+ Chacun a le choix de faire des efforts soit dans la matérialité, soit dans la spiritualité :
-> Il est écrit : "L'homme est né pour l'effort" (Iyov 5,7), et nos Sages (midrach Béréchit rabba 13,7) disent : "S'il en a le mérite, ce sera l'effort de la Torah ; s'il n'a pas de mérite, ce sera l'effort des choses matérielles".
Car l'homme a été créé principalement dans le but de fournir des efforts et du labeur, mais il a la possibilité de choisir quel genre d'effort il fera.
Si son effort est investi dans l'étude de la Torah, il n'aura pas besoin de faire l'effort de ce monde (c'est-à-dire de travailler pour gagner sa vie), comme le disent nos Sages (Pirké Avot 3,5) : "Quiconque accepte le joug de la Torah (c'est-à-dire qu'il s'engage à faire de l'étude de la Torah son fardeau), le joug de servir le gouvernement et le joug des choses matérielles lui sont enlevés".
Quiconque rejette le joug de la Torah ne fait que remplacer l'effort dans la Torah par l'effort pour gagner sa vie. L'idée qu'un homme qui se voue à l'étude de la Torah est récompensé est évoquée par nos Sages (guémara Béra'hot 28b) dans la prière récitée à la fin de l'étude quotidienne : "Moi qui me voue à l'étude de la Torah, je fais des efforts et je reçois une récompense divine alors que ceux [qui ne se vouent pas à l'étude de la Torah] font des efforts et ne reçoivent pas de récompense divine".
[Beit haLévi - maamar haBita'hon]
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-> Rabbénou Yona (Chaarei Techouva 4,11) écrit que si un homme peine pour comprendre un passage difficile de la guémara, ces efforts remplacent une souffrance qu'il devait endurer.
Nous allons travailler dur et faire des efforts, mais nous pouvons choisir de faire des efforts dans l'étude de la Torah, grâce auxquels nous gagnons des récompenses éternelles extraordinaires.
-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haTorah - chap.3) remarque que les Sages ne disent pas que si quelqu'un "étudie" la Torah, le joug de servir le gouvernement et le joug de gagner sa vie lui seront enlevés, mais plutôt s'il "accepte le joug" de la Torah.
Il existe effectivement une grande différence entre étudier la Torah et accepter son joug. Accepter le joug de la Torah signifie se dévouer entièrement à la Torah, sans que rien d'autre ne compte. De même qu'un bœuf qui porte un joug pour labourer est entièrement concentré sur sa tâche, il faut traiter la Torah comme un joug pour mériter la garantie promise par nos Sages.
-> Dans le même sens, le 'Hafets 'Haïm (Sipouré 'Hafets 'Haïm) expliquait le verset : "A'h tov va'hessed yirdéfouni kol yémé 'hayaï" (seuls le bien et la bonté me poursuivront tous les jours de ma vie - Téhilim 23,6).
Nous sommes toujours "poursuivis" par quelque chose, par un problème contrariant ou par une difficulté. Le 'Hafets 'Haïm expliquait que dans ce verset, le roi David priait que les seules choses à le "poursuivre" soient des nécessités de bonté et de bien : l'étude de la Torah, l'hospitalité, la charité et l'aide à son prochain.
=> Nous sommes tous "poursuivis" par quelque chose, et nous devons espérer et prier d'être "poursuivis" par la Torah et les mitsvot. Si nous choisissons le "joug" de la Torah et des mitsvot, nous nous libérons des autres "jougs".
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-> Le Shéma comprend 3 passages : a) Chema Israël (Vaét'hanan 6,4-9) ; b) Vehaya im chamoa (Ekev 11,13-21) ; c) Vayomer (Chéla'h Lé'ha 15,37-41).
La guémara (Béra'hot 14b) explique pourquoi ces passages sont récités dans cet ordre.
Le premier passage concerne la mitsva d'accepter le joug de la royauté d'Hachem et le deuxième, celle d'accepter le joug des commandements d'Hachem.
Le deuxième passage suit le premier parce qu'il faut d'abord accepter Hachem comme Roi avant d'accepter l'obligation de Ses commandements.
Toutefois, le troisième passage, qui expose la mitsva de tsitsits et la sortie d'Égypte, semble hors de propos. Quel est le lien entre les deux premiers passages et le troisième?
Le Sfat Emet (Yitro 1898) donne l'explication suivante :
le midrach (Chémot rabba 29,3) enseigne qu'Hachem a délivré le peuple juif d'Egypte à condition qu'il L'accepte comme son D.
Ceci explique l'enseignement des Pirkei Avot (6,2) : "Le seul qui est réellement libre, c'est celui qui s'adonne à l'étude de la Torah". Par son étude de la Torah, il évoque la puissance qui nous a libérés d'Egypte, et cela le rend réellement libre aujourd'hui aussi.
De même, la michna (Pirké Avot 3,5) enseigne : "À quiconque accepte le joug de la Torah, on enlève le joug du gouvernement et celui des choses terrestres". En acceptant le joug de la Torah, on se débarrasse du joug de l'asservissement et de la persécution.
C'est pour cette raison que dans le Shéma Israël nous mentionnons la sortie d'Egypte après les deux premiers passages. C'est seulement si nous acceptons, par les premiers passages, la domination d'Hachem et Ses commandements que nous méritons la liberté, y compris la liberté des obligations matérielles.
