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"Yaakov était un homme loyal/intègre (tam)" (Toldot 25,27)

Selon Rachi : "Celui qui n'est pas rusé pour tromper autrui est appelé : "tam" (loyal/intègre).

=> En quoi est-ce que ce verset donne-t-il une image positive de Yaakov?

Le Rabbi de Lublin de répondre que l'homme doit maîtriser ses traits de caractère afin de les utiliser là où il faut et comme il le faut.

Ainsi, parfois, il est nécessaire d'utiliser un mauvais trait pour le bien, sinon, comme le disent nos Sages : "Celui qui devient bienveillant au lieu d'être cruel finit par devenir cruel quand il faut être bienveillant." (Kohélet Rabba 87).
=> Il ne suffit donc pas d'acquérir le trait de bienveillance : il faut aussi contrôler ce trait et l'utiliser à bon escient.

Yaakov est appelé : "ich" (un homme) + "tam" (loyal/intègre), il était avant tout un "homme" qui savait contrôler le trait de loyauté pour l'utiliser à point nommé ou le masquer parfois pour devenir rusé.

Yaakov était capable d'utiliser l'astuce et la ruse quand il le fallait, tout en gardant la qualité de loyauté.
Il était un "homme loyal" (ich tam) = un homme qui contrôle la loyauté/l'intégrité.

[ l'ajout du terme : "ich" au mot : "tam", change tout, Rachi ne parlant d'une personne uniquement appelée : "tam" et non "ich + tam"
Avant tout dans la vie, il faut être un ich ... ].

Source (b"h) : "mayana chel Torah" du rav Alexander Zoucha Friedman

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+ "Yaakov était un homme intègre installé dans les tentes (ohalim - אהלים)" (Toldot 25,27)

-> Le mot "ohalim" (les tentes - אהלים) est formé de : "ohel yam" (tente mer - אהל ים).
Pour nous dire que pour mériter la mer (yam - ים) de la Torah, il faut s'asseoir dans la tente, en permanence, à la façon des tsadikim.
La valeur numérique de "ohel" (tente - אהל) est de 36, en allusion aux 36 tsadikim cachés de chaque génération, qui se cachent dans la tente de la Torah.
[le Maskil él Dal]

-> "Yaakov était un homme intègre (tam - תָּם)".
Les lettres de "tam" sont les mêmes que celles de "mét" (mort - מת), car à chaque moment Yaakov était comme quelqu'un qui se tue pour les paroles de Torah, en s'exilant vers un lieu de Torah et en étudiant avec beaucoup d'efforts et de travail.

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+ "Essav devint un homme connaissant la chasse, un homme des champs, tandis que Yaakov, homme intègre, demeurait dans les tentes" (Toldot 25,27)

-> Le rav Yossef Shalom Eliyachiv écrit qu'en apparence d'après la Torah :
- Essav semble conquérir le monde, il ne souffre d'aucune limite et ne recule devant aucun interdit. Il profite de tous les plaisirs, la fin justifiant les moyens.
- quant à Yaakov, il étudie, penché sur sa guémara, il se trouve limité à chaque pas, car il agit d'après la loi juive.
D'ailleurs, Essav et ceux qui le suivent se moquent de Yaakov, qui n'a d'autre aspiration que celle d'étudier la Torah et de vivre sous le joug des mitsvot.

Le rav Eliyachiv dit qu'à la fin de l'histoire (à sa mort), il est apparent que celui qui faute (comme Essav) n'obtient pas de satisfaction morale dans vie ("à quoi bon le droit d'aînesse" - v.32) : il se sent fatigué et il est toujours avide, car son âme réclame sa part.
En revanche, Yaakov qui accomplit les mitsvot et étudie la Torah ressent constamment vigueur et satisfaction.

[faire les mitsvot nous rapproche de D., et c'est le plus grand des plaisirs : se sentir toujours plus proche de Hachem.
Celui qui suit ses envies n'est jamais satisfait car il est perpétuellement en état de manque, à la recherche d'un nouveau plaisir.]

"On l'appela Essav ... il le nomma Yaakov."  (Toldot 25,25-26)

Le Rabbi Moché 'Haïm Efraïm de Sudilkov (le Déguel Ma'hané Efraïm), petit-fils du Baal Chem Tov de commenter :

-> Essav est le symbole du mensonge.
L'emploi du pluriel : "on", s'explique par le fait que de nombreuses personnes sont attirées par le mensonge et s'y complaisent, aiment ça.

-> Yaakov est le symbole de la vérité ("Tu donnes la vérité à Yaakov").
L'emploi du singulier : "il", s'explique parce que la vérité n'a que peu d'adhérents, seul un petit nombre de personnes seront attirées par Yaakov.

