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"Yaakov resta seul" (Vayichla'h 32,25)

-> Le guémara ('Houlin 91a, citée par Rachi) raconte que Yaakov est resté seul après avoir transféré sa famille et ses biens de l'autre côté de la rivière parce qu'il avait oublié de petites fioles et qu'il était revenu les chercher.

Le Arizal explique que tout ce qu'une personne possède, aussi insignifiant soit-il en apparence, lui est donné dans le cadre de la mission de sa vie, et que le fait de le dédaigner témoigne d'un mépris pour le Ciel.

Le 'Hidouché haRim ajoute que cela est d'autant plus vrai en ce qui concerne les talents, les compétences et les bonnes qualités d'une personne. Il faut veiller à ne pas en abuser (les utiliser en mal) et à ne pas les atrophier (ne pas les utiliser en bien comme on pourrait le faire).

"[L'ange] dit : "Pourquoi demandes-tu mon nom?" " (Vayichla'h 32,30)

Après avoir vaincu le Satan (l'ange-gardien d'Essav), Yaakov a reçu le nom : Israël.
Lorsqu'on ajoute la valeur numérique de "Yaakov" (182 - יַעֲקֹב) à celle de "Satan" (359 - שָׂטָן), on obtient la valeur du nom "Israël" (541 - יִשְׂרָאֵל).

=> Le Satan dit à Yaakov : "Pourquoi demandes-tu mon nom ?
A présent que le nom Israël t'a été donné, tu peux connaître mon nom [en déduisant la valeur numérique de Yaakov de celle d'Israël].
Pourquoi donc le demandes-tu?"

Source (b"h) : dvar Torah du Ramatayim Tsofim (repris dans le mayana chel Torah)

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-> En demandant à l'ange de Essav (qui est connu sous les noms de : Satan ou de yétser ara) son nom, Yaakov a voulu connaître sa nature profonde, sa spécificité, afin de mieux le gérer à l'avenir.

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 18) enseigne que l'ange lui a répondu :
- ma spécificité est d'aveugler les gens de façon à ce qu'ils n'enquêtent pas sur moi et ne se posent pas de questions, et par cela, j'ai le pouvoir de les induire en erreur. Car, dès l'instant où ils enquêteront et se poseront des questions à mon sujet, ils ouvriront leurs yeux et je perdrai alors tout mon pouvoir de les faire trébucher.
- on ne peut pas me définir par un nom (contrairement aux autres créations), car je n'ai aucune réalité, et je ne suis qu'illusion et imagination.
Tous les plaisirs de ce monde, ne sont que des mirages illusoires destinés à tromper les hommes. Tant qu'ils évoluent dans l'obscurité, ils restent persuadés d'avoir découvert la plus formidable source de jouissances.
Mais à l'instant même où un éclair de lucidité les traverse, ils prennent tout à coup conscience d'avoir été bernés par des illusions irréelles.
Il faut faire un effort de clairvoyance pour garder à l'esprit les paroles du roi Salomon : "vanité des vanités ; tout est vanité!" (Kohélet 1,2), et qu'en fin de compte : "La conclusion de tout le discours est : Crains D. et observe Ses Commandements, car c'est là tout l'homme" (Kohélet 12,13).

-> Le rav Leib Chasman répond d'une manière similaire, en rapportant la guémara (Sotah 3a) qui affirme qu'une personne ne faute que lorsque vient en elle une "esprit de folie" (roua'h chtout).
Ainsi, derrière le fait que le yétser ara nous affirme : "Pourquoi demandes-tu mon nom?", ce tient l'idée que par essence, il souhaite que nous agissons sans utiliser toutes nos capacités de discernement, d'objectivité, laissant alors de la place à "l'esprit de folie".
[le yétser ara, connaissant nos points faibles, va utiliser la meilleure stratégie du moment, comme par exemple : nous endormir par de la paresse ou de la peur ; nous vendre du rêve (ex: de l'argent!, de l'honneur!), qui va nous faire perdre la tête. Une fois que les commandes de notre vie sont libres, il se fait une joie de les prendre pour faire comme bon lui semble!]

-> "[L'ange] dit : "Pourquoi demandes-tu mon nom?" "
Le 'Hatam Sofer dit que l'ange gardien de Essav avait pour mission d'enseigner à Yaakov et à ses descendants, l'importance de devoir se tenir autant que possible à distance des réchaïm, et de tout ce que cela représente.
Même demander son nom à un racha, c'est déjà une perte de temps et une prise de risque!

-> Le Ramban commente : A quoi cela peut te servir d'avoir mon nom, car si tu m'appelles en cas de besoin, ni je te répondrais, ni je te sauverais.
En effet, c'est uniquement Hachem qui pourra t'être utile.
[le yétser ara fait copain copain jusqu'à ce que nous tombions dans la faute (donne moi ton nom, mon copain!), et ensuite il devient notre accusateur auprès du Ciel sur nos fautes]

Le Netsiv dit que Yaakov savait que le nom d'un ange change selon sa mission.
Cependant, il voulait savoir son nom à ce moment précis, afin de pouvoir faire appel à cette force particulière en cas de besoin.
A cela, l'ange a répondu que Yaakov n'avait pas besoin de cette connaissance, car il prie à Hachem. Or, celui qui compte sur D. n'a pas besoin d'autres alternatives pour être sauvé.

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-> "Yaakov resta seul et un homme combattait avec lui" (Vayichla'h 32,25)
Le midrach (Béréchit rabba 77,3) commente : "L'homme qui a combattu avec Yaakov était l'ange protecteur d'Essav, nul autre que le mauvais penchant (yétser ara) qui pousse l'homme à la faute".

