoir gagné (car j'ai le dernier mot, je me laisse pas faire), soit je suis la volonté d'Hachem allant contre ma nature, et alors je gagne que Hachem agisse avoir moi selon Son Attribut de générosité, et non plus de rigueur (puisque je ne tiens pas rigueur à autrui). Cela m'ouvre alors les portes des meilleurs bénédictions! ]

-> Le roi David (Téhilim 69,13-14) dit : "Ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, les buveurs de liqueurs fortes me chansonnent. Toutefois, ma prière s'élève vers Toi, Hachem, au moment
propice".
Voici l'explication qu'en donne le Malbim :
"À l'instant où ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, et où ceux qui se saoulent entonnent des chants où ils se moquent de moi, c'est précisément là que 'ma prière s'élève vers Toi, car ce moment de moqueries est un moment propice."

[Certes sans être maso, nous devons autant que possible avoir conscience que : quand on décide de rire et de médire de nous, c'est un temps de délivrance. ]

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+ Les offenses d'autrui = test personnel de émouna visant à nous combler de bénédictions :

-> Rabbi Its'hak Zilberstein (Alénou léChabéa'h) écrit :
J'ouvris un livre peu connu, qui a été rédigé par un brillant élève du Ram'hal, et je fis la lecture d'un texte, qui rapporte une explication lumineuse du verset : 'Lorsque tu verras l'âne de ton prochain trébucher sous sa charge, garde-toi de l'abandonner (Azov). Aide-le (Azov) avec lui" (Michpatim 23,5).
L'auteur demande pourquoi la Torah, pour exprimer le fait qu'on aide notre prochain, emprunte le mot "azov" (abandonner)?

-> Il trouve la réponse dans la traduction d'Onkelos ... L'intention de la Torah, à travers ce verset, est de nous enseigner que les coups durs qui nous atteignent parfois ne sont pas le fait des prochains ni des voisins. C'est D. Lui-même qui nous les envoie, afin de nous éprouver et de voir si nous allons les surmonter, ou bien nous révolter.
Il écrit : "Si 'Aide' (Azor) est exprimé avec le mot 'abandon' (Azov), c'est parce que D. nous envoie l'opportunité, par cette épreuve, d'abandonner la haine de notre prochain, pour l'amour de notre Créateur."

Ainsi, dans ce genre de circonstances, les phrases telles que : "Mais qu'ai-je donc fait à ce scélérat pour qu'il me fasse autant de mal?" ou encore : "Je ne vais pas me laisser faire, je lui rendrai la pareille!" sont des propos hérétiques. De telles déclarations témoignent d'un manque total de confiance en D.
En effet, la conséquence de cette attitude, c'est que l'on décharge toute sa colère sur son prochain, qui n'était qu'un envoyé pour générer le dégât. Il faut être idiot pour ne pas comprendre que ceci est une épreuve de notre Créateur, qui ne cherche qu'à nous envoyer une abondance de bénédictions et de réussite. Mais Il nous demande, au préalable, de surmonter l'épreuve à laquelle Il nous soumet.

Les 'caméras Célestes' enregistreront exactement chacune de ses réactions : a-t-il choisi de se taire, ou a-t-il réagi sous le coup de la colère? A-t-il renoncé en faveur de son prochain, ou a-t-il demandé le remboursement exact de sa dette? Son sort, ainsi que l'abondance des bénédictions, s'il les mérite, seront fixés selon les résultats.

Le Brit Olam poursuit :
"Et s'il agit ainsi [qu'il surmonte son penchant et ne décharge pas sa colère sur son prochain] quelle est sa récompense? C'est que D., Lui aussi, abandonne tous les reproches qui pesaient contre lui, du fait de ses fautes. En effet, il n'est pas un homme juste sur terre qui fasse le bien et qui n'ait pas fauté, mais de même que cet homme a abandonné les griefs qu'il avait à l'encontre de son prochain, ainsi D. abandonne Ses accusations, et lui pardonne toutes ses fautes."

