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Les 3 Aronot

+++ Les 3 Aronot :

"Tu la (l'Arche [l'Aron] du Michkan) recouvriras d'or pur, à l'intérieur et à l'extérieur tu la recouvriras puis tu feras sur le haut une couronne d'or tout autour" (Térouma 25,11)

-> Rachi commente que Bétsalel a fabriqué 3 Aronot : 2 en or et un en bois, et que ce dernier a été placé à l'intérieur des autres.

-> Le Maharal (Gour Aryé) enseigne :
Les 3 Aronot symbolisent les 3 parties de la Torah : la Torah révélée et les deux catégories de Torah cachée. Une catégorie de Torah cachée est accessible aux érudits de la Torah après beaucoup d'efforts, tandis que la seconde catégorie est plus inaccessible et cachée à tous, même à Moché.

Les 3 Aronot correspondent à ces 3 niveaux de Torah.
L'Aron extérieur, visible par tous, correspond à la partie révélée de la Torah.
L'Aron intérieur, caché à la vue et visible uniquement de l'intérieur, correspond à la Torah cachée à l'œil mais accessible aux érudits de la Torah.
Enfin, l'Aron central, intercalé entre les 2 autres Aronot et complètement caché, correspond au 50e niveau de sagesse. Cette sagesse est hors de portée des plus grands érudits de la Torah.

La Torah comprend 50 niveaux de sagesse. 49 de ces niveaux sont à la portée de l'homme, mais le 50e niveau est hors de portée des êtres mortels.
Nos Sages (guémara Roch Hachana 21b) proclament : "50 portes de la compréhension ont été créées dans le monde, et toutes ont été données à Moché sur le Sinaï, à l'exception d'une seule".
Les 49 niveaux de sagesse (7 multipliés par 7) qui sont à notre portée correspondent aux 7 jours qu'il a fallu pour créer le monde naturel.
Le 50e niveau de sagesse est le 8e domaine qui se situe au-delà des 7 jours de la création. Il correspond donc au surnaturel et dépasse les mortels de ce monde.
Les 49 niveaux de sagesse qui sont dans notre sphère de compréhension relèvent des deux premières catégories de la Torah, qui nous sont accessibles dans ce monde.
Le 50e niveau de sagesse relève de la 3e catégorie de la Torah, inaccessible même aux plus grands érudits de la Torah.

Les 3 téroumot

+++ Les 3 téroumot :

"Parle aux Bné Israël et qu'ils prennent pour Moi un prélèvement (térouma), de tout homme que son coeur motivera vous prendrez Mon prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi, au nom des Sages, note que 3 téroumot sont mentionnés dans la Torah : la térouma d'une béka par tête qui était utilisé pour les piliers/socles d'argent (du Michkan - Pékoudé 38,26-27), une béka par tête déposé dans les troncs pour l’achat des sacrifices collectifs, et la térouma pour la construction du Michkan.

-> Le Maharal (Gour Aryé) enseigne :
Ces 3 téroumot sont allusion dans notre verset (25,2), car ils expient tous les trois la faute du Veau d'or.
Le Veau d'or englobait les 3 composantes principales de l'être humain : l'âme, le corps et les biens matériels. (Les biens font partie intégrante de la personne puisqu'ils lui permettent de subvenir à ses besoins). Ainsi, les trois téroumot expient ces trois composantes de la faute.

Le Veau d'or a commencé par une faute de l'âme : la croyance hérétique que le Veau était une puissance indépendante.
Il s'est poursuivi par une faute de leurs possessions matérielles, lorsqu'ils ont collecté l'or de la nation pour le fabriquer.
Enfin, ils ont péché avec leur corps lorsqu'ils ont fait un effort physique pour apporter des sacrifices au Veau.

