Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"La plus grande bénédiction de la vie est la capacité d'entretenir une relation avec le Maître du monde."

[Déguél Ma'hané Efraïm - Toldot 27,28
- "Et Il te donnera (véyiten lé'ha) : aElokim"]

"Avraham a engendré Its'hak" (Toldot 25,19)

-> Avraham représente la émouna et Its'hak représente la joie.
[Avraham a passé sa vie à amener dans ce monde la notion d'émouna, et le nom Its'hak signifie : rire]

C'est le sens du verset : "La émouna donne naissance à la joie".
En effet, lorsqu'on croit que tout est pour le bien, alors nous sommes toujours joyeux.

[Avodat Pnim]

"Essav devint un homme sachant chasser, un homme des champs, et Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

=> Pourquoi à l'image d'Essav "un homme sachant chasser", n'est-il pas écrit sur Yaakov : "un homme sachant la Torah" (ich yodéa Torah)?
Pourquoi ne mentionner que le fait "demeurant dans les tentes "?

-> Le rav Wosner explique que la plus grande louange est d'être : "demeurant dans les tentes [de la Torah]" = étudier et peiner encore et encore dans la Torah.
En effet, notre tâche est d'investir tous nos efforts, nos capacités (ex: assister aux cours), mais la réussite dans la Torah c'est un cadeau d'Hachem.

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-> Le Targoum Yonathan (v.25,27) commente : "Essav était une personne qui gaspillait son temps".

=> C'est là toute la différence entre Essav et Yaakov : le fait de ne pas perdre son temps.

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+ 'Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

-> [Le simple fait ] d'être assis dans une maison d'étude (beit midrach) est une mitsva, comme il est écrit : "Heureux ceux qui résident dans Ta demeure" (achré yochvé bété'ha - Téhilim 84,5).
[Choul'han Arou'h 151,1]

-> Même si on ne comprend pas ce qu'on étudie, néanmoins le temps passé dans un beit midrach est une mitsva.
[michna Broura (6)]

-> De tous les mérites que Yaakov avait (sa Torah, ses très nombres excellentes actions), la Torah n'en mentionne aucun autre que : "demeurant dans les tentes" (yochev ohalim) = c'est-à-dire qu'il s'asseyait dans le beit midrach.
C'est parce que le fait d'être assis dans une synagogue et un beit midrach est quelque chose de très grand, et ce même si on y est assis sans étudier la Torah ou prier.
[le Rama de Pano]

-> Evidemment que nous devons faire attention aux lois, et à honorer de tels endroits (synagogue, beit midrach).
Mais nous devons également réaliser que le simple fait d'y être est un mérite énorme, au point où parmi tous ses mérites, la Torah caractérise Yaakov de "demeurant dans les tentes [synagogue, maison d'étude]"...

Cela se retrouve en allusion :
- achré yochvé bété'ha (Heureux ceux qui résident dans Ta demeure [même s'ils ne font que y être assis (yochev)]) ;
- od = à plus forte raison ;
- yéallélou'ha séla (Te louer sans cesse) = encore bien plus heureux sont ceux qui y louent Hachem (par leurs prières, études).
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Rabbi Chimon dit : Celui qui marche sur la route en étudiant et interrompt son étude pour s'exclamer : "Que cet arbre est beau!", "Que ce champ est beau!", le verset le considère comme passible de mort.
[Pirké Avot 3,7]

=> Comment comprendre cela?

Le rav Elimélé'h Biderman explique que nous devons nous imaginer dans un avion en plein vol, et que tout à coup nous entendons un des passagers s'exclamer : "Regardez cet arbre magnifique! Regardez ce magnifique champ!"
Tout le monde dans l'avion commencerait à paniquer car s'il est possible de voir des arbres et des champs d'aussi près, c'est un signe que l'avion vole très bas, et qu'il va très probablement s'écraser.

De même, lorsque nous étudions la Torah, nous ne devrions pas pouvoir remarquer les arbres.
Si tel est le cas, cela signifie que l'on n'est pas pleinement plongé dans la Torah, et c'est pourquoi il est si grave d'en arriver à discuter des arbres et des champs (de toute chose non nécessaire à l'étude) en plein milieu de notre étude de Torah.

