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"Les enfants s'agitèrent en son sein" (Toldot 25,22)

-> Selon Rachi : "Ils se heurtaient l'un contre l'autre, se disputant l'héritage des 2 mondes"

On pourrait penser que Yaakov voulait le monde à venir, et Essav ce monde-ci.
Mais ce n'est pas le cas.

Le Chem miChmouël explique, qu'en réalité, chacun voulait les 2 mondes, et que l'unique différence réside dans lequel donner sa préférence.
Pour Yaakov, l'essentiel est la poursuite du monde futur, tandis que pour Essav le principal est la recherche des plaisirs de ce monde temporaire.

Le midrach (Béréchit 63,10) rapporte que Essav demandait à son père comment prélever la dîme sur le sel et la paille, afin de tromper son père et de créer une impression qu'il était méticuleux dans l'observance des mitsvot.
Le Chem miChmouël dit qu'on peut y apprendre un message plus profond.
Essav prenait quelque chose de secondaire (la paille, le sel) et en faisant quelque chose de principal (sur lequel on doit prélever la dîme).
La paille est accessoire au blé qu'elle protège, et le sel ne vient qu'après la nourriture pour la relever ou la préserver.

On sait que le yétser ara a pour objectif de créer en nous des doutes, faisant un grand mélange entre nos priorités.
Il veut qu'à nos yeux l'accessoire devienne l'essentiel, afin que notre vie soit au final la plus vide possible.

De notre côté, nous devons tout faire pour garder fermement la barre et naviguer dans la vie selon le GPS de la Torah, n'oubliant jamais pourquoi un juif est dans ce monde.

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-> "De même que l'eau et le feu ne peuvent pas demeurer ensemble dans un récipient, de même l'amour pour ce monde et l'amour pour le monde à venir ne peuvent pas résider ensemble dans le cœur du croyant"
['Hovot haLévavot - Chaar 'Hechbon haNéfech - chap.3]

=> A nous de choisir si l'on veut un vie à la Yaakov ou bien à l'Essav, car vouloir être sur les 2 tableaux n'est pas possible : le feu et l'eau ne pouvant co-exister.

Avant d'agir, on peut se demander : est-ce que Hachem, mon rav, serait d'accord avec mon choix?

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-> Hachem a mis un sentiment d'hostilité dès le début entre ces 2 frères jumeaux, pour éviter que Yaakov ne demande des conseils ou bien apprenne des voies de Essav.
C'est ce sentiment qui va se manifester lorsque les juifs vont souffrir des mains d'Essav et de ses descendants au travers les siècles.
[Séfer 'Hassidim]

[dès que nous commençons à trop nous comporter comme les non-juifs, cette animosité se développe pour nous remettre à notre place de juif]

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-> Selon Rachi : "Ils se heurtaient l'un contre l'autre, se disputant l'héritage des 2 mondes"

Apparemment, cela signifie que Yaakov a choisi le monde futur et Essav, ce monde-ci. Si tout était si simple, pourquoi se disputaient-ils ?

C’est que Yaakov voulait aussi ce monde-ci pour l’élever et le sanctifier au niveau du monde futur.
Quant à Essav, il cherchait aussi le monde futur, pour le mélanger avec ce monde et ainsi renforcer le mal par son mélange avec le bien.
En effet, le mal tout seul n’a pas tellement de force, tout son pouvoir émane du fait qu’il est relié au bien et c’est de ce bien qu’il puise sa force.
C’est ce que Essav souhaitait : rabaisser et mélanger le monde futur au niveau de ce monde, en vue de renforcer la matérialité.
[le 'Hidouché haRim]

-> Rivka pensait qu’il n’y avait qu’un seul enfant dans son ventre, ce qui lui causait une grande souffrance, croyant que le même enfant avait des tendances pour la Torah et pour l’idolâtrie. C’est ainsi qu’elle a consulté Chem et Ever. L’explication a été : "Deux peuples se trouvent dans ton ventre".
C’est à dire que tu n’as pas qu’un seul fils avec les 2 tendances, mais 2 enfants, un bon et un mauvais.
Comment cela pouvait-il la rassurer, car finalement un de ses fils aura totalement une tendance mauvaise.

On voit de là qu’il est préférable de choisir définitivement son clan qu’il soit bon ou mauvais, plutôt que de rechercher en même temps les deux.
Celui qui est entièrement mauvais pourra un jour s’en rendre compte et se repentir, mais celui qui fait les deux, se donnera bonne conscience par le bien qu’il fait. Il aura donc plus de mal à se repentir.  Le bien réalisé par l’homme qui a les 2 tendances va renforcer le mal qu’il réalise.
[au regard des nombreuses bonnes choses que je fais, ce n'est pas si grave, voir même humain, s'il m'arrive de fauter! D'une certaine façon inconsciente, plus je suis tsadik d'un côté, plus cela est défendable si je n'agis pas selon la volonté de D. quand cela m'arrange.]
En revanche, celui qui ne fait que le mal, ses méfaits n’auront pas l’appuie de la sainteté.
[le Tiféret Chelomo]

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+ "Deux nations sont dans ton ventre"

-> Selon Rachi : Le mot "nations" (goyim - גֹיִים) fait allusion à Antoninus [descendant de Essav] et à Rabbi [Rabbi Yéhouda haNassi, descendant de Yaakov], à la table desquels il n’a jamais manqué ni radis ni laitues, en été comme en hiver.
Le Maharal dit que le radis et la laitue sont des produits en général peu chers, mais saisonniers, et le fait de les avoir en permanence sur la table était un signe de richesse.
En effet, Antoninus et Rabbi étaient extrêmement riches (cf.guémara Avoda Zara 11a ; Pessa'him 119a ; Sanhédrin 110a). En quoi cela allait-il réconforter Rivka?

Le Pardess Yossef explique que le radis est utilisé comme un apéritif, qui permet de stimuler l'appétit pour le repas à venir.
La laitue a beaucoup de fibres, et sert de digestif à la fin d'un repas.

A la fin de sa vie, Rabbi Yéhouda haNassi a levé ses mains et juré qu'il n'avait pas profité de ce monde.
En effet, la guémara (Kétoubot 103b) rapporte qu'au moment de sa mort, il redressa ses 10 doigts et les tendit vers le ciel en disant : "Maître du monde, il est clair et établi devant Toi que mes 10 doigts ne se sont occupés que de Torah, et que je n'ai tiré aucun profit, ne serait-ce qu'avec le petit doigt".
=> Comment concilier cela sachant qu'il avait des produits hors saison à sa table?
Les Tossafot (Avoda Zara 11a) apprennent de là que ces produits étaient uniquement destinés à ses invités.

Antoninus, bien que descendant de Essav a appris du comportement de Rabbi Yéhouda haNassi.
Il n'y avait pas d'horaire pour les personnes de passage chez eux, et à tout moment, ils avaient de quoi manger.
C'est ainsi qu'il y avait en permanence des radis et de la laitue.
En effet, à tout moment un invité pouvait terminer son repas (laitue/désert), tandis qu'un autre pouvait juste le commencer (radis/apéritif).
C'était comme un restaurant ouvert et fonctionnant 24h sur 24h.

=> Cela réconforta Rivka.
Non pas le fait qu'ils soient richissimes, mais le fait qu'ils marchaient dans les pas de Avraham et Sarah en usant convenablement de leurs richesses pour l'hospitalité.

-> Rabbi David Feinstein fait remarquer que le terme : "nation" (גֹיִים), a une guématria de 63.
Au moment où Its'hak bénit ses 2 enfants (jumeaux), ils avaient un âge de 63 ans.

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-> Baba Salé a dit lors d'un 3e repas de Shabbath :
Le radis (tsnon) est une allusion à la froideur. Cela signifie que si le mauvais penchant se présente, lui qui est un feu ardent, pour faire tomber l'homme dans la faute, on doit le refroidir (tsnin) et ne pas transgresser.
La laitue/raifort ('hazéret) indique la révision ('hazara) dans l'étude, il faut revoir de nombreuses fois ce que l'on étudie.

-> Tossefot (Avoda Zara 10) explique que le radis est un légume qui est enfoui sous la terre à l'exception de ses fanes qui sont à l'extérieur. Alors que le raifort est au contraire un légume complètement visible sur la terre : ceci pour apprendre qu'Antonin et Rabbi échangeaient à table des paroles de sagesse dévoilée comme de sagesse cachée.

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-> Selon le Arizal, Rabbi Yéhouda haNassi était la réincarnation de Yaakov.
Antonin était l'empereur de Rome, il était également la réincarnation des étincelles positives de l'âme d'Essav le racha. Aussi, est-il venu au monde pour se rapprocher de Yaakov, c'est-à-dire Rabbi Yéhouda haNasso, qui était la réincarnation de ce dernier, afin de réparer tout le mal qu'il lui fit sa vie durant.

-> Lorsqu'Antonin décéda, Rabbi dit : "Les liens des cordes se sont séparés"(guémara Avoda Zara 10b).
Rachi commente : "Malgré la séparation, subsiste l'affection qui reliait leurs âmes".