Chacune des 3 téroumot expie l'un de ces composants.
Le demi-shekel donné pour l'achat des sacrifices publics expiait leur croyance hérétique dans le Veau en tant que puissance indépendante. La Torah précise que les sacrifices publics sont une "expiation pour l'âme", c'est-à-dire qu'ils expient les croyances hérétiques, qui sont des fautes de l'âme.
La contribution d'un demi-shekel pour l'achat des piliers, qui soutenaient le Michkan, expiait la faute du corps, c'est-à-dire l'effort physique nécessaire pour apporter les sacrifices au Veau. En effet, les piliers servaient de base au Michkan, de la même manière que le corps sert de contenant à l'âme.
Seule la moitié d'un shekel a été donnée parce que le corps et l'âme sont les deux moitiés d'un tout, l'un ne pouvant exister sans l'autre. En effet, le corps et l'âme ont chacun la moitié de la responsabilité des fautesd'une personne et, par conséquent, une moitié de pièce expie pour chacun d'eux.

Un demi-shekel est égal à 10 guéra (une petite pièce de monnaie), ce qui correspond aux 10 composantes physiques/matérielles et spirituelles d'une personne.
Nos Sages (guémara Nidda 31a) racontent qu'il y a trois partenaires dans la formation d'une personne : Hachem, le père et la mère. Le père apporte à l'enfant les nerfs, les ongles, la cervelle et le blanc de l'œil, et la mère émet une graine rouge à partir de laquelle est formée la peau, la chair, le sang, les cheveux et le noir de l'œil.
Les 10 guéra données pour les piliers du Michkan expient ces 10 composantes physiques.

Une personne est également constituée de 10 composantes spirituelles qu'elle reçoit directement d'Hachem. [selon cette même guémara, il s'agit de l'esprit, de l'âme (néchama), des caractéristiques faciales, de l'ouïe, de la vue, de la parole, de la capacité à marcher, de la connaissance (dea), de la compréhension (bina) et de la capacité intellectuelle (haskel). ]
Les 10 guéra données pour l'achat des sacrifices publics expient ces 10 composantes spirituelles.

La 3e térouma mentionnée est l'argent que la nation a contribué à la construction du Michkan. Elle expie la 3e composante de la faute : leur contribution financière à la fabrication du Veau.
Cette térouma était volontaire, mais pas dans le sens où l'on pouvait choisir de ne pas donner du tout, après tout, cette expiation n'était pas moins importante que les autres expiations. Elle était plutôt volontaire dans le sens où chaque personne pouvait donner le montant de son choix pour tenir compte de la disparité des richesses parmi le peuple.
Les riches ne parvenaient à l'expiation qu'en contribuant davantage au Michkan, car il était important que leur sacrifice financier soit égal à celui de leurs frères appauvris.
Néanmoins, la Torah n'a pas imposé un pourcentage fixe de la richesse de chacun, mais plutôt que chacun donne selon la générosité de son cœur. En effet, une personne riche et frugale qui n'est pas satisfaite de son sort est considérée comme un pauvre, comme l'indique la Michna (Pirké Avot 4,1) : "Qui est riche? Celui qui est heureux de son sort".
Ainsi, une petite contribution de la part d'un avare est un sacrifice monétaire important et lui apporte l'expiation.
Inversement, un pauvre heureux de son sort est considéré comme riche et doit donner un plus grand pourcentage de sa richesse pour obtenir l'expiation.

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=> Ce verset fait allusion à 3 téroumot, car 3 téroumot étaient nécessaires pour expier la faute du Veau d'or : les fautes du corps, de l'âme et des possessions.
La nation a reçu l'expiation pour l'intellect en donnant une térouma pour les sacrifices, l'expiation pour le corps en contribuant à l'achat des piliers, et l'expiation pour ses biens en contribuant à la construction du Michkan.

"Tu placeras... la Ménora face à la table, sur le côté sud" (Térouma 26,35)

=> Pourquoi la Torah trouve-t-elle nécessaire de créer un lien entre la Ménora et la table? Pourquoi ne se contente-t-elle pas d'indiquer simplement l'emplacement de la Ménora, en disant : "Tu placeras la Ménora sur le côté sud"?