-> "[L'ange] dit : "Pourquoi demandes-tu mon nom?" " (Vayichla'h 32,30)

-> Le Panim Yafot explique que la différence entre le nom "Yaakov" (182 - יַעֲקֹב) et le nom "Israël" (541 - יִשְׂרָאֵל), on obtient la valeur numérique du nom "Satan" (359 - שָׂטָן).
Ceci fait allusion au fait que chaque fois que l'homme repousse le mauvais penchant, sans 'inverser en tendance positive pour le servir, cet homme porte le titre de "Yaakov".
Cependant lorsque l'homme mérite de conquérir son mauvais penchant et de l'inverser en bien, alors il peut unir le nom שָׂטָן (Satan) avec יַעֲקֹב (Yaakov), ce qui donne pour résultat le mot : יִשְׂרָאֵל (Israël).

Ainsi immédiatement après avoir eu le mérite de vaincre l'ange d'Essav, le yétser ara, c'est-à-dire l'ange d'Essav, dit à Yaakov : "On ne t'appellera plus du nom de Yaakov, mais d'Israël" = une fois qu'il parvint à vaincre et à inverser la force du Satan en bien, ce dernier validera alors son service Divin et le protégera. Il devient ainsi apte à être appelé Israël. [nom symbolisant un état plus méritant que celui de Yaakov]

=> Nous allons développer ci-après ces 2 points :
- Les noms Yaakov & Israël
- Inverser la force du yétser en bien

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+ Les noms Yaakov & Israël :

-> "Ton nom ne sera plus Yaakov, mais Israël sera ton nom" (Vayichla'h 35,10)
La guémara (Béra'hot 12b-13a) commente : Ceci ne veut pas dire que le nom de Yaakov est déraciné, mais plutôt que le nom Israël est maintenant son nom principal, tandis que le nom Yaakov, lui, devient secondaire.

-> Lorsque Yaakov a combattu avec l'ange d'Essav, le yétser ara, ce dernier lui dit : "On ne t'appellera plus Yaakov, mais Israël" (Vayichla'h 32,29). Ce n'est pourtant pas ce que dit Hachem à Yaakov : "D. lui dit : ton nom est Yaakov" (Vayichla'h 35,10).
Nous apprenons d'ici que l'ange d'Essav a voulu remplacer définitivement le nom de Yaakov par le nom Israël, afin que le nom de Yaakov ne soit plus mentionné.
=> Pourquoi cela?

Le 'Hatam Sofer nous éclaire sur ce point :
"Nous savons que cet ange était l'ange d'Essav, le Satan.
Pour pouvoir annuler la force du Satan, il faut que les 2 noms soient liés : celui de Yaakov, écrit de façon pleine avec la lettre vav : יעקוב, ainsi que le nom Israël(יִשְׂרָאֵל) ... car ces 2 noms ont, au total, pour valeur numérique de 729, qui équivaut aux mots : "kéra Satan" (déchira [les accusations du] Satan - קרע שטן). [(kira - déchirure)]

Avec uniquement le nom Israël, nous ne pourrions pas tenir devant le Satan ... Nous avons besoin des 2 noms Yaakov et Israël ...
Ainsi, l'ange voulut-il déraciner le nom de Yaakov définitivement. Cependant, Hachem n'a pas voulu effacer définitivement le nom de Yaakov, afin que nous puissions avoir en nous la force d'affronter l'ange d'Essav, le Satan, et de l'annuler".

-> La guémara dit : "Maintenant son nom principal, tandis que le nom Yaakov, lui, devient secondaire".
Le nom Israël fait allusion à l'intégrité du peuple d'Israël par lui-même (sans le comparer à d'autres), et c'est celui-ci le principal.
En revanche, si nous ne nous plaçons pas au niveau du nom "Israël", que notre stature spirituelle diminue, alors notre niveau se rabaisse à celui au du nom : Yaakov (qui vient de "ékev" = le talon, la partie la plus basse du corps de l'homme).
Dans ce dernier cas, en l'absence de mérites propres, alors Hachem nous estime en comparaison des autres nations, et nous sommes alors relativement intègres.

=> Nos Sages disent que c'est pour cela que l'ange d'Essav était contre le maintien du nom "Yaakov", même de façon secondaire. Il souhaitait l'effacer définitivement afin que ne subsiste uniquement le nom "Israël" : ceci dans le but que le peuple d'Israël ne puisse être innocenté lorsqu'il se tient au niveau de Yaakov.
Toutefois Hachem a accentué le nom "Yaakov" ("Ton nom est Yaakov") et il ne sera pas effacé = c'est ainsi que même si le peuple juif n'atteint pas le niveau d'intégrité du nom "Israël", mais qu'il se situe seulement au niveau du nom "Yaakov", il sera malgré tout jugé favorablement en comparaison avec les autres nations.

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+ Inverser la force du yétser en bien :

-> "Quel est l'homme fort? Celui qui conquiert son penchant" (Pirké Avot 4,1)
Le Baal Chem Tov déduit du langage de cette michna et commente : "Quel est l'homme fort"? Nous apprenons de cela qu'il existe plusieurs hommes forts, mais parmi eux, un est plus fort que tous les autres. Car la question, en fait est : qui est le véritable homme fort parmi les forts?

Le Baal Chem Tov explique qu'il existe 2 façons de combattre le mauvais penchant :
1°/ en le repoussant et en se séparant de lui afin d'éviter toute tentation de fauter. L'homme le repousse avec honte et lui dit : "Pars d'ici et ne trouble pas mes pensées avec des paroles qui vont contre la Torah".
2°/ la 2e façon de combattre le mauvais penchant ne consiste pas à simplement le repousser, mais à le conquérir et à l'inverser en bien.
Par exemple : si le yétser ara vient et éveille notre tentation envers des choses de ce monde, il faut prendre ses envies qui se sont éveillées et les utiliser dans l'étude de la Torah ou pour prier le Créateur dans la joie et l'allégresse de l'âme.

