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"Yaakov embrassa Ra'hel ... Ra'hel avait de beaux traits et un beau teint, et Yaakov aima Ra'hel" (Vayétsé 29,11-18)

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) nous explique :
C'est tout à fait étonnant. Yaakov était le Patriarche suprême [midrach Béréchit rabba 76:1], au sujet duquel la Torah témoigne : "Yaakov était un homme pur" (Toldot 25,27), une personne qui observait la Torah dans son intégralité (comme il l'a déclaré : "Avec Lavan j'ai habité (garti - signifiant que même en vivant avec Lavan le racha, j'ai observé les 613 [tariag] commandements)".
Comment est-il possible, alors, qu'l prenne note de la beauté physique (cf. notre verset)? Au cotnraire, un tsadik se comporte à l'opposé, en accord avec le verset : "le charme est faux et la beauté est futile ; une femme qui craint D. doit être louée" (Michlé 31,30).

Or, j'ai entendu une explication de mon maître, le Maggid de Mézéritch, comme suit :
Yaakov a servi D. principalement par l'attribut de la beauté (tiféret). Si un objet contenait une belle étincelle, même si le récipient lui-même était matériel et grossier, Yaakov élevait cette belle étincelle et la restituait à sa source.
C'est ainsi qu'il servait D., et c'est pour cette raison que Yaakov a embrassé Ra'hel.
Le verset : "Ra'hel avait de beaux traits et un beau teint, et Yaakov aima Ra'hel" signifie que Yaakov a discerné qu'il y avait en elle une belle étincelle, et il l'a élevée, la ramenant à sa source divine, à la source céleste, et c'est ainsi qu'il a servi D.

C'est l'intention du verset : "Yossef s'enfuit et sortit" (Vayéchev 39,12). On sait que cette personne racha, la femme de Potiphar, s'est parée de ses plus beaux atours devant le juste Yossef. Comme le disent nos Sages (guémara Yoma 35b), les vêtements qu'elle portait le matin, elle ne les portait plus le soir.
C'est donc ce que signifie le verset lorsqu'il dit que Yossef s'est précipité à l'extérieur. Yossef a extirpé la belle étincelle inhérente à la femme de Potiphar de l'emprise des forces extérieures, l'a amenée dans le domaine de la sainteté, l'a élevée et l'a rétablie en haut, et a ainsi servi D.

Or, on sait (Zohar I:246b) que Yossef en général servait D. avec un type d'attribut différent, mais à ce moment précis, il servait D. avec l'attribut de la beauté (tiféret), comme cela a été expliqué plus haut en référence à Yaakov.
Comme on le sait, lorsqu'une personne juste sert D. avec un attribut particulier, elle mérite de voir une vision d'une autre personne juste (tsadik) qui a servi D. avec cette même qualité. C'est pourquoi nos Sages (guémara Sotah 36b) disent : "Yossef a vu l'image de son père".

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=> Yaakov voyait la beauté intérieure des gens et élevait ainsi leur étincelle intérieure vers Dieu.

"Ne te réjouis pas mon ennemi, car si je suis tombé, je me lève, si je suis assis dans les ténèbres Hachem est une lumière pour moi" (Mikha 7,8)

-> Le midrach (Téhilim 22) explique que l'un mène à l'autre : si je n'étais pas tombé alors je n'aurais pas pu m'élever, et si je n'avais pas été assis dans l'obscurité alors je n'aurais pas pu bénéficier de la grande lumière de Hachem.

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,5) écrit qu'une personne qui a une solide émouna en Hachem, doit avoir conscience que dans ses moments les plus difficiles, l'obscurité qui est sur elle va lui permettre d'atteindre la plus grande lumière possible.
Ceci fait partie des plans Divin qui échappent à notre compréhension (nous ne sommes pas D.!).

[chez les juifs une journée commence le soir. En effet, pour un juif une période d'obscurité est le chemin nécessaire pour atteindre la plus grande des illuminations (le plein jour!)
A l'image d'une plante qui doit être dans la terre (souvent noire) pour pouvoir s'épanouir au grand jour.]

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-> [Hachem dit à Yaakov: ] "Ta descendance sera comme la poussière de la terre ; et tu déborderas, à l’ouest et à l’est, au nord et au sud ; et toutes les familles de la terre seront bénies par toi et par ta prospérité." (Vayétsé, 28,13-14)

-> Lorsque Yaakov se met en route et quitte la terre d’Israël pour l’exil, long et démoralisant, Hachem lui apparaît et le rassure quant à l’avenir de ses descendants. Cette promesse, prise au sens simple, signifie que le peuple juif sera aussi nombreux que la poussière de la terre, et s’étendra donc sur tout le pays d’Israël.
Le "problème" de cette interprétation est la comparaison du peuple juif à la poussière que l’on piétine et qui n’est donc pas la substance la plus respectable et respectée.
=> Si la Torah veut faire allusion à la grandeur future que connaîtra le peuple juif, pourquoi ne pas employer une métaphore plus positive (les étoiles par exemple, comme ce fut le cas lors de la promesse d’Hachem à Avraham)?

Le Sforno explique que la Torah utilisa délibérément le terme "poussière", pour évoquer l’époque où le peuple juif atteindra le niveau le plus bas aux yeux des autres nations ; alors, seulement, le peuple juif "débordera" sur la terre d’Israël.

Il ajoute que la Délivrance Finale n’aura lieu que lorsque les Juifs seront perçus comme des "moins que rien" par les non-juifs.
Cette idée est exprimée dans la guemara (Sanhédrin 98a) qui affirme : "Si tu vois une génération où les souffrances débordent comme une rivière, alors garde espoir, comme dit le prophète Isaïe : "Quand cela deviendra comme un fleuve étroit… Le Rédempteur viendra à Tsion" (Yéchayahou chap.59)".
La guémara nous apprend que le Machia’h ne viendra qu’à la suite de terribles épreuves, quand les choses ne pourront plus empirer.

[ainsi plutôt que de désespérer de notre dure situation, on doit au contraire se réjouir que c'est le signe de notre Délivrance imminente! ]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/12/08/7616

"Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l'humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu'à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d'atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d'atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d'orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C'est ce processus sans fin d'alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l'échelle.
- Lorsque le yétser ara nous dit que comme l'échelle ("dressée sur la terre") : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : "son sommet atteignait le ciel".
- Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : "au contraire, comme l'échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol!"

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : "Il y a Hachem en ce lieu?"
Cela résulte de : "je ne savais pas", par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l'esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t'enorgueillant pas d'être tout ou bien d'être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu'à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b'h, citations de nos Sages sur l'humilité : https://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b'h, citations de nos Sages sur l'orgueil https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer - וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Les lettres finales de ces mots forment : "tsibour" (public, communauté - צבור), c'et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors "il y a Hachem en ce lieu", car "Hachem se tient dans l'assemblée Divine" (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais "moi" = s'il y a une seule personne, "je ne savais pas" = l'homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d'avoir des mérites suffisants, et d'une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah ; Baal haTourim]

-> Le Mégalé Amoukot ajoute que צבור a la même guématria que : רחמים (ra'hamim - la miséricorde).
En effet, lorsque nous prions avec un minyan cela éveille la miséricorde d'Hachem, et cela permet à nos prières d'être exaucées.

-> b'h, au sujet du fait de prier avec la communauté : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil" 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo'hanan a dit qu'il ne faut pas lire : "michnato" (de son sommeil - מִשְּׁנָתוֹ), mais "mi-michnato" (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu'il s'arrêtait d'étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c'était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C'est pourquoi lorsqu'il se réveilla de son sommeil, c'était comme s'il se réveillait de son étude.
[issu d'un cours du rabbi David Pinto]

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-> Yaakov a rêvé d'une échelle se tenant au sol et atteignant le ciel (Vayétsé 28,12).
Lorsqu'on vit une vie de divinité, on produit de la Torah même lorsque l'on dort.
[rabbi Barou'h de Médziboz]

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Yaakov a eu un rêve prophétique avec une révélation extraordinaire, où Hachem va lui promettre la protection, des bénédictions, des enfants, ...
Cependant si Yaakov avait su la sainteté de cet endroit (lieu futur du Temple), il n'y aurait pas dormi.
Le Sfat Emet dit que cela nous enseigne que la crainte d'Hachem (yirat chamayim) est plus importante que tout.
En effet, Yaakov était prêt à renoncer à une sublime révélation Divine et aux bénédictions (pour lui et sa descendance : tous les juifs de l'histoire). En effet, aucun gain ne peut justifier le fait de faire quelque chose d'interdit par Hachem.

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-> Rabbi Nissm Yaguen (Nétivé Or) commente également en ce sens :
Yaakov s'approchait des 80 ans ... il s'allonge et s'endort, et voilà que Hachem se dévoile à lui en disant : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que Je t'ai promis" (Vayétsé 28,13-15).
Des nouvelles tellement merveilleuses et joyeuses! Exactement ce qu'il espérait, après avoir investi toutes ses forces dans le service Divin, lors de son départ pour l'inconnu.

On aurait pu attendre de Yaakov qu'il respire à plein poumon, qu'il se réjouisse et qu'il ait un merveilleux moral.
Mais non, plutôt : Assurément, Hachem est présent en ce lieu et moi je l'ignorais" (v.16), et saisi de crainte, il ajouta : "Que ce lieu est redoutable" (v.17).

Si on nous avait annoncés de telles nouvelles, on aurait été dans un état de joie indescriptible. Mais Yaakov ne prête pas attention aux promesses à son profit, il n'est pas joyeux pour tout le bien promis, la seule chose qui l'intéresse : gare à moi, je me suis endormi dans la maison d'Hachem ...

La crainte des Cieux ressemble à cela : avoir peur d'Hachem à chaque instant, peut-être je ne me conduis pas convenablement, peut-être pas comme il fallait, ressentir une grande honte du fait du doute d'une faute minuscule. Ceci est la vraie crainte d'Hachem (yir'at Hachem), et cette crainte est en mesure de renforcer l'homme dans toutes les situations.

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (v.28,16)

Rachi (v.11) rapporte que pendant 14 années à la maison d'étude d'Ever, il n'a pas dormi la nuit, puisqu'il étudiait non stop.
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique que pendant ce premier sommeil en 14 ans, Yaakov a découvert les hauts niveaux de vision prophétique que l'on peut atteindre durant notre sommeil.
[selon la guémara (Béra'hot 57b) : "un rêve à 1/60e de la prophétie"]
Néanmoins, il a dit (v.17) : "én zé ki im bét Elohim" (אֵין זֶה כִּי אִם בֵּית אֱלֹהִים) = ce n'est pas ce que Hachem veut.
En effet, Hachem désire notre travail, nos efforts, et non pas que nous soyons des endormis de la vie. [anesthésiés par notre yétser ara!]
[à notre niveau c'est une mitsva de dormir pour avoir les forces de faire la volonté de D., néanmoins l'idée est qu'Hachem aurait pu nous mettre dans notre tête toute la Torah, mais ce qu'Il veut c'est que nous peinons pour l'acquérir.]