-> Une amitié fraternelle lia Antonin et Rabbi. Antonin fit creuser des tunnels souterrains depuis sa demeure jusqu'à celle de Rabbi, qu'il empruntait [secrètement] chaque jour. Antonin reconnut la grande sagesse de Rabbi, et prit conseil auprès de lui, tant à propos de sujets publics qu'au niveau personnel.
Le guémara (Avoda Zara 10a) raconte qu'une fois, Antonin lui demanda comment agir envers la noblesse romaine qui complotait contre lui au sein du Sénat de Rome. Il lui répondit par allusion : "Rends-toi au jardin chaque jour, et arrache un seul légume". Antonin comprit son intention : celle de tuer ses opposants un par un, et non pas d'un seul coup, afin d'empêcher toute rébellion générale.

-> Tossefot (Avoda Zara 10b) demande : comment Antonin a-t-il pu avoir le mérite d'étudier la Torah de la bouche de Rabbi Yéhouda Hanassi?
À l'époque de la naissance de Rabbi Yéhouda, l'empire romain avait décrété une interdiction formelle de faire la Brit Mila. Son père et sa mère lui firent malgré tout la Brit Mila. Les autorités locales ayant appris la nouvelle, envoyèrent la famille de Rabbi Yéhouda se présenter devant César.
Durant leur long périple, à l'approche de la capitale, ils s'arrêtèrent dans une auberge qui appartenait aux parents d'Antonin qui venait de naître. Lorsque la mère de Rabbi rencontra la mère d'Antonin, elle raconta la raison de son voyage. Lorsqu'elle entendit son histoire, elle lui dit : "si tu le souhaites, prends mon nouveau-né qui n'est pas circoncis, et donne-moi ton enfant ainsi tu pourras te présenter devant le roi et préservé ta vie et celle de ton enfant." [Ménorat haMaor 83]
Durant cet échange Antonin fut allaité par la mère de Rabbi jusqu'à ce qu'il rencontre César et trouve l'enfant incirconcis. Le gouverneur qui était venu se plaindre à César à propos de cette circoncision déclara : "j'ai vu de mes propres yeux que cet enfant a été circoncis seulement Hachem leur prodigue des miracles à chaque instant".
Le roi annula son décret et renvoya toute la famille en paix.
En récompense au lait qu'Antonin but de la mère de Rabbi Yéhouda, il devint roi parmi son peuple et hérita du monde ici-bas et du monde futur. (Ménorat haMaor 83).
Il est également rapporté dans le talmud de Jérusalem qu'Antonin s'est finalement converti et se fit la Brit Mila lui-même.

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-> Le jour où Rabbi Yéhouda haNassi quitta ce monde, une voix céleste dit : "Tout celui qui était présent au discours funéraire de Rabbi est invité au monde futur". Il y avait un teinturier qui venait chaque jour s'enquérir des besoins de Rabbi, lorsqu'il entendit que Rabbi était mort, il monta sur un toit, tomba à terre et mourut. Une voix céleste dit : "Même ce teinturier est invité au monde futur". [guémara Kétoubot 103b]

-> Il y a 3 niveaux d'accès au monde futur : il y a celui qui a "une part au monde futur" comme il est dit dans la Michna : "Tout Israël a une part au monde futur" (Sanhédrin 70a). Il y a également celui qui est "invité au monde futur" ; et le plus haut niveau des trois est : "le fils du monde futur" (ben olma aba).

Rabbi Mena'hem Azaria de Pano écrit au nom du Arizal que Rabbénou haKadoch (Rabbi Yéhouda haNassi) était la réincarnation de Yaakov, et le teinturier était le guilgoul de Lavan. [lavan : signifie "blanc"]
Nous trouvons une allusion à cela à travers son travail, car il blanchissait la saleté des vêtements, et par le mérite d'avoir servi Rabbi, qui était la réincarnation de Yaakov, il blanchit les fautes de Lavan l'araméen et mérita ainsi d'être invité au monde futur.

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-> Rachi donne une autre explication à notre verset : lorsque Rivka passait devant un lieu d'étude de Torah, Yaakov se mettait à courir et 'heurtait' pour sortir. Il en était de même pour Essav devant les lieux d'idolâtrie.

Puisque Yaakov était à l'intérieur du ventre de sa mère comment pouvait-il être conscient qu'elle passait devant un lieu de Torah?

Le rav Yérou'ham Lévovitz dit que c'est comparable à une boussole.
De même qu'une boussole indique la direction du nord, l'âme de Yaakov était toujours pointée dans la direction de la sainteté et de la Torah.
Il savait naturellement lorsque sa mère était à proximité d'un lieu de Torah.

Notre Patriarche nous a transmis dans nos gènes spirituels cette attirance naturelle envers la Torah.

-> Rabbi Chlomo Zalman Bregman rapporte des exemples illustrant cette attirance innée :

1°/ La guémara (Béra'hot 61b) compare les juifs aux poissons dans l'eau, qui ne peuvent pas survivre en dehors de son habitat.
Nos Sages de conclure : "De même, la Torah est notre source de vie et peut nous sauver. Sans elle, nous allons certainement mourir."
Un juif ne peut pas survivre spirituellement sans Torah.

A l'image des poissons, on peut imaginer qu'à l'approche d'un lieu de Torah, Yaakov s'agitait, courait afin de pouvoir prendre des bouffées d'oxygène de Torah, si vitales à sa vie spirituelle.

2°/ "De même que les poissons, qui grandissent dans l’eau, boivent avec soif chaque goutte d’eau qui descend du ciel, ainsi les Bnei Israël, qui grandissent dans l’eau (de la Torah) boivent avec avidité chaque nouveau commentaire, comme s’ils n’avaient jamais goûté à la Torah."
[guémara Avoda Zara 19a]

Un midrach (Béréchit Rabba 97,3) illustre également cette soif des juifs pour la Torah : "Un poisson vit dans l’eau, et lorsqu’une goutte de pluie descend du ciel, le poisson la boit avec soif comme s’il n’avait jamais goûté d’eau auparavant."

=> Bien qu’un poisson vive entouré d’une quantité phénoménale de gouttes d’eau, chaque nouvelle goutte qui tombe du ciel, lui est pour lui manquante, comme si c’était la 1ere, l’unique.
De même si un homme est entouré de milliards de livres de Torah, il en veut toujours plus.

A l'image des poissons, on peut imaginer qu'à l'approche d'un lieu de Torah, Yaakov s'agitait, courait afin de pouvoir capter un nouvel enseignement de Torah.
Tant qu'il y a de la vie, il y a possibilité d'ingérer encore davantage de Torah.

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-> Il est intéressant de noter que cette attitude qu'ont nos Patriarches, se retrouve également chez les anges.
En effet, le Zohar (3,173a) rapporte que les anges et les êtres célestes, qui malgré le fait de ne vivre que dans une réalité complètement spirituelle, descendent dans ce monde afin d'écouter chaque nouvelle idée en Torah que les juifs révèlent.

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+ "Les enfants s'agitèrent en son sein"

-> En principe, il est interdit de marcher près d'un temple idolâtre, mais Rivka, à l'image de Sarah, allait et venait près des temples idolâtres afin d'enseigner aux femmes les voies de D., et c'est dans ces moments-là qu'Essav tentait de sortir, attiré par les idoles.

Le conflit des 2 fœtus portait également sur leur héritage, à qui allait échoir ce monde et à qui reviendrait le monde à Venir.
Evidemment, les 2 fœtus ne se querellaient pas eux-mêmes.
L'ange Mi'haël et celui cruel Samaël avaient été désignés pour être les anges gardiens respectifs de Yaakov et d'Essav. Ces anges menaient une lutte sans merci.
Samaël tenta de tuer Yaakov, mais Mi'haël vint à son secours et faillit détruire Samaël par le feu.
En effet, les anges sont constitués de feu, un ange supérieur pouvant consumer un ange inférieur (Mi'haël étant supérieur à Samaël).

Hachem sépara le 2 anges, et Il partagea lui-même l'héritage.
Essav reçut ce monde, et Yaakov le monde à Venir. La décision Divine mit fin à leur conflit.
[...]

En réalité, Rivka devait engendrer 12 enfants, c'est-à-dire les 12 tribus. Mais en disant : "A quoi suis-je destinée! Je ne supporte même pas la douleur de mes premiers enfants, comment pourrai-je en avoir 12?", alors Hachem la libéra de sa destinée.

[Méam Loez - Toldot 25,22]

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-> Rivka apprend que les deux enfants présents dans son ventre deviendront deux nations opposées, en conflit, et que lorsque l’une tombera, l’autre grandira. Selon le sens simple, le peuple juif et celui d’Essav se feront contrepoids, quand l’un monte, l’autre descend.
Une analyse plus approfondie montre que la lutte oppose le corps (Essav) et l’âme (Yaacov) et les deux forces sont en conflit continu. Si l’âme prend une place prépondérante, le corps est automatiquement affaibli et l’inverse est vrai également.

