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"Il fît un rêve, et voici une échelle dressée vers la terre, et son sommet atteignait les cieux." (Vayétsé 28,12)

-> Le 'Hafets 'Haïm voit dans l'échelle une métaphore pour la vie.
Un être humain se trouve toujours sur l'échelle de l'existence. Soit il monte, soit il y descend, mais il ne reste jamais au même endroit.

-> Le Baal haTourim y voit l'idée que celui qui est terrassé sur le sol ne doit jamais désespérer de pouvoir se relever, tout comme l'échelle reposait à terre alors que son sommet atteignait les cieux.

-> Rabbi Moché de Kovron a expliqué à ce sujet :
"Il s'agit de n'importe quel homme.
Chacun doit penser : "Je suis matière, un morceau de terre (glaise) parmi d'autres, mais mon sommet atteint le ciel, mon âme atteint les cieux.
Par contre, les anges montent et descendent de l'échelle, même leur élévation et leur chute dépendent de mes actes." "

-> Le Ora'h Lé'haïm :
"Si l'homme se considère bas, "posé à terre", dans ce cas "son sommet atteint le ciel", il est considéré grand au Ciel.
Le Zohar dit : "Celui qui est petit sera grand là-bas". "

-> Le Ohr Tsadikim :
"Le mot "soulam" (סולם - échelle) et "mamon" (ממון - argent), ont la même valeur numérique (136).
Cette similitude nous apprend que l'argent est quelque chose de très bas, de "posé à terre", et pourtant "son sommet atteint le ciel" : l'argent peut accomplir de grandes choses qui atteignent le Ciel, par exemple la charité et la bienfaisance."

-> C'est ainsi que nos Sages disent (guémara 'Houlin 91a) : "Pour les Justes, l’argent qu’ils possèdent est plus important que leur corps". Ils savent que l’argent permet d’accomplir de bonnes actions qu’il est parfois impossible d’accomplir avec son corps seulement.
[Mayana Chel Torah]

-> Le mot "soulam" (סולם - échelle) a la même valeur numérique que : "kol" (קול - voix).
En effet, quand quelqu'un prononce la voix de sa prière avec concentration, alors l'échelle est parfaite, et les prières peuvent l'utiliser pour monter au Ciel.
[Baal haTourim]
[on peut aussi noter que les anges élèvent jusqu’au Ciel les mots de la Prière de l’homme. Ainsi, la prière permet elle de nous élever spirituellement et de nous faire décoller de notre matérialité. ]

-> Le mot סולם (soulam – échelle) a la même valeur numérique [130] que la phrase : זה כסא הכבוד (zé kissé akavod - ceci est le Trône de Gloire) [symbole du "Temple céleste" correspondant au "Temple terrestre" - Yaacov Avinou se tenait sur le lieu du Temple].
De plus, le mot סולם et Sinaï (םיני) ont tous les 2 une valeur numérique de 130, car Hachem montra à Yaakov, lors de son rêve, le don de la Torah au Mont Sinaï.
[Baal haTourim]

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-> L’homme est comparé à une échelle : bien qu’il soit "dressé sur la Terre" et astreint à s’occuper de choses matérielles, "son sommet atteint le Ciel" = s’il agit dans un but désintéressé, il atteint les cieux les plus élevés. Les actes de l’homme dans ce Monde déterminent la conduite divine et font pencher la balance pour le bien ou pour le mal.
"Les anges de D. y montent et y descendent" = même les anges dépendent de l’homme : s’il sert D., les anges s’élèvent grâce à lui; sinon, les anges descendent.
Par l'influence que ses actes exercent sur la façon dont D. dirige le monde, l'homme domine toute la Création.
[Mayana Chel Torah]

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-> Yaakov a fait un rêve dans lequel il a vu une échelle avec pour base la terre et qui arrivée au Ciel.

Le Baal haTourim (Vayétsé 28,12) écrit : "Cela est une allusion au fait que lorsque quelqu'un est jeté au sol pendant un moment, alors il va atteindre le Ciel."
[c'est de notre chute au sol que va germer notre élévation future et donc notre rapprochement vers Hachem!
A l'image d'une graines qui va se décomposer dans le sol, et ensuite va beaucoup se développer vers le Ciel]

L'idée est également qu'au final Hachem va nous dédommager pour tous nos moments de malheur/souffrance (nos chutes au sol), et il est évident que nous y gagneront énormément plus que ce que nous avons pu perdre.
[Hachem est tellement rempli de bontés, que pour une difficulté minuscule arrivant au bas de l'échelle (au sol), il nous récompensera par quelque chose d'aussi phénoménale que ça en arrivera au Ciel (haut de l'échelle).]

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-> Le mot סולם (soulam - échelle) a la même valeur numérique que le mot עוני (Oni – pauvreté) = dans la vie il y a des hauts et des bas, parfois l’un monte tandis que l’autre descend.
[Baal haTourim]

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1°/ L'échelle (סולם) et Sinaï (םיני) ont tous les 2 une valeur numérique de 130.
Les anges représentent Moché et Aharon, et D. se tient au sommet de l'échelle tout comme Il se tiendra plus tard sur le Sinaï pour donner la Torah (Midrach).

La Torah, donnée au Sinaï et enseignée par des sages comme Moché et Aharon, constitue un pont jeté entre le ciel et la terre.

Un sage, un rav a :
-> d'un côté, la tête ("vérocho maguiya") qui baigne dans les hauteurs, dans les secrets de la Torah
-> d'un autre côté, il a les pieds sur terre, en étant proche et très à l'écoute des préoccupations de toute personne.

2°/ Yaakov a une vision des anges gardiens des 4 empires qui se lèveront pour dominer Israël.
Yaakov va voir chacun de ces anges gravir un nombre d'échelons correspondant aux années de domination de l'empire qu'il représente, puis en redescend :
-> l'ange de Babylone gravit 70 échelons et redescend ;
-> l'ange de Médie : de même pour 52 échelons ;
-> celui de Grèce : de même avec 180 échelons ;
-> mais Yaakov voit ensuite l'ange d'Essav grimper indéfiniment, symbole de notre exil actuel qui semble interminable.

A ce moment, Yaakov est pris de peur et ne s'apaise que lorsque D. lui promet : "Je te garderai partout où tu iras, et Je te ramènerai sur cette terre, car Je ne t'abandonnerai pas avant d'avoir accompli ce dont J'ai parlé à ton sujet" (28,15).