Le Brit Olam ajoute que cet homme est comparable à un "enfant venant de naître".

[lorsque autrui nous tue par ses mots, nous avons la possibilité en s'appuyant sur notre émouna de renaître tout propre de faute, et Hachem qui agit mesure pour mesure avec bonté hors nature envers nous.
Hachem ne nous envoie pas de situation que nous ne pouvons surmonter, et plutôt de penser qu'Il nous veut du mal, on doit tendre vers la réalité des choses : par amour Il nous envoie une épreuve/test difficile pour nous combler d'un maximum de bonnes choses.]

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-> La guémara (Nédarim 66b) écrit :
C'est l'histoire d'un homme, originaire de Babel, qui se rendit en Israël. Dans les 2 pays, on parlait araméen, mais les mots n'avaient pas toujours le même sens : Il prit pour épouse une femme qui n'était pas très intelligente. Il lui dit : 'Prépare-moi deux lentilles'. A Babel, quand on demandait un peu de lentilles, on disait 'deux lentilles. Mais cette femme prit les mots au pied de la lettre, et quand il vint manger, il trouva dans son assiette ... deux lentilles! Il se fâcha, mais retint la leçon.
Le lendemain, il lui dit : 'Prépare-moi une marmite'. Dans son pays, pour dire 'beaucoup', on disait 'une marmite. Mais son épouse se conforma à ses paroles. Lorsqu'il s'attabla, il trouva une montagne de lentilles, le contenu d'une marmite, dans son assiette. On ne dit même pas qu'il se mit en colère. Il lui dit : 'Amène-moi deux 'boutsiné', c'est-à-dire des pastèques en babylonien. Elle partit lui chercher deux bougies, 'boutsiné' dans le langage d'Israël.
Il lança : "Va donc les casser … de Baba, la porte". Et elle, d'aller chez Baba ben Bouta, qui siégeait au Tribunal, et de casser les bougies sur sa tête.
Il lui demanda : "Pourquoi as-tu fait cela?"
Elle répondit : "C'est ce que m'a demandé mon mari."
Il continua : "Tu as accompli la volonté de ton mari, D. te donnera deux fils, en référence aux 2 bougies, qui seront aussi érudits que Baba ben Bouta."

-> Le Ben Ich 'Haï écrit, au sujet de la réaction de Baba Ben Bouta, qui a pardonné l'affront et n'a pas cherché à défendre son honneur (Baba Batra 3b) :
"C'est pourquoi, lorsque Hérode assassina tous les Sages d'Israël, de crainte qu'ils ne mènent une révolte, puisqu'il n'était pas apte à être roi, il épargna Baba Ben Bouta. En effet, il était 'connu pour ne jamais tenir rancune ni se venger, pour pardonner à tout homme ayant fauté à son encontre, et qui plus est pour rendre le bien à celui qui lui fait du mal'."

-> Le rav Pozen ajoute :
Non seulement il mérita d'être épargné, mais il fut à l'origine d'un cadeau immense ; c'est lui qui conseilla à Hérode de reconstruire le Temple, encore plus somptueux qu'avant. Grâce à lui fut initiée la reconstruction du Temple. Son humilité permit au monde entier de bénéficier d'un cadeau immense.

[lorsque l'on passe sur notre honneur, alors Hachem nous traite avec beaucoup d'honneurs (nous aurons pleinement conscience de cela dans le monde à venir, libre arbitre oblige)]

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-> Dans le livre Ménorat haMaor (chapitre 18), est relaté le récit suivant du midrach :
"Rabbi Abba se tenait à l'entrée de la ville de Lod. Il vit arriver un homme qui avait fait une longue route, fatigué par le voyage. Ce dernier entra s'installer dans une ruine, à l'entrée de la ville, dont l'un des murs était branlant. Il s'endormit à l'ombre du mur.
Rabbi Abba continua à l'observer, et vit un serpent s'approcher pour le mordre. Une bête, cachée dans la ruine, se précipita sur le serpent et le tua. L'homme se réveilla, et vit le serpent mort tout près de lui. Il se leva pour quitter ce lieu. À peine avait-il fait un pas, que le mur s'écroula à l'endroit précis où il s'était allongé. Il était sauf.