Comment réussir à engager le combat et éventuellement à remporter la victoire?
Le roi David (Téhilim 34) nous apprend qu’il y a 2 façons de travailler sur soi et de s’améliorer : abandonner le mal et faire le bien. L’abandon du mal signifie, dans ce contexte, affaiblir l’emprise du corps. Mais il faut aussi "faire le bien" ; en s’élevant spirituellement, notre attache au monde matériel sera alors forcément amoindrie.
[-> "fuir le mal" (sour méra) = je mets en place toutes les barrières me permettant d'éviter d'y être confronté ;
-> "et fais le bien" (assé tov) = je suis tellement occupé positivement, qu'il n'a pas de place pour venir en moi.]

Le Maharal (Gour Arié - Toldot 25,23) fait une remarque sur le commentaire de Rachi à propos du destin inversement proportionnel de Yaacov et d’Essav. Quand Yaacov tombe, Essav s’élève ; quand Yaacov s’améliore, Essav trébuche. C’est Yaacov qui mène la barque : Essav ne peut s’élever qu’en résultat de la chute de Yaacov et si Yaacov triomphe, Essav est impuissant.
=> Il en est de même pour la lutte entre le corps et l’âme. On peut décider de celui qui vaincra : si l’on s’efforce de renforcer notre âme, la force du corps décline.

"Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

Nous sommes habitués à un monde dans lequel une circonstance engendre une réaction.
Ainsi, nous aurons pensé que le verset nous dise d'abord : "elle était stérile" (le problème), puis ils implorèrent Hachem (la solution).
Pourquoi l'ordre semble-t-il inversé?

Rabbénou Bé'hayé (Torah Témima) répond qu'il existe une règle : D. désire ardemment les prières des justes (guémara Yébamot 64a).

-> La guémara (Yebamot 64a) nous apprend que Rivka était stérile parce que D. prend plaisir aux prières des justes. Il sait que ceux-ci réagissent à la souffrance par des requêtes et suppliques, raison pour laquelle Il les soumet à des épreuves.

-> "Pourquoi les matriarches (Sarah, Rivka et Ra’hel) étaient-elles stériles? Parce que D. aspirait à leurs prières.
Il dit : 'Elles sont riches, elles sont belles, … Si Je leur donne [également] des enfants, elles ne prieront pas devant Moi.' "
[Midrach Tan’houma – paracha Toldot]

=> Ainsi, la cause est : Hachem veut entendre ses prières, et non : "elle était stérile" (la conséquence).
Le verset suit donc le bon ordre des choses.

[b'h, ce sujet est abordé plus en détails ci-dessous]

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-> Le 'Hazon Ich disait aux personnes qui ont des soucis dans la vie : "C'est que D. a vraiment envie de vous entendre!"

En effet, Hachem a donné au serpent la pire des punitions : ne pas manquer de nourriture (la poussière), car par cela, il n'a plus d'occasion de se tourner vers Lui en vidant son cœur.

La vision juive est que suite à une prière, on a plus gagné à renforcer notre lien avec Hachem, que d'obtenir ce que l'on souhaitait.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hochma ouMoussar) dit que c'est une grave erreur de penser que nous avons des soucis dans notre vie, et qu'ensuite seulement nous prions.
La réalité est que Hachem aime tellement entendre nos prières, qu'Il va utiliser les problèmes comme déclencheur permettant de casser, briser notre cœur vers Lui.

Le midrach (Chémot rabba 21,5) rapporte qu'une fois que D. nous a délivré d'Egypte, nous nous sommes arrêtés de crier vers Lui.
Mais Il voulait encore nous entendre!
C'est pourquoi, Il a envoyé Pharaon après nous à la Mer Rouge, afin de nous amener à crier de nouveau vers Lui, puisque c'était alors l'unique possibilité de s'en sortir.

=> Dans notre vie, même quand tout va bien, il ne faut pas se relâcher en prière, et toujours s'efforcer de vider toutes nos forces, tout notre cœur vers Hachem, car sinon, Il risque de nous envoyer des difficultés pour arriver à ce même résultat.

Il ne faut pas voir nos souffrances comme un échec (D. ne m'aime pas!), au contraire, c'est un signe certain que Hachem tient à toi!

D. donne des combats dans la vie, en fonction des capacités de chacun.
Traverser des difficultés, c'est signe que nous sommes un soldat de grande valeur!

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-> "Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

"Nos Sages nous apprennent un principe fondamental (guémara Baba Kama 92a) : "Celui qui prie pour autrui tout en ayant besoin de la même chose est exaucé en premier".

Selon le Maguid de Doubno, le fait de prier pour son prochain possède un autre avantage : celui d'être plus bavard, de tout oser dire à Hachem, car on le fait dans le cadre d'un acte de bonté, d'amour d'autrui, et non que pour soi-même.

Rachi commente (Yits‘haq implora) : "[Le verbe est à la forme active]. Il a multiplié sa prière avec insistance."

=> Its'hak se met en face de sa femme (il se met à sa place afin de ressentir pleinement ses besoins), multiplie sa prière avec insistance (implora) pour autrui (sa femme) tout en ayant besoin de la même chose (un enfant).
Il en a résulté que Hachem a accepté sa propre prière, et qu'Il lui a accordé ce dont il avait besoin lui-même (avoir un enfant par le biais de Rivka).

N'hésitons pas à utiliser cette astuce de nos Sages.
Si j'ai besoin de quelque chose, alors je vais plutôt prier pour un autre juif qui en a besoin.
b"h, On peut compléter cette réflexion, ci-après : https://todahm.com/2017/09/27/5606

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-> Its'hak a amené son épouse Rivka au mont Moria pour prier avec elle sur le lieu de la Akéda.
[Pirké déRabbi Eliézer 32]

-> Its'hak était certain qu'il aurait des enfants (cf.Béréchit 17,19), mais il suppliait D. que cela soit par le biais de la femme vertueuse qui se tenait face à lui : Rivka.
[le Sforno]

-> Le midrach (Béréchit Rabba 63,5), nous indique que Its'hak s'est ainsi adressé à Hachem :
"Maître de l'univers! Puissent tous les fils que Tu me donneras naître de cette femme vertueuse!"

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+ "Its'hak implora Hachem face à sa femme" (Toldot 25,21)

=> Pourquoi justement "face à sa femme"?

-> Le Maharil Diskin enseigne:
Hachem avait promis à Avraham : "Je multiplierai ta descendance".
C'est pourquoi Its'hak savait qu'il aurait des enfants, mais il voulait que ce soient ceux de Rivka.
=> C'est pourquoi, il a imploré Hachem face à son épouse, car il ne voulait pas d'enfants d'une autre femme!

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+ "Its'hak implora Hachem au sujet de sa femme parce qu'elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> "ki akara hi" (car elle était stérile) ne signale que la stérilité de Rivka.
D'après le Méchekh 'Hokkhma, le mot "hi" (elle - הִוא) a volontairement été écrit avec la lettre vav : הִוא de guématria 12, pour faire une allusion à la durée de l'état de stérilité de Rivka.
En effet, Its'hak avait 40 ans lorsqu'il a épousé Rivka qui avait 3 ans.
Its'hak est devenu le père d'Essav et Yaakov à l'âge de 60 ans et Rivka a donc enfanté à l'âge de 23 ans.
Or, une femme ne peut pas enfanter avant l'âge de 11 ans, selon la guémara (Yébamot 12b).
=> Ainsi, Rivka n'a été stérile durant : 23-11 = 12 ans, ce qui est suggéré par la valeur numérique 12 du mot écrit anormalement "hou" (הִוא) au lieu de : "hi" (היא).

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-> "Its'hak Avinou était stérile, car il est écrit : "Its'hak implora Hachem en face de sa femme (Rivka), car elle était stérile".
Il n'est pas écrit : "à propos de sa femme", mais "en face e sa femme", pour t'apprendre que les 2 étaient stériles.
S'il en est ainsi (qu'Its'hak et Rivka étaient tous 2 stériles), pourquoi alors la fin de ce verset dit-il : "Hachem l'exauça ("lo") et non pas "Hachem les exauça ("lahem")"?
C'est que la prière d'un tsadik, enfant d'un tsadik, n'est pas comparable (est supérieure) à la prière d'un tsadik, enfant d'un racha ...

Pourquoi nos Patriarches (et nos Matriarches) étaient-ils stériles (initialement)?
C'est parce que Hachem désire entendre la prière des tsadikim ...
La prière des tsadikim fait passer les décret de Hachem de la rigueur (midat hadine) à la miséricorde (midat hara'hamim).
[rabbi Its'hak - guémara Yébamot 64a]

-> Le mot : "en face" (lénokha'h) signifie qu'ils ont prié l'un pour l'autre, l'un en face de l'autre, c'est-à-dire que chacun a prié Hachem pour guérir la stérilité de son conjoint.
[Maharcha]

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=> Comment justifier que la prière d'un tsadik fils de tsadik est mieux écoutée que celle d'un tsadik fils de racha?

-> Le Pardess Yossef enseigne :
La prière d'un tsadik fils de tsadik est plus efficace que celle d'un tsadik fils de racha lorsqu'il prie pour lui-même (ou pour son époux), car il est aidé par le mérite de ses pères (zékhout avot).
Par contre, c'est la prière d'un tsadik fils de racha, qui a su abandonner les mauvaises actions de ses pères et emprunter la vie droite (yachar) de la Torah, qui a plus d'importance au yeux d'Hachem lorsqu'il prie en faveur d'autrui.

