"Le plus grand trésor des vivants sont les prières que les défunts disent pour eux."
[Méam Loez - Michpatim 22,5]
Catégorie : Moussar/Pensée juive
La gravité de blesser autrui
+ La gravité de blesser autrui :
-> La guémara (Kétoubot 62b) nous rapporte une histoire tragique sur la peine éprouvée par une femme :
"Le Amora rav Ra'houmi étudiait la Torah à la yéchiva de Rabba de la ville de Mé'hoza.
Avec l'accord de sa femme, rav Ra'houmi étudiait toute l'année et ne rentrait à la maison que la veille de Yom Kippour.
Une année, la veille de Kippour, rav Ra'houmi était plongé dans son étude et il tarda à prendre la route.
Sa femme l'attendait impatiemment et se disait : "Il va arriver maintenant ... Il va arriver maintenant ..."
Mais il n'arriva pas. Elle s'en affligea et versa une larme.
Rav Ra'houmi étudiait au même moment dans les combles du Beth haMikdach lorsque soudain, le sol s'écroula sous ses pieds et ils mourut."
-> Le rav 'Haïm Volozhin nous enseigne dans son livre Si'hot Moussar (chap.74, p.328) :
"Nous apprenons de là que le châtiment d'une faute envers son prochain n'est pas forcément "la restauration de la justice" pour la personne blessée, car dans le cas précipité, la punition s'est appliquée aussi à la femme En effet, c'est elle qui a le plus souffert.
Si pour un retard de son mari, elle a versé une larme, combien de larmes a-t-elle dû verser en apprenant sa mort.
=> L'offense entre les personnes est comparable à un feu dévorant. Tout celui qui mettrait sa main se brûlerait, et cela non pas en tant que punition, mais parce que telle est la réalité."
<--->
-> A ce sujet, le rav Eliézer Papo (Orot Ayalim p.58) dit :
"Il est difficile de s'imaginer jusqu'où peut aller la peine des femmes, qui comme nous le savons pleurent facilement.
Nous pouvons l'apprendre de cette histoire tragique dans laquelle l'homme n'avait même pas agi intentionnellement.
Que dire donc de ces hommes qui sèment la terreur dans leurs foyers? Ils recevront certainement un châtiment que ce soit au niveau de leur corps, de leurs biens ou de leur personne."
<---------->
+ Nécessité à ne pas suivre notre tendance naturelle à blesser celui qui nous blesse :
-> "Prenez garde à ne pas heurter l'honneur de vos semblables, et grâce à cela vous mériterez le monde futur."
[rabbi Eliézer - guémara Béra'hot 28b]
-> "Celui qui se préserve de l'interdiction de ne pas offenser son prochain (onaat dévarim) méritera la vie, la bénédiction et les honneurs"
[Séfer ha'Hinoukh - mitsva Chla'h]
-> "Celui qui prend garde à ne pas causer de peine à son prochain reçoit une aide Divine particulière.
Ses volontés profondes sont exaucées, il mérite d'engendrer des fils saints.
Mesure pour mesure, comme il s'efforce de ne pas faire de mal à son prochain et compatit aussi à sa souffrance, il mérite des enfants bénis, qui n'engendreront aucun mal à autrui."
[Ménorat haMaor - 58 ; Tokhé'hat 'Haïm chap.3]
<--->
-> "3 catégories d'individus sont aimées d'Hachem : celui qui se préserve de la colère, celui qui se préserve de l'ivresse et celui qui surpasse ses mauvais traits de caractère"
[guémara Pessa'him 113b]
[ex: en se retenant de notre naturalité humaine à humilier autrui, de réagir à une offense, ... nous entraînons le fait d'être davantage aimés par Hachem!]
-> "Le monde ne tient que grâce à celui qui est capable de se refréner au moment d'une dispute"
[guémara 'Houlin 89a]
-> "Tout celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère a le mérite que ses fautes lui soient pardonnés"
[guémara Roch Hachana 17a]
Rachi commente : "Celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère et n'est pas pointilleux sur le mal qu'on lui fait mérite que ses fautes lui soient pardonnées.
La stricte justice ne s'appliquera pas à lui de la même manière qu'il a été capable d'outrepasser sa tendance naturelle".
