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"Nous savons qu'avant qu'un fruit ne pousse, il existe déjà dans le patrimoine génétique de l'arbre sur lequel il va se développer.
Il en est de même pour l'homme. Avant de naître, il préexiste dans le patrimoine génétique de son père, plus exactement dans le cerveau de son père.
Puisqu'Avraham était le premier des Patriarches, tout Israël était inclus dans les pensées du cerveau d'Avraham."
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayéra 18,19]

"Tu n'as pas épargné ton fils unique pour moi" (Vayéra 22,12)

-> On peut s'interroger car c'est l'ange qui dit cette phrase à Avraham, et non Hachem. Il aurait dû donc dire : "Tu n'as pas épargné ton fils unique pour Lui", c'est-à-dire pour Hachem, et non "pour moi" l'ange!
En fait, nos Sages enseignent que chaque mitsva qu'un juif réalise crée un ange.
C'est l'ange créé par la mitsva d'Avraham prêt à sacrifier son fils, qui lui apparut et s'adressa à lui. Il lui prouva qu'en réalité, même s'il n'avait pas sacrifié son fils concrètement, malgré tout il s'était acquitté complètement de son obligation. La preuve est que l'ange qui fut créé était parfait et d'une extrême sainteté.
Cela est donc le signe que la mitsva qui l'a créé était complète.

C'est ce que dit l'ange : "Tu n'as pas épargné ton fils unique pour moi", ou plutôt, littéralement : "miméni" (de moi - ממני) = c'est-à-dire que "de moi", de ma sainteté et de ma perfection, tu peux avoir l'assurance que ta mitsva est complète.
[Gaon de Vilna]

"Il (Avraham) vit l'endroit de loin" (Vayéra 22,4)

-> Le mauvais penchant dit à Avraham que cet ordre d'Hachem de sacrifier son fils est un service Divin très élevé et très haut, et qu'Avraham n'est pas au niveau de l'accomplir.
Il lui montra que ce service Divin était vraiment loin de lui, il lui fit voir cet endroit de loin. Et par cela, le mauvais penchant lui rendit l'épreuve bien plus difficile.
Le yétser ara se comporte ainsi avec chaque personne, montrant combien la pratique de la Torah et le service Divin est loin d'elle et que l'on n'est pas au niveau de les réaliser. Mais il faut malgré tout combattre cette illusion et se renforcer dans le service d'Hachem, conscient qu'elle est fait pour soi.
['Hidouché haRim]

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-> Au moment où Avraham s'apprêtait à réaliser l'ultime épreuve du sacrifice d'Yits'hak, il marcha vers le mont Moriah, et après 3 jours de marche, la Thora dit qu'il vit l'endroit de loin. On peut s'interroger sur le sens d'une telle précision.
Quel intérêt y a-t-il de nous informer sur le fait qu'Avraham vit de loin le lieu de l'épreuve ?

-> Le 'Hidouché haRim explique qu'en fait, l'essentiel de la difficulté d'une épreuve vient du fait qu'au moment où Hachem met un homme devant l'épreuve, Il lui enlève tout son enthousiasme habituel dans le service d'Hachem ainsi que toute la clarté qu'il a d'ordinaire concernant sa compréhension de la vérité de la Thora et d'Hachem. Au moment d'une épreuve l'homme se retrouve sans l'Aide Divine habituelle qui lui facilite d'ordinaire le travail. C'est comme si Hachem s'éloignait de lui.
L'homme peut se sentir dépourvu, seul, sans ses ressources habituelles qui lui permettent d'ordinaire d'avancer sereinement. Il est dans une sorte d'obscurité. Et là, il doit faire face et résister aux attaques du mauvais penchant pour rester fidèle à Hachem et sa Torah.
Cela concerne toutes les sortes d'épreuves. Que ce soit au niveau de la foi, qu'au niveau des tentations au niveau des pulsions. Au moment où le mauvais penchant se renforce, l'homme se retrouve sans ces ressources habituelles, sans toute sa clarté, sa compréhension, son élan et ses forces habituelles, au point qu'il devient très vulnérable, il est même dans un certain danger spirituel.

Dans une telle situation, le remède essentiel qui peut sauver de la chute, c'est la crainte d'Hachem que l'homme a renforcé dans son coeur. Un homme qui développe régulièrement sa peur devant Hachem, peur devant Ses punitions et devant les souffrances que provoque la faute, au moment de l'épreuve, même si tous ses acquis disparaissent, cette peur elle, reste. Et c'est elle qui le sauvera, car un homme qui a peur de la faute, même si le mauvais penchant se renforce, il ne fautera pas, car il redoutera terriblement les conséquences. Au moment où il devait surmonter l'épreuve de la Akéda, Avraham également a connu cet état.
Son élan habituel, sa compréhension de la Grandeur d'Hachem et Sa clarté de la Vérité l'ont quitté et se sont éloignés de lui. Sinon, cela aurait été bien plus facile.
"Il vit l'endroit de loin" = et il dut puiser dans ses ressources de crainte divine pour surmonter cette épreuve. C'est pourquoi, après l'épreuve, Hachem proclama : "Maintenant Je sais que tu crains Hachem". C'est cette crainte qui sauve l'homme dans l'épreuve. D'où l'importance cruciale de la développer régulièrement, au jour le jour, pour qu'elle soit prête et en éveil au moment d'une épreuve.

"Je me suis dit : seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit et ils me tueront du fait de ma femme" (Vayéra 20,11)

-> Un homme ne doit pas imaginer qu'on puisse être une personne civilisée et raffinée avec uniquement pour base des valeurs humanistes. Quand il manque la crainte d'Hachem, il faut savoir qu'en réalité il manque aussi l'humanisme.
Un homme ne peut pas être ''humain'' sans ''crainte d'Hachem'', même s'il est civilisé et qu'il dispose de toutes les autres qualités et sagesses.
Avraham avait constaté qu'en Pelichtim il ne manquait que la crainte d'Hachem, c'est à dire qu'il y avait toutes les autres qualités sauf celles-ci, comme il est dit : "Seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit", c'était la seule chose qui manquait. Et malgré tout, sans cela, "ils me tueront du fait de ma femme".
Car sans crainte d'Hachem, il n'y a pas d'humanité. Tout prétexte pourra transformer l'être ''civilisé'' en bête cruelle et criminelle.
[Malbim ; rabbi El'hanan Wasserman]

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-> Le rav El’hanan Wasserman a fait une telle remarque en 1935, au début du pouvoir nazi en Allemagne, au moment où fut invité à parler devant les élèves du Séminaire rabbinique de Berlin.

"Il n’y a seulement pas de crainte de D. en ce lieu et l’on me tuera à
cause de ma femme" (v.20,11) = apparemment, l’expression de ce verset "il n’y a seulement pas de crainte de D." est étonnante, car cela signifie que d’autres choses il y a bel et bien.
Mais cela nous enseigne qu’Avraham a vu dans ce pays beaucoup de belles choses, comme une instruction avancée, une culture et des arts développés. Il manquait seulement une seule chose, "la crainte de D.". Et là où il n’y a pas de crainte de D., toutes ces valeurs ne valent pas plus qu’une fine pellicule, et il y a tout à fait lieu de craindre "on me tuera".

Dès ce moment-là, en 1935, Rabbi El’hanan Wasserman voyait dans son esprit le pays de la culture occidentale "éclairée" se transformer en un pays de bêtes sauvages.

Quelques leçons d’Avraham

+ Quelques leçons d'Avraham (Vayéra) :

1°/ Ne pas imposer ses propres exigences aux autres :

La paracha Vayéra commence par le récit de la bonté ('hessed) incroyable qu’Avraham fit avec les 3 anges. Tout de suite après, on nous relate la visite des anges à Sodome et la façon dont cette ville fut détruite ensuite.

Le rav Yaacov Kamenetsky (Emet léYaakov) fait une remarque quant à la juxtaposition de ces 2 incidents : tous 2 mettent l’accent sur la l’accueil réservé aux invités (hakhnassat or’him).

L’histoire d’Avraham est l’exemple type de l’attitude à avoir lorsqu’on reçoit des invités et la façon optimale de subvenir aux besoins de ces derniers. Nous voyons comment Avraham ignore son propre état de santé, n’épargnant aucun effort pour mettre ses invités le plus à l’aise possible.

Immédiatement après, la Torah nous mène vers la ville de Sodome et nous montre l’antipathie de ses habitants pour cette même mitsva, la hakhnassat or’him. Nous voyons que la vie de Loth est menacée parce qu’il nourrit et loge des visiteurs étrangers.

=> Pourquoi la Torah insiste-t-elle sur le contraste marqué entre Avraham et les habitants de Sodome?