-> Le Maharcha dit que la guémara prouve que la prière d'un tsadik fils de tsadik est mieux acceptée dans le Ciel pour annuler un décret de stérilité que la prière d'un tsadik fils de racha.

Le Ben Ich 'Haï explique ainsi cette affirmation du Maharcha :
D'après la guémara (Baba Batra 62b), les petits-enfants sont considérés comme des enfants. Ainsi, lorsqu'un homme prie pour avoir des enfants, cette prière concerne aussi son père, car ses enfants, s'il est exaucé, seront les siens et ceux de son père.
C'est pourquoi le tsadik fils de tsadik est aidé dans ses prières par le mérite de son père qui est concerné.
Par contre, le tsadik fils de racha, privé du mérite de son père, n'est aidé que par son propre mérite.

Le Ben Ich 'Haï écrit également :
Le terme "tsadik" (צדיק) a pour guématria : 204.
Lorsque le père et le fils sont tous 2 tsadikim (tsadik fils de tsadik), la guématria totale est : 204+204= 498, ce qui est la même que celle du pronom démonstratif : "zot" (זאת) de valeur 408.
Or, nos Sages dans le midrach rabba, signalent que le mot "zot" (ceci - זאת) est, entre autres, associé à la prière.
=> Ainsi, la prière la plus considéré est celle d'un tsadik fils de tsadik.

["C'est avec ceci (zot - זאת) qu'Aharon entrera dans le Sanctuaire (à Kippour)" (Vayikra 16,3).
Les midrachim expliquent que le Cohen Gadol se présente le jour de Kippour, afin d'annuler les mauvais décrets qui pèsent sur le peuple d'Israël, avec ceci (zot - זאת) : la prière (kol - קול) de guématria 136, le jeûne (tsom - צום) de même guématria 136, et l'argent (maon - ממון) de la tsédaka, de même guématria 136.
La somme totale de ces 3 outils (téfila, téchouva, tsédaka), de même efficacité (même guématria 136), donne un total de : 136*3= 408.
Ainsi, le mot zot (זאת) de guématria 408, symbolise les 3 "outils" cités.]

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=> Hachem ne répond-Il pas à la prière de tout tsadik? Pourquoi ici n'a-t-Il répondu qu'à la prière d'Its'hak et non celle de Rivka?

-> Le rabbi de Kotsk donne la réponse suivante :
La prière de tout tsadik, fils de tsadik ou non, est importante aux yeux d'Hachem, et Il répond en général à chacun d'eux.
Lorsque [dans la guémara ci-dessus] rabbi Its'hak affirme que la prière du tsadik fils de tsadik ne ressemble à celle du tsadik fils de racha, son intention n'était pas de dire que l'un est écouté dans le Ciel et l'autre non.
En réalité, tous 2 savaient par intuition Divine (roua'h hakodech) que si leurs prières étaient exaucées, ils auraient un enfant tsadik, et un enfant racha, mais les prières d'Its'hak et de Rivka étaient différentes :
- Its'hak, tsadik fils de tsadik, priait pour que l'enfant tsadik soit un tsadik parfait (tsadik gamour) en sainteté et en pureté, afin de continuer la chaîne de véritables tsadikim, quitte à ce que l'autre fils soit un racha total (racha gamour), privé de toute étincelle de sainteté ;
- Rivka, tsadékét fille de racha, priait au contraire pour que l'enfant racha ne soit pas racha gamour, quitte à ce que l'autre enfant ne soit pas un tsadik gamour.

Hachem a finalement exaucé la prière d'Its'hak, tsadik fils de tsadik, qui ne ressemblait pas à celle de Rivka, puisqu'il est écrit qu'Il a répondu à lui (lo - לו) et non à elle (la - לא).

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=> Pourquoi Hachem aime-t-Il entendre la prière des tsadikim?

-> La fin de la guémara (ci-dessus) affirme que : "La prière des tsadikim fait passer les décret de Hachem de la rigueur à la miséricorde".
De plus, selon la guémara (Béra'hot 7a), Hachem "prie" que Sa miséricorde l'emporte sur Sa colère envers Ses enfants.
=> Ainsi, Hachem aime entendre les prières des tsadikim qui par leur pouvoir de transformer la colère d'Hachem en miséricorde, réalisent Sa volonté.
[Iyoun Yaakov]

-> Puisque Hachem est la source de bontés et de bienfaits ('hessed), il ne peut émaner de Lui que du 'hessed.
Même les situations difficiles (dine) ont une racine de 'hessed.
Ainsi, lorsque rabbi Its'hak dit que Hachem veut faire un grand 'hessed aux tsadikim en les mettant dans des situations de détresse (tsara) qui les amènent à prier du fond du cœur, en profondeur, afin d'obtenir ce qu'il leur manque, cette prière intense et sincère les attache à Hachem plus intensément.
En cela, Hachem leur fait un grand 'hessed. La souffrance endurée par le tsadik en valait la peine, puisqu'elle permet d'augmenter son attachement à Hachem.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.4, p.63]

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-> Le verset ci-dessus (v.25,21) indique d'abord la prière d'Its'hak et Rivka et ensuite la cause : la stérilité de Rivka.
N'aurait-il pas été plus logique d'inverser les 2 : "Rivka était stérile" => c'est pourquoi : "Its'hak implora Hachem"?

-> Rabbénou Bé'hayé explique : La Torah nous enseigne que la détresse (la stérilité) n'est pas la cause qui a conduit Its'hak a prier pour remédier à cette détresse, mais c'est la prière des tsadikim, appréciée et attendue par Hachem, qui devient la cause de la détresse.
Ainsi, dans notre cas, le Ciel a rendu Rivka stérile uniquement pour que Hachem ait plaisir à entendre la prière d'Its'hak et de Rivka.
Cette prière du fond de leur cœur, qui les attache davantage à Hachem, devient la véritable cause de la stérilité, et plus généralement de toute détresse.
Nous comprenons mieux l'affirmation de rabbi Its'hak : "Nos Patriarches étaient stériles car Hachem désirait entendre la prière des tsadikim".

[dans nos moments difficiles, nous pensons que Hachem nous a forcément abandonnés, qu'Il n'est plus intéressé par nous, mais c'est tout le contraire. Hachem a une envie folle de nous, Il veut nous entendre lui parler par la prière, et c'est pour cela qu'Il nous donne des difficultés.
La nature humaine est d'oublier D. lorsque tout va bien pour nous, et de se tourner vers Lui lorsque cela devient difficile.
Le rav Elimélé'h Biderman donne l'exemple suivant : une personne s'est mise sur le toit d'un immeuble et elle jetait des billets. En bas les gens se rassemblaient pour prendre l'argent, mais personne ne levait la tête pour en voir la provenance. Alors, il a mis en place une autre méthode pour attirer l'attention vers lui : il a jeté des pierres. Maintenant, tout le monde le regardait.
Cela illustre notre nature à reconnaître Hachem pendant nos moments difficiles, et à l'oublier lorsque tout va bien.

Nos Sages (guémara Sanhédrin 44 - לעולם יקדים אדם תפילה לצרה) nous conseillent d'abreuver Hachem de prières lorsque tout va bien pour nous, car ainsi Hachem n'a plus besoin de nous imposer des malheurs pour que l'on en vienne à prier davantage.
[Rabbi Akiva Eiger enseigne qu'on sera tenu pour responsable de nos malheurs, car au Ciel on nous demandera pourquoi nous n'avions pas prié au préalable, ce qui aurait évité au problème de se produire.]
D'ailleurs, le rav Elimélé'h Biderman rapporte que si pendant une épreuve nous prenons la résolution de continuer à prier Hachem avec la même intensité par la suite, alors il n'y a plus de raison pour que nos difficultés continuent. Hachem retire alors nos malheurs, et notre vie sera agréable.
Hachem désire avoir un lien avec nous, et tant que nous le maintenons de notre mieux, alors il n'y a pas de raison de causer des problèmes pour nous faire prier davantage (vu que c'est déjà le cas!).

Le Arvei Na'hal dit qu'on voit cela en allusion dans le Téhilim (86,3) : "Prends-moi en pitié, Hachem, car vers toi je crie toute la journée" ('honéni Hachem ki élé'ha ékra kol ayom).
Le roi David déclare : "Qu'il y ait des malheurs ou bien que ma vie soit agréable, Hachem je prierai vers Toi toute la journée. Je ne m'arrêterai pas de Te prier. C'est pourquoi : "Prends-moi en pitié" = il n'est pas nécessaire de m'imposer des difficultés pour m'encourager à Te prier, car de toute façon, indépendamment de cela je Te prierai." ]

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-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 101) enseigne :
La construction de l'Assemblée d'Israël s'est réalisée à partir des prières qu'Hachem désirait entendre :
- celles de nos Patriarches et Matriarches pour engendrer ;
- et celles du Peuple pour d'Egypte.
En effet, à la sortie d'Egypte, Hachem a placé le peuple d'Israël, poursuivi par les égyptiens, dans une situation dramatique pour l'unique raison d'entendre une prière intense de Son peuple.
D'ailleurs, après avoir entendu la voix "agréable" de ces supplications, Hachem dit à Moché : "Pourquoi M'implores-tu ... Qu'ils avancent!" (Chémot 14,15).
Hachem voulait dire à Moché : les prières des Bné Israël ont précédé ta prière ; Mon désir d'entendre ces supplications a déjà été exaucé ; vous pouvez donc maintenant avancer vers la mer.