[On peut citer le Rachi (28,1) : "A l'annonce de la nouvelle que D. assurera sa protection, son cœur a "soulevé ses pieds" et il s'est senti léger pour poursuivre son chemin." ]

3°/ Yaakov a vu les anges qui l'avaient accompagné pour le protéger tant qu'il était en terre d'Israël, remonter au ciel pour être remplacés par d'autres qui l'escorteront pendant son séjour hors de la terre.
L'inverse s'est produit quand il est revenu dans le pays (Vayétsé 32,2) : les anges de la terre d'Israël sont redescendus pour l'accompagner.

=> Cette vision lui a fait prendre conscience de la sainteté de la terre d'Israël et lui a donné le désir d'y retourner.

[Israël est une terre si importante qu'elle a comme particularité d'avoir besoin d'anges (assurant la protection des justes) qui lui sont propre!]

4°/ Selon le Ramban et le Ibn Ezra, l'échelle est le signe d'un statut spécifique de Yaakov (et de ses descendants).

Les anges, qui sont les émissaires de D. chargés d'appliquer Sa volonté sur terre, montent continuellement au ciel pour recevoir Ses ordres, puis redescendent sur terre afin de les exécuter, si l'on peut s'exprimer ainsi.

Mais Yaakov et le peuple juif sont placés sous la providence directe de D., Qui Se trouve au sommet de l'échelle.

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-> Yaakov vit une "échelle dressé sur la terre" à Béer Chéva Son sommet "atteignait le ciel", en direction du Temple céleste.
Des anges montaient et descendaient le long de cette échelle ...

L'échelle était très grande et très large. Elle reposait sur 3 pieds, lesquels se référaient au mérite des 3 Patriarches.
Yaakov allait devenir l'un des piliers de l'univers.
[...]

Autour du Trône de gloire de Hachem se tenaient les 4 anges nommés : 'Hayot.
Ils ont respectivement l'aspect d'un être humain, d'un lion, d'un taureau et d'un aigle (cf. Yé'hezkel 1,10).
Celui à la forme humaine avait le même visage que Yaakov. C'est pourquoi les autres anges étaient frappés de stupeur. Ils "montaient" et voyaient les 'Hayot, et "descendaient" et voyaient Yaakov endormi avec le même visage.
Ils n'arrivaient pas à comprendre comment une même forme pouvait se trouver dans 2 endroits différents.

Les anges conçurent de la jalousie envers Yaakov et voulurent le tuer.
S'il était si unique pour que son visage soit gravé sur le Trône de gloire, comment pouvait-il quitter la Terre sainte pour aller ailleurs?
De plus, il abandonnait son père.
Les anges dirent : "Cet homme va hériter du monde! Il dominera tous les pouvoirs! Tuons-le!"
Néanmoins, d'autres anges prirent la défense de Yaakov.

=> C'est la raison pour laquelle la Torah dit : "des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle".
Les accusateurs passaient à un niveau inférieur, et les défenseurs montaient à l'échelon supérieur.
En effet, dans les cieux, les choses ne sont évidemment pas comme dans ce monde.
Ici, quiconque parle en faveur d'Israël, les nations le haïssent, tandis que ceux qui dénoncent Israël sont honorés et nommés à de hauts rangs.
Dans le monde des anges, c'est le contraire. Les anges qui accusent Israël sont dégradés, tandis que ceux qui le défendent sont élevés.

[Par ailleurs,] Les anges qui vinrent pour détruire Sodome péchèrent quand ils révélèrent à Loth leur mission.
D. ne les avait pas envoyé dans cette intention, mais uniquement pour lui porter secours.
Ils dirent également : "Nous détruirons cet endroit" (Vayéra 19,13).
[En effet,] Comment pouvaient-ils affirmer qu'ils allaient détruire la ville, alors qu'ils n'étaient que les émissaires de D.?
Ils auraient dû affirmer la toute puissance de Hachem, car lui seul détient le pouvoir sur toute chose.

Plus tard, ils prièrent Loth de se hâter, car tant que celui-ci demeurait dans la cité, ils ne pouvaient accomplir leur mission (Vayéra 19,22).
Il ne fait aucun doute qu'ils étaient soumis à une autorité supérieure.
De plus, de même que D. est extrêmement exigeant à l'égard des tsadikim, à plus forte raison envers les anges.
Ces anges furent donc châtiés en étant exilés de la Présence Divine pendant 118 ans.

Ce n'est que lors du rêve de Yaakov que leur châtiment s'acheva. Ils purent à nouveau "monter" vers les cieux, car ils avaient accompagné Yaakov lors de son voyage de la maison paternelle jusqu'au mont Moriah.
Ils avertirent les autres anges en disant : "Venez et voyez Yaakov le juste parmi les justes dont le visage est gravé sur le Trône de gloire. Contempler son visage est un plaisirs toujours renouvelé."
Les autres anges "descendirent" alors pour le voir.

Les 2 autres anges qui s'étaient rendu à Sodome "montaient", tandis que les autres "descendaient" à la rencontre de Yaakov.

[Méam Loez - Vayétsé 28,12]

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+ "Puis Hachem apparaissait au sommet, et disait : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Itsh'ak ; cette terre sur laquelle tu reposes, je la donne à toi et à ta postérité" (Vayétsé 28,13)

-> Puisque les anges voulaient mettre en danger Yaakov, Hachem Lui-même s'en inquiéta.
D. se plaça aux côtés de Yaakov, et tous les anges accusateurs partirent.

[La Torah désigne la terre d'Israël comme "la terre sur laquelle tu reposes"]. Ceci nous enseigne que D. plia toute la terre d'Israël sous Yaakov pendant son sommeil, afin qu'il puisse en prendre possession en l'utilisant (selon le principe de la 'hazaka). [guémara ‘Houlin 91b]
[Méam Loez - Vayétsé 28,13]

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+ Egalement à propos de l'échelle :

-> Hachem révéla à Yaakov par l'intermédiaire de l'échelle, l'avenir d'Israël dans sa totalité.

L'échelle représente le grand autel [dressé dans le Temple de Jérusalem]. Elle repose sur la terre et atteint les cieux.
Le parfum des sacrifices s'élevaient vers le Ciel et D. les chérissait par-dessus tout.
Les "anges montant et descendant" désignent les Cohanim qui offraient les sacrifices [gravissant l'autel et en descendant].

L'échelle symbolise également la révélation au mont Sinaï et le fait que la Torah soit "descendue" des cieux.
L’échelle (סולם) et Sinaï (םיני) ont tous les 2 une valeur numérique identique de 130.
Les "anges" représentent Moché et Aharon qui "montèrent" vers les cieux et "descendirent" avec la Torah. Ils sont qualifiés "d'anges de D.
[le mot en hébreu correspondant à "ange" (mala'h) signifiant également : "messager"].

