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La montée des eaux

+++ La montée des eaux :

"Le serviteur courut à sa rencontre et dit : "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau de ta cruche" ('Hayé Sarah 24,17)

-> Rachi commente : "Eliézer a vu l'eau monter vers (Rivka)".
La Torah ne nous dit pas ce qui a poussé Eliézer à courir vers Rivka, et par conséquent, la raison devait être si évidente qu'elle n'avait pas besoin d'être mentionnée.
Après tout, il est courant que l'eau monte vers les personnes vertueuses, comme c'est le cas pour Avraham, Yaakov et Moché (Rachi - Vayéra 21,30 & Chémot 2,20). La raison pour laquelle cela se produit est la bénédiction divine qui suit le sillage des justes. Cette bénédiction infuse l'eau à sa source, augmentant son débit et la faisant monter.

La première mention de ce phénomène, l'eau s'élevant vers un tsadik, remonte à une dispute entre Avraham et Avimélé'h au sujet de la propriété d'un puits (Rachi - Vayéra 21,30. Les deux hommes se mirent d'accord sur le fait que celui pour qui le puits montait était son véritable propriétaire.
Il est toutefois interdit de s'appuyer sur des miracles (Pessa'him 64b), et il doit donc y avoir une explication naturelle à ce phénomène. L'explication est la suivante : Une étendue d'eau imprégnée de la bénédiction divine s'écoule plus puissamment de sa source, ce qui la fait monter.
Avraham remarqua que le puits n'avait pas un débit normal alors qu'il était contrôlé par les bergers d'Avimélé'h. Cela devait être dû au fait que le puits avait été volé à Avraham, et qu'un objet volé est dépourvu de la bénédiction divine.
Avraham savait que lorsque le propriétaire légitime du puits s'en approcherait, son débit normalement fort serait rétabli, et cela prouverait sa propriété.
[Maharal - Gour Aryé]

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=> Il est naturel que l'eau monte vers les justes parce que la bénédiction divine suit toujours leur sillage.
Une étendue d'eau infusée par la bénédiction divine aura un fort débit à partir de sa source, ce qui la fera s'élever. Ainsi, la montée de l'eau vers Avraham et Rivka n'était pas un miracle, en fait, on aurait même pu s'y attendre.

Les 3 bénédictions de nos Matriarches

+ Les 3 bénédictions de nos Matriarches :

"Its'hak la conduisit dans la tente de Sarah sa mère ; il épousa Rivka, elle devint sa femme et il l'aima ; et Its'hak se consola de sa mère" ('Hayé Sarah 24,67)

-> Rachi commente : "Lorsque Rivka arriva dans la tente de Sarah, elle devint semblable à la mère [d'its'hak], Sarah. Du vivant de Sarah, la lampe restait (miraculeusement) allumée d'une veille de Shabbath à l'autre, il y avait une bénédiction dans la pâte ('halla), et la nuée planait au-dessus de la tente. Ces bénédictions ont cessé lorsqu'elle est morte, mais elles ont été rétablies à l'arrivée de Rivka".

Ces 3 bénédictions correspondent aux 3 mitsvot réservées aux femmes : la 'halla, l'allumage des bougies et la pureté familiale. Hachem a donné aux femmes 3 mitsvot spéciales qui correspondent aux 3 composantes principales de l'être humain : l'intellect, le corps et l'esprit.

La mitsva d'allumer des bougies correspond à l'intellect, et la flamme symbolise la Torah. Par le mérite de cette mitsva, les femmes sont récompensées par des fils qui éclairent le monde de leur Torah (guémara Shabbath 23b).

La mitsva de séparer la 'halla de la pâte correspond au corps physique. Le corps humain est analogue à la pâte, comme l'enseigne le midrach (Vayikra rabba 15) qui dit que lorsque Hachem a créé Adam, "Il a pétri la terre comme un boulanger pétrit la pâte". Cette mitsvat aide la femme à atteindre la perfection physique.

La mitsva de la pureté conjugale permet à une femme d'atteindre l'achèvement spirituel, car "le sang est l'âme" (adam ou anéfech - Réé 12,23).

Ces 3 mitsvot n'amènent pas seulement une femme à la perfection intellectuelle, physique et spirituelle, mais elles apportent également la présence divine dans le foyer.
Sarah et Rivka étaient très assidues dans l'accomplissement de ces mitsvot, et elles reçurent les 3 bénédictions constantes : la lampe qui restait miraculeusement allumée d'un Sabbath à l'autre, la bénédiction dans la pâte, et la nuée qui planait au-dessus de sa tente.
[Maharal - Gour Aryé]

La mort des justes & la mort des réchaïm

+ La mort des justes & la mort des réchaïm :

"Et voici les années de la vie d'Ichmaël : 100 ans, 30 ans et 7 ans ; il expira et mourut et fut réuni à son peuple" ('Hayé Sarah 25,17)

-> Rachi nous dit : "Le terme guévia - effacement/disparition (comme dans vayig'va - וַיִּגְוַע - il expira) n'est utilisé que pour les justes".
Guévia implique un effacement complet. Ce terme est utilisé pour la mort des justes (tsadikim) parce que le corps d'un juste (tsadik) est complètement effacé à sa mort. Cela permet à l'âme de se détacher proprement du corps et de se diriger vers sa récompense ultime dans le monde à Venir.
Lorsque le terme guévia est utilisé de cette manière, il est associé au terme "assifa" (rassemblement), car lorsque le corps est effacé, l'âme est simultanément rassemblée pour être avec Hachem.

Comme "guévia" signifie effacement, ce terme n'est généralement pas utilisé pour décrire la mort des fauteurs. Le corps d'un fauteur n'est pas complètement effacé à sa mort, parce qu'il a passé sa vie à rechercher le plaisir physique. Cela a entaché son âme de la tache de la matérialité, et en tant que telle, l'âme ne peut pas se détacher proprement du corps à sa mort.
Ce n'est qu'après avoir subi un processus de purification dans le Guéhinam que le fauteur peut se débarrasser des traces de son corps physique, ce qui permet à son âme de s'en détacher complètement.