Rabbi Abba vint à sa rencontre, et lui demanda : "Quelles sont tes actions? Car D. a fait pour toi deux miracles. Tu ne les as pas mérités sans raison!"
L'homme répondit : "Il n'est pas un homme qui m'ait fait du mal, et à qui je n'aie pas pardonné immédiatement. Et si je n'arrivais pas à lui pardonner immédiatement, il ne m'est pas arrivé une seule fois de me coucher sans lui avoir pardonné, si bien que je ne pensais plus au mal qu'il m'avait fait. Qui plus est, je m'efforçais alors de lui faire du bien".

Rabbi Abba se mit à pleurer et dit : Les actions de cet homme dépassent celles de Yossef Hatsadik! Yossef a dû pardonner à ses frères. Lui pardonne à des gens qui ne sont pas ses frères, ni même des membres de sa famille. Il mérite que D. fasse pour lui un miracle à la suite de l'autre.

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-> Si tu ne réponds pas à une humiliation, cela t'épargne plus de mille souffrances. Si nous avions conscience de cela, nous verrions l'humiliation comme un "cadeau".

[rabbi Moché Leib de Sassov]

-> Rabbi Eliézer de Viznitz (dans son Damasek Eliézer) dit combien il est stupide de défendre son honneur par le conflit. On devrait, au contraire, apprécier une situation qui prolonge notre vie, et considérer notre rival comme un envoyé de D., qui vient nous sauver de la mort.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm :
Toutes les souffrances sont envoyées par D. Même lorsque c'est un homme, en face, qui nous insulte et nous fait honte ; même lorsqu'il s'agit d'une dispute, où celui qui nous frappe est en plus coupable d'être rentré dans une dispute, chaque coup et chaque souffrance sont envoyés par le Ciel.
Il est fait usage d'un intermédiaire, lui-même coupable (qui devra rendre des comptes pour cela), pour effectuer une mission punitive.
Le 'Hafets 'Haïm de conclure : "c'est pourquoi il n'a pas à se soucier de répliquer à celui qui l'insulte, mais doit aller plus loin, et remercier D. de lui avoir donné cette occasion de rachat".

-> Il est écrit dans le Séfer ha'Harédim (65,111) :
"Celui qui veut arriver à la bonne attitude, doit tout d'abord se faire sourd, comme s'il n'avait entendu aucun propos dégradant, puis se montrer niais, comme s'il n'avait rien compris au discours.
Dans le cas où le propos est explicitement compris, qu'il se réjouisse de l'occasion qui lui est fournie de bien faire, qu'il dise : "J'ai fauté, je me suis trompé, j'ai péché", et que ses fautes soient lavées par sa honte."

-> Le Rabbi Its'hak Zilberstein conseille à une personne offensée : "Qu'elle s'isole dans un coin (de la maison) et dise "Que ce soit Ta volonté [D.] que le silence que je garde soit considéré à Tes yeux comme un grand acte et qu'il me nettoie de mes fautes", car je supporte cette peine pour me plier à ce que Tu as ordonné dans Ta Torah : "les personnes humiliées n'humilient pas en retour, elles subissent l'humiliation et ne répondent pas" et au sujet de ces personnes, Tu as écrit : "Ceux qui aiment D. rayonneront comme le soleil dans sa gloire " (Choftim 5;31)".

