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Ce que Léa a obtenu en pleurant ; Ra'hél l'a obtenu en souriant.

[rabbi Na'houm de Tchernobyl]

Les Doudaïm – les mandragores

+ Les Doudaïm - les mandragores :

"Je t’ai retenu pour les mandragores de mon fils" (Vayétsé 30,16) :

-> Quand Réouven apporta des mandragores à Léa, sa mère, Ra’hel les lui demanda.
Léa les lui donna en échange du fait que Yaakov passe cette nuit avec elle, et non avec Ra’hel, comme c’était prévu.

Les mandragores sont une plante qui a la vertu de pouvoir rendre fécond et d'avoir des enfants. C’est pourquoi Ra’hel en voulait tant.

Mais c'était le cas également de Léa, qui avait cessé d’avoir des enfants depuis un certain temps,et elle en avait aussi besoin, et c’est pour cela que son fils lui en apporta.
Malgré tout, elle accepta de les céder à sa sœur. En effet, elle voulait garder dans son cœur la conviction que seul Hachem peut donner des enfants. Elle ne voulait pas faire dépendre sa fécondité à des causes naturelles, comme la consommation de mandragores. Et c’est par cette foi, dont elle fit preuve en cédant les mandragores à sa sœur et en y renonçant pour elle-même, qu’elle mérita de concevoir cette nuit-là.
En effet, Hachem est la cause de toutes les causes, et c’est Lui qui fait tout, sans avoir besoin de se plier à aucune règle de la nature. Et le meilleur moyen d’obtenir ses besoins [personnels] est uniquement de placer fortement sa confiance en Lui.

[d'après le 'Hidouché haRim]

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-> Ra'hel et Léa avaient des intentions pures :

- Léa voulait que Ra'hél soit heureuse de son sort, sans avoir d'amertume, et elle lui dit qu'elle a de quoi se réjouir, certes elle n'a pas d'enfants mais Yaakov est meilleur pour elle que 10 fils.
Elle a mérité l'amour du plus grand de la génération, de Yaakov, l'homme parfait installé dans les tentes, et que donc elle participe à sa part dans le service de Hachem et à sa Torah.
[d'une certaine façon, Léa voulait à tout prix passer la nuit avec Yaakov, pour montrer à Ra'hel l'importance qu'elle avait d'être si aimée aux yeux de Yaakov, même au prix de ne pas avoir d'autre enfant (par le fait de donner à Ra'hél les mandragores)!
De plus elle désirait pour sa sœur des enfants, afin que celle-ci n'est pas honte d'en avoir moins que les servantes.
=> En ce sens, le mot "doudaïm" (mandragores) a pour racine "dodim" (les amours), car elles ont un pouvoir de réveiller l'amour.]

- Ra'hel elle voulait montrer à Léa qu'elle aussi devait se réjouir de sa part, de ses enfants, et ne pas penser que Yaakov ne l'aimait pas.
C'est pourquoi elle a renoncé à la présence de Yaakov pour cette nuit-là, afin de montrer à Léa que la part qui lui était échue: les enfants, était meilleure pour elle que Yaakov.

=> Ainsi, tout ce qu'elle ont fait provenait de leur grand amour l'une pour l'autre.
Il n'y a pas non plus une absence de satisfaction de leur sort, car chacune a compris que c'est ce que D. voulait. Chacune d'elle se contentait de la part qui lui avait été destinée par le Créateur du monde.

Lorsque chacune a vu sa sœur, elle a craint que ce soit elle qui ne soit pas heureuse et qui soufre de son sort, et l'épisode des doudaïm montre l'encouragement que chacune a donné à l'autre.

[d'après le Béer Mayim 'Haïm]

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-> "Hachem m'a donné mon salaire pour avoir donné ma servante à mon mari" (Vayétsé 30,18)

=> Par cette phrase, Léa apporte l'explication du prénom de son fils "Yissa'har". Mais on peut s'interroger. En effet, le contexte de la naissance de Yissa'har aurait plutôt laissé penser que Léa explique ce nom par rapport au fait qu'elle ait "payé" (Sakhor) à Ra'hel le droit de passer la nuit avec Yaakov, en échange des mandragores!

Le Kol Sim'ha fait remarquer qu'effectivement, cette explication-là du nom de Yissa'har est bien la plus juste. Mais malgré tout, Léa s'est bien gardé de la dévoiler. En effet, cette raison décèle une sorte de reproche et d'accusation par rapport à sa soeur qui a été prête à renoncer à passer la nuit avec Yaakov, en échange de mandragores, ce qui n'est pas valorisant.
Bien que Léa pouvait sentir de la rivalité vis-à-vis de sa soeur Ra'hel que Yaakov aimait bien plus qu'elle, malgré tout, elle a choisi d'exprimer une parole bienveillante envers elle, au moment où elle nomma son fils. En effet, elle a préféré occulter la véritable raison du nom Yissa'har pour ne pas mettre à jour un comportement quelque peu négatif de sa soeur, qui a "échangé" son mari pour des mandragores. Au contraire, elle préféra insister sur le fait qu'Hachem l'ait récompensé pour avoir été prête à donner sa servante à son mari. En effet, à travers cette explication, elle est au contraire en train d'apporter un argument de défense en faveur de sa soeur.
En effet, Ra'hel n'a toujours pas eu le mérite d'avoir un enfant. Ainsi, en mettant en lumière le fait qu'Hachem l'a récompensé d'un fils par le mérite d'avoir donné sa servante à son mari, elle est en train de suggérer une prière à Hachem pour qu'Il donne également à sa soeur le mérite d'avoir un enfant, elle qui a également donné sa servante à Yaakov.