Cependant, la Torah utilise parfois le terme guévia en référence aux réchaïm, comme dans le cas des victimes du Maboul (Rachi - Noa'h 7,12).
Lorsque le terme guévia est utilisé pour les réchaïm, il prend une connotation différente : non seulement l'effacement du corps, mais aussi l'effacement de l'âme.
L'âme de certains réchaïm est complètement anéantie lorsqu'ils meurent parce qu'elle a été contaminée de manière irrémédiable. Leur recherche excessive du plaisir physique empêche leur âme d'être purifiée de la contamination causée par leurs excès, ce qui les empêche de prétendre à une part dans l'autre monde.

Pour les réchaïm, le terme guévia n'est pas utilisé avec le terme d'accompagnement, d'assifa, parce que leurs âmes ne sont pas rassemblées au Gan Eden à la manière des justes (tsadikim), mais sont plutôt détruites.
Le terme guévia n'a été utilisé que pour décrire la mort des victimes du Déluge (Maboul) parce qu'elles ont perdu leur part dans le monde à Venir (Sanhédrin 11,3) et que les eaux destructrices du Déluge ont anéanti leur corps et leur âme pour l'éternité.
[Maharal - Gour Aryé]

Celui qui a honte et ne réagit pas mérite de recevoir davantage la Torah

+++ Celui qui a honte et ne réagit pas mérite de recevoir davantage la Torah :

"Michma, Douma, Massa ; Hadad, Téma, Yetour, Nafich et Kédma" ('Hayé Sarah 25,14-15)

-> Le 'Hida (séfer Pné David) explique ces versets (qui énoncent les noms des fils de Yichmaël) :
"Michma" = si quelqu'un entend (choméa) que son ami lui a fait honte.
"véDouma" = et il reste silencieux.
"ouMassa" = il porte le fardeau (d'avoir été humilié et de ne pas avoir réagi).
" 'Hadad" = Il deviendra plus pointu/aiguisé ('had) dans la Torah.
"véTéma" = il sera capable de dire les raisons de la Torah (taamim).
"Yétour, Nafich véKédma" = il gardera les mitsvot comme lorsqu'elles ont été données par au don de la Torah (mikedem - comme dans le passé).

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-> Le 'Hida ajoute que cela est évoqué dans la prière que nous récitons à la fin de la Amida : "Elokaï nétsor" (Mon D., protège ma langue du mal ... et à ceux qui me maudissent, que mon âme se taise).
"Michma véDouma" symbolise ce message. "Et que mon âme soit comme de la terre pour tous" est symbolisé par "ou'Massa" qui indique que l'on porte un fardeau de honte comme la terre porte tous ceux qui la foulent.
"Ouvre mon cœur avec Ta Torah" est en corrélation avec " 'Hadad véTéma", qui signifie être aiguisé dans la Torah et être capable de dire plus de 'hidouché Torah.
"Et après Tes mitsvot, que mon âme court" est indiqué par "Yétour, Nafich", ce qui signifie que l'âme (néfech) désire (davantage) accomplir toutes les mitsvot.

La Torah nous protège

Je ne mangerai pas avant d'avoir prononcé mes paroles" ('Hayé Sarah 24,33)

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
Il semble tout simplement que la raison pour laquelle Eliézer ne voulait pas manger avant de parler est qu'Eliézer comprenait certainement que ces gens étaient des réchaïm. Il soupçonnait sans doute qu'ils tenteraient de le tuer en empoisonnant sa nourriture, ce qui fut effectivement le cas.
[selon le midrach (Léka'h Tov 24:3), Bétouel s'opposa au mariage et complota pour tuer Eliézer en empoisonnant sa nourriture. ]

C'est pourquoi Eliézer dit : "Je ne mangerai pas tant que je n'aurai pas dit ce que j'ai à dire".
Son intention était que le repas ne soit servi qu'après qu'il ait conclu ses paroles, qui étaient des paroles de Torah. Comme le disent nos Sages (midrach Béréchit rabba 60,8) : "la conversation des serviteurs des Patriarches est plus appréciée par D. que les paroles de Torah prononcées par les descendants des Patriarches."
[Rachi (v24,42) explique : "car le récit d'Eliézer est répété dans la Torah [d'abord tel qu'il s'est produit, puis tel qu'Eliézer l'a raconté à la famille de Rivka], alors que de nombreux éléments [juridiques essentiels] de la Torah n'ont été donnés [par D. par l'intermédiaire de Moshé] que sous forme d'allusions." Ainsi, les paroles d'Eliézer possédaient tous les mérites de véritables paroles de Torah (ou même plus). ]

De cette façon, il serait protégé du danger par le mérite des paroles de Torah qu'il a prononcées avant le repas.
Et c'est effectivement ce qui s'est passé. Un ange vint échanger l'assiette empoisonnée d'Eliézer avec celle de Bétouel, et Bétouel "tomba dans la fosse qu'il avait creusée" (Téhilim 7,16) pour Eliézer, c'est-à-dire qu'il mourut du poison.

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=> L'épisode d'Eliézer à 'Haran est un exemple d'à quel point l'étude de la Torah nous protège de tout danger.

J’ai confiance, donc je vis!

+++ J'ai confiance, donc je vis!

"Voici les années la vie de Sarah" = un homme qualifié de "vivant" est un homme qui ne s'inquiète d'aucune situation et est heureux en toute circonstance!" [grâce à sa confiance en Hachem]
C'est à ce propos que la Torah dit : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
[Beit Avraham - 'Hayé Sarah]

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"La vie de Sarah fut (vayiyou 'hayé Sarah ) de 127 années, ainsi fut la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi : "Toutes (ses années) furent égales en bien".

