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"Il était debout pour eux sous l’arbre, et ils mangèrent" (Vayéra 18,8)

La Torah nous dit ici qu'Avraham attendait sous l’arbre, le temps que les anges "mangent". Mais pourquoi ajouter : "Il était debout" ?

-> Lorsque quelqu'un invite une autre personne, il ne doit pas montrer de supériorité par rapport à son invité. Au contraire, si nécessaire, un hôte doit se rabaisser au niveau social et intellectuel de son invité pour qu'il se sente plus à l'aise.

Nos Sages enseignent que :
- les anges sont appelés : "ceux qui sont debout" (Omdim), car ils ne peuvent pas avancer et progresser, ils restent toujours dans l’état où ils ont été créés.
- les hommes sont appelés : "ceux qui marchent" (Méalé'h), car tant qu’un homme est vivant, il peut avancer, progresser et toujours s’améliorer.

=> Ainsi, quand Avraham a reçu les anges, il ne voulait pas montrer sa supériorité par rapport à eux : lui peut avancer alors qu'eux sont statiques.

C'est ce que dit le verset : "Il était debout pour eux" = Avraham, dans l'accomplissement parfait de la mitsva d'offrir l'hospitalité, s'est abaissé du niveau d'homme ("qui marche" et avance) à celui inférieur de ses invités : les anges ("debout" et statiques), et cela pour ne pas montrer sa supériorité par rapport à ses invités.

[le Kédouchat Lévi]

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-> Le 'Hidouché Tossafot apporte une autre explication à ce sujet.

"Sous l'arbre" se dit dans le texte : ta'hat aéts.
Le mot ta'hat, en plus de signifier : "sous", peut également se traduire par : "à la place de".

Nos Sages (fin du traité Sofrim) rapportent que Avraham était extrêmement grand de taille.

=> Ce verset peut se comprendre alors : "Il était debout pour eux à la place de l'arbre" afin de les protéger du soleil, et c'est seulement alors que : "ils mangèrent".

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-> On peut ajouter cet enseignement du Zohar (Vayéra 102b) :
L'arbre révélait à Avraham les pensées internes de ses visiteurs.
S’ils croyaient dans le Créateur, l’arbre déployait ses branches, amenant de l’ombre.
S’ils étaient des idolâtres convaincus, l’arbre repliait ses branches, retirant l’ombre.
Avraham n’était alors pas apaisé tant que ses invités ne croyaient pas en D.
[l'arbre lui permettait de savoir comment s'adresser aux étrangers, en déterminant la nature véritable de chaque visiteur. Avraham ne se préoccupait que des hommes, car Sarah se chargeait d'accueillir les femmes.]

=> On peut se rend compte que même en voyant que ce n'était pas des personnes distinguées (de simples arabes), et à priori des idolâtres convaincus (cf.l'arbre qui ne se déploie pas), malgré cela Avraham les a reçu comme des rois.

-> Il leur a fait abattre 3 veaux pour : "leur servir 3 langues avec de la moutarde" qui est "un plat de princes et de rois" (guémara Bab Métsia 86 & le Rachi sur cette guémara).

-> "Avraham rentra en hâte dans sa tente ... Avraham courut au troupeau ..." (Vayéra 18,7)
=> Il se dévoue corps et âme à leur service.

Surtout que ne parallèle, c'était le 3e jour suivant sa circoncision :
-> "Tout homme qui se circoncit éprouve une grande douleur le 3e jour" (Pirké déRabbi Eliézer - chap.29) ;
-> "Lorsqu'Avraham se circoncit, il éprouva le 3e jour une très grande douleur à sa plaie" (midrach Yalkout Chimoni - chap.82) ;
-> De plus, ses bandages l'accaparèrent beaucoup ce jour-là, puisqu'il dut à plusieurs reprises les défaire et les refaire (guémara Baba Métsia 86) ;
-> En ce même jour, Hachem avait fait sortir le soleil de son "enveloppe" et fit régner sur la surface de la terre une chaleur telle qu'aucun être ne pouvait la tolérer. (Pirké déRabbi Eliézer - chap.29).

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-> Il est également écrit dans le Zohar (Vayéra 102b) précédant que :
Près de cet arbre, il y avait également un petit bassin d'eau de source.
Tout individu impur qui s'en approchait, l'eau s'élevait [comme si elle voulait le purifier].
Avraham était donc averti des souillures du visiteur qui devait se purifier en s'immergeant dans ce bassin [qui n'était autre qu'un mikvé].
Si ce dernier s'asséchait complètement, l'étranger devait se purifier pendant 7 jours avant de s'immerger.

"Il (Avraham) implanta une auberge à Beer Chéva" (Vayéra 21,33)

-> Le terme : auberge, qui se dit "éshel" (אשל), forme les initiales des 3 mots : manger (a'hila - אכילה), boire (chtiya - שתיה) et raccompagner (lévaya - לויה), qui sont les 3 marques d'attention fondamentales qu'un hôte doit assurer à ses invités.
Avraham recevait les passants, leur donnait à manger, à boire, et il les raccompagnait.

Ces 3 actes se devaient d’être une réparation pour 3 fautes commises avant lui.
Par le fait de donner à manger, il voulait réparer la faute d’Adam, qui a fauté en mangeant de l’arbre de la connaissance.
En leur donnant à boire, il voulait réparer la faute de Noa’h qui, en sortant de l’arche, planta une vigne et se mit à boire.
Enfin, en raccompagnant ses invités, il voulait contrebalancer la perversion des habitants de Sodome qui interdirent de recevoir des invités.
[Gaon de Vilna]

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[ "Abraham planta un bouquet d'arbres (אֶשֶׁל) à Béer Shava et y proclama le Nom d'Hachem D. de l'Univers" (Vayéra 21,33)
Le Zohar explique que puisqu'Adam a endommagé le monde et l'humanité par l'intermédiaire de l'arbre de la connaissance, a présent mesure pour mesure Avraham entreprend la réparation par l'intermédiaire d'un arbre.]

[Rachi commente : Rav et Chemouel sont en désaccord. L’un enseigne que échel était un verger producteur de fruits qu’il servait à ses hôtes pendant le repas, l’autre que c’était une auberge pour accueillir les passants, dans laquelle on trouvait toutes sortes de fruits. ]

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-> Le midrach (Téhilim 37) ajoute que les lettres du mot : éshel (אשל), peuvent se réarranger pour former le mot : sha'al, qui signifie : demander.
Cela indique que Avraham demandait à ses invités ce que leur cœur désirait, et il s’efforçait ensuite de répondre à leurs demandes.