[une honte est une occasion peu chère de se laver de nos fautes, d'obtenir des bénédictions. Ainsi, pourquoi se plaindre de faire une bonne affaire?
A l'image du soleil qui brille à son zénith, dans le monde de vérité on rayonnera de joie d'avoir mérité une si bonne affaire! ]

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-> Dans la guémara (Méguila 28b), il est écrit :
C'est aussi ce que répondit Rabbi Né'hounia le Grand à Rabbi Akiva, qui lui demandait grâce à quel mérite il était arrivé à cet âge avancé : "Je ne me suis jamais laissé emporter à régler son compte à celui qui m'avait fait du mal".
On apprend de cela que le salaire de celui qui renonce à la vengeance est la longévité.

-> Nos Sages (guémara 'Haguiga 4b) nous rapporte :
Rav Bivé bar Abayé rencontrait souvent l'ange de la mort. Ce dernier lui raconta qu'un jour, il avait envoyé son émissaire tuer une femme du nom de Myriam, tresseuse de cheveux; l'émissaire se trompa et ramena l'âme d'une autre Myriam, nourrice de son métier.
Rav Bivé lui demanda : "D. ne fixe-t-Il pas le nombre d'années de vie de chacun? Que fait-on des années restantes d'un homme qui est mort avant son heure?"
L'ange de la mort lui répondit : "S'il y a un érudit qui sait contenir sa colère, on lui attribue ces années en supplément".

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-> "Hachem s'adressa à Moché et à Aharon : Il leur donna des ordres pour les Bné d'Israël et pour Pharaon, roi d'Egypte" (Vayéra 6,13).
Rachi explique : "et au sujet de Pharaon, roi d'Egypte = D. leur a ordonné de s'adresser à lui avec respect".
Pour quelle raison?

Le 'Hatam Sofer explique : si on lui causait la moindre humiliation, cela viendrait racheter ses fautes, et on ne pourrait plus lui infliger les 10 plaies.
Aussi, Hachem les mit-Il en garde de ne surtout pas humilier Pharaon.
[Pharaon, qui asservit 600 000 hommes, du peuple d'Israël : s'il subit une humiliation, il ne pourra plus
subir la punition des 10 plaies. Comprenons combien de plaies et de maladies sont évitées à celui qui subit une humiliation sans se plaindre]

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-> Nos Sages disent : "Ceux qui se font vexer/offenser sans répliquer, qui s'entendent humilier sans rien répondre, qui agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie, le verset dit à leur égard : "Tes bien-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire" (Choftim 5,31)."
[guémara Guitin 36b ; guémra Shabbath 88b ; guémara Yoma 23a]

=> 1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
=> 2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
Selon rabbi Yossef Yabetz, on énumère ici les 3 niveaux correspondant à 3 façons d'y réagir.
- 1er niveau = "ceux qui se font vexer sans répliquer", sont ceux qui sont vexés, mais se justifient, et expliquent en quoi les critiques formulées à leur encontre ne sont absolument pas justifiées, sont totalement infondées, et que leur comportement et leurs actions n'ont rien à voir avec tout cela. Même s'ils n'ont pas envie de se taire, et qu'ils sont enclins à se justifier, ils font l'effort de surveiller leurs paroles, et de ne pas vexer en retour celui qui les a blessés, car les propos qu'ils ont entendus les ont fait souffrir profondément.

- 2e niveau = "qui s'entendent humilier sans répondre", sont d'un niveau supérieur aux premiers : ils parviennent à stopper toute velléité de réponse, ne cherchent pas à se justifier ni à expliquer les reproches qu'on leur adresse. Ils entendent des propos qui leur font honte, mais ne répondent pas, s'empêchent de parler dans le vif de la dispute. Cependant, ils sont emplis de rancœur, et souffrent d'avoir été attaqués sans l'avoir mérité.

- 3e niveau = Les troisièmes sont du niveau le plus élevé, ils "agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie". Ceux-ci ne cherchent pas d'excuses ni de justifications, ne sont pas peinés comme les précédents. Ils se réjouissent des épreuves qui leur sont envoyées, acceptent l'humiliation qu'ils ont subie, dans l'espoir que par ce mérite D. pardonnera leurs fautes.