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=> Allusion numérique au changement opéré par la prière du tsadik :

-> "La prière des tsadikim fait passer les décrets de Hachem de la rigueur (midat hadine) à la miséricorde (midat hara'hamim)."

Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La prière du tsadik, qui s'effectue de tout son cœur (lev - לב), a le pouvoir de transformer l'état de colère (roguez - רוגז) d'Hachem, source de tourmente/châtiment (yissourim), en un état d'affection et de miséricorde (ra'hem - רחם).
En effet, il y a une allusion à cette transformation, car la guématria de la colère (רוגז) qui est de 216, ajoutée à celle du cœur (לב) qui est de 32, donne un total de 248 (216+32), qui est la guématria de la miséricorde (רחם), soit 248.

"Et Essav alla vers Ichmaël et prit pour femme Ma'halat, fille d'Ichmaël" (Toldot 28,9)

A propos de ce verset, la guémara Yérouchalmi (Bikourim 3,3) justifie le fait que toutes les fautes d'un nouveau marié ('Hatan) enseigne :
"Est-ce que Ma'halat est son nom? N'est-ce pas que son nom est Bosmat?
C'est pour nous apprendre que toutes les fautes d'Essav lui ont été pardonnées.
De là, les fautes d'un nouveau marié lui sont pardonnées."

-> En effet, le verset a modifié le vrai nom de son épouse Bosmat en Ma'halat (dérivé de Ma'hal, qui signifie : pardonner), pour nous apprendre qu'un 'hatan, même mécréant comme Essav, voit ses fautes antérieures pardonnées le jour de son mariage.

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 22) explique à ce sujet :
Alors que le jour de Kippour, nos fautes ne sont pardonnées qu'après téchouva, le jour du mariage a un pouvoir supérieur puisqu'il pardonne les fautes du 'hatan, même sans téchouva, puisque l'on sait que ni Essav, ni Ma'halat ne se sont repentis.

D'où vient donc le mérite du 'Hatan de voir toutes ses fautes effacées sans même faire téchouva?

Le mérite du 'hatan est qu'il accepte, ce jour-là, la responsabilité de ses devoirs envers son épouse.
Prendre sur lui le joug de cette responsabilité, pendant toute la durée de sa vie matrimoniale, le grandit et D. lui accorde alors les moyens d'assumer les devoirs auxquels il s'est engagé et lui efface alors toutes ses fautes.

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-> Il est enseigné dans la guémara (Shvouot 13a) que le jour de la 'houpa est appelé "Yom Kippour katane" pour le marié et la mariée. La force du jour de Yom Kippour provient de la puissance et de l'essence du jour même, qui expie les fautes.

Le rabbi Pin'has Friedman ajoute :
C'est-à-dire que l'essence de la sainteté de Yom Kippour lui-même, l'essence de la lumière qui éclaire ce jour-là, purifie et nettoie l'homme de toutes ses fautes ...

En nous apprenant cela du mariage d'Essav, la Torah transmet un fondement très important : tout juif, tel qu'il est, où qu'il soit, même s'il a commis les plus grandes fautes comme Essav le racha, dans l'intériorité de son âme, reste juif. Et lorsqu'arrivera le jour où il s'éveillera, comme par exemple, le jour de sa 'houpa où s'éveille son âme, Hachem dans Sa grande bonté lui pardonnera toutes ses fautes.
[en effet la guémara (Baba Batra 16b) rapporte : "Essav commit ce jour-là 5 fautes : il viola une jeune fiancée, il tua, il nia la résurrection des morts, il renia Hachem, et il méprisa le droit d'aînesse".
Donc si malgré cela Essav a pu obtenir un pardon de ses fautes, à plus forte raison cela est valable pour nous!]

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Essav choisit ses femmes parmi les filles de Canaan ; Ada, fille d’Elon le Hethéen et Olibama, fille d’Ana, fille de Tsivon, le Hévéen ; et Basmat, fille d’Ichmaël, sœur de Névayot. (Vayichla'h 36,2-3)

-> Rachi (v.26,3) commente : On trouve dans le midrach sur le livre de Chmouel (chapitre 17) qu’il existe 3 catégories de personnes dont les péchés sont pardonnés : celui qui se convertit, celui qui est jugé digne d’accéder à une position élevée et celui qui se marie.
Et c’est d’ici que l’on déduit le 3e cas : elle a été appelée Ma‘halat parce que, lorsqu’elle s’est mariée [avec Essav], ses péchés lui ont été pardonnés (nim‘halou).

=> À 2 reprises, la Thora parle des mariages d’Essav (dans Toldot et dans Vayichla'h).
Comment comprendre que les fautes d'une personne sont comblées le jour de son mariage, sans même qu’elle fasse techouva? [cf. rav Chmoulévitch ci-dessus]

-> Le rav Steinman (Ayéleth Hacha’har - Vayichla'h 36,2) note que le mariage est un moment propice au changement et au repentir. Ainsi, nos Sages nous enseignent que les fautes du ‘hatan sont expiées parce qu’il est très probable qu’il fasse techouva, auquel cas il est pardonné.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2017/07/25/le-jour-du-mariage-jour-des-expiations

"Tous les puits que les serviteurs de son père avaient creusés du vivant d'Avraham, les Philistins les avaient bouchés et remplis de terre" (Toldot 26,15)

-> Le Méor Enayim (Vayétsé) enseigne :
Il s'agit du mystère de tous les puits que les Patriarches ont creusés pour trouver de l'eau, c'est-à-dire la Torah, dans la "terre", c'est-à-dire au niveau le plus bas.
[ l'eau est une métaphore courante de la Torah, comme dans le verset : "tout assoiffé (de spiritualité), qu'il vienne chercher de l'eau (la Torah)" (Yéchayahou 55,1).
La terre est considérée comme le plus bas des quatre éléments que sont : le feu, l'air, l'eau et la terre. ]

Car chacun des Patriarches (Avot), en perfectionnant ses traits de caractère, a fait jaillir de la terre et des niveaux inférieurs une révélation de la Torah, " une source d'eau vive " (Toldot 26,19), afin qu'elle ne soit pas recouverte à nouveau.

Cependant, après la mort d'Avraham, ces révélations ont été scellées par la "terre" qui a recouvert "l'eau". Cela est dû aux Philistins, les écorces d'impuretés qui se sont réaffirmées (les puits ont été rebouchés par de la terre).
Mais Its'hak vint et recreusa les puits, comme il est écrit : "Il recreusa les puits qui avaient été creusés du temps de son père Avraham" (Toldot 26,18).
Ceci fait également référence à la révélation de la Torah par Avraham et Its'hak.
Aujourd'hui encore, la Torah est cachée dans les actes mêmes d'Abraham et d'Its'hak.

Et tout cela afin de réparer les générations futures. En effet, sans les Patriarches, il serait impossible de comprendre la Torah et de s'approcher d'Hachem.

"Its'hak aimait Essav, parce qu'il lui donnait du gibier à manger" (Toldot 25,28)

-> Rachi explique qu'Essav a piégé et trompé Its'hak par ses paroles.
Le Baal Shem Tov fait le commentaire suivant : depuis le jour où Essav a trompé Its'hak, aucun tsadik n'a jamais été capable de voir le mal chez ses enfants.
[Zohar 'Haï - Vayechev p.346a ]

Toldot – Béndiction de Yaakov & les convertis

+ Toldot - Béndiction de Yaakov & les convertis :

-> "L'autre s'appellera du nom de Yaakov" (Yéchayahou 44,5).

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 459) dit, que ce verset se réfère aux convertis justes qui sont désignés par le nom de Yaakov.

Le Zera Shimshon demande : pourquoi les convertis sont-ils associés à Yaakov Avinou plus qu'à n'importe quel autre Patriarche ou dirigeant spirituel juif?

Avant de répondre à cette question, le Zéra Shimshon souligne que, selon la halakha, les convertis sont en réalité davantage associés à Avraham Avinou (voir Rav, Michnayot Bikourim 1,4 au nom du Rambam).
Si tel est le cas, pourquoi le Yalkout soutient-il que les convertis sont associés à Yaakov plutôt qu'à Avraham?

Le Zéra Shimshon répond que la Torah nous ordonne à plusieurs reprises de ne pas faire souffrir un converti. La Torah donne une raison explicite à ce commandement. Puisque nous avons souffert en Egypte en tant qu'étrangers dans le pays, nous devrions comprendre ce que l'on ressent lorsqu'une personne vient d'un milieu différent et faire très attention à ne pas la faire souffrir de quelque manière que ce soit.