[l'idée est la même au moment de notre prière : si des pensées étrangères peuvent se développer dans notre esprit, c'est que nous n'avons pas suffisamment conscience de la réalité : nous sommes en rendez-vous privé face à face avec Hachem, qui peut tout nous accorder, ... ]

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-> "J'ai une 'havrouta (binôme d'étude) pour étudier la Torah.
Il est toujours très ponctuel, et il est également extrêmement intelligent. Je suis impressionné par son ingéniosité.
Est-ce que vous savez qui est ma 'havrouta?
Il s'agit du yétser ara"
[paroles d'un Sage]

[souvent notre yétser ara se déguise en grand tsadik, qui donne de bons conseil d'ami, afin de pouvoir nous dérober sans que l'on s'en rende compte ce que nous avons de plus précieux : notre temps.]

Hachem dit : "Si vous sentez que Essav vient contre vous, échappez-vous vers la Torah"

[midrach Dévarim rabba 1,19]

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-> "La voix est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le Gaon de Vilna interprète ainsi ce verset :
Quand la voix est celle de Yaakov (par l'étude de la Torah et la prière), alors les mains, sous-entendu ses mains, c'est-à-dire les mains du peuple juif, seront les mains de Essav.
Le peuple d'Israël aura alors le droit de ''subtiliser'' les mains de Essav pour les utiliser pour se défendre et se protéger.

Ainsi, cela revient à dire que "les mains ne seront plus les mains de Essav" = Tous les ennemis d'Israël n'auront plus leurs mains pour faire du mal au peuple juif, puisque leurs mains c'est-à-dire leurs forces seront neutralisées pour être transférées au profit d'Israël en vue de se défendre et de se protéger.

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-> Un conférencier disait : "la Torah est comme l'oxygène. De même que nous ne pouvons vivre sans oxygène, nous ne pouvons vivre sans Torah".
Le rabbi 'Haïm de Brisk n'est pas d'accord avec cela, car pour lui : "l'oxygène aide les gens à vivre, mais la Torah c'est la vie elle-même."

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-> Le Kédouchat Yom Tov dit que lorsque nous étudions la Torah nous nous éloignons des impuretés de ce monde, et ainsi nous nous sauvons de devenir impurs par les influences [mauvaises] de l'exil.

"Ils le quittèrent en paix" (Toldot 26,31)

-> Ce verset dit que les Pélichtim (Philistins), qui avaient Avimelé'h comme roi, quittèrent Its'hak en paix, c'est à dire avec sérénité.
Cela montre une différence entre un non juif et un juif.
En effet, seul un non juif est capable de quitter un homme Juste (tsadik) sereinement, c'est-à-dire sans en être remué ni propulsé intérieurement, et en restant le même qu'avant.
En revanche quand un juif rencontre un Juste (tsadik) et a le mérite de le côtoyer, au moment de le quitter, il en est remué.
Il ne peut pas le quitter, serein, sans que rien ne change en lui.

[Rabbi Bounim de Pchis'ha]

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-> Ce verset nous permet de voir la différence entre un juif et un non-juif.
Lorsqu'un juif prend congé après avoir rendu visite à un tsadik, il quitte le lieu saint le cœur brisé. Il se sent terriblement mal de devoir quitter la présence de quelqu'un qu'il sait être d'un niveau bien plus élevé que le sien.
Cependant, lorsque Avimélé'h et les membres de sa famille prirent congé d'Its'hak, ils ne se sentirent pas du tout mal. Au contraire, "ils s'éloignèrent de lui en paix". Ils n'étaient pas du tout contrariés de le quitter.

"Yaakov dit à son père : Je suis Essav, ton premier né ; J'ai fait comme tu m'as dit" (Toldot 27,19)

-> Apparemment, Yaakov dit ici un mensonge à son père, puisque ce dernier a parlé à Essav, et non pas à lui.

En réalité, Its'hak a toujours eu l'habitude d'encourager ses enfants à écouter leurs parents. Bien plus, pour conforter l'harmonie dans son couple, Its'hak disait constamment à ses enfants de bien respecter leur mère et de lui obéir.
C'est d'ailleurs ainsi que doit se comporter tout père de famille.

Or là, même si Its'hak parla à Essav pour lui demander de lui préparer un repas en vue de se faire bénir, malgré tout, Rivka demanda à Yaakov de prendre la place de Essav et d'aller lui recevoir les bénédictions.
=> Yaakov, qui écouta fidèlement les paroles de sa mère, pouvait donc affirmer à son père : "J'ai fait comme tu m'as dit" = c'est-à-dire j'ai appliqué ce que tu m'as toujours dit, à savoir d'écouter et d'obéir à ma mère.

[Ben Ich 'Haï]

"La voix, c'est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le midrach (Béréchit rabba 65) interprète : Lorsque la voix de Yaakov est entendue, celle de la prière et celle de l'étude de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucun pouvoir sur les descendants de Yaakov.