De même, si le mauvais penchant éveille en nous la jalousie envers notre prochain, nous devons utiliser cette émotion afin de jalouser les serviteurs de Hachem et à travers cela, élever notre niveau, ainsi qu'il est dit : "La jalousie des Sages multiplie la sagesse" (guémara Baba Batra 21a).
C'est précisément à ce sujet que la michna demande : quel est l'homme fort? C'est-à-dire lequel de ces 2 chemins est le meilleur? Faut-il repousser le mauvais penchant ou bien conquérir le mauvais penchant et l'inverser en bien?

Le Baal Chem Tov répond :
"Lorsque l'homme repousse le mauvais penchant et s'en sépare, il n'est malgré tout pas à l'abri. En effet, le mauvais penchant attend son heure, et au moment opportun, lorsqu'il sent une faiblesse, revient de nouveau pour le tenter, sachant parfaitement que cette fois-ci, l'homme n'aura pas la force de le repousser.
Ainsi la meilleure façon pour l'homme de combattre le mauvais penchant est de se servir de lui en le conquérant, d'inverser cette pulsion en bien et de l'utiliser pour le service Divin.
De cette manière, le yétser ara ne reviendra pas pour tenter de novuveau l'homme, mais au contraire, il l'élèvera dans son service Divin. Tel est, en réalité, le sens de cette michna."

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"Il [Yaakov] dit : "Je ne te laisserai partir que tu ne m'aies béni"
Il [l'ange] dit : "Quel est ton nom?"
Il répondit : "Yaakov"
Il dit : "Il ne sera plus dit que ton nom est Yaakov, mais Israël" (Vayichla'h 32,27-29)

-> Le rav Chmouël Yaakov Roth (Chir Yédidout) fait le commentaire suivant :
En réalité, au moment où l'ange allait partir, Yaakov a saisi l'occasion de recevoir une bénédiction d'un ange de D., ce qui est une occasion rare.
L'ange voulait signifiait à Yaakov : "Afin de te bénir, j'ai besoin de ton nom et de celui de ta mère. En effet, avoir uniquement ton nom Yaakov n'est pas suffisant, et tu dois t'appeler : "Israël" afin de recevoir ma bénédiction".

Or, la guématria du nom : Israël (יִשְׂרָאֵל) est de 541, et elle est équivalente à : "Yaakov ben Rivka" (יעקב בן רבקה).

=> C'est pourquoi, les Bné Israël sont toujours prêts à recevoir les bénédictions d'En-Haut, puisque leur nom (Bné Israël) témoigne de notre Patriarche Yaakov, fils de Rivka, ce qui est la manière correcte de demander une bénédiction.

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+ "Il ne sera plus dit que ton nom est Yaakov mais Israël, car tu as lutté avec le Divin et avec les hommes et tu as triomphé" (Vayichla'h 32,29)

-> Le rav Mordé'haï Friedlander pose la question suivante : Pourquoi est-ce que Hachem a modifié le nom de Yaakov à partir du mot : "sharita" (tu as lutté - שָׂרִיתָ), et non pas du mot : "tou'hal" (tu as triomphé - תּוּכָל)?
En effet, beaucoup de gens se battent, mais on ne retient que ceux qui triomphent!

Il répond que la grandeur de Its'hak a résidé dans sa persévérance à combattre l'ange. En effet, peu importe qu'il allait l'emporter ou pas, pour lui l'essentiel était de donner tout ce qu'il pouvait dans la bataille.
L'appellation : "Israël" met en avant que pour un juif, le plus important est le : "tu as lutté" (sharita), et non pas le : "tu as triomphé" (tou'hal).

Il en est de même pour chacun d'entre nous, puisque nous devons faire face à l'ange d'Essav : le yétser ara.
Nous devons tout faire pour lui opposer une résistance la plus forte, tandis que l'issue du combat ne dépend pas de nous, puisque dans les mains de D.

[Its'hak a combattu toute la nuit jusqu'à l'aube, en référence au fait que le yétser ara est une réalité que dans ce monde obscur. Mais dès que la lumière du monde de vérité apparaît, alors il disparaît immédiatement.]

-> Le 'Hatam Sofer commente que le nom : "Israël" (ישראל) contient les mêmes lettres que : "rosh li" (ראש לי – j’ai une tête). A l'opposé, le mot : Yaakov (יעקב) fait référence au talon (ékev).
C'est ainsi qu'en changeant le nom de Yaakov en Israël, Hachem a accordé au peuple juif la capacité de s'élever du point le plus bas (le talon), au point le plus haut (la tête).
Un juif a la capacité d'atteindre des hauteurs spirituelles phénoménales, mais pour cela, il doit combattre les forces du mal qui se trouvent à l'extérieur et en lui-même, essayant constamment de le faire tomber.

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-> "On n'appellera plus ton nom Yaakov mais Israël" (Vayichla'h 32,29)

=> Même une fois que Hachem ait changé le nom de Yaakov en Israël, la Torah continue encore à l'appeler Yaakov. Contrairement à Avraham qui changea définitivement de nom, de Avram à Avraham. Pourquoi cette différence?

-> Rabbi Israël de Koznitz explique que le nom "Yaakov" qui vient du mot "Ekev", le talon, évoque l'humilité et la modestie. Ce nom caractérise le Juif quand il se considère petit et "en-bas", à l'image du talon. En revanche, le nom "Israël", qui signifie ''Tu as vaincu l'ange'', évoque la grandeur et la force du Juif, qui peut se montrer même plus fort que des anges.
Bien que l'humilité soit une qualité fondamentale, elle peut connaître une dérive. Elle n'est pas souhaitable dans le cas où un homme se sent si bas et si petit qu'il pense ne pas mériter et ne pas être à la hauteur de servir Hachem. Il se sent si bas et si faible qu'il ne trouve pas en lui la force et le courage de résister au mauvais penchant et le vaincre.
C'est pourquoi, l'humilité de "Yaakov" doit être complétée par la grandeur, le courage et la force de Israël. Car chaque juif doit connaître son importance et ses forces pour avancer avec confiance et surmonter courageusement les épreuves du mauvais penchant et le dominer. Néanmoins, même s'il se doit d'avoir cette attitude de bravoure et de grandeur, malgré tout il ne doit jamais se séparer de son humilité. Car même s'il fait preuve de force et de grandeur d'âme pour vaincre son penchant et servir Hachem, malgré tout, il doit toujours considérer qu'il ne sert pas encore Hachem du mieux qu'il puisse et savoir également que tout ce qu'il réussi à faire, il ne peut le réaliser que grâce à l'Aide d'Hachem, et pas par ses propres moyens uniquement.