L'exil en Egypte a commencé avec la descente de Yaakov et c'est à cause de cet exil que les convertis ont obtenu cette protection spéciale de la Torah, ils sont appelés les enfants de Yaakov puisqu'ils ont bénéficié le plus de ce qui est arrivé à Yaakov.

Le Zera Shimshon propose une autre explication.
Rabbi Ména'hem Azaria Mipano (Assara Ma'amarot) écrit que tous les convertis sont en réalité des âmes juives qui ont été rejetées sur le côté à cause des malédictions qui se sont abattues sur le monde lorsque Adam a fauté, à cause de la ruse du serpent (au début des temps, toutes les âmes futures qui viendraient éventuellement dans ce monde étaient liées à Adam Harichon).

En d'autres termes, le serpent a trompé Adam en lui faisant manger de l'Arbre de la Connaissance (Eits Hadaat). En conséquence, Adam reçut de nombreuses malédictions qui affectèrent certaines âmes connectées à son âme globale. Par conséquent, ces âmes n'ont pas pu descendre dans ce monde correctement.

Yaakov fit exactement le contraire. Il "trompa" Its'hak et apporta la bénédiction à lui-même et à ses descendants. C'est alors que les âmes originelles qui avaient été imparfaites et incapables d'entrer dans ce monde correctement ont été capables d'entrer dans ce monde en tant que convertis, puisque Yaakov avait rectifié beaucoup de ces malédictions en apportant des bénédictions au monde par "ruse".
Sur cette base, il est tout à fait compréhensible que les convertis soient appelés en l'honneur de Yaakov Avinou.

"La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

1°/ Its'hak ne parlait sûrement pas du timbre de la voix puisque, comme le remarquent nos Sages, les voix de Yaakov et d'Essav étaient si semblables qu'il ne pouvait les distinguer.

Rachi explique qu'Its'hak voulait dire la façon de parler de Yaakov, car celui-ci s'exprimait toujours avec humilité et invoquait le nom de D.

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2°/ Selon nos Sages (guémara Guittin 57b) : derrière toute prière qui porte ses fruits se trouve sans aucun doute un descendant de Yaakov ... Chaque fois qu'une armée remporte une victoire, des descendants d'Essav y sont certainement mêlés.

Ainsi :
-> le pouvoir de Yaakov réside dans sa voix qui prononce des prières ;
-> le pouvoir d'Essav réside dans ses mains meurtrières (ex: les mains de l'empire Romain, des descendants d'Essav, qui ont détruit le 2e Temple et nous ont exilé de notre terre)

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3°/ "Quand la voix de Yaakov s'entend dans les synagogues et les maisons d'étude, les mains d'Essav ne peuvent pas vous dominer"
(le midrach -> én hayadayim yédei Essav choltot ba'hem).

Le Gaon de Vilna vient commenter : "la voix est la voix de Yaakov" (הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב - akol kol Yaakov).
Le 1er kol est écrit sans vav et peut se lire : kal (קל) , qui veut dire léger.
En d'autres termes, lorsqu'une légèreté, une faiblesse, se fait sentir dans la voix de Yaakov, les mains d'Essav le dominent.
Mais lorsque la voix de Yaakov est "pleine" (écrite pleinement, avec un vav), sans légèreté, ni faiblesse, les mains de Yaakov ne peuvent pas le dominer.

Le Gaon de Vilna commente : "les mains sont les mains d'Essav" :
Quand la voix est celle de Yaacov (par l’étude et la prière), alors les mains, sous entendu ses mains, c’est-à-dire les mains du peuple juif, seront les mains de Essav. Le peuple d’Israël aura le droit de "subtiliser" les mains de Essav pour les utiliser pour se défendre et se protéger.
Ainsi, cela revient à dire que "les mains ne seront plus les mains de Essav".
Tous les ennemis d’Israël n’auront plus leurs mains pour faire du mal au peuple juif, puisque leurs mains c’est-à-dire leurs forces seront neutralisées pour être transférées au profit d’Israël en vue de se défendre et de se protéger.

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-> "La voix, c’est la voix de Yaakov et les mains sont les mains d’Essav" (v.27,22)
Selon le Yaarot Dvach, cela signifie que si nous avons la voix de Yaakov (kol Yaakov), c’est-à-dire que nous disons des paroles de Torah et que nous prions, c’est certes bien mais tant que nous ne mettons pas notre cœur, alors dans ce cas : "les mains sont les mains d’Essav" (véayadayim yédé Essav) = Essav aura toujours du pouvoir sur nous.
Cependant lorsque nous servons Hachem avec notre cœur, alors le mérite d’Essav est annulé, et Amalek n’a plus aucun pouvoir sur nous.

[b'h, ici du divré Torah : https://todahm.com/2019/03/02/10162-2 ]

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4°/ "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav"
Nos Sages tirent de ce verset que lorsque la voix de Yaakov est entendue : les juifs étudiant la Torah et apprenant les mitsvot, alors les mains de Essav ne les atteindront pas.
En réalité, la compréhension de ce verset est que : lorsque les juifs étudient la Torah et sont dans les lieux d'étude, alors les non-juifs font le travail à leur place (le mains d'Essav). Sinon, les juifs vont être forcés d'en sortir et de le faire eux-mêmes.
[Déguel Ma'hané Efraïm - Rabbi Moché 'Haïm de Sédlikov]

[La guémara dit que plus on prend sur nous de peiner dans l'étude de la Torah, alors plus Hachem nous enlèvera des soucis d'ordre matériel. On a tous une dose de souffrances sur nous, mais si on la met dans le spirituel, on n'a alors plus besoin de l'avoir autrement.
Ainsi, s'il y a la voix de Yaakov, alors c'est Essav avec ses mains qui devra agir, car nous avons déjà assez donné nos efforts autrement!]

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5°/ Il est écrit une belle explication dans le Léchem Léfi haTaf.

Lorsque l'on écrit les lettres du nom : עשו, de façon pleine, on a :
-> le ע (aïn) = עין.
La guématria des lettres non présentes (cachées) dans le nom est de : 60 (youd+noun) ;
-> le ש (shin) = שין.
On obtient de même : 60
-> le ו (vav) = ויו.
La guématria des lettres cachées est de : 16 (vav+youd).

=> Le nom Essav possède en caché une valeur de 136, qui est la même que le mot : kol (קוֹל - la voix).

=> Ainsi, si la voix (kol) de la Torah est chantée à voix haute et fièrement, toute la force que possède Essav restera cachée.
Mais si la voix de Yaakov est cachée, alors la force d'Essav va faire régner de la terreur sur le peuple juif.

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Nos Sages nous disent : "Toutes les catastrophes qui arrivent dans le monde, viennent à cause des juifs."
[guémara Yébamot 63a]

[Directement ou indirectement adressée au peuple juif, une catastrophe vient nous réveiller de notre monotonie, lourdeur afin que l'on puisse s'ouvrir à la réalité de ce que D. attend de nous, pour notre bien.]

Le midrach dit : "Lorsque la voix est la voix de Yaakov, alors les mains n'appartiennent plus à Essav" (Béréchit Rabba 65,20)

Le rav Wolbe (Chiourei 'Houmach) de commenter : "Lorsqu'un juif étudie la Torah, le peuple juif dans son ensemble s'élève. La résultante automatique est que nos ennemis vont tomber!"

=> Notre futur est entre nos mains (de Yaakov).
A nous d'agir pour qu'il soit des plus radieux ... b"h 🙂

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-> "C'est une halakha qu'Essav hait Yaakov"
[midrach Yalkout Chimoni Bamidbar 722]

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+ "La voix (akol - הַקֹּל) est la voix (kol - קוֹל) de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav"

=> Pourquoi le mot "hakol" (la voix) est écrit sans "vav"?

Le Séfer Tsélota déAvraham répond :
Car Yaakov n'a pas toujours la possibilité de crier. Souvent, quand les mains d'Essav provoquent des malheurs et que s'accomplit le verset : "les mains sont les mains d'Essav", la voix de Yaakov est également obligée de se taire. De manquer une lettre. En effet, même crier, il ne nous laisse pas ...

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-> Lorsque Hachem annonce à Rivka qu'elle va enfanter 2 jumeaux, à l'origine de 2 peuples (Essav et Yaakov), Il ajoute : "Un peuple sera plus puissant que l'autre" (Toldot 25,23).

Rachi commente : lorsque l'un de ces 2 peuples s'élève, l'autre chute et réciproquement.

C'est pourquoi, Haman désirait la chute des juifs afin d'assurer son ascension personnelle et celle de son peuple, et pour cela il était prêt à verser une très grande somme d'argent.
[il a payé à A'hachvéroch 10 000 kikars d'argent, qui selon le rav Lumbroso équivalent à 680 tonnes d'argent pour faire périr le peuple juif!]