=> Tâchons de suivre la voie de Yaakov (avinou), d'être dans le émet (la vérité), même si cela n'est pas très populaire/tendance, n'attire pas la majorité des personnes du monde environnant.

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"L'époque de sa délivrance arrivée, il se trouva qu'elle portait des jumeaux.
Le premier qui sortit était roux et tout son corps pareil à une pelisse ; on lui donna le nom d'Essav"
(Toldot 25,24-25)

-> Le Béer Mayim 'Haïm fait le commentaire suivant :
Il est un fait que personne dans le monde ne sait : quand l'exil prendra fin.
Le temps de la rédemption est dissimulé. Cependant, nous pouvons trouver une allusion aux jours de la guéoula finale dans le verset ci-dessus, qui raconte la naissance d'Essav, l'ancêtre d'Edom et de la Rome antique, la nation qui a jeté Israël en exil.

"Le premier qui sortit était roux" = quand tout le rouge sera parti, que tout le mal disparaîtra de la terre, et que la sainteté, la pureté et la bonté auront eu le dessus, et que toutes les étincelles de sainteté auront été libérées, et que les âmes opprimées auront été extirpées de leur enveloppe, alors le machia'h viendra et nous délivrera.

A un niveau spirituel, le sens réel de la rédemption est la libération de la bonté des chaînes du mal, la libération des âmes captives et des étincelles de sainteté de la servitude des forces de l'immoralité.
Lorsque ce sauvetage spirituel se produira, la délivrance aura lieu.

"Les fils se bousculaient dans son sein. Elle dit : "S'il en est ainsi, pourquoi cela pour moi?"
Et elle alla consulter Hachem". "  (Toldot 25,22)

Le midrach (Béréchit 63,6) explique :
"Toutes les fois que Rivka se tenait près d'une synagogue ou d'une salle d'étude, Yaakov se débattait pour sortir, et chaque fois qu'elle passait à côté de temples païens, Essav courait et s'agitait pour émerger."

+ Rav Zalman Sorotskin note qu'elle :
- "se tenait près d'une synagogue" = elle s'y arrêtait, y restait
- "elle passait à côté de temples païens" = le plus rapidement possible => "Essav courait" afin de pouvoir sortir à temps.

+ Comment tous les 2 savaient-ils, dans le ventre de leur mère, qu'elle passait près d'une synagogue ou d'un temple païen?

Le rav Yérou'ham Leivovitz (Machguia'h de la yéchiva de Mir) explique que de même nous avons des sens matériels, de même disposons-nous des sens spirituels.

Ainsi, la boussole : où qu'on la tienne, son aiguille se dirige toujours vers le nord, parce que des forces magnétiques invisibles la font se tourner dans cette direction.
De même, des forces spirituelles indiscernables influencent l'orientation de ceux qui sont sensibilisés par elles.

C'est ainsi que Yaakov se sentait attiré par les synagogues et autres endroits sacrés, tandis que Essav se sentait entraîné dans le sens contraire.

+ Nos Sages disent : "Lorsqu'un fœtus est dans le ventre de sa mère, on lui enseigne toute la Torah" (guémara Nidda 30)

On comprend alors qu'Essav voulait sortir car il n'y avait pas d’idolâtrie dans le ventre de sa mère.
Mais en ce qui concerne Yaakov, pourquoi voulait-il lui aussi sortir (on lui apprenait toute la Torah)?
Pourquoi vouloir apprendre la Torah à l'extérieur par son rav (qui selon la guémara 'Haguiga 15b, doit être à nos yeux comme un ange), plutôt que de rester dans sa situation d'apprendre déjà par un ange?

Répondons à cette question par une question 🙂 ... du Gaon de Vilna :
" Etant donné qu'un enfant dans le ventre de sa mère est porteur de toute la Torah, comment se fait-il que nous ne soyons pas tenus de nous lever devant une femme enceinte? "

Lorsque que la loi juive nous demande de nous lever devant un sage, c'est pour honorer la Torah, qui est rentrée en lui au prix de durs efforts personnels investis pour l'acquérir.

=> Ainsi, on ne doit pas se lever devant la Torah d'un "futur être" qui a reçu ce cadeau sans s'être investi.

==> Yaakov voulait se précipiter vers la Torah pour l'apprendre par ses propres efforts, son investissement personnel, et non dans la tranquillité.
[De plus, Yaakov ne voulait pas fréquenter la même école qu'Essav, pour ne pas subir sa mauvaise influence.]

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-> Selon le 'Hatam Sofer, Yaakov désirait absolument sortir car il ne voulait pas étudier au même endroit que Essav, [un racha].