Tout cela nous apprend combien un homme doit veiller à être extrêmement vigilent dans ses propos pour ne pas qu'apparaisse même indirectement une quelconque accusation ou dévaluation à l'encontre d'aucun juif, et même si pour cela il doit occulter la vérité. Ses paroles doivent au contraire exprimer des bénédictions et de la bienveillance vis à vis des autres, en suggérant des prières pour qu'Hachem bénisse son prochain, même s'il s'agit de quelqu'un envers qui il peut avoir de l'animosité ou de la rivalité.

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-> Nos Sages ont des opinions différentes sur la nature des doudaïm :

Le Chir haChirim (7,14) rapporte qu'elles ont une odeur agréable.

Selon Rachi, il s'agit : des fleurs parfumées, espèce végétale que les arabes appellent "jasmin".

Pour le Ibn Ezra, le Ramban et de nombreux autres commentateurs, c'est une plante ayant, dans ses racines, une silhouette ressemblant à un être humain avec une tête et des bras.
D'ailleurs, le Baal haTourim fait remarquer que la guématria du mot "doudaïm" est la même que : "ké-Adam" (comme un homme).

Le Rachbam et le 'Hizkouni affirment qu'il s'agit de figues.

Rabbénou Bé'hayé et le Ramban nous apprennent qu’ils favorisent la conception.

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-> Le Zohar rapporte que :
"Depuis le début de la Création, Hachem voulait faire descendre une lumière de bonté ('hessed) dans ce monde, et il l'a ainsi cachée dans les doudaïm.

Lorsque Léa les a donné à Ra'hel, elle a témoigné à Hachem qu'elle était méritante pour être le véhicule diffusant la lumière de Hachem au travers ce monde.
Hachem l'a récompensé avec la naissance de Yissa'har, qui représente le plus haut niveau de l'étude de la Torah.
L'étude de la Torah de Yissa'har prend la lumière que Hachem a caché dans les doudaïm et la répand partout dans le monde."

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+ "Réouven est allé aux temps des moissons et il trouva des mandragores dans le champ" (v.30,14)

=> Pourquoi la Torah précise que c'était le temps des moissons? (cf.Rachi)

En fait, la suite de l'histoire c'est que Léa donne les mandragores à Ra'hel en échange de son tour pour se retrouver avec Yaakov. De là, Léa a conçu un enfant et a enfanté Issa'har, qui est celui qui symbolise par excellence l'investissement dans l'étude de la Torah.
Or, la fête de Shavouot qui célèbre le don de la Torah c'est la fête des moissons. Ainsi, ce jour où Réouven a trouvé les mandragores et où Issa'har a été conçu était Shavouot, jour du don de la Torah dont l'étude est la particularité de cette tribu.
['Hatam Sofer]

Yaakov séjourne chez Lavan

+ Yaakov séjourne chez Lavan :

-> "A l'égard d'un juste, tu agiras avec sainteté, avec un escroc, tu agiras avec ruse" (Chmouël II 22,27).
Yaakov dit donc : "Si Lavan tente de me duper, j'agirai en conséquence. Mais s'il me traite avec équité, je serai honnête envers lui."
[Rachi - Vayétsé 29,12]

-> Lavan pensait que Yaakov était chargé d’argent, puisque Eliézer, le serviteur de la maison, était venu autrefois au même endroit accompagné de 10 chameaux chargés de cadeaux.
Voyant Yaakov les mains vides, Lavan le serra dans ses bras, palpant ses poches pour voir s'il ne transportait pas des pierres précieuses. Ne trouvant rien, il l'embrassa sur les 2 joues, essayant de savoir s'il ne cachait pas de bijoux dans sa bouche.
Face à sa perplexité, Yaakov lui raconta qu'il fuyait son frère et que tous ses biens luis avaient été volés en chemin.
[Rachi - Vayétsé 29,13]

-> Yaakov déplaça d'une main une pierre lourde et immense, qui nécessitait les efforts conjugués de plusieurs bergers.
Les eaux du puits s'élevèrent et débordèrent pendant les 20 années de son séjour à 'Haran.

Lavan accepta de loger Yaakov chez lui pendant un mois [suivant son arrivée], mais il ne lui accorda rien gratuitement. Yaakov devait conduire le troupeau de son oncle, qui le paya la moitié de ce que recevait un autre berger.
Yaakov accepta car pendant cette période il voulait s'assurer que Ra'hél et Léa craignaient Hachem.
[Méam Loez - Vayétsé 29,13]

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-> Bilha et Zilpa étaient également les filles de Lavan, ... [elles] avaient été engendrées par les concubines de Lavan. Par contre, Ra'hél et Léa étaient les filles de ses épouses.
C'est pourquoi Bilha et Zilpa étaient considérées comme des servantes.

Ra'hél est nommée la "cadette" (littéralement "la plus petite" - akétana - v.29,16) car Yossef et Shaül, les 2 rois de sa postérité, ne régnèrent pas longtemps.

Léa est l'aïeule du roi David et de tous les rois de Yéhouda, ainsi que de Moché, Shmouël et Yéchayahou. Ainsi, elle est appelée "l'aînée" (littéralement "la grande" - aguédola), ses descendants ayant eu une influence durable.
[Méam Loez - Vayétsé 29,16]

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+ "Lavan réunit tous les habitants du lieu, et donna un festin. Le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena, et Yaakov s'unit à elle" (Vayétsé 29,22-23)

-> Lavan dit aux hommes de la ville que tant que Yaakov était là, l'eau ne manquait pas de jaillir du puits. Il leur expliqua son stratagème de donner Léa à la place de Ra'hél, entraînant que par amour Yaakov travailler encore 7 années supplémentaires pour elle.

