"[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché ..." (Vayétsé 28,11)
-> Rachi sur "Il rencontra" : cela nous enseigne que Yaakov a institué la prière du soir (Arvit).
Le texte a cependant modifié le vocabulaire et n'a pas écrit 'il pria', afin de t'apprendre que les distances ont été 'supprimées' pour lui (cf. guémara 'Houlin 91a).
-> Le verset utilise le terme "rencontrer" pour signifier : "prier".
Une personne qui prie va rencontrer Hachem, et même si elle ne Le recherche pas, D. vient à elle.
[d'ailleurs, une des raisons faisant que l'on ne doit pas passer dans les 2 mètres devant une personne faisant la amida, est parce qu'il y a la présence divine qui est là!]
-> Nos Patriarches ont institué nos 3 prières quotidiennes : Avraham : Cha'harit, Its'hak : Min'ha et Yaakov : Arvit.
Actuellement, tandis que nous sommes obligés de faire, chaque jour, les prières de Cha'harit et de Min'ha, celle de Arvit est, à proprement parler, optionnelle (bien que les juifs l'ont accepté en tant qu'obligation).
Pourquoi cela?
Lorsque Yaakov a prié ce jour là (cf.le verset ci-dessus), il était en réalité toujours l'heure de faire Min'ha, car ce n'était pas le moment pour le soleil de se coucher.
Hachem a réalisé un miracle en le faisant se coucher plus tôt que d'habitude.
Ainsi, puisque Yaakov a prié, alors qu'il aurait dû encore faire jour, il n'y a pas d'obligation de prier la nuit.
[De plus, c'est pourquoi, le Tanna Rabbi Yéhouda dit qu'on peut prier Arvit, même avant qu'il fasse nuit]
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Béra'hot 26b]
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-> Le Rokéa'h note qu'il y a 15 mots dans ce verset (Vayétsé 28,11), ce qui correspond aux 15 années pendant lesquelles tous les Patriarches ont pu vivre ensemble.
Rabbénou Yéhouda ha'Hassid précise que pendant ces 15 années, nos 3 Patriarches ont étudié ensemble 15 heures par jour.
Il y a de fortes chances pour que ces 15 années soient la base essentielle de l'existence du monde.
Il est écrit : "כִּי בְּיָהּ יְהוָה צוּר עוֹלָמִים" (Yéchayahou 26,4), que l'on peut traduire par : "Car en יָהּ (guématria : 15, et également un nom de D.), Hachem est la force des mondes".
=> Par le mérite de ces 15 années, ayant en elles 15 heures d'étude quotidienne, nos Patriarches ont eu le mérite de fournir les fondations du monde.
(avec Hachem, ils ont été : "la force des mondes").
[le Na’hal Kédoumim]
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-> Le 'Hida rapporte que les 3 Patriarches ont étudié la Torah ensemble pendant 15 ans.
Or quand Avraham est mort, Yaakov avait 15 ans, ce qui veut dire qu'il avait étudié la Torah depuis l'instant de sa naissance.
On peut le comprendre cela d'après l'enseignement (guémara Yérouchalmi Yébamot 8b) sur la mère de rabbi Yéhochoua, qui avait laissé le berceau de son fils dans le beit hamidrach depuis le jour de sa naissance, afin que ses oreilles absorbent la voix de la Torah.
Il semble que Rivka en ait fait autant, elle a placé son fils Yaakov au milieu de ceux qui étudiaient la Torah afin que ses oreilles absorbent les paroles de Torah, c'est pourquoi on peut dire que pendant 15 ans il a étudié la Torah avec Avraham et Its'hak.
[issu d'un cours de rabbi David Pinto]
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-> La ville de 'Haran, que Yaakov était en train de fuir, est assez loin en distance du mont Moriah, où il a passé la nuit.
Cependant, il aspirait tellement à y être, que Hachem a transporté de façon miraculeuse le mont Moriah jusqu'à Yaakov.
Cela nous apprend que si une personne a un intense désir d'être proche de Hachem, elle va atteindre son objectif.
Comment arriver à un objectif aussi intense?
Nous pouvons suivre le trajet de Yaakov.
Il a quitté Béer Shéva, dont le mot : Shéva, fait allusion au 7e jour de la semaine : Shabbath, et qui est la lumière spirituelle qui illumine toute notre semaine.
De plus, Yaakov a prié Arvit pendant son voyage.
Etant une prière qui se récite la nuit, elle sert de lumière qui transperce l'obscurité et qui peut amener à davantage de proximité avec Hachem.