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-> Nos Sages enseignent que Avraham recevait des invités et qu’après leur avoir donné à manger, il leur demandait de remercier D.
S’ils refusaient, alors il leur imposait de payer une forte somme, et là les invités remerciaient D.
=> Ainsi, il semble que les invités, contraints de payer, ne remerciaient pas D. sincèrement, mais uniquement pour ne pas payer!

En réalité, quand Avraham leur imposait de payer, c’était pour leur apprendre que tout bienfait à un prix et doit se payer.
Il leur montrait à quel point l'homme reçoit sans cesse des bienfaits de D., et en plus gratuitement.
C’est ce message que Avraham voulait leur transmettre en leur demandant de payer, et une fois le message compris, l’invité remerciait D. de tout son cœur.

De même qu'il les nourrissait matériellement, il les nourrissait spirituellement.

-> b'h, les paroles du rav Israël Salanter illustrent bien cela : https://todahm.com/2013/12/01/657

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+ "Il implanta une auberge à Beer Chéva"

-> Selon nos Sages, le terme : auberge, qui se dit "éshel" (אשל), est l'acrostiche de : "a'hila" (la nourriture), "chetiya" (la boisson), et de "lina" (le coucher).
Cela comporte une allusion à nos 3 Patriarches.

1°/ la nourriture = c'est la charité d'Avraham, qui nourrissait tous ceux qui passaient par chez lui, et de cette façon propageait la foi dans le Créateur du monde.

2°/ la boisson = c'est une allusion à Its'hak, qui a creusé des puits.
Or, le fait de creuser renvoie au service Divin.

3°/ le coucher = c'est Yaakov, qui ne dormait jamais, c'est pourquoi il n'est pas mort (guémara Taanit 5b).
La 1ere fois où il a dormi (midrach Béréchit rabba 68,11) était lorsqu'il a rencontré "l'endroit" où il a placé une pierre sous sa tête (Béréchit 28,11), et ensuite (Béréchit 29,1).

C'est ce que nous disons dans la prière : "Le D. d'Avraham, le D. d'Its'hak et le D. de Yaakov", parce que les Patriarches ont tracé la voie qui permet de servir Hachem, ainsi qu'il est écrit : "Le monde repose sur 3 choses : la Torah, sur le service de D. et sur la générosité" (Pirké Avot 1,2).
Ce sont en réalité les 3 choses que nous trouvons chez les 3 Patriarches :
-> la Torah, c'est Yaakov.
On peut citer le guémara (Yoma 28b) : Yaakov a étudié la Torah durant toute sa vie.
Ainsi que le midrach (rabba Vayichla’h) : "Personne n’a autant peiné dans la Torah comme il a pu le faire.
Après avoir étudié (sans interruption, même pour dormir!) dans le bét midrach de Chèm, il est immédiatement parti pour celui de Eivèr, puis pour celui de Avraham."

-> Il est écrit à propos d'Avraham : "il planta un éshel = il a implanté ces qualités dans toutes les générations, pour que les juifs en apprennent la façon de servir Hachem comme il convient.
D'Avraham nous avons appris la générosité.

-> La qualité d'Its'hak est le service de Hachem, qui doit se faire dans la joie.
[la joie de l'amour de D., et ainsi que la crainte de devant qui nous nous tenons constamment!]

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-> Le mot "éshel" (אשל) se compose des mêmes lettres que : "cha'al" (שאל), qui signifie : "demander" ou "interroger".
En effet, Avraham demandait à chaque visiteur ce qu'il souhaitait manger, et le lui apportait.

Un "éshel" est en réalité un arbre.
L'hospitalité est comparable à un arbre fruitier. Quiconque est hospitalier aura de bons enfants.
Cela est d'autant plus vrai lorsque l'invité est un érudit. Permettre à un tel homme d'utiliser nos biens est pareil à une offrande apportée devant D.

Rabbi Yossi (guémara Béra'hot 63) commenta le verset : "Tu n'auras pas en abomination l'égyptien car tu as été étranger en son pays" (Dévarim 23,8).
On en tire la conclusion suivante : si les égyptiens méritent notre respect, alors qu'ils n'ont accueilli Israël que dans leur propre intérêt, celui qui offre l'hospitalité à un érudit, a droit à encore plus de considération.
[...]

Le précepte de l'hospitalité ne concerne pas seulement les pauvres ... un individu qui se trouve dans un lieu étranger, ne connaissant personne, est considéré comme un pauvre ...
On veillera à lui donner un lit confortable, car ceci est aussi important que de mets délicats, car souvent un voyageur est épuisé par la route.

[de nos jours ont doit également être à l'écoute de la pauvreté émotionnelle/psychologique d'autrui (ex: besoin d'être valorisé, d'être écouté, ...).
Un sourire, un compliment, ... (qui sont gratuits) peuvent faire revivre une personne plus que tout l'or du monde!]
[...]

Nos Sages relatent qu'Avraham demanda à Chèm, le fils de Noa'h, grâce à quel mérite ils avaient échappé au Déluge en séjournant dans l'Arche.
Chèm répondit : "Par la charité que nous avions accomplie".
Avraham demanda : Se trouvait-il des pauvres autour de vous? Je pensais qu'hormis vous, l'humanité toute entière avait été tuée.
Chèm répondit : C'est la vérité, mais nous restions éveillés toutes les nuits, nourrissant chaque animal selon ses besoins.
A la suite de cette conversation, Avraham commença à offrir l'hospitalité aux voyageurs.

[Certains disent que le mot "éshel" signifie : verger.] Avraham planta un verger, composé de toutes sortes d'arbres fruitiers, dans lequel il érigea une maison d'accueil destinée aux voyageurs.
Les fruits avaient un goût si délicieux, qu'ils voulaient bénir Avraham, qui leur disait de louer le maître de tout. Il leur enseignait alors les actions de grâces dites après le repas.
S'ils refusaient de louer Hachem, alors Avraham ne leur donner pas la nourriture gratuitement, mais la leur facturait à un prix exorbitant. S'ils se plaignaient, il leur rappelait que la nourriture est rare dans le désert, et qu'elle y vaut 10 fois plus.