Ce rêve [de Yaakov] se réfère également à l'exil et à la destruction du Temple.
Les juifs endurèrent de grandes souffrances sous le joug de Nabuchodonosor, qui érigea une idole gigantesque (cf. Daniel 3,1).
Les "anges" 'Hanania, Mi'haël et Azaria "descendirent" dans la fournaise, et en sortirent indemnes.

Hachem lui présenta également le Temple tel que Salomon le construisit plus tard. Il lui en dévoila la destruction ainsi que la reconstruction et à nouveau sa destruction. Finalement, D. lui révéla comment il serait reconstruit à l'époque du machia'h pour l'éternité.
[l'échelle démarrait du lieu du Temple terrestre et elle "atteignait le ciel", en direction du Temple céleste.
Les anges descendants représentent les Cohanim prenant leur service dans le Temple au moment de son inauguration, et ceux remontants, l'arrêt de leur service suite à sa destruction (temporaire)]

Yaakov vit aussi tous les gardiens des grands empires.
L'ange de Babylone grimpa 70 échelons, puis descendit.
L'ange de Perse gravit 52 échelons et descendit.
L'ange de Grèce atteignit le 180e échelon avant de chuter.
Chaque échelon gravi correspondait à une année et indiquait donc la durée de chaque empire avant sa chute.
Yaakov vit ensuite l'ange d'Edom (Rome, la civilisation occidentale) gravissant l'échelle, et il ne put compter le nombre d'échelons qu'il arriva à franchir. Il ne le vit pas descendre.
Saisi de crainte, il dit : "C'est terrible. Cette civilisation va durer éternellement."
Hachem lui répondit : "Je te promets que tu monteras sans jamais descendre" ...

Il fut alors décrété que sa postérité subirait 4 exils, un pour chaque empire qu'il avait vu.
Yaakov eut la vision de l'avenir complet d'Israël. Il vit les anges de chaque nation "montant" et "descendant".
[Méam Loez - Vayétsé 28,15]

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-> Le midrach Tan'houma explique que Hachem a demandé à Yaakov de monter à l'image des anges, qui étaient les princes des nations du monde (qui finiront toujours par tomber un jour ou l'autre).
Hachem a alors déclaré que par conséquent de son refus, ses descendants seront frappés par ces princes des nations, au cours d'exils.

Le rabbi David Pinto explique ce choix de Yaakov :
Lorsque Yaakov a fait son rêve et que D. lui a demandé de monter sans devoir redescendre, il a refusé, sachant que seule la Torah acquise par l'effort est la plus authentique et la meilleure.
Or, par cette proposition, Hachem voulait la lui accorder sans fatigue.
Yaakov tenait à transmettre à ses descendants que les efforts sont indispensables pour mériter la Torah, c'est pourquoi il n'a pas répondu positivement à la demande de D., et a préféré rester sur terre pour acquérir la Torah par lui-même, dans la peine, plutôt que de la recevoir "gratuitement.
[l'essentiel n'est pas dans le résultat, la quantité de Torah que l'on apprend, mais dans la qualité de notre étude, dans les efforts que nous y investissons!]

C'est pour cette même raison qu'il a préféré l'exil pour sa descendance. En effet, grâce au joug de la servitude, ils acquerront la Torah par le labeur : les difficultés et les souffrances les amèneront à étudier avec plus de vigueur.
Leur Torah, obtenue dans la difficulté, multipliera leurs mérites, entraînant leur délivrance de l'exil final.

D'ailleurs, les exils ont entraîné une grande élévation au sein du peuple juif :
-> l'exil d'Egypte a engendré les miracles de la sortie d'Egypte, ainsi que la fête de Pessa'h, fête de la foi.
-> l'exil de Babylonie a donné naissance au Talmud de Babylone.
-> Grâce à l'exil de Perse et de Médie, les juifs ont accepté la Torah avec amour, comme il est dit : "ils ont accompli et ils ont accepté" (à Pourim).
-> l'exil de Grèce est à l'origine de la célébration de 'Hanoucca, fête de louange et de remerciement à D.
-> l'exil d'Edom a fait éclore des Tanaïm et Amoraïm, en rédigeant la Michna et la guémara.

[à l'image de l'olive qui produit son jus en étant compressée, les juifs produisent ce qu'ils ont de mieux en eux sous la pression de l'exil!
Certes sur le moment c'est dur, mais au final que le résultat est sublime, et ce pour notre éternité!]

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-> On peut noter que les mots הנה סלם (iné soulam - voici l’échelle) totalisent la même valeur numérique [190] que le mot קץ (kéts - fin de l'exil). Yaakov a vu les 4 futurs exils du peuple juif (Babel, Perse, Grèce et Rome), par le biais des anges qui montaient et descendaient par cette échelle.

Nous pouvons également remarquer que le mot סולם (soulam) développé (bémilouï) : סמך ויו למד מם , totalise la valeur numérique de 1336 (selon la règle où les lettres ך et ם ont pour valeur numérique : 500 et 600), faisant ainsi allusion au Kets (la fin des Temps) de Daniel : "Heureux celui qui attendra avec confiance et verra la fin de 1335 (d’Exil – le "1336e" jour ouvrant la période de la Délivrance)" (Daniel 12,12).

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-> Yaakov vit une "échelle dressé sur la terre" ... en direction du Temple céleste. Des anges montaient et descendaient le long de cette échelle.

Le rabbi de Klausenbourg enseigne :
Si nous essayons de s'élever et de se transformer rapidement en des anges ("des anges montaient"), alors nous allons retomber ("descendaient").
Une montée spirituelle doit se faire par des actions répétées et nous devons avancer à petits pas, jusqu'à ce que l'intellect suive.

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=> Pourquoi à l'image des anges, Yaakov n'a-t-il pas grimpé lui aussi l'échelle pour aller vers le Ciel?

Le Imré Emet a répondu à cette question de son fils le Pné Ména'hém : parce qu'il est écrit : "Et voici que Hachem se tenait au-dessus de lui" (Vayétsé 28,13) = Hachem était tout proche de Yaakov, et ainsi il n'avait aucune raison de monter l'échelle!

-> Le Maharitz Dushinsky enseigne :
Le Ciel est généralement considéré comme étant en haut car la Présence Divine est principalement là-bas, et la terre est appelée en bas car elle est plus distante de la révélation de la Présence d'Hachem. Cependant, il n'est pas forcé que cela soit dans cet ordre là.
Lorsque Yaakov a eu son rêve prophétique, Hachem était très présent sur terre ("voici que Hachem se tenait au-dessus de lui"), et c'est ainsi qu'à ce moment la terre était en haut et le Ciel en bas (D. y étant plus présent).
Lorsque le verset dit que les anges montaient, cela signifie qu'ils allaient du Ciel vers la terre.
Généralement, cela se fait du haut vers le bas (en descendant), mais à ce moment précis cela s'effectuait du bas vers le haut (en montant), car la Présence Divine résidait principalement sur terre.