-> Le rabbi Yoël Teitelbaum de Satmar (Divré Yoël) explique que Yaakov désirait servir Hachem d'une manière qui était strictement personnelle, et créer une approche de D. qui était en accord avec la racine de son âme. Il ne voulait pas se couler dans le moule de son père Its'hak.
C'est à cause de cela, qu'il luttait pour sortir lorsque Rivka passait devant la yéchiva de Chem et Ever. Là, il pouvait trouver une approche pour servir D. qui était ajustée à sa personnalité, plutôt que de la modeler à celle de son père.

[certes les mitsvot sont communes à tous les juifs, mais nous devons utiliser notre personnalité pour servir Hachem de toute notre unicité.]

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Il est écrit dans la Torah à propos de la naissance des 2 frères : "Et ensuite sortit son frère, sa main tenant le talon d'Essav." (Toldot 25,26)

Après un combat gagné, Essav a obtenu le droit de sortir du ventre de sa mère en 1er, alors pourquoi Yaakov a-t-il saisi le talon d'Essav?

-> Le Panéa'h Raza explique que Yaakov savait qu'une naissance est un événement douloureux pour une femme, et encore plus dans le cas de jumeaux. C'est pour cela que Yaakov a choisi de tenir le talon de Essav, car il voulait faciliter autant que possible l'accouchement.

-> De même, le Daat Zékénim explique : la Torah nous précise que Yaakov saisit le talon d'Essav pour nous apprendre la piété de Yaakov alors qu'il n'était encore qu'un nouveau-né dans le ventre de sa mère. Il s'est dit : "puisque l'utérus de ma mère va s'ouvrir, il est préférable que je saisisse le talon de mon frère afin que l'on puisse sortir ensemble et ne pas faire souffrir ma mère une 2e fois".

-> Le Rabbi de Lelov explique que cette prise du talon n'était motivée par aucun but immédiat ou concret.
Elle ne faisait que refléter le comportement de Yaakov.

= Dans le service de D., on ne doit jamais se résigner à la défaite, même quand elle a toutes les apparences de la réalité.
On doit persister avec ténacité, afin de laisser place à une réussite miraculeuse.
C'est ainsi, que D., a opéré à Yaakov un miracle, en lui faisant bénéficier plus tard du droit d'aînesse.

Certes Essav lui bloquait le chemin, mais Yaakov a fait de son mieux (symbolisait par le fait de lui prendre le talon), car c'est Hachem qui octroie toute chose, et il peut absolument tout.
En effet, d'après le rabbi de Kotzk : Ceux qui désespèrent sont ceux qui pensent pouvoir agir uniquement par eux-mêmes. Lorsqu'ils reconnaissent que leurs capacités sont limitées et insuffisantes, alors ils deviennent inquiets et perdent espoir.
S'ils avaient su qu'absolument tout vient d'Hachem, alors ils auraient également su qu'il y a toujours de l'espoir, car Hachem peut tout faire.
[én mazal les Israël = les juifs sont au-dessus de toute logique naturelle de ce monde car ils dépendent directement de D., contrairement aux autres nations.]

-> Le Divré Israël explique qu'un juif a une obligation de moyen (faire du mieux de ses capacités), et le résultat est offert par Hachem. Même si finalement nous ne réussissons pas, ce qui compte c'est les efforts que nous avons déployé, et ils sont très précieux à Hachem.
Le Zohar (vol.1,69b) affirme que tout celui qui s'efforce de tendre vers la spiritualité, et ce bien qu'il lui soit impossible d'arriver à son désir, il est immensément loué car il essaie d'y parvenir.
Ainsi, même si en apparence cela semblait impossible pour Yaakov de sortir en tant que premier-né, il y aspirait de tout son cœur, il a essayé autant que possible, et c'est cela qu'attend Hachem.
[d'ailleurs, au final Hachem lui a accordé le statut de premier-né!]

Le Divré Israël écrit : "Les descendants [de Yaakov] ont hérité de ce trait ... Ainsi, lorsque quelqu'un travaille dans son magasin, et qu'il a de nombreuses obligations [professionnelles], et qu'il a de bonnes pensées du type : il aurait souhaité quitter son commerce pour étudier la Torah. Alors bien qu'il ne soit pas capable de le faire, cela lui est très louable!"

Le rav Méïr Shapiro fait remarquer que lorsque Hachem a demandé à Avraham de compter les étoiles (paracha Lé'h Lé'ha), Avraham a vraiment commencé à compter les étoiles.
Hachem lui a dit : "ainsi sera ta descendance" = de même que toi Avraham tu as commencé à compter les étoiles bien que cela soit une tâche quasi impossible, de même ta descendance va toujours essayer de faire le maximum pour suivre Ma volonté, même si en apparence cela semble inatteignable.