Ainsi, même une fois qu'il prend le nom de Israël, quand il a fait preuve de courage et de détermination, en ayant surmonté tous les embûches dans son Service de Hachem, il ne doit pas se séparer du nom de Yaakov et savoir toujours rester humble, et ne pas se sentir plus important et plus grand que les autres du fait de cette force.
Il doit rester à sa place et savoir qu'il ne fait que son devoir et il ne le fait même pas encore à la hauteur de ce qu'il devrait. Et même cela, il ne peut le faire que grâce à l'aide que Hachem lui apporte. Aussi, il n'a pas à en tirer d'orgueil.

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-> Pourquoi Yaakov a-t-il besoin de la bénédiction de l'ange tutélaire d'Essav?

Le Séfer "Guévourot Yaakov" l'explique ainsi :
Quand la bénédiction vient d'un bon ange, il y a de nombreux accusateurs qui demandent qu'elle ne s'applique pas.
Mais quand la bénédiction vient d'un ange qui est lui-même accusateur et mauvais, comme l'ange tutélaire d'Essav, cette bénédiction se réalise sans aucun accusateur, parce qu'il n'y a pas qui accuser à propos de cette bénédiction, qui a été donnée par l'ange d'Essav.
=> C'est pourquoi Yaakov lui a demandé une bénédiction complète qui n'entraînera aucune espèce d'accusation.

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+ [L'ange] dit : "Pourquoi demandes-tu mon nom?"

-> Ne sais-tu pas que les anges n'ont pas de nom fixe?
Notre nom correspond à notre mission. Si D. envoie un ange pour guérir (rapha) un malade, le nom de cet ange est automatiquement Raphaël.
Si un ange a pour mission d'aider (azar) quelqu'un, son nom est Azriel.
C'est pourquoi nos noms changent constamment. Je ne puis te donner mon nom. Il ne te sera d'aucune utilité, car demain il aura déjà changé.

De plus, il n'est pas bon qu'un ange dévoile son nom, car cela risque de susciter l'orgueil. Les hommes parleraient de nous et décriraient les miracles que chacun accomplit. Or nous n'agissons pas de notre propre volonté, nous ne sommes que des envoyés de Hachem. Tout ce que nous faisons dépend de la volonté Divine.
[Méam Loez - Vayichla'h 32,30]

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+ Ne cherchez pas l'aide des anges, mais seulement celle d'Hachem :

-> Et Yaakov demanda : "Maintenant, dis-moi ton nom", et il dit : "Pourquoi demandez-vous mon nom?" (Vayichla'h 32,30)

-> Selon le séfer Imré Noam :
Yaakov a demandé à l'ange son nom afin de pouvoir l'appeler en cas de besoin et demander son aide. Cependant, nous savons qu'il n'est pas convenable de demander de l'aide aux anges, car on ne doit demander de l'aide qu'à Hachem.
En effet, Hachem ressent la douleur de peuple juif (Yéchayahou 63,9), et par conséquent, Il vient nous aider dans les moments de souffrance.
Les anges, en revanche, ne ressentent pas notre douleur.

C'est la signification du verset : "Al tivté'hou binédivim" (ne vous fiez pas aux donateurs - (Téhilim 146,3). Cela signifie qu'il ne faut pas compter sur l'aide d'autres personnes.
"béven adam" (dans les hommes) = Cela signifie qu'il ne faut pas compter sur les anges, qui sont appelés "adam", comme le disent nos Sages (Yérouchalmi Yoma 1:5) : lorsque le pasouk dit qu'aucun adam n'est autorisé à se trouver dans le Ohel Moed, cela signifie que même aucun ange n'est autorisé à s'y trouver.
[ les anges sont également appelés "adam" dans Yé'hezkel 1,8 et Daniel 10,16 ]
"ché'én lo téchoua" (qui n'ont pas d'aide) = ils ne peuvent pas nous aider parce qu'ils ne ressentent pas notre douleur.

Ainsi, après que Yaakov eut demandé son nom à l'ange, celui-ci répondit : "Pourquoi demandes-tu (tichal) mon nom?". Le mot "tichal" peut être un acronyme pour "adam ché'én lo téchoua".
On ne peut pas demander à un mala'h de nous aider. Seul Hachem le peut.
Le verset dit ensuite : "Vayikra Yaakov chem hamakom" (et Yaakov appela le nom du lieu). Cela signifie qu'il a prié pour "Hamakom", pour Hachem seul.
[ l'endroit" (הַמָּקוֹם) = c'est en fait Hachem (comme nous le récitons dans la Haggada de Pessa'h, dans le passage Barou'h Hamakom) qui est l'Endroit du monde. ]

C'est également le sens du verset : "Achré ché'eél Yaakov bé'ezro" (il est digne d'éloges celui qui est aidé par le D. de Yaakov - Téhilim 146,4).
L'ange a révélé à Yaakov qu'il ne devait chercher de l'aide qu'auprès d'Hachem. Par conséquent, le verset dit que l'on devrait imiter Yaakov et ne chercher de l'aide qu'auprès de Lui.