En fait nos Sages nous apprennent que la Ménora est le vecteur de la sagesse, alors que la Table est celui de la richesse.
Ainsi, l'homme qui s'investit dans ses occupations matérielles et s'attelle à s'enrichir, pourrait penser que dans le temps qu'il consacre à son travail, il peut suspendre momentanément son lien avec la Torah. Pendant la temps du travail, il est au travail. Quand viendra le temps de s'occuper de ses devoirs religieux, il s'y consacrera alors. Il y a un temps pour tout.
Aussi, pour éviter cet écueil, la Torah prend soin de nous apprendre que la Ménora devait être placée face à la table. La sagesse de la Torah ne doit pas rayonner que dans les moments réservés à la spiritualité. Elle a aussi pour vocation d'éclairer l'homme même dans le temps où il se consacre à ses occupations matérielles. Le Service Divin est une affaire à temps plein. Chaque activité du juif devrait être dirigée selon la Volonté Divine.

Cela s'exprime tout d'abord par le fait qu'il devra veiller à respecter toutes les lois relatives au travail. Les lois liées à l'honnêteté (s'éloigner de tout vol ou mensonge), ainsi que les lois relatives au respect d'autrui, que l'on devra s'efforcer de préserver même en matière de commerce. Le fait de chercher à s'enrichir ne permet en rien de manquer de respect à son prochain d'une quelconque façon que ce soit.
Également, on oubliera pas les lois de bienfaisance, en réservant une part de notre salaire pour la charité.
Il devra aussi être éclairé de la lumière de la sagesse de la Torah pendant son temps de travail. Dès que cela lui sera possible, il cherchera toute occasion pour étudier un texte de Torah, ou même y méditer pendant qu'il s'affaire à son travail. L'un n'empêche pas l'autre. C'est d'ailleurs le sens de la Michna : "Belle est la Torah avec un métier". La Torah étant évidemment prioritaire sur le métier, on se serait plutôt attendu à entendre : "Beau est le métier avec la Torah", positionnant par là la Torah comme la base!
Mais nos Maîtres ont voulu suggéré que non seulement l'étude de la Torah est importante pendant les moments réservés à l'étude. Mais qu'en plus, cet étude est ô combien belle quand elle est réalisée "avec un métier", c'est-à-dire au moment même où on est occupé par sa profession. Même dans ce moment, on tâchera de rester connecté avec la Torah.
Si un homme se comporte ainsi et éclaire ses occupations matérielles par la lumière de la Torah, cela attirera vers lui la Bénédiction Divine, Qui lui accordera la réussite dans ses affaires.
[rav Mikaël Mouyal]

"Dis aux Bné Israël : Qu’ils prennent pour Moi une Offrande" (vayikrou li térouma - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2)

=> Quel est le sens de ces mots?

On peut citer :

1°/ Nos Sages affirment que chaque fois que D. prononce dans la Torah le mot "Li" (לִי - pour Moi), cela constitue une promesse éternelle, valable aux temps présents et aux temps Messianiques.
Ainsi, les éléments suivants ont-ils le privilège de l’éternité (midrach Tan’houma) :
a) Les Cohanim : "Ils seront des prêtres pour Moi" (Chémot 40,15).
b) Les Léviim : "Les Léviim seront à Moi" (Bamidbar 8,14).
c) Le peuple juif : "C’est à Moi qu’appartiennent les Bné Israël" (Vayikra 25,55).
d) Le Sanhédrin : "Rassemble pour Moi soixante-dix hommes parmi les anciens" (Bamidbar 11,16).
e) La terre d’Israël : "Car la Terre est à Moi" (Chémot 19,5).
f) Jérusalem : "C’est la ville que J’ai choisie pour Moi" (Mélah'im I 11,36).
g) La Royauté de David : "Car c’est un de ses fils qui sera roi pour Moi" (Chmouël I 16,1).
h) Le Temple : "Ils construiront pour Moi un Sanctuaire" (Chémot 25,8).

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2°/ Rachi commente les mots "pour Moi" : "li lichmi" (לִי לשְִׁמיִ - Pour moi), à Mon intention (pour Mon Nom).

3°/ "L’intention (la kavana) d’accomplir le Commandement uniquement parce que c’est la Volonté de D., pour Mon Nom, est supérieure à toutes les intentions, aussi profondes soient-elles".
[‘Hidouché haRim].