L'assemblée fut séduite par cela. Mais Lavan était si malhonnête qu'il voulait également tromper ses amis de la ville.
Il demanda à chacun d'amener en gage de confiance un aliment de valeur (ex: de la bonne viande, du vin ...). Quand tous ses gages furent réunis, Lavan "offrit" un grand festin, sans dépenser le moindre sou.
C'est pourquoi la Torah écrit : "Lavan réunit tous les habitants du lieu et donna un festin".
En principe, on prépare le festin et ensuite les invités arrivent. Lavan fit le contraire : il réunit d'abord les hommes, et quand ils apportèrent leur part, il ordonna que l'on festoie.
[Méam Loez - Vayétsé 29,22]

-> Le mariage eut lieu le vendredi soir, à l'heure de l'accueil du Shabbath.
Lorsque les habitants de la ville prirent place, ils commencèrent à chanter : "Hi Léa, Hi Léa" (voici Léa, voici Léa).
Intentionnellement, ils articulèrent mal les mots, afin que Yaakov pense qu'ils entamaient une mélodie anodine.
Lavan, en agissant de la sorte, se prémunissait contre la plainte que Yaakov n'allait pas manquer de lui faire le lendemain matin. Il pourrait alors lui affirmer : "Mais les invités t'ont dit qu'il s'agissait de Léa, et tu semblais heureux".
Après l'accomplissement de son plan, Lavan accompagna Léa dans la chambre de Yaakov.
[Méam Loez - Vayétsé 29,23]

Comment Yaakov a-t-il pu épouser 2 sœurs?

Il est écrit : "N'épouse pas une femme avec sa sœur ... de son vivant" (A'haré Mot 18,18).

=> Comment Yaakov a-t-il pu épouser 2 sœurs (Ra'hél et Léa)?

-> Les Patriarches n'accomplissaient les préceptes de la Torah que lorsqu'ils séjournaient en terre sainte.
Quand ils en sortaient, ils n'en observaient aucun, excepté les 7 lois universelles. Puisque le don de la Torah n'était pas encore intervenu, cette rigueur était inutile.
[...]

Ra'hél est morte sur le chemin, à l'entrée de la terre d'Israël. Par son mérite, elle n'est pas morte dans un pays étranger, et par son mérite à lui il n'est pas resté en terre d'Israël avec 2 sœurs, or c'est elle qui avait été épousée alors qu'elle était interdite en tant que sœur.
[Ramban]

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-> Selon une autre opinion, seul Avraham observa toute la Torah.
Par son statut du plus grand des Patriarches, D. lui en donna la permission.
Néanmoins, les autres Patriarches furent enjoints de respecter au moins les 7 commandements universels.

D. désirait l'accomplissement de la Torah que lorsqu'elle serait donnée en présence de 600 000 témoins, afin que le monde tout entier reconnaisse sa gloire.

[le Yéfé Toar - rapporté dans le Méam Loez - Vayétsé 29,28-30]

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-> Avant le don de la Torah, les Patriarches ont observé toute la Torah, mais chacun devait prendre la Torah sur lui à la façon d'un converti.
Or, nous savons qu'un converti est semblable à un enfant qui vient de naître.
[le Réem - rabbi Eliyahou Mizra'hi]

=> Quand Yaakov a épousé 2 sœurs, il les a certainement converties avant de les épouser, et comme elles étaient converties elles n'étaient plus considérées comme 2 sœurs, et n'étaient pas du tout interdites à Yaakov.

-> Le 'Hatam Sofer transmet la même idée, en expliquant le fait que Yaakov consulte ses épouses avant de s'enfuir de la maison de Lavan d'après l'ordre de Hachem.
En effet, dans ces circonstances, qu'avait-il besoin de consulter ses épouses?

Mais il a voulu leur faire connaître l'interdiction d'avoir 2 épouses sœurs en terre d'Israël, et elles lui ont répondu : "Avons-nous encore une part et un héritage à la maison de notre père" = c'est-à-dire "un converti est semblable à un enfant qui vient de naître", par conséquent tu auras le droit de nous garder toutes les 2 même en pays de Canaan.

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-> De même le Maharcha (guémara Yoma 28b) enseigne
Lorsque Léa et Ra'hel, les filles de Lavan, ont épousé Yaakov, elles se sont converties.
Elles ont ainsi rompu leur lien familial et n'étaient donc plus considérées comme 2 sœurs. Bien que plus tard, nos Sages interdiront également le mariage avec 2 sœurs converties, cette loi ne s'appliquera que dans le cas où elles ont la même mère. Or Ra'hel et Léa avaient certes le même père Lavan, mais n'avaient pas la même mère.
Pour toutes ces raisons, Yaakov avait la permission de les épouser toutes deux.

-> Selon le commentateur Torat haOlam, il n'y avait aucun interdit d'épouser 2 sœurs à l'époque de Yaakov. Mais, en conséquence de ces 2 mariages et de la rivalité entre les enfants des 2 sœurs, la famille de Yaakov a dû descendre en Egypte. C'est pour cette raison que la Torah interdira dorénavant d'épouser 2 sœurs de leur vivant, mais Yaakov lui-même n'a commis aucune transgression.