"Yaakov arriva sain et sauf à la ville de Chékhem"  (vayavo Yaakov chalèm Chékhem - Vayichla'h 33,18)

Le Bnei Yissakhar fait remarquer que les lettres du mot : שלם (chalèm = sain et sauf) sont les initiales :
-> de : שם (chèm = le nom) ;
-> de : לשון (lachon = le langage) ;
-> et de : מלבוש (malbouch = un vêtement).

Yaakov n'a changé ni son nom, ni sa langue, ni ses vêtements, bien qu'il ait habité très longtemps chez Lavan et qu'il ait tissé des liens d'amitié avec Essav.
Malgré tout, il est resté chalem : sain et sauf, parfait.

=> La perfection d'un juif tient à sa fermeté dans sa résolution de ne pas changer ces 3 choses.

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Le midrach (chémot Rabba 1, 28) et le Yalkout (paracha Emor) nous enseignent que ce qui a évité l'assimilation (et qui a sauvé) le peuple juif en Egypte est le fait qu'ils avaient : "gardé leurs noms, leur langue et leurs habitudes vestimentaires".

Ne vous découragez pas à cause d’un échec spirituel

"Si Essav vient au camp et le frappe, le reste du camp sera sauvé" (Vayichla'h 32,9)

-> Le séfer Divré Israël cite son grand-père, le rav Yé'hezkel de Kouzmir, qui enseigne sur ce verset :
Si quelqu'un échoue à un défi spirituel et tombe dans sa avodat Hachem, il ne doit pas s'inquiéter outre mesure ou se laisser aller au désespoir. Le yétser ara veut qu'il abandonne afin de le conduire à d'autres échecs. [il est là avant pour nous faire tomber, et ensuite pour nous attrister, faire rester au sol plutôt que de se relever et continuer à avancer de notre mieux (nous ne sommes pas des anges, la téchouva est là). ]
L'important est de s'inquiéter de l'avenir et de veiller à ce que cela ne se reproduise pas. On doit essayer de s'améliorer en matière de Torah, de téchouva et de joie de vivre.

Le yétser ara est comme les voleurs. Il pousse une personne à trébucher et à commettre un petit péché. Il la pousse ensuite à devenir déprimée et à sombrer dans le désespoir à cause de cette seule faute. Puisqu'elle est si déprimée, elle ne peut pas fonctionner et elle est trop faible pour se garder de commettre de plus en plus fautes. (ex: puisque je suis quelqu'un d'aussi mauvais spirituellement, alors autant que je profite! ; le désespoir nous fait avoir peu d'ambition pour notre spiritualité)
C'est la mauvaise chose à faire. Au contraire, après avoir commis une faute, on doit se renforcer dans la Torah et les mitsvot et se protéger contre les mauvaises actions à l'avenir. Si on ne laisse pas le yétser ara nous éloigner du droit chemin, on s'améliorera à l'avenir et rectifiera la faute que l'on a commise.

C'est ce que nous enseigne ce verset. Le Zohar (Toldot 144b) dit qu'Essav représente le yétser ara.
Yaakov dit que si Essav arrive dans un camp et le frappe, c'est-à-dire si le yétser ara fait trébucher une personne et lui fait transgresser une faute, la personne ne doit pas se désespérer.
Au contraire, "le camp restant sera sauvé", ce qui signifie que l'on doit travailler sur soi-même pour l'avenir avec ce que l'on a encore.
De cette façon, on peut à la fois rectifier le passé et s'améliorer pour l'avenir.

"Essav dit : "J'ai beaucoup". " (Vayichla'h 33,9)

Alors que Yaakov dit : "J'ai tout", Essav ne dit jamais qu'il a "tout.

Tout ce qu'il possède n'est jamais assez et il désire toujours davantage : "Celui qui a une mesure en veut deux". (=> plus on a, plus il nous manque ...)
Yaakov, quant à lui, est satisfait de son sort : ce qu'il a, c'est déjà "tout" et il ne désire pas davantage.
[Rachi : c'est beaucoup plus que ce dont j’ai besoin.]

Dans le même sens, le Rav Eliyahou Lopian avait l'habitude d'expliquer au nom du 'Hafets 'Haïm, les paroles du roi David : "... ceux qui cherchent D. ne manqueront jamais de ce qui est bon." (Téhilim 34,11).
Comment cela se peut-il? Ne voyons-nous pas souvent des êtres vertueux souffrant de la faim et de nombreux tourments?

La réponse est : tout est affaire d'attitude.
Acceptant leur lot sans récrimination ni plainte, ces gens ne sentent aucun manque.

A ceux qui cherchent véritablement D., rien ne fait défaut.

Source (b"h) : compilation issue du "mayana chel Torah" du rav Friedman et du "Talelei Oroth" du rav Rubin

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+ "Ceux qui aspirent à D. ne manquent de rien" (Téhilim 34,11)

-> Le rav Eliyahou Lopian expliquait :
Il n'a jamais été dit que les hommes fidèles à D. possèdent concrètement tout le bien, puisque la réalité prouve quotidiennement que la plupart d'entre eux n'ont effectivement pas de grandes richesses ... Cependant, selon les Téhilim, ces hommes ne manquent d'aucun bien, car ils savent se satisfaire de leur condition.

C'est en ce sens que le roi Salomon dit (Michlé) :
- "Le tsadik mange et apaise sa faim ..." = c'est-à-dire qu'il se rassasie de ce qu'il possède.
[ Selon la définition des Pirké Avot (1,4) : "Quel est l'homme qui est riche? Celui qui est heureux de ce qu'il possède".
"L'homme est tenu de bénir D. pour le mal [qui le frappe], de la même manière qu'il Le bénit pour le bien" (michna Béra'hot 9,5) = selon rabbi Shmelké de Nikolsbourg, il s'agit d'éprouver un tel contentement de son sort, au point de ne plus voir la difficulté que renferment les épreuves (je suis dans les mains de papa Hachem tout ne peut être que pour mon bien!). ]

- alors que : "... le ventre des réchaïm leur fait défaut" = comme s'il leur manquait un second ventre pour combler leur désir.
Même lorsque toutes leurs convoitises sont comblées, ces hommes restent à jamais insatisfaits, car il leur manquera toujours un "ventre" pour jouir davantage.