Le rav Kamenetsky propose une réponse basée sur un autre aspect de l’épisode de Sodome. Hachem dit à Avraham qu’Il prévoit de détruire Sodome à cause du manque total d’égards que ses habitants témoignent l’un envers l’autre. Avraham s’inquiète infiniment pour ces mauvais gens et implore Hachem de les épargner. Ses paroles sont dites avec tant de force qu’il doit introduire sa requête en demandant à Hachem de ne pas se fâcher du fait qu’il parle avec autant de franchise.

Le rav Kamenetsky explique que la Torah nous montre ici une facette du niveau incroyable d’Avraham dans les relations entre un homme et son prochain (ben adam la’havéro ).
En général, lorsqu’une personne excelle dans un trait de caractère, elle est particulièrement exigeante quant au comportement des autres personnes dans ce domaine. Par conséquent, elle a tendance à les juger très sévèrement s’ils semblent montrer une faille dans cette qualité.

Prenons pour exemple un homme qui fait très attention à manger du pain à séouda chelichit (le 3e repas du Shabbat) : il aura tendance à mal considérer ceux qui se contentent de manger des fruits pour séouda chelichit.

La Torah juxtapose l’épisode montrant la grandeur de la hakhnassat or’him d’Avraham et la position abjecte de Sodome à ce sujet, puis elle montre comment, malgré tout, Avraham plaide en leur faveur et supplie Hachem de juger Sodome avec miséricorde.
Cela montre qu’Avraham n’est pas tombé dans le piège du yétser hara qui nous incite à juger autrui avec rigueur dans les domaines où nous excellons. En dépit de l’immense fossé entre son ‘hessed (bonté) et celui de Sodome, il se fait beaucoup de souci pour leur bien-être.

=> Nous apprenons de l’explication du rav Kamenetsky qu’il n’est pas facile de considérer favorablement les faiblesses d’autrui dans les secteurs qui sont nos points forts. Pourquoi est-ce si difficile?

Le rav Yehonathan Geffen explique que quand une personne excelle dans une bonne mida (qualité), il lui est très difficile de comprendre qu’une autre puisse être moins méticuleuse dans ce domaine.
Par exemple, si quelqu’un est très ponctuel, il aura beaucoup de mal à s’expliquer le retard constant de ses camarades.

Il est évident pour lui que le fait d’être retardataire témoigne d’un manque de considération vis-à-vis d’autrui. Son travail consiste à admettre que chacun a des points forts différents et qu’il existe certainement des domaines dans lesquels il est bien plus faible qu’un autre.
De plus, il lui faut se souvenir de la michna dans avot qui nous dit : "Ne juge pas ton prochain avant de te tenir à sa place". Cela nous enseigne que les traits de caractère de l’individu sont liés aux circonstances de sa vie et qu’il est alors impossible de juger l’autre, car nous ne savons pas comment nous aurions réagi si nous avions été dans sa situation.

=> En intériorisant cet enseignement, nous arrivons à reconnaître que chacun a ses propres points forts et lacunes et qu’il ne convient donc pas d’être contrarié des imperfections d’autrui dans les domaines où nous-mêmes excellons.

Au début de la paracha Vayéra, nous trouvons un autre exemple montrant la grandeur d’Avraham dans ses relations avec les personnes se situant à un niveau inférieur au sien. La Torah décrit avec force détails, le délicieux repas qu’Avraham proposa à ses visiteurs.
Le rav Yissa'har Frand souligne qu’Avraham lui-même était certainement peu intéressé à manger de tels mets. Néanmoins, il n’imposa pas son niveau personnel d'éloignement du monde physique à ses invités et n’épargna aucun effort pour leur servir un repas délicieux.

=> Il existe plusieurs façons d’imposer ses propres désirs à autrui de manière négative. Par exemple, quelqu’un peut être très propre et soigné, ce qui est évidemment une qualité permettant de vivre selon un ordre. Cependant, il est fort probable qu’à un moment dans sa vie, il se trouvera une situation où il devra s’accommoder avec d’autres personnes, tel un camarade de chambre, un conjoint, ou ses propres enfants. Ceux-ci n’aspireront peut être pas à une propreté aussi rigoureuse dans la maison. Il risque d’être frustré par leur attitude et exiger que l’endroit soit rangé et nettoyé selon ses propres "normes de propreté".
Dans ce scénario, cet individu impose sa façon de faire aux autres, ce qui semble être un comportement injuste vis-à-vis d’autrui. Une personne maniaque doit plutôt accepter que les autres ne puissent pas garder la maison aussi propre qu’elle le voudrait. Si elle se sent incapable de vivre correctement dans de telles conditions, elle doit se charger personnellement de maintenir la propreté de la maison selon ses impératifs.

==> La grande bonté d’Avraham Avinou est légendaire. Le rav Kamenestky nous enseigne ici un autre aspect de son extraordinaire ben adam la’havéro : il n’imposait pas ses propres exigences aux autres personnes et ne faisait pas preuve de sévérité à leur égard.

[b'h, à nous ses descendants de suivre autant que possible son exemple!]

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2°/ Savoir gérer les succès comme les défaites :

-> Durant sa vie, Avraham dut faire face à de nombreuses épreuves, qui furent parfois brillamment réussies et qui, d’autres fois, se terminèrent d’une manière qu’il n’avait pas envisagée. Sa façon de réagir nous enseigne comment nous conduire quand nous sommes couronnés de succès et lorsque nous subissons un revers.

L’épreuve la plus marquante fut certainement celle de la Akéda, lors de laquelle il reçut l’ordre de sacrifier son fils unique sans en comprendre la raison. Avant de tuer Its’hak, un ange l’appelle : "Avraham, Avraham!" (Vayéra 22,11) et l’informe du fait que l’épreuve a été surmontée avec succès et qu’il méritera par conséquent d’avoir une descendance comparée aux étoiles du ciel (Vayéra 22,17).
Le midrach Yalkout Chimoni explique la répétition du prénom Avraham. Chacun a 2 facettes : l’une terrestre et l’autre céleste. L’image terrestre correspond à ce que l’on fait dans ce monde et l’image céleste fait référence à ce que l’on peut devenir si l’on exploite pleinement son potentiel.
Après cette 10e épreuve, Avraham réalisa son plein potentiel, les 2 facettes étaient identiques. Le "Avraham" du Olam Hazé était le même que le "Avraham" idéal du Olam Haba. Il a alors atteint la perfection spirituelle.

Comment aurions-nous réagi dans une telle situation? Une pointe de fierté aurait été normale, naturelle. Ou au moins un sentiment d’allégresse, de joie ...
Or, la réaction d’Avraham fut très différente. Juste après la Akéda, le verset dit : "Avraham retourna vers ses jeunes hommes, ils se levèrent et allèrent ensemble vers Béer-Chéva" (Vayéra 22,19).
Le mot "ensemble" prouve qu’Avraham se sentait au même niveau, avec les mêmes sentiments que les jeunes hommes (Eliezer et Ichmaël). Ceux-ci n’avaient pas vu la Akéda, ils n’avaient rien ressenti de cet événement magique, grandiose. Avraham voyagea avec eux, comme s’il n’avait pas non plus expérimenté un moment spécial, comme s’il n’avait pas surmonté l’épreuve la plus difficile de sa vie.
Sans fierté ni exaltation, il retourna à Béer Chéva pour poursuivre sa sainte mission : celle d’apprendre à tout le monde à voir et à ressentir la Présence Divine.

L’être humain a tendance à vouloir se reposer sur ses lauriers après avoir réussi une tâche difficile. Il aurait été logique qu’Avraham veuille profiter d’un moment de répit à la suite d’une telle épreuve. Donc, quand il apprit la mort de sa femme, dès son retour, et qu’il dut affronter les nombreuses difficultés qui se présentèrent à lui pour enterrer Sarah, il aurait pu se sentir frustré et se plaindre. Mais il surmonta une épreuve supplémentaire, celle d’accepter d’autres souffrances, même après voir atteint son potentiel.
=> Cela nous donne une autre dimension de la grandeur d’Avraham ; non seulement il resta humble, mais il fut prêt à faire face à de nouveaux challenges.

Et comment réagit-il aux échecs?
Quand Hachem informa Avraham de Son projet de détruire Sodome à cause du mauvais comportement de ses habitants, ce dernier implora longuement en leur faveur, arguant que s’il y avait 50 justes, toute la ville devait être sauvée, suppliant ensuite pour 40 éventuels hommes dignes, jusqu’à ce qu’il lui soit annoncé que l’endroit ne comptait même pas 10 personnes vertueuses (Vayéra 18,23-32).
À la fin du débat, lorsque le décret fut émis, la Torah précise : "Hachem s’en alla quand Il termina de parler à Avraham et Avraham revint à sa place" (Vayéra 18,33).
Que signifie ce verset, quelle leçon peut-on tirer de la 2e partie de la phrase?