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-> Hachem organisera pour les tsadikim dans le futur un banquet, le jour où Il comblera de bienfaits les enfants d'Its'hak.
Après avoir mangé et bu, les participants donneront à Avraham la coupe de vin pour le birkat hamazone ; Avraham répondra : "Je ne suis pas digne de bénir, car j'ai eu un fils (indigne) comme Ichmaël.
On présentera alors la coupe à Its'hak qui répondra : "Je ne suis pas digne de bénir, car j'ai eu un fils (indigne) comme Essav".
On présentera ensuite la coupe à Yaakov qui répondra : "Je ne suis pas digne de bénir, car j'ai épousé 2 sœurs (Léa et Ra'hel) de leur vivant, ce qui plus tard sera interdit par la Torah."
On dira alors à Moché : "Prends la coupe et bénis!" ; Moché répondra : "Je ne suis pas digne de bénir, car je n'ai pas eu le mérite d'entrer en Terre d'Israël, ni vivant ni mort".
Ils diront alors à Yéhochoua [bin Noun] : "Prends la coupe et bénis!" ; Yéhochoua répondra : "Je ne suis pas digne de bénir, car je n'ai pas eu le mérite d'avoir un fils"
[d'après la guémara (Méguila 14b), il n'a eu que des filles. En effet, d'après la guémara (Erouvin 63b), rabbi Abba bar Papa dit qu'il n'a pas eu de fils parce qu'il a empêché tout Israël de procréer durant une nuit, lors du siège de la ville de Yéricho.] ...
On dira enfin à David : "Prends la coupe et bénis!". David répondra : "Oui, je bénirai, et il convient que ce soit moi", comme il est dit : "Je lèverai la coupe des délivrances et je proclamerai le Nom de Hachem" (Téhilim 116,13).
[guémara Pessa'him 119b]

=> Pourquoi Yaakov refuse-t-il la coupe de vin pour bénir?

-> Bien que Yaakov ait épousé 2 sœurs converties de mères différentes, et qu'à ce titre il n'ait commis aucune transgression, il a quand même refusé de bénir sur la coupe pour éviter des apparences trompeuses (mar'it ayin), car aux yeux du public, il s'agissait bien de 2 sœurs.
[Pirouch rabbi 'Haïm Paltiel]

-> L'esprit prophétique (roua'h hakodech) de Yaakov l'a autorisé à épouser Ra'hel après Léa. Cependant, du fait que lorsque la Torah sera donnée plus tard, l'interdiction d'épouser 2 sœurs sera absolue (sans aucune dérogation), ce double mariage constituait pour Yaakov un déshonneur.
C'est pourquoi, malgré la permission suggéré par son esprit prophétique, il a refusé de lever la coupe de la délivrance, car il s'en est senti indigne à son niveau de Patriarche.
[Maharal - Gour Arié - Béréchit 46,10]

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-> Selon le Oh ha'Haïm haKadoch, avant le don de la Torah, les Patriaches n'avaient l'obligation que des 7 mitsvot des bné Noa'h, mais ils recevaient une récompense pour toutes les mitsvot qu'ils prenaient sur eux, sans être punis du tout pour celles qu'ils n'observaient pas.

Cependant, il souligne que là où les Patriarches voyaient quelque chose d'utile pour eux qui réussissait, comme Yaakov a connu la réussite en épousant 2 sœurs, alors il renonçait à la récompense qu'il aurait eue s'il avait observé cette mitsva, parce qu'il n'était pas puni de ne pas l'accomplir.

=> Ce qu'il a fait suivait un ordre de Hachem, et il n'a pas transgressé l'interdiction d'épouser 2 sœurs, c'était une mesure temporaire d'un prophète.

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-> "Son père l'appela Binyamin" (Vayichla'h 35,18)

La traduction de ce prénom Binyamin est : "Le fils de la droite".
Le Ramban explique que cela signifie : "Le fils de la force", car la droite fait référence à la force.
=> Mais de quelle force est-il ici question ?

-> En fait, le Ramban explique par ailleurs que les Patriarches respectaient toutes les mitsvot en terre d'Israël, mais pas en dehors de ce pays. Or, il est interdit par la Torah d'épouser deux soeurs. Certes Yaakov était marié à deux soeurs, mais cela n'était pas problématique car il habitait alors à 'Haran, hors de la Terre Sainte.
Mais quand il était sur le point d'entrer en Israël, il ne pouvait plus vivre avec 2 sœurs. C'est pourquoi Ra'hel mourut. D'autre part, si Yaakov a pu se marier avec Léa sans s'en apercevoir, c'était du fait de la grandeur d'âme de Ra'hel qui transmit à sa soeur les signes que Yaakov lui avait donné, pour ne pas qu'elle ait honte.
Cela permit le mariage de Yaakov avec Léa et provoqua, quand Yaakov épousa ensuite Ra'hel, que Yaakov était marié à deux soeurs. Et c'est cela qui engendra la mort de Ra'hel, qui rendit l'âme à la naissance de Binyamin.
Yaakov appela donc l'enfant ainsi, en référence à la force morale de Ra'hel, qui révéla les signes à sa soeur permettant le mariage de celle-ci avec Yaacov, ce qui entraîna à présent la mort de Ra'hel à l'entrée de la Terre Sainte, en enfantant justement cet enfant.
[le 'Hatam Sofer]

"Yaakov dit en les voyant : "Ceci est la légion de Hachem!" Et il appela cet endroit : Ma'hanayim" (Vayétsé 32,3)

-> Les voyant arrivés au loin, Yaakov rassura ses gens et dit : "Ce ne sont pas les troupes d'Essav ou de Lavan qui viennent nous attaquer. Ce sont les camps (ma'hanayim) des anges que D. envoie pour nous protéger de nos ennemis.

Au début de la paracha, Yaakov a quitté 'Hebron, et la ville avait ressenti son départ comme une immense perte. Maintenant qu'il était de retour, les anges étaient extrêmement heureux. En effet, 600 000 anges vinrent l'accompagner lorsqu'il revint en terre d'Israël.

De plus, chaque fois qu'un individu accomplit une bonne action, un ange est créé.
Yaakov avait donc sa propre suite d'anges le protégeant de tout danger.