-> Le 'Hida fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) peut se lire à l'endroit comme à l'envers.
C’est une allusion au fait que Sarah accepta tous les événements de sa vie avec amour et joie, même lorsque celle-ci se déroulait ''à l'envers'', autrement dit à l'encontre de sa volonté personnelle.
Elle conserva toujours la même conviction qu'Hachem se trouve à ses côtés à chaque instant, à chaque époque, en toute circonstance, et qu'Il prodigue du bien à tous. Toutes ses années furent équivalentes en bien avec la même certitude que tout ce qu'Hachem accomplit est bénéfique.
Même si, momentanément, un évènement peut sembler malheureux, il finira par s'avérer être un bienfait et une bénédiction.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
l'enseignement que l'on peut en tirer est qu'il est impossible de traverser ce monde sans se tenir au pilier de la émouna, comme l'exprime le prophète ('Habakouk 2,4) : "Le juste vivra par sa émouna".
Car celui qui n'a pas encore mérité de jouir de la lumière de la émouna ne perçoit dans son existence que peine et souffrance. Car son cœur s'irrite à chaque évènement, qu'il soit le fait du Ciel ou des hommes. En toute circonstance, il se ronge le cœur en regrettant son attitude, de s’être provoqué à lui-même un préjudice physique, moral ou financier, à cause d'une ''erreur''. Il pense que s'il avait agi autrement, la chose ne serait pas arrivée à cause de lui (bien entendu, tout cela n'est que le fruit de son imagination et ne traduit pas la réalité).
En outre, il est constamment obnubilé par la peur du lendemain, s’investit de tout son être dans la poursuite effrénée de l'argent, et fournit des efforts démesurés dans tous les domaines matériels afin d'assouvir ses besoins physiques.

En revanche, heureux est l'homme qui place sa confiance en Hachem et reconnaît qu’Il est la source de tous les événements passés, présents et futurs, qu’Il nourrit et pourvoit aux besoins de toutes les créatures, et que personne ne peut lui causer le moindre préjudice sans décret Divin préalable. Cet homme lui-même ne peut se faire de dommage ou gagner ne fût-ce qu'un centime de plus que ce qui a été décidé à son égard.
Dès lors, son existence n’est que joie, sérénité et tranquillité. Il est heureux et nullement tourmenté par ses efforts personnels pour subvenir à ses besoins.
[ainsi, quand la Torah nous demande : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19), elle nous demande grâce à notre émouna en Hachem, d'en arriver à ne pas s'inquiéter et à vivre dans la joie en toute circonstance. ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit également :
Il faut savoir que surmonter une épreuve dans une période de difficultés et d’obscurité est ce qui permet à l’homme de s’élever au plus haut point.
L’un des tsadikim de notre époque explique d’après cela le verset : "Avraham se leva de devant son mort (Sarah)" ('Hayé Sarah 23,3) en se référant au commentaire de Rachi d’un autre verset employant le même terme hébraïque.
"Ainsi fut levé (acquis) le champ de Efron" ('Hayé Sarah 23,17). Rachi explique que ‘son champ subit une élévation en passant du domaine ordinaire au domaine du roi (Avraham)’.
Ici aussi ("Avraham se leva"), on expliquera donc que Avraham subit une élévation spirituelle à la suite de la mort de Sarah, car il prit conscience alors qu’elle ne survint que pour l’éprouver et le faire grandir. Et même si elle ne lui semblait être qu’un malheur, elle lui fut bénéfique.

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-> Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) a une valeur numérique de 37, allusion au fait que l'essentiel des années de la vie de Sarah furent les 37 ans qui s'écoulèrent depuis le jour de la naissance de Its'hak, alors qu'elle était âgée de 90 ans jusqu'à sa mort à l'âge de 127 ans.

=> Comment peut-on dire que toutes les années de la vie de Sarah furent équivalentes en bien lorsque la majorité de son existence fut remplie de souffrances et de peines?

-> Le rabbi de Pchevorsk y répond ainsi :
les mots de Rachi : "koulan chavin létova" (toutes égales pour le bien - כֻּלָּן שָׁוִין לְטוֹבָה), ont des initiales qui forment le mot : "chékhél" (l'intelligence - שכל), allusion au fait qu'en vivant avec sagesse et discernement, on peut parvenir à "bien" vivre même les années difficiles. Et dans ce domaine, la plus grande des sagesses est d'avoir la foi dans l’existence d’un Créateur qui dirige le monde et dans le fait que tout ce qu'Il accomplit est fondé.
[en ce sens, une des plus grandes qualités est d'être "tamim" avec Hachem, dans le sens d'aborder la vie avec simplicité (puisse que rien ne peut arriver sans décret d'Hachem pour notre bien final). En voulant être trop intelligent, trop malin, ... alors on s'attire bien des soucis. Pour la belle vie, c'est la émouna! ]

-> Le 'Hazon Ich enseigne :
Tout le monde doit traverser ce monde. Certains le font avec le sourire, tandis que d'autres le font dans la tristesse, les larmes.
Nous avons tous la possibilité de vivre dans le rire, tout dépend de la façon dont nous abordons la vie.

-> A un mariage sous la 'houpa, le 'hatan brise un verre et on lui souhaite immédiatement : "Mazal Tov!" Comment comprendre le lien existant entre ces 2 choses?
L'Admor Ra'hmistrivka explique : c'est que l’on veut en fait nous enseigner que même si [dans ta vie] "un verre s'est brisé", on doit encore proclamer "Mazel Tov'' à voix haute et se réjouir.

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-> b'h, également sur la notion de Sarah & émouna : https://todahm.com/2020/12/27/29765

La valeur essentielle d’une mitsva dépend des efforts que nous y investissons

+ La valeur essentielle d'une mitsva dépend des efforts que nous y investissons :

"Elle remplit sa cruche et monta ... Le serviteur courut à sa rencontre" ('Hayé Sarah 24,16-17)

-> "Parce qu'il vit que l'eau montait vers elle" (Rachi au nom du midrach Rabba 60,5)

-> Le Ramban explique que Rachi, semble-t-il, déduit cette explication du fait qu'il n'est pas écrit dans le verset : "elle puisa et elle remplit", mais : "Elle remplit sa cruche et monta".
Le Ramban dit : "On lui fit un miracle, la première fois, parce qu'après, il est écrit : "Elle puisa" (verset 20)".
Cela signifie qu'après qu'Eliézer lui eut demandé : "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau" et qu'elle l'abreuva, Rivka lui dit : "Pour tes chameaux aussi je puiserai de l'eau". Elle courut alors vers le puits pour la puiser, et à ce moment-là, l'eau ne monta pas vers elle, mais : "Elle puisa pour tous les chameaux", ce qui veut dire qu'elle le fit elle-même.