-> "Des messagers divins [des anges] montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)
Selon le midrach : les anges dansaient (montaient et descendaient dans une danse) sur Yaakov, car ils étaient si heureux de lui.
Le 'Hidouché haRim commente : "si un juif savait les hauteurs que son service Divin (avodat Hachem) atteint, il ne raterait aucune occasion de faire une bonne action."

=> Nous devons avoir conscience qu'il en est de même pour chaque juif : les anges se réjouissent à chaque fois que nous faisons des bonnes actions, et c'est nous qui n'en n'avons pas conscience.
Si nous en avions conscience de cela, nous prendrions alors davantage la mesure de ce qui nous apparaît comme une simple action et qui est en réalité quelque chose aux conséquences énormes et infinies (une mitsva impacte positivement les mondes supérieurs & inférieurs, et nous octroie une récompense infinie en quantité et en durée), et cela nous pousserait à courir après chaque opportunité d'en réaliser une.
[on comprend que Yaakov qui avait conscience de cela, a pu se dire : ce n'est pas ce que Hachem veut = je ne peux pas rester à rien faire, il faut courir de mitsva en mitsva!]

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-> Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne :
Lorsque Hachem amène une néchama (âme) dans ce monde, Il l'envoie par le biais d'une longue échelle qui va du Ciel à la terre.
Après que l'âme atteint la terre, Hachem reprend l'échelle et dit : "Maintenant grimpe de nouveau par toi-même"
[à l'image d'un parent qui dit plein d'amour à son fils apprenant à marcher : "Maintenant viens vers moi!"]

L'homme s'interroge alors sur comment peut-il grimper vers le ciel sans échelle?
Certaines âmes abandonnent. Certaines âmes sautent vers le ciel, puis retombent au sol, et alors elles abandonnent.
D'autres, sautent encore et encore, jusqu'à ce que Hachem a de la miséricorde et les amènent jusqu'au ciel.
En effet, lorsqu'une personne essaie, alors Hachem l'aide.

-> Le rabbi Mendel de Kotzk dit également :
Quand on se tient sur une échelle, on prend soin de vérifier, avant de continuer à monter, que l'on ne risque pas de tomber.
Eh bien c'est ainsi que l'on doit se conduire dans le service de D. : on doit gravir progressivement échelon après échelon.

[cela implique de connaître sa place sur l'échelle de la vie et nos capacités d'évolution. Dans tous les cas, on doit être content de ce que l'on a (que l'on soit haut ou bas sur l'échelle, car on est là où D. nous a placé pour réaliser notre vie), et agir du mieux que nous pouvons, sur la durée, pas à pas, vers papa Hachem!
Au final, on nous jugera personnellement : combien d'échelons as-tu pu monter sur le nombre total que tu aurais potentiellement pu faire?]

[le yétser ara parfois va nous pousser à faire un énorme bon spirituel, mais qui va ensuite nous conduire à être peu efficace. Il nous donne un grand gain immédiat, pour que sur la durée on obtienne moins que ce qu'on aurait pu avoir en agissant avec constance.
Par exemple, il va nous pousser à se coucher tard pour étudier, mais ensuite on va être fatigué et faire une prière bâclée, moins bien étudier, ...

Le Baal Chem Tov enseigne : "Quand le mauvais penchant échoue à pousser un homme au péché, il le convainc de se livrer à des jeûnes et à des mortifications. Il veut ainsi l'affaiblir et réduire ses forces au point de l'empêcher de servir D. comme il convient". ]

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-> "Certainement, Hachem est présent dans cette endroit et je ne le savais pas" (Vayétsé 28,16)

Rachi explique que ce que voulait dire Yaakov c'était que s'il avait su que cet endroit était saint et bénéficiait de la Présence Divine, alors il ne se serait jamais permis d'y dormir du fait de sa sainteté. Dans cette vision prophétique qui se révéla cette nuit-là à Yaakov, Hachem lui montra tout le devenir du peuple Juif au long de son histoire. De plus, Hachem lui fit de merveilleuses promesses. Et malgré toute cette vision si élevée qu'il vécut, Yaakov s'inquiéta et se demanda si le fait d'y avoir dormi n'était pas une faute et un manque de respect vis à vis de la sainteté de cet endroit.

-> Le Baal Chem Tov fait remarquer que cette attitude de Yaakov nous apprend comment réagir lorsque l'on accède à des perceptions spirituelles ou des ressentis dans le service d'Hachem que nous ignorions jusque là. L'homme pourrait, face à une telle élévation d'âme en ressentir une satisfaction et une fierté, se sentant plus élevé que le commun des mortels qui n'ont pas eu le mérite d'un tel dévoilement. Mais ce n'est pas ainsi que Yaakov a réagi. Au moment où il vécut cette élévation d'âme, il se mit aussitôt à réfléchir sur lui-même, à se remettre en question et se demander s'il était vraiment apte à une telle grandeur, s'il n'a pas commis d'erreur qui serait en contradiction avec ce dévoilement Divin. Et immédiatement, il se reprocha d'avoir dormi dans ce lieu sacré.

C'est ainsi qu'un Juif doit réagir quand il ressent une proximité particulière avec Hachem, quand il sent une élévation d'âme et un élan de spiritualité le portant vers de plus hautes perceptions que d'ordinaire. Il ne doit surtout pas s'en enorgueillir, se sentant plus digne et plus méritant que les gens "simples".
Au contraire, toute proximité supplémentaire avec Hachem doit faire accéder à plus d'humilité et une plus grande remise en question, s'interrogeant sur son mérite et se demandant si son comportement est suffisamment correct et raffiné pour mériter cette élévation. Et dans le cas échéant, on doit s'efforcer de s'améliorer et de corriger encore plus ses erreurs et ses défauts pour pouvoir être digne de cette plus grande proximité avec Hachem.

Telle est la grandeur du peuple juif par rapport aux autres nations. Quand ils s'élèvent et sentent la Bienveillance d'Hachem, ils savent se faire plus petits et se travailler pour être à la hauteur de ce rapprochement d'Hachem. Plus on grandit, plus on se rapproche d'Hachem, plus on s'élève vers des niveaux spirituels, et plus on doit se repentir, se remettre en question, et se sentir plus petit devant cette Bonté Divine Qui se dévoile à soi.

"Tu ne me donneras rien" (Vayétsé 30,31)

-> Lavan a voulu fixé un salaire constant et établi à l'avance, et Yaakov lui a expliqué : Tu ne me donneras rien, parce que si le salaire est fixé à l'avance et assuré, je risque de me détourner de ma confiance en Hachem.
Je veux recevoir ma subsistance directement des mains de D., en fonction de ce qu'Il suscitera, des [bêtes] mouchetées ou des tachetées dans les naissances du troupeau.
Je ne veux pas un sou qui me soit promis à l'avance, ainsi j'aurai sans cesse les yeux tournés vers Lui, et Il me donnera ma nourriture en son temps.
En ce sens : "Tu ne me donneras rien" = Je ne voudrais certainement pas avoir un salaire fixe.

[rabbi David Kim'hi]

"Yaakov s'unit pareillement à Ra'hel et aima Ra'hel plus que Léa, et il servit encore Lavan 7 autres années" (Vayétsé 29,30)

-> Le rabbi Moché Leib de Sassov ('Hidouché Remal) enseigne :
Un juif doit toujours être joyeux, c'est un principe fondamental, comme il est écrit : "Adorez Hachem avec joie" (Téhilim 100,2).
La joie est une manifestation d'amour [de D.], c'est le plus haut niveau spirituel atteignable, plus élevé même que pleurer.

Bien sûr, les pleurs peuvent ouvrir les portes du Ciel, les Portes des Larmes, mais la joie peut briser toutes les portes et les murs.
Or, il est bien connu que Léa pleurait beaucoup. Elle était triste et craintive, pensant que puisque Ra'hel était mariée à Yaakov, elle devrait se marier à Essav.
C'est pour cette raison que Yaakov aimait plus Ra'hél que Léa.

[c'est une grande leçon pour nous : la joie de Ra'hél a eu bien davantage d'impacts que la tristesse (larmes) de Léa, au point que Yaakov : "aima Ra'hel plus que Léa, et il servit encore Lavant 7 autres années".]

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-> "Il (Yaakov) aima encore plus Ra'hel que Léa" (Vayétsé 29,30)

-> Littéralement, le verset dit : "Il aima encore plus Ra'hel de Léa".
=> Mais qu'est-ce que cela signifie-t-il?

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
En fait, au départ Yaakov voulut épouser Ra'hel. Craignant que Lavan ne tente de le ruser, il donna à Ra'hel des signes pour être sûr que ce sera elle que Lavan lui présentera. Mais comme Lavan introduisit finalement Léa, Ra'hel redouta la honte que ressentira Léa qui ne connaîtra pas ces signes et elle les lui dévoila.
C'est donc ce don de soi de Ra'hel qui permit à Léa de se marier à Yaakov sans que celui-ci ne s'en rende compte.
Mais loin d'en vouloir à Ra'hel pour cette "tromperie", Yaakov l'aima encore plus en voyant ses qualités exceptionnelles.

Cela est en allusion dans ce verset : "Il aima encore plus Ra'hel de Léa" = c'est-à-dire que "de Léa", du fait qu'il a épousé Léa, ce qui ne fut possible que par la grandeur d'âme de Ra'hel, de cela il aima encore plus Ra'hel.

"Ra'hel avait pris les térafim (sorte d’idole), les avait placés dans la selle du chameau et s'était assise dessus" (Vayétsé 31,34)

On peut se demander pourquoi Ra'hel s'assit-elle sur les idoles. N'y avait-il pas d’autre solution pour les dissimuler?

En fait, les idoles ont une certaine force provenant du mal, et c'est ainsi que Lavan pouvait connaître des informations cachées grâce à ses térafim.

Cependant Ra'hel voulait neutraliser leur pouvoir, et c'est pourquoi elle s’assit dessus. Par cela, elle les humilia et les méprisa, puisque c'est très dégradant de s’asseoir sur quelque chose.

Or, toutes les forces obscures n'ont d’existence que si on leur accorde de l’importance. Dès lors qu’on les méprise, toutes leurs forces disparaissent.

Ainsi, quand on place sa confiance uniquement sur Hachem et qu’on méprise le mal, automatiquement les forces du mal disparaissent. Telle était l’intention de Ra’hel en s’asseyant sur ces idoles.

[le Zohar]

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-> Lavan savait comment utiliser ces idoles [pour obtenir des pouvoirs extrasensoriels]. Ra'hél les lui vola afin qu'il ne puisse découvrir leur destination. [Méam Loez - Vayétsé 31,19]

-> D'après une opinion (Zohar - Vayichla'h), Lavan ne poursuivit pas Yaakov pour le combattre physiquement. Yaakov disposait de plus d'hommes que Lavan. Ce dernier désirait tuer Yaakov par des paroles : à l'aide d'incantations magiques ...
Lavan voulait "déraciner" Yaakov de ce monde en usant de la sorcellerie.
[Méam Loez - Vayétsé 31,24]

-> Selon le midrach (Béréchit rabba), Lavan força Ra'hél à se lever afin de fouiller l'endroit où elle était assise. Miraculeusement, les térafim se transformèrent en petites cruches, il ne trouva donc pas ce qu'il cherchait.

