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Quelques perles sur la paracha Vayétsé …

+ Quelques perles sur la paracha Vayétsé ...

-> Rabbi Yaakov Kamenetsky nous enseigne :
Yaakov a étudié la Torah pendant les 63 ans premières années de sa vie auprès de son père (Yits'hak), dans une atmosphère de sainteté éloignée de toute influence cananéenne.
A présent, qu'il doit aller vivre à 'Haran dans le voisinage de Lavan et de ses amis, aussi malhonnêtes que lui.

Pour survivre à cet environnement, il doit se nourrir de la Torah de Chem et Ever, qui ont eux aussi été confrontés à un environnement corrompu : Sem a vécu pendant la génération du déluge, et Ever a été le contemporain des bâtisseurs de la tour de Babel.

Les 14 années qu'il va y passer, vont lui permettre d'émerger indemne de son exil personnel.

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-> "Yaakov sortit de Béer Chéva" (28,10)
Rachi : "Lorsqu'un juste quitte un endroit, il laisse un vide.
Tant qu'il est dans la ville, il en fait la splendeur, l'éclat et la beauté ; une fois qu'il la quitte, sa splendeur, son éclat et sa beauté la quittent avec lui".

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-> "Le sol sur lequel, tu es couché" (28,13)
= "D. a replié tout le pays sous Yaakov afin qu'il soit réellement couché sur toute la terre (d'Israël)" (guémara 'Houlin 91b)
Rachi commente que la raison de ce miracle est pour que la conquête d’Israël soit facile, comme il est aisé de conquérir un petit carré où un homme est allongé.

Le rav El'azar Ména'hem Chakh l'explique de la façon suivante :
La Torah vient nous enseigner que n'est considéré comme Terre Sainte, c’est-à-dire emplie de sainteté, que les endroits de la terre qui sont sous l’influence de Yaakov et de sa Torah. Toute la valeur de ce pays n'émane que de la Torah et des mitsvot qui y sont accomplies, mais n’a pas de valeur indépendamment de la Torah.

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-> "Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (28,17)

Selon Rachi (citant le midrach) : "le Temple Céleste correspond au Temple terrestre".
Yaakov se trouvait donc à l'endroit le plus propice à la prière et au service de D.

Selon Rabbi Na'hman : "Toutes les prières parviennent au Ciel en passant par la terre d'Israël, ainsi la prière est associé à la terre d'Israël" (Likouté Moharan I 7,1).

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+ "Et que je retourne en paix à la maison de mon père, et Hachem sera pour moi un D." (28,21)

-> Selon le Ramban, D. promet à Yaakov qu'il lui permettra de revenir sain et sauf, afin qu'il soit en mesure de Le servir comme il se doit.
Comme l'enseigne nos Sages : "Celui qui réside en dehors de la terre d'Israël est comparable à quelqu'un qui n'a pas de D." (guémara Kétoubot 110b), tant est grande la différence de sainteté entre la terre d'Israël et le reste du monde.

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-> "que je retourne en paix" (béShalom)
Comment comprendre que Yaakov utilise-t-il l'expression "béchalom", alors que nous apprenons dans la guémara (Béra'hot 64a) que : Celui qui se sépare du mort lui dit : "va en paix" (lé'h béShalom), et celui qui se sépare d'un vivant lui dit : "lé'h léShalom".
Par conséquent, Yaakov aurait dû demander dans sa prière : si je reviens en paix (léShalom)?

Le Kohélét Its'hak écrit que la différence entre béShalom et léShalom est que léShalom montre qu'on ne cesse de s'élever dans son Shalom, qui est la perfection (chélémout), et on ajoute de la perfection à sa perfection, ce qui n'est pas le cas pour l'expression béShalom, qui désigne la perfection qu'on a effectivement.
C'est pourquoi celui qui se sépare du mort, lequel ne peut plus ajouter de la perfection à sa perfection, lui dit : "lé'h béShalom", mais pour le vivant, cette expression risque d'être interprétée comme une malédiction.