=> Pourquoi, en vérité, Hachem ne fit-Il pas à la tsadéket Rivka le même miracle que la première fois, afin de lui épargner d'avoir à puiser de l'eau?

-> Le Kédouchat Lévi répond :
Au début, avant qu'Eliézer ne demande à boire, elle avait l'intention de puiser pour elle-même et non pour accomplir une mitsva (puisqu'il ne lui avait encore rien demandé) ; pour cette raison, elle bénéficia d'un miracle et l'eau monta vers elle afin qu'elle ne soit pas obligée de la puiser.
Cependant, ensuite, elle revint au puits afin de prodiguer du bien aux chameaux ; c'est la raison pour laquelle l'eau ne monta pas, cette fois-ci, jusqu'à elle. Car, au contraire, une mitsva a d'autant plus de valeur qu'elle est accomplie avec peine et effort.

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-> Lorsque les trois anges se trouvèrent chez Avraham, l'un d'entre eux lui dit : "Je reviendrai à toi, comme à présent (kaét 'haya - כעת חיה) ,et ta femme Sara aura un fils" (Vayéra 18,10).
Le Séfer Hapardess (attribué à Rachi) fait remarquer que l'on ne trouve nulle part mentionné qu'un ange revint chez Avraham. Et, dès lors, où voit-on que ses paroles se réalisèrent?

Il répond en expliquant que l'intention de l'ange en disant : "kaét 'haya" (כעת חיה - litt. "comme au moment vivant") était d'annoncer à Avraham qu'il reviendrait à un moment où Its'hak aurait besoin d'une vitalité renouvelée, c'est-à-dire au moment du sacrifice, où l'ange revint pour le sauver.
Et en effet, il est écrit plus loin : "L'ange d'Hachem l'appela du Ciel et lui dit : 'Avraham, Avraham!', et il répondit : 'Me voici' ; et il lui dit : 'Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais pas le moindre mal!'". Et il s'agissait alors du même ange qui lui avait dit : "Je reviendrai à toi".

Il en résulta finalement que le mérite d'Avraham, qui se sacrifia entièrement pour accueillir ses invités/anges, alors qu'il était faible, 3 jours après sa circoncision et qu’il faisait très chaud, fut celui qui, plus tard, permit de sauver son fils Its'hak.

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-> Le rav Eliémél'h Biderman enseigne :
"Telle est la volonté d'Hachem : si un homme se sacrifie pour accomplir précisément ce qui est difficile pour lui (et chacun sait pertinemment ce qui l’est pour lui) en l'honneur d'Hachem, lui aussi méritera la délivrance et la miséricorde Divine dans le domaine où il en a besoin."

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[ ainsi, il existe une manière 'minimale' de faire une mitsva selon la loi juive, mais nous passons alors à côté de ce que nous pouvons réellement obtenir en l'accomplissant.
En effet, l'essentiel de la valeur d'une mitsva provient de l'effort que nous avons pu investir pour la faire.
(ainsi lorsque c'est dur, ce n'est pas que Hachem ne nous aime pas, que ce n'est pas fait pour nous, ... mais plutôt que Hachem [qui sait ce dont nous sommes réellement capables] nous envoie une occasion d'encore plus se rapprocher de Lui par la mitsva, d'encore plus produire de mérites pour nous, nos proches, tous les juifs, ... et cela pour l'éternité).
On peut y ajouter le fait d'avoir une kavana, de la réaliser avec joie, ...
L'essentiel est d'embellir nos mitsvot dans notre intériorité (ex: joie, intention), et dans une autre mesure de le faire dans sa réalisation extérieure (ex: en ayant une belle table/habit pour Shabbath, ...). ]

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-> "Or Its’hak revenait de visiter la source du Vivant-qui-me-voit" (24,62).

Rabbi Enikh Alexander pose la question : "D'où provient la joie qu’éprouve un homme?"
De "la source du Vivant-qui-me-voit", car lorsqu’une personne est convaincue que Hachem la dirige à chaque instant, que même si elle se trouve, pour l’heure, sur la terre aride et désolée du (désert) du Néguev, démunie de tout, Il la protège, L'observe constamment, ce sentiment lui procure de la joie.

[Le nom ''Its'hak'' suggère la joie puisqu'il a été ainsi nommé, pour donner suite à l'exclamation de Sarah : "Ts'hok Assa Li Elokim" (D. m'a donné une joie - Vayéra 21,6)]

-> Le rabbi d'Alexander explique ce pasouk en disant qu'il est connu qu'une personne qui reconnaît qu'Hachem supervise toujours tout ce qu'elle fait sera naturellement heureuse. Ainsi, le verset dit : "véIts'ha ba". Le bonheur vient à une personne. (Le mot "Its'hak" représente le bonheur et le rire, comme le montre Vayéra 21,6).
D'où vient ce bonheur? De "Bé'er la'haï Ro'i" = une personne atteint cette joie lorsqu'elle reconnaît qu'Hachem la regarde. (Même si une personne "habite dans le pays du Néguev", c'est-à-dire un endroit sec, désertique et désolé, et qu'elle ne possède rien, Hachem la surveille toujours.
Lorsque l'on sait cela, on est heureux. En effet, celui qui sait qu'il est constamment surveillé par Hachem (et sous Sa Providence Divine) sera toujours joyeux.

Etre convaincu que sa subsistance provient d’Hachem

+ Etre convaincu que sa subsistance provient d'Hachem :

"L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux ; on apporta ... et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient" ('Hayé Sarah 24,32)

-> "La toilette des serviteurs des patriarches est plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants" (midrach Béréchit rabba 60,5).

=> Quelle importance cette toilette a-t-elle pour être écrite dans la Torah, et plus encore, pour être considérée comme supérieure à la Torah des fils de nos patriarches?