Ra'hél dit à Lavan : "Ne sois pas offensé, mon seigneur, si je ne puis me lever devant toi à cause de l'incommodité habituelle des femmes".
A l'époque, on croyait que l'écoulement menstruel était extrêmement dangereux. Même converser avec une femme nidda était interdit, ils pensaient que son souffle était impur. La nourriture préparée par une femme nidda était également considérée comme nocive.
Ainsi, le Ramban est d'avis que malgré ses soupçons, il la laissa et sortit de la tente.
[...]
Ra'hél n'a pas menti, elle sous-entendait que les idoles rendent impur au même titre que les menstruations. Elle prétendit donc: "J'ai mes périodes" = elle entendait par là qu'elle était assise sur une chose impure pareille à l'écoulement menstruel.
[d'après le Méam Loez - Vayétsé 31,34-35]

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-> Pendant son absence, des brigands avaient saccagé sa maison, et lui avaient volé tous ses biens. Quand Lavan revient chez lui, il était pauvre comme avant l'arrivée de Yaakov, 20 ans auparavant.
[Méam Loez - Vayétsé 32,1]

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+ "Hachem est venu en rêve à Lavan l'araméen et lui dit : "Garde-toi de parler à Yaakov ni en bien ni en mal"" (v.31,24)

De ce verset nos Sages enseignent que Lavan avait l'intention de tout détruire, c'est-à-dire qu'il voulait supprimer toute trace de juif. Hachem est donc venu lui dire de ne rien faire.
Mais on voit de là la grandeur d'Hachem. Comme le dit le verset : "L'homme a de nombreuses pensées dans le cœur mais le Projet d'Hachem c'est lui qui se réalisera".
En effet, Lavan a tout fait pour éradiquer toute trace de juif, mais l'ironie du sort c'est qu'Hachem a fait justement sortir tout le peuple juif de lui, par ses filles.
Parfois le racha veut réaliser un mauvais plan, mais en conclusion, il ressort que c'est justement lui qui a été à l'origine du plus grand bien.
[Chvilé Pin'has]

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-> "D. vint trouver Lavan l’Araméen dans un rêve et il lui dit : Prends garde de parler avec Yaakov ni en bien ni en mal" (Vayétsé 31,24)

Par conséquent, comment Lavan n’a-t-il pas obéi aux paroles de Hachem et a-t-il parlé à Yaakov en mal en disant qu’il avait la possibilité de lui faire du mal? ["Je pourrais vous faire du mal ... pourquoi as-tu volé mes dieux?" (v.31,30).]
Il lui a parlé durement et lui a dit : "Pourquoi as-tu volé mes dieux?" = on peut comprendre de là que quiconque ne travaille pas à améliorer son caractère, même si Hachem Lui-Même Se révèle à lui et lui dit : "Change de conduite", il ne le fait pas. Quand est-ce qu’il change?
Quand il travaille sur lui-même.
[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°446]

La force de nos pensées

"Au moment de la nuit de noces, le cœur de Yaakov était orienté vers Ra'hel, car il pensait avec certitude être avec elle.
De cette pensée et de cette volonté profonde, Léa tomba enceinte.
Mais malgré cela, cette pensée initiale retrouva sa place dans la réalité : puisque le cœur de Yaakov était entièrement tourné vers Ra'hel, c'est l'aîné de cette dernière, Yossef qui reçut le droit d'aînesse".
[Zohar - chap.1,p.176]

Le fils aîné de Yaakov était Réouven, fils de Léa.
Mais concrètement, c'est Yossef, le fils aîné de Ra'hel, qui reçut un héritage double, puisque ses 2 fils (Ménaché et Efraïm) furent considérés comme 2 tribus à part entière quant au partage de la terre d'Israël.
Yossef a eu ainsi 2 parts d'Israël, en accord avec la loi juive statuant que l'aîné d'une famille reçoit un héritage double par rapport à ses frères.

=> Nous voyons ici un exemple que la force de la pensée, est plus puissante que l'acte même, avec des conséquences mêmes de nombreuses années plus tard!

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+ La force de nos pensées :

-> "Lorsqu'un bateau en percute un autre, si le bateau touché est plus robuste que le premier, c'est le premier bateau qui se brisera par la puissance du choc.

Il en est de même de la pensée, qui lorsqu'elle ne se concrétise pas, revient en force vers son émetteur.
C'est ce qui se passa pour Haman : il désira anéantir les juifs et on l'en empêcha. Mais puisque sa pensée avait déjà été conçue et qu'elle n'atteignit pas son but, elle se rabattit sur lui.

De la même manière, si l'on jette une balle et qu'elle n'est interceptée par aucun obstacle, elle suit sa trajectoire. Mais si un mur l'intercepte, elle rebondit de plus belle vers celui qui l'a lancée.
Il en va exactement de même de la pensée : lorsqu'un élément la stoppe dans sa course, elle revient en force vers celui qui l'a conspirée."
[le Sifté 'Haïm - Moadim]

-> "Il en est ainsi de la pensée pourtant si volatile. Sa fin est de se retourner contre celui qui l'a conspirée quand elle ne prend pas forme dans la réalité."
[Maharal - Méguila 9,25]

-> "Rech Lakich dit : Celui qui suspecte à tort reçoit des coups" (guémara Shabbath 97a)
En effet, sa pensée négative n'a ici aucune prise et elle n'a pas non plus sur quoi se fonder, elle va lui retomber forcément dessus de manière négative.

-> Il est permis d’être "jaloux" des érudits et d’envier leur vaste connaissance de la Torah car cela stimule et inspire à étudier davantage.
[Zohar ; guémara Baba Batra 21a]

Les autres formes de jalousie sont négatives, car quand l'homme les éprouve, il désire au fond de son cœur que son ami perde son bien. La réussite de l'autre est douloureuse pour l'homme ; il souhaite qu'il lui arrive du mal.
Or, comme on a pu le voir, une telle pensée revient vers celui qui en est la source.

=> Ainsi, être jaloux n'aide en rien à atteindre ce qui est jalousé, mais en plus d'être triste de sa situation, cela nous amène des conséquences négatives suite à nos pensées négatives sans fondement réel (autre qu'un aveuglement lié à notre jalousie).

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-> "La manière dont l'homme agit se répercute sur lui" (guémara Baba Métsia 33a)

Le Maharal ('Hidouché Haggadot sur cette guémara) enseigne que lorsqu'un homme éprouve une crainte particulière pour quelque chose, il donne à cette chose la possibilité d'agir contre lui.
Comme le précise Iyov (3,25) : "C'est que tout malheur dont j'avais peur fond sur moi, ce que je redoutais vient m'assaillir".

Ainsi, ce dont je m'inquiétais par avance vient justement m'assaillir parce que je m'y suis inquiété.

Le Maharal ajoute :
"Et même si cette crainte était celle d'une chute, comme le disent les Richonim, c'est cette même crainte qui entraînera justement sa chute.
En effet, si un homme prenait une planche de bois et la plaçait au-dessus des eaux d'un fleuve afin de le traverser, il aurait de fortes chances de tomber lorsqu'il marcherait sur cette planche.
Par contre, s'il la posait au sol, son pied n'en dévierait pas d'un millimètre.
Pourquoi en est-il ainsi?

Car dans le premier cas, l'homme pense qu'il va tomber et l'élément le plus actif et le plus influent est véritablement le cerveau.
Il en va de même lorsque l'homme a peur de la pauvreté, il laisse son cerveau agir dans ce sens et il finit par être effectivement affligé par la pauvreté."

-> "L'homme est sa pensée" (Sifté 'Haïm - Moadim)

-> "La pensée exerce un grand impact sur l'homme et même une simple intention ou un éveil aussi minimes soient-ils sont déjà une très grande chose"
[Rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou]

-> Cela peut éclairer l'interprétation de certaines paroles de nos Sages, comme :
- "Quand la tête est saine, tout est sain" (Zohar haKadoch - chap.3,135) ;
- "Le corps suit la tête" (guémara Erouvin 41a) ;
- "Un esprit abattu dessèche les membres" (Michlé 17,22)
- "Une bonne nouvelle est une sève bienfaisante pour le corps" (Michlé 15,30)

=> Le fait d'avoir des pensées positives, nous fait regarder la vie pleine de bonne humeur, mais également cela va contribuer à changer positivement notre réalité (et inversement).

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-> "L'homme est conduit vers le chemin qu'il veut emprunter"
[guémara Makot 10b]

-> "Celui qui veut se corrompre est aidé dans ce sens, comme celui qui veut se purifier"
[guémara Shabbath 104a]

Le Maharcha de commenter : "Selon la volonté et la pensée de l'homme, des anges l'orientent, ceux-ci ayant été créés justement par cette volonté."

=> C'est ainsi que notre pensée, expression de notre volonté, va véritablement créer des anges, qui vont conduire l'homme vers le lieu de son désir.

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-> "Lorsque l'homme désire de tout son cœur et de tout son être quelque chose, cela se réalise."
[Gaon de Vilna - Michlé 23,12]

-> "Sache que la pensée a un impact extrêmement puissant.
Un homme qui concentre sa pensée sur quelque chose de précis peut ni plus ni moins actionner cette chose. Et même si l'objet de sa pensée était d'acquérir de l'argent, c'est certain qu'il y parviendrait!

Il en va de même pour n'importe quel domaine, à condition que sa pensée soit dénuée de tout sentiment ou affect (c'est-à-dire qu'il est déconnecté de tout ce qui l'entoure, totalement absorbé par sa pensée précise)."
[Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan 193]

=> La pensée a une telle puissance qu'un homme pourrait acquérir tout ce qu'il désire par son biais!

-> Rabbi Na'hman de Breslev enseigne également (Si'hot haRan 62) :
"Sache que des forces inouïes sont recelées en l'homme, car il peut véritablement donner forme à la réalité par le biais de sa pensée. Mais pour cela, il faut qu'elle soit exclusivement tournée et concentrée sur un jet précis, c'est-à-dire que chaque strate de la pensée, aussi bien intérieure qu'extérieure soit orientée vers ce point précis.

Et lorsque la pensée dans toutes ses dimensions est actionnée et que vient s'allier la conviction que l'objet de la pensée se réalisera, sans qu'aucune autre pensée ne vienne troubler la pureté de la pensée initiale, alors la réalité prend la forme selon cette pensée."

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-> "L'excès de pensée de l'homme empêche la réalisation de son projet, fut-ce même dans le domaine de la Torah."
[guémara Sanhédrin 26]

Rachi commente : "Lorsqu'un homme pense : je ferai ceci ou cela, j'acquerrai ceci ou cela, la chose est vouée à ne pas se faire, même s'il s'agissait d'un projet spirituel, comme terminer en un temps précis une étude particulière".