-> D'après le Sfat Emet et le 'Hatam Sofer : "les anges descendaient" (28,12) = les anges étaient inférieurs à Yaakov.
Généralement les anges sont bien davantage saints que les humains, mais une personne peut se sanctifier au point où les anges deviennent inférieurs à elles.
[on comprend ainsi que Yaakov s'est tellement élevé qu'il a d'une certaine façon inversé l'ordre basique des choses : humain -> anges -> Hachem, en le transformant en : anges -> Yaakov (humain) -> Hachem, ce qui explique que D. se tenait avec lui (le Ciel devenant alors en bas).]

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne sur "les anges montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12) :
"Nos Sages (midrach Béréchit rabba 68,12) disent que les anges de service sont descendus du haut des Cieux pour contempler le rayonnant visage gravée sur le Trône de Gloire.
Par Yaakov, alors qu'il est encore en vie, Hachem se couvre de gloire. Il a gravé son visage sur le Trône de Gloire. Et cette glorification, les anges de service veulent la voir de façon concrète. C'est incroyable!

Dans la suite du midrach (Béréchit rabba 69,3), nos Sages rapportent un exemple fantastique illustrant ce qui se passait autour de Yaakov : ils disent qu'il ressemblait à un prince, un nouveau-né du roi, qui dormait dans son berceau. Les mouches volaient autour de lui pour profiter de la proximité du magnifique bébé, jusqu'au moment où arriva la nourrice du fils du roi qui chassa toutes les mouches ...
Ici également : les anges se sont réunis autour de Yaakov comme des mouches, jusqu'au moment où Hachem est descendu. Alors ils ont fui.

C'est vraiment extraordinaire! Nos Sages ne comparent pas les anges de service à des enfants qui fuient ... Ils les comparent à des mouches. En ce qui concerne les mouches, elles n'ont pas de valeur. De la même manière, les anges comparés à Yaakov, étaient pour ainsi dire, comme des mouches.

Nous n'avons pas la moindre idée de ce que représente "un ange".
Nous ne pouvons donc pas comprendre qui était notre Patriarche Yaakov, auquel les anges de service, face à lui, sont comparés à des mouches!"

Quelques perles sur la paracha Vayétsé …

+ Quelques perles sur la paracha Vayétsé ...

-> Rabbi Yaakov Kamenetsky nous enseigne :
Yaakov a étudié la Torah pendant les 63 ans premières années de sa vie auprès de son père (Yits'hak), dans une atmosphère de sainteté éloignée de toute influence cananéenne.
A présent, qu'il doit aller vivre à 'Haran dans le voisinage de Lavan et de ses amis, aussi malhonnêtes que lui.

Pour survivre à cet environnement, il doit se nourrir de la Torah de Chem et Ever, qui ont eux aussi été confrontés à un environnement corrompu : Sem a vécu pendant la génération du déluge, et Ever a été le contemporain des bâtisseurs de la tour de Babel.

Les 14 années qu'il va y passer, vont lui permettre d'émerger indemne de son exil personnel.

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-> "Yaakov sortit de Béer Chéva" (28,10)
Rachi : "Lorsqu'un juste quitte un endroit, il laisse un vide.
Tant qu'il est dans la ville, il en fait la splendeur, l'éclat et la beauté ; une fois qu'il la quitte, sa splendeur, son éclat et sa beauté la quittent avec lui".

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-> "Le sol sur lequel, tu es couché" (28,13)
= "D. a replié tout le pays sous Yaakov afin qu'il soit réellement couché sur toute la terre (d'Israël)" (guémara 'Houlin 91b)
Rachi commente que la raison de ce miracle est pour que la conquête d’Israël soit facile, comme il est aisé de conquérir un petit carré où un homme est allongé.

Le rav El'azar Ména'hem Chakh l'explique de la façon suivante :
La Torah vient nous enseigner que n'est considéré comme Terre Sainte, c’est-à-dire emplie de sainteté, que les endroits de la terre qui sont sous l’influence de Yaakov et de sa Torah. Toute la valeur de ce pays n'émane que de la Torah et des mitsvot qui y sont accomplies, mais n’a pas de valeur indépendamment de la Torah.

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-> "Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (28,17)

Selon Rachi (citant le midrach) : "le Temple Céleste correspond au Temple terrestre".
Yaakov se trouvait donc à l'endroit le plus propice à la prière et au service de D.

Selon Rabbi Na'hman : "Toutes les prières parviennent au Ciel en passant par la terre d'Israël, ainsi la prière est associé à la terre d'Israël" (Likouté Moharan I 7,1).

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+ "Et que je retourne en paix à la maison de mon père, et Hachem sera pour moi un D." (28,21)

-> Selon le Ramban, D. promet à Yaakov qu'il lui permettra de revenir sain et sauf, afin qu'il soit en mesure de Le servir comme il se doit.
Comme l'enseigne nos Sages : "Celui qui réside en dehors de la terre d'Israël est comparable à quelqu'un qui n'a pas de D." (guémara Kétoubot 110b), tant est grande la différence de sainteté entre la terre d'Israël et le reste du monde.

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-> "que je retourne en paix" (béShalom)
Comment comprendre que Yaakov utilise-t-il l'expression "béchalom", alors que nous apprenons dans la guémara (Béra'hot 64a) que : Celui qui se sépare du mort lui dit : "va en paix" (lé'h béShalom), et celui qui se sépare d'un vivant lui dit : "lé'h léShalom".
Par conséquent, Yaakov aurait dû demander dans sa prière : si je reviens en paix (léShalom)?

Le Kohélét Its'hak écrit que la différence entre béShalom et léShalom est que léShalom montre qu'on ne cesse de s'élever dans son Shalom, qui est la perfection (chélémout), et on ajoute de la perfection à sa perfection, ce qui n'est pas le cas pour l'expression béShalom, qui désigne la perfection qu'on a effectivement.
C'est pourquoi celui qui se sépare du mort, lequel ne peut plus ajouter de la perfection à sa perfection, lui dit : "lé'h béShalom", mais pour le vivant, cette expression risque d'être interprétée comme une malédiction.

Or Yaakov qui était en chemin pour aller chez Lavan l'idolâtre, craignait de ne pas pouvoir se préserver de sa mauvaise influence.
Il se disait : J'espère seulement pouvoir revenir "béShalom", c'est-à-dire sans être descendu de niveau, et sans qu'il manque à ma Torah et à ma pureté.
Mais en réalité, ajouter là-bas de la perfection et de la sainteté (dans un milieu tellement impur/idolâtre), cela Yaakov ne l'espérait pas, c'est pourquoi il a adopté l'expression : béShalom.