Quand il revint chez ses parents, D. l'honora en lui envoyant des cieux une autre escorte d'anges.
Quand Yaakov les vit, il dit : "C'est là le camp de Hachem. Ces anges ont été envoyés par D., et ce ne sont pas ceux créés par mes bonnes actions."
Ainsi, il nomma l'endroit : "ma'hanayim" (les 2 camps) = il y avait les anges créés par ces bonnes actions, et également ceux envoyés par D.

[Méam Loez - Vayétsé 32,3]

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-> "Yaakov dit en les voyant : "Ceci est la légion de Hachem!" Et il appela cet endroit Ma'hanayim" (Vayétsé 32,3)

"Yaakov dit en les voyant" = vayomer Yaakov kaacher ra'am (וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם).
Les initiales de ces mots forment : "véyakiram" (il les a reconnus), pour dire que Yaakov a reconnu que c’étaient les mêmes anges qu’il avait vus dans son rêve et qui montaient et descendaient de l’échelle.
- "Raam" (רָאָם) est un acrostiche de "Raphaël, Ouriel, Mikhaël".
- "Ma'hanayim" (מַחֲנָיִם) est un acrostiche de "Méotam ‘hayalim natal Yaakov malakhim" (de ces guerriers Yaakov a pris des anges).
[Ahavat ‘Haïm]

Il lui dit : "Va je te prie, vois comment vont tes frères et comment va le troupeau" (Vayétsé 37,14)

-> Selon le midrach (Tan'houma Yachan Vayéchév 13), la raison pour laquelle Yaakov a demandé comment allait le troupeau était parce qu'il profitait du troupeau, de son lait et de ses pelages de laines.

=> On apprend de là l'importance d'être reconnaissant envers toute créature, pas seulement envers un homme qui nous a rendu service, mais aussi envers les animaux,et même les plantes.

[par nature, l'être humain n'aime pas être redevable d'autrui, alors il est facile de trouver des excuses pour annuler, amoindrir, cette dette de gratitude envers l'autre.
C'est pour cela que même envers le minéral (ex: cf. l'expression de ne pas jeter de pierre dans un puits qui nous a permit de boire!), le végétal, l'animal et à plus forte raison l'humain, nous devons sans cesse reconnaître et apprécier ce qu'ils nous apportent.
Rien n'est naturel, rien ne va de soit!
Plus nous nous habituons à l'apprécier, plus cela fait partie de notre nature, et le plus notre vie devient belle, puisque l'on se rend compte d'à quel point Hachem amène constamment sur nous de belles choses!
De plus en se focalisant sur le bien qu'il nous arrive dans la vie, les mauvais choses qu'on croit nous arriver deviennent alors minimes en comparaison.
Nous n'avons plus le temps de se dire à quel point nos malheurs sont grands, mais au contraire à quel point nos bonheurs sont grands! ]

"Tout ce que Tu me donneras, je T'en prélèverai le dixième" (Vayétsé 28,22)

-> Rabbi Moché Sternbuch (Taam vaDaat) fait remarquer que le devoir de prélever le maasser ne s'applique pas seulement à l'argent, mais à tout ce que Hachem donne à l'homme.
Ainsi, même la sagesse qu'Il donne, il faut en prélever le maasser, et en récompense on reçoit la bénédiction et la réussite.

-> Rabbi Moché Feinstein souligne qu’il convient de prélever la dîme non seulement sur les biens qu’on possède mais également sur le temps dont on dispose afin de le consacrer à de nobles causes.

-> Le rabbi Shimon Schkop enseigne : "De même que prélever le maasser de l'argent est un moyen de s'enrichir en s'élevant dans la spiritualité, quand il s'agit des dons et de la connaissance, si on en prélève le maasser, on s'enrichira plusieurs fois en spiritualité."

[on est obligé de donner de sa sagesse, et on n'y perdra jamais, au contraire!]

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-> Le Nétivot Shalom dit qu'on doit prendre le maasser non seulement de son argent et de ses gains, mais également de tout ce dont on jouit en ce monde, de la plus petite mesure de plaisir, on est obligé d'en offrir le dixième à Hachem, c'est-à-dire de sanctifier son plaisir et d'en élever une odeur agréable à D.

[donner le maasser est similaire au fait de compter son troupeau d'animaux, et à chaque dizaine, nous mettons l'animal de côté pour Hachem. En agissant ainsi, on se rend compte d'à quel point D. nous comble du meilleur, ne reprenant que le 10e (nous laissant donc 90%! Quelle super affaire!!).
De même, dans la vie nous devons convertir une partie de nos satisfactions, en joie envers Hachem, le remerciant d'autant nous combler. En effet, D. n'a besoin de rien, et notre gratitude (merci! J'apprécie ce que tu me fais!) est un magnifique cadeau (notre maasser) que nous pouvons lui retourner!]

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-> "Tout ce que Tu me donneras, je le dîmerai (j'en donnerai la dîme) pour Toi"
La Torah vient nous enseigner que le véritable gain et la vraie possession d'un homme ce n'est pas l'argent qu'il a entre les mains, mais c'est l'argent qu'il a donné à la tsédaka.
De la sorte : "Tout ce que Tu me donneras" = tout ce qui sera vraiment à moi, c'est que ce que "je dîmerai pour Toi".
Tous les autres biens et tout l'argent que je n'aurai pas investi à la dîme et à la charité, n'est pas vraiment moi, malgré les apparences.
[Kométs haMin'ha]

"Yaakov embrassa Ra'hel ... Ra'hel avait de beaux traits et un beau teint, et Yaakov aima Ra'hel" (Vayétsé 29,11-18)

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) nous explique :
C'est tout à fait étonnant. Yaakov était le Patriarche suprême [midrach Béréchit rabba 76:1], au sujet duquel la Torah témoigne : "Yaakov était un homme pur" (Toldot 25,27), une personne qui observait la Torah dans son intégralité (comme il l'a déclaré : "Avec Lavan j'ai habité (garti - signifiant que même en vivant avec Lavan le racha, j'ai observé les 613 [tariag] commandements)".
Comment est-il possible, alors, qu'l prenne note de la beauté physique (cf. notre verset)? Au cotnraire, un tsadik se comporte à l'opposé, en accord avec le verset : "le charme est faux et la beauté est futile ; une femme qui craint D. doit être louée" (Michlé 31,30).