En illuminant nos journées et nos nuits par la lumière spirituelle du Sabbath et de Arvit, nous nous rapprochons de Hachem.
[Sfat Emet]
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-> "[Yaakov] rencontra l’endroit et y passa la nuit parce que le soleil s’était couché"
L'obscurité représente nos moments difficiles, où l'on pourrait être tenté de croire que Hachem nous a abandonné.
[c'est pas parce que la lumière est éteinte qu'il n'y a plus rien dans la pièce! ]
Le midrach sur "le soleil s’était couché", affirme que cela ressemble à un roi disant à quelqu'un qu'il apprécie beaucoup : "Eteins les lumières, j'ai envie de te parler en toute intimité".
Le 'Hazon Ich disait que nos moments durs signifient : "Hachem a vraiment envie de m'entendre [me tourner en prières vers Lui]."
Il est écrit : "Je [Hachem] suis avec lui dans le malheur/détresse" (Téhilim 91,15). Ainsi, contrairement au apparence lorsqu'il fait noir dans notre vie, alors c'est un signe que Hachem est tout proche de nous.
Et si malgré la tempête, nous gardons pleinement confiance en Hachem, en nous tournant vers Lui en prières, alors notre émouna agit comme un bouclier, comme une pluie de bénédictions illuminant notre vie.
Le Yichma'h Israël rapporte le midrach : "Maariv n'a pas de temps défini. On peut prier jusqu'au matin".
Cela nous indique que lorsque nous prions lorsqu'il fait noir dehors, alors grâce à cela il y aura ensuite le matin, et notre vie va devenir de nouveau agréable, bonne.
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-> Yaakov était en train de voyager un vendredi.
Nos Sages explique qu'il a donné toutes ses possessions au fils de Essav, Elifaz, à l'approche du Shabbath, car selon nos Sages (guémara Shabbath 153a), si une personne voyage le vendredi après-midi et que la nuit a commencée à tomber, elle doit donner son portefeuille/sa bourse à un non-juif.
['Hatam Sofer]
[une autre raison est qu'il n'a pas voulu l'empêcher de réaliser la mitsva de respecter la volonté de son père de le tuer.
En lui permettant de lui prendre tous ses biens, il rend cet acte comparable à sa mort]
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-> Rachi (Vayétsé 28,11) rapporte que Yaakov a dormi à cet endroit, en opposition avec les 14 années passées à la maison d'étude de Ever, durant lesquelles il n'a pas dormi étant totalement impliqué dans l'étude de la Torah.
-> La guémara (Shabbath 11a) statue qu'une personne pour laquelle l'étude de la Torah est son occupation constante, à l'image de Rabbi Chimon bar Yo'haï, est dispensée de prier.
[le Zohar précise que malgré tout, le Rachbi priait, même s'il n'en avait pas l'obligation]
Nos 3 Patriarches représentent les 3 piliers sur lesquels le monte tient (cf.Pirké Avot 1,2) : Avraham représente la bonté, Its'hak représente le service divin (par les sacrifices et la prière) et Yaakov représente la Torah.
Yaakov qui symbolise la Torah, et dont la Torah était constamment son occupation, était donc dispensé de prière.
C'est pour cette raison que la prière que Yaakov a instauré (Arvit) n'est pas obligatoire.
[Rav Yonathan Steif]
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+ "[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché ; il prit des pierres de l'endroit et [les] disposa autour de sa tête, et il se coucha dans cet endroit" (Vayétsé 28,11)
Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "endroit" (makom), apparaît 3 fois dans ce verset, en allusion aux chaloch régalim (Pessa'h, Shavouot et Souccot), durant lesquelles les descendants de Yaakov vont y venir en pèlerinage (au Temple - mont Moriah), afin de rencontrer Hachem.
Les Sages ont dit qu’il [Yaakov] s’est couché au Mont Moria, qui est l’endroit du Temple.
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-> Le Kli Yakar explique que le mot Makom (endroit - מקום) apparaît à 3 reprises dans les versets 16 à 19 du chapitre 28, en référence aux 3 Temples de Jérusalem.
Le mot Makom qui apparaît 3 fois (dans le v.28,11) :
- en rapport avec le 1er Temple, il est dit: «Il rencontra l’Endroit (Ba-Makom) et y dormit car le soleil s’était couché" - Les jours pour eux [les descendants de Yaakov] ne s’y sont pas prolongés, juste le temps d’y "passer une nuit", telle fut la courte période où tint en place pour eux le [premier] Temple ...