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
"S'il est fixé à Roch Hachana que l'homme jouira de telle réussite, de telle abondance, mais qu'il a fait une prière détaillée (iyoun téfila) négative, en imaginant toutes les actions dont il serait l'auteur et qui lui apporteraient la réussite, comment ces simples pensées peuvent-elles modifier ce qui a été fixé pour lui à Roch Hachana?
["Tous les gains d’une personne sont prédéterminés d’un Roch Hachana à l’autre." - guémara Beitsa 16a]
Comment peut-il perdre les bienfaits qui devaient lui revenir au cours de cette année et qui étaient de surcroît écrits dans le grand Livre du Ciel?

La réponse est la suivante : il visualise déjà dans son esprit la réussite qui sera la sienne, la manière dont il l'atteindra et même le plaisir qu'il en retirera.
Il jubile déjà, se croyant détenteur et maître de cette satisfaction, mais sa pensée est erronée à sa source, puisqu'il fait dépendre sa réussite de la force de son bras et non de Hachem.

Il recevra donc sa punition, mesure pour mesure, du Tribunal céleste qui déclarera que puisque la simple pensée de sa réussite lui a procuré du plaisir, la réussite n'a pas besoin de se concrétiser dans sa réalité."

=> Ainsi, un homme peut provoquer sa perte par sa propre pensée.
Lorsque cette dernière est dénuée de émouna, elle ne peut être le réceptacle de la bonté de Hachem, et les sentiments de joie ressentis en plaçant sa confiance en ses propres actes, vont lui service de rétribution.

-> En ce sens, il est écrit au sujet des rêves plausibles : "Rabbi 'Hida a dit : lors d'un mauvais rêve, la peine suffit, lors d'un bon rêve, la joie suffit" (guémara Béra'hot 55a).

Cela signifie que :
- la peine éprouvée par la personne qui fait un mauvais rêve est une punition suffisante.
Par exemple, la pauvreté n'aura plus besoin de venir l'accabler.
- la joie qu'elle éprouve au moment de son rêve remplace la véritable joie qui devait lui être octroyée dans la réalité.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Ki Tissa) rapporte que : "L'homme doit être pleinement conscient que ces pensées fictives qui lui viennent à l'esprit ne sont ni plus ni moins l'oeuvre du yétser ara, dont le but est de lui faire perdre son vrai bien. L'homme s'empressera donc de chasser ces pensées stériles de son esprit dès qu'elles surgiront."

[on peut programmer le futur dans un but nécessaire et constructif, mais pas dans un but de renforcer la conviction que sa réussite dépend uniquement de notre force et de nos capacités.]

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-> Selon la guémara (Sanhédrin 26b), la pensée peut entraîner à oublier son étude, comme il est dit : "Il fait échouer les projets des gens de ruse : leurs mains n'exécutent rien qui vaille" (Iyov 5,12).
Rachi explique : "La pensée qu'un homme a accompli tel acte, ou de parvenir à tel objectif, a la capacité d'inhiber son accomplissement. C'est le cas même pour l'étude de la Torah, par exemple, si l'on dit : Jusqu'à tel jour, je finirai d'étudier tel sujet".

-> Le Ben Ich 'Haï (dans son Kéter Malkhout) ajoute :
"Souvent, de nombreuses bénédictions sont prêtes à être envoyées à l'homme, mais il les perd lui-même par le fait qu'il vagabonde avec son imagination et rêve déjà d'avoir reçu ces bénédictions. Il tire profit de ces rêves, se conforte dans ses illusions et repousse par cela l'envoi prévu des bénédictions".

On peut se demander comment cet homme pourrait perdre ce qui est prévu pour lui, simplement à cause de son imagination ...
Le Ben Ich 'Haï répond qu'en réalité, cet homme a déjà tout reçu en pensée et il s'est déjà réjoui de la bénédiction comme s'il l'avait reçue.

Il est intéressant de rapporter les paroles du Ben Ich 'Haï dans notre commentaire : "Il est un problème dont la plupart des gens souffre, que ce soit les hommes de Torah ou ceux qui travaillent, et j'avoue en faire aussi partie ..."

[nous devons faire attention sur le fait que ces pensées qui montent à notre esprit ne sont que l'acte du Satan qui cherche à tout nous faire perdre. Il est donc très important de surmonter cet instinct qui nous pousse à vivre le rêve comme s'il état réel.]

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-> "Quand tu bâtiras une maison neuve, tu établiras une barrière autour du toit, pour éviter que ta maison soit cause d'une mort, si quelqu'un venait à tomber" (Ki Tétsé 22,8)

Le Ben Ich 'Haï commente :
Lorsque l'homme inaugure une nouvelle construction, fête un nouveau concept qu'il a inventé grâce auquel il peut s'enrichir, la Torah lui demande de faire un acte, une barrière aux pensées qu'il a dans la tête, qui représente le toit de l'homme, et qu'il ne vive pas dans l'illusion de devenir milliardaire.
La raison en est : "Pour éviter que ta maison soit cause d'une mort si quelqu'un venait à tomber" = les illusions le feront tomber, lui feront perdre le bien qui est prévu.

Même s'il a été décrété pour cet homme, le jour de Roch Hachana, qu'il mérite richesse et bonheur, il risque de tout perdre par les illusions qu'il entretient.

Le Ben Ich 'Haï conclut en expliquant : "Car nous avons déjà reçu la récompense dans notre imagination, puisque nous nous sommes déjà réjouis comme si elle était déjà réelle et présente".

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-> b'h, également  : pense bien et tout ira bien : https://todahm.com/2020/03/31/13093-2

"Elle (Léa) conçut encore et enfanta un fils, et elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D." ; c’est pourquoi elle le nomma Yéhouda ; puis elle cessa d’enfanter." (Vayétsé 29,35)

-> Le Sforno nous enseigne que le nom Yéhouda (יהודה) contient d’une part, les lettres du nom de D., le Tétragramme (יהוה), et d’autre part, le radical הדה, signifiant : "gratitude" et "louange" ; ce nom connote donc la louange et le remerciement adressé à D.

-> Rachi explique que Léa nomma cet enfant Yéhouda à titre de remerciement à Hachem. En effet, elle vit par inspiration prophétique que Yaakov aura 4 femmes. Ainsi, pour enfanter les 12 tribus, chaque femme devra avoir 3 enfants. Or, Léa venait d'avoir son quatrième. Et c'est parce qu'elle eut une part plus grande que les autres qu'elle remercia Hachem et appela son fils Yéhouda.
Du fait que chaque juif s'appelle Yéhoudi en référence à Yéhouda, il en ressort qu'il doit avoir la qualité spécifique pour laquelle il s'appelle Yéhoudi. Il s'agit de remercier Hachem pour lui avoir donné plus que ce qui lui revient, comme le fit Léa à la naissance de Yéhouda. Car chaque juif doit considérer que tout ce qu'Hachem réalise pour lui et lui donne, c'est toujours encore plus que ce qui lui revient et que ce qu'il mérite.
On doit considérer que rien ne nous revient de droit (tout n'est que du bonus, qu'une bonté gratuite de D. à notre égard!).
['Hidouché haRim]
[ce qui caractérise par essence un juif est : d'éprouver toujours de la reconnaissance envers D. et être conscients qu’Il nous donne bien plus que notre part légitime. Cela se matérialise également par de la joie et de l'amour envers papa Hachem!]

-> Le Maharam Shick fait remarquer qu'en réalité, Léa n'a pas juste dit : "cette fois je remercie Hachem", mais plutôt elle l'a fait sous forme interrogative : "[Est-ce uniquement pour] cette fois que je dois remercier Hachem? Non! Je me dois de Le remercier constamment et continuellement! Je dois toujours me souvenir des bontés que Hachem me fait, comme les 4 enfants qu'Il m'a accordé, et qui sont plus que ma part!"

=> C'est pour cela qu'elle l'a appelé Yéhouda : afin que durant toute sa vie, lorsqu'elle dira ou pensera au nom de son fils, cela sera pour elle comme un rappel à remercier Hachem pour Sa grande bonté permanente.

-> D'ailleurs, la guémara (Béra'hot 7b) enseigne qu'en nommant son fils Yéhouda pour exprimer sa gratitude, Léa est devenue la 1ere personne de l'histoire à remercier Hachem.

Le rav Berel Povarsky (Bod Kodech) dit que certainement auparavant les Patriarches et Matriarches avaient déjà remercié D., cependant Léa en nommant son fils a introduit la notion de remerciement éternel.
Yéhouda sera pour elle une assurance de toujours pouvoir être reconnaissante envers D.

Nous sommes appelés les Yéhoudim pour cette même raison, car un juif se doit de toujours se rappeler de remercier Hachem pour les millions de bonté qu'il reçoit chaque jour (et encore ce n'est que ce dont nous avons conscience!).

Dans notre routine quotidienne, il est facile d'oublier, et d'avoir la tête dans le guidon de nos préoccupations.
Cependant, si nous prenions du recul, et faisions d'un côté la liste de nos problèmes, et de l'autre la liste de toutes les bonnes choses de notre vie, nous verrions que nous avons beaucoup plus de raisons de le remercier que de se plaindre!

-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach recommandait ainsi de noter dans un cahier toutes les bontés dont nous bénéficions durant la journée, même les plus petites, et ensuite de dire : "Merci Hachem!"
Il ajoutait : "Cela a la capacité de changer notre vie. Non seulement car nous sommes alors plus heureux et reconnaissant, mais également car le plus nous remercions Hachem, le plus Il nous déverse Sa bonté sur nous!"

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-> Léa s’est montré particulièrement reconnaissante cette fois, car en mettant au monde un tiers des 12 fils de Yaakov, elle avait reçu plus que sa part (Rachi).

Suite à cela, elle a cessé d’enfanter car elle a remercié pour le passé, mais elle n’a pas prier pour le futur.
En effet, la guémara (Béra'hot 54a) enseigne qu’il faut : "Remercier pour le passé et prier pour le futur".

=> Après avoir exprimés notre gratitude, nous devons continuer par prier afin de témoigner pleinement que tout vient de Hachem.
Par ailleurs, même si nous pensons que tout vient totalement de D., nous ne devons pas rester les bras croisés, dans l'attente. En effet, il nous faut également prier, car telle est la façon de fonctionner du monde.
[si tu pries, alors tu peux recevoir toutes les bénédictions divines qui étaient jusque là en attentes pour toi!].

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+ "Cette fois-ci je remercierai Hachem ... et elle arrêta d'enfanter"

-> Rabbénou Bé'hayé écrit que lorsque Hachem fait un miracle à l'homme, il faut dissimuler ce miracle et le cacher pour que le mauvais œil n'ait pas de prise dessus.
Il ajoute : Ne t'étonne pas de ce que la force du mauvais œil soit si grande, pour qu'il ait une prise même sur les choses sur lesquelles s'étend le miracle, car nous trouvons à la naissance des tribus qu'à cause d'une parole de Léa, qui a dit "je remercierai Hachem", en reconnaissance du fait que le 4e fils était en plus de sa part, le mauvais œil a eu une prise sur elle, c'est ce qui est écrit immédiatement après : "elle arrêta d'enfanter".