-> Le Arougot Habossem explique que "les pieds" que l’on cite dans le verset font allusion aux efforts personnels de l'homme pour obtenir sa subsistance (hichtadlout).
Or, si certes, l'homme est tenu et a reçu le commandement de faire une hichtadlout, cependant, il est également tenu parallèlement d’être absolument convaincu que tout ce qu'il reçoit lui vient du Ciel et, en aucune façon, de son hichtadlout. Et de même qu'il existe un concept de "Avak Ribit" (la "poussière" de la défense du prêt à intérêt (cf. guémara Baba Metsia 61b)), ou bien encore de "Avak Lachon Hara" (la "poussière" de médisance (cf. guémara Baba Batra 165a)), il existe également celui de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie [ex: le culte de soi-même, du "moi je/j'ai"]).
"La poussière des pieds" évoquée ici y fait allusion : elle consiste à mettre sa confiance dans son hichtadlout (symbolisée par les "pieds") et à penser que c'est elle qui permet de faire des profits.
C’est oublier qu’elle n'est en fait qu'une condition imposée par le Créateur et que la subsistance elle même provient de "Sa main tendue et grande ouverte".

-> Ceci permet de comprendre pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez, de grâce, un peu d'eau et rincez vos pieds" (Vayéra 18,4).
Rachi explique : "Il pensa qu'ils étaient des commerçants arabes qui se prosternaient à la poussière de leurs pieds", ce qui suggère que ces ''commerçants'' croyaient, certes, en Hachem mais pensaient néanmoins que leur hichtadlout dans leur commerce (symbolisée par les "pieds", comme précédemment) les aidait à subvenir à leurs besoins.
En cela ils transgressaient donc l'interdiction de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie). C'est pourquoi Avraham les envoya se laver de cette faute pour qu'ils prennent conscience et sachent désormais que tout leur venait du Ciel.

-> Ce fut aussi pour la même raison qu'Eliézer eut besoin "d'un peu d'eau pour rincer ses pieds et ceux des gens qui étaient avec lui" ('Hayé Sarah 24,32) = comme ils venaient, en effet, d'investir leurs efforts afin de trouver un parti pour Its'hak, ils risquaient de penser que c'était grâce à cette hichtadlout qu'ils étaient parvenus à trouver Rivka.
Par conséquent, ils se dépêchèrent de "rincer leurs pieds", afin de rester convaincus que ce n’étaient pas leurs ''pieds'' (leur hichtadlout) qui les avaient fait réussir, mais uniquement Hachem.
=> C'est cette "toilette" que nos Sages qualifient de "plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants'' (midrach Béréchit rabba 60,5).

-> Le Arougot haBossem conclut :
"Tirons de cela une leçon de morale dans tous les domaines du service Divin : si ce n’était l’aide donnée par Hachem, l'homme ne serait même pas en mesure de lever le petit doigt. Dès lors, il n'a aucune raison de s'enorgueillir, car tout vient de Lui!"

Le Arougot Habossem explique, d'après ce qui précède, un verset du prophète : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem, et dont Hachem est l'espoir" (Yirmiyahou 17,2).
Cette apparente répétition vient suggérer que la véritable confiance en D. (bita'hon) consiste à mettre entièrement sa confiance en D. sans penser que son hichtadlout a une part quelconque dans la réussite de ses entreprises.
L'homme doit être persuadé que toutes ses actions, son empressement et ses efforts, ne sont que vains et néants, et que tout n'est que le fruit de la parole Divine. C'est pourquoi le verset précise : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem", et ajoute aussi : "et dont Hachem est l'espoir", pour exclure celui qui, tout en ayant confiance en Hachem, compte également sur l'empressement de ses actions.

A l'opposé, il est écrit dans le même chapitre du prophète Yirmiyahou (verset 5) : "Maudit soit l'homme qui place son espoir dans un être humain" = cela ne signifie pas seulement un autre être humain, mais inclut aussi l'homme lui-même, celui qui croit dans sa propre force et dans l'œuvre de ses mains, en pensant qu'ils sont la source des bienfaits et de la bénédiction dont il jouit, et qui ignore que tout provient du Hachem.

-> Cette explication rejoint celle du Malbim au sujet de la suite du même verset : "et qui prend pour appui un être de chair " (Yirmiyahou 17,5) = cela évoque celui qui pense que c'est la force "naturelle" du corps qui met sa chair en mouvement, et qui ne se rend pas compte que même les mouvements de sa propre chair ne sont possibles que grâce à la volonté d'Hachem.
Un tel homme ne peut donc voir aucun signe de bénédiction dans ses entreprises.

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-> "Hachem se montra favorable à Hével, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable" (Béréchit 4,5).

Le 'Hafets 'Haïm explique que Caïn (קַיִן) porte ce nom parce que Eve s'exclama (à sa naissance) : "J'ai (pro)créé (kaniti - קָנִיתִי) un homme [conjointement] avec Hachem" (Béréchit 4,1), ce qui suggère qu'elle créa Caïn avec Hachem et qu'elle fut même son associée dans cette entreprise. C’est pour cette raison que la réussite ne lui sourit pas.
En revanche, le nom "Hével" se réfère au fait de considérer les choses de ce monde comme vaines ("ével avalim" : "vanité des vanités"), autrement dit de prendre conscience qu'il n'y a pas lieu de s'enorgueillir (puisque tout dépend d'Hachem). Ce fut pour cela qu'Hachem le choisit.

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-> Le 'Hazon Ich dit :
"il faut savoir qu'en ce qui concerne la subsistance, ce qui inclut l'argent destiné aux yéchivot, tout a déjà été fixé à Roch Hachana. Seulement, dans la mesure où Hachem nous a donné un devoir d'hichtadlout, celui qui le négligerait pourrait se le voir reproché.
Néanmoins, il semble qu'à propos d'une telle hichtadlout, le Ciel n’aurait rien à reprocher si on s'en s'abstenait".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente ces paroles :
cela signifie que, même si l'homme est tenu d'agir pour obtenir sa subsistance, il est cependant évident que ce ne doit pas être au détriment de la qualité de ses relations avec autrui, ou sur le compte d'un cours régulier de Torah, ou de la prière avec un Minyan, écourtée pour les besoins de la cause.