Or, j'ai entendu une explication de mon maître, le Maggid de Mézéritch, comme suit :
Yaakov a servi D. principalement par l'attribut de la beauté (tiféret). Si un objet contenait une belle étincelle, même si le récipient lui-même était matériel et grossier, Yaakov élevait cette belle étincelle et la restituait à sa source.
C'est ainsi qu'il servait D., et c'est pour cette raison que Yaakov a embrassé Ra'hel.
Le verset : "Ra'hel avait de beaux traits et un beau teint, et Yaakov aima Ra'hel" signifie que Yaakov a discerné qu'il y avait en elle une belle étincelle, et il l'a élevée, la ramenant à sa source divine, à la source céleste, et c'est ainsi qu'il a servi D.

C'est l'intention du verset : "Yossef s'enfuit et sortit" (Vayéchev 39,12). On sait que cette personne racha, la femme de Potiphar, s'est parée de ses plus beaux atours devant le juste Yossef. Comme le disent nos Sages (guémara Yoma 35b), les vêtements qu'elle portait le matin, elle ne les portait plus le soir.
C'est donc ce que signifie le verset lorsqu'il dit que Yossef s'est précipité à l'extérieur. Yossef a extirpé la belle étincelle inhérente à la femme de Potiphar de l'emprise des forces extérieures, l'a amenée dans le domaine de la sainteté, l'a élevée et l'a rétablie en haut, et a ainsi servi D.

Or, on sait (Zohar I:246b) que Yossef en général servait D. avec un type d'attribut différent, mais à ce moment précis, il servait D. avec l'attribut de la beauté (tiféret), comme cela a été expliqué plus haut en référence à Yaakov.
Comme on le sait, lorsqu'une personne juste sert D. avec un attribut particulier, elle mérite de voir une vision d'une autre personne juste (tsadik) qui a servi D. avec cette même qualité. C'est pourquoi nos Sages (guémara Sotah 36b) disent : "Yossef a vu l'image de son père".

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=> Yaakov voyait la beauté intérieure des gens et élevait ainsi leur étincelle intérieure vers Dieu.

"Ne te réjouis pas mon ennemi, car si je suis tombé, je me lève, si je suis assis dans les ténèbres Hachem est une lumière pour moi" (Mikha 7,8)

-> Le midrach (Téhilim 22) explique que l'un mène à l'autre : si je n'étais pas tombé alors je n'aurais pas pu m'élever, et si je n'avais pas été assis dans l'obscurité alors je n'aurais pas pu bénéficier de la grande lumière de Hachem.

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,5) écrit qu'une personne qui a une solide émouna en Hachem, doit avoir conscience que dans ses moments les plus difficiles, l'obscurité qui est sur elle va lui permettre d'atteindre la plus grande lumière possible.
Ceci fait partie des plans Divin qui échappent à notre compréhension (nous ne sommes pas D.!).

[chez les juifs une journée commence le soir. En effet, pour un juif une période d'obscurité est le chemin nécessaire pour atteindre la plus grande des illuminations (le plein jour!)
A l'image d'une plante qui doit être dans la terre (souvent noire) pour pouvoir s'épanouir au grand jour.]

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-> [Hachem dit à Yaakov: ] "Ta descendance sera comme la poussière de la terre ; et tu déborderas, à l’ouest et à l’est, au nord et au sud ; et toutes les familles de la terre seront bénies par toi et par ta prospérité." (Vayétsé, 28,13-14)

-> Lorsque Yaakov se met en route et quitte la terre d’Israël pour l’exil, long et démoralisant, Hachem lui apparaît et le rassure quant à l’avenir de ses descendants. Cette promesse, prise au sens simple, signifie que le peuple juif sera aussi nombreux que la poussière de la terre, et s’étendra donc sur tout le pays d’Israël.
Le "problème" de cette interprétation est la comparaison du peuple juif à la poussière que l’on piétine et qui n’est donc pas la substance la plus respectable et respectée.
=> Si la Torah veut faire allusion à la grandeur future que connaîtra le peuple juif, pourquoi ne pas employer une métaphore plus positive (les étoiles par exemple, comme ce fut le cas lors de la promesse d’Hachem à Avraham)?

Le Sforno explique que la Torah utilisa délibérément le terme "poussière", pour évoquer l’époque où le peuple juif atteindra le niveau le plus bas aux yeux des autres nations ; alors, seulement, le peuple juif "débordera" sur la terre d’Israël.

Il ajoute que la Délivrance Finale n’aura lieu que lorsque les Juifs seront perçus comme des "moins que rien" par les non-juifs.
Cette idée est exprimée dans la guemara (Sanhédrin 98a) qui affirme : "Si tu vois une génération où les souffrances débordent comme une rivière, alors garde espoir, comme dit le prophète Isaïe : "Quand cela deviendra comme un fleuve étroit… Le Rédempteur viendra à Tsion" (Yéchayahou chap.59)".
La guémara nous apprend que le Machia’h ne viendra qu’à la suite de terribles épreuves, quand les choses ne pourront plus empirer.