[d'après le Méam Loez Vayéra 21,33-34]

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b'h, Par exemple, également sur le thème de l'hospitalité :
-> https://todahm.com/2017/12/11/lhospitalite-2
-> https://todahm.com/2013/12/01/lhospitalite

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"Avraham planta un bosquet d'arbres (éshel) à Béer Chéva" (Vayéra 21,33).
Rech Lakich déduit de ce verset qu'Avraham fit un verger où il planta toutes sortes d'arbres aux fruits délicieux.
Rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia sont en désaccord sur le sens du mot "éshel" : l'un dit qu'il s'agit d'un verger (pour y récolter les fruits à servir à ses hôtes) et l'autre dit qu'il s'agit d'une auberge (pour y accueillir ses hôtes).
[...]
Après que ses hôtes aient mangé et bu, et se levaient pour bénir Avraham, ce dernier leur disait : "Avez-vous mangé de ce qui m'appartient? Non, vous vous êtes nourris de la nourriture qui appartient au D. de l'Univers!"
Alors ils remerciaient, louaient et bénissaient Celui (Hachem) qui n'a eu qu'à dire : "Que le monde soit" et le monde fut.
[guémara Sota 10a-b]

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-> Le mot "éshel" ne représente pas le nom d'un arbre, mais d'un ensemble de nombreux arbres (fruitiers) ou bosquet.
Les fruits de ce verger (pardess) étaient mis à la disposition des nombreux invités d'Avraham.
[Béer Maïm 'Haïm]

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 54,8), le mot : "éshel" (אשל) est formé des 3 lettres initiales : "a'hila" (la nourriture - אכילה), "chtiya" (la boisson - שתיה), et de "lina" (le coucher/l'abri - לינה).
Il y avait un grand arbre prodiguant de la nourriture, de la boisson au moyens de ses fruits, ainsi que de l'ombre et l'abri au moyen de ses nombreuses branches et de son riche feuillage. [cela reste transposable pour ceux traduisant "eshel" par auberge.]
Ainsi, à travers cette hospitalité, Avraham amenait ses hôtes de la gratitude envers l'homme à la gratitude envers Hachem.
[rav Chimchon Raphael Hirsch]

-> Le mot "éshel" (אשל) est l'acronyme de : "a'hila" (la nourriture - אכילה), "chtiya" (la boisson - שתיה), et de "lévaya" (accompagnement - לויה).
La mitsva de raccompagner ses invités, complète la mitsva d'hospitalité, comme le souligne le verset : "Avraham les accompagna afin de les reconduire" (Béréchit 18,16).
Par le mérite de cet accompagnement, le verset suivant (v.17) signale qu'Hachem apparut à Avraham pour lui révéler ce qui allait se passer à Sodome.
[midrach Téhilim 37,1]

On raconte qu'un homme, après avoir reçu un invité, a vu sa maison brûler partiellement.
Le Gaon de Vilna fut consulté pour comprendre pourquoi la mitsva d'hospitalité de cet homme ne l'a pas protégé de ce feu?
Il répondit : c'est parce qu'il avait l'habitude d'accomplir la mitsva de donner à manger et à boire seulement, mais il ne pratiquait pas la mitsva de raccompagner ses invités (sur au moins 2 mètres [4 amot]).
D'ailleurs, si on retire dans le אשל la lettre ל qui symbolise l'accompagnement, il reste le mot : éch (le feu - אש).

-> En plantant son lieu d'hospitalité nomme : "éshel" (אשל), mot formé des initiales de : manger (a'hila - אכילה), boire (chtiya - שתיה) et raccompagner (lévaya - לויה), l'intention de Avraham était de réparer (faire le tikoun) les fautes des anciens, à savoir la nourriture consommée par Adam, le vin bu par Noa'h et l'hospitalité des habitants de Sodome.
[Gaon de Vilna]

-> Le mot "éshel" (אשל) est constitué des mêmes lettres que le mot : "chaal" (questionner - שאל).
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham interrogeait chacun de ses invités : que désirez-vous, des figues, des raisins, des grenades? Et il leur donnait selon leur choix.
[midrach rabba]

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=> Pourquoi Béer Shéva comme lieu d'hospitalité?

-> C'est à Béer Chéva qu'Avraham avait creusé un puits, et un miracle se produisit, car les eaux de ce puits allèrent à sa rencontre.
C'est pourquoi, afin de publier ce miracle, il planta à cet endroit un grand arbre, arrosé par les eaux de ce puits, qui produisit de beaux fruits et de l'ombre.
De plus, Avraham a choisi ce lieu pour son éshel, car là où s'est produit un miracle une fois, la probabilité de bénéficier d'autres miracles à cet endroit est grande.
[Tiféret Tsion]

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=> Les 2 sens du mot éshel (cf. guémara) : verger ou auberge, sont-ils contradictoires?

-> Il est possible qu'Avraham ait installé un verger (pardess) pour que ses hôtes puissent s'y promener , jouir des fruits et de l'ombre, pendant la saison chaude.
Il aurait aussi installé une auberge pour y loger ses hôtes pendant la saison froide.
Ainsi, les avis de rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia ne seraient pas contradictoires, mais complémentaires.
[Iyoun Yaakov]

[Dans les 2 sens du mot éshel, la nourriture matérielle n'était qu'un prétexte à la nourriture spirituelle, permettant à Avraham d'attacher les gens à Hachem]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le mot "échel", avec ses 2 sens : pardess (verger) et poundak (auberge), désigne en réalité les 2 composantes d'une maison d'étude.
[d'ailleurs les 3 lettres du mot אשל sont les initiales des 3 mots de l'expression : "assifa chel lamdanim" (réunion d'étudiants de Torah - אסיפה של למדנים), donc אשל désigne un lieu d'étude.]
En effet :
- le verger symbolise la maison d'étude dans lequel les disciples d'Avraham étudiaient la Torah, car de même que dans un verger, les divers arbres sont disposés en rangées, les disciples sont disposés en rangées dans la maison d'étude.
- l'auberge désigne le lieu où les étudiants de Torah prennent leurs repas et y dorment.