Donc, l'intention d'Haman n'était pas seulement le départ des juifs du royaume qui le dérangeaient, mais aussi une chute et l'extermination des juifs qui auraient assuré son élévation personnelle.
[Beit Its'hak]

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-> La Torah est la voix de Yaakov, la puissance des juifs, et tout celui qui s’y rattache n’a pas à avoir peur des mains d’Essav, le racha.
[Sfat Emet]

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-> Si les juifs regardent des choses interdites, alors les forces de Essav et d'Ichmaël reprennent des forces.
Mais si nous sommes vigilants à protéger notre sens de la vision, alors Essav et Ichmaël seront anéantis et le machia'h viendra.
['Hida - Na'hal Kédoumim - Béréchit]

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-> Même quand un homme a beaucoup fauté, tant qu'il continue à prier à Hachem et Le supplier de sauver son âme, alors il y a bon espoir qu'Hachem le guérisse des blessures causées par ses fautes.
Le verset dit bien : "La voix est la voix de Yaakov et les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22).
Même si ses mains ont commises de lourds péchés, si sa voix supplie Hachem, il peut espérer être sauvé.
[Méïr énei 'Hakhamim]

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- "hakol" = la voix, la parole :
- "kol Yaakov" = cela peut être du positif : Torah, prière, donner des encouragements à autrui ;
- ou bien "yédé Essav" = négatif : en nuisant à autrui, lachon ara, ...
=> La parole est comme un marteau : soit on décide de s'en servir pour construire, soit pour détruire / faire du mal.
[rav Yéhochoua Alt]

"On lui donna le nom d'Essav" (Toldot 25,25)

La valeur numérique de : "Essav" (עֵשָׂו) est de : 376, qui est la même que celle du mot : shalom (la paix - שָׁלוֹם).

Comment comprendre cela?

1°/ Le Baal haTourim nous dit que si cette relation entre Essav et le concept de la paix n'existait pas, Essav aurait détruit le monde entier.

=> Ainsi, tout le mal qu'ont fait Essav et ses descendants n'est rien par rapport à ce qu'ils auraient fait sans l'existance de ce lien avec le shalom dans leur nom!!

On peut faire un lien avec la guémara (méguila 6b), qui parle de "guermania" (une des provinces du royaume d'Edom), en disant qu'elle a le potentiel de sortir de chez elle et de tenter de détruire le monde.

Qui est le royaume d'Edom?
"Edom, c'est Essav" (Béréchit 36,8).
A quoi correspond la "guermania"?
Rabbi Yaakov Emden explique que "guermania" fait référence à la zone de l’Allemagne actuelle.

Il est incroyable de voir à quel point la tendance innée d'Essav à détruire le monde s'est manifestée, comme écrite dans notre Torah et par nos Sages, des milliers d'années auparavant.

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2°/ Le Avnei Nézer s'appuyant sur ce lien numérique entre Essav et le mot : shalom, va en tirer une autre conclusion.

Essav a vécu une vie de paix et de tranquillité, dans le sens qu'il n'a jamais cherché à combattre son yétser ara.
Son inclinaison au mal vivait en totale paix en lui !!
(d'où le lien entre Essav et la paix)

A l'inverse, lorsqu'une personne se bat souvent et de façon courageuse contre son yétser ara, elle va vivre des moments de trouble, d'agitation interne, jusqu'à ce qu'elle gagne haut la main le combat.

Le véritable shalom, ce n'est pas d'abandonner le combat contre son yétser ara, c'est au contraire lutter en permanence de toutes ses capacités pour le vaincre (b"h) autant que possible.
Il en découle une véritable paix intérieure, qui vient du fait que mon âme est satisfaite de ce que j'ai réalisé, car conforme à la volonté de D.

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3°/ Rachi (25,25) nous dit : "[Le nom Essav vient ] de la racine ‘assé ("faire"). Tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était "fait", c’est-à-dire qu’il était venu au monde tout velu, comme un homme d’âge mûr."

=> Essav est lié à la notion de : complet, finalisé.

Yakov vient du mot : ékev, qui signifie : le "talon".
C'est la partie la plus basse du corps humain, que Yaakov avait attrapé à son frère au moment de sortir du ventre de sa mère.

Qu'est-ce que cela vient nous apprendre?

Le Chem miChmouel nous dit que Essav était parfaitement heureux avec ce qu'il avait, n'ayant aucun désir de spiritualité.
A ces yeux, il était une personne complète, totalement aboutie, comme son nom le laisse indiquer.
Essav a numériquement un lien avec le mot : "shalom" (la paix), qui a pour racine le mot : "shalem" (complet, abouti, entier), renvoyant à sa vision de la vie.

Yaakov considérait ses actes comme petits et faibles, à l'image du talon qui est tout en bas du corps, et il cherchait donc en permanence à monter plus haut, à progresser.

Il est écrit ensuite : "Essav devint un homme sachant chasser, un homme des champs, et Yaakov était un homme intègre (ich tam), demeurant (yochèv - יֹשֵׁב) dans les tentes" (Toldot 25,27).

Le terme yochèv renvoie, en général, à la notion de s'arrêter d'avancer, à une envie de se reposer dans la vie.
Mais ici, il manque curieusement un vav dans ce terme.
Il est en effet généralement écrit : יושב

Le Netsiv (Haémek Davar) dit qu'à chaque fois qu'un mot est écrit de façon incomplète (avec au moins une lettre manquante), cela nous apprend toujours qu'il manque quelque chose dans le concept que le mot représente.

En appliquant cela à notre verset, on apprend que Yossef était assis dans les tentes pour étudier, mais qu'il considérait toujours que sa sagesse était incomplète, qu'il y avait toujours plus à apprendre.

Ainsi, on peut dire que :
-> le succès de Yaakov résidait dans son perpétuel état d'être un étudiant de la vie : il y a toujours moyen de progresser.
Yaakov est appelé : "ich tam" = intègre.
Il connaissait sa place, marchant humblement sur le chemin de la volonté de D.

-> A l'inverse, Essav se voyait comme parfait, sans progression possible.
Essav est appelé : "yodéa tsayid" (sachant chasser) = le terme "yodéa" (un sachant), renvoie bien au fait qu'Essav se sentait comme un "sachant" (yodéa), une personne qui pense déjà tout comprendre.

 

Source (b"h) : traduction et compilation personnelle de dvar Torah du Rabbi Shlomo Zalman Bregman

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-> Rabbi Yé'hezkel Sarna (Daliyot Yé'hezkel) dit que le mot : "tam" signifie être entier avec Hachem (Rachi : Tel était son cœur, telle était sa parole).
De même qu'une personne s'étant cassé le poignet par accident n'est plus dans un état parfait physiquement, de même lorsque nous fautons par accident, nous ne sommes plus parfait spirituellement.
La mitsva de "tamim tiyé" (être entier), nous oblige à maintenir cet état de complétude spirituel (faire téchouva, monter la garde, éviter les situations à risque, ...).
[A l'inverse (de ich tam), Essav est appelé : "ich tsadé" (homme des champs), signifiant qu'il n'est pas chez lui dans ses tentes. Sa maison est donc grande ouverte au yétser ara, qui est alors le maître à bord.]

"Et Its'hak préférait Essav parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche ; mais Rivka préférait Yaakov" (Toldot 25,28)

-> Rachi explique qu'Essav a trompé son père par ses mots. Il dupa Its'hak en lui faisant croire qu'il était un tsadik en lui posant des questions telles que comment prendre le maaser sur le blé et le sel.

-> Le 'Hidouché haRim note que cela est difficile à comprendre. Même si cela était vrai qu'Essav prenait le maaser sur le blé, Its'hak l'aimerait-il plus que Yaakov, qui passait toutes ses journées à étudier la Torah?

Il répond que Its'hak pensait que Yaakov était une personne simple (tamim) qui étudiait la Torah toute la journée, mais qui n'avait aucun lien avec les affaires du monde.
Essav, quant à lui, se décrivait comme un marchand intelligent et mondain, qui avait des relations avec le monde, mais qui restait une personne droite et pieuse.

Yaakov appréciait davantage les mitsvot d'Essav parce qu'il était dans le monde, où il faisait face à de nombreux défis, et qu'il agissait toujours comme s'il restait un tsadik. Il considérait que ses mitsvot avaient plus de valeur que celles de Yaakov parce que ce dernier n'était pas dans le monde et n'avait jamais été confronté à ces défis.

Cependant, après que Yaakov eut donné les bénédictions à Yaakov et qu'il eut appris d'Essav comment Yaakov l'avait piégé, il s'aperçut que même si Yaakov était assis et étudiait dans sa tente toute la journée, il était encore plus intelligent qu'Essav. Il vit qu'il comprenait le monde. Par conséquent, il conclut que Yaakov méritait les bénédictions.

[tamim tiyé im Hachem Eloké'ha = on doit agir avec simplicité (conscient qu'on comprend rien, que tout vient d'Hachem, ...), cela ne veut pas dire être simplet, paresseux, ... Au contraire, on doit faire une hichtadlout pour se défendre d'autrui, pour gagner sa vie, ...