[ainsi plutôt que de désespérer de notre dure situation, on doit au contraire se réjouir que c'est le signe de notre Délivrance imminente! ]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2018/12/08/7616

"Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l'humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu'à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d'atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d'atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d'orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C'est ce processus sans fin d'alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l'échelle.
- Lorsque le yétser ara nous dit que comme l'échelle ("dressée sur la terre") : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : "son sommet atteignait le ciel".
- Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : "au contraire, comme l'échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol!"

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : "Il y a Hachem en ce lieu?"
Cela résulte de : "je ne savais pas", par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l'esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t'enorgueillant pas d'être tout ou bien d'être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu'à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b'h, citations de nos Sages sur l'humilité : http://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b'h, citations de nos Sages sur l'orgueil http://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer - וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Les lettres finales de ces mots forment : "tsibour" (public, communauté - צבור), c'et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors "il y a Hachem en ce lieu", car "Hachem se tient dans l'assemblée Divine" (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais "moi" = s'il y a une seule personne, "je ne savais pas" = l'homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d'avoir des mérites suffisants, et d'une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah ; Baal haTourim]

-> Le Mégalé Amoukot ajoute que צבור a la même guématria que : רחמים (ra'hamim - la miséricorde).
En effet, lorsque nous prions avec un minyan cela éveille la miséricorde d'Hachem, et cela permet à nos prières d'être exaucées.

-> b'h, au sujet du fait de prier avec la communauté : http://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil" 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo'hanan a dit qu'il ne faut pas lire : "michnato" (de son sommeil - מִשְּׁנָתוֹ), mais "mi-michnato" (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu'il s'arrêtait d'étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c'était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C'est pourquoi lorsqu'il se réveilla de son sommeil, c'était comme s'il se réveillait de son étude.
[issu d'un cours du rabbi David Pinto]

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-> Yaakov a rêvé d'une échelle se tenant au sol et atteignant le ciel (Vayétsé 28,12).
Lorsqu'on vit une vie de divinité, on produit de la Torah même lorsque l'on dort.
[rabbi Barou'h de Médziboz]

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Yaakov a eu un rêve prophétique avec une révélation extraordinaire, où Hachem va lui promettre la protection, des bénédictions, des enfants, ...
Cependant si Yaakov avait su la sainteté de cet endroit (lieu futur du Temple), il n'y aurait pas dormi.
Le Sfat Emet dit que cela nous enseigne que la crainte d'Hachem (yirat chamayim) est plus importante que tout.
En effet, Yaakov était prêt à renoncer à une sublime révélation Divine et aux bénédictions (pour lui et sa descendance : tous les juifs de l'histoire). En effet, aucun gain ne peut justifier le fait de faire quelque chose d'interdit par Hachem.

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-> Rabbi Nissm Yaguen (Nétivé Or) commente également en ce sens :
Yaakov s'approchait des 80 ans ... il s'allonge et s'endort, et voilà que Hachem se dévoile à lui en disant : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que Je t'ai promis" (Vayétsé 28,13-15).
Des nouvelles tellement merveilleuses et joyeuses! Exactement ce qu'il espérait, après avoir investi toutes ses forces dans le service Divin, lors de son départ pour l'inconnu.

On aurait pu attendre de Yaakov qu'il respire à plein poumon, qu'il se réjouisse et qu'il ait un merveilleux moral.
Mais non, plutôt : Assurément, Hachem est présent en ce lieu et moi je l'ignorais" (v.16), et saisi de crainte, il ajouta : "Que ce lieu est redoutable" (v.17).

Si on nous avait annoncés de telles nouvelles, on aurait été dans un état de joie indescriptible. Mais Yaakov ne prête pas attention aux promesses à son profit, il n'est pas joyeux pour tout le bien promis, la seule chose qui l'intéresse : gare à moi, je me suis endormi dans la maison d'Hachem ...

La crainte des Cieux ressemble à cela : avoir peur d'Hachem à chaque instant, peut-être je ne me conduis pas convenablement, peut-être pas comme il fallait, ressentir une grande honte du fait du doute d'une faute minuscule. Ceci est la vraie crainte d'Hachem (yir'at Hachem), et cette crainte est en mesure de renforcer l'homme dans toutes les situations.

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (v.28,16)

Rachi (v.11) rapporte que pendant 14 années à la maison d'étude d'Ever, il n'a pas dormi la nuit, puisqu'il étudiait non stop.
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique que pendant ce premier sommeil en 14 ans, Yaakov a découvert les hauts niveaux de vision prophétique que l'on peut atteindre durant notre sommeil.
[selon la guémara (Béra'hot 57b) : "un rêve à 1/60e de la prophétie"]
Néanmoins, il a dit (v.17) : "én zé ki im bét Elohim" (אֵין זֶה כִּי אִם בֵּית אֱלֹהִים) = ce n'est pas ce que Hachem veut.
En effet, Hachem désire notre travail, nos efforts, et non pas que nous soyons des endormis de la vie. [anesthésiés par notre yétser ara!]
[à notre niveau c'est une mitsva de dormir pour avoir les forces de faire la volonté de D., néanmoins l'idée est qu'Hachem aurait pu nous mettre dans notre tête toute la Torah, mais ce qu'Il veut c'est que nous peinons pour l'acquérir.]

-> "Des messagers divins [des anges] montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)
Selon le midrach : les anges dansaient (montaient et descendaient dans une danse) sur Yaakov, car ils étaient si heureux de lui.
Le 'Hidouché haRim commente : "si un juif savait les hauteurs que son service Divin (avodat Hachem) atteint, il ne raterait aucune occasion de faire une bonne action."