<--->
-> Il est bon de garder à l'esprit que le fait de refréner nos réactions au moment d'une offense constitue une expiation de nos fautes plus grande encore que celle de Yom Kippour.
[Chla Hakadoch - Chaar haOtiyot - 200]
<--->
Source : d'après l'art de la vie à 2 du rav Fanger (p.179-180)
+ Les défis de notre génération (par le rabbi Friedlander) :
"Les gens d'aujourd'hui ont une vie moins difficile que ceux des générations précédentes, c'est la raison pour laquelle ils ont moins d'endurance pour affronter les situations difficiles.
Ainsi, dans notre génération moderne en avancée perpétuelle, les gens cherchent des solutions rapides à leurs problèmes et ne sont pas prêts à s'armer de patience.De plus, notre société habituée au luxe, au confort et aux solutions faciles refuse de souffrir et de faire des concessions.
Ce phénomène accentue l'égocentrisme et amoindrit le désir de se dévouer pour son conjoint et donc de céder."[rabbi 'Haïm Friedlander - Introduction au "Véyadata ki shaom aolé'ha"]
<------>
-> Cela est à mettre en parallèle avec les paroles fondamentales de rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) :
"Nous avons tendance à penser que le don est une conséquence de l'amour car il est logique d'avoir envie de donner à une personne que l'on aime.
Mais l'inverse est d'autant plus vrai. En effet, l'homme aime le fruit de son investissement, car il ressent qu'une partie de lui s'y trouve désormais".
-> Aux couples à l'aube de leur mariage, le rav Dessler disait :
"Faites en sorte d'aspirer toujours à vous prodiguer du bien mutuellement comme maintenant, au début de votre couple.
Et sachez que dès lors que vous commencerez à réclamer l'un de l'autre ce que vous pensez vous revenir de droit, votre bonheur se dissipera."
Un homme malhonnête en affaires commet 5 fautes :
1°/ il souille la terre ;
2°/ cause le départ de la Présence Divine ;
3°/ profane le nom de D. ;
4°/ amène l'épée dans le monde ;
5°/ se rend responsable de la prolongation de l'exil.[Méam Loez - Yitro 20,13]
Les juifs sont considérés comme les enfants de D., dont l'âme est liée au Trône de Gloire. Par conséquent, Hachem nous parle constamment car un père ne se retient pas de parler à ses enfants.
Cependant, parce que nous sommes corrompus par nos passions, nous n'avons plus le mérite de L'entendre.[Méam Loez - Yitro 20,1]
"La prière consiste dans le fait que la sagesse supérieur [Hachem] a établi que les créatures doivent recevoir l'abondance de Lui.
Il faut que ce soit elles qui se tournent vers Lui, se rapprochent de Lui et recherchent Sa proximité.
Il leur accorde un épanchement d'abondance en fonction de leur éveil vers Lui, et sans cet éveil elles ne le reçoivent pas.Hachem désire que les créatures aient une abondance de bien en tout temps, et Il leur a préparé ce service [la prière] tous les jours, [puisque] de cette façon Il leur accordera une abondance de réussite et de bénédiction."
[Ram'hal - Déré'h Hachem]
+ "Elle [la Torah] est plus précieuse que les perles, tes plus chers trésors ne la valent point" (Michlé 3,15)
-> De même que les perles coûtent cher, car elles ne se trouvent pas sur terre, là où l'homme vit, mais dans un autre élément : la mer. De même, la sagesse [de la Torah] ne prend pas sa source dans le cerveau humain qui est matériel, mais dans l'esprit Divin dont il est doté et qui est encore plus lointain que les fonds marins.
[le Malbim]
"Il est interdit à l'homme d'aspirer à plus que son niveau et sa personnalité ne le permettent, à l'exception de la grandeur dans la Torah, pour laquelle le désir doit être illimité."
[rabbi Moché Feinstein]
Même s'il ne s'est pas constitué de minyan dans une synagogue, il faut cependant aller prier dans ce lieu saint, et ne pas se contenter de prier chez soi.
Beaucoup d'hommes prient chez eux, montrant par cela que le Temple n'a que peu d'importance à leurs yeux.
[la synagogue étant considérée comme un Temple en miniature (beit mikdach katan)].
En conséquence, la construction du Temple est retardée.