Or Yaakov qui était en chemin pour aller chez Lavan l'idolâtre, craignait de ne pas pouvoir se préserver de sa mauvaise influence.
Il se disait : J'espère seulement pouvoir revenir "béShalom", c'est-à-dire sans être descendu de niveau, et sans qu'il manque à ma Torah et à ma pureté.
Mais en réalité, ajouter là-bas de la perfection et de la sainteté (dans un milieu tellement impur/idolâtre), cela Yaakov ne l'espérait pas, c'est pourquoi il a adopté l'expression : béShalom.

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-> "que je retourne en paix (béShalom) à la maison paternelle"
D'où Rachi apprend-il que l'expression "béShalom" (en paix) signifie : "en paix vis-à-vis de la faute"?

Le Séfer Binyan David rapporte que nos Sages (guémara Kétoubot 50a) ont institué : "Il ne faut pas donner en tsédaka plus du 5e, comme il est dit : "Je veux T'en offrir la dîme" (asser assérénou la'h)", soit 20%.
Le Séfer Igra déPirka (Siman 187) explique que cela vaut pour quelqu'un qui n'a pas fauté. Mais celui qui a fauté devra, en revanche, faire autant de charité (tsédaka) que possible, comme il est dit : "Rachète tes péchés par la charité".

=> On comprend ainsi pourquoi Rachi a interprété "en paix" (béShalom) par rapport à la faute.
En effet, Yaakov a dit "Tous les biens que Tu m'accorderas, Je veux T'en offrir la dîme" (28,22), c'est-à-dire 1/5e seulement.
Ceci prouve qu'il était dénué de péché, sinon il aurait dû dépenser autant que possible, même plus de 1/5e. Mais puisqu'il ne l'a pas fait, c'est qu'il était en paix vis-à-vis de la faute.

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-> "Et cette pierre que je viens d'ériger en monument" (28,22)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
Il s'agit, semble-t-il de la pierre d'assise que Yaakov avait préparée pour le Temple (Zohar I,72).
On voit par ailleurs qu'il avait préparé des bois de cèdre pour le Sanctuaire dans le désert (midrach Tan'houma Térouma 9).
Peut-être qu'en disant : "Ils Me construiront un Sanctuaire" (Chémot 25,8), Hachem voulait faire référence à ce qui avait déjà été préparé. En effet, Yaakov avait préparé le Sanctuaire et le Temple.

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-> "Et tout ce que Tu me donneras, j'en prélèverai régulièrement la dîme à Ton intention" (28,22)

Rabbi Moché Feinstein souligne qu'il convient de prélever la dîme non seulement sur les biens qu'on possède mais également sur le temps dont on dispose afin de le consacrer à de nobles causes.

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-> "Yaakov travailla 7 années pour Ra'hel et elles parurent à ses yeux quelques jours en raison de son amour pour elle" (29,20)

Le Malbim dit que pour Yaakov, Ra'hel avait tellement de valeur à ses yeux, que travailler 7 ans pour se marier à elle : c'était une affaire en or!

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-> Le Sfat Emet (5650) dit que selon la kabbale, Ra'hel représente la Présence Divine. Les 14 années où Yaakov a travaillé pour obtenir la main de Ra'hel en mariage "parurent à ses yeux quelques jours (yamim a'hadim) en raison de son amour pour elle".
Il était si concentré sur la Présence Divine pendant ces années, qu'il a vécu une connexion/union (a'hdout) avec le Divin.

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-> "Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D." ; c'est pourquoi elle le nomma Yéhouda ; puis elle cessa d'enfanter" (29,35)

Le Sforno nous enseigne que le nom Yéhouda (יהודה) contient d'une part, les lettres du nom de D., le Tétragramme (יהוה), et d'autre part, le radical הדה, signifiant : "gratitude" et "louange" ; ce nom connote donc la louange et le remerciement adressé à D.

Le 'Hidouché haRim note que les juifs ont finalement reçu le titre de Yéhoudim, dérivé de Yéhouda, parce que c'est cette attitude qui les caractérise : éprouver toujours de la reconnaissance envers D. et être conscients qu'Il nous donne plus que notre part légitime.

Léa s'est montré particulièrement reconnaissante cette fois, car, en mettant au monde un tiers des douze fils de Yaakov, elle avait reçu plus que sa part (Rachi).