C'est pourquoi, se basant sur cette bénédiction d'Its'hak, les opposants aux sages de l'époque de la destruction du 2e Temple, étaient assurés que par le mérite de l'étude de la Torah de leur génération, les juifs pourraient vaincre les romains par la guerre.

Cependant, les sages (rabbanan) ont prévenu les opposants qu'ils ne réussiraient pas à vaincre militairement les romains qui assiégeaient Jérusalem, car la voix de Torah de Yaakov n'a plus de pouvoir dans une génération qui pratique le lachon ara qui vient réduire à néant la voix de la Torah.

La guémara (Guitin 56a) dit : "L'empereur envoya Vespassien (en remplacement de Néron) qui assiégea Jérusalem durant 3 ans."
Pourquoi cela?
A part l'exil, les juifs ont dû subir un siège de 3 ans, avec les souffrances de la famine, parce la faute de la génération était la haine "gratuite" ou lachon ara qui est compté au moins autant que [la réunion] des 3 transgressions (idolâtrie, inceste et meurtre) qui ont conduit eux à la destruction du 1er Temple [alors que le lachon ara seul a suffit à provoquer la destruction du 2e Temple, avec un exil très long qui dure encore!].

[d'après le Ben Ich 'Haï - guémara Guitin 56a]

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+ Contexte :

[Avant la destruction du 2e Temple, cette guémara rapporte que 3 hommes très riches avaient les moyens de nourrir tous les habitants de Jérusalem pendant 21 ans, permettant au rabbanim de négocier la paix (car en raison du lachon ara les juifs ne pouvaient pas gagner militairement).

Cependant, ceux qui voulaient combattre empêchaient les sages de sortir de la ville pour négocier, et ils ont mis le feu aux réserves de blé et d'orge (et autres ressources) et se fut la famine. En effet, ils désiraient obliger le peuple à prendre les armes.

Selon le Sforno, si les opposants avaient obéi à rabbi Yo'hanan ben Zakaï et aux Sages de leur génération, le 2e Temple n'aurait pas été détruit par les romains, et il n'y auraient pas eu l'exil du peuple d'Israël.]

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-> "La voix est la voix de Vaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

-> Les Sages (midrach rabba Toldot 65) font une remarque sur ce verset : "Puisque la voix est celle de Yaakov, il est alors évident que les mains ne sont pas celles d'Essav"
Et d'expliquer : lorsque la voix de Yaakov est audible, c'est-à-dire la voix de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucune emprise sur Yaakov. Par contre, lorsque la voix de la Torah s'affaiblit, les mains d'Essav se renforcent et nous dominent.

-> Le Rabbi de Loubavitch disait à ce sujet :
"Pour notre grande souffrance, la moitié du proverbe s'est déjà réalisée par la destruction de Jérusalem, puisque ce sont par les mains d'Essav (l'Occident) que le Temple fut détruit, comme l'explique le prophète Jérémie : "Pourquoi ce pays est-il dévasté? C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah et Mes lois" (Yirmiyahou 9,11-12).

Le Rabbi de Loubavitch continue et explique :
"A notre époque, il nous faut accentuer l'étude de la Torah "la voix de Yaakov" car en ajoutant de l'étude dans le monde, nous créons une force qui permet d'annuler la raison de la destruction du Temple "les mains d'Essav", et par conséquent, précipite l'avènement de sa reconstruction".

"Its'hak aimait Essav" (Toldot 25,28)

=> Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav?

En réalité, Its'hak vivait déjà comme dans les temps futurs. Or, si Hachem voudrait ensuite rejeter le peuple juif du fait de ses fautes, Its'hak pourra à présent plaider en sa faveur en disant : "Les juifs sont malgré tout moins mauvais que Essav. Et pourtant, moi j'ai aimé Essav! Toi aussi, malgré leurs fautes, Tu ne dois pas les rejeter et Tu dois continuer à les aimer!"
[rabbi Meïr de Prémichlan]

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-> "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche et Rivka aimait Yaakov" (Toldot 25,28)

1°/ "Its'hak aimait Essav" :
-> Rachi explique au nom du midrach qu'Essav "attrapait" Its'hak en le trompant avec ses paroles.

-> Le Arizal explique que l'amour d'Its'hak pour son fils Essav était dû au faite qu'il avait vu que de très grandes âmes (néchamot) devaient sortir de lui, que sont les géants de la Torah orale : Chemaya, Avtalion, Rabbi Akiva, Rabbi Meir, ...