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-> b'h, également sur la notion de hichtadlout : https://todahm.com/2019/10/02/10637-2

Eliézer, le serviteur d’Avraham

+++ Eliézer, le serviteur d'Avraham :

"Il [Eliézer] dit : je suis le serviteur d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

-> Lorsque Loth et Avraham se séparèrent, Avraham nomma Eliézer administrateur sur tous ses biens et ses serviteurs.
Eliézer était le fils de Nimrot, fils de Kouch frère de Canaan, fils de 'Ham, fils de Noa'h.
Quand Avraham sortit vivant de l'épreuve de la fournaise ardente, Nimrod lui donna son fils Eliézer comme serviteur.
[comme l'a fait Pharaon en donnant comme esclave sa fille Hagar, comme il est écrit : "Mieux vaut pour ma fille être servante dans la maison d'Avraham que princesse dans une autre maison" (midrach Béréchit rabba 45,2).]

Cependant Eliézer était le descendant d'un peuple maudit, c'est la raison pour laquelle Avraham refusa catégoriquement d'unir la fille d'Eliézer avec son fils Its'hak comme il lui dit : "Mon fils est béni et tu es maudit ; le maudit ne s'unit pas avec le béni" (Rachi - 'Hayé Sarah 24,39).

=> Pourtant, lorsqu'Eliezer se rendit chez Lavan, celui-ci l'accueillit et lui dit : "Viens béni de d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31)?
Comment Lavan pouvait-il appeler Eliezer " béni d'Hachem" , alors qu'il portait sur lui le témoignage de la malédiction?

-> En effet, il est à noter que :
A l'époque il était su que toute personne ayant une couleur de peau noire était forcément un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père Noa'h. [midrach haGadol 19,8]
Le guémara (Sanhédrin 108a) nous enseigne : "Ils sont trois à avoir enfreint l'ordre d'Hachem de se séparer de leur compagne durant tout le séjour dans l'arche : le chien, le corbeau et 'Ham le fils de Noa'h. Pour cette action perpétrée dans le noir, 'Ham fut puni mesure pour mesure. Il sortit de l'arche la peau noire et tous ses descendants resteront à jamais avec la peau noire."

-> Le rav Beniahou explique que dans les mondes supérieurs, la décision fut prise qu'Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, soit accepté au sein du peuple élu à la condition qu'il serve Avraham notre patriarche fidèlement et avec foi.
Lorsqu'il arriva chez Lavan afin de prendre Rivka d'après les instructions de son maître, Lavan lui dit : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ?
Nous apprenons qu'il retira tous les objets de culte d'idolâtrie, car Lavan était très riche et avait une grande maison qui disposait d'une pièce entièrement consacrée à cet effet. Il élimina toute trace d'idolâtrie en l'honneur d'Eliezer qui était un très grand juste.
Cette étape entraîna la réparation le "tikoun" (réparation) d'Eliezer. Ce n'est pas anodin si Eliezer qui avait la peau noire, rencontra Lavan, qui signifie littéralement "blanc". Car à ce moment-là, la peau d'Eliezer devint blanche.

[Des sages enseigne qu'un ange est venu et a mis ces paroles dans la bouche de Lavan.
Certains avis soutiennent qu'avant de s'appeler Lavan, son nom était Kouchan Réchatim, il fut appelé Lavan après sa rencontre avec Eliezer qui est devenu blanc.
D'autres avis soutiennent que son nom était Bilam avant de devenir Lavan après sa rencontre avec Eliezer. ]

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=> Si Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, fut accepté parmi le peuple élu de D., comment cela se traduisit-il concrètement?

-> Le Arizal explique qu'Eliezer se réincarnera en Kalev ben Yéfouné, l'un des 12 explorateurs envoyés par Moché en terre d'Israël. Lors de sa venue en Israël, kalev ben Yéfouné se précipita à 'Hebron pour prier au caveau de Makhpela et supplier "son maître" Avraham de ne pas tomber dans la faute avec les autres explorateurs.

Avant la naissance d'Itshak, Avraham parla à D. en disant : "Que me donneras-Tu alors que je m'en vais sans postérité et que l'intendant de ma maison est Eliezer de Damas? ... Tu ne m'as pas donné de descendance ; et voici celui qui est né dans ma maison héritera de moi" (Lé'h Lé'ha 15,2-3).
Avraham vit par prophétie qu'Eliezer son fidèle serviteur se réincarnerait quelques générations plus tard en Kalev ben Yéfouné qui héritera de 'Hebron. Et c'est ce que comprit aussi Lavan lorsqu'il parla à Eliezer en ces termes : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison".

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+ b'h, quelques autres enseignements au sujet d'Eliezer :

-> Le Pardes Yossef donne l'enseignement suivant :
"Selon le Pirké déRabbi Eliézer et le midrach Yalkout Chimoni, Eliézer le fidèle serviteur d'Avraham, n'était autre que le géant Og, qui est devenu par la suite le roi de Bachan (Og mélé'h aBachan).
D'après le Rachbam, il était tellement grand, qu'il avait besoin d'un lit spécial fait de fer afin de pouvoir supporter sa taille et son poids incroyables.

On comprend mieux pourquoi Eliézer a demandé à Rivka : "Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous, afin de passer la nuit?" ('Hayé Sarah 24,23).
En effet, il était si immense, qu'il n'était pas certain de pouvoir rentrer dans la maison.
Mais il a été rassuré, lorsque Lavan lui a dit : "Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31) = maintenant qu'elle est vide, il y a de la place pour toi! "

[selon Rachi : J’ai nettoyé la maison = De toute idole]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,67) écrit :
En récompense pour l’accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d’esclave.
[D’après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its’hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis.

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-> On l'appelait Daméssek Eliézer car il était "dolé ou machké mi Torat rabo" : il puisait et abreuvait les autres de la Torah d'Avraham.
La guémara (Yoma 28b) dit même qu'il était à la tête de la yéchiva (roch yéchiva) dans la maison d'étude d'Avraham.