La guémara enseigne qu'il faut : "Remercier pour le passé et prier pour le futur"

Léa a cessé d'enfanter car elle a remercié pour le passé, mais elle n'a pas prier pour le futur.

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-> "Lavan embrassa ses fils et ses filles, et les bénit" (32,1)

Nos Sages enseignent que la bénédiction d'une personne ordinaire ne doit pas être dédaignée.
Le Sforno nous enseigne qu'en rapportant que Lavan a béni ses filles et ses petits-fils, la Torah veut nous transmettre un message encore plus important : elle veut nous enseigner la valeur de la bénédiction donnée par un père à ses enfants.

[Yaakov a dit : ] "Une pierre, même rugueuse, de la terre d'Israël m'est plus précieuse que les cousins moelleux des pays étrangers."

[guémara 'Houlin 91,5 -> paracha Vayétsé 28,11 : "Yaakov prit une de pierres de l'endroit"]

"Elle conçut et enfanta un fils. Elle dit : "D. a ôté ma honte." (Vayétsé 30,23)

Quelle honte D. lui a-t-il donc retirée?

Rachi cite le Midrach (Béréchit Raba 73,3), selon lequel, contrairement à la femme sans enfants qui n'a personne sur qui rejeter ses fautes, celle qui en a est en mesure de le faire.
Quand son mari lui demande : "Qui a brisé ce vase? Qui a mangé ces figues?", elle peut répondre : "C'est ton fils!"

Cette explication est étonnante : Est-ce vraiment là ce qui a traversé l'esprit de Ra'hel au moment tant attendu de la naissance de Yossef ?
Lui a-t-il apporté cette seule bénédiction, à savoir que si Yaakov devait la réprimander pour avoir casser accidentellement un récipient, elle aurait désormais la possibilité d'en reporter la faute sur son fils?

Le Abir Yossef de répondre que Ra'hel a tiré un grand profit de la naissance de Yossef.
Elle a ainsi gagné une part dans la lignée maternelle du peuple juif, et le mérite d'avoir mis au monde l'un des plus grands justes de notre histoire.
Il ne fait aucun doute qu'elle a remercié D. pour chacun des bienfaits dont Il l'a comblée.

Mais, la gratitude, pour être complète, consiste à reconnaître tous les aspects des avantages dont on profite, y compris les plus infimes.

Si l'on devait dresser la liste des bénéfices recueillis par Ra'hel dans la naissance de Yossef, l'un des derniers serait la possibilité de reporter sur lui la responsabilité des vases cassés.

Et effectivement, elle a remercié D. même pour des atouts aussi minimes que celui-là.
Par cela, elle a manifesté son entière gratitude.

Quel exemple pour nous sur l'importance de développer autant que possible nos sentiments de gratitude envers D. et envers autrui, même sur les plus petits avantages qu'ils nous permettent de bénéficier ...

 

Source (b"h) : le livre "talelei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

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-> "Hachem a enlevé mon humiliation" (Vayétsé 30,23)

Littéralement, le verset dit : "Hachem a rassemblé mon humiliation".
=> Mais que cela signifie-t-il?

-> Le Ktav Sofer explique :
En fait, à chaque fois que Léa ou une servante donnait naissance à un enfant, Ra'hel en concevait une certaine peine et honte. En effet, cela lui rappelait qu'elle n'en n'avait pas encore. Les autres femmes enfantent, mais elle non.
Ainsi, chaque naissance augmentait sa honte. Jusqu'à ce qu'elle enfante Yossef. Alors, sa joie et son bonheur furent tellement intenses qu'ils compensèrent toute la peine qui s'était accumulée par les naissances des autres femmes.
Sa joie était tellement forte qu'elle valait la honte des 10 naissances précédentes.
Elle dit donc : "Hachem a rassemblé mon humiliation". Toutes les humiliations qui ont précédées, Hachem les a rassemblées et m'a donné un fils qui me procure une joie qui compense et équilibre toutes ces peines réunies.

"Yaakov embrassa Ra'hel, il éleva sa voix et pleura." (Vayétsé 29,11)

Rachi de commenter : Il a pleuré parce qu'il avait appris par inspiration divine qu'elle ne serait pas enterrée avec lui.