-> Les sages nous enseignent une autre raison de l'amour d'Its'hak pour son fils Essav. En effet, dans l'avenir, Hachem se présentera devant chacun des patriarches en argumentant : "Tes enfants ont fauté envers Moi!"
Avraham et Yaakov ne sauront pas quoi répondre tandis qu'Its'hak demandera à Hachem de nous pardonner en argumentant : "J'ai également eu un fils qui a fauté et je lui ai tout de même pardonné, et je l'ai aimé. S'il en est ainsi Maître du monde, Tu dois également pardonner à tes enfants et les aimer bien qu'ils aient fauté envers Toi."
Et c'est le sens du verset : "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche" = Afin qu'il puisse avoir un argument tout prêt dans sa bouche afin de pouvoir répondre au Maître du monde lorsqu'Il se plaindra à cause des fautes des enfants d'Israël.

-> b'h, voir également le passage : Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav? : https://todahm.com/2018/12/24/7920-2

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2°/ "Rivka aimait Yaakov" :
=> La Torah précise l'amour d'Its'hak pour Essav en donnant la raison, mais elle dit simplement que Rikva aimait Yaakov. Cela est surprenant car y a-t-il une mère qui n'aima pas son fils? Que veut nous apprendre ici la Torah par cette précision?

-> Nos Sages nous enseignent que lorsque Rivka entendait la voix de Yaacov, elle se remplissait de joie. Elle avait l'habitude de se rendre là où étudiait Yaakov et se tenait derrière la fenêtre pour écouter sa voix, la voix de la Torah qui s'élevait. Elle tirait une profonde satisfaction de cela.
Le Zohar Hakadoch nous explique que Yaakov était le guilgoul d'Adam Harichon tandis que Rivka était la réincarnation de 'Hava (toutes nos Matriarches contenaient des étincelles d'âmes de 'Hava).
Le Arizal (Séfer haLikoutim - Toldot) nous explique : Yaakov étant le guilgoul d'Adam Harichon et Rivka sa mère, celui de 'Hava, ils étaient donc mari et femme dans leur première incarnation, tandis que dans celle de notre paracha, ils étaient mère et fils.

En effet. Yaakov connut la souffrance durant les 130 premières années de sa vie comme il l'exprime dans sa rencontre avec Pharaon : "les jours des années de mes séjours sont de 130 ans, peu nombreux et malheureux étaient les jours des années de ma vie" (Vayigach 47,9).
Ces 130 années correspondent aux 130 années qu'Adam Harichon passa au fleuve de Gui'hon à mortifier tout son corps avec des épines de figues en subissant ainsi une terrible souffrance. (guémara Erouvin 18b).
Yaakov expia donc pour Adam Harichon et Rivka réalisa la réparation pour 'Hava.

Adam Harichon, 'Hava et le serpent furent maudits par 10 malédictions chacun, tandis que la terre le fut par 9 malédictions.
Yaakov devait transformer la malédiction en bénédiction. Lorsque 'Hava fauta avec l'Arbre de la Connaissance, tous ses sens participèrent à la faute : "Et la femme vit" - avec ses yeux, "et elle prit" - avec ses mains, "et mangea"
- avec sa bouche, "et elle en donna également à son mari" - 'Hava fauta aussi avec sa bouche lorsqu'elle dit à Adam de consommer du fruit interdit.
Adam également fauta avec tous ses membres à l'exception de la parole, ce qui constitue un avantage.
En effet, 2 conduits se trouvent dans la gorge de l'homme : la trachée et l'œsophage. La trachée permet la respiration et c'est par son intermédiaire que sort la voix.
L'œsophage est le tube digestif qui relie la gorge jusqu'à l'estomac. Si un aliment rentre dans la trachée au lieu de passer par l'œsophage, il existe un risque fausse route et d'étouffement, et c'est dans ce sens que les Sages nous avertissent : "On ne doit pas parler lorsque l'on mange, de peur que l'aliment entre dans la trachée au lieu de pénétrer dans le tube digestif, ce qui nous mettrait en danger" (guémara Taanit 5b).