Lors d’une réunion dans laquelle une décision contraire à l’avis du Steipler et de Rav Chakh fut prise, ce dernier en fut très déçu. Il avait tant œuvré et bataillé pour cette cause, que ce revers le démoralisa complètement.
Le Steipler envoya un messager chez Rav Chakh pour lui parler du verset précité : "Avraham revint à sa place" = lorsque l’on fait son possible pour sauver une situation et que l’objectif n’est pas atteint, on a le devoir de reprendre ses activités, ses engagements comme si rien de fâcheux ne s’était passé.
Un manque de succès ne justifie en aucun cas l’abandon de son œuvre sacrée, il doit émuler Avraham qui "revint à sa place" et continuer de diriger le peuple juif comme avant.
Rav Chakh comprit le message et reprit les rênes du Klal Israël.

La remarque du Steipler nous aide à tirer leçon de l’attitude d’Avraham à la suite d’un échec : il réalisa qu’il avait fait de son mieux pour atteindre son objectif, mais quand il échoua, il ne laissa pas la déception le gagner et l’empêcher de poursuivre sa mission.

=> Ainsi Avraham excella dans sa façon de réagir aux réussites autant qu’aux défaites. La qualité qui lui permit de surmonter toutes ces épreuves est sans doute sa grande modestie. Celle-ci lui évita de se sentir hautain ou complaisant devant la gloire et démoralisé quand ses entreprises n’étaient pas menées à bien.

[d'après un divré Torah du rav Yehonathan Geffen]

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-> "Hachem se retira ... et Avraham revint à son endroit" (Vayéra 18,33)

La Torah raconte qu'une fois avoir terminé sa discussion avec Hachem pour implorer le sauvetage des villes de Sedom et que sa demande n'a pas pu être exaucé, alors "Avraham revint à son endroit". Mais que signifie cette phrase?
Si c'est pour nous dire qu'Avraham retourna dans sa maison, la Torah a-t-elle besoin de nous préciser une telle information?

-> Le Divré Yé'hezkel explique qu'Avraham s'est efforcé par tous les moyens de prier pour sauver les villes de Sedom. Il commença par invoquer le mérite de 50 justes, puis 45, puis 40... Quand il réalisa que même un nombre de 10 justes ne s'y trouvaient pas et que rien ne pouvait y faire, le décret allait tomber, ses prières ne seraient pas exaucées et tous ses efforts allaient s'avérer être vains, alors on aurait pu imaginer qu'Avraham en ressentirait une certaine déception et tristesse. Il aurait été compréhensible que son moral et sa joie habituelle en soient affectés. Tous ces efforts, toutes ces prières pour rien!
Mais la Torah est venue nous apprendre qu'il n'en fut pas ainsi. "Avraham revint à son endroit", il revint à son état habituel, le même qu'il avait avant toute cette discussion. Il reprit son service d'Hachem avec la même joie et le même entrain que d'habitude. Le fait que ses prières n'ont pas été exaucées ne l'a pas affecté. Mais comment comprendre cela?

C'est que l'homme a certes le devoir de s'efforcer de prier et d'implorer Hachem pour bénéficier de Ses Bénédictions et de Ses Bontés. Mais il n'a pas un devoir de résultat. Avraham a fait pleinement son devoir, prier et implorer le plus qu'il pouvait. Mais une fois que cela n'a pas ''marché'', que ses prières n'ont pas annulé le décret, la suite n'était plus son affaire. Il savait qu'Hachem est Bon et Juste, Ses Voies sont Droites.
L'homme a certes le devoir de prier. Mais s'il constate que sa demande n'est pas exaucée, il ne doit ni s'attrister ni se décourager. De son côté, il a fait ce qu'il devait. Pour le reste, il doit faire confiance en la Droiture d'Hachem et savoir qu'Il n'est pas obligé d'exaucer ses prières.

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3°/ Faire participer ses enfants pour les initier aux mitsvot :

-> "Avraham courut au troupeau, choisit un veau tendre et gras et le donna au serviteur, qui se hâta de l'accommoder" (Vayéra 18,7)

Rachi de commenter : C’était Ichmaël, pour l’initier aux mitsvot, [en l’occurrence à celle de l’hospitalité].

Avraham a laissé dans les gênes juifs la mtisva de l'hospitalité.
Mais nous pouvons également constater que les arabes sont aussi connus pour leur hospitalité, qui provient de cet événement avec Avraham.

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4°/ Importance des efforts, et non du résultat :

-> Au début de la paracha Vayéra, Avraham reçoit 3 invités, qui s’avèrent être des anges. Il leur prépare un repas extrêmement raffiné avec un empressement exemplaire.
Mais, comme l’explique le midrash, finalement les invités n’ont rien mangé de tout ce festin! En effet, les anges ne mangent pas. Ils firent semblant de consommer ce qu’Avraham leur proposa.

La Torah nous décrit en détails toute la bonne volonté d’Avraham de bien nourrir ses invités, ainsi que tous les efforts qui s’y ajoutèrent. Mais, finalement, le résultat était nul. Rien ne fut mangé.

=> La Torah veut nous enseigner par là que tout ce que la Torah attend, ce qu’elle considère comme la vraie réussite de l’homme, c’est la volonté et l’effort. Mais absolument pas le résultat.
Deux personnes qui étudieraient un passage de Torah. Le premier comprend ce passage de suite sans effort. Le deuxième, après avoir fait de son mieux et après avoir recherché de tout son être à comprendre, n’a malheureusement pas compris. Le plus méritant, c’est bien le deuxième.
La Torah encourage la volonté, car c’est tout ce qui est entre les mains de l’homme.
Le résultat et la réussite finale appartiennent à Hachem. Ce n’est pas ce que la Torah demande le plus à l’homme. Ce qui est exigé de l’homme, c’est de faire ses actions avec cœur et enthousiasme. C’est cela qui lui est compté, bien plus que l’action finale.

De même l'épreuve de la Akéda ne servait qu’à apprécier la volonté d’Avraham. Non seulement, à la fin, Hachem a envoyé un ange pour arrêter Avraham et l’empêcher de réaliser le sacrifice dans les faits. Mais en plus, même dès le départ, Hachem ne voulait pas qu’Avraham sacrifie son fils.
Ce qu’Hachem recherchait, c’était seulement de voir jusqu’à où irait la bonne volonté et l’abnégation d’Avraham. Si dans son cœur, il aimait tellement Hachem qu’il serait même prêt à lui offrir son fils, contre toute logique. Mais, jamais Hachem n’avait envisagé le passage à l’acte.
Toute cette épreuve, qui constitue un mérite énorme pour le peuple d’Israël dans toutes les générations, n’était qu’un moyen d’éprouver la volonté et l’amour d’Avraham. Et justement, Avraham a surmonté cette épreuve et est allé avec l’intention de sacrifier son fils avec empressement ("Il se leva tôt le matin").

=> Le début et la fin de notre paracha viennent nous apprendre ce point fondamental. L’essentiel de ce qu’Hachem attend de l’homme, c’est la volonté, l’amour et l’empressement.
Il est vrai que l’homme ne doit pas se contenter de la volonté. Il doit chercher au maximum de réaliser sa volonté et de la transformer en acte. Avraham a fait de son mieux pour vraiment nourrir ses invités et vraiment sacrifier son fils. Mais, la réalisation finale ne dépend que d’Hachem. Ce qu’Hachem attend de l’homme, c’est qu’il mette toute sa volonté dans l’acte.

Dans notre génération où c’est essentiellement les résultats qui comptent, nous devons nous inspirer de cette leçon de notre paracha Vayéra pour encourager et féliciter nos enfants, simplement pour leurs efforts, et ce, même si dans la réalité, ils n’ont pas réussi.
Ce que la Torah reconnaît le plus, ce sont les efforts. Certes, nous devons avoir l’ambition de réaliser et réussir ce que l’on fait. Mais malgré tout, la réalisation, c’est l’affaire d’Hachem.
Quant à l’homme, l’essentiel reste sa volonté. N’oublions pas qu’Hachem recherche le cœur. Ce qui appartient le plus à l’homme, c’est son cœur et sa volonté.
[basé sur laTorah vélaMoadim]

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5°/ Limiter le perfectionnement de son âme pour permettre celui d'autrui :

-> Hachem dit : Vais-Je cacher à Avraham ce que Je fais ... car Je sais qu’il ordonnera à sa maison et à ses fils après lui de suivre la voie de Hachem pour apporter à Avraham ce qu’Il lui avait dit (Vayéra 18,17)

-> Il faut comprendre : On ne trouve chez aucun prophète que Hachem ait d’abord regardé s’il était digne de recevoir la prophétie ou non. C’est seulement à propos d’Avraham qu’il est dit que Hachem a pour ainsi dire regardé et estimé s’il devait cacher quelque chose à Avraham ou non.
=> On se demande pourquoi cette apparente hésitation à révéler la prophétie à Avraham.