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2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

-> Le Ora'h Mécharim explique :
Le soleil réchauffe, par son rayonnement, le monde entier, jusqu'à faire fondre la neige et la glace ; il en est de même avec l'homme patient.
On le voit humilié, il est en réalité grand, valeureux et noble. Petit à petit, à la lumière de sa patience, se réchaufferont même ceux qui avaient pris parti contre lui. Leur amour, gelé à son encontre, commencera à s'éveiller. Au final, non seulement il aura évité que la dispute n'enfle, mais il l'aura annulée entièrement, et c'est ce qui le fait ressembler au soleil.

-> Les Baalé Hatossafot expliquent que les astres célestes ont été créés aussi grands l'un que l'autre.
La lune, suite à son plaidoyer, a été rapetissée, tandis que le soleil est resté grand, son mérite ayant été d'avoir entendu la lune sans rien avoir ajouté.
Les gens qui savent se taire quand on les blesse sont comparables au soleil, qui entend des attaques sans répondre, et mérite de grandir grâce à cela.

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) rapporte :
Pourquoi le soleil a-t-il été choisi dans cette comparaison?
Hachem créa 2 astres célestes dans le ciel, "Le grand astre, pour régner le jour, et le petit astre, pour régner la nuit" (Béréchit1;16). Rachi explique : "Il les a créés égaux, mais Il a amoindri la lune qui n'était pas d'accord, et qui disait que deux rois ne pouvaient partager la même couronne".

Nos Sages ajoutent ('Houlin 60b) : "La lune a dit à Dieu : 'Maître du Monde, 2 rois peuvent-ils avoir la même couronne? D. lui a répondu : 'Commence donc par te diminuer' ".
Les paroles de nos Sages sont loin d'être de simples allégories, notamment d'après l'avis du Rambam, pour qui "chaque étoile, chaque planète, est dotée d'un esprit, d'une conscience et d'une forme d'intelligence. Elles vivent et se développent en sachant que c'est D. qui a créé le monde par Sa parole. Leur connaissance est inférieure celle des Anges, mais supérieure à celle des Hommes » (Lois des Fondements de la Torah 83,9).

Rabbi Dan Ségal explique, quant à lui, que les mots de la prière : "Il les créés avec connaissance, compréhension et intelligence» ne qualifient pas l'action de D., mais les attributs qu'Il a donnés aux astres.

Que fait le soleil, face à la lune qui ne supporte pas qu'il soit aussi grand qu'elle?

Non seulement, il ne lui viendrait pas à l'idée de se plaindre également, mais il entend le plaidoyer de la lune sans rien répondre. Ce qu'il advient finalement, c'est que la lune se trouve diminuée tandis que le soleil garde sa majesté.
Ceci vient nous enseigner que celui qui cherche à diminuer son prochain ne parvient pas à ses fins, et en outre, il se retrouve lui-même diminué.

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+ Une solution inattendue :

-> Rabbi Eliyahou Roth disait souvent : "Lorsqu'on voit notre prochain agir d'une façon qui nous déplaît, on se demande pourquoi il fait des choses aussi tordues. Il faut bien se dire que si c'est le cas, c'est que son esprit est tordu, et que selon son raisonnement tordu, il agit comme il se doit. Si l'on réfléchissait comme lui, on agirait de même.

Si inversement, l'autre raisonnait comme nous de façon sensée, il agirait comme nous".

-> De son côté, le rav Yaakov Israël Pozen écrit :

Celui qui agresse les autres est, en général, une personne qui est elle-même en grande souffrance, et qui se décharge de façon négative.

Si l'on se trouve agressé, et qu'on a ce principe à l'esprit, on ne verra pas l'autre comme un agresseur, mais comme une personne en détresse qui a besoin d'aide.

