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L’hospitalité

+ "Il était assis à la porte de sa tente ... Il a vu et a couru à leur rencontre" (Vayéra 18;1-2)

Avraham est malade : le 3e jour après la Mila (la circoncision) est le plus douloureux.
Pourtant, il court à la rencontre d'invités bien qu'il fût assis à la porte de sa tente car "l'hospitalité est plus importante que recevoir la Ché'hina (la présence divine)".

En effet, normalement, lorsque l'on passe d'une mitsva à une autre mitsva de même niveau, on effectue la moitié du chemin lentement pour ne pas mépriser la mitsva que l'on vient d'accomplir et ensuite seulement, on court à la rencontre de l'autre.

Or, si Avraham qui recevait la visite de la présence divine a couru "de la porte de la tente", cela nous enseigne que la mitsva de recevoir des invités est supérieure à celle de recevoir la présence divine.

Nous apprenons ainsi que la maladie ne nous exempte pas de la mitsva d'hospitalité et nous apprenons également, qu'il faut courir pour accomplir des mitsvot (ex : dans la michna béroura, il est écrit : "il sied de courir vers la synagogue/maison d'étude, même s'il est proche de ta maison").

+++ L'hospitalité :
Lorsque le 'Hafets 'Haïm recevait des hôtes le vendredi soir, il se hâtait de rentrer de la synagogue et récitait immédiatement le Kiddouch sans même chanter "Shalom alé'hém".
En effet, avait-il l'habitude de dire, les anges peuvent attendre mais pas les invités qui ont faim.

+++ Courir pour accomplir une mitsva :
Les voisins du 'Hazon Ich racontent que chaque fois que le Rav sortait pour rendre visite à sa mère, il courait si vite que personne ne pouvait le rattraper.

Source : issu du livre "Binéoth Déché" du Rav David Chaoul Greenfeld

Paracha Vayéra

  • "Que l'on prenne un peu d'eau, lavez vos pieds et reposez-vous sous l'arbre. Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre cœur ..." (vayéra 18,4-5) 

Le Ben Ish Haï explique :

  • "Que l'on prenne un peu d'eau" : comme Avraham a fait recourt à un intermédiaire, D. fit sortir l'eau pour ses descendants par un intermédiaire : Moshé.

A ce sujet, Avraham n'a pas voulut s'éviter un effort supplémentaire, mais il savait par prophétie que le peuple juif n'aurait pas le mérite d'entrer en terre d'Israël s'il n'était pas conduit par un être d'exception, tel que Moshé (d'où son recourt à un intermédiaire pour apporter l'eau).

Par ailleurs, on peut aussi se demander pourquoi Avraham a proposé "un peu d'eau". Il pouvait se montrer plus généreux  avec son eau puisée gratuitement à la source.  Avraham a proposé à ses invités un peu d'eau (afin d'ouvrir l'appétit sans trop remplir l'estomac par trop d'eau), de se laver les pieds et à s'appuyer contre l'arbre pour se reposer de la fatigue du voyage afin d'être dans les meilleures conditions pour être en appétit.

  • "Je prendrai une miche de pain" : Avraham les servit directement, ainsi, D. prodigua lui-même du pain à ses descendants (peuple juif).

On apprend de là également, que les tsaddikim promettent peu et font beaucoup; tandis que les impies font de grandes promesses pour n'en accomplir pas même une infime part. Ainsi, Avraham promit aux anges un petit peu de pain, mais il leur a servi ensuite un repas royal pour lequel il égorgea 3 veaux, il utilisa 9 séah de farine et leur servit également de la crème et du lait.

Nos Sages nous explique que ce comportement s'inspire de celui de D. En effet, lorsque D. promit qu'Il jugerait les Egyptiens à la fin de l'exil, Il assura à Avraham : "La nation qui les asservira, Je [la] jugerai" (paracha précédente : le'h le'ha 15,14). La promesse divine ne contenait que 2 mots (Je jugerai), et pourtant D. a infligé 10 plaies aux Egyptiens.

Il est à noter (cf.Rashi) que le texte désigne le cœur des anges en n'utilisant qu'une fois la lettre beth afin d'indiquer que le mauvais penchant n'a pas de prise sur eux (au contraire des hommes - avec 2 lettres beth comme par exemple dans le shéma : "be'hol levave'hem").