Le ’Hatam Sofer répond à cela dans le Pitou’hé ’Hotam (introduction au Chout ’Hatam Sofer, Yoré Déa) :
Naturellement, si Avraham était au niveau de la prophétie, la prophétie ne lui serait pas refusée, mais il n’était pas vraiment arrivé à un tel niveau de prophétie, car il n’avait pas le temps de s’isoler pour méditer. En effet, il était sans cesse occupé à enseigner à des élèves et il était très mêlé aux gens pour les attirer sous les ailes de la Présence Divine.
Comme il était constamment en compagnie de personnes de moindre envergure, il ne lui restait pas le temps de s’isoler dans la pensée pour atteindre une pareille prophétie.

Mais Hachem, qui connaît les coeurs et les âmes, a dit : N’est-ce pas Mon serviteur Avraham? Il n’est pas possible de lui cacher quoi que ce soit, car toute la raison pour laquelle il manque de préparation à la prophétie est uniquement qu’il se donner du mal en Mon honneur. C’est pour Moi qu’il néglige son âme, et cela le prive du niveau de la prophétie, par conséquent il n’est pas possible que ce tsadik perde à cause de son travail.
C’est pourquoi sa récompense sera que malgré l’insuffisance de sa préparation à la prophétie, Je lui révélerai tous les secrets et Je ne lui cacherai rien.

Le ‘Hatam Sofer conclut : Il faut en tirer la leçon. Si quelqu’un dit : "Mon âme aspire à Hachem, je désire me rapprocher de Lui, mais comment pourrais-je faire si je diminue mon étude et le perfectionnement de mon âme pour perfectionner celle des autres?", la réponse est qu’il n’en est pas ainsi.
Rien n’est impossible à Hachem, toi tu dois faire ce qu’Il t’a ordonné, enseigner au peuple, et Lui de Son côté remplira ton âme d’une connaissance parfaite, et t’accordera en peu de temps d’atteindre des niveaux encore plus hauts que tu ne l’aurais pu par ton intelligence.
Là-dessus et sur des choses semblables, les Sages ont dit : "Bien que la prophétie ait été prise aux prophètes, elle n’a pas été prise aux Sages" = Ils veulent dire par là que Hachem révèle Ses secrets à ceux qui Le craignent et les mystères de Sa Torah selon leurs désirs et leurs aspirations.

[ -> L’enseignement du ’Hatam Sofer concerne tout le monde, chacun à son niveau.
(La façon de mettre ceci en pratique varie énormément en fonction de plusieurs facteurs. Il est fondamental de prendre conseil auprès d’un Talmid ’Hakham pour savoir quelle voie suivre, selon les circonstances.)
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il faut délaisser complètement le travail sur soi et l’étude de la Torah, mais chacun se retrouve, à un moment ou à un autre, devant une opportunité d’aider autrui. On éprouve alors une certaine appréhension, certes compréhensible, de devoir faire quelque chose qui sera nuisible à notre développement personnel, mais au contraire, c’est finalement ce qui nous permettra de réaliser notre plein potentiel.

(imaginez la joie de papa Hachem lorsqu'il voit que nous faisons du bien éternel à son enfant (un juif). Ne nous comblera-t-Il pas des meilleures bénédictions en retour, indépendamment de nos mérites et fautes!)]

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-> "Hachem s'éleva au-dessus d'Avraham" (Lé'h Lé'ha 17,22)

Le sens simple de ce verset est qu'après lui avoir parlé, Hachem s'éleva, c'est à dire qu'Il se retira.
Mais, on peut aussi expliquer qu'Avraham était tellement pieux et servait Hachem avec tellement de force, en diffusant Sa Connaissance dans le monde entier, qu'Hachem s'est élevé et s'est trouvé ''grandi'' grâce à Avraham.
De par le travail d'Avraham, Hachem s'éleva.
[Beit Its'hak]

Sarah dit : "Qui eût dit à Avraham que Sarah allaiterait des enfants?" (Vayéra 21,7)

Le pluriel : "des enfants" suscite la question : Combien d'enfants Sarah a-t-elle allaités (alors qu'elle n'a eu qu'un fils)?
Rabbi Lévi répond : le jour où Avraham sevra son fils Its'hak, il fit un grand festin.
Tous les peuples du monde médisaient : "Voyaient ce vieux et cette vieille qui ont trouvé un enfant (de père et de mère inconnus) dans la rue et qui prétendent que c'est leur fils. De plus, ils organisent un grand festin pour confirmer leurs propos (et nous convaincre)."

Que fit Avraham?
Il invita tous les grands personnages de l'époque et Sarah notre Matriarche invita de son côté leurs épouses. Chacune vint avec son jeune enfant, mais sans leur nourrice.
Un miracle se produisit et elle put ainsi allaiter tous les enfants de ses invités (ce qui explique le pluriel dans le verset cité).
Cependant, les gens continuaient à jaser en disant : "Si Sarah âgée de 90 ans a enfanté, est-il possible qu'Avraham âgé de 100 ans ait pu engendrer?"
Aussitôt la physionomie du visage d'Its'hak se modifia et il ressembla à Avraham.
Les gens s'exclamèrent alors : Avraham a bien engendré Its'hak.
[guémara Baba Métsia 87a]

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-> Le Maharcha enseigne :
Avraham a tenu à organiser un festin le jour du sevrage de son fils Its'hak afin de publier ce miracle : non seulement Sarah a enfanté à l'âge de 90 ans, mais, de plus à cet âge avancé elle a pu allaiter cet enfant durant 24 mois sans interruption ; preuve en est de ses excédents de lait qui lui ont permis d'allaiter tous les nourrissons présents à ce festin.
D'ailleurs, c'est intentionnellement que les princesses étaient venues à la réception sans leurs nourrices, dans l'intention de railler Sarah en prouvant publiquement qu'elle n'avait pas de lait et qu'Its'hak n'était pas son fils.
Hachem a protégé l'honneur de Sarah par ce nouveau miracle de lait abondant qui jaillissait pour nourrir tous ces nourrissons.

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=> Pourquoi Hachem fait-il ressembler Its'hak à son père Avraham 2 ans après, et non pas dès la naissance?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Pourquoi Hachem a-t-il laissé durant 2 ans les gens jaser sur Avraham et Sarah et n'a-t-Il pas coupé court à ces railleries en faisant ressembler le visage d'Its'hak à celui d'Avraham dès la naissance d'Its'hak?

Nous pouvons répondre à partir de ce récit rapporté dans le midrach (Bamidbar rabba 9,34) :
"Un roi est venu questionner rabbi Akiva : je suis noir et ma femme est noire ; elle a donné naissance à un garçon blanc ; dois-je la condamner à mort pour m'avoir trompé?
Rabbi Akiva lui demanda : Dans les tableaux de ta maison, sont-ce des personnages blancs ou des personnages noirs qui sont peints?
Il répondit : "blancs".
Rabbi Akiva lui dit alors : "Durant votre union, ton épouse a dû observer ces tableaux, et c'est pourquoi elle a donné naissance à un fils blanc qui est bien votre fils".

Ainsi, si Its'hak ressemblait à son père Avraham depuis sa naissance, du fait que Sarah avait été élevée par le roi des Philistins Avimélé'h, les gens auraient attribué la paternité d'Its'hak à Avimélé'h. En effet, malgré la ressemblance d'Its'hak à Avraham, ils auraient pu dire que Sarah pensait à ce moment à l'image de son époux Avraham, pour justifier cette ressemblance, mais ils ignoraient qu'Avimélé'h n'avait jamais approché Sarah (cf. Vayéra 20,6) grâce à l'intervention Divine.
C'est pourquoi, Hachem n'a fait ressembler Its'hak à Avraham que plus tard, afin que tous reconnaissent qu'Avraham était bien son père.

[Le Ben Ich 'Haï cite une autre raison du retard du miracle de la transformation du visage d'Its'hak pour ressembler à celui de son père. ]
A la naissance d'Its'hak, il fallait qu'il n'y ait aucune ressemblance entre Avraham, lié à la qualité du 'hessed (bonté), et Its'hak lié à la qualité de guévoura (rigueur).
Cependant, quand Its'hak fut sevré (cesse de s'alimenter en lait), il fallait "adoucir" la rigueur d'Its'hak, en le faisant ressembler à son père Avraham, afin qu'il intègre la qualité de bonté de son père.