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-> Avraham désirait nourrir ses hôtes de façon qu'ils récitent le birkat hamazone pour bénir Hachem :
- le maître qui traduit "échel" par auberge, où le repas est servi avec du pain, pense que le birkat hamazone ne se récite que si on a mangé du pain, d'après la Torah.
- mais le maître qui traduit "échel" par verger, où se trouvent uniquement des fruits, pense que la bénédiction sur les fruits d'Israël (raisins, figues , grenade), est également de la Torah (déOraïta).
[Ein Eilyahou]

-> Le verger symbolise les fruits délicieux qui procurent un plaisir délicat, réservés habituellement aux gens riches.
Par contre, l'auberge symbolise un abri nécessaire, réservé même aux gens simples et peu fortunés.
Ainsi, rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia s'opposaient pour savoir si Avraham avait commencé son oeuvre de rapprocher les idolâtres par les gens riches et importants (verger) ou bien par les gens simples qui avaient peu de moyens financiers et qu'il nourrissait et logeait (auberge).
[Oréa'h Yécharim]

-> Le Maharal (Gour Arié) enseigne :
Avraham peut être comparé soit au verger soit à l'auberge :
- de même qu'un verger est composé d'arbres, dont on tire profit des fruits, Avraham est le premier "arbre fruitier" planté par Hachem après 2 millénaires d'obscurité spirituelle, et chacun tirait profit de ses fruits (sa sagesse, son 'hessed, ...).
- de même qu'une auberge est un lieu de réunion et d'accueil des voyageurs, Avraham réunissait les gens et leur prodiguait leurs besoins (parnassa) ; c'est pourquoi il est désigné : le père d'une multitude (av hamone).

Ainsi, rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia s'opposaient sur l'origine de la bénédiction qu'Avraham a amenée dans le monde : est-ce parce qu'Avraham est le premier "arbre fruitier" qu'Hachem a planté, ou bien est-ce parce qu'Avraham était le père d'une multitude, en réunissant et en unifiant une multitude de personnes?

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=> Comment Avraham pouvait-il obliger ses hôtes à bénir Hachem?

-> Selon le midrach, les hôtes d'Avraham, après s'être restaurés, refusaient de louer Hachem et de Lui adresser une bénédiction.
Avraham exigeait alors d'eux de payer leur nourriture et leur boisson à un prix élevé, car dans le désert l'approvisionnement est plus difficile, donc plus coûteux. Ils préféraient alors ne rien payer et réciter une bénédiction "forcée" adressée à Hachem.
[Tossefot Santz]

-> Comment Avraham pouvait-il se contenter d'une bénédiction forcée et non sincère de ses hôtes, motivée uniquement par un intérêt financier?
Avraham était persuadé qu'à la fin, ses hôtes en arriveraient à une véritable reconnaissance d'Hachem, selon le principe : une attitude intéressé (répétitive) finira tôt ou tard par se transformer en une attitude désintéressée (mito'h chélo lichma ba lichma).
[Torat haKinéot]

-> Avraham était prêt à renoncer à des sommes importantes, afin que ses hôtes bénissent Hachem, dans le but de sanctifier D. (kiddouch Hachem).
La plupart de ses hôtes, impressionnés par l'attitude désintéressée d'Avraham, non seulement bénissaient Hachem avec cœur, mais de plus désiraient se convertir.
[Zaït Raanan]

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=> "Alors ils remerciaient, louaient et bénissaient (Hachem)".
Quelles allusions contient le message adressé par Avraham à ses hôtes?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Avraham leur disait : "michél El a'haltem" (c'est la nourriture qui appartient à Hachem que vous avez mangé - משל אל אכלתם).
Cela est en allusion dans le mot אשל (éshel) où on retrouve les 2 mots : של (chel) et אל (El), en associant la dernière lettre ל du mot אשל respectivement à la lettre voisine ש et à la première lettre א.

De plus, Avraham proposait à ses hôtes : "Remerciez (hodou) et bénissez (baré'hou)", c'est-à-dire seulement par des paroles, sans qu'aucune action ne vous soit demandée, car louer Hachem par des paroles prend toute son importance envers Celui qui a réé ce monde uniquement par Sa parole.

Pourquoi Avraham a-t-il demandé à ses hôtes 3 choses : remerciez, louez et bénissez?
C'est pour faire allusion au birkat hamazone complet composé de 3 bénédictions : celle de la nourriture (birkat hazane), celle du pays (birkat aarets) et celle de la ville de Jérusalem.
[ce n'est que bien plus tard que les sages de Yavné instaurèrent dans le birkat hamzone la 4e bénédictions de "hatov véhamétiv" après que les morts de Bétar aient été enterrés dignement, après avoir jonché les rues de la ville très longtemps, sans sépulture et sans s'être décomposés par miracle.
Ainsi, jusque-là, le birkat hamazone complet était constitué de 3 bénédictions seulement.]

Enfin, le nom d'Avraham (אברהם) fait allusion à l'ordre formulé à ses hôtes, puisque les lettres qui composent son nom sont les initiales des mots de son instruction : "amar baré'hou ra'houm hazan michélo" (Il leur disait : "Bénissez le Miséricordieux à qui la nourriture appartient!" - אמר ברכו רחום הזן משלו).

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.4,p.291) écrit :
Au début de la paracha (Lé'h Lé'ha 12,2), Hachem avait dit à Avram : "véhéyé bérakha" (deviens source de bénédiction!), c'est-à-dire que toute relation d'Avram avec les autres était utile pour ces derniers, et leur apportait une bénédiction, notamment sur le plan spirituel.
La bénédiction envers Hachem, réclamée par Avraham à ses hôtes, après les avoir nourris, appelée : "birkat Avraham", avait le pouvoir d'élever le niveau de libre-arbitre de ses hôtes.
Quiconque s'approchait d'Avraham et le respectait, s'élevait et était digne de recevoir une bénédiction sur les 2 plans : matériel et spirituel, selon la promesse Divine énoncée : "Je bénirai ceux qui te béniront (t'encourageront et te respecteront)" (Béréchit 12,3).

"Si je trouve dans Sodome 50 Justes (tsadikim), au sein de la ville, alors Je pardonnerai pour eux à tout l'endroit" (Vayéra 18,26)

-> La guémara (Sanhédrin 99a) rapporte que ces hommes qui déclarent : "A quoi servent donc les Sages? C'est pour eux-mêmes qu'ils apprennent, c'est pour eux-mêmes qu'ils étudient" sont considérés comme s'ils "dévoilaient des aspects erronés de la Torah".

Rachi explique : cela signifie qu'ils "nient ce qui est écrit dans la Torah".