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-> "Qu’on aille quérir un peu d’eau ; lavez vos pieds" (Vayéra 18,4)

=> Avraham excellait dans l’hospitalité. Il choisit généreusement pour ses invités trois mesures de farine et sacrifia trois veaux pour leur en servir les plus belles parts. Pourquoi se montra-t-il avare concernant l’eau en ne leur en donnant qu’un peu?

-> L’Admour de Tsanz (le Chéfa ‘Haïm), explique qu’Avraham vit par inspiration divine qu’au moment où D. voudrait donner la Torah aux enfants d’Israël, les anges s’y opposeraient, avançant que sa place se trouve plutôt dans les cieux. Il leur fit donc transgresser l’interdit de mélanger lait et viande afin que, le moment venu, Hachem puisse leur répliquer qu’ils ne peuvent accepter la Torah, puisqu’ils en avaient déjà enfreint un commandement.

Selon le Choul’han Aroukh (Yoré Déa 89,2), il faut manger un morceau de pain et boire un peu d’eau pour pouvoir manger de la viande après du lait. Avraham servit à ses visiteurs du beurre et du lait, puis de la viande, tandis qu’il s’abstint de leur donner du pain et de l’eau pour nettoyer leur bouche entre le lacté et le carné.
De cette manière, ses descendants pourraient recevoir la Torah. C’est pourquoi il ne leur fournit que l’eau nécessaire pour laver leurs pieds.

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"Je vais apporter une tranche de pain ... Puis Avraham courut au troupeau" (Vayéra 18,5-8)

-> Rabbi El'azar dit : "Cet épisode nous enseigne que les Justes parlent peu et agissent beaucoup, contrairement aux réchaïm qui parlent beaucoup et qui ne font même pas un petit peu".
[guémara Baba Métsia 87a]

-> Le rav Yérou'ham Leibovitz (Daat Torah) commente :
Derrière ce principe se profile l'idée que les hommes "qui parlent" ne font rien, alors que ceux "qui agissent" ne parlent pas.
En effet, dès l'instant où la résolution d'agir s'est affermie chez l'homme, rien ne devrait l'en distraire jusqu'à ce qu'il ait mené ses desseins à terme.
De plus, les rares paroles qui sortent de la bouche des Justes (tsadikim) ne son motivées que par une nécessité immédiate, par exemple pour informer autrui de ce qu'ils entendent faire.
[...]
En revanche, chez le racha, l'abondance de paroles résulte du fait qu'il n'envisage pas un seul instant de réaliser sérieusement ses promesses.
En réalité, sa disposition à parler beaucoup n'est motivée que par une soif insatiable d'autosatisfaction, qu'il étanche par une profusion de paroles.
Et fatalement, celles-ci entraînent une diminution de l'action.
Parler abondamment permet ainsi d'étouffer les mouvements de la conscience, et c'est pourquoi Hachem a en horreur cette attitude.
[...]
Par ailleurs, une autre raison pour laquelle les tsadikim font toujours preuve de mesure dans leurs paroles, provient de leur crainte de ne pas pouvoir les respecter.
A l'inverse, peu importe au racha, homme malhonnête, la portée de ses propos, puisqu'en tout état de cause il ne compte pas s'y conformer.

Nos Sages disent : "Les actions des ancêtres sont des signes pour leurs enfants".
A cet égard, la descendance d'Avraham est dotée d'une disposition innée à "agir sans parler". C'est celle-ci qui leur permit de déclarer, au pied du mont Sinaï (Chémot 24,7) : "Nous ferons et nous comprendrons".
Les Sages (guémara Shabbath 88) nous racontent : "Au moment où les enfants d'Israël firent précéder "Nous ferons" de "nous entendrons", une Voix du Ciel sortit et proclama : "Qui donc a révélé à Mes enfants ce secret que seuls les anges de service utilisent?""
=> Pour cette "génération de la connaissance" (dor déa), l'action suivait aussitôt l'énonciation du commandement.

Vayéra – donner de la force à nos prières

+ Vayéra - donner de la force à nos prières :

-> Dans la parasha Vayéra, la Torah décrit la naissance d'Its'hak après l'épisode dans lequel Avimélé'h, le roi de Guérar, a essayé de prendre Sarah comme épouse. Hachem envoya un fléau sur la famille d'Avimélé'h, les rendant toutes stériles, et Avimélé'h libéra Sarah pour les sauver.
Rachi (Vayéra 21,1) note que ces deux épisodes apparaissent ensemble pour enseigner une leçon importante : "Quiconque implore Hachem d'avoir pitié de son prochain, et que le demandeur a besoin de la même chose, c'est lui qui est exaucé en premier".
Lorsque Sarah fut libérée, Avraham pria pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Parce qu'il avait besoin de la même requête, Avraham mérita d'être exaucé, et il fut béni en ayant Its'hak.