Il n'y a pas de plus grand miracle que le don de la Torah, et là-bas on trouve que le mauvais œil a eu une prise.
Les Sages ont dit : Pourquoi les 1eres Tables ont-elles été brisées?
Parce qu'elles avaient été donnée en public [toute la Création s'arrêtant pour écouter les paroles de Hachem Lui-même, dans un climat solennel], le mauvais œil a eu une prise sur elles et elles ont été brisées.
Par contre les 2e Tables ont été données discrètement, ainsi qu'il est dit : "Que personne ne monte avec toi et que personne ne soit vu sur toute la montagne", et il en découle que le mauvais œil n'a pas eu de prise et elles n'ont pas été brisées.

De même, c'est pourquoi Yaakov a fait des manœuvres avec les bâtons pour sélectionner les bêtes qui reviendraient ou non à Lavan (tachetés, mouchetés, ...), ce qui était un acte naturel, pour dissimuler le miracle. En effet, il fallait que Lavan et ses gens ne comprennent pas, afin que le mauvais œil n'ait pas de prise.

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+ "Elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D."

=> Pourquoi est-il écrit que Léa remercie Hachem précisément au sujet de Yéhouda, et non concernant ses 3 premiers fils?

Rabbi Méïr Sim'ha haCohen (Messsekh 'Hokhma) explique :
Nos Sages n'ont pas instauré de bénédiction lorsque l'homme profite des sens de la vue, de l'ouïe et du toucher, alors qu'ils en ont institué une pour celui de l'odorat, en s'appuyant sur le verset : "toute âme Te louera", qui selon eux se réfère à ce qui procure de la satisfaction à l'âme (guémara Béra'hot 43b).

C'est la raison pour laquelle, à la naissance des 3 premiers enfants de Léa, on ne trouve pas qu'elle louât Hachem, car ils se réfèrent respectivement
- aux sens de la vue = Réouven : "parce que Hachem a vu mon humiliation" ;
- de l'ouïe = Chimon : "parce que le Seigneur a entendu que j'étais dédaignée" ;
- et du toucher = Lévi : "désormais mon époux me sera attaché".

=> Elle ne rendit grâce à D. qu'à la naissance de Yéhouda, ancêtre du machia'h, au sujet duquel il est dit : "animé (vahari'ho) de la crainte de D." (Yéchayahou 11,3), qui est un verset évoquant le sens de l'odorat (réa'h) à travers le mot : vahari'ho (וַהֲרִיחוֹ).

3 Questions/Réponses – Paracha Vayétsé

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Vayétsé :

1°/ Après s'être réveillé et avoir pris conscience de la sainteté du lieu où il avait dormi, Yaakov "prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle ; il versa de l'huile à son sommet" (Vayétsé 28,18).

Rachi (29,11) enseigne que sur le chemin : Elifaz, le fils de Essav, l’avait en effet poursuivi, sur l’ordre de son père, pour le tuer, et il l’avait rattrapé. Mais comme Elifaz avait grandi "dans le giron" de Its'hak, il avait renoncé à son projet meurtrier. Il lui avait dit :"Comment vais-je faire pour obéir à mon père?" Yaakov lui avait répondu : "Prends tout ce que je possède car, comme dit le dicton : "Le pauvre est considéré comme mort" (guémara Nedarim 64b)."

=> Si Yaakov a été volé de toutes ses possessions, d'où a-t-il trouvé ensuite l'huile qu'il a versé sur la stèle?

Le Panéa'h Raza répond que le seul objet que Yaakov n'a pas donné à Elifaz était son bâton (cf. Rachi Vayichla'h 32,11).
Cependant, ce n'était pas un bâton ordinaire.

En effet, Yaakov était si impliqué dans son étude de la Torah, qu'il avait creusé un espace dans son bâton pour y stocker de l'huile, afin de toujours avoir à portée de main de l'huile lui permettant d'étudier tard la nuit.
C'est cette même huile qui est restée avec lui après sa rencontre avec Elifaz, et qu'il a utilisé sur la stèle.

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-> Le rabbi Yé'hezkel de Kouzmir fait remarquer que Yaakov a protégé sa tête afin de nous rappeler que la chose principale à protéger est la tête.
Une personne peut traverser des moments difficiles, mais elle doit continuer à penser positivement, et elle doit renforcer sa émouna, et au final elle sera sauvée.
[lorsque nous avons de la émouna, de la joie de vivre même dans nos moments difficiles, alors nous déployons un bouclier de protection et nous attirons les bénédictions d'Hachem sur nous.
Ainsi d'une certaine façon les bêtes sauvages représentent toutes ces pensées toxiques, que le monde environnant ou bien notre égo, qui essaient de nous attaquer pour nous nuire. A l'image de Yaakov, il faut toujours faire attention à préserver sa tête.
Notre passage dans ce monde est si court, et il ne faut pas être perturbé (par les manipulations du yétser ara) afin de le réussir au mieux selon la volonté de D.]

Nous devons travailler à sortir notre tête de la boue, se focaliser sur des pensées élevées (je suis juif, fils du Roi des rois Hachem!).
Tout vient d'Hachem et nous ne devons pas l'oublier.

-> "Les Patriarches ont travaillé uniquement avec leurs mains, mais leur tête et leur cœur étaient avec Hachem." [Rambam]
La Présence d'Hachem était toujours en face de Yaakov, et même lorsqu'il travaillait son esprit était focalisé sur sa émouna. Yaakov savait que tout ne provienait que d'Hachem.

De même, selon le 'Hatam Sofer, Yaakov a rêvé d'une échelle avec les pieds au sol et la tête atteignant le ciel, car par cela Hachem voulait lui signifier : bien que tu seras amené à travailler chez Lavan dans la matérialité de ce monde, ton cœur devra toujours resté focalisé vers le ciel, sur la émouna.

Il est écrit : "Le produit de tes mains, tu mangeras" (yéguia kapé'ha ki to'hél - Téhilim 128,2)
Par nécessité les mains étaient impliquées pour gagner la parnassa, mais leur cœur et leur esprit restaient toujours avec Hachem.

-> Le midrach (Béréchit rabba 74,8) rapporte que pendant les 20 années où Yaakov a travaillées pour Lavan, il restait éveillé la nuit pour s'occuper de protéger le troupeau des voleurs.
Que faisait-il alors?
D'après rabbi Yéhochoua ben Lévi il disait les 15 Shir haMaalot (Téhilim 120 à 134) ...
D'après rabbi Chmouël bar Na'hman, il récitait le livre entier des Téhilim.
[d'ailleurs, selon le midrach : "lorsque Lavan rattrappa Yaakov, Yaakov était en train de réciter des Téhilim".]

[Cela témoigne que même au travail, son cœur était toujours tourné vers Hachem. Il priait, conversait, constamment avec D.
Il est important de préciser que cela ne doit jamais se faire au détriment de notre travail (par exemple : écouter un cours, et être moins efficace), car sinon c'est une forme de vol!]

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-> Les 12 pierres que Yaakov a mis autour de sa tête correspondent aux 12 tribus.
On peut rapporter le commentaire suivant du Kédouchat Lévi :
"Les noms des tribus nous enseignent ... que bien qu'Hachem est un grand Roi, qu'il n'y a pas de limite à Sa gloire, qu'Il possède des millions d'anges qui Le servent, mais néanmoins Il observe et intervient dans ce bas monde, et Il confère de la bonté et des bénédictions sur la nation juive."

Ainsi par exemple :
- à la naissance de Réouven, Léa dit : "Hachem a vu" (Vayétsé 29,32) ;
- à la naissance de Chimon, elle dit : "Hachem a entendu" (v.29,33).

=> Hachem voit, entend, et contrôle absolument tout ce qui se passe dans notre monde (rien ne peut se dérouler ou exister sans qu'il émet un décret en ce sens!).
Les noms donnés aux tribus nous montrent que tout est arrangé et destiné du Ciel, que rien ne se produit sans raison, sans l'accord de D.
Ainsi, le lien entre les 12 tribus et les 12 pierres autour de la tête de Yaakov, qui sont devenues une seule, renvoie à l'Unité de Hachem.
[Un juif doit avancer dans l'obscurité de ce monde, avec autour de la tête ce collier aux 12 pierres précieuses, différentes et complémentaires, qui est notre base de vie (émouna) pour vivre sa vie au mieux dans la joie et le émet.]

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+ Petit bonus (b'h) :

-> Le Torat Moché rapporte qu'une autre raison faisant que Yaakov a donné tout son argent à Elifaz est que : c'était la veille de Shabbath.
Or selon la loi juive, une personne qui est sur la route une veille de Shabbath doit donner son argent à un non-juif.
C'est pour cela que Yaakov était forcé de donner son argent à Elifaz.

C'est une des raisons pour lesquelles, Yaakov a érigé ensuite une stèle et y a versé de l'huile dessus.

En effet, la guématria pleine de : "chémen" (huile), est identique à la guématria (classique) de : "shomèr" (celui qui garde).
Par ailleurs, la guématria pleine de"matséva" (une stèle = une pierre dressée) est la même que la guématria (classique) de : "Shabbath".

=> De même qu'à son levé tôt le matin, il était un : Shomer + Shabbath, de même, il a versé la : chèmen + matséva (de l'huile sur la stèle).

Le détail de la guématria pleine de l'huile (שמן) est :
- la lettre shin s'écrit : שין (soit 360) ;
- la lettre mém s'écrit : מם (soit 80) ;
- la lettre noun s'écrit : נון (soit 106).
=> Total de : 546, ce qui est équivalent à la valeur de : shomèr (שומר).

En faisant de même avec le mot : matséva (מצבה), on obtient : 702 (mém : 80 ; tsadik : 204 ; bét : 412 ; hé : 6), qui est la même valeur que : Shabbath (702).

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2°/ Il est écrit :
-> "Il prit les pierres de l'endroit et [les] disposa autour de sa tête" (Vayétsé 28,11) ;
-> "Yaakov se leva tôt le matin et il prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle" (Vayétsé 28,18).

-> 1- D'où provenaient ces pierres?
Selon le midrach Yalkout Chimoni, Yaakov prit 12 pierres de l'autel qu'avait utilisé Avraham pour la Akédat Its'hak, correspondant aux 12 tribus.
Il a ensuite placé ces pierres sous sa tête.

-> 2- Comment expliquer ce passage de "les pierres" à "la pierre"?
Rachi dit que Yaakov a pris plusieurs pierres et qu'elles se sont disputées, chacune disant : "C'est sur moi que ce juste reposera sa tête!"
D. les a donc réunies pour en faire une seule pierre.

Le Eliyahou Rabba précise que ces pierres ont choisi de cesser leur dispute, et se sont unies entre elles pour n'en former plus qu'une seule.

Selon nos Sages, ces 12 pierres incarnent les 12 tribus, chacune unique en son genre et dotée d'une mission spécifique, mais s'unissant néanmoins en un seul et même peuple.

Les juifs ne sont des entités distinctes qu'en apparence physiquement, mais au niveau spirituel, ils sont chacun un membre d'un corps global (kol Israël arévim).
C'est ainsi que quand un juif fait une mitsva, c'est tout le peuple juif qui en profite, et inversement.