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-> "Hachem châtie celui qu'Il aime" (Michlé 3,12)
-> Les difficultés rencontrées dans ce monde peuvent être une bénédiction déguisée. En faisant l'expérience de souffrances, une personne est purifiée de ses fautes, ce qui lui permet de jouir de la félicité éternelle.
Le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h 'Haïm - Pirké Avot 6,6) écrit que si une personne s'abstient de s'adonner aux plaisirs matériels et se consacre à l'étude de la Torah, c'est comme si elle avait fait l'expérience de souffrances. Ainsi, en plus d'obtenir les récompenses accordées pour l'étude de la Torah, elle se purifie également de ses fautes.
-> Rabbénou Yona(Yessod haTéchouva) écrit que lorsqu'une personne se retient alors que son mauvais penchant l'incite à s'adonner à quelque chose d'interdit, cela compte également comme des souffrances et la purifie de ses fautes.
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-> "Celui qui prend sur lui le joug de la Torah se voit retirer le joug de la royauté et du travail séculier" (Pirké Avot 3,5).
-> Le midrach Chmouël écrit à ce propos : les enfants d'Israël furent asservis par Pharaon, avec l'argile, les briques, les travaux ruraux. Ils avaient un joug très lourd à supporter ! La tribu de Lévi n'était pas esclave à Pharaon, car elle était occupée à étudier la Torah.
Le rav Aharon Kotler, dans son livre Michnat Rabbi Aharon (1ère partie - p.76) rapporte les enseignements du Maharil Diskin selon lesquels si le peuple d'Israël tout entier avait peiné dans l'étude de la Torah en Egypte, ils n'auraient pas été assujettis avec l'argile et les briques.
Pharaon parvint donc à les asservir de la sorte pour l'unique raison qu'ils n'étudiaient pas.
Dans le livre Chenaïm Mikra, Rav Issakhar Roubin ajoute : il est écrit dans le verset (1; 7) : « Or, les enfants d'Israël avaient fructifié, pullulé, s'étaient multipliés, étaient devenus très puissants. La contrée en fut remplie. » Le Maharil s'interroge : s'ils se sont tant multipliés, pourquoi la Torah juge-t-elle nécessaire de préciser que « La contrée en fut remplie » ?
De plus, le Maharil analyse le langage du décret, lors de Brit Ben Habétarim. Après avoir dit : « Sache-le bien que tes descendants seront étrangers », pourquoi la Torah ajoute-t-elle : « dans une terre qui ne sera point à eux » ? La définition même de l'étranger est de séjourner sur une terre qui ne lui appartient pas.
Il répond que les enfants d'Israël furent asservis durant deux cent dix ans en Égypte, les quatre-vingt-six dernières années étaient les plus dures. Pendant ce laps de temps, en Égypte, Yossef les installa en terre de Gochen. Que firent-ils alors ? Ils étudièrent la Torah.
La terre de Gochen appartenait aux enfants d'Israël. Pharaon l'avait offerte à Sarah, c'était un cadeau parmi les autres présents, visant à se réconcilier avec Avraham. Lorsque les enfants d'Israël séjournaient à Gochen, ils étaient protégés et n'étaient pas assujettis.
C'est la raison pour laquelle la Torah nous enseigne : « Les enfants d'Israël avaient fructifié, pullulé, s'étaient multipliés, étaient devenus très puissants. La contrée en fut remplie. » Lorsqu'ils commencèrent à regarder ailleurs et sortirent de Gochen vers la « grande » Egypte, les Égyptiens les asservirent et contraignirent à effectuer de lourds travaux.
En sortant de Gochen, Hachem leur dit : « Sache que tes descendants seront étrangers ». À Gochen, ils sont protégés, mais dès lors qu'ils iront « sur une terre qui ne sera point à eux », l'esclavage débutera : « ils seront asservis et opprimés durant quatre cents ans ».
Nous apprenons de là le secret sensationnel du peuple d'Israël et de la tribu de Lévi : tant qu'ils sont cadrés entre les murs du Temple, tant qu'ils se tuent pour l'étude de la Torah, qu'ils restent dans les quatre Amot de la Halakha, ils sont invincibles ! Au moment où ils en sortent, la protection disparaît et ils sont exposés aux dangers et aux mauvaises influences du monde extérieur !
Ce n'est pas seulement pour la tribu de Lévi. Cet état de fait concerne tout un chacun, qui comprend l'importance de se distinguer des nations et de rester fidèle au poste de serviteur de Dieu... Il est alors considéré comme « saint des saints » et il a sa part dans l'héritage de Dieu à
jamais ! (Rambam Hilkhot Chemita Véyovel 13 ; 13)
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-> Le Zohar Hakadoch (Béahalotékha 153a) écrit : "Ils rendirent leur vie amère par des travaux pénibles" : c'est une Kouchial. "Sur l'argile" : 'Homer : le raisonnement a fortiori : Kal Va'homer. "La brique" : Oubilevénim : l'éclaircissement de la Halakha : Liboun.
"Par des corvées rurales" : la Béraita. "Les autres labeurs qu'ils leur imposèrent tyranniquement" : il s'agit des passages qu'Eliahou Hanavi expliquera à la fin des temps.
[nos efforts dans la Torah peuvent prendre la place d'efforts, de souffrances, bien réelles. ]