L'une des preuves que cite la guémara à ce sujet figure dans ce que D. annonça à Avraham : "Je pardonnerai pour eux [les tsadikim] à tout l'endroit".
Ceux-ci sont effectivement en mesure d'apporter une protection à tout leur entourage, même si les habitants de leur ville sont des réchaïm encourant un décret de destruction.

-> Le rav Eliyahou Lopian poursuit cette idée :
"Imaginons que l'on ait effectivement trouvé 10 tsadikim à Sodome, la ville n'aurait alors pas été détruite et la vie aurait suivi son cours normal, comme auparavant. Et il ne serait venu à l'esprit d'aucun habitant de Sodome qu'il devait sa vie à l'un de ses voisins.

Même de nos jours, cette remarque conserve toute son actualité : qui sait combien de décrets ont été annulés de notre vivant uniquement par le mérite des tsadikim que nous côtoyons?

Lorsque des soldats reviennent glorieux du front, nous avons tendance à attribuer à eux seuls le mérite de la victoire, d'où l'importance de se remémorer sans cesse ce verset : "Je pardonnerai pour eux à tout l'endroit", et de ne jamais négliger l'immense contribution que les tsadikim et les personnes qui se consacrent à l'étude de la Torah apportent à l'équilibre du monde."

[à la fin de la prière du matin, nous disons : que les Sages apportent la paix sur le monde (talmidé 'hakhamim marbim shalom baolam).
Si nous célébrons les soldats pour ce qu'ils ont pu faire, à combien plus forte raison doit-on avoir en estime nos tsadikim et les remercier de nous éviter des guerres, d'être au calme!]

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-> Le midrach Eikha (chap.2) apporte un exemple à cela :

Lors des guerres menées contre l'empire romain, Adrien avait soumis la ville de Bétar à un siège.
Bar Kokhba et son armée de 200 000 hommes lui tinrent tête pendant 3 ans et demi.

Un Kouti (converti peu fidèle à la Torah) dit à Adrien : "Si tu n'es pas parvenu à vaincre les juifs, c'est parce que tu ne t'en prends pas à leur force véritable : Rabbi Eliézer haModayi (un grand Sage, oncle de Bar Kokhba). Tant que ce tsadik vivra et qu'il observera le deuil et le jeûne, il te sera impossible de les vaincre. Donne-m'en l'occasion, et je t'offrirai une victoire sûre".

Il alla trouvé rabbi Eliézer haModayi, qui était absorbé dans ses prières, et prenant soin d'être vu, il se pencha vers lui comme pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille.
Des témoins se rendirent alors chez Bar Kokhba et lui dirent : "Ton oncle rabbi Eliézer est de connivence avec Adrien. Pour preuve, nous l'avons vu comploter avec un Kouti."

Après que rabbi Eliézer ait achevé ses prières, Bar Kokhba le convoqua et l'interrogea à son tour : "Que t'a donc dit ce Kouti?"
Le Sage répondit : "J'étais totalement absorbé dans mes prières, et je n'ai rien compris de ce qu'il m'a dit!"
La colère de Bar Kokhba éclata alors et il frappa violemment son oncle, qui mourut sur le coup.

Le midrach conclut en ces termes : "Toutes les fautes furent aussitôt prises en compte et la ville de Bétar fut conquise".

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-> "Peut-être y a-t-il 50 justes au milieu de la ville?" (Vaéra 18,24)

Ces hommes doivent être vertueux non seulement en privé, mais aussi "au milieu de la ville" (béto'h a'ir), c'est-à-dire en public.
L'individu prouve sa piété s'il agit toujours selon ses convictions, même lorsqu'il se trouve dans un environnement hostile.
De plus, le juste authentique doit se préoccuper de ses semblables et essayer de les aider à s'améliorer.
[d'après le rabbi Shimshon Raphaël Hirsch]

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-> Rabbi Yo'hanan dit : "A chaque fois que le mot : tsadikim (צַדִּיקִם) est mentionné en lien avec la ville de Sedom, il est écrit sans un second "youd" (צדיקים), pour indiquer qu'ils n'étaient pas parfaitement tsadikim".
[midrach Béréchit rabba 4a]

Le Messekh 'Hokhma explique que le verset souligne "au milieu de la ville", afin d'impliquer que même s'ils ne sont pas considérés comme des tsadikim dans une autre ville, néanmoins si comparés aux autres gens de la ville il y avait des personnes de vertus, alors que par leur mérite Hachem ne détruise pas l'endroit.

Cela correspond au midrach ci-dessus, qui affirme que la notion de tsadikim applicable à Sedom était des gens pas en tous points tsadikim.
[Yalkout Yéhouda]

"Sarah rit en elle-même, disant : "Après être flétrie, je retrouverais la fraîcheur? Et mon époux est vieux!"" (Vayéra 18,12)

-> Rachi : Elle "regardait" ses entrailles et se disait : "Est-il possible que ces entrailles portent encore le fardeau d’un nourrisson? Que ces seins desséchés donnent encore du lait?

-> Selon le Sforno, compte tenu de son âge avancé, elle a pensé qu'un tel rajeunissement tenait d'un miracle aussi grand que celui de la résurrection, que seul D. peut accomplir.

-> Ainsi parla Hachem : "C'est Moi qui ai créé ces entrailles, et il Me serait impossible de leur rendre leur jeunesse?"
[midrach Béréchit rabba 48,19]

-> Avraham a entendu de Hachem (v.13) qu'elle enfantera, tandis que Sarah l'a uniquement entendu d'un ange qu'elle prenait pour une personne ordinaire, et c'est pour cela qu'elle a rit.
Ce n'était pas un rire intérieur, mais plutôt du scepticisme, de la moquerie.

Cependant, elle n'aurait pas dû négliger la bénédiction, même de l'homme le plus ordinaire, par une légèreté intérieure.
Elle aurait dû le croire, ou bien répondre à leur bénédiction : "Amen, que telle soit la volonté de D.!"
[le Ramban]

A ce sujet, on peut rapporter la guémara (Béra'hot 15a) "Ne laisse pas la bénédiction d'une personne simple devenir légère à tes yeux".

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-> L'ange dit (Vayéra 18,10) que dans une année, ils auraient un enfant.