[Le spirituel unit, la matérialité divine.
Au début les pierres se sont bagarrées sur le plan matériel : "Non c'est moi qui aura le mérite d'avoir la nuque de Yaakov reposant le plus sur moi! ; et pourquoi elle en a plus que moi!
Ensuite, elles ont pris conscience qu'en réalité elles ont toutes un objectif commun dans la vie : faire la volonté de Hachem. C'est ainsi que : "D. les a donc réunies".

Il est intéressant de noter que cela se déroule sur l'emplacement du Temple, lieu de présence accru de Hachem dans ce monde, où tous les juifs viennent se rassembler comme "un seul homme, d'un seul cœur".

Nous sommes tous les fils/filles et soldats de D., et comme dans une armée, il y a des unités différentes et tout le monde est indispensable à la réussite collective. ]

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-> Le Gaon de Vilna demande : "Si un miracle devait se produire, pourquoi les pierres ne se sont-elles pas transformées en un beau et agréable coussin [pour la tête de Yaakov]?"
Il répond : "C'est parce que les pierres étaient en train de se bagarrer, et les disputes ne peuvent pas produire de la douceur (quelque chose d'agréable)".

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-> Rachi dit que Yaakov a pris plusieurs pierres et qu'elles se sont disputées, chacune disant : "C'est sur moi que ce juste reposera sa tête!" Hachem les a donc réunies pour en faire une seule pierre.

Le Maharam Shick explique que Yaakov n'avait pas peur des animaux sauvages, car il avait confiance qu'Hachem allait le protéger d'eux.
Cependant, une personne est obligée de faire acte d'hichtadlout, et c'est pourquoi il a mis des pierres autour de sa tête.
Les pierres (avanim) représentent également les fondations ("avné yessod").
Le Maharam Shick enseigne qu'il y a 2 fondations sur lesquelles tout juif doit se tenir : faire de la hichtadlout et avoir du bita'hon.
Les pierres ont commencé à se disputer en débattant l'une à l'autre : la hichtadlout implique que tout dépend de mes actions, tandis que le bita'hon me dit que tout vient des Mains d'Hachem. Alors, quelle est donc la vérité?
Chacune des pierres avait son avis sur cette question, jusqu'à ce que : "D. les a réunies pour en faire une seule pierre".
Cela signifie que Hachem a pris ces 2 fondations/bases de la vie d'un juif, et Il a montrées que les 2 vont de paires : lorsque nous faisons de la hichtadlout, nous devons en même temps savoir que la parnassa provient d'Hachem.
[d'ailleurs même notre capacité à déployer une hichtaldout est totalement dépendante d'Hachem, car s'Il ne nous donnait pas la vie, des forces, ... nous ne pourrions rien faire!]

[Yaakov "prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle => durant toute notre vie nous devons rester fidèles à préserver ce rapport de force entre la hichtadlout et notre bita'hon]

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-> Nos Maîtres expliquent que les pierres que Yaakov plaça au départ autour de sa tête se "querellèrent", car chacune souhaitait que le Juste pose sa tête sur elle. Aussi, pour rétablir la paix, Hachem réalisa un miracle et toutes les pierres fusionnèrent en une seule pierre. [Par souci de clarté précisons que chaque créature ici-bas a un ange en-haut qui le représente. Quand on dit que les pierres se sont "querellées", on fait référence à leurs anges célestes].
=> Mais on peut encore s'interroger. Finalement, même si au bout du compte il n'y avait plus qu'une seule pierre, pourquoi celle-ci fut-elle apaisée? Mais malgré tout, la tête de Yaakov ne pouvait reposer que sur une partie de cette pierre et pas sur toute sa surface! Aussi, pourquoi les parties de la pierre sur lesquelles la tête de Yaakov ne reposait pas n'ont-elles pas réclamé que le Juste pose sa tête sur elles aussi, comme au départ?

-> Le Imré Emet explique que tant que les différentes pierres étaient séparées, il pouvait y avoir une querelle entre elles. Mais quand elles se réunirent et ne formèrent qu'une seule et même pierre, quand l'unité résida entre elles, alors la querelle cessa immédiatement. Car quand réside l'unité, alors même les parties qui sont défavorisées, qui n'ont pas eu la joie de recevoir la tête de Yaakov, sont heureuses pour celles qui ont eu ce mérite et cette faveur.
Il en est de même pour le peuple juif. Les jalousies, les disputes et les querelles ne résident entre les Juifs que quand le peuple est divisé, quand chacun pense à soi-même et oublie que tout le peuple ne constitue qu'une seule et même entité.
Mais, quand le peuple Juif réside dans l'unité et l'harmonie, alors les disputes et les jalousies disparaissent. Et même si un juif voit un autre réussir mieux que lui, même s'il le voit bénéficier d'honneurs, de richesses et de profits que lui-même n'a pas, il ne l'enviera pas et ne lui en voudra pas. Mais il sera capable de s'en réjouir comme si c'était lui-même qui avait eu cette réussite.
Quand tous les juifs sont unis et se considèrent comme un seul et même corps dont chaque juif en est un membre, alors il est possible de se réjouir pour la réussite de l'autre autant que pour la sienne, au même titre que tout le corps se sent bien quand le petit doigt par exemple ressent un profit. Tel est l'objectif à atteindre. Aspirer à une telle unité au point que la joie de l'autre nous procure une véritable joie, comme si on en avait soi-même bénéficié.

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-> Le Kli Yakar (verset 11) voit dans l’image de la tête de Yaakov posée sur des pierres, la coutume des gens pieux de placer une pierre sous leur tête lorsqu’ils se couchent la nuit de Ticha BéAv (jour de la destruction du Temple), rappelant ainsi que Yaacov a vu prophétiquement la destruction du Temple.
Le message délivré par cet épisode de la vie de Patriarche est que le mérite de l’unité (la fusion des 12 pierres en une) engendra inéluctablement la Délivrance d’Israël, avec le retour de la royauté, du peuple juif et de la Chékhina (les symboliques de la "pierre") sur leur lieu de prédilection.

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-> 3- Pourquoi est-ce que Yaakov a pris spécifiquement 12 pierres à l'autel de la Akéda (mont Moriah), et pas ailleurs?

Le Beit Its'hak donne la réponse suivante.
Yaakov a quitté la source de la sainteté (kédoucha) : la maison de son père Its'hak, et ainsi que la yéchiva de Chem et Ever dans laquelle il venait d'étudier 14 années consécutives.
Maintenant, il était sur le chemin vers la source de l'impureté (touma) : la maison de Lavan, escroc et idolâtre notoire.

Lorsque Yaakov est passé par le lieu où son père et son grand-père ont fait un sacrifice d'eux-même exemplaire afin de réaliser la volonté de Hachem (avec la Akédat Its'hak), il a alors décidé de se renforcer et de rester fort face aux influences étrangères.
C'est dans cet objectif, qu'il a pris quelques pierres qu'il a placé sous sa terre, afin d'établir dans son cœur et dans sa tête, sa volonté d'également se sacrifier pour Hachem dans tous les choix de sa vie future.

[En tant que père des futurs 12 tribus, ces 12 pierres étaient également des rappels de sa responsabilité de toujours agir au mieux, car sinon cela aura un impact négatif sur le futur de tout le peuple juif.]

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-> Ces 12 pierres [en parallèle aux 12 tribus] provenaient de l'autel sur lequel Its'hak avait été attaché par son père Avraham.
En toute logique, le contraire eut été préférable, Yaakov aurait dû prendre une pierre qui se serait scindée en 12. Ce présage aurait été plus évident (montrant que de lui "sortirait" 12 tribus).
En réalité, Yaakov voulait savoir si les 12 tribus allaient être unies. Chacune d'elle aurait pu fonder un royaume distinct des autres ... Quand il constata que les pierres s'unissaient, il fut réconforté.
[...]

Yaakov empila les pierres de façon à se protéger des bêtes sauvages.
Les pierres commencèrent à se disputer chacune voulant que la tête de Its'hak repose sur elle.
Hachem ordonna que toutes les pierres se réunissent et ne fassent qu'une.

=> Comment des pierres peuvent-elles se disputer? Cela semble surprenant.

Même des objets inanimés ont des anges qui leur sont préposés dans les cieux [et ce sont eux qui se disputèrent.]
[par exemple, le Séder haYom enseigne : " Tout arbre ou végétal a un ange qui le gouverne d’en-Haut en lui disant : "Pousse!" (à l'exception des 4 espèces utilisées à Souccot, qui sont directement sous la gouvernance de D.)]

Bien que Yaakov dormit sur de la terre battue, et qu'il nourrissait des craintes à l'égard d'Essav, son sommeil ne fut pas troublé, et c'était pour lui comme s'il se reposait sur un lit royal.

[Méam Loez - Vayétsé 28,11]

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-> 4-
Rachi (28,11) dit qu'il a placé des pierres autour de sa tête car : " il avait peur des bêtes féroces".
Pourquoi un tsadik comme Yaakov avait-il peur particulièrement des bêtes sauvages?

Le Ktav Sofer apporte la réponse suivante.
Lorsque Essav a vendu son droit d'aînesse à Yaakov, Yaakov l'a fait juré qu'il ne changerait pas d'opinion à ce sujet.
Cependant au final Essav est revenu sur cet accord, en réagissant avec violence au fait qu'Its'hak a pu recevoir une bénédiction et pas lui, complotant même de le tuer, et agissant comme si cette vente n'avait jamais eu lieu.

Selon nos Sages (guémara 39a), lorsqu'une personne fait jurer une autre personne, si celui qui a juré rompt son serment, alors les 2 parties sont considérées comme fautives.
Et c'est ainsi que Yaakov et Essav étaient considérés comme ayant tous les 2 violés le serment du droit d'aînesse.

Quelle en est la punition?
Il est écrit dans les Pirké Avot (5,9) : "Les bêtes sauvages surviennent dans le monde à cause du faux serment"
D'où l'inquiétude de Yaakov.

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-> Le Saba de Kelm dit que même lorsque les tsadikim sont sauvés de manière surnaturelle, ils cherchent toujours à diminuer la grandeur du miracle : ainsi l'unique crainte de Yaakov était de ne pas avoir fait le maximum pour réduire le miracle. Après avoir placé les pierres sous sa tête, il ne craignit rien.
[la peur de Yaakov n'était pas que les bêtes sauvages l'attaquent, il avait confiance en Hachem. Mais il craignait ne pas avoir suffisamment œuvré pour amoindrir l'aspect miraculeux. Après avoir fait sa hichtadlout, il était tout à fait serein.]

Le rav Shalom Schwadron ajoute : "Si nous sommes en plein désert, sous la menace de bêtes féroces, à la nuit tombée, même en nous efforçant d'avoir confiance en Hachem, notre corps serait pris de tremblements.
Et ici, dès lors qu'il avait fait le maximum pour se protéger, comme l'exigeait son devoir, Yaakov se coucha, insouciant, et s'endormit".
C'est là, l'authentique bonheur de ceux qui ont la crainte de Hachem.