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-> Le rav Wolbe (Alé Chour) enseigne que : cela renferme une leçon essentielle pour tout homme intègre dans ses aspirations spirituelles : ne jamais laisser les excès matériels prendre place dans son foyer, afin que ses objectifs ne soient jamais de posséder "beaucoup", mais seulement d'avoir absolument "tout", car ce "tout" signifie vivre à proximité de Hachem, se rapprocher toujours plus de Son Créateur.

"J'ai habité avec Lavan" (Vayichla'h 32,4)

-> Rachi d'expliquer ces paroles de Yaakov : "Et j'ai observé les 613 commandements sans apprendre de ses mauvaises actions."

-> Le rabbi Méir Shapiro de Lublin de dire que Yaakov se plaint intérieurement :
J'ai certes observé les 613 commandements, mais je n'ai pas appris de Lavan à accomplir les mitsvot avec un enthousiasme semblables au sien lorsqu'il commet ses mauvaises actions.

-> On a demandé un jour au 'Hidouchei haRim : "Pourquoi les réchaïm réussissent si bien dans leurs mauvaises voies? Le mensonge ne devrait pas pouvoir exister!"

Il a répondu : "Les réchaïm agissent certes pour le mensonge, mais ils le font avec conviction.
Les bnei Israël, accomplissant les mitsvot, agissent certes pour la vérité mais ils ne le font pas avec toute l'ardeur voulue ..."

 

Source (b"h) : le "mayana chel Torah" du rav Friedman

Lorsque Yaakov questionna l’ange pour connaître son identité, l’ange lui répondit : " Pourquoi demandes-tu mon nom ? " (Vayichla’h 32,29)

Quel en est le sens ?

Le Or Yahel de répondre que l’ange a vraiment répondu à Yaakov au sujet de son identité et que son nom est bel et bien : "Pourquoi demandes-tu mon nom" (lama zé tich'al lichmi).
Mais comment est-il possible de porter un nom pareil ?

Le nom de chaque chose en hébreu reflète son essence, et l’ange d’Essav qui n’est autre que le yétser ara (mauvais penchant) a voulu révéler à Yaakov une facette essentielle de sa personnalité : son nom est "pourquoi demandes-tu mon nom", c’est-à-dire pourquoi cherches-tu à connaître mon essence, je n’en ai pas !!

En effet, il n’y a rien derrière tout ce que le yétser ara propose : aucune essence, aucun contenu, rien à demander, rien à espérer.

Toute sa force d’attraction réside dans le pouvoir d’illusion qu’il exerce en trompant l’homme et en lui faisant croire qu’il arrivera à des choses extraordinaires en suivant ses voies.
Il utilise des projections dans notre esprit : promesses, illusions, désirs, … afin que l’on suive ses conseils, alors qu’en réalité tous ses sujets sont vains et illusoires.

Nos Sages le comparent à une personne ayant sa main fermée et attirant autrui en faisant croire qu'il y a un trésor dedans, mais une fois qu'il ouvre sa main, on aperçoit que depuis le début elle était vide.
De même, le yétser ara nous vend du vide pour du rêve ....

Rabbi Na'hman de Breslev explique les manœuvres du mauvais penchant : Sa ruse consiste à ne pas dévoiler ce qu'il a en main. Cette dissimulation entraîne que chacun croit qu'il a en main la chose même dont lui a besoin, c'est pourquoi beaucoup de gens courent après lui et se soumettent à lui. Mais quand le mauvais penchant ouvre la min, tout le monde voit qu'il n'y avait rien dedans.

"Pourquoi demandes-tu mon nom?" = la force du mauvais penchant existe tant qu'il se trouve caché et tant qu'il n'a pas révélé son nom. Si on lui demande son nom, et qu'il révèle ses secrets et sa nature, sa force diminue immédiatement, c'est pourquoi il se cache toujours.
[nos Sages nous demandent de prendre toujours avant d'agir de s'interroger : qu'est-ce que je gagne, qu'est-ce que je perds? Quelle est la volonté de D.?
En effet, c'est seulement ainsi que nous pouvons vivre dans LA Vérité, et non dans celle vendue par le yétser ara.]

-> Afin de sortir de l’obscurité et éviter d’être victime du yétser ara, il faut éclairer son chemin à la lumière de la Torah et de sa réflexion, pour ainsi faire échouer les plans du yétser ara.
[D. nous disant le secret pour s'en sortir : "J’ai créé le pendant au mal, et j’ai créé la Torah comme antidote" - Barati yétser ara oubarati lo Torah tavline ]

-> Rabbi Yéhouda Leib 'Hasman enseigne :
Les désirs de ce monde ne sont qu'imaginations trompeuses qui induisent l'homme en erreur. Tant que les hommes marchent dans l'obscurité, ils jouissent de plaisirs imaginaires.
Mais quand la lumière de l'intellect s'allume en eux, ils voient clairement que c'était un mensonge, sans aucune réalité, et que c'est seulement l'imagination qui les a fait errer jusqu'à présent.
Dans l'intériorité de l'homme, il sent que les désirs sont vanité, et n'ont aucune réalité. Mais quand le désir l'attaque, il l'aveugle, c'est pourquoi il se représente en imagination la douceur du désir.
Pourtant une fois qu'il a accompli son désir et qu'il est passé de l'imagination à la réalité, il voit par son intelligence l'amère réalité et il est rempli de regret.