Le Beèr Yossef propose une interprétation de cette explication de Rachi.

= Yaakov a sangloté pour bien plus encore que sa séparation d'avec Ra'hel dans la mort.
Ce qu'il a pleuré, c'est la raison pour laquelle elle ne partagerait pas son tombeau dans la caverne de Ma'hpéla.

Rachi annonce (Béréchit 48,7) qu'après la destruction du 1er Temple, les juifs de Jérusalem seront emmenés à Babylone.
Leur voyage dramatique et marqué par les larmes les fera passer près de la tombe de Ra'hel à Beit Lé'hèm.
L'âme de celle-ci "sortira" alors de sa sépulture et elle implora pour eux, en pleurant, la miséricorde divine.

Comme l'indique le prophète (Yirméya 31, 14-16) : "Une voix est entendue dans les hauteurs, lamentations et larmes amères, Ra'hel pleure pour ses enfants."
Et D. répondra : "Ton effort aura sa récompense, parole de D., et tes enfants retourneront dans leurs domaines."

Le Ramban dit que l'expression : "Une voix est entendue dans les hauteurs", est une allusion à l'intensité et à l'amertune des larmes de notre ancêtre.
Elles seront entendues de loin, sur les hauteurs du territoire de son fils Benjamin, là où aura été construit le Temple, maintenant en ruines."

=> Voilà pourquoi Ra'hel n'a pas été inhumée dans la caverne de Ma'hpéla : pour lui permettre de pleurer et de supplier pour ses enfants lorsqu'ils affronteront chagrin et captivité.

Quand Yaakov a vu par inspiration divine qu'elle ne serait pas enterrée à ses côtés, il "vit" aussi ses larmes bruyantes et amères.

Il vit la cause de ses sanglots, la tragédie qui frappera ses descendants.
Lui aussi se mit alors à élever la voix et à pleurer.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

L’importance de l’arrêt de Yaakov au Har haMoria

+ L'importance de l'arrêt de Yaakov au Har haMoria :

"Il [Yaakov] rencontra l'endroit, et y passa la nuit ... il prit des pierres" (Vayétsé 28,11)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni n°117) dit que lorsque Yaakov était sur le point de passer le mont Moria, le monde a agi comme un mur afin de ne pas le laisser passer cet endroit spécial.

Le Zéra Chimchon demande : du fait que (l'ange du) monde a empêché Yaakov de passer Har haMoria, il semblerait que l'arrêt de Yaakov à cet endroit lui apporterait une certaine forme de bénéfice. Qu'est-ce que le monde a gagné à ce que Yaakov se repose au mont Moria?

Le Zéra Chimchon répond par un midrach (Pirké déRabbi Eliezer n°36) qu'Hachem a agrandi la pierre que Yaakov avait placée sous sa tête, jusqu'à ce qu'elle atteigne les profondeurs de la terre et qu'elle agisse maintenant comme un soutien pour le monde.

Le Zéra Chimchon explique que c'est la raison pour laquelle le monde lui-même s'est assuré que Yaakov se reposait à cet endroit, car jusqu'à ce moment, le monde manquait encore d'un soutien/pilier et le monde voulait se sécuriser et a donc agi comme un mur pour l'arrêter.

Néanmoins, il reste à comprendre pourquoi, à ce moment précis, le monde a décidé de s'assurer le soutien qui lui manquait?

Le Zéra Chimchon explique la raison de cette décision en se basant sur la guémara (Baba Batra 25b) qui discute de la halakha en cas de dommages causés entre des propriétés voisines : qui doit prendre ses distances, celui qui cause les dommages ou celui qui les reçoit?
[ l'exemple de la guémara est celui d'une personne qui a une citerne dans son champ et dont le voisin a un arbre qui pousse lentement ses racines dans la citerne). La guémara stipule que celui qui reçoit les dommages doit prendre ses distances.

Cependant, si le dommage n'est pas un dommage lent, mais plutôt un dommage direct provenant du champ du voisin, dans ce cas, la halakha est que celui qui cause le dommage direct doit s'éloigner.
Néanmoins, le Rivach (n°322) écrit que si celui qui cause les dommages directs était là en premier et que le voisin s'y installe, dans ce cas, celui qui reçoit les dommages doit s'éloigner.