-> L'expression : "qui était maître de tout ce qui lui appartenait" ('Hayé Sarah 24,2), signifie qu'Eliézer, comme son maître Avraham, dominait entièrement son mauvais penchant.
[midrach Béréchit rabba 59,8]

-> Eliézer, jusqu'à ce jour, monte la garde à l'entrée de la caverne de Makhpéla.
[guémara Baba Batra 58a]

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 75a) nous enseignent que pour 3 personnes la terre s'est rétrécie : Eliézer le serviteur d'Avraham, Yaakov notre Patriarche, et Avichaï ben Tsarouya.
D'après le midrach Tan'houma, les explorateurs ont également bénéficié de ce miracle puisqu'Hachem allait les punir à raison d'un jour par année, Il a donc abrégé leur voyage.

Rachi ('Hayé Sarah 24,42) affirme que la terre s'est rétractée pour Eliézer.
De son côté, le midrach (Yalkout Chimoni) nous apprend qu'au lieu de 17 jours de trajet en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage d'Eliézer n'aura duré que 3 heures.

-> Eliézer est l'un des [très] rares individus qui n'est pas mort, mais qui est entré vivant au Gan Eden.
[voir Kalla rabbati chap.3 ; et Déré'h Erets chap.1 de Séder Nézikin]

-> Il est écrit dans le Déré'h Erets Zouta :
10 Justes sont entrés vivants au gan Eden : 'Hanokh, Eliézer le serviteur d'Avraham, Séra'h la fille d'Acher, Batia la fille de Pharaon, le prophète Eliyahou, Eved le roi de Kouch, Hiram le roi de Tyr, Rabbi Yéhochoua ben Lévi, Yavets le fils de Rabbi Yéhouda haNassi, le machia'h.

-> Le Ram'hal enseigne :
"Bien que la purification du corps par l'âme soit l'essentiel de la vie dans ce monde ici-bas ... à cause de la faute d'Adam, toute créature doit passer par l'étape de la mort. [il n'y a aucune possibilité pour une âme de se purifier totalement en ce monde de la faute d'Adam, sans passer par la mort] ...
Si ce n'était à cause de la faute d'Adam, l'âme aurait pu assainir le corps d'une façon complète, au point que l'homme aurait pu entrer vivant dans le monde futur, comme Eliyahou haNavi et 'Hanokh l'ont fait en montant vivants au gan Eden."

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Il est écrit au sujet de 3 personnes, qu'ils avaient un visage ressemblant à celui de Avraham :
- pour Lot (Rachi - Lé'h Lé'ha 13,8) ;
- pour Its'hak (Rachi - Toldot 25,9) ;
- pour Eliézer (midrach Béréchit rabba 60,7). D'ailleurs, c'est pour cela qu'à son arrivée dans la maison de Bétouel et de Lavan, au début, ils pensaient à tort que c'était Avraham.

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+ "Il [Eliezer] dit : Je suis l'esclave d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

La Torah rapporte que quand Eliezer s'est assis avec la famille de Rivka pour leur expliquer le but de sa mission, la première parole qu'il tient à dire c'est : "Je suis l'esclave d'Avraham". Comme s'il était impatient de dire cela au point de ne rien pouvoir dire avant.
=> Cela peut paraître un peu étonnant. Ce n'est pas tellement habituel qu'un homme tienne tellement à dire qu'il est un esclave. Cela ne le met pas à son avantage!

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch rapporte que le midrach enseigne que Eliezer ressemblait physiquement à Avraham. Quand Lavan le vit, il a cru qu'il s'agissait d'Avraham qu'il connaissait puisqu'il était de sa famille.
C'est pour cela qu'il lui dit : "Viens, toi qui est béni d'Hachem", en pensant qu'il parlait à Avraham.
Eliezer, qui avait compris cela, tenait le plus rapidement possible à corriger cette erreur. Et dès que l'occasion de parler lui fut donnée, il s'empressa de préciser qu'il était l'esclave d'Avraham, et pas Avraham lui-même.
Et même si ce n'est pas lui qui a fait croire cette erreur et qu'il n'était pas en faute, malgré tout, le fait que la famille de Rivka puisse penser qu'ils avaient affaire à Avraham, lui conférait un certain honneur, car ils avaient du respect pour Avraham. Et pour Eliezer, il n'était pas possible de profiter d'un honneur illusoire, qui venait d'une erreur. Et il saisit la première occasion pour corriger cela et rétablir la réalité, qu'en fait cet honneur ne lui revient pas.

Parfois, on peut se retrouver face à une situation où quelqu'un nous honore, nous félicite ou nous fait une louange qui n'est pas justifiée. Il commet une erreur pensant que l'on a fait quelque chose qui mérite une louange, mais il s'est trompé.
Non seulement, il ne convient pas de profiter de cette satisfaction illusoire, qui ne nous revient pas, car cela nous égare dans un comportement qui nourrit de l'imaginaire et cela éloigne de la réalité.
Mais Eliezer nous apprend qu'il convient même de s'empresser de corriger cet erreur à la première occasion qui nous est donnée, pour ne pas en tirer profit même pendant une certaine durée.

=> L'homme doit s'éloigner de la recherche des honneurs, encore plus si elles sont illusoires. Il est plus constructif de s'attacher aux vraies valeurs qui nous remplissent profondément, plutôt que de se laisser séduire par des éloges et des paroles mielleuses qui nous bercent d'illusions et ne nous remplissent que de vide.

"Avraham se leva de sur la face de son mort" (vayakom Avraham méal péné méto - 'Hayé Sarah 23,3)

=> A priori le terme : "la face" (péné - פני) est en trop, car il suffirait d'écrire : "Avraham se leva de son mort". Que vient nous apprendre l'ajout du mot : פני (la face)?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (dans son Tiférét Yonatan) répond :
il est expliqué dans le Zohar, que tous les tsadikim qui sont enterrés au caveau de Makhpelah quittèrent ce monde par une "néchika" (un baiser de D.), et non par l'intervention de l'ange de la morts.
[la guémara (Béra'hot 8a) explique que la mort par baiser divin est comparable à un cheveun délicatement enlevé d'un bol de lait.
la guémara (Baba Batra 17b) enseigne que les âmes d'Avraham, Its'hak, de Yaakov, Aharon, Myriam et Moché furent toutes prises par le baiser divin de la néchika. (+ les ajouts selon le rav Eibschutz). La particularité est que c'est Hachem lui-même plutôt que l'ange de la mort qui prend l'âme.]