Selon le Rabbi de Belz, Sarah avait une confiance totale dans le fait que Hachem pouvait lui accorder un enfant, même à son âge très avancé (90 ans).
Cependant, elle avait peur de faire une faute d'ici ce moment là, et de perdre alors son mérite d'avoir un enfant.
C'est pour cela, qu'elle a rigolé, car elle ne croyait pas qu'au temps prévu elle serait toujours méritante.

[Le Méam Loez explique : L'ange dit à Avraham qu'à la même période de l'année suivante, Sarah enfanterait.
L'ange fit une entaille dans le mur, à l'endroit où un rayon de soleil passait par le trou. Il dit : "Lorsque le rayon de soleil frappera à nouveau cette marque sur le mur, Sarah aura engendré."
... Its'hak est né le 1er jour de Pessa'h (le 15 Nissan 2048 de la Création).
Avraham et Sarah étaient alors âgés respectivement de 100 et de 90 ans.]

-> "Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai et Sarah sera mère" (Vayéra 18,14)
Dans le texte : "au temps fixé" se dit : lamoéd (לַמּוֹעֵד), mot qui a la même guématria que : "béPessa'h" (à Pessa'h - בפסח).
Au temps fixé, c'est-à-dire Pessa'h, Its'hak est né.
[Daat Zékénim miBaalé haTossefot]

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-> "Sarah l'entendait (l'ange) à l'entrée de la tente qui se trouvait derrière lui" (Vayéra 18,10)

Le Targoum Yonathan explique que Yichmaël se tenait avec Sarah, et il entendait également (véhou a'harav).

Lorsque l'on donne une bénédiction à quelqu'un, on doit s'assurer qu'aucun de ses ennemis ne l'écoute, car cela peut empêcher qu'elle ne se réalise.
Sarah était persuadée que la bénédiction de l'ange était vraie, mais elle avait peur que Yichmaël essaie de l'annuler.
C'est pour cela qu'elle a ri.
Elle a ainsi rigolé afin que Yichmaël ne pense pas qu'elle prenait au sérieux cette bénédiction, empêchant sa réalisation.

Lorsque Avraham a demandé à Sarah pourquoi elle avait rigolé, elle lui a répondu qu'elle ne l'avait pas fait en raison d'une non croyance dans la bénédiction, mais plutôt afin que Yichmaël n'y croit.

[le Keren léDavid]

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-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Divré Sofrim 16) enseigne :
La nation juive entière a été fondée sur une situation apparemment sans espoir.
Avraham et Sarah étaient avancés en âge et personne n'aurait cru qu'ils auraient pu avoir des enfants.
Sarah, qui croyait certainement que tout provient de la puissance de D., doutait de l'ange qui lui a annoncé la naissance d'un enfant.
Effectivement, Hachem a pu leur donner un fils à un âge avancé.
=> Pourquoi a-t-Il réalisé un miracle inutile?

L'intention de D. était que la nation juive puisse établir la notion de "croire en l'impossible", qu'un juif ne doit jamais désespérer, mais croire que D. peut l'aider, que rien n'est trop difficile pour Hachem.
[Le peuple juif est concrètement né sur cette réalité que :] Pour un juif, le désespoir n'existe pas, D. disposant de multiples moyens pour nous venir en aide.

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-> "Hachem s'était souvenu de Sarah comme Il l'avait dit et Hachem fit à Sarah comme il l'avait annoncé." (Vayéra 21,1)

Le nom de Hachem apparaît 2 fois : parce que Sarah pourra donner naissance (à 90 ans!), et également parce qu'elle pourra le nourrir.

Avraham a béni Sarah : "elle donnera naissance à des peuples" (Lé'h Lé'ha 17,16)
Le Yalkout rapporte que lorsqu'elle donna naissance à Its'hak, toutes les nations du monde disaient que c'était en réalité Hagar qui l'avait porté, et non Sarah.
Hachem a causé que toutes les femmes du monde qui allaitaient leur enfant, soient asséchées, ne pouvant plus alors nourrir leur enfant.
Toutes ces femmes sont alors venues voir Sarah, et lui ont demandé de les nourrir.

Sarah qui était très pudique ne voulait pas le faire, mais Avraham lui a dit que ce n'était pas le moment d'être tsnoua, et qu'il fallait le faire pour sanctifier le nom de Hachem en montrant à tous qu'un miracle a eu lieu, que c'est bien Sarah qui avait porté le bébé.

[le Sifté Cohen]

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-> "Hachem s’était souvenu de Sarah comme il l’avait dit et il fit à Sarah ainsi qu’il avait parlé" (Vayéra 21,1)

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Vayéra) commente :
On peut comprendre la raison de la répétition de ce verset à l’aide de la Idra (Zohar III 132b) ou il est expliqué que la différence entre lémor (dire) et lédaber (parler) est que lémor touche aux choses cachées, tandis que lédaber aux choses dévoilées.

Il nous faut revenir au moment où Sarah prononce ces mots : "que juge Hachem entre moi et toi" (Lé'h Lé'ha 16,5). Elle voulait faire croire à Avraham qu’elle l’attaquait en justice devant le Tribunal Céleste, pour qu’il s’en émeuve et renvoie Hagar. Mais sa volonté était en fait d’attirer sur elle l’âme sainte d’Its'hak, car littéralement elle dit qu’Hachem juge "entre moi et toi", et si on fait la différence entre la valeur numérique de Saraï qui est 510 et Avram qui est 243 on obtient celle de : nér tov (soit 267), et de la même manière que : "nér Hachem nichmat adam" (l'âme de l’homme est un flambeau d’Hachem - Michlé 20,27) celle d’Its'hak est non seulement un flambeau mais un bon flambeau( un nér tov).
Le problème est que la force de la parole est telle qu'Hachem a exaucé les 2 parties, le "lémor" qui a amené son jugement et sa mort prématuré, et le "lédaber" qui a amené l’âme d’Its'hak.

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-> Sarah était supérieure en prophétie à Avraham, grâce à sa tsniou't, comme il est dit : "La voici, elle est dans la tente".
[le 'Hida]

-> C'est par le mérite de la droiture de Sarah et son haut niveau de tsniout, que Avraham et Sarah ont mérité d'avoir un enfant à un âge si avancé.
C'est pour cela que les anges ont demandé juste avant (v.18,9) où se trouvait Sarah, bien que le sachant, car selon Rachi : "ils ont voulu mettre sa discrétion en évidence, afin de la rendre plus chère à son mari".