[...][Dans le Zohar (Chémot 17a)], rabbi 'Hiya et rabbi Yossi enseignèrent que l'exil actuel était destiné à durer uniquement [mille ans, qui représentent] un jour de D., comme il est écrit : "[Hachem] m'a rendue désolée, épuisée pendant un jour entier" (Eikha 1,13).
[Puisque le Temple fut détruit en 3828 (68 de l'ère vulgaire), la rédemption aurait dû avoir lieu en 4828 (1068 de l'ère vulgaire)].
Elle fut retardée parce que les juifs ne se sont pas repentis et n'ont pas amélioré leur conduite.
[...]La rédemption dépend principalement de la prière. Si nous prions avec ferveur, nous serons délivrés.
[A ce sujet,] nous avons la promesse de D., et nous avons la foi en ce que cela dépend de nous ...A la question de savoir pourquoi nos prières pour la rédemption restent sans effet ... une raison est que Hachem y répond en partie. En effet, D. fait quotidiennement de nombreux miracles en notre faveur, même si nous n'en sommes pas conscients.
Lorsqu'une personne dort, D. peut provoquer la pluie afin que sa nourriture pousse et qu'elle ait à manger. Bien que ce ne soit pas la rédemption, il s'agit d'un élément de celle-ci.De la même façon, le peuple juif survit journellement dans un monde hostile. Bien que le monde entier soit contre nous, Hachem nous protège perpétuellement. Certes, ce n'est pas une rédemption, mais il s'agit d'un élément de celle-ci.
[Méam Loez - Bo 12,42]
"Assurément, la chose est connue" (Chémot 2, 14)
-> Rachi explique que Moché se demandait quelle était la faute des juifs pour ''mériter'' de telles souffrances.
Quand il constata qu'il y avait parmi eux des médisants, il comprit que c'était cela la cause de l'exil, et il dit : "Assurément, la chose est connue" = je connais à présent la raison de cette chose.
Mais lorsque plus tard, Hachem se dévoilera à Moché sur le buisson, et qu'Il l'enverra libérer les juifs d'Egypte, Moché demandera : "Pourrai-je sortir Israël du pays d'Egypte?" (Chémot 3,11)
Rachi d'expliquer cette question : "Mais quel mérite ont-ils pour être libérer?"
=> Ainsi, au départ, Moché ne voyait aucune raison à cet esclavage, mais quand il sut qu'il y avait parmi eux de la médisance, tout d'un coup, il ne voit à présent plus aucune raison pour qu'ils soient libérés.
Même si cela semble étonnant et paradoxal, c'est la réalité : lorsqu'il y a de la médisance, plus aucun mérite ne peut plus aider pour être sauvé!
[Sfat Emet]
<--------------------------------------------->
=> Pourquoi est-ce précisément la faute du lachon ara qui fut la cause de souffrances si atroces pour le peuple juif ; en effet les Bné Israël pratiquaient l’idolâtrie, qui ne provoqua pourtant pas tant de malheurs.
Le 'Hafets 'Haïm explique que lorsqu’une personne enfreint un interdit, un ange accusateur est créé ; il s’agit d’un être spirituel qui puise sa force de la faute qui le fit naître. Cet ange accuse le fauteur dans le Beit Din (Tribunal) Céleste, et ce dernier est alors puni.
Or, si l’ange est créé par une action qui ne requiert pas la parole, celui-ci est privé de la faculté d’exprimer clairement l’infraction commise et la personne reste impunie.
La transgression du lachon ara est néanmoins différente, parce qu’elle implique la parole. En conséquence, l’ange créé par cette faute est doté, lui aussi, de cette capacité. Il peut alors exprimer verbalement la nature du lachon ara commis ; la ‘Hafets ‘Haïm poursuit en disant que cet ange énumère également toutes les fautes non dites, que l’homme a commises jusqu’alors.
Ainsi, le fait de dire du lachon hara est la porte ouverte à une punition pour de nombreux autres péchés.
Ceci explique pourquoi le lachon ara du peuple juif engendra les terribles souffrances qu’il dut endurer en Égypte. Sans ce démérite, les Bné Israël auraient été épargnés de la sanction reçue pour leurs autres fautes, comme l’idolâtrie, mais une fois que Moché vit clairement qu’ils avaient trébuché dans ce domaine, il comprit l’amertume de cet exil.
[rapporté dans Tallelé Orot - Chemot 2,14]