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-> "que je retourne en paix (béShalom) à la maison paternelle"
D'où Rachi apprend-il que l'expression "béShalom" (en paix) signifie : "en paix vis-à-vis de la faute"?

Le Séfer Binyan David rapporte que nos Sages (guémara Kétoubot 50a) ont institué : "Il ne faut pas donner en tsédaka plus du 5e, comme il est dit : "Je veux T'en offrir la dîme" (asser assérénou la'h)", soit 20%.
Le Séfer Igra déPirka (Siman 187) explique que cela vaut pour quelqu'un qui n'a pas fauté. Mais celui qui a fauté devra, en revanche, faire autant de charité (tsédaka) que possible, comme il est dit : "Rachète tes péchés par la charité".

=> On comprend ainsi pourquoi Rachi a interprété "en paix" (béShalom) par rapport à la faute.
En effet, Yaakov a dit "Tous les biens que Tu m'accorderas, Je veux T'en offrir la dîme" (28,22), c'est-à-dire 1/5e seulement.
Ceci prouve qu'il était dénué de péché, sinon il aurait dû dépenser autant que possible, même plus de 1/5e. Mais puisqu'il ne l'a pas fait, c'est qu'il était en paix vis-à-vis de la faute.

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-> "Et cette pierre que je viens d'ériger en monument" (28,22)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
Il s'agit, semble-t-il de la pierre d'assise que Yaakov avait préparée pour le Temple (Zohar I,72).
On voit par ailleurs qu'il avait préparé des bois de cèdre pour le Sanctuaire dans le désert (midrach Tan'houma Térouma 9).
Peut-être qu'en disant : "Ils Me construiront un Sanctuaire" (Chémot 25,8), Hachem voulait faire référence à ce qui avait déjà été préparé. En effet, Yaakov avait préparé le Sanctuaire et le Temple.

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-> "Et tout ce que Tu me donneras, j'en prélèverai régulièrement la dîme à Ton intention" (28,22)

Rabbi Moché Feinstein souligne qu'il convient de prélever la dîme non seulement sur les biens qu'on possède mais également sur le temps dont on dispose afin de le consacrer à de nobles causes.

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-> "Yaakov travailla 7 années pour Ra'hel et elles parurent à ses yeux quelques jours en raison de son amour pour elle" (29,20)

Le Malbim dit que pour Yaakov, Ra'hel avait tellement de valeur à ses yeux, que travailler 7 ans pour se marier à elle : c'était une affaire en or!

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-> Le Sfat Emet (5650) dit que selon la kabbale, Ra'hel représente la Présence Divine. Les 14 années où Yaakov a travaillé pour obtenir la main de Ra'hel en mariage "parurent à ses yeux quelques jours (yamim a'hadim) en raison de son amour pour elle".
Il était si concentré sur la Présence Divine pendant ces années, qu'il a vécu une connexion/union (a'hdout) avec le Divin.

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-> "Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D." ; c'est pourquoi elle le nomma Yéhouda ; puis elle cessa d'enfanter" (29,35)

Le Sforno nous enseigne que le nom Yéhouda (יהודה) contient d'une part, les lettres du nom de D., le Tétragramme (יהוה), et d'autre part, le radical הדה, signifiant : "gratitude" et "louange" ; ce nom connote donc la louange et le remerciement adressé à D.

Le 'Hidouché haRim note que les juifs ont finalement reçu le titre de Yéhoudim, dérivé de Yéhouda, parce que c'est cette attitude qui les caractérise : éprouver toujours de la reconnaissance envers D. et être conscients qu'Il nous donne plus que notre part légitime.

Léa s'est montré particulièrement reconnaissante cette fois, car, en mettant au monde un tiers des douze fils de Yaakov, elle avait reçu plus que sa part (Rachi).

La guémara enseigne qu'il faut : "Remercier pour le passé et prier pour le futur"

Léa a cessé d'enfanter car elle a remercié pour le passé, mais elle n'a pas prier pour le futur.

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-> "Lavan embrassa ses fils et ses filles, et les bénit" (32,1)

Nos Sages enseignent que la bénédiction d'une personne ordinaire ne doit pas être dédaignée.
Le Sforno nous enseigne qu'en rapportant que Lavan a béni ses filles et ses petits-fils, la Torah veut nous transmettre un message encore plus important : elle veut nous enseigner la valeur de la bénédiction donnée par un père à ses enfants.

[Yaakov a dit : ] "Une pierre, même rugueuse, de la terre d'Israël m'est plus précieuse que les cousins moelleux des pays étrangers."

[guémara 'Houlin 91,5 -> paracha Vayétsé 28,11 : "Yaakov prit une de pierres de l'endroit"]

Yaakov et Lavan & l’enterrement de Rabbi Yéhouda haNassi

+ Yaakov et Lavan à l'enterrement de Rabbi Yéhouda haNassi :

-> Le Talmud de Jérusalem (Kilayim 89) raconte que lorsque Rabbi tomba malade et souffrit, les habitants de Tsipori promirent que celui qui annoncerait que Rabbi était mort serait passé au fil de l'épée.

Lorsque Rabbi décéda, Bar Kapara sortit la tête de la fenêtre. Sa tête était recouverte et ses habits déchirés. Il leur dit : « Les justes d'ici-bas et les archanges attrapent les Tables de la loi (allusion à Rabbi), mais ce sont les archanges qui se sont emparés d'elles ». Ils lui demandèrent :
Rabbi est-il mort? Il leur répondit: c'est vous qui l'avez découvert. Ils déchirèrent alors leurs vêtements. Le bruit qui retentit couvrit une distance de trois Milin.

Rabbi Na'hman au nom de Rabbi Mana a dit: de nombreux miracles eurent lieu ce jour-là. C'était le soir de Chabbat et tous se rassemblèrent dans les synagogues pour lui faire une oraison funèbre. Ils déposèrent son cercueil dans dix-huit synagogues et ils l'enterrèrent à Beth Chéarim. Le soleil resta dans le firmament, à savoir que le jour s'allongea, pour que chacun puisse arriver dans la maison de Rabbi, remplir un fût d'eau et allumer une bougie en son souvenir. Les gens commencèrent à souffrir de la situation. Ils se demandaient s'ils avaient ou non transgressé Chabbat. Une voix céleste sortit et dit: celui qui a peiné pour participer à l'oraison funèbre de Rabbi a le monde futur d'assuré, excepté le laveur, qui avait l'habitude de venir chaque jour chez Rabbi et qui n'est pas venu ce jour-là !