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-> Sur ce même sujet, le Néfech Yéhoudi rapporte :
Lorsque D. créa le monde, il voulut que l’homme acquière des mérites, et pour cela il plaça en lui le yétser atov (bon penchant) et le yétser ara (mauvais penchant).

Si D. leur avait ouvert à chacun une boutique, il aurait agencé le magasin du Bien avec de jolies couleurs, une odeur agréable, de la belles marchandises à petits prix, des crédits à long terme sans intérêt et un vendeur toujours souriant.

Le magasin du Mal serait sombre, dégageant une mauvaise odeur, où un vendeur peu accueillant leur proposerait des marchandises horribles qu’il faudrait payer comptant.

Bien sûr, le Mal irait se plaindre au Créateur : "Personne ne veut entrer dans ma boutique !! "

=> C’est pour cela que D. fit l’agencement des 2 boutiques différemment, sans en changer aucunement le contenu.
Il donna au Mal une devanture plus attirante, plus voyante, et au Bien une apparence plus sobre et plus discrète.
Le Mal est en apparence plus attirant que le Bien, c’est là sa seule arme.

[Pour que le libre arbitre puisse réellement exister, il faut que le bien et le mal soient à nos yeux aussi attrayant l'un que l'autre ... ]

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"Laissez un intervalle entre un troupeau et l'autre" (Vayichla'h 32,17)

-> Rachi : mettez de l’espace/intervalle : Entre un troupeau et l’autre, aussi loin que puisse porter le regard, afin de satisfaire l’œil de cet impie et de l’impressionner par l’importance du cadeau.

-> Le rav Yé'hezkel Levenstein en déduit un principe important dans le service Divin.
Qu'est-ce qui a rassasié la cupidité de ce racha?

Rien! Simplement du vide.
Or, c'est exactement en cela que consistent les désirs de ce monde : ils ne sont que purs artifices, n'ayant aucune consistance.

C'est peut être pourquoi nous avons l'habitude de mettre les mains sur les yeux lorsque nous récitons le Shéma, afin de prendre conscience du fait que seule la foi en D. est authentique et que tout ce que nous voyons n'est qu'une réalité éphémère et inconsistante, une matière faite de vide et trompeuse.

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-> Yaakov pria : "Maître de l'univers, j'ai laissé un espace entre chaque troupeau. Quand mes descendants seront en exil, laisse un espace entre leurs persécutions. Fasse qu'elles ne s'abattent pas sur eux en même temps, mais qu'elles se produisent les unes après les autres, de façon à ce qu'ils puissent se remettre et survivre après chaque persécution."

Quand Yaakov vit au loin Essav, il se lamenta et implora D. qu'il sauve ses enfants lorsqu'ils seront soumis à leur amer et long exil.
[Méam Loez - Vayichla'h 32,17]

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+ "Il prit ce qu'il avait sous la main comme cadeau pour son frère Essav" (Vayichla'h 32,14)

=> Pourquoi Yaakov a-t-il envoyé à son frère un si beau cadeau : 200 chèvres, 20 boucs, ...?

Rabbi Yaakov 'Haïm Sofer (dans son "Yichma'h Israël") répond que c'est parce que les 400 hommes, Essav les avait certainement payés, ou leur avait dit : "Nous allons tuer Yaakov et prendre son argent, et nous partagerons".

Par conséquent, ce serait difficile pour Essav de faire la paix avec lui, parce qu'il devrait payer les 400 hommes qu'il avait amenés. Mais maintenant, quand il aurait reçu ce cadeau, il pourrait s'en servir pour les payer, et de cette façon cela rapprocherait la paix.

[c'est une grande leçon pour nous : à quel point nous devons nous mettre pleinement à la place d'autrui afin de parvenir à une paix avec lui! (lui évitant par exemple tout sentiment de honte, d'orgueil blessé, ...)]

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-> b'h, voir également le passage sur ce verset (hichtadlout superflue) : https://todahm.com/2019/10/02/10637-2

"Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère ... il leur donna cet ordre : Vous direz ainsi à mon maître, à Essav. Ainsi parle Yaakov : J'ai vécu avec Lavan et j'ai survécu jusqu'à présent." (Vayichla'h 32,4-5)

-> Le séfer Akh Pri Tévoua explique le récit du message de Yaakov à Essav en citant le Baal ha'Akéda, qui dit qu'il y a 3 types de personnes.
Il s'agit de :
1°/ les tsadikim complets qui ne peuvent être blessés par aucun homme.
A titre d'exemple, nos Sages (guémara 'Houlin 7a) rapportent que rav 'Hanina ne pouvait être bléssé grâce à ses nombreux mérites. Les tsadikim de ce calibre n'ont pas besoin de déployer leurs propres efforts.

2°/ les personnes qui doivent faire leur propre hichtadlout pour qu'Hachem les aide. En ce qui concerne ces personnes, nos Sages (Sifri - paracha Pin'has) disent qu'elles ne peuvent pas rester assises et ne rien faire, mais qu'Hachem bénira tout ce qu'elles feront (Réé 15,18).

3°/ les personnes qui ne seront pas aidées, quelle que soit la quantité d'hichtadlout qu'elles font. Les décrets célestes ont déjà été émis contre eux et ils sont impuissants à les arrêter.

Chaque individu doit se considérer comme un "bénoni", une personne de niveau moyen. Par conséquent, il doit faire sa propre hichtadlout et il peut ensuite faire confiance à Hachem pour l'aider.

Yaakov envoie un message à Essav pour lui dire qu'il a vécu avec Lavan et qu'il possède des bœufs et des ânes. Il dit qu'il a agi comme un bénoni et qu'il s'est engagé dans la hichtadlout pour gagner sa vie.
Il dit ensuite qu'il envoie ce message à Essav afin de trouver grâce à ses yeux.
Il dit ainsi qu'il continuait à faire hichtadlout pour se sauver d'Essav. Cependant, il a précisé que, bien qu'il ait fait hichtadlout, il avait pleinement confiance en Hachem et n'avait donc pas peur de lui.
Il se préparait seulement à combattre Essav par besoin de faire hichtadlout, mais il était confiant qu'Hachem l'aiderait à la fin.