-> Le rav Yérou'ham Brodiansky demande pourquoi Avraham et Sarah ont eu besoin de prier pour que quelqu'un d'autre ait un enfant. Après tout, ils avaient déjà accumulé suffisamment de mérite par eux-mêmes. N'avaient-ils pas enseigné la émouna en Hachem aux masses et accompli la mitsva de hachnassat or'him ensemble?
De plus, nos Sages (Yébamot 64a) disent qu'Hachem a rendu les Avot (Patriarches) et les Imahot (Matriarches) stériles, parce qu'Il désirait les prières des justes.
Il est clair qu'Avraham et Sarah ont prié intensément pour avoir des enfants. Pourquoi cette prière n'a-t-elle pas suffi?

Le rav Brodiansky explique que l'essence de la prière consiste à demander à Hachem d'exaucer notre demande par miséricorde, même si nous ne le méritons pas. En effet, nos prières expriment notre totale dépendance à l'égard d'Hachem afin de susciter Sa miséricorde.
Il est vrai qu'Avraham et Sarah avaient prié intensément pendant des années et qu'ils avaient certainement suscité la miséricorde d'Hachem. Cependant, leur cas était particulier car ils étaient physiquement incapables de procréer, et un miracle était nécessaire pour changer cela. (Peut-être y avait-il aussi d'autres raisons qui dépassent notre entendement).

Ce qui a finalement fait pencher la balance, c'est qu'Avraham a commencé à prier pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Sa propre prière s'éleva alors encore plus haut.
Dans sa prière de miséricorde se trouvait un élément de 'hessed : il priait pour que quelqu'un d'autre ait des enfants. La miséricorde céleste a alors débordé pour Avraham, et Sarah et lui méritèrent un fils. Ainsi, la prière d'Avraham pour Avimélé'h était la touche finale de décennies de prières pour son propre enfant.

-> Cet épisode nous enseigne comment renforcer notre propre prière. Priez aussi pour les autres!
C'est peut-être la raison pour laquelle nos prières sont dites au pluriel, afin d'élargir notre champ d'action et d'inclure les besoins des autres. En effet, le Arizal dit qu'avant de prier, nous devons nous efforcer d'accomplir la mitsva d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, et cette mitsva exige implicitement que nous pensions aux autres en priant.
Cependant, en plus de cet acte de 'hessed pour eux et de l'accomplissement de la mitsva, le fait de penser à eux renforcera également nos propres prières.

Lorsqu'il s'agit de faire des demandes à Hachem dans nos prières, beaucoup se concentrent sur leurs propres besoins. Consciemment, ou peut-être inconsciemment, nous pouvons omettre ou minimiser les besoins des autres, comme si le fait de les inclure dans nos pensées allait en quelque sorte nous détourner de la prière pour nous-mêmes. Cependant, Avraham nous montre que c'est le contraire qui est vrai, nous ne pouvons que gagner à prier pour les autres.

Dans un autre épisode, la paracha met en lumière une autre façon de renforcer sa prière.
Après qu'Hachem a détruit Sedom et Amora, le verset indique qu'Abraham est retourné "à l'endroit où il s'était tenu [pour prier]" (Vayéra 19,27). Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) expliquent qu'il faut désigner un "makom kavoua", un endroit spécifique pour prier. Ils nous disent : "Quiconque fait une makom kavoua pour sa prière, aura le D. d'Avraham comme aide".
Rabbénou Yonah (ibid.) explique que nos Sages font référence à quelqu'un qui accorde tellement d'importance à sa prière qu'il va jusqu'à créer un makom kavoua pour elle. L'importance de sa prière l'amène à lui réserver un endroit spécial.

Naturellement, l'importance qu'il attache à la prière s'exprime aussi d'autres manières. Il arrive toujours à l'heure pour la prière et ne la fait pas à la va-vite. S'il est inquiet ou contrarié par quelque chose, il se calme et éclaircit ses pensées avant de commencer la prière.
Une telle personne a "le Dieu d'Avraham comme aide", elle suit les voies d'Avraham, et sa prière mérite une aide supplémentaire de la part d'Hachem.
[rav Moché Krieger]