=> Ce qui compte aux yeux d'Hachem, c'est notre attitude de s'investir de tout notre être vers un objectif (comme tendre vers le niveau d'Avraham), peu importe que nous l'atteignons ou pas. Hachem prend un plaisir énorme de nous voir rester fidèles à ce chemin quel qu'en soient les difficultés rencontrées.
[un juif a conscience qu'il a une partie Divine en lui et qu'il peut réaliser des choses très très élevées. Qu'avec Hachem rien n'est trop grand, rien n'est trop petit, tout devient possible tant que l'on fait de notre mieux.]

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+ Dans notre verset, il est aussi écrit : "Elle [Rivka] alla consulter Hachem."

Selon Rachi = elle alla à la maison d'étude de Chèm et de Ever afin qu'ils lui révèlent le sens de ses douleurs et quelle en serait l'issue.

De même, sur le verset suivant Rachi rapporte le commentaire du Midrach (Béréchit Rabba 63,17) : "Hachem lui dit par l'intermédiaire d'un messager (le Rav).
Chèm recevait l'inspiration de l'esprit saint (roua'h akodech), et lui en transmettait le message".

=> On en tire la preuve que consulter un Rav revient à consulter Hachem.
Un Rav est un véritable réceptacle de D.

Les pirké avot nous disent : "Fais-toi un Rav (interroge-le) et sors de tous tes doutes".

==> A l'image de notre Rivka (iménou), n'hésitons pas à avoir un Rav de confiance et à le consulter aussi souvent que nécessaire.

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+ "Et après cela, son frère sortit et sa main (véyado - ויְדָוֹ) le talon d'Essav" (Toldot 25,26)

-> Rachi commente: "Le talon d’Essav : [Ceci est un] Signe que l’un (Essav) n’aura pas terminé son règne (le ‘talon’ désigne la fin) que l’autre (Yaakov) lui prendra son pouvoir".

[La prise de pouvoir de Yaakov des mains d’Essav (le royaume du machia’h qui succédera au Royaume d’Edom) aura lieu à la fin des Temps, lors de la délivrance du peuple juif, à la fin du 6e millénaire, dans cette période appelée "le talon du Machia’h" (עקבתא דמשיחא). Entre temps, Israël souffrira, et particulièrement durant son dernier Exil, celui d’Edom (Essav), des persécutions de son frère (les romains, l’église, l’inquisition, l’antisémitisme occidental, le régime bolchévique, l’Allemagne nazie, ...). ]

-> Le Baal haTourim voit dans le mot : "véyado" (Et sa main - ויְדָוֹ) de notre verset, une allusion au signe de la fin des Temps relevé par Rachi : la chute des Nations et la Délivrance d’Israël programmées depuis la naissance de Yaakov et Essav. En effet, il fait remarquer que le mot ויְדָוֹ apparait seulement 3 fois dans tout le Tanakh (Bible) : une première dans notre paracha (Toldot), et deux fois dans le Livre de Yéchayahou pour faire allusion à la chute des Nations : "Oui, quand Hachem Tsébaot a décrété, qui peut faire obstacle? Et Sa main (ויְדָוֹ) étendue, qui peut la ramener?" (Yéchayhou 14,27) et "Lui-même a jeté le sort pour elles (les Nations comparées aux Bêtes), et Sa main (ויְדָוֹ) leur a mesuré une part au cordeau" (Yéchayahou 34,17).

Le "talon" d’Essav peut être aussi interprété comme la fin du mot עשו (Essav), c’est-à-dire la lettre "Vav" qui conclut son nom et correspond à sa vitalité spirituelle (le "Vav" désigne la lettre de la Vérité – Zohar).
Ainsi en tenant le "talon" d’Essav, Yaakov récupéra-t-il la lettre "Vav" dans son nom יעקוב atteignant ainsi, aux Temps messianiques, la plénitude spirituelle et matérielle.
En revanche, Essav, ne lui restant dans son nom que lettres formant le mot עש (ach), scella sa perdition, comme il est dit à propos des ennemis d’Israël : "Certes, ils seront tous comme un vêtement usé, que la mite ע ש (ach) dévore" (Yéchayahou 50,9).

On retrouve cette idée en remarquant qu’en retirant la valeur numérique de mot עקב Ekev (172) à celle du mot עשו Essav (376), on obtient le nombre 204, valeur numérique du mot רד (Red – descend), allusion à sa chute définitive [voir Ohev Israël et Maor vaChémech].