En entendant ces paroles, le laveur sauta du toit, tant sa peine était grande et il mourut ! Une seconde voix céleste retentit : « Même le laveur est invité au monde futur ! »

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) soulève un problème (Kétoubot 103b) : qui a permis au laveur de se suicider ? On ne peut pas expliquer comme le Maharit qu'il sauta du toit, car il avait profané Chabbat. D'un côté, il s'agissait d'une faute involontaire, mais même cette faute, il ne l'avait pas transgressée puisque le soleil ne s'était pas couché. Et pour les enfants d'Israël qui souffraient, il ne s'agissait là que d'une crainte. Qui permit donc au laveur de se suicider ? Ce laveur était, en fait, un grand érudit.
Étant donné qu'il se rendait chaque jour chez Rabbi, il apprit donc forcément de lui les secrets de la Torah.

Il me semble qu'il ne s'est pas jeté du toit d'une grande hauteur. Il dut même faire en sorte de retomber sur ses pieds, sans subir de dommage. Il voulait juste se fouler le pied, pour expier sa faute de n'avoir pas accompagné Rabbénou Hakadoch à sa dernière demeure.
Mais Hachem le fit tomber sur la nuque, ce qui lui fut fatal ! Ce qui signifie qu'il n'avait pas eu l'intention de se suicider.

Je n'avais jamais compris ce passage du Talmud de Jérusalem : tous raccompagnèrent Rabbi, sauf le laveur. Quelle importance s'il n'avait pas participé à la Lévaya ?... J'ai cherché des années une explication, jusqu'à ce que je lise l'enseignement du Rama de Pano qui nous révèle que ce laveur était en fait Lavan Haarami.

Le Arizal nous enseigne que Rabbi est une étincelle de l'âme de Yaakov Avinou, c'est pourquoi il fut nommé Rabbi Yéhouda Hanassi.
Nassi sont les initiales de Nichmato Chel Yaakov Avinou. Puisque Lavan Haarami avait occasionné beaucoup de dommages à Yaakov Avinou, une voix céleste sortit en disant : celui qui participe à l'enterrement de Rabbi, étincelle de l'âme de Yaakov Avinou, est invité dans le monde futur, excepté le laveur, étincelle de l'âme de Lavan Haarami, qui l'avait fait souffrir.
[rav Barou'h Rozenblum]

"Elle conçut et enfanta un fils. Elle dit : "D. a ôté ma honte." (Vayétsé 30,23)

Quelle honte D. lui a-t-il donc retirée?

Rachi cite le Midrach (Béréchit Raba 73,3), selon lequel, contrairement à la femme sans enfants qui n'a personne sur qui rejeter ses fautes, celle qui en a est en mesure de le faire.
Quand son mari lui demande : "Qui a brisé ce vase? Qui a mangé ces figues?", elle peut répondre : "C'est ton fils!"

Cette explication est étonnante : Est-ce vraiment là ce qui a traversé l'esprit de Ra'hel au moment tant attendu de la naissance de Yossef ?
Lui a-t-il apporté cette seule bénédiction, à savoir que si Yaakov devait la réprimander pour avoir casser accidentellement un récipient, elle aurait désormais la possibilité d'en reporter la faute sur son fils?

Le Abir Yossef de répondre que Ra'hel a tiré un grand profit de la naissance de Yossef.
Elle a ainsi gagné une part dans la lignée maternelle du peuple juif, et le mérite d'avoir mis au monde l'un des plus grands justes de notre histoire.
Il ne fait aucun doute qu'elle a remercié D. pour chacun des bienfaits dont Il l'a comblée.

Mais, la gratitude, pour être complète, consiste à reconnaître tous les aspects des avantages dont on profite, y compris les plus infimes.

Si l'on devait dresser la liste des bénéfices recueillis par Ra'hel dans la naissance de Yossef, l'un des derniers serait la possibilité de reporter sur lui la responsabilité des vases cassés.

Et effectivement, elle a remercié D. même pour des atouts aussi minimes que celui-là.
Par cela, elle a manifesté son entière gratitude.

Quel exemple pour nous sur l'importance de développer autant que possible nos sentiments de gratitude envers D. et envers autrui, même sur les plus petits avantages qu'ils nous permettent de bénéficier ...

 

Source (b"h) : le livre "talelei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

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-> "Hachem a enlevé mon humiliation" (Vayétsé 30,23)

Littéralement, le verset dit : "Hachem a rassemblé mon humiliation".
=> Mais que cela signifie-t-il?

-> Le Ktav Sofer explique :
En fait, à chaque fois que Léa ou une servante donnait naissance à un enfant, Ra'hel en concevait une certaine peine et honte. En effet, cela lui rappelait qu'elle n'en n'avait pas encore. Les autres femmes enfantent, mais elle non.
Ainsi, chaque naissance augmentait sa honte. Jusqu'à ce qu'elle enfante Yossef. Alors, sa joie et son bonheur furent tellement intenses qu'ils compensèrent toute la peine qui s'était accumulée par les naissances des autres femmes.
Sa joie était tellement forte qu'elle valait la honte des 10 naissances précédentes.
Elle dit donc : "Hachem a rassemblé mon humiliation". Toutes les humiliations qui ont précédées, Hachem les a rassemblées et m'a donné un fils qui me procure une joie qui compense et équilibre toutes ces peines réunies.

"Yaakov embrassa Ra'hel, il éleva sa voix et pleura." (Vayétsé 29,11)

Rachi de commenter : Il a pleuré parce qu'il avait appris par inspiration divine qu'elle ne serait pas enterrée avec lui.

Le Beèr Yossef propose une interprétation de cette explication de Rachi.

= Yaakov a sangloté pour bien plus encore que sa séparation d'avec Ra'hel dans la mort.
Ce qu'il a pleuré, c'est la raison pour laquelle elle ne partagerait pas son tombeau dans la caverne de Ma'hpéla.

Rachi annonce (Béréchit 48,7) qu'après la destruction du 1er Temple, les juifs de Jérusalem seront emmenés à Babylone.
Leur voyage dramatique et marqué par les larmes les fera passer près de la tombe de Ra'hel à Beit Lé'hèm.
L'âme de celle-ci "sortira" alors de sa sépulture et elle implora pour eux, en pleurant, la miséricorde divine.

Comme l'indique le prophète (Yirméya 31, 14-16) : "Une voix est entendue dans les hauteurs, lamentations et larmes amères, Ra'hel pleure pour ses enfants."
Et D. répondra : "Ton effort aura sa récompense, parole de D., et tes enfants retourneront dans leurs domaines."