+ Il est écrit (Vayéra 18,6) : "de farine", puis il est écrit : "de pur froment".

Rabbi Its'hak déduit (de cette contradiction) que la femme a l'"oeil étroit" envers les invités, plus que l'homme ...
"Les anges lui dirent : Où est Sarah ta femme? Avraham répondit : Elle est évidemment dans la tente" (Vayéra 18,9).
Ce verset veut nous faire savoir combien Sarah (notre Matriarche) était une femme pudique et discrète.
Rav Yéhouda a dit au nom de Rav, ou selon d'autres, c'est rabbi Its'hak qui a dit : Les Anges savaient très bien que notre mère Sarah était dans sa tente, mais (ils ont posé la question) afin de la rendre encore plus chère aux yeux de son époux.
Rabbi Yossi fils de Rabbi 'Hanina a dit que c'était pour envoyer à Sarah la coupe (de vin) qui avait accompagné la bénédiction (après le repas).
[guémara Baba Métsia 87a]

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-> Avraham aurait demandé à Sarah de prendre 3 Séa de farine ordinaire, car il savait que la nature des femmes est de se conduire généralement envers les invités avec un "œil étroit".
Avraham préférait que Sarah pétrisse de la farine ordinaire en quantité suffisante pour rassasier ses visiteurs plutôt qu'elle pétrisse du pur froment en petite quantité qui ne rassasierait pas ses visiteurs.
Mais Sarah comprit que le pétrissage de la farine ordinaire n'était pas la volonté de son époux, et finalement elle a pétri 3 Séa de pur froment.
C'est le fait qu'Avraham ait demandé à son épouse de pétrir de la farine et non pur froment qui est la preuve de "œil étroit" de la femme par rapport aux invités.
[Ktav Sofer]

-> Le Maharcha explique ainsi :
Sarah a amené de la farine ordinaire (kéma'h) à la place du pur froment (solet) qu'aurait souhaité Avraham, connu pour sa générosité et son œil bienveillant du fait que dans le verset (Vayéra 18,7), Avraham parle peu ("J'irai prendre un morceau de pain") et fait beaucoup ("Il courut prendre 3 veaux").
On en déduit que Sarah avait "l'œil étroit" envers les invités.

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-> Selon Rabbénou Efraïm, les lettres finales des 3 mots de l'expression : chloch séïm kéma'h (3 séa de farine - שְׁלֹשׁ סְאִים קֶמַח) forment : saméa'h (joyeux - שמח)
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham a voulu effectuer cette mitsva d'hospitalité malgré les difficultés pour lui ce jour-là, avec joie, selon le verset : "Servez Hachem avec joie" (ivdou ét Hachem béSim'ha - Téhilim 100).

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=> Pourquoi les Anges ont-ils demandé : "Où est Sarah?", et comment expliquer la réponse d'Avraham?

-> Le Divré David enseigne :
Le but des Anges, en demandant à Avraham où se trouvait Sarah, qui était absente au repas, était de souligner sa pudeur afin de la rendre plus chère dans le cœur de son époux.
Avraham, étonné par leur question, a répondu : "hiné baOhel" (elle est dans sa tente, évidemment), car je sais que mon épouse est discrète et réservée.

-> Le Pardess Yossef écrit :
lorsque les Anges ont constaté la générosité d'Avraham, qui les a reçus avec largesse et d'un œil bienveillant, ils ont été étonnés : du fait qu'une femme a "l'œil étroit" avec les invités, comment l'épouse d'Avraham ne l'a-t-elle pas empêché de les servir copieusement?
Ils ont donc pensé qu'elle était absente à ce moment, ce qui a suscité leur question : "Où est Sarah ton épouse?"
Avraham, qui avait compris le sens de leur question, répondit : "Elle est dans la tente", c'est-à-dire Sarah n'est pas comme la plupart des autres femmes qui ferment leur main à la tsédaka et à l'hospitalité, car elle sait que ce monde-ci est provisoire, comme un Ohel (tente) qui est une demeure provisoire.

-> Nos A'haronim commentent :
Les 3 Anges avaient souvent entendu dans le Ciel des compliments sur la grandeur d'Avraham.
Quand ils descendirent sur terre pour lui rendre visite, ils virent un homme simple et discret, peu enclin à publier ses bonnes actions.
C'est pourquoi ils lui ont demandé : "Où est Sarah ton épouse?", afin de la rencontrer, espérant qu'elle soit plus bavarde et les informe des bonnes actions de son époux et de sa grandeur.
Avraham leur répondit : "Elle est dans sa tente", c'est-à-dire selon Rachi : elle est discrète et réservée, donc ne comptez pas sur elle pour vous raconter mes bonnes actions.

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=> Était-il nécessaire que les Anges cherchent à rapprocher Avraham de Sarah, alors qu'il s'agissait d'un couple uni?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 10) enseigne :
Selon rabbi Its'hak, les 3 Anges savaient que Sarah était dans sa tente en raison de son caractère pudique et discret.
Leur demande à Avraham : "Où est Sarah?" avait pour seul but de souligner à Avraham la pudeur de Sarah, afin de la rendre plus chère à ses yeux.
Ainsi, les Anges ont tenu, au nom de la recherche du Shalom (paix), à rapprocher encore davantage Avraham et Sarah en vantant la discrétion de Sarah.
Pourtant, Avraham et Sarah formaient un couple uni et soudé, et avaient un âge avancé et un niveau angélique.
Cette enseignement de la guémara veut donc nous apprendre qu'il n'y a pas de limite dans la recherche du Shalom dans un couple, même uni.

De plus, lorsque Sarah, sceptique, réagit ainsi à la nouvelle d'un futur enfantement : "Et (pourtant) mon mari est un vieillard" (Vayéra 18,12), Hachem rapporta différemment à Avraham les propos de Sarah : "Vais-je vraiment enfanter, alors que je suis si vieille" (Vayéra 18,13), même si Avraham s'était lui-même posé auparavant la question : "Quoi! Un (vieillard) centenaire engendrerait-il encore?" (Lé'h Lé'ha 17,17).

Pourquoi Hachem a-t-il modifié les propos de Sarah?
C'est parce que si Avraham avait pris connaissance de l'affirmation de Sarah : "Et mon mari est un vieillard!", il aurait pu être un tant soit peu froissé et cela aurait légèrement troublé le Shalom de ce couple, pourtant soudé.
Hachem veut nous enseigner l'importance d'éviter la moindre division et l'importance du Shalom dans un couple même uni.

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-> "Ils lui dirent : "Où est Sarah ta femme"? Il[Avraham] dit : "Elle est dans la tente"." (Vayéra 18,9)

-> Rachi rapporte la guémara (Baba Métsia 87a) affirmant que les anges savaient très bien où était Sarah, mais c’était pour mettre sa décence en valeur et pour la rendre encore plus chère aux yeux de son mari.

-> Le rav Shlomo Wolbe pose une question sur cet épisode. Quand on discourt devant de jeunes mariés, lors de leurs Chéva Bérakhot (repas de fête durant la semaine qui suit leur mariage), il est normal de chanter les louanges du ’Hatan et de décrire longuement les qualités de la Kalla. Ceci, pour cimenter les liens du nouveau couple. Mais Avraham et Sarah avaient respectivement 100 et 90 ans à cette époque.
On ne sait pas exactement à quel âge ils se sont mariés, mais cela faisait certainement plusieurs décennies. Après une telle période de vie commune, si la femme n’est pas appréciée par son mari, un tel compliment n’aidera pas à rétablir l’harmonie ...
=> Ainsi quel but y avait-il à rendre Sarah encore plus chère aux yeux de son mari en soulignant sa pudeur? De plus, Avraham était un grand tsadik, le pilier du monde. On n’exalte généralement pas son côté romantique. Comment comprendre l’intention des anges : à savoir de rendre Sarah chère à ses yeux?

D’après le rav Wolbe, ce passage nous enseigne que le fait de "rendre l’un des conjoints plus cher aux yeux de l’autre" est nécessaire durant toute la vie commune des époux.
Cette guémara nous enseigne que l’on peut être marié depuis 30, 50, 60 ans ou plus, avoir souvent été chéri par son conjoint, les liens des mariés doivent tout de même constamment être renforcés, intensifiés. Il est donc essentiel que les conjoints se chérissent toujours davantage.
En l’occurrence, ce sont les anges qui entrainèrent ce renforcement des liens entre Avraham et Sarah, mais nous déduisons de ces versets qu’il incombe au mari et à la femme de toujours s’efforcer de voir l’autre de manière positive, de lui vouer toujours plus de respect et de s’en soucier toujours plus.