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-> b'h, également sur ce sujet : L'importance de ne pas répondre aux disputes :

L’importance de ne pas répondre aux disputes

Je tiens un enseignement qui me vient d'Eliyahou haNavi, transmis de génération en génération, qu'il eût mieux valu que le Temple ne soit pas construit, si D. nous en préserve, cela devait causer de la honte à quelqu'un.
[rabbi Yé'hezkel Lévinstein]

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-> Chers amis, combien de larmes ont été versées sur la destruction du Temple! Combien de prières pour sa reconstruction ... Cependant si cela devait causer de la honte, il aurait mieux valu ne pas construire le Temple.
[rav Yaakov Israël Pozen]

-> Le rabbi de Kopitchnits enseigne :
D. dit à Moché : "Rends-toi en Egypte et ordonne à Pharaon de libérer le peuple d'Israël de son pays". Moché refusa une fois, deux fois, et à la 3e fois, il implore le Créateur : "j'ai un frère, de 3 ans mon aîné, comment puis-je accepter Ta mission, alors qu'il risque d'être blessé?"
Pendant que le peuple d'Israël attend en Egypte, subissant des souffrances terribles, quelle est sa préoccupation? Que la mission blesse son frère Aharon ...
Aujourd'hui aussi, le peuple d'Israël endure des souffrances incroyables. Mais nous avons cet enseignement : si la délivrance devait être amenée en blessant quelqu'un, il vaudrait mieux qu'elle ne vienne pas.

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+ Il est préférable d'annuler un cours de Torah pour ne pas faire honte :

-> Le Rav de Tichbine (rabbi Dov Bérich Wideneld) dit : "Quelqu'un surpasse-t-il Rabbénou Hakadoch, autrement appelé Rabbi Yéhouda Hanassi, auteur des 6 volumes de la Michna? Nos Sages racontent qu'il est décédé un vendredi. Le soleil arrêta sa course jusqu'à ce que le dernier des membres du cortège soit rentré chez lui et ait terminé les préparatifs du Shabbat. Ils disent aussi qu'une Voix Céleste a proclamé, lors de la procession, que toute personne ayant participé à l'enterrement de Rabbi aurait une part dans le Monde Futur.
Rabbenou Hakadoch, après sa mort, revenait chaque vendredi soir du Monde Céleste, avec l'apparence d'un homme vivant, faisait le Kiddouch pour les membres de sa famille et les acquittait de cette mitsva.
Rabbi Akiva Eiger posa la question suivante : 'Les morts ne sont-ils pas exemptés des mitsvot? Dès lors, comment Rabbenou Hakadoch pouvait-il acquitter sa femme et ses enfants de l'obligation du Kiddouch?
L'explication, c'est que les tsadikim sont encore plus grands après leur mort que de leur vivant.

Venons-en à notre récit : Rabbenou Hakadoch donnait cours à ses élèves, lorsqu'il sentit une odeur d'ail. Il était très délicat, aussi dit-il "Que celui qui a mangé de l'ail sorte !'
Son élève Rabbi Hia se leva et sortit. Les autres, voyant Rabbi 'Hia partir, se levèrent à leur tour et tous quittèrent le lieu, sur son exemple, le cours fut donc suspendu.
Si, D. nous en préserve, la personne qui avait mangé de l'ail était sortie, elle en aurait été humiliée. Tout le monde lui aurait fait des reproches : "Tu n'as pas honte? Tu aurais pu au moins te laver la bouche! Te brosser les dents!'.
Or quand Rabbi 'Hia est sorti, et tous les autres à sa suite, celui qui avait mangé de l'ail en faisait partie, et il n'a pas été humilié.

Le lendemain, Rabbi Chimon, fils de Rabbi Yéhouda, qui devint Nassi après son père, vint chez Rabbi Hia et lui demanda : 'C'est toi qui as mangé de l'ail, et qui as causé l'annulation du cours de Torah hier?'
- D m'en préserve, lui répondit Rabbi 'Hia, une chose pareille ne devrait pas se produire dans notre peuple.