Cette réalisation de ce qu'a pu entraîné les vertus exceptionnelles de sa femme, va générer davantage d'amour chez Avraham envers Sarah.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou - guémara Baba Métsia 87a]

=> Si le peuple juif peut exister, c'est grâce à la grandeur de notre Matriarche Sarah.

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-> Le Méam Loez (Vayéra 18,13-14) enseigne :
Sarah était en réalité supérieure à Avraham sur le plan de la prophétie.
Mais dès lors qu'elle fut rituellement impure à case de sa période de menstruation (malgré son âge de 89 ans!), elle perdit le don de prophétie.
C'est pour cette raison qu'elle ne prit pas au sérieux cette prédiction et considéra qu'il s'agissait d'une simple courtoisie.

Une autre opinion affirme que Sarah crut à cette bénédiction malgré son grand âge. Car elle avait déjà assisté à de nombreux miracle promis par Hachem à Avraham (cf. Béréchit 17,19).
Cependant, ces invités avaient l'apparence d'êtres humains ordinaires ...
Sarah qui se trouvait dans la tente se mit à rire soudainement en se disant : "Les jours de l'homme sont comptés et il peut mourir soudainement. Comment peut-il affirmer qu'il reviendra dans un an?"
[...]
Hachem dit à Avraham : "Pourquoi Sarah a-t-elle ri? Elle a cru que le visiteur était un homme. Il faut qu'elle sache qu'il s'agissait de mes propres messagers, parlant en mon Nom. C'est moi qui ai dit : Je reviendrai."

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+ "Sarah rit en elle-même : maintenant que je suis usée, j'aurai ce bonheur!" (Vayéra 18,12)

-> Rabbi Raphaël de Barshad enseigne qu'une Ségoula pour avoir des fils est la joie.
On apprend cela dans la Torah, dans les Névi'im et également dans les Kétouvim :
- dans la Torah de : "Sarah rit" = elle a ri et s'est réjouie, et par ce mérite elle a enfanté un fils.
- dans les Prophètes, où il est écrit : "Réjouis-toi femme stérile qui n'a pas enfanté" = si elle est stérile et n'a pas d'enfant, qu'elle se réjouisse et elle sera sauvée.
- dans les Hagiographes, il est écrit : "Il installe la femme stérile de la maison, mère heureuse de fils".

=> Si Sarah a ri parce que c'était une Ségoula, pourquoi Hachem s'est-Il fâché contre elle en disant : "Pourquoi donc est-ce que Sarah a ri?"
Le rabbi Chmouël de Kamenika répond : "On n’a besoin d’une ségoula que lorsqu’un tsadik promet quelque chose. Mais quand Hachem en personne promet, comme Il l’a promis à Sarah, il n’y a déjà plus besoin de ségoula, c’est pourquoi Il s’est fâché contre Sarah.

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-> Après les reproches d'Avraham, Sarah s'est repentie d'avoir ri à l'annonce de la naissance d'un fils.
Elle croyait profondément en D. et en ses miracles. Elle comprit que si telle était la volonté Divine, même une vieille femme comme elle pouvait enfanter.
C'est par le mérite de sa confiance en Hachem qu'elle conçut.
[le Yéfé Toar - rapporté par le Méam Loez (Vayéra 22,1)]

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-> "Il est permis de modifier la vérité dans un but de Shalom" (guémara Yébamot 65b)

La paix (le Shalom) est une notion si importante, notamment entre un homme et sa femme que Hachem Lui-même modifia le discours de Sarah qui avait dit : "Et mon époux est vieux" à l'annonce d'un futur fils, alors qu'elle avait 90 ans et son mari Avraham 100 ans.
[et il s'agissait pas de n'importe qui, mais du 1er des Patriarches (Avraham!) et de la 1ere des Matriarches (Sarah!).]
En effet, Hachem rapporta les propos de Sarah à Avraham ainsi : "J'enfanterai alors que je suis vieille?" afin de ne pas froisser Avraham et maintenir le Shalom dans ce couple (Vayéra 18,13).

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-> "Sarah rit en elle-même disant : Flétrie par l’âge, ce bonheur me serait réservé! Et mon époux est un vieillard!" (Vayéra 18,12)

-> Le Ben Ich 'Haï (Vayéra) enseigne :
On comprend facilement que Sarah soit étonnée qu’à son âge il lui soit accordé d’enfanter, mais en quoi la vieillesse de de son mari est si importante? Sarah était stérile, mais Avraham non, et son âge avancé ne lui avait pas empêché d’avoir Ishmael?

En fait sa préoccupation en rajoutant ces mots était tout autre, passé l’étonnement, une question technique se pose à elle. D’ordinaire, l’homme en prenant de l’âge devient pointilleux et il est plus compliqué de le servir. C’est pour ça que quand il est jeune, il ne se préoccupe pas de qui le sert, lui fait à manger, lui fait son linge, ... mais au fur et à mesure que les années passent, il ne reste plus que sa propre femme qui est à même de comprendre ses besoins et de connaitre ses habitudes. C’est une des raisons pour lesquelles, dans sa jeunesse, la femme connait le processus de Nida qui l’empêche de s’occuper de son mari, mais comme il est aussi encore jeune, il se satisfait de l’aide des autres. Par contre quand il ne peut plus que se faire servir que par sa femme, elle ne peut plus être Nida et en effet elle ne le devient plus.

La question de Sarah est : "Après avoir passé l’âge de Nida, pour pouvoir être toujours aux côtés de mon mari, si je redeviens fertile et donc avec des périodes de Nida, comment mon vieux mari va-t-il faire?"

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[évidemment Avraham et Sarah ont un niveau qui nous dépasse largement, mais cela permet d'appréhender à quel point Sarah était sensible et accordait de l'importance à répondre au mieux aux besoins de son mari. Et même au comble de la joie, lorsqu'elle apprend qu'elle aura malgré son âge un enfant, elle a comme priorité de penser au bien-être d'autrui (très bien que j'ai un enfant, mais si cela vient au détriment de mon mari alors ...).]

Les 10 épreuves avec lesquelles Hachem a testé Avraham, n'auraient pas conduit à ce qu'il soit considéré comme digne d'éloges, s'il ne les avait pas accepté avec enthousiasme et de bon cœur, parce que venant de D.
[le 'Hovot haLévavot - 'Hechbon haNéfech 3,27]

-> Selon le Séfer Ivdou ét Hachem BéSim'ha, la réussite de Avraham dans ses grandes épreuves aurait été insuffisante à le considérer comme digne d'éloges.
Seul son acceptation des épreuves avec joie, réalisant que tout lui était envoyé sur mesure par Hachem, a permis cela.