-> L’histoire suivante sert de parfait exemple quant à l’attitude à avoir envers son conjoint.
Rav David Hirschovitz était un fervent disciple du célèbre roch Yéchiva de Mir, le rav ’Haïm Chmoulevitz. Lors d’un voyage en Erets Israël, il lui rendit visite et le rav Chmoulevitz l’invita à déjeuner chez lui. Lors du repas, l’attitude du Rav Chmoulevitz troubla son élève, car elle ne semblait pas adaptée au statut du rav.
Dès qu’il entra chez lui, ce dernier demanda à sa femme ce qu’elle comptait leur servir à manger. Puis, il s’attabla et mangea tout son plat, ne laissant aucun reste. Son assiette était redevenue toute propre. Il demanda à sa femme ce qu’elle avait mis comme épice pour que le repas soit si bon. Quand celle-ci lui répondit, il demanda à être resservi et il termina à nouveau son assiette. "Vraiment délicieux!"

Rav Hirschovitz n’en croyait pas ses yeux! Une fois la rabbanite sortie de la pièce, il demanda à son rav : "Que se passe-t-il? À Mir, vous n’étiez concentré que sur votre étude ; c’était votre seule occupation, jour et nuit, au point qu’il fallait parfois vous rappeler de manger! Et quand vous finissiez de manger, il fallait parfois vous rappeler de réciter la bénédiction qui suit le repas, parce que vous aviez oublié que vous aviez mangé ..."

Et là, 40 ans plus tard, le rav Chmoulevitz demandait la recette du plat et dévorait sa part! L’élève ne comprenait pas.
Le rav Chmoulevitz répondit :
"Sache que je suis un grand Maguid Chiour [conférencier] en Erets Israël. Je ne te raconte pas ceci par orgueil. J’ai travaillé sur ces cours pendant 40 ans, je les ai dispensés à Mir, en Europe et à Shanghai. Je les ai retravaillés, améliorés, lus et relus. Ces cours sont des mines d’or! Sache que quand un jeune élève de 17 ans vient me complimenter à la fin d’un cours en me disant qu’il l’a apprécié, cela me réjouit énormément, ma journée est complètement différente! Pourtant quels sont le niveau et les connaissances de ce jeune homme? Il ne saisit pas la profondeur de la question posée, sans parler de la clarté de l’interprétation du passage de guémara ... Malgré tout, son compliment me réjouit, il me fait du bien, car telle est la nature humaine ...

Ce repas est comme l’un de ces cours pour ma femme. C’est toute son occupation et sa préoccupation : elle se soucie de moi et prépare tout ce dont j’ai besoin. Donc, pour lui faire plaisir, je mange ce qu’elle me sert avec appétit et plaisir. Je termine toute mon assiette. Mais je ne suis pas devenu glouton ; c’est son Chiour et je veux lui montrer que je l’apprécie."

Rav Chmoulevitz était alors marié depuis plus de 50 ans, mais il savait que tout individu a besoin d’être complimenté, peu importe le nombre d’années de mariages déjà célébrées.
Les Anges nous enseignent que la relation de couple se tisse et se développe sans cesse.

"Hachem se révéla à lui (Avraham) dans les plaines de Mamré, tandis qu'il était assis à la porte de sa tente, pendant la chaleur du jour" (Vayéra 18,1)

Quelle est l'intention de l'expression "pendant la chaleur du jour"?
Rabbi 'Hama bar 'Hanina répond : ce jour-là était le 3e jour après la circoncision d'Avraham (âgée de 99 ans) et Hachem vint prendre de ses nouvelles ; Il fit sortir le soleil de son écrin afin que ce tsadik ne soit pas dérangé par des invités.
[selon Tossefot Yom Tov (Shabbath 9), le 3e jour après la circoncision est le jour où celui qui est circoncis souffre le plus et est en danger, car il est dans un état de faiblesse. Cela justifie le choix de ce 3e jour par Hachem pour rendre visite à Avraham.
Ce jour-là était le jour de Kippour selon les Pirké déRabbi Eliézer ou était le 15 Nissan (le jour de Pessa'h) selon l'avis de rabbi Yéhochoua (dans guémara Roch Hachana 10a)]

Avraham envoya Eliézer (son serviteur) à l'extérieur, à la recherche de visiteurs, mais il n'en trouva pas .
Avraham lui dit : "Je ne te crois pas", selon le proverbe : un serviteur n'est pas crédible.
Avraham sortit alors lui-même et il vit Hachem devant la porte, selon le verset : "Ne te retire pas, je Te prie, d'auprès Ton serviteur" (Vayéra 18,3).
Cependant, Hachem vit qu'Avraham faisait et défaisait son pansement et Il pensa qu'il n'était pas convenable de rester.
De même, à propos du verset : "Il leva les yeux et vit, et voici 3 hommes étaient debout auprès de lui ; dès qu'il les vit, il courut à leur rencontre" (Vayéra 18,2) : au début, ils s'approchèrent d'Avraham, mais lorsqu'ils virent ses souffrances, ils se dirent qu'il n'est pas convenable de rester ici (ils repartirent et Avraham courut pour les ramener).
Qui étaient ces 3 personnages?
Il s'agit de (3 Anges) : Mikhaël, Gavriel et Raphaël : Mikhaël est venu pour annoncer à Sarah (la futur naissance d'un fils) ; Raphaël est venu pour guérir Avraham ; Gavriel est venu pour détruire Sodome.
Pourtant il est écrit : "Les 2 Anges arrivèrent à Sodome le soir" (Vayéra 19,1).
En fait Mikhaël accompagna Gavriel afin de sauver Loth, mais Gavriel détruisit seul Sodome, car il est écrit : "Il détruisit (au singulier) ces villes" (Vayéra 19,25), et non pas : "ils détruisirent (au pluriel) ces villes".
[guémara Baba Métsia 86b]

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=> Pourquoi Hachem se révéla-t-Il à Avraham? Pourquoi Avraham restait-il assis devant sa tente? Comment comprendre l'expression "dans la chaleur du jour"?

-> Le midrach (Béréchit rabba chap.47) dit :
La lettre vav du mot : vayéra (וירא - Il se révéla), du 1er verset (Vayéra 18,1), relie cette révélation Divine à la circoncision d'Avraham signalée dans le verset précédent (le dernier verset de Lé'h Lé'ha).
En effet, après la circoncision, Avraham craignait que ce signe distinctif dresse une barrière séparatrice entre lui et les autres gens et le confine dans un isolement social qui l'empêcherait d'exercer son 'hessed (sa bienveillance envers autrui).
C'est pourquoi Hachem se révèle à Avraham, pour lui faire comprendre que même si la circoncision le sépare des autres hommes, elle le rapproche de Lui et le rend digne de recevoir la visite d'Hachem qui vient demander de ses nouvelles.

-> Le midrach (Béréchit rabba chap.48) écrit :
Avraham était assis à la porte de sa tente, car bien que souffrant, il était à la recherche d'invités pour les rapprocher d'Hachem, en leur offrant l'hospitalité.
Rabbi Bérékhia fait remarquer que le mot : "yochev" (il était assis - יושב) est écrit sans le vav et se lit "yachav" (il s'assit - ישב) pour nous enseigner qu'Avraham allait se lever dès qu'il aperçut la présence Divine, mais Hachem lui demanda de rester assis et il se rassit.
Hachem lui dit : tu seras un signe pour tes descendants qui seront assis pour réciter le Shéma devant Ma Majesté, mais Moi, présent, Je resterai debout.

->Le Chaaré Sim'ha enseigne :
L'expression : Il était assis (yochev - יושב) est à prendre au sens figuré, c'est-à-dire qu'Avraham, malgré ses souffrances et la chaleur, conservait sa ligne de conduite habituelle, à la recherche de passants qu'il désirait faire entrer sous les ailes de la Présence Divine, aidé par l'hospitalité désintéressée qu'il offrait à tous.
Il agissait ainsi à la manière de la "chaleur du jour".
En effet, comme les rayons ardents du soleil, Avraham dispersait ses bienfaits à tous, sans discrimination.
De plus, il vit que la Présence Divine avait consenti à quitter les hautes sphères Célestes pour lui rendre visite à lui, simple mortel, et il l'imita en descendant lui-même de son haut niveau pour s'abaisser au niveau de ceux qui avaient besoin de son hospitalité sur les 2 plans : matériel et spirituel.

-> Le rav Chimchon Raphaël Hirsch explique :
La chaleur du jour vient souligner qu'Avraham, malgré la douleur de la circoncision récente, ne recherche pas l'ombre, mais guette des voyageurs de passage qui souffriraient de l'ardente chaleur du soleil ce jour-là, afin de les inviter à l'ombre de sa tente.

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=> Pourquoi Avraham n'a-t-il pas cru à l'échec de la mission de son serviteur Eliézer?