=> Les tsadikim, indéniablement, ont peur de fauter. Cependant aucune peur liée à ce monde-ci n'atteint leur cœur ; en réalité, c'est précisément la peur de la faute qui leur épargne tous les autres soucis, et celui qui craint Hachem est assuré de ne pas souffrir d'autres craintes.

Le rav Its'hak Zéev Soloveitchik (Vayétsé 28,16), le rav de Brisk, fait remarquer que Yaakov se trouvait alors dans une situation très critique : il avait fui Essav qui voulait le tuer, et il s'apprêtait à rejoindre Lavan le racha, lorsqu'il fut dépouillé de tous ses biens par Eliphaz, le fils d'Essav.
Ainsi, lorsqu'il reçut dans son sommeil, toutes les promesses de Hachem, il aurait dû s'en réjouir!
Or, à son réveil il s'exclama : "Si je l'avais su, je n'aurai pas dormi dans un endroit aussi saint!"

En effet, il était préférable à ses yeux de perdre toutes les bénédictions reçues dans son sommeil, plutôt que de commettre une faute (dormir à cet endroit si sacré).

Le rav de Brisk affirme que la Torah ne nous a pas été transmise comme une "affaire commerciale", où l'on réduit les gains d'un côté pour récupérer des bénéfices de l'autre.
Notre devoir est de garder la Torah dans son intégralité et de ne transgresser aucun interdit, même dans le but de gagner par ailleurs.

[par exemple : malgré son niveau exceptionnel, Avraham a été loué d'être "tamim" = d'agir en toute simplicité avec Hachem, sans nullement remettre en question Sa volonté. Notre soucis/crainte dans la vie : être fidèle à la Torah.]

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-> 5- En quoi quelques pierres autour de la tête peuvent-elles suffire?

- Le rav Shloma Margolis (Darké haChlémout) explique qu'une personne qui met totalement sa confiance en Hachem, comprend qu'une fois qu'elle a fait tout ce qui est réalistiquement faisable dans sa situation, alors les conséquences futures sont dans les mains de D., et il n'y a pas de raison de s'inquiéter.

Dans le cas de Yaakov, évidemment les pierres offraient une protection totalement inadaptée, mais c'est absolument tout ce qu'il avait à proximité pour se protéger. Ainsi, à partir du moment où il avait réalisé tout ce qui était en ses capacités, il est parti dormir, plein de confiance dans la protection de Hachem.

En ce sens, le Sabba de Kelm explique qu’en réalité, Yaakov ne comptait pas sur ces pierres pour se protéger, puisqu'il plaça sa confiance uniquement en Hachem, Qui est le Seul à vraiment protéger.
Malgré tout, même si on compte sur Hachem, l’homme doit quand même s’acquitter de son devoir d’utiliser des voies naturelles. La raison de ce devoir est de voiler un tant soit peu le miracle Divin, pour que celui qui cherche à nier le miracle, puisse expliquer que c’est la nature qui a aidé et pas Hachem. De la sorte, le libre arbitre de pouvoir nier l’intervention d’Hachem, est conservé.

=> Yaacov ne plaçait sa confiance qu’en Hachem, mais malgré tout, il a placé ces pierres autour de sa tête uniquement pour s’acquitter de ce devoir de “voiler” le miracle, et non pas pour réellement le protéger. Et pour cela, ces pierres pouvaient déjà suffire. Mais réellement il ne comptait que sur Hachem pour le protéger.

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- Il est écrit dans les Pirké Avot (5,5) : "10 miracles se produisaient pour nos ancêtres dans le Temple : ... jamais un serpent ni un scorpion ne sévirent à Jérusalem".
Le 'Hatam Sofer commente ainsi que la sainteté du Temple de Jérusalem avait la force de protéger des animaux dangereux. Or, Yaakov se trouvait justement à cet endroit, sur le mont Moriah, où le Temple sera construit. Et il a utilisé des pierres qui ont servi à concevoir l’autel pour le sacrifice d’Its’hak, qui serviront aussi à la construction du Temple dans le futur.
=> Ces pierres avaient donc la propriété de pouvoir protéger l’homme contre les animaux sauvages. Yaakov pouvait donc se contenter simplement d’en disposer autour de sa tête, puisque de par leur sainteté, ces pierres auront la capacité de le protéger.

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- Le Likouté Si'hot explique cela de façon allusive.
Yaakov se rendait à 'Haran. Il savait qu’il allait devoir y interrompre son étude de la Torah pour travailler dur chez son oncle, comme ce fut réellement le cas.
Ce monde profane du travail qu’il ne connaissait pas lui faisait peur et il le comparait à des animaux sauvages, du fait de l’hostilité de ce milieu.
[en ayant une telle vision, on est constamment sur ses gardes, et on s'évite de chuter spirituellement parlant]
Jusqu’à présent, Yaakov n’a investi tous ses efforts et ses capacités intellectuelles qu’à l’étude de la Torah et au service Divin. A présent qu’il allait s’investir dans le travail profane, il ne souhaitait pas y impliquer ses nobles facultés, qui sont ses forces intellectuelles, qui font toute la noblesse de l’homme. Les forces de l’esprit doivent être réservées à la Torah.
Pour le travail et les occupations profanes, on ne doit utiliser que les forces superficielles et externes de la personnalité, qui sont les forces des mains et des pieds. Mais il ne faut pas y investir son cerveau.
[même si de nos jours, une grande partie des travaux sont plutôt intellectuels que manuels, bien que l'on s'implique à fond en utilisant notre cerveau, cela restera toujours extérieur par rapport à l'étude de la Torah où toute notre intériorité (notre être véritable) va totalement s'investir, va s'unir avec Hachem.]

=> Cela est en allusion dans le verset : "Fais des efforts avec tes mains pour que tu manges" = Pour sa subsistance, on ne doit faire des efforts qu’avec ses mains, ses forces extérieures, mais pas avec sa tête et ses forces profondes (toute son intériorité), qui doivent être consacrées au service Divin.
C’est ainsi que Yaakov plaça ces pierres autour de sa tête, pour protéger ses forces intellectuelles des animaux sauvages, allusion à la vie hostile qu’il connaîtra chez Lavan, dans le monde profane, éloigné de la sérénité de son étude.

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- Rabbi Pin'has Leibouch (Pélaot Edote'ha) explique pourquoi Yaakov a placé ces pierres précisément autour de sa tête. Il rapporte un Midrach qui dit que Essav envoya son fils Elifaz tuer Yaakov et lui ramener sa tête.
Quand Elifaz trouva Yaacov, il hésita à le tuer, car il avait étudié la Torah avec lui et le respectait donc beaucoup. Alors, Yaakov lui proposa de le dépouiller totalement et de lui prendre tout ce qu’il a. Or un homme qui n’a plus rien est considéré comme mort. Cela sera donc considéré comme s’il l’a tué.
Alors, Elifaz lui demanda comment il s’arrangera avec sa tête, qu’il se doit de rapporter à son père. Alors, Yaakov lui proposa de dire à son père que sur son chemin, il a rencontré un lion qui le menaçait, et que pour sauver sa vie, il jeta devant l’animal la tête de Yaacoiv pour qu’il “s’occupe” de la tête et qu’il le laisse tranquille. Elifaz accepta l’idée et épargna ainsi Yaakov.
D’après ce Midrach, on peut ajouter qu’après avoir eu cette discussion avec Elifaz, Yaakov se rappela de l’enseignement selon lequel il faut veiller à ce que l’on dit, car “une alliance est contractée avec les lèvres”, et on ne doit pas prononcer des paroles mauvaises pour ne pas qu’elles se réalisent.
=> Pusique Yaakov avait déclaré à Elifaz de dire que sa tête a été jetée à un lion, il commença à avoir peur pour sa tête. Et c’est cela que précise Rachi : il plaça des pierres autour de sa tête pour se protéger des animaux sauvages (allusion au lion).

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-> Au sujet d'Elifaz :
Rachi (Vayétsé 29,11) dit : "Elifaz, le fils d’Essav, l’avait en effet poursuivi, sur l’ordre de son père, pour le tuer, et il l’avait rattrapé. Mais comme Elifaz avait grandi ‘dans le giron’ d’Its’hak [cf. midrach Dévarim Rabba 2,13], il avait renoncé à son projet meurtrier. Il lui avait dit: Comment vais-je faire pour obéir à mon père? Yaakov lui avait répondu : Prends tout ce que je possède car, comme dit le dicton: ‘le pauvre est considéré comme mort’."

Or, la guémara (Baba Kama 38b) nous enseigne le principe suivant: "Rabbi Yo’hanan dit : Hachem ne prive aucune créature de sa récompense".
=> Selon cet adage, il nous faut trouver de quelle manière Hachem a-t-il récompensé Elifaz pour avoir laissé Yaacov en vie contre la volonté de son père.

Nous pouvons trouver une première réponse à cette question dans le livre de Iyov. En effet, parmi ses amis qui répondirent à ses plaintes concernant les souffrances qu’Hachem lui avait infligées, se trouvait Elifaz de Téman (cf. Iyov 4, 1). Rachi commente: "Il s’agit d’Elifaz fils d’Essav ... il a mérité que la Présence divine repose sur lui, car il résida dans le giron d’Its’hak"
En d’autres termes, la Présence divine (l’Esprit saint) résida sur lui afin qu’il puisse répondre aux récriminations d'Iyov.
Les paroles de Rachi (que la Présence divine reposait sur lui en récompense d’avoir grandi dans le giron d’Its’hak et d’y avoir donc absorbé un peu de sainteté) semblent s’accorder avec ce qui est écrit dans la guémara (Baba Batra 15b), à savoir qu’Elifaz de Téman fait partie des 7 Prophètes des Nations.
C’est aussi la raison pour laquelle, il n’a pas écouté la voix de son père Essav lorsque ce dernier lui demandait de tuer Yaakov.

Ce sujet permet également de réfléchir un peu aux prodigieuses voies d’Hachem, qui réincarne les âmes d’une génération à l’autre afin de réparer et d’accorder la récompense adéquate.
Ainsi, nos Sages racontent au sujet d’Onkelos le Romain avant sa conversion (guémara Guittin 56b) : "Onkelos, le fils de Klonikos, neveu de Titus (ou d’Hadrien) par sa sœur, voulut se convertir. En se servant de la magie, il fit remonter Titus (du séjour des morts) et lui demanda : Qui est important dans l’autre Monde? Il répondit : Israël. Il lui dit : Faut-il s’attacher à eux? Il lui dit : Leurs obligations sont trop nombreuses, tu ne pourrais les remplir. Attaque-les dans ce Monde et tu auras le pouvoir, comme il est écrit: ‘Ses oppresseurs sont des chefs’
(Eikha 1,5)". [celui qui s’oppose à Israël, on garantit son pouvoir].
=> Ainsi, le Rama de Pano (dans son Guilgoul Néchamot 1, 12) dit : "Onkelos le converti était un descendant d’Elifaz ... Lorsqu’il se concerta avec Titus (la réincarnation d’Essav) et que ce dernier lui dit : ‘Ses oppresseurs sont des chefs’, il ne l’a pas écouté et s’est finalement converti."
Ainsi, Elifaz qui n’a pas écouté la voix de son père pour tuer Yaakov, eut le mérite de se réincarner en Onkelos, qui n’a pas écouté Titus le racha, qui était la réincarnation d’Essav, de ne pas se convertir et qui, au contraire, s’est converti, a mérité d’étudier la Torah de la bouche de Rabbi Elièzer et Rabbi Yéhochoua, et a traduit toute la Torah, comme l’enseigne la Guémara (cf. Méguila 3a).
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles 5782 (n°147)]

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+ Petit bonus (b'h) :

-> Les Tossafot (sur guémara Kétoubot 112a) rapportent que lorsque rav 'Hanina a voyagé vers la terre d'Israël, et qu'il voulait savoir s'il avait déjà atteint les frontières du pays, il prenait une pierre et la pesait.
Si elle était légère, il savait qu'il n'était pas encore arrivé en Israël, où les pierres sont plus lourdes.
C'est ainsi qu'à partir du moment où il a trouvé que les pierres étaient plus lourdes, il les a alors embrassé pour montrer son amour pour la terre d'Israël.