On voit également de ce verset : si 2 personnes (une étudiant à plein temps et une qui doit travailler) font de leur mieux pour tendre vers une vie de tsadik (juste), alors celui qui évolue dans le monde par son travail et reste malgré tout juste, alors il fait quelque chose de sublime, "Its'hak préférait Essav". ]

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-> Le Séfer miZékénim Etbonen demande pourquoi l'étalage de piété d'Essav a incité Its'hak à l'aimer, mais n'a pas fonctionné pour Rivka. Il répond que Its'hak a grandi dans la maison d'Avrahom, qui était imprégnée de témimout et de vérité (émet). Il ne connaissait pas la ruse et pensait qu'Essav était sincère dans ses paroles.
Rivka, en revanche, a grandi dans la maison de Bétouel et de Lavan, qui étaient des menteurs et des tricheurs. Elle savait comment repérer un imposteur et elle était capable de voir qu'Essav n'était pas vraiment juste (tsadik).

Le louz

"Its’hak avait quarante ans lorsqu’il prit pour épouse Rivka, fille de Bétouel l’Araméen, du territoire d’Aram, soeur de Lavan, l’Araméen" (Toldot 25,20)

-> Le Zohar (I, 137a) interprète notre verset en rapport avec la Délivrance finale et la résurrection des morts (té’hiyat hamétim) : Its’hak symbolise l’âme et Rivka, le corps.
La résurrection des morts (le "mariage" indélébile de la fin des temps entre l’âme [Its’hak] et le corps [Rivka]) aura lieu 40 ans après le rassemblement des Exils sur la terre d’Israël.
[on peut noter que le nom יצחק (Its’hak) se décompose en קץ חי (Kets ‘Haï - "fin des temps vivante" [Zohar] : allusion au kéts hayamin (קץ הימין) de la résurrection (voir Marharcha sur Pessa’him 56a), et que le nom רבקה (Rivka) est formé des mêmes lettres que הַבֹקֶר (haboker - le matin = allusion à la Lumière de la Délivrance [suite à l'obscurité de l'exil])].

Le Zohar poursuit et explique que c’est à partir d’un minuscule os de la colonne vertébrale, désigné dans notre verset par l’expression : "Bétouel l’araméen" (בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי - Bétouel haarami) que D. reconstituera les corps.
Cet os est aussi désigné sous deux autres appellations : "louz (לוז) d’après le midrach et "niskoï"
(נסכוי) d’après les anciens maîtres [voir Beth Yossef sur Ch. A. Ora’h ‘Haïm 130]). Aussi, les trois initiales de ces noms forment-ils le mot לבן (Lavan), qui, d’une part, rappelle l’expression de notre verset : "soeur de Lavan l’Araméen" [Ben Ich ‘Haï], et d’autre part, indique le caractère pure et unitaire de cet os, à l’instar du "blanc" (לבן - Lavan), pur de tout mélange de couleur.

Ainsi, n’étant pas un élément composite, cet os est alors indestructible.
Rabbi Yéhochoua Ben ‘Hanania en fit la démonstration devant l’empereur Adrien. Il tenta de le broyer sous une meule, sans succès. De le brûler, sans y parvenir. De le faire s’effriter dans l’eau, sans résultat. Il le mit sur une enclume pour le frapper, c’est l’enclume qui se fendit, le marteau se cassa mais l’os resta entier. [midrach Béréchit rabba 28,3]

Le Zohar rapproche le terme הָאֲרַמִּי (haarami) au mot הרמאי (haramaï), "le trompeur", à l’instar du yétser ara appelé aussi רמאי (Ramaï).

=> Pourquoi l’os, à partir duquel D. opérera la résurrection des morts (l’étape ultime de la guéoula qui verra la disparition du mal), est-il appelé du nom d’un racha, comparable au yétser ara, "Bétouel le trompeur?
Le nom "Bétouel" (בתואל) est en rapport avec la résurrection. Le Zohar nous dit qu’il s’agit d’une allusion à la "fille de D." (bito chel El - בתו של א־ל) [littéralement, la "fille" du Nom E-l ].
Or, la résurrection des morts et le Nom de D. (א־ל - E-l) sont justement intimement liés. En effet, le mot א־ל (E-l) [D. Tout puissant] étant le premier des "13 Attributs de Miséricorde" (אֵל רַחוּם וְחַנּוּן - Tout puissant, Clément, Miséricordieux - [voir Ki Tissa 34,6]), il est relié au premier des 13 Principes d’interprétation de la Torah enseignés dans la braïta de Rabbi Ichmaël (קל וחומר - kal va'homer [raisonnement à fortiori], גזרה שוה [Gzéra Chava - raisonnement par analogie]).
Ainsi, le Nom א־ל (E-l) de l’os de la Résurrection est lié avec le Principe de "Kal V'ahomer"[raisonnement à fortiori] comme cela ressort de l’enseignement du Talmud (prouvant la Résurrection) [Sanhédrin 91a - Rachi] : "Ceux qui n’ont jamais vécu [naissent et viennent à la vie], ceux qui ont déjà vécu, n’est-ce pas, à plus forte raison qu’ils vont revivre".

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=> Pourquoi cet os est appelé : ramaï (trompeur)? On peut citer :

1°/ Il donne l’apparence de profiter de la nourriture et de la boisson, comme toute autre partie du corps, alors qu’en réalité il ne se nourrit que du repas de Mélavé Malka (le repas de la sortie du Shabbath) [Sidour du Yaavets]
[étant déjà rassasié par les trois repas du Shabbath, l’homme qui consomme cette Séouda, appelée aussi "repas du roi David oint" (vivant et existant - 'haï végayam - חי וקים), n’a pour seul plaisir véritable que celui d’"accompagner la reine Shabbath"].

2°/ Il donne l’impression de connaître la mort, après le retrait de l’âme, alors qu’en réalité il est indestructible et immortel [le Yaavets note que la valeur numérique du nom בְּתוּאֵל (Bétouel) - 439 est, à une unité près, la valeur numérique du mot מת (mét - mort) - 440, pour dire qu’il semble mourir comme le reste du squelette, mais en réalité n’est pas touché par la mort].

3°/ Il trompe la vigilance du "Grand Trompeur" (le yétser ara, à l’origine le Serpent). [‘Hidouché haRim]
En effet, ne profitant pas de la nourriture de la semaine, cet os n’a pas été nourri du fruit de la Connaissance du Bien et du Mal, consommé par Adam Harichone le 6e jour de la Création, suite à l’incitation du Serpent. Aussi, n’est-il pas concerné par le décret de mortalité engendré par la faute originelle : "Le jour où tu en mangeras, tu mourras" (Béréchit 2, 17). C’est pourquoi, la mort et la décomposition n’ont aucune prise sur lui.
Au contraire, c’est à partir de cet os que s’opérera la résurrection, mettant ainsi un terme au Mal et à son instigateur, le yétser ara (identique au Satan et à l’Ange de la Mort - voir guémara Baba Bathra 16a).
[d'après feuillet de la communauté Sarcelles - 5783 ]

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+ Egalement sur le louz :

-> le passage : Comment l'âme peut-elle réintégrer un corps qui a été totalement désintégré? : https://todahm.com/2022/11/23/37925

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-> Rava dit : Pourquoi la Torah demande-t-elle (au Cohen) de mettre de la poussière (afar) dans l'eau que doit boire la femme Sota (soupçonnée d'adultère par son époux)?
C'est parce que si elle est innocente, elle aura un fils comme Avraham qui avait dit : "Et moi qui ne suis que poussière et cendres" (Béréchit 18,27), et si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière. [guémara Sota 17a]

=> Comment comprendre : "si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière"?

-> Le Tiféret Tsion explique :
C'est à partir du petit os nommé : louz (לוז), habituellement indestructible, que s'effectuera la résurrection des morts.
Cependant, pour la femme Sota, si elle meurt après avoir bu les eaux "amères", ce qui prouve sa culpabilité, son louz redeviendra poussière et elle ne pourra pas bénéficier de la résurrection.
Pourquoi? Du fait qu'en ne reconnaissant pas sa faute, elle a provoqué l'effacement du Nom Divin qui ne doit pas être effacé inutilement, alors mesure pour mesure, son louz sera réduit en poussière alors qu'il est indestructible pour les autres personnes.

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-> Selon la Tradition (voir midrach Béréchit rabba 28,3), il existe un "os" de la taille d’un grain d’orge, appelé en hébreu "Louz" (לוז), qui se trouve au-dessus de la colonne vertébrale [à l’intérieur du crâne sous le cerveau].
Cet "os" ne reçoit sa nourriture que de ce que l’on mange le samedi soir à la séouda de Mélavé Malka. Il est indestructible.
La future Résurrection des morts aura lieu à partir de cet "os" (voir Michna Beroura – Choul'han Aroukh Ora'h ‘Haïm 300,2).
Le Kotel ressemble à cet égard au Louz : de même que le Louz ne sera jamais détruit, et il deviendra le point de départ de la Résurrection des Morts, de même, le Kotel ne sera jamais détruit et c’est à partir de lui que sera construit le 3e Temple. [Séfer Emouna VéHachga’ha]
Il est remarquable de noter que "Yom Yérouchalaïm" tombe le 43e jour du Omer ; nombre [43] qui correspond précisément à la valeur numérique du mot "Louz" (לוז).
[d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - Bé'houkotaï 5782]