-> Le Ben Ich 'Haï répond :
Lorsque Eliézer, le serviteur d'Avraham, revint bredouille de sa mission d'aller chercher des visiteurs, Avraham n'y a pas cru et l'a soupçonné de mentir.
Pourquoi ce soupçon?
Pourtant Eliézer était un tsadik, un 'hakham et puisait la Torah de son maître.
En fat, Avraham soupçonnait Eliézer de mentir avec une bonne intention, pour le bien de son maître : il voulait lui épargner tout dérangement lié à l'hospitalité de visiteurs en ce jour de chaleur ardente qui coïncidait avec le 3e jour de la circoncision de son maître, souffrant et faible.

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=> Pourquoi Hachem a-t-Il envoyé 3 invités alors qu'Il avait fait sortir le soleil de son écrin, afin de ne pas déranger Avraham?

-> Le Divré David enseigne :
Rachi dit, à propos du verset : "Hachem a sorti le soleil de son écrin, afin de ne pas fatiguer Avraham par la présence de visiteurs. Mais, voyant qu'Avraham avait de la peine, car aucun invité ne se présentait, Hachem lui envoya 3 Anges à forme humaine" (Vayéra 18,1).
Si Hachem ne voulait pas déranger Avraham en ce 3e jour après sa circoncision, en créant une chaleur excessive qui découragerait tout passant, pourquoi a-t-il finalement envoyé 3 invités à Avraham?
Il est impensable qu'Hachem ait modifié Sa volonté initiale.
En fait, Hachem a envoyé finalement les 3 personnages pour mettre en valeur le niveau élevé d'Avraham.
En effet, malgré son désir de faire du 'hessed et d'offrir l'hospitalité, Avraham était ce jour-là dans un état de cas de force majeure (oness) et était donc dispensé d'offrir l'hospitalité.
Or, quiconque a l'intention sincère de pratiquer une mitsva, mais en est empêché par un cas de force majeure, est considéré dans le Ciel comme s'il l'avait réalisée.
Cependant, Hachem vit qu'Avraham n'avait pas l'esprit apaisé, car sa volonté était de réaliser la mitsva d'hospitalité concrètement.
C'est pourquoi, Avraham s'assit à la porte de sa tente, sous un soleil ardent.
Hachem a alors fait venir auprès d'Avraham 3 Anges à figure humaine pour qu'il soit satisfait de réaliser concrètement l'hospitalité, sinon Il aurait envoyé des invités à l'apparence d'Anges.

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=> Pourquoi l'ordre de citation des 3 Anges : Mikhaël, Gavriel et Raphaël a-t-il été modifié lorsque la guémara (ci-dessus) explicite leur mission?

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Au début la guémara cite les 3 Anges venus visiter Avraham dans l'ordre de niveau hiérarchique décroissant : Mikhaël, puis Gavriel et enfin Raphaël.
Par contre, lorsque la guémara cite les missions confiées à chacun d'eux, elle cite les 3 Anges dans l'ordre chronologique des missions à effectuer : Mikhaël, Raphaël et Gavriel.
En effet, Mikhaël est venu d'abord annoncer à Sarah la prochaine naissance de son fils unique Its'hak, puis Raphaël est venu guérir Avraham, ces 2 missions ont été réalisées le même jour, le jour de leur arrivée.
Ce n'est que le lendemain que l'Ange Gavriel détruisit la région de Sodome, c'est pourquoi la mission de Gavriel a été citée en dernier.

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=> La mission des 3 Anges auprès d'Avraham était-elle nécessaire?

-> C'est l'ange Mikhaël qui viendra sauver Loth et ses filles, grâce au mérite d'Avraham, avant que l'Ange Gavriel ne détruise la région de Sodome.
[Rambam - Vayéra 18,2]

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.4) enseigne :
Nous comprenons la présence chez Avraham des 2 Anges de miséricorde : l'Anges Mikhaël pour annoncer la naissance d'Its'hak et sauver Loth, ainsi que l'Ange Raphaël pour guérir Avraham, afin de souligner le niveau de bonté ('hessed) et de miséricorde d'Avraham.
Mais la présence de l'Ange Gavriel, l'Ange de la rigueur chargé de détruire Sodome, n'était pas nécessaire chez Avraham dont la qualité de bonté est à l'opposé de la rigueur (midat hadine).
Cependant, sa présence chez Avraham vient enseigner que la rigueur n'est pas étrangère à la notion de bonté, comme le prouve Its'hak, caractérisé par la midat hadine, qui a pourtant fait preuve de 'hessed en priant pour le sauvetage des Bné Israël (cf. guémara Shabbath 89b).

"Avraham courut vers le bétail ; il prit un veau, tendre et bon" (Vayéra 18,7)

Rav Yéhouda a dit au nom de Rav : un veau (une unité), tendre (un second veau) et bon (un 3e veau) ...
"Ensuite, il prit de la crème et du lait puis le veau qui avait été apprêté et le mit devant eux" (Vayéra 18,8).
C'est pour enseigner qu'Avraham présentait les plats (aux 3 invités) au fur et à mesure de leur préparation.
Pourquoi fallait-il 3 veaux? Un seul aurait suffi!
Rav 'Hanane bar Rava répond : c'est parce qu'Avraham tenait à ce que chaque invité mange une langue (de veau) à la moutarde.
Rabbi Tan'houm ben 'Hanilaï a dit : Un homme ne doit jamais modifier les coutumes du lieu où il se trouve ; c'est ainsi que Moché est monté au Ciel (durant 40 jours) et ne mangea pas ; de même les 3 invités d'Avraham (3 anges descendus sur terre) ont mangé.
Ont-ils vraiment mangé?
En fait, ils firent semblant de manger et boire.
Rav Yéhouda dit encore au nom de Rav : Tout ce qu'Avraham a fait lui-même (de ses propres mains) pour les Anges, Hachem le fit Lui-même pour ses enfants ; tout ce qu'Avraham fit faire par un délégué, Hachem le fit faire aussi par un délégué ...
On enseigne à l'école de Rabbi Yichmaël que 3 actes (d'hospitalité) d'Avraham ont valu à ses descendants 3 bienfaits :
- en récompense de la crème et du lait offerts, ses descendants ont bénéficié de la manne ;
- en récompense du fait qu'Avraham se tenait auprès d'eux sous l'arbre, ses descendants bénéficièrent des nuées protectrices ;
- en récompense de l'eau qu'Avraham fit apporter (à ses invités), ses enfants ont bénéficié de la source (puits) de Myriam.
[guémara Baba métsia 86b]

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=> Pourquoi Avraham a-t-il servi des langues de veau à la moutarde et d'où rav 'Hana le déduit-il?

-> Selon Rachi, Avraham a voulu recevoir royalement ses 3 invités. C'est pourquoi, il leur a servi à chacun une langue de veau à la moutarde qui est un plat de délices réservé aux rois et aux princes.
De plus, ce plat aiguise l'appétit et donne envie à l'invité de manger davantage, ce qui prouve l'œil bienveillant d'Avraham.
[Ben Ich 'Haï]

-> Bien que la Torah n'ait pas dit explicitement qu'Avraham leur a servi des langues de veau, il y a cependant une allusion dans ce verset de la paracha : "Je vais apporter une tranche de pain afin de restaurer votre cœur, ensuite vous poursuivrez votre chemin" (Vayéra 18,5).
Ainsi Avraham leur a permis de ne pas rester longtemps auprès de lui ; c'est pourquoi, il ne leur a pas donné à manger de la viande de veau qui aurait nécessité le dépeçage et le découpage en morceaux, mais il leur a servi la langue qui ne nécessitait pas ces opérations, afin de les servir plus rapidement.
[Rachbatz - Pirké Avot 1,15]

-> Le Maharcha écrit :
Il y a une allusion, dans l'expression : "ra'h vétov" (tendre et bon - רך טוב) qui qualifie le veau, au fait que la moutarde ('hardal - חרדל) a accompagné les langues de veau servies.
En effet, la guématria de : ra'h tov (רך טוב) est de 243, et c'est la même que le mot : 'hardal (חרדל) : 242 à qui on ajoute 1 (pour le mot lui-même - le kollel).

-> Le Kol Eliyahou enseigne :
Avraham a ajouté la moutarde aux 3 langues de veau afin d'adresser le message allusif suivant à ses invités : 3 qualités (midot) permettent de reconnaître si un homme (ou un invité) est convenable, et ces 3 midot se retrouvent dans les lettres du mot : bé'hardal (avec de la moutarde - בחרדל) :
1°/ Aimer les pauvres, car le mot בחרדל peut se lire : bo'her dal (il choisit et il aime le pauvre - בחר דל).
2°/ Se contenter de peu, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'hadal rov (חדל רב), c'est-à-dire qu'il s'abstient de courir après la multitude de richesse.
3°/ Se soucier d'accomplir la Parole Divine, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'harad lev (חרד לב), c'est-à-dire son cœur se soucie (tremble de bien accomplir les Commandements Divins (mitsvot).