Le Ramban dit que l'expression : "Une voix est entendue dans les hauteurs", est une allusion à l'intensité et à l'amertune des larmes de notre ancêtre.
Elles seront entendues de loin, sur les hauteurs du territoire de son fils Benjamin, là où aura été construit le Temple, maintenant en ruines."

=> Voilà pourquoi Ra'hel n'a pas été inhumée dans la caverne de Ma'hpéla : pour lui permettre de pleurer et de supplier pour ses enfants lorsqu'ils affronteront chagrin et captivité.

Quand Yaakov a vu par inspiration divine qu'elle ne serait pas enterrée à ses côtés, il "vit" aussi ses larmes bruyantes et amères.

Il vit la cause de ses sanglots, la tragédie qui frappera ses descendants.
Lui aussi se mit alors à élever la voix et à pleurer.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

L’importance de l’arrêt de Yaakov au Har haMoria

+ L'importance de l'arrêt de Yaakov au Har haMoria :

"Il [Yaakov] rencontra l'endroit, et y passa la nuit ... il prit des pierres" (Vayétsé 28,11)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni n°117) dit que lorsque Yaakov était sur le point de passer le mont Moria, le monde a agi comme un mur afin de ne pas le laisser passer cet endroit spécial.

Le Zéra Chimchon demande : du fait que (l'ange du) monde a empêché Yaakov de passer Har haMoria, il semblerait que l'arrêt de Yaakov à cet endroit lui apporterait une certaine forme de bénéfice. Qu'est-ce que le monde a gagné à ce que Yaakov se repose au mont Moria?

Le Zéra Chimchon répond par un midrach (Pirké déRabbi Eliezer n°36) qu'Hachem a agrandi la pierre que Yaakov avait placée sous sa tête, jusqu'à ce qu'elle atteigne les profondeurs de la terre et qu'elle agisse maintenant comme un soutien pour le monde.

Le Zéra Chimchon explique que c'est la raison pour laquelle le monde lui-même s'est assuré que Yaakov se reposait à cet endroit, car jusqu'à ce moment, le monde manquait encore d'un soutien/pilier et le monde voulait se sécuriser et a donc agi comme un mur pour l'arrêter.

Néanmoins, il reste à comprendre pourquoi, à ce moment précis, le monde a décidé de s'assurer le soutien qui lui manquait?

Le Zéra Chimchon explique la raison de cette décision en se basant sur la guémara (Baba Batra 25b) qui discute de la halakha en cas de dommages causés entre des propriétés voisines : qui doit prendre ses distances, celui qui cause les dommages ou celui qui les reçoit?
[ l'exemple de la guémara est celui d'une personne qui a une citerne dans son champ et dont le voisin a un arbre qui pousse lentement ses racines dans la citerne). La guémara stipule que celui qui reçoit les dommages doit prendre ses distances.

Cependant, si le dommage n'est pas un dommage lent, mais plutôt un dommage direct provenant du champ du voisin, dans ce cas, la halakha est que celui qui cause le dommage direct doit s'éloigner.
Néanmoins, le Rivach (n°322) écrit que si celui qui cause les dommages directs était là en premier et que le voisin s'y installe, dans ce cas, celui qui reçoit les dommages doit s'éloigner.

Sur la base de ces halakhot, le Zéra Chimchon dit qu'essentiellement, le monde et les humains sont comme 2 voisins qui se causent mutuellement des dommages.
Le monde cause des dommages à l'humanité parce que ses plaisirs l'attirent vers la faute, tandis que l'humanité cause des dommages au monde par les fautes qu'elle commet.
La différence est que les dommages causés par le monde à l'humanité sont directs, alors que les dommages causés par l'humanité au monde sont lents à venir, car même si l'homme faute, Hachem retient la destruction du monde dans l'espoir qu'il fasse téchouva.

Dans ce cas, le monde cause des dommages directs à l'humanité et c'est lui qui devrait prendre ses distances, en d'autres termes, se modifier considérablement.
Cependant, puisque le monde était là en premier, alors même si le monde cause des dommages directs, la halakha dans un tel cas est que celui qui est venu plus tard doit prendre ses distances.

Lorsque Yaakov passa le mont Moria, il était sur le point de fonder la nation juive. À ce moment-là, le monde n'avait pas encore d'assise, comme le prouve le fait qu'Hachem a transformé la pierre sur laquelle Yaakov a dormi en support pour le monde.

C'est pour cette raison que le monde avait besoin d'arrêter Yaakov pour s'assurer qu'il dormait à cet endroit et s'assurer son soutien final, car s'il avait manqué cette occasion, le monde n'aurait pas été totalement achevé et le peuple juif aurait déjà commencé à venir dans le monde, faisant du peuple juif le premier et du monde le second, ce qui signifierait que le monde doit alors prendre ses distances.

Pas besoin de s’inquiéter, Hachem est partout

Et il dit : "En effet, Hachem est en ce lieu, et je ne le savais pas". (Vayétsé 28,16)

-> Le séfer Divré Israël explique ce verset en citant le midrach (Béréchit rabba 68,2) qui dit qu'après qu'Elifaz ait pris tout ce que Yaakov possédait, ne lui laissant que sa canne/baton, Yaakov a dit : "D'où viendra mon aide?".
Il s'est ensuite rétracté et a dit : " 'has vé'shalom. Je n'ai pas besoin de compter sur un homme. 'Mon aide viendra d'Hachem' (Téhilim 121,1)".

Le verset dit que Yaakov se réveilla et dit : "En effet, Hachem est en ce lieu et je ne le savais pas."
Il dit que puisque Hachem est dans ce lieu, il n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Il n'a pas à s'inquiéter de savoir qui va l'aider, car il peut s'en remettre entièrement à Lui.

Chaque fois qu'une personne se réveille de ses soucis et se souvient qu'il y a Hachem dans ce monde qui peut et va pourvoir à ses besoins, elle n'a pas besoin de savoir d'où viendra son gagne-pain. Il suffit de reconnaître ce fait.

Le verset laisse également entendre que chaque matin, lorsqu'une personne se réveille de son sommeil, elle devrait se dire qu'Hachem est à cet endroit et qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. On doit s'en remettre à Lui pour obtenir ce dont on a besoin.
Lorsqu'une personne se rend au travail, elle doit garder à l'esprit qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Tout ce qu'elle a à faire, c'est de faire confiance à Hachem. C'est pourquoi nos Sages (Béra'hot 4a) disent qu'une personne doit apprendre à dire "Je ne sais pas". Il faut s'habituer à dire qu'on ne sait rien, si ce n'est qu'il faut croire et faire confiance à Hachem.