- relativement au 2e Temple, il est dit : "Il prit des pierres de l’Endroit (Ha-Makom)", car c’est ce qui apparaît au sujet de la construction du second Temple : "Et qu’il fasse sortir la pierre qui était à la tête (Zé'haria 4,7) [il est écrit à propos de Yaacov : ] "Il prit des pierres (Méavné)", et non toutes les pierres [de l’endroit], car les pierres des Tables de la Loi [contenues dans l’Arche] et celles des Ourim et Toumim [du Pectoral] ont fait défaut [dans le Second Temple].
- et en rapport avec le 3e Temple, il est dit : "Et se coucha à cet Endroit (Ba-Makom)", car c’est lorsqu'il vit le 3e Temple, il est dit : "Et se coucha à cet endroit (Ba-Makom) le sommeil, comme pour dire : "Ceci est [le lieu de] mon repos à jamais!", à la différence des deux premiers Temples [à l’époque desquels les Enfants d’Israël] n’ont pas eu le repos de leurs ennemis.
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-> La Torah comporte 187 chapitres, au même titre que l’enceinte du Temple mesurait, d’Est en Ouest (sens de la Sainteté), 187 coudées. Le nombre 187 n’est donc par fortuit, il correspond à la valeur numérique du mot "Makom" (Lieu - מקום) [186], plus 1 qui désigne D., allusion ainsi à la Résidence Divine.
[Maassé Rokéa’h – Massékhet Midot]
-> En se basant sur le Aboudraham, on peut rapporter que lorsque nous mettons chaque lettre du nom de D. (יהוה) au carré, on a :
-> youd au carré = 10*10 = 100 ;
-> hé au carré = 5*5 = 25 ;
-> vav au carré = 6*6 = 36 ;
-> hé au carré = 5*5 = 25
=> on obtient un total de : 186.
Le mot makom (מקום) a également une valeur de : 186.
=> à l'image d'un terrain qui est défini par une superficie en mètres carrés, en multipliant longueur et largeur, l'ensemble de la création porte le sceau de D., qui est sans aucun doute possible derrière toute chose.
[Cela vient dissiper le doute sur le mythe que le monde est une entité autonome à part entière. Hachem étant qualifié de : "l'endroit" (aMakom), cela insiste sur le fait que le monde est contenu en D., et non l'inverse (D. n'étant pas un composant parmi d'autres du monde).
Hachem n'est pas limité par la notion d'espace, et est ainsi présent partout sans exception.]
-> Le Torah Ohr enseigne :
Yaacov Avinou est le porteur du message du מָּקוֹם [on note que la valeur numérique de יעקב , augmentée du nombre de lettres (4) est égale à la valeur numérique du mot מָּקוֹם (soit 182+4)].
C'est pourquoi, a-t-il eu pour mission d’élever l’Espace du Monde et ses multiples facettes vers l’Unité divine.
-> De même, nous trouvons dans le nom du Patriarche (יעקב) l’idée d’attacher le "haut" [la lettre Youd (י) de son nom, première lettre du Nom divin] avec le "bas" (עקב - Ekev - le talon).
En ce sens, la bénédiction que reçu Yaakov est exprimée dans la dimension de l’Espace : "Tu t’étendras vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud" (וּפָרַצְתָּ יָמָּה וָקֵדְמָה וְצָפנָֹה וָנֶגְבָּה- Vayétsé 28,14).
[Le Léhem Léfi Hataf fait remarquer que le terme צדיק (Juste), qui désigne Yaakov, est formé des initiales de צפון (tsafon - Nord), דרום (darom - Sud), ים (yam - Ouest), קדם (kédem - Est)].
Yaacov Avinou va donc désigner le Temple le plus parfait, celui des Temps messianiques [la valeur numérique de מָּקוֹם en Bémilouï (chaque lettre écrite pleinement) : מם קוף וו מם est identique à celle de משיח (machia'h)].
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-> Le Kli Yakar (verset 11) voit dans l’image de la tête de Yaakov posée sur des pierres, la coutume des gens pieux de placer une pierre sous leur tête lorsqu’ils se couchent la nuit de Ticha BéAv (jour de la destruction du Temple), rappelant ainsi que Yaacov a vu prophétiquement la destruction du Temple.
Le message délivré par cet épisode de la vie de Patriarche est que le mérite de l’unité (la fusion des 12 pierres en une) engendra inéluctablement la Délivrance d’Israël, avec le retour de la royauté, du peuple juif et de la Chékhina (les symboliques de la "pierre") sur leur lieu de prédilection.
[le Temple est un lieu de présence accru de Hachem dans ce monde, où tous les juifs viennent se rassembler comme "un seul homme, d'un seul cœur". ]