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-> "Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre coeur, ensuite vous passerez" (Vayéra 18,5)

-> Lorsqu'Avraham vit les anges, il pensa qu'il s'agissait d'Arabes venus se moquer de lui pour s'être fait à lui même la circoncision et ainsi avoir changé la création du Créateur.

Aussi Avraham leur dit : "Je prendrai une miche de pain", je veux vous répondre à l'aide d'une miche de pain. Celle-ci ne permet de rassasier le coeur qu'après avoir subi une transformation de son état initial qui était d'être sous forme de grains de blé et d'orge.
"Ensuite vous passerez" - vous changerez votre avis et votre façon de penser qui était la vôtre jusqu'à présent, car vous comprendrez que le sujet de la brit mila fait qu'il incombe à l'homme de se parfaire et de parfaire ce qui a été créé, et que cela est concrètement et vraiment la volonté d'Hachem.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Les preuves apportées par rabbi Tan'houm pour justifier qu'un homme doit s'adapter aux coutumes du lieu où il se trouve sont-elles contestables?

-> Le Maharcha explique :
La preuve du principe énoncé par rabbi Tan'houm, qui a cité l'exemple de Moché qui n'a pas mangé durant 40 jours, peut être contestée. En effet, Eliyahou haNavi aussi n'a pas mangé durant 40 jours dans le désert, sur terre!
Cette objection peut être levée par le fait que Moché est monté au Ciel à 3 reprises durant 40 jours à chaque séjour sans manger : lorsqu'au premier séjour, il a constaté le miracle qui lui a permis de tenir durant 40 jours sans rien consommer, il n'aurait pas dû compter sur des miracles au second séjour et au 3e séjour et il aurait dû amener du pain et de l'eau.
Du fait qu'il n'a amené aucune provision ni à la seconde montée ni à la troisième, cela prouve qu'un homme ne doit pas changer les coutumes du lieu où il se trouve.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'objection à partir de l'abstinence d'Eliyahou mentionnée dans ce verset : "Eliyahou mangea et but ; réconforté par ce repas, il marcha 40 jours" (Méla'him I 19,8), peut être ainsi levée : pour pouvoir traverser le désert de 'Horev sans provisions, Eliyahou a bénéficié miraculeusement d'une bénédiction dans ses intestins qui ne digéraient chaque jour qu'une partie du repas, tout en étant rassasié.
Par contre, pour Moché, c'était le contraire : le repas qu'il avait consommé avant sa montée au Ciel était déjà digéré avant les 40 jours de son séjour Céleste.

-> Selon le Maharal (Gour Ariyé), peut-être que les anges ont agi par respect pour Avraham, et non pas par obligation de suivre les coutumes du lieu.
[Il est écrit : "vayokhlou" (et ils mangèrent - ויאכלו - Vayéra 18,8), et Rachi explique : ils firent semblant de manger car les Anges comme les être Célestes, n'ont pas la possibilité de manger. Rachi s'est basé sur le fait que les lettres du mot ויאכלו réarrangées forment le mot וכאילו (oukéilou - comme si).
Ils plaçaient la nourriture dans leur bouche et elle était brûlée, car les Anges sont eux-mêmes du feu.]

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=> Les 3 bienfaits accordés aux Bné Israël dans le désert sont-ils dus au mérite d'Avraham ou aux mérites de Moché, Myriam et Aharon?

-> Notre guémara (ci-dessus), qui attribue à Avraham le mérite des 3 bienfaits (manne, puits d'eau et nuées protectrices) pour son hospitalité exemplaire, est en contradiction avec la guémara (Taanit 9a) qui attribue ces 3 bienfaits aux mérites respectifs de Moché, Myriam et Aharon.
=> Comment comprendre cette contradiction apparente?

[selon rabbi 'Haïm Chmoulévitch, pourquoi Avraham en offrant à ses invités de l'eau, de la crème et du lait, a-t-il eu un tel mérite dont ses descendants ont bénéficié dans le désert durant 40 ans? Qu'y a-t-il d'exceptionnel? Tout juif aurait servi à son invité de l'eau et même de la crème et du lait!
C'est vrai, cependant Avraham a donné à travers cette eau et ce lait toute son âme et tout son cœur ; et c'est cela qui lui a donné un tel mérite.]

-> Le Maharcha enseigne :
C'est bien par le mérite d'Avraham que l'on a bénéficié dans le désert de la manne, de l'eau et des nuées de gloire, mais durant une période courte. Cependant, par le mérite de Moché, de Myriam et d'Aharon, la récompense de ces 3 bienfaits s'est prolongée durant 40 années : c'est pourquoi, à la mort d'Aharon, les nuées protectrices ont disparu ; à la mort de la prophétesse Myriam, l'eau a manqué et à la mort de Moché, la manne cessa de tomber.

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Initialement, Hachem a décrété ces 3 bienfaits aux descendants d'Avraham pour son mérite d'hospitalité, réalisables dans le désert à la sortie d'Egypte.
Mais les Bné Israël sont sortis d'Egypte "béyad rama" (avec un esprit hautain, selon le Targoum), et de ce fait, ils ont perdu le bienfait des nuées protectrices promises à Avraham.
Mais ces nuées les ont quand même enveloppés par le mérite d'Aharon.
De même, après épuisement des provisions de nourriture, la manne devait tomber du Ciel par le mérite d'Avraham en récompense de la crème et du lait amenés à ses invités ; mais du fait qu'ils se sont plaints à Moché : "Tu nous a fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir de faim", ils ont perdu ce bienfait (la manne) promis à Avraham, mais la manne leur a quand même été donnée par le mérite de Moché.
Enfin, après épuisement de leur eau, ils ont perdu le mérite de l'eau promise à Avraham pour avoir dit : "Tu nous as fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir", et c'est par le mérite de Myriam qu'ils ont obtenu le puits d'eau de Myriam.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 9) explique :
La différence apparente entre la guémara (Taanit 9a) et la guémara (Baba Métsia 86b) peut être levée grâce à cet exemple : un noyau est à l'origine de la croissance d'un arbre fruitier, mais sans terre, sans pluie et sans soleil, le noyau (la potentialité) ne pourra pas se développer pour produire l'arbre.
De même, l'acte d'hospitalité d'Avraham dans des conditions difficiles (chaleur, âge avancé, le 3e jour de sa circoncision).
Mais il a fallu attendre la génération de Moché, Myriam et Aharon qui ont apporté par leurs mérites la "terre", la "pluie" et le "soleil" et ont ainsi transformé en réalité la potentialité créée par Avraham.

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=> Pourquoi mentionner le nombre "trois" de bienfaits?

-> La guémara a cité les bienfaits et nous savons donc qu'ils sont au nombre de trois.
Pourquoi alors notre aggada précise-t-elle que les descendants d'Avraham ont bénéficié de trois bienfaits (le nombre "trois" est inutile)?
En fait la précision du nombre "trois" vient nous enseigner un 'hidouch (élément nouveau) du fait que les 3 mérites d'Avraham ont été réalisés de façon groupée, une action rattachée à l'autre, sans interruption, de même, par le principe de réciprocité (mida kénégued mida), nous bénéficierons des 3 bienfaits ensemble dans le désert.
C'est ainsi que lorsque l'eau s'est tarie dans le désert au décès de Myriam, aussitôt elle est revenue, afin que l'eau, la manne et les nuées protectrices se maintiennent ensemble (sinon, on aurait terminé le séjour dans le désert avec 2 bienfaits seulement).
De même, au décès d'Aharon, lorsque les nuées protectrices ont disparu, aussitôt elles ont réapparu afin que les 3 bienfaits demeurent ensemble et qu'il ne reste pas 2 bienfaits seulement.
C'est pourquoi le texte a précisé "trois" bienfaits.
[Ben Ich 'Haï]

"Elle (Hagar) dit : Je ne veux pas voir la mort de l'enfant" (Vayéra 21,16)

-> Hagar s'éloigna de son fils Yichmaël pour ne pas voir sa mort.
En fait, on peut expliquer qu'elle craignait que l'enfant ne meurt à cause d'elle, parce qu'elle se trouve près de lui, c'est-à-dire du fait de ses fautes qui risquaient d'être une accusation pour son fils.
C'est pourquoi, elle choisit de s'éloigner de lui pour ne pas voir sa mort, et ainsi, elle cherchait à ne pas entraîner sa mort, voire même à le sauver. Car loin de lui, elle pensait que ses fautes n'allaient plus être une accusation pour lui.
[Tiféret Yonathan]