-> La guémara ('Houlin 91b) rapporte que Yaakov a quitté ses parents à Béer Shéva et qu'il est parti à 'Haran, qui est en dehors d'Israël.
En y arrivant, il a été préoccupé par le fait d'avoir passé le lieu où ses ancêtres priaient (à Jérusalem, le mont Moriah, lieu de la Akéda et lieu futur du Temple), sans s'y être arrêté pour exprimer ses demandes à Hachem.
Dès l'instant où il a pris cette résolution de revenir sur ses pas à Jérusalem, il a profité d'une "kéfitsat hadéré'h" (une contraction miraculeuse de la distance) le faisant arriver immédiatement au mont Moriah.

-> En se basant sur ces 2 guémarot, le rav Yonathan Eibeshutz explique que la "kéfitsat hadéré'h" a embrouillé Yaakov, le laissant dans un état où il ne savait plus où il était.
C'est pourquoi, il a pris les pierres qui étaient autour de lui, et lorsqu'il s'est rendu compte à quel point elles étaient lourdes, alors il a eu la certitude d'être de retour en terre d'Israël.

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3°/ Rachi (29,25) commente : Yaakov avait donné à Ra'hel des signes de reconnaissance. Lorsque celle-ci a vu qu'on lui amenait Léa, elle s'est dit : "Ma sœur va subir une humiliation!". Elle lui a donc transmis ces signes.

Même si Léa connaissait les signes, pourquoi est-ce que Yaakov n'a-t-il pas reconnu sa voix comme n'était pas celle de Ra'hel?

-> Le 'Hizkouni répond que Yaakov était si saint que même durant sa nuit de noce, il a parlé à sa femme si peu, qu'il n'était pas capable de reconnaître que sa voix était différente de celle de Ra'hel.

-> Selon le Bé'hor Shor, bien qu'à ce moment Yaakov avait déjà travaillé pendant 7 ans pour Ra'hel et qu'il vivait en grande proximité avec elle, il a intentionnellement limité au maximum ses rencontres avec elle, faisant qu'il n'était pas suffisamment familier avec sa voix pour discerner que ce n'était pas la bonne.

-> Le midrach (Eikha rabba 24) dit que Ra'hel s'est cachée sous le lit de Yaakov durant la nuit suivant le mariage, et lorsqu'il lui parlait, Léa restait silencieuse et Ra'hel répondait, afin que Yaakov ne puisse pas reconnaître sa voix.

-> Le Maharcha (guémara Bava Basra 123a) explique cela en faisant un lien avec la tromperie de Yaakov avec son père Its'hak.
De même que Its'hak a été trompé par Yaakov, de même Yaakov a été trompé par Ra'hel et Léa.

Il explique que le fait que Léa connaissait les signes que Yaakov avait pu transmettre à Ra'hel, a contribué à le tromper, ne l'identifiant alors plus en se basant sur sa voix. De façon identique, Its'hak a remarqué les mains velues de Yaakov, et cela lui a suffit pour identifier son fils.
[Il est écrit : "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains d'Essav"... Il ne le reconnut pas, parce que ses mains étaient comme les mains d'Essav ... il dit : "Tu es bien mon fils Essav!" - v.27,22-24]

-> Selon le Ben Ich 'Haï (Séfer Birkat haRéa'h), citant le midrach Yalkout Chimoni, Ra'hel et Léa étaient des jumelles, ayant 22 ans lorsqu'elles se marièrent.
C'est pour cela que le Mérafsin Igri est d'avis que les voix de Ra'hel et Léa étaient tellement similaires que Yaakov était incapable de faire la différence entre les 2.

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+ Bonus (b'h) :

-> Le rav américain Na'hman Bulman fait remarquer que la maison blanche, lieu où réside le président américain, se dit en hébreu : beit Lavan (בית לבן).

Lavan avait une attitude où en façade il était extrêmement honnête (tout blanc!), plein de bienveillance, mais derrière cette belle façade, son objectif était de réaliser un maximum de profits au détriment de Yaakov, voir même de le tuer.

De même la société environnante nous vend en apparence beaucoup de rêves, nous faisant oublier que nous sommes juifs, et de surcroît en exile.
[le yétser ara utilise cela afin de réduire le feu spirituel qui brûle en nous, entraînant à terme notre mort spirituelle. Nous restons alors insensibles, croyant à tord qu'un juif, à l'image des non juifs environnants, peut vivre que physiquement]

De même que chez Lavan Yaakov a pratiqué les 613 mitsvot (im lavan garti), de même nous devons toujours être sur nos gardes afin de maintenir en nous ces 613 mitsvot, essence vitale d'un juif.

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-> En arrivant chez Lavan, Yaakov s'est proposé de travailler 7 années pour pouvoir se marier avec Ra'hel, et Lavan accepta ce deal.
Après 7 ans de travail, Lavan a trompé Its'hak en lui donnant Léa à la place de Ra'hel.
Suite à cela, Lavan lui a accordé d'avoir immédiatement Ra'hel en échange d'un travail futur de 7 années.

Comment comprendre l'attitude de Its'hak qui rendre dans le jeu de Lavan en acceptant de faire 7 années supplémentaires?
En effet, il a rempli la part de son contrat, vient de se faire escroquer 7 années de sa vie, et au final il donne raison à Lavan en disant oui!!

En réalité, bien qu'il n'en avait pas l'obligation légale, il a choisi d'accepter de faire 7 années supplémentaires uniquement car sinon Léa en aurait été dévastée.
En effet, comment mon mari Its'hak est capable de donner 7 années de sa vie pour ma sœur Ra'hel, tandis que pour moi il ne souhaite en faire aucune!

Ainsi, même si ces 7 années de travail supplémentaires se sont faites au détriment de son étude de Torah et de la possibilité de fuir l'influence mauvaise de Lavan, cela en valait le sacrifice pour ne pas blesser les sentiments de sa femme Léa.

[Les 2 vont de pair : "Sans Torah, point de savoir-vivre ; sans savoir-vivre, point de Torah" - Pirké Avot 3,17]

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-> Pourquoi Yaakov n'a-t-il pas demandé à se marier immédiatement à Ra'hel et d'ensuite faire 7 années de travail. Pourquoi a-t-il retardé son mariage avec Ra'hel de 7 longues années?

-> Le Zohar explique que Yaakov voulait que le monde entier sache qu'à son mariage avec Ra'hel ne se mêlait aucun désir personnel, même le plus infime possible.
S'il avait eu le moindre désir, il n'aurait pas pu tenir un jour, et évidemment pas 7 ans, dont chaque jour lui aurait semblé aussi long qu'une année ... Il aurait tout fait pour rapprocher le jour du mariage.

En effet, Yaakov voulait se marier avec Ra'hel uniquement en l'honneur des Cieux (lechem chamayim).
Il voulait ériger les tribus d'Hachem, et il vit que Ra'hel était apte à cela. C'est la raison pour laquelle il a retardé le mariage de 7 ans, pour prouver au monde entier que tel était son unique but, et non l'immense beauté de Ra'hel.
[rapporté par Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or)]

-> Le Zohar enseigne également
Yaakov savait que par ce mariage, il allait bâtir le peuple d’Israël, à travers la naissance des 12 tribus. Et, devant cette tâche si grande et si importante, il a senti qu’il lui fallait encore 7 ans de préparation spirituelle pour être suffisamment prêt.
Puisque chaque instant de ces 7 ans lui servait pour se travailler spirituellement et se préparer, c’est pourquoi ces années lui paraissaient comme : "de simples jours". En effet, selon lui, il avait tellement à faire, et il avait tellement peur de ne pas tout faire pour être intégralement prêt, que le temps lui paraissait passer très rapidement.

-> De son côté, le Malbim dit que pour Yaakov, Ra'hel avait tellement de valeur à ses yeux, que travailler 7 ans pour se marier à elle : c'était une affaire en or!

"Lavan dit : [Il vaut] Mieux que je te la donne, que de la donner à un autre homme" (Vayétsé 29,19)

-> Ce verset se situe lors de l'arrivée de Yaakov auprès de Lavan, et celui-ci accepte de lui donner la main de sa fille à l'issue de 7 années de travail.

Le rav Yéhouda Assad dit qu'en se basant sur ce verset, nous pouvons affirmer que Lavan n'a pas totalement pris par surprise Yaakov en échangeant ses filles, l'ayant déjà exprimé en allusion à son arrivée.
Comment cela?

Dans la guématria, il existe une façon de procéder s'appelant : "mispar katan".
Cela consiste à prendre la valeur de chaque lettre d'un mot sans tenir compte de ses éventuels 0.
[ex: 40 devient 4]

-> Lavan dit d'abord : "je te la donne" (titi ota la'h), dont le verbe : "donne" (תִּתִּי) a une guématria en mispar katan de : 9 (400+400+10 =4+4+1).

On peut constater que la guématria en mispar katan de Léa (לֵאָה) est également de : 9 (30+1+5 =3+1+5).

-> Ensuite, il dit : "que de la donner" (mititi ota), dont l'expression : "que de donner" (מִתִּתִּי) a une guématria en mispar katan de : 13 (40+400+400+10 =4+4+4+1).

On peut constater que la guématria en mispar katan de Ra'hel (רָחֵל) est également de : 13 (200+8+30 =2+8+3).

=> Lavan faisait allusion à Yaakov : il vaut mieux que je te donne "titi" (Léa), mais "métiti" (Ra'hel) je vais la donner à quelqu'un d'autre, pas à toi.

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+ Mieux que je te la donne, que de la donner à un autre homme"

=> Pourquoi Lavan préféra-t-il que sa fille épouse Yaakov plutôt qu'Essav?

-> Le Maharam Shick explique : si sa fille, qui était tsadékét, se mariait avec un racha, elle parviendrait sans doute à le rendre tsadik. Il était donc préférable qu'elle se marie avec un homme déjà tsadik.
Ainsi, ce mariage ne risquait pas d'augmenter le nombre de tsadikim dans le monde.