Le Maharcha (guémara Sanhédrin 11;71) demande : 'Quel était le message de Rabbi Hia? Rien n'est plus grave, en effet, que d'annuler un enseignement de Torah, en particulier celui qui est dispensé au public!
Or s'il n'a pas mangé d'ail, pourquoi sortir et entraîner la fin du cours?

=> Le Maharcha répond : certes, empêcher une étude est une faute sérieuse. Mais rien n'est plus grave que de faire honte à son prochain. Il est encore préférable d'annuler une étude si cela peut éviter une humiliation."

+ "Ne pense pas que la mitsva de la bienfaisance ne concerne que le pauvre qui a besoin de manger et de se vêtir, car la Torah choisira toujours la voie de la bienfaisance et nous ordonne de satisfaire la volonté de nos coreligionnaires, à la mesure de nos possibilités.
Le principe général est que prodiguer du bien à notre prochain, qu'il s'agisse d'argent, de nourriture, d'autres besoins et même de paroles réconfortantes, fait partie de la mitsva de bienfaisance et sa récompense est immense".
[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 479 (mitsva du maaser)]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Dès lors, nous pouvons en tirer une conclusion également au sujet de la mitsva du Maasser : cette mitsva inclut aussi le fait de prélever une partie conséquente de nos propos, à l'intention d'autrui, qu'il s'agisse de paroles réconfortantes, encourageantes, redonnant goût à la vie, ou encore de paroles de Torah, en consacrant une partie de notre temps à étudier avec quelqu'un.

Le rav Moché Feinstein stipule à ce sujet que "tout érudit en Torah, bien qu'il doive étudier pour lui- même, ce qui est très important, est tenu de consacrer une partie de son temps aux autres, même si c’est sur le compte de son étude personnelle ...
Je pense logiquement qu'il s'agit aussi de la mesure du Maasser, soit le dixième de son temps qui doit être consacré à étudier avec autrui. Et il est même possible que l'on puisse aller jusqu'au cinquième, cela demande à être approfondi."

[cela ouvre la réflexion sur la notion de donner le Maaser de nos paroles (en mots d'appréciation, de conseil, ...), de notre sourire/joie, de notre temps (ex: en écoutant autrui), ...
De même que la charité nous enrichit, de même à donner à autrui nous enrichit moralement, émotionnellement, spirituellement, ... ]

-> Le 'Haïm 'Hafets enseigne que de même que l'on devra rendre des comptes pour les paroles de lachon ara (paroles négatives selon la Torah) que nous avons pu prononcer, de même nous devrons rendre des comptes pour les paroles positives que l'on aurait pu dire à autrui et que l'on a pas dites.

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ אֲנִי יְהוָה - Kédochim 19,18).

-> Le rabbi de Belz commente :
ce verset nous apprend comment retirer la Rigueur de notre vie.
Lorsqu'il y a de l'unité parmi les juifs (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ) alors le mot כָּמוֹךָ, qui a la même guématria que Elokim (le Nom d'Hachem représentant le Jugement, la Rigueur), devient alors אֲנִי יְהוָה (qui est le Nom Divin de compassion, de la miséricorde).
De même, la guématria de "aava" (amour - אהבה) est de 13, et lorsque 2 juifs ont de l'amour l'un pour l'autre, alors nous avons 2 fois 13 soit 26, la valeur numérique du Chem Havaya (יהוה).

-> "Lorsque 2 juifs se rapprochent dans un amour et une attention réciproques, alors la Présence Divine descend sur eux.
Lorsque "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ..." alors "... Je suis Hachem [Je me joins à eux]" (Kédochim 19,18)"
[rabbi Ména’hem Mendel de Kossov]

-> Si un juif aime l’autre, alors Hachem dit : "Je suis le 3e!"
[rabbi Avraham de Slonim - Kédochim 19,18]