4°/ "Généralement, l’argent est quelque chose de bas mais si on le donne dans un but important (‘pour Mon Nom’), il s’élève à un niveau supérieur. Nos Sages disent : ‘Prendre signifie soulever (ou élever)’, et c’est pourquoi le verset emploie le mot : ‘Qu’ils prennent [qu’ils élèvent] pour Moi une Offrande’ et non : ‘Qu’ils me donnent une Offrande’» [Si’hot Tsaddikim].

5°/ Le Sfat Emet commentait ainsi le verset : "A Moi est l’argent, à Moi est l’Or, dit Hachem Tsévaot" (‘Hagaï 2,8) : "Hachem a-t-il besoin de se vanter que l’argent et l’or Lui appartiennent? Qu’est-ce qui ne Lui appartient pas?
En fait, Hachem enseigne au peuple juif que sa mission consiste à faire que l’argent et l’or soient ‘à Moi’, c’est-à-dire à les élever à D. par l’accomplissement des Commandements."

6°/ La lettre "Lamed" est la plus grande lettre de l’alphabet hébraïque ; elle symbolise l’immensité du ciel, tant sur le plan physique mais surtout dans sa dimension métaphysique : le monde spirituel du divin.
La lettre "Youd" est la plus petite lettre de l’alphabet ; elle symbolise la petitesse de la terre au regard de l’univers mais aussi la dimension limitée de l’homme.
La construction du Sanctuaire pour Hachem (Li - לִי – pour Moi) consiste à "marier" ces deux "Mondes" pour révéler l’unicité de D. dans Sa Création.
L’homme, de par sa nature, constitué à la fois d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, est le mieux à même à réaliser un tel projet.
[d'après le Ben Ich ‘Haï]

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-> "Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que ces offrandes que les Juifs devaient apporter pour la fabrication du Michkan devaient être offertes "pour Moi", c'est a dire "pour Mon Nom", à savoir épuré de tout intérêt personnel. Uniquement dans le but et l'intention de faire résider la Présence d'Hachem parmi eux.

Parfois il arrive que l'on accomplisse une mitsva avec un certain intérêt personnel, dans l'espoir de récolter une récompense, une réussite que l'on attend. Ce peut être dans l'intérêt de réussir dans une affaire, ou encore de recevoir de la reconnaissance des autres, ou même parce qu'on y trouve son compte, cette mitsva nous paraissant plus motivante.
Bien que dans tous ces cas, la mitsva restera valable, acceptée par Hachem et on s'en sera acquitté. Malgré tout, elle n'aura pas la force d'attirer la Présence Divine de façon dévoilée dans le monde. Le seul moyen de construire un Sanctuaire où la Présence Divine y sera ostensible, c'est d'accomplir Ses mitsvot "lichma" uniquement pour réaliser Sa Volonté et pas parce qu'on y trouve la sienne.
Quand un homme se soumet à Hachem en accomplissant Ses mitsvot, il plie par cela son "moi", qui ne fait donc plus écran au dévoilement d'Hachem. Certes ce travail est difficile, car il demande un certain renoncement de sa volonté en faveur de celle d'Hachem. Mais c'est ainsi que l'on méritera en contrepartie de ce sacrifice, d'attirer la sainteté Divine dans son coeur.
Ce qui nous permettra de ressentir Sa Proximité dans nos vies. Et il n'y a rien de plus agréable que de sentir Son coeur s'ouvrir et se rapprocher d'Hachem. C'est ainsi qu'après coup, on se rendra compte qu'en vérité, le sacrifice que l'on a fait, de renoncer à sa volonté en faveur de la Sienne, a bien valu le coût.
Le plaisir de se sentir plus proche d'Hachem dépasse de loin tous les intérêts que l'on aurait souhaité obtenir dans l'accomplissement de la mitsva. Ainsi, pour fabriquer un Sanctuaire, pour attirer la Présence Divine parmi nous, et la ressentir dans nos coeurs, les offrandes devaient être apporter "pour Hachem", en renonçant à son intérêt personnel.
C'est uniquement cet effort qu'Hachem attend de nous. Tout le reste est entre Ses Mains, de nous renvoyer en échange Ses Bénédictions, qui découleront naturellement du fait qu'Il résidera parmi nous.
[rav Mikaël Mouyal]

"Tu feras des planches pour le Tabernacle en bois de Chittim, posées debout." (Térouma 26,15)