Sur la base de ces halakhot, le Zéra Chimchon dit qu'essentiellement, le monde et les humains sont comme 2 voisins qui se causent mutuellement des dommages.
Le monde cause des dommages à l'humanité parce que ses plaisirs l'attirent vers la faute, tandis que l'humanité cause des dommages au monde par les fautes qu'elle commet.
La différence est que les dommages causés par le monde à l'humanité sont directs, alors que les dommages causés par l'humanité au monde sont lents à venir, car même si l'homme faute, Hachem retient la destruction du monde dans l'espoir qu'il fasse téchouva.

Dans ce cas, le monde cause des dommages directs à l'humanité et c'est lui qui devrait prendre ses distances, en d'autres termes, se modifier considérablement.
Cependant, puisque le monde était là en premier, alors même si le monde cause des dommages directs, la halakha dans un tel cas est que celui qui est venu plus tard doit prendre ses distances.

Lorsque Yaakov passa le mont Moria, il était sur le point de fonder la nation juive. À ce moment-là, le monde n'avait pas encore d'assise, comme le prouve le fait qu'Hachem a transformé la pierre sur laquelle Yaakov a dormi en support pour le monde.

C'est pour cette raison que le monde avait besoin d'arrêter Yaakov pour s'assurer qu'il dormait à cet endroit et s'assurer son soutien final, car s'il avait manqué cette occasion, le monde n'aurait pas été totalement achevé et le peuple juif aurait déjà commencé à venir dans le monde, faisant du peuple juif le premier et du monde le second, ce qui signifierait que le monde doit alors prendre ses distances.

Pas besoin de s’inquiéter, Hachem est partout

Et il dit : "En effet, Hachem est en ce lieu, et je ne le savais pas". (Vayétsé 28,16)

-> Le séfer Divré Israël explique ce verset en citant le midrach (Béréchit rabba 68,2) qui dit qu'après qu'Elifaz ait pris tout ce que Yaakov possédait, ne lui laissant que sa canne/baton, Yaakov a dit : "D'où viendra mon aide?".
Il s'est ensuite rétracté et a dit : " 'has vé'shalom. Je n'ai pas besoin de compter sur un homme. 'Mon aide viendra d'Hachem' (Téhilim 121,1)".

Le verset dit que Yaakov se réveilla et dit : "En effet, Hachem est en ce lieu et je ne le savais pas."
Il dit que puisque Hachem est dans ce lieu, il n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Il n'a pas à s'inquiéter de savoir qui va l'aider, car il peut s'en remettre entièrement à Lui.

Chaque fois qu'une personne se réveille de ses soucis et se souvient qu'il y a Hachem dans ce monde qui peut et va pourvoir à ses besoins, elle n'a pas besoin de savoir d'où viendra son gagne-pain. Il suffit de reconnaître ce fait.

Le verset laisse également entendre que chaque matin, lorsqu'une personne se réveille de son sommeil, elle devrait se dire qu'Hachem est à cet endroit et qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. On doit s'en remettre à Lui pour obtenir ce dont on a besoin.
Lorsqu'une personne se rend au travail, elle doit garder à l'esprit qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Tout ce qu'elle a à faire, c'est de faire confiance à Hachem. C'est pourquoi nos Sages (Béra'hot 4a) disent qu'une personne doit apprendre à dire "Je ne sais pas". Il faut s'habituer à dire qu'on ne sait rien, si ce n'est qu'il faut croire et faire confiance à Hachem.

Les justes créditent leurs villes

+ Les justes créditent leurs villes :

"Yaakov sortir de Béer Chéva et alla vers 'Haran" (Vayétsé 28,10)

-> Rachi commente : "Le départ d'un juste d'une ville a un impact. Tant qu'il est dans la ville, il en est la gloire, l'éclat et la splendeur. Lorsqu'il quitte la ville, sa gloire, son éclat et sa splendeur disparaissent".