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=> Puisqu'Avraham enterra Sarah dans le caveau de Makhpelah, il devait forcément savoir que son épouse avait quitté ce monde par un baiser divin.
Comment Avraham a-t-il su que Sarah mourut par un baiser divin et non par l'intermédiaire de l'ange de la mort?

Il est écrit dans le guémara (Avoda Zara 20b) :
"Les Sages dirent à propos de l'ange de la mort qu'il est entièrement couvert de yeux. [ce qui signifie qu'il voit partout, en tout temps, d'un bout à l'autre du monde, contrairement aux êtres humains auxquels il suffit de fermer les yeux pour qu'ils ne puissent plus voir]
Au moment où le malade doit mourir, l'ange de la mort se tient debout au-dessus de sa tête. Ce dernier tient dans sa main une épée à l'extrémité de laquelle une goutte de poison est suspendue.
Lorsque le malade voit l'ange de la mort, apeuré, il ouvre la bouche et y reçoit la goutte de poison, ce qui le fait mourir.
Le poison va le putréfier et sa face va devenir verdâtre."

Avraham scruta "sa face" (פני) après son décès et il vit que son visage rosé rayonnait, comme si elle était encore en vie. Il comprit alors que Sarah avait quitté ce monde par un baiser divin et non par l'ange de la mort.
C'est là le sens du verset : "Avraham se leva de sur la face (פני) de son mort" = c'est précisément en observant le visage de Sarah, qu'il comprit comment elle avait rendu son âme et qu'elle pouvait donc être enterrée dans le caveau de Makhpelah.

De plus, les Commentateurs ajoutent sur le verset : "Et Sarah mourut à Kyriat Arba" : Ne lis pas "Kyriat Arba" (בקרית ארבע) mais plutôt "Kriat Arba" (בקריאת ארבע) qui signifie littéralement "avec la lecture des quatre".
En effet, Sarah notre matriarche rendit son âme en récitant les 4 derniers mots du Shéma Israël : "Hachem est notre D., Hachem est Un" (Hachem Elokénou, Hachem é'had).

Comme le dit le Zohar, Sarah mourut en lisant le Shéma Israël, car cette femme, pieuse et vertueuse, ne pouvait mourir par l'intermédiaire du serpent, l'ange de la mort. Son âme la quitta lors de la récitation des 4 derniers mots du Chema.
C'est cela qu'on appelle : "La mort par le baiser divin", comme il est écrit : "Mon âme me quitta par ta parole" (Chir Hachirim 5,6).
C'est par l'authenticité de l'adhésion de son âme à son Créateur que cette dernière la quitta.
[d'après le rav Pin'has Friedman]

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-> "Avraham se leva de devant son mort et il parla au fils de 'Het" ('Hayé Sarah 23,3)

-> Il y a un avis selon lequel la 10e épreuve que devait surmonter Avraham était sa discussion avec les fils de 'Het pour acheter la grotte de Makhpela pour y enterrer Sarah.
Mais on peut s'interroger. Tout d'abord, en quoi est-ce une épreuve de devoir discuter pour l'achat d'un terrain? Toute personne est régulièrement confronté à une telle situation où il doit acheter un terrain. Mais surtout, il est étonnant que cette épreuve vienne après le sacrifice d'Its'hak qui était bien plus difficile. On a du mal à comprendre l’enchaînement logique des épreuves.

En fait, lors de l'épreuve de la Akéda, Avraham devait montrer à Hachem son amour pour Lui, encore plus fort que pour son fils. Ainsi, il a connu lors de cette épreuve un moment d'élévation d'âme d'un très grand niveau. Il était prêt à tout pour démontrer son amour pour Hachem et il s'est attaché à Lui dans son cœur et ses sentiments, pour ressentir un détachement de tout le reste pour se consacrer exclusivement au Divin. Et effectivement, ce sentiment d'extase est très élevé.
Mais Hachem n'attend pas de l'homme uniquement cela. Il y a encore un niveau plus haut. C'est de pouvoir, juste après avoir connu un moment d'une si grande élévation spirituelle, redescendre sur terre et discuter de façon très terre à terre pour négocier l'achat d'un terrain.
La Torah ne veut pas que le Service de D. déconnecte l'homme de la réalité du monde concret et de ses obligations les plus basiques. Dans d'autres religions, on peut prôner le détachement total de la matérialité, pour une vie d’ascétisme et de fascination devant le spirituel. Mais, Hachem a placé notre âme dans un corps et dans un monde matériel, avec des besoins vitaux physiques. Car Il souhaite qu'on arrive à réunir les deux.
Certes, s'élever dans des sentiments d'amour et d'extase spirituels, mais en même temps, prendre en compte les contingences du corps et du monde, et mener une vie conforme à tout cela. C'est souvent ce que certains reprochent au judaïsme. Il y a trop d'exigence d'actes et de concret. On aimerait bien plus de sentiments et de fascination. Mais la Torah cherche à atteindre la perfection. A savoir, faire descendre les sentiments les plus élevés dans des actes et une vie des plus concrets. Car le but n'est pas uniquement l'élévation de son âme, mais aussi l'élévation de son corps et du monde matériel tout entier.
C'est ce que Avraham a su démontrer. Après l'élévation de la Akeda, il a su redescendre dans les affaires de ce monde et discuter de l'achat d'un terrain. Telle est la perfection que demande la Torah, mais si cela peut paraître pour certains moins exaltant. Mais la Torah n'est pas une religion forgée par l'homme, conforme à ce que lui recherche et ce qui le fascine le plus. C'est une Torah Divine, donnant à l'homme le moyen d'atteindre la perfection voulue par Hachem.
[rav Mikaël Mouyal]