-> La Torah protège les arbres fruitiers, elle interdit donc de les abattre et de les couper.
Le midrach en témoigne :
"Pourquoi est-il dit pour la construction du Tabernacle : "en bois de Chittim"?
D. a enseigné à toutes les générations la conduite appropriée.
Si un homme demande à construire sa maison à partir du bois d'un arbre fruitier, on lui dit : Et qu'en est-il du Roi des rois, à qui tout appartient, lorsqu'Il demanda qu'on lui fasse un Tabernacle, Il dit : Tu ne m'apporteras que du bois provenant d'un arbre qui ne donne pas de fruits, et quand à vous (pour la construction de vos propres demeures) à plus forte raison!
(Vous ne tirerez pas profit d'un arbre porteur de fruits)."

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-> "en bois de Chittim, posées debout"
Le midrash explique que les termes : "posées debout" (om'dim) signifient que ce bois de Chittim "sera posé pour toujours”. Que signifie cela?

En fait, quand un arbre produit des fruits, bien que l’arbre soit du végétal, quand l’homme consomme ces fruits, le végétal s’élève au rang humain.
En revanche, un arbre qui ne produit pas de fruits, comme l’arbre de Chittim (l'acacia), ne pourra jamais s’élever au rang humain, car l’homme ne peut pas en manger. Il est donc condamné à rester uniquement végétal.
Ainsi "ce bois de Chittim "sera posé pour toujours” = il se maintiendra au rang d’arbre, appartenant au règne végétal, pour toujours.

=> C’est pourquoi, pour élever le bois de Chittim malgré tout, la Torah a choisi de l’utiliser dans la fabrication du Michkan, lieu saint et réservé au service d’Hachem, ce qui permet néanmoins de l’élever.
[Ktav Sofer]

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"Ils feront une Arche en bois de Chittim" (Térouma 25,10)

-> Il s’agit de l’Arche (le Aron) qui allait contenir les Tables de la loi. Elle devait être conçue en bois de Chittim.
Pourquoi ce bois en particulier?

Le midrach explique que la ville de Chittim favorisait la perversion et la débauche, et d'ailleurs c'est dans cette ville que le peuple d’Israël se débaucha ("Israël s'établit à Chittim et le peuple commença à se livrer à la débauche" - fin paracha Balak v.25,1).
Nos Sages (guémara Kiddoushin 30b) rapportent les paroles de Hachem : "J’ai créé le yétser ara et J’ai créé la Torah comme antidote/remède".
Par son étude, un homme peut sublimer et orienter ses pulsions de la débauche vers la sainteté.

=> C’est pourquoi l’Arche sainte était faite avec du bois de Chittim, car par la Torah contenue dans cette Arche, on pouvait apporter réparation aux penchants de la débauche, renforcés dans la ville de Chittim.
[Séfer Assoufat Maara'hot]

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-> Le Avné Ezel explique que le cèdre symbolise la dureté et la rigidité. L'homme qui ne sait pas se plier ni s'adoucir est comparé au cèdre. Selon l'expression de nos Sages (guémara Taanit 20a) : "L'homme doit toujours être souple comme un roseau, et pas dur et rigide comme le cèdre".
Ainsi, de façon générale, le cèdre et sa symbolique ne devraient pas avoir de place dans nos vies, car l'attitude à adopter par excellence est l'humilité et la souplesse.
Malgré tout, en ce qui concerne les affaires sacrées, il convient de savoir utiliser la rigidité au bon moment. En effet, si on constate que dans une certaine situation l'honneur de la Torah ou des Sages sont bafoués, ou encore que la pratique du judaïsme est remise en cause, alors il faudra s'armer de force et mener la guerre pour restaurer l'Honneur d'Hachem.
Et là, on ne devra se plier devant personne, ni ne se laisser impressionner par les oppositions ou les moqueries de son entourage.

=> C'est ainsi que le cèdre doit avoir effectivement sa place dans le Michkan, c'est à dire dans les affaires liées au sacré.