"L'ange dit à Hagar : ... Relève-toi et reprends cet enfant. [...] Hachem dessilla les yeux et elle aperçut une source" (Vayéra 21,18-19)

Selon le midrach (Béréchit rabba 33) :
"Rabbi Binyamin dit : Tous les hommes sont aveugles jusqu'au moment où Hachem éclaire leur regard."

=> Si D. ne nous montrait pas la voie à suivre, nul ne saurait la trouver.

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[Il est si facile d'être aveuglé par son égo, par sa paresse, par les plaisirs du monde matériel, ...
Combien devons-nous prier Hachem afin qu'Il nous permette de ne pas être aveugle à ce qui est vraiment essentiel à notre vie!]

"La Akédat Its'hak a eu lieu pendant Pessa'h.
Lorsque Avraham a offert son fils Its'hak sur l'autel, les âmes de tous ses futurs descendants ont également "posées leur cou" devant Hachem. "

['Hiddouché haRim]

"Car nous, nous allons détruire cette région ... et D. nous a donné mission de la détruire" (Vayéra 19,13)

Les anges, mandatés par Hachem, annoncent à Loth, l'imminence de la destruction de Sédom et de sa région.

Cependant, au lieu de lui dire : "nous allons détruire", ils auraient dû dire : "Hachem va détruire".
Ils se sont enorgueillis et ont fait dépendre d'eux-mêmes le pouvoir de destruction, et ce n'est qu'à la fin du verset qu'ils reconnaissent qu'ils ne sont que des envoyés de D.

Le midrach (Béréchit rabba 50,9) nous informe que ces anges ont été gravement punis par un repoussement de leur proximité avec D. dans le Ciel, durant 138 ans, et ce pour avoir voulu jouir un court instant du pouvoir qu'ils ont ramené sur eux.

Selon Rabbénou Béhayé, ces anges sanctionnés n'ont plus accompli de mission de D. sur terre depuis la destruction de Sédom jusqu'au rêve de l'échelle de Yaakov (il s'est écoulé 138 ans entre ces 2 événements).

Lorsque Yaakov quitte Israël pour aller chez Lavan, Hachem envoie ces mêmes anges : "Et voici des anges de D. (Elohim) montaient et descendaient" (Vayétsé 28,12)

Ils sont remontés dans le Ciel après la destruction de Sédom, et ils redescendaient maintenant pour Yaakov après une longue période d'interdiction de mission par D. (138 ans!), dans son attribut de justice (Elohim).

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[le Eitz Yossef explique ainsi les 138 années : Its'hak est né un an après la venue des anges chez Avraham et Sarah. Its'hak a eu Yaakov à l'âge de 60 ans. Yaakov a reçu les bénédictions de son père Its'hak à 63 ans, et ensuite il a passé 14 années à la yéchiva de Chem et Ever.
Ainsi, le calcul est de : 1+60+63+13=138]

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-> Une autre explication est qu'ils ont révélé les plans d'Hachem.
En effet, Hachem voulait garder secret son plan de détruire Sedom, et les anges l'ont révélé à Loth et à sa famille.
Les anges auraient simplement dû leur dire de s'enfuir de Sedom sans leur en donner la raison.

=> Sachant que la destruction était très imminente, pourquoi cela est-il considéré comme une faute si terrible, au point qu'ils ont été empêchés de servir Hachem au Ciel pendant 138 années?

Le rav 'Haïm Efraïm Zeitchik répond que lorsque les anges ont révélé à Loth et à sa famille que Sedom allait être détruite, ils leur ont ajouté un moment supplémentaire de détresse. Ils ont souffert de cette mauvaise nouvelle quelques moments avant qu'elle ne se produise.
Cette souffrance n'était pas incluse dans le décret d'Hachem, et c'est sur cela que les anges ont été punis (cette souffrance supplémentaire).

=> Cela doit nous renforcer dans l'idée qu'aucune souffrance ne nous arrive sans un décret d'Hachem pour notre bien ultime.
Le rav Elimélé'h Biderman dit que Hachem fait toujours preuve de miséricorde, en réduisant énormément la punition que nous devons recevoir.
==> Avoir en tête que pas un gramme de souffrance ne nous arrive par hasard (sans décret précis de D.), et que Hachem nous diminue énormément de chez énormément ce que nous aurions normalement dû avoir, doit nous donner énormément de joie et de tranquillité sur notre sort.

"Avraham s'avança et dit : "Vas-tu anéantir le tsadik avec le racha?" (Vayéra 18,23)

-> Le rav Sim'ha Bounim de Peshischa (Kol Sim'ha - Vayéra 18,19) observe que la requête d'Avraham en faveur des réchaïm de Sodome, aussi dramatique et inspirante qu'elle ait été, semble avoir été un exercice futile. Il a proposé que son accomplissement durable soit d'établir la position du tsadik comme celui qui peut défier et opposer son veto à la volonté du Ciel, pour ainsi dire.

Le Imré Emet suggère que la prière d'Avraham portera ses fruits dans un avenir lointain, lorsque Hachem restaurera et repeuplera les terres désolées de Sodome, comme l'a prédit le prophète Yé'hezkel.
[ "Et J'assurerai leur retour de captivité, le retour de Sodome et de ses filles et le retour de Samarie et de ses filles, et le retour de tes captifs au milieu d'elles" (Yé'hezkel 16,53) ]

"Je vais descendre et voir : s'ils agissent selon sa clameur qui M'est parvenue, alors [ce sera] destruction!" (Vayéra 18,21)

-> Le 'Hidouché haRim explique que la "descente" d'Hachem décrite ici n'est pas simplement une représentation anthropomorphique de Sa conscience des crimes de Sodome.
Au contraire, l'examen approfondi de Sodome par Hachem (pour ainsi dire) a généré une manifestation et une perception accrues de Sa Présence dans cette ville.
Cette atmosphère élevée était en quelque sorte une épée à double tranchant. D'une part, elle a suscité au sein de la population de forts sentiments religieux qui auraient pu être mis à profit pour obtenir le repentir.
D'autre part, le fait qu'ils n'aient pas profité d'une telle opportunité a été un affront flagrant à Dieu et a scellé leur destin à l'anéantissement.