La Soucca représente le bita’hon

"Yaakov se rendit à Souccot et se construisit une maison ... C'est pourquoi il appela le lieu Souccot" (Vayichla'h 33,17)

-> Nous pouvons nous demander pourquoi Yaakov a appelé l'endroit "Souccot" d'après les cabanes qu'il a construites pour son bétail. Pourquoi ne l'a-t-il pas plutôt appelé "Bayit", d'après les maisons qu'il a construites pour lui et sa famille, ce qui semblerait plus approprié?

Le séfer Béérot haMayim explique qu'une "soucca" symbolise le bita'hon. Lorsque quelqu'un s'assoit dans une soucca, il montre à tous qu'il n'a peur d'aucun homme. Il est assis en toute sécurité, protégé seulement par quatre murs minces, parce qu'il a confiance en Hachem pour le protéger.
En revanche, quelqu'un qui n'a pas de bita'hon craindrait les hommes et se cacherait derrière des murs fortifiés.

Par conséquent, lorsque le verset dit que Yaakov s'est rendu à Souccot, cela signifie que ses voyages ont pour but de nous enseigner comment avoir du bita'hon.
Il est ensuite dit : "vayiven lo bayit" (il construisit une maison).
Le mot "vayiven" peut être traduit par "compréhension" (havana), et le mot "bayit" peut être compris comme se référant à l'essence intérieure d'une personne.
Ainsi, le verset dit qu'il est parvenu à comprendre comment implanter le bita'hon en lui-même.

Il est ensuite dit qu'il a fait des succot pour son bétail. Cela signifie qu'il a également enseigné le concept de bita'hon à ses serviteurs et à ses biens. Le mot "bita'hon" a pour racine "tikcha" (coller). Cela indique que celui qui a du bita'hon se connecte et s'accroche à Hachem.
Ainsi, lorsque le verset conclut qu'il a appelé "le lieu" (hamakom) Souccot, cela signifie qu'il a appelé l'omniprésent, c'est-à-dire Hachem, par le nom de "Souccot".
Il a donné à Hachem un nom qui représente le bita'hon, car lorsque l'on a du bita'hon, on se connecte vraiment à Hachem.

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-> Le rav Ména'hem Mendel de Rimanov explique que lorsqu'il est dit "il appela l'endroit Souccot", la signification est qu'il appela l'endroit à partir duquel les prières sont acceptées par ce nom, qui représente le bita'hon, parce que celui qui a du bita'hon est capable de faire la prière et de se connecter à Hachem.

Lorsque le fardeau de la vie devient trop lourd

+ Lorsque le fardeau de la vie devient trop lourd :

-> Yaakov demande à Hachem de le protéger contre Essav en rappelant la promesse d'Hachem : "Je te ferai assurément du bien" (hétev étiv ima'h - Vayichla'h 32,13)
Cependant, il précède cela en proclamant : "Je ne suis pas digne de Ta bonté" (katonti mikol ha'hassadim - Vayichla'h 32,111) et selon Rachi (katonti) : j'ai peut être perdu le mérite de Ta protection à cause de mes fautes".
Pourquoi Yaakov a-t-il considéré qu'il s'agissait là d'une prière impérieuse? Bien qu'il se souvienne de l'engagement d'Hachem à le protéger, il admet qu'il ne le mérite peut-être pas. Cela signifie que même avec la promesse, il n'en est pas digne. Qu'espère-t-il obtenir en faisant cette remarque?

Toutes les douleurs ne sont pas égales. Parfois, nous souffrons, mais nous pouvons nous en sortir.
Malgré la difficulté, nous pouvons trouver la force et vivre au jour le jour, même en souffrant.

Il y a d'autres moments, cependant, où les choses semblent impossibles. Notre douleur est si intense que nous n'arrivons pas à comprendre comment nous nous en sortons. Lorsque le quotidien semble intolérable et la souffrance écrasante, la difficulté de vivre atteint un tout autre niveau.
Nous avons l'impression qu'Hachem nous a abandonnés et que nous sommes seuls avec notre fardeau. Nous n'avons parfois aucun moyen d'expliquer comment nous pouvons survivre.

Pourtant, il y a une explication. L'explication, c'est qu'Hachem nous porte.
Dans ces moments-là, lorsque la douleur est insupportable, la seule façon d'expliquer notre survie est qu'Hachem nous tient debout. Le sentiment d'impossibilité peut être exact. Nous ne pouvons pas y arriver seuls. La seule façon de continuer est qu'Hachem nous soutient.

Hachem est avec nous dans la souffrance. Cependant, lorsque la douleur devient intolérable, il n'est pas seulement avec nous, il la porte avec nous.
Il partage notre fardeau parce qu'il est trop lourd pour que nous puissions le porter seuls.

Yaakov disait à Hachem : "Même si je ne suis pas digne d'être sauvé de mes souffrances (katonti), sauve-moi pour Ton honneur. Tu es avec moi dans ma douleur (hétev étiv ima'h), et Tu portes ma douleur avec moi. S'il est vrai que je ne mérite pas d'être sauvé, pourquoi dois-Tu porter mon fardeau?
Dans les moments où le fardeau de la vie nous semble trop lourd, le fait que nous nous en sortions, même si c'est à peine, signifie que quelqu'un d'autre (Hachem) nous aide. Savoir cela peut nous donner de la force".
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Vayichla'h 5701 (1940)]

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=> Lorsque le paquet de la vie est trop lourd, le fait même que nous le portions encore est la preuve qu'Hachem le porte avec nous.