Les trois qualités : la gloire, l'éclat et la splendeur, correspondent à 3 attributs importants : la crainte du Ciel, la sagesse de la Torah et un caractère admirable.

La gloire fait référence à la crainte du Ciel, car il n'y a rien de plus glorieux que la crainte du Ciel, comme l'a dit le roi Shlomo : "Une femme qui a la crainte du Ciel sera exaltée" (Michlé 31,30).

L'éclat fait référence à la sagesse de la Torah, car une lumière rayonnante émane du visage des érudits de la Torah, comme l'a dit le roi Shlomo : "La sagesse d'une personne éclaire son visage" (Kohélet 8,1).

Enfin, la splendeur fait référence à un caractère admirable, qui apporte de la splendeur à une personne, comme l'indique la Michna : "Quelle est la bonne voie qu'une personne doit choisir? Tout ce qui est splendide pour celui qui l'accomplit et qui lui apporte la splendeur des autres" (Pirké Avot 2,1).

Les 3 aspects du juste : la crainte du Ciel, la sagesse de la Torah et les traits de caractère admirables, sont mentionnés par ordre d'importance.
La crainte du Ciel est l'attribut le plus important de tous, comme le dit la Torah : "Que vous demande Hachem? Uniquement de crainte Hachem votre D." (Ekev 10,12).
La crainte du Ciel est même plus importante que l'étude de la Torah, car nos Sages nous disent que la sagesse de la Torah n'a aucune valeur sans la crainte du Ciel. La guémara (Shabbath 31b) compare celui qui étudie la Torah mais ne craint pas le Ciel à celui qui construit une porte pour une cour inexistante. La Torah est la porte que l'on franchit pour atteindre la cour de la crainte du Ciel. Si l'on se contente d'étudier la Torah sans atteindre la crainte du Ciel, notre étude de la Torah n'a que peu de valeur.
Enfin, si la sagesse de la Torah n'est qu'une porte d'accès à la crainte du Ciel, le perfectionnement du caractère est une porte par laquelle il faut passer pour atteindre la sagesse de la Torah.
Il n'est possible pour une personne d'atteindre la véritable sagesse de la Torah qu'après avoir perfectionné son caractère.

Il existe un trait de caractère particulier qui est une condition préalable absolue à la sagesse de la Torah : l'humilité.
Moché était extrêmement humble, comme l'indique la Torah : "L'homme Moché était très humble, plus que n'importe qui sur la face de la terre" (Béahaloté'ha 12,3).
C'est pourquoi il a mérité de recevoir la Torah d'Hachem. Il est impossible de devenir un véritable érudit de la Torah sans être humble et effacé. En effet, la Torah est comparée à de l'eau. L'eau coule toujours vers le point le plus bas, et de même, la sagesse de la Torah n'est atteinte que par ceux qui sont humbles.
[Maharal - Gour Aryé ]

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=> Les justes sont gratifiés de la crainte du Ciel, de la sagesse de la Torah et d'un caractère admirable.
Il faut d'abord parfaire son caractère avant d'atteindre l'érudition de la Torah, et il faut d'abord étudier la Torah avant d'atteindre la crainte du Ciel, parce que l'étude de la Torah est une porte d'entrée vers la crainte du Ciel.

La dépendance est comme la mort

+ La dépendance est comme la mort

"Yaakov embrassa Ra'hél, il éleva sa voix et pleura" (Vayétsé 29,11)

-> Rachi commente : "Yaakov a pleuré parce qu'il est arrivé chez Lavan les mains vides. Il dit : "Eliezer, le serviteur de mon grand-père, possédait des bagues, des bracelets et des objets de valeur, mais je n'ai rien".

Rachi explique qu'Elifaz, fils d'Essav, avait poursuivi Yaakov dans sa fuite, avec l'intention de le tuer, comme le lui avait demandé son père. Cependant, lorsque Elifaz rattrapa Yaakov, il s'abstint de le tuer parce qu'il avait été élevé sur les genoux de Its'hak. Élifaz demanda à Yaakov comment il pouvait accomplir les instructions de son père sans le tuer, et Yaakov répondit : "Prenez mes biens, un pauvre est considéré comme mort".