=> Nous devons avoir conscience qu'il en est de même pour chaque juif : les anges se réjouissent à chaque fois que nous faisons des bonnes actions, et c'est nous qui n'en n'avons pas conscience.
Si nous en avions conscience de cela, nous prendrions alors davantage la mesure de ce qui nous apparaît comme une simple action et qui est en réalité quelque chose aux conséquences énormes et infinies (une mitsva impacte positivement les mondes supérieurs & inférieurs, et nous octroie une récompense infinie en quantité et en durée), et cela nous pousserait à courir après chaque opportunité d'en réaliser une.
[on comprend que Yaakov qui avait conscience de cela, a pu se dire : ce n'est pas ce que Hachem veut = je ne peux pas rester à rien faire, il faut courir de mitsva en mitsva!]

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-> Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne :
Lorsque Hachem amène une néchama (âme) dans ce monde, Il l'envoie par le biais d'une longue échelle qui va du Ciel à la terre.
Après que l'âme atteint la terre, Hachem reprend l'échelle et dit : "Maintenant grimpe de nouveau par toi-même"
[à l'image d'un parent qui dit plein d'amour à son fils apprenant à marcher : "Maintenant viens vers moi!"]

L'homme s'interroge alors sur comment peut-il grimper vers le ciel sans échelle?
Certaines âmes abandonnent. Certaines âmes sautent vers le ciel, puis retombent au sol, et alors elles abandonnent.
D'autres, sautent encore et encore, jusqu'à ce que Hachem a de la miséricorde et les amènent jusqu'au ciel.
En effet, lorsqu'une personne essaie, alors Hachem l'aide.

-> Le rabbi Mendel de Kotzk dit également :
Quand on se tient sur une échelle, on prend soin de vérifier, avant de continuer à monter, que l'on ne risque pas de tomber.
Eh bien c'est ainsi que l'on doit se conduire dans le service de D. : on doit gravir progressivement échelon après échelon.

[cela implique de connaître sa place sur l'échelle de la vie et nos capacités d'évolution. Dans tous les cas, on doit être content de ce que l'on a (que l'on soit haut ou bas sur l'échelle, car on est là où D. nous a placé pour réaliser notre vie), et agir du mieux que nous pouvons, sur la durée, pas à pas, vers papa Hachem!
Au final, on nous jugera personnellement : combien d'échelons as-tu pu monter sur le nombre total que tu aurais potentiellement pu faire?]

[le yétser ara parfois va nous pousser à faire un énorme bon spirituel, mais qui va ensuite nous conduire à être peu efficace. Il nous donne un grand gain immédiat, pour que sur la durée on obtienne moins que ce qu'on aurait pu avoir en agissant avec constance.
Par exemple, il va nous pousser à se coucher tard pour étudier, mais ensuite on va être fatigué et faire une prière bâclée, moins bien étudier, ...

Le Baal Chem Tov enseigne : "Quand le mauvais penchant échoue à pousser un homme au péché, il le convainc de se livrer à des jeûnes et à des mortifications. Il veut ainsi l'affaiblir et réduire ses forces au point de l'empêcher de servir D. comme il convient". ]

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-> "Certainement, Hachem est présent dans cette endroit et je ne le savais pas" (Vayétsé 28,16)

Rachi explique que ce que voulait dire Yaakov c'était que s'il avait su que cet endroit était saint et bénéficiait de la Présence Divine, alors il ne se serait jamais permis d'y dormir du fait de sa sainteté. Dans cette vision prophétique qui se révéla cette nuit-là à Yaakov, Hachem lui montra tout le devenir du peuple Juif au long de son histoire. De plus, Hachem lui fit de merveilleuses promesses. Et malgré toute cette vision si élevée qu'il vécut, Yaakov s'inquiéta et se demanda si le fait d'y avoir dormi n'était pas une faute et un manque de respect vis à vis de la sainteté de cet endroit.

-> Le Baal Chem Tov fait remarquer que cette attitude de Yaakov nous apprend comment réagir lorsque l'on accède à des perceptions spirituelles ou des ressentis dans le service d'Hachem que nous ignorions jusque là. L'homme pourrait, face à une telle élévation d'âme en ressentir une satisfaction et une fierté, se sentant plus élevé que le commun des mortels qui n'ont pas eu le mérite d'un tel dévoilement. Mais ce n'est pas ainsi que Yaakov a réagi. Au moment où il vécut cette élévation d'âme, il se mit aussitôt à réfléchir sur lui-même, à se remettre en question et se demander s'il était vraiment apte à une telle grandeur, s'il n'a pas commis d'erreur qui serait en contradiction avec ce dévoilement Divin. Et immédiatement, il se reprocha d'avoir dormi dans ce lieu sacré.

C'est ainsi qu'un Juif doit réagir quand il ressent une proximité particulière avec Hachem, quand il sent une élévation d'âme et un élan de spiritualité le portant vers de plus hautes perceptions que d'ordinaire. Il ne doit surtout pas s'en enorgueillir, se sentant plus digne et plus méritant que les gens "simples".
Au contraire, toute proximité supplémentaire avec Hachem doit faire accéder à plus d'humilité et une plus grande remise en question, s'interrogeant sur son mérite et se demandant si son comportement est suffisamment correct et raffiné pour mériter cette élévation. Et dans le cas échéant, on doit s'efforcer de s'améliorer et de corriger encore plus ses erreurs et ses défauts pour pouvoir être digne de cette plus grande proximité avec Hachem.

Telle est la grandeur du peuple juif par rapport aux autres nations. Quand ils s'élèvent et sentent la Bienveillance d'Hachem, ils savent se faire plus petits et se travailler pour être à la hauteur de ce rapprochement d'Hachem. Plus on grandit, plus on se rapproche d'Hachem, plus on s'élève vers des niveaux spirituels, et plus on doit se repentir, se remettre en question, et se sentir plus petit devant cette Bonté Divine Qui se dévoile à soi.