La trachée n'a pas été endommagée par la faute de l'Arbre de la Connaissance.
Ainsi lorsque la voix de Yaakov, qui était la réincarnation d'Adam Harichon, retentissait, elle était complètement pure, sans aucun dommage datant de la faute originelle.
Nous comprenons dès lors pourquoi lorsque Yaakov étudiait la Torah, le son de sa voix était particulièrement agréable à Rivka (qui fut 'Hava dans sa précédente réincarnation).
"Rivka aimait Yaakov" car, à chaque fois qu'elle écoutait sa voix, elle se remplissait d'une très grande joie.
[Dorech Tsion]

"Lui aussi sera béni" (Toldot 27,33)

-> L'explication allégorique de ce verset semblerait être la suivante :
On sait que Its'hak a béni Yaakov à 2 reprises : une première fois lorsque Yaakov est venu à lui déguisé en Essav et lui a apporté les mets délicats que Its'hak avait demandés, et une seconde fois juste avant que Yaakov ne s'enfuie de chez son frère Essav.
[ la première fois qu'il bénit Yaakov, Its'hak (pensant qu'il bénissait Essav) le bénit avec une grande abondance matérielle et une domination sur le reste de l'humanité (Toldot 27,28-29).
La deuxième fois qu'il bénit Yaakov, Its'hak le bénit avec une progéniture abondante et la terre d'Israël (Toldot 27,1-4).]

La première bénédiction était la plus importante, tandis que la seconde était la moins importante.
Nous recevons la moindre bénédiction dans ce monde, tandis que la plus grande bénédiction est sauvegardée pour nous dans l'avenir.
Lorsque machia'h arrivera, rapidement de nos jours, cette première bénédiction sera accomplie.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Toldot 27,33]

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=> Bien que Rivka et Yaakov aient réussi à faire en sorte que Its'hak bénisse Yaakov plutôt qu'Essav par une abondante prospérité matérielle, l'accomplissement ultime de cette bénédiction nous attend dans l'avenir messianique.

[Lorsque Rivka apprit qu'Essav prévoyait de tuer son frère Yaakov, elle lui dit de fuir à 'Haran, chez son frère Lavan. Elle dit, ] "Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas : pourquoi m'exposer à vous perdre tous 2 à la fois?" (Toldot 27,44-45)

=> Il est étonnant que Rivka prononce la même phrase à 2 reprises : "jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus".
Qu'essayait-elle de dire à Yaakov?

Le Panim Yafot (rabbi Pin'has Horowitz) répond :
La traduction littérale de la déclaration de Rivka est : "jusqu'à ce que la colère de ton frère se calme de ta part" (ad shouv af a'hikha mimé'ha => mimé'ha = de toi!).

Rivka dit à Yaakov : "Fuis 'Haran et restes-y jusqu'à ce qu'Essav s'apaise de sa fureur contre toi, et abandonne son plan de te tuer".
Mais comment allait-il savoir que la fureur d'Essav s'était calmée et qu'il serait en sécurité pour rentrer à la maison?

La réponse est : "de ta part" (mimé'ha) = de toi, en examinant tes propres sentiments.
Lorsque le jour viendra où tu ne ressentiras plus de colère envers lui, alors tu pourras être certain qu'il ne portera plus de rancœur à ton égard.
En effet, les émotions humaines suscitent un réponse mutuelle : la bienveillance engendre la bienveillance, la haine engendre la haine.

[tu veux qu'autrui t'aime, alors commence par l'aimer, par avoir un regard positif sur lui dans ton cœur!

A l'image de l'eau qui reflète ton visage, le cœur d'autrui reflète les émotions qui sont dissimulées dans ton cœur à son égard.
Si tu as l'impression qu'autrui ne t'apprécie pas, alors développe beaucoup d'amour dans ton cœur, et il en viendra à t'apprécier d'avantage!]

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-> "Comme le reflet du visage dans l'eau, tel le cœur de l'homme pour l'homme" (Michlé 27,19)

-> "Notre maître [le rav 'Haïm de Volozhin] a enseigné qu'il existe un remède certain pour celui qui aurait des ennemis : il s'efforcera de penser qu'ils sont des tsadikim parfaits et il les jugera favorablement.
Ils se transformeront alors sur le champ en amis".
[rav Its'hak de Volozhin - dans son Pé Kadoch]

A partir de cela le rav Its'hak de Volozhin dit que l'on peut également apprendre l'inverse : si quelqu'un désire vérifier si untel le hait, il faudra qu'il examine s'il n'entretient pas lui-même un ressentiment à son égard dans son cœur.
C'est ce que Rivka dit à Yaakov : comment sauras-tu que la colère de ton frère s'est estompée?
Lorsque disparaîtra "la colère ... de toi", c'est-à-dire lorsque tu feras disparaître la colère que tu éprouves à son égard.
Rav Its'hak ajoute que ce n'est pas seulement un signe mais également une raison : si un homme extirpe de son cœur tout ce qu'il reproche à son prochain, alors ce dernier cessera lui aussi de le haïr.

[en ce sens les 'hassidiques mettent en pratique ce concept : en inondant d'amour autrui, il va forcément en venir à avoir des liens d'affection, des sentiments positifs réciproques.]