-> Maharal (Gour Aryé) explique :
Les pauvres sont considérés comme morts parce que la définition de la vie est l'autosuffisance. Celui qui compte sur les autres n'est pas vraiment vivant, car sa subsistance dépend de la bonne volonté d'autrui.
C'est pourquoi la Torah qualifie de "vivante" une source qui fait jaillir de l'eau de sa source, et de "morte" un puits qui ne se remplit que d'eau de pluie. La source n'a pas besoin d'être remplie par une source extérieure, mais le puits dépend de la pluie comme source.

En effet, même une personne riche est considérée comme morte si elle prend des cadeaux. Le roi Shlomo a déclaré : "Celui qui méprise les cadeaux vivra" (Michlé 15,27), ce qui implique que celui qui aime les cadeaux n'est pas vivant. Pourquoi en est-il ainsi?
La réponse est que celui qui accepte des cadeaux, même s'il est riche, se perçoit comme manquant.
C'est pourquoi il accepte des cadeaux pour combler ce manque. En tant que tel, il n'est pas autosuffisant et est considéré comme une personne morte.
La michna (Pirké Avot 4,1) précise : "Qui est riche? Celui qui est heureux de son sort".
Un pauvre qui se suffit à lui-même et s'abstient de recevoir des cadeaux est riche, mais un riche qui n'est pas satisfait de son sort est pauvre.

Cependant, même une personne qui se suffit à elle-même n'est vraiment vivante que si elle vit perpétuellement dans ce monde et dans le monde à Venir.
Dans ce monde, on vit à travers ses enfants, et dans le monde à Venir, on vit à travers la Torah et les mitsvot qu'on a accomplies.
Ainsi, celui qui n'a pas d'enfant est considéré comme mort, car il ne vivra pas dans ce monde après sa mort, comme l'a dit Ra'hel à Yaakov : "Donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (Vayétsé 30,1).
De même, les réchaïm sont considérés comme morts, car ils ne vivront pas dans le monde à Venir.

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=> Seul celui qui se suffit à lui-même et qui vivra perpétuellement dans ce monde et dans celui à Venir est considéré comme vivant.
Celui qui prend aux autres, qui n'a pas d'enfants ou qui n'a pas le mérite de vivre dans l'autre monde est aussi considéré comme mort car il ne vivra pas éternellement.

"Yaakov a quitté Beershéva" (Vayétsé 28,10)

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
Sur les mots "Yaakov a quitté", Rachi commente que "tant qu'un tsadik réside dans la ville, il en est la gloire".
Rachi tente de résoudre une difficulté dans le verset. Pourquoi la Torah doit-elle dire : "Yaakov quitta Beerchéva et se rendit à 'Haran"? Elle aurait dû simplement dire : "Yaakov est descendu à 'Haran", comme dans la terminologie employée en de nombreux endroits (ex: vayoridou élénou - Dévarim 1,25).
Celui qui quitte la Terre d'Israël est toujours décrit avec le verbe indiquant la descente, car la Terre d'Israël est spirituellement plus élevée que toutes les autres terres.

Mais c'est avant tout la terre d'Israël elle-même qui est plus sainte que les terres situées en dehors d'elle. C'est la raison pour laquelle, dans ces autres endroits, la phrase "il est descendu" est écrite.
Alors que lorsqu'un tsadik comme Yaakov quitte Beerchéva, Rachi dit que son illumination est partie, ce qui signifie que sa gloire est partie en même temps que Yaakov. La sainteté de la terre d'Israël est partie avec lui, ce qui était sa gloire.
C'est pourquoi le verset dit "et il alla à 'Haran", et non "et il descendit à 'Haran". Le départ de Yaakov n'a entraîné aucune descente spirituelle.

Telle est l'intention de nos Sages (guémara 'Houlin 91b) que Rachi cite dans son commentaire sur le verset "Ceci n'est autre que la Maison de D." (Vayétsé 28,17) - "Le mont Moriah a été déraciné et transporté". Voir les commentaires de Rachi à ce sujet.