Les justes créditent leurs villes

+ Les justes créditent leurs villes :

"Yaakov sortir de Béer Chéva et alla vers 'Haran" (Vayétsé 28,10)

-> Rachi commente : "Le départ d'un juste d'une ville a un impact. Tant qu'il est dans la ville, il en est la gloire, l'éclat et la splendeur. Lorsqu'il quitte la ville, sa gloire, son éclat et sa splendeur disparaissent".

Les trois qualités : la gloire, l'éclat et la splendeur, correspondent à 3 attributs importants : la crainte du Ciel, la sagesse de la Torah et un caractère admirable.

La gloire fait référence à la crainte du Ciel, car il n'y a rien de plus glorieux que la crainte du Ciel, comme l'a dit le roi Shlomo : "Une femme qui a la crainte du Ciel sera exaltée" (Michlé 31,30).

L'éclat fait référence à la sagesse de la Torah, car une lumière rayonnante émane du visage des érudits de la Torah, comme l'a dit le roi Shlomo : "La sagesse d'une personne éclaire son visage" (Kohélet 8,1).

Enfin, la splendeur fait référence à un caractère admirable, qui apporte de la splendeur à une personne, comme l'indique la Michna : "Quelle est la bonne voie qu'une personne doit choisir? Tout ce qui est splendide pour celui qui l'accomplit et qui lui apporte la splendeur des autres" (Pirké Avot 2,1).

Les 3 aspects du juste : la crainte du Ciel, la sagesse de la Torah et les traits de caractère admirables, sont mentionnés par ordre d'importance.
La crainte du Ciel est l'attribut le plus important de tous, comme le dit la Torah : "Que vous demande Hachem? Uniquement de crainte Hachem votre D." (Ekev 10,12).
La crainte du Ciel est même plus importante que l'étude de la Torah, car nos Sages nous disent que la sagesse de la Torah n'a aucune valeur sans la crainte du Ciel. La guémara (Shabbath 31b) compare celui qui étudie la Torah mais ne craint pas le Ciel à celui qui construit une porte pour une cour inexistante. La Torah est la porte que l'on franchit pour atteindre la cour de la crainte du Ciel. Si l'on se contente d'étudier la Torah sans atteindre la crainte du Ciel, notre étude de la Torah n'a que peu de valeur.
Enfin, si la sagesse de la Torah n'est qu'une porte d'accès à la crainte du Ciel, le perfectionnement du caractère est une porte par laquelle il faut passer pour atteindre la sagesse de la Torah.
Il n'est possible pour une personne d'atteindre la véritable sagesse de la Torah qu'après avoir perfectionné son caractère.

Il existe un trait de caractère particulier qui est une condition préalable absolue à la sagesse de la Torah : l'humilité.
Moché était extrêmement humble, comme l'indique la Torah : "L'homme Moché était très humble, plus que n'importe qui sur la face de la terre" (Béahaloté'ha 12,3).
C'est pourquoi il a mérité de recevoir la Torah d'Hachem. Il est impossible de devenir un véritable érudit de la Torah sans être humble et effacé. En effet, la Torah est comparée à de l'eau. L'eau coule toujours vers le point le plus bas, et de même, la sagesse de la Torah n'est atteinte que par ceux qui sont humbles.
[Maharal - Gour Aryé ]

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=> Les justes sont gratifiés de la crainte du Ciel, de la sagesse de la Torah et d'un caractère admirable.
Il faut d'abord parfaire son caractère avant d'atteindre l'érudition de la Torah, et il faut d'abord étudier la Torah avant d'atteindre la crainte du Ciel, parce que l'étude de la Torah est une porte d'entrée vers la crainte du Ciel.

La dépendance est comme la mort

+ La dépendance est comme la mort

"Yaakov embrassa Ra'hél, il éleva sa voix et pleura" (Vayétsé 29,11)

-> Rachi commente : "Yaakov a pleuré parce qu'il est arrivé chez Lavan les mains vides. Il dit : "Eliezer, le serviteur de mon grand-père, possédait des bagues, des bracelets et des objets de valeur, mais je n'ai rien".

Rachi explique qu'Elifaz, fils d'Essav, avait poursuivi Yaakov dans sa fuite, avec l'intention de le tuer, comme le lui avait demandé son père. Cependant, lorsque Elifaz rattrapa Yaakov, il s'abstint de le tuer parce qu'il avait été élevé sur les genoux de Its'hak. Élifaz demanda à Yaakov comment il pouvait accomplir les instructions de son père sans le tuer, et Yaakov répondit : "Prenez mes biens, un pauvre est considéré comme mort".

-> Maharal (Gour Aryé) explique :
Les pauvres sont considérés comme morts parce que la définition de la vie est l'autosuffisance. Celui qui compte sur les autres n'est pas vraiment vivant, car sa subsistance dépend de la bonne volonté d'autrui.
C'est pourquoi la Torah qualifie de "vivante" une source qui fait jaillir de l'eau de sa source, et de "morte" un puits qui ne se remplit que d'eau de pluie. La source n'a pas besoin d'être remplie par une source extérieure, mais le puits dépend de la pluie comme source.

En effet, même une personne riche est considérée comme morte si elle prend des cadeaux. Le roi Shlomo a déclaré : "Celui qui méprise les cadeaux vivra" (Michlé 15,27), ce qui implique que celui qui aime les cadeaux n'est pas vivant. Pourquoi en est-il ainsi?
La réponse est que celui qui accepte des cadeaux, même s'il est riche, se perçoit comme manquant.
C'est pourquoi il accepte des cadeaux pour combler ce manque. En tant que tel, il n'est pas autosuffisant et est considéré comme une personne morte.
La michna (Pirké Avot 4,1) précise : "Qui est riche? Celui qui est heureux de son sort".
Un pauvre qui se suffit à lui-même et s'abstient de recevoir des cadeaux est riche, mais un riche qui n'est pas satisfait de son sort est pauvre.

Cependant, même une personne qui se suffit à elle-même n'est vraiment vivante que si elle vit perpétuellement dans ce monde et dans le monde à Venir.
Dans ce monde, on vit à travers ses enfants, et dans le monde à Venir, on vit à travers la Torah et les mitsvot qu'on a accomplies.
Ainsi, celui qui n'a pas d'enfant est considéré comme mort, car il ne vivra pas dans ce monde après sa mort, comme l'a dit Ra'hel à Yaakov : "Donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (Vayétsé 30,1).
De même, les réchaïm sont considérés comme morts, car ils ne vivront pas dans le monde à Venir.

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=> Seul celui qui se suffit à lui-même et qui vivra perpétuellement dans ce monde et dans celui à Venir est considéré comme vivant.
Celui qui prend aux autres, qui n'a pas d'enfants ou qui n'a pas le mérite de vivre dans l'autre monde est aussi considéré comme mort car il ne vivra pas éternellement.