Yaakov était affligé par la nécessité de quitter la terre d'Israël ... en conséquence, D. montra à Yaakov que le mont Moriah avait été déraciné et transporté avec lui, et cela devait servir de signe qu'il n'avait rien à craindre, car pour son compte, la sainteté de la terre d'Israël irait de pair avec lui, tout comme pour son bénéfice, le mont Moriah avait été transplanté. Comprenez bien ceci.

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=> Yaakov est bouleversé par le fait qu'il doit quitter la terre d'Israël. Hachem l'a donc assuré que la sainteté de la terre d'Israël l'accompagnerait.

Vayétsé

- "Il rêva et voici une échelle posée à terre et son sommet arrivait [jusqu'] au ciel, et voici des anges de D. montaient et descendaient dessus". (Vayétsé 28;12)

1°/ Rashi sur "montaient et descendaient" : les anges qui l'avaient accompagné dans la terre [d'Israël] ne sortaient pas en-dehors de [cette] terre, et remontaient au ciel tandis que] descendaient les anges d'en-dehors de la terre [d'Israël] pour l'accompagner.

2°/ Le Midrash nous explique que D. se révéla à Yaakov dans un rêve prophétique afin de le renforcer (il était persécuté par Essav et s'apprêtait à se rendre chez Lavan l'escroc) et de l'assurer de Son assistance à travers tous les événements futurs.
- Dans cette vision, chaque ascension d'un ange correspond à un exil du peuple juif (chaque échelon correspondant à un an), et la descente à sa fin.
- Par ailleurs, cette échelle correspond aussi à la rampe qui conduisait à l'autel du futur Bet Hamidrash. Les Kohanim (comparés aux anges) montaient et descendaient le long de la rampe du mizbé'ah en se hâtant, pour accomplir avec zêle la avoda.
Il vit la destruction du 1er Temple par les flammes et la reconstruction du 2e Temple.
- Enfin, l'échelle symbolisait le Har Sinaï, et il vit que ses descendants se tiendraient à son pied pour recevoir le Torah (vision du Matan Torah : l'apogée de la Création). Les anges représentaient, dans cette vision, Moshé et Aaron, qui graviraient le Har Sinaï; Aharon restant sur la montagne et Moshé continuant jusqu'au Ciel pour recevoir les tables de la Loi.

3°/ Le Ben Ish Haï note (appris de son père Rabbi Eliahou) que la valeur numérique du mot soulam (= échelle) est de 136, et est égale à celle de Mamon (= l'argent).
- Par ses efforts, l'homme monte les échelons de la hiérarchie sociale, mais en fait le sommet de cette échelle se trouve dans le ciel, car en définitive la réussite est accordée par D. Les anges qui montaient et descendaient sur l'échelle symbolisent les aléas de l'existence humaine, avec ses hauts et ses bas. De même que lorsque l'on inverse une échelle, l'échelon supérieur se retrouve tout en bas, de même, celui qui est tout en haut de l'échelle de la fortune peut se retrouver tout en bas en un instant.
- Cela signifie aussi que bien que l'argent soit une chose basse, on peut l'utiliser pour faire de grandes actions qui montent jusqu'au ciel. (tsédaka, embellir les mitsvot, ...)

4°/ Le Ben Ish Haï rajoute que le mot soulam (= échelle) a aussi la même valeur numérique que le mot Kol (= la voix), référence aux valeurs spirituelles.
- Cela peut signifier que la voix de la prière et de l'étude de la Torah atteint le ciel (à l'image de l'échelle).
- Par ailleurs, cela conduit à comprendre notre verset d'une nouvelle façon.
L'échelle (symbole du matériel et du spirituel = soulam =
kol ; lien entre la terre et le ciel) se dresse sur la terre car le juif doit mener de front sa vie matérielle et spirituelle.

Ainsi, les justes (à l'image des anges), y montent, regardant vers le haut, vers leur maître, pour s'élever spirituellement. Et y descendent, regardant vers le bas, car ils sont satisfaits de leur situation matérielle et ne recherchent pas à égaler dans ce domaine ceux qui sont au-dessus d'eux.

 

Sources :
- "Le Midrash raconte" de Rabbi Moshe Weissman
- "Od Yossef Haï" de Rabbi Yossef Haïm de Bagdad
- "La voie à suivre" de la Hévrat Pinto