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-> A ce sujet, le Méam Loez (Térouma 25,3-7) nous enseigne :
La plupart des choses créées sont éphémères : elles pourrissent et disparaissent.
Par contre, le bois de cèdre est très durable et n'est pas utilisé par l'homme.
De même, l'or, l'argent et les pierres précieuses qui sont eux aussi impérissables ne conviennent pas à de simples mortels. Ils ne furent créés que pour être utilisés dans le Michkan, et plus tard dans le Temple.

Il existe 24 variétés de cèdres dont 7 sont de grande valeur.
L'une de ces 7 espèces est l'arbre de chittim utilisé pour le Michkan.
Hachem préféra le chittim aux 6 autres, pourtant de meilleure qualité, pour nous enseigner une leçon : si l'on veut construire une maison, il ne faut pas utiliser le bois d'arbres fruitiers même s'ils produisent des fruits comestibles.
Si les fruits sont comestibles, cela est de toute façon interdit par le commandement de la Torah de ne pas détruire les arbres (bal tach'hit - Dévarim 20,19). Mais même si les fruits ne sont pas comestibles, l'arbre ne doit pas être utilisé comme bois de combustion.

Hachem nous a enseigné cela par le biais de Son commandement de construire le Michkan et le Temple.
Bien que D. se soit apprêté à résider dans ces édifices, Il choisit le bois de chittim parce qu'il provient d'un arbre stérile.
Par conséquent, chacun doit veiller à observer ce commandement.

Ces arbres sont appelés chittim parce qu'ils poussaient le long du ruisseau de Chittim.
Ce ruisseau avait la particularité de stimuler la convoitise et de corrompre quiconque buvait de son eau.
Les habitants de Sodome, qui s’approvisionnaient en eau à ce ruisseau, étaient très immoraux.
A l'époque du machia'h, ce ruisseau sera totalement asséché.

Yaakov emporta quelques-uns de ces arbres [de la Terre Sainte] avec lui en Egypte pour que ses descendants les utilisent dans la construction du Michkan, et par ce mérite qu'ils affaiblissent la tentation conduisant à la débauche.

Yaakov pressentit également qu'à leur départ d'Egypte, les juifs allaient séjourner auprès du ruisseau de Chittim. Si les arbres de chittim étaient utilisés pour construire le Michkan, alors cette eau ne les conduirait pas à la tentation.

C'est pour cette raison que les seuls à avoir fauté au ruisseau de Chittim [avec les filles de Moav après la sortie d'Egypte (Bamidbar 25,1)] étaient les membres du érev rav (Chémot 12,38).
Les vrais juifs ne se rendirent pas coupables de relations interdites. Le bois de chittim qu'ils emportèrent d'Egypte pour construire le Michkan subjugua leur mauvais penchant et les protégea de la tentation.
Sans cela, les juifs n'auraient pas survécu car Hachem hait l'immoralité et punit sévèrement ceux qui s'en rendent coupables.
Il est vrai que D. s'emporta contre les juifs et les frappa d'épidémie (Bamidbar 25,4-9), [mais la raison est] parce qu'ils n'avaient pas empêché le érev rav de fauter. Seul l'héroïsme de Pin'has apaisa la colère Divine.
[...]

Que les juifs fussent capables de porter tout ce bois ... est un grand miracle.
Les piliers/poutre de bois de chittim mesuraient 10 coudées de long, une coudée de large et une coudée et demie d'épaisseur (Térouma 26,16).
Chaque poutre était lourde, et il aurait été impossible de les porter, fût-ce en carriole.
[selon nos Sages fixant la coudée à 0,5 mètre, on arrive à un poids total d'une poutre à environ 950kg, tandis que selon ceux d'avis qu'une coudée vaut 0,6 mètre, on obtient une seule poutre à environ 1620kg.]
En effet, il n'y avait pas uniquement 2 ou 3 de ces immenses piliers/poutres, mais un très grand nombre : 48 poutres dans le Michkan lui-même, 4 pour supporter la cloison et 15 poutres transversales.

=> Nous voyons donc que tout était miraculeux. Hachem aida les juifs à emporter les bois d'Egypte alors qu'ils étaient pourchassés par leurs ennemis décidés à les tuer.

Yaakov rendit donc un très grand service à ses descendants en coupant les arbres au ruisseau de Chittim et en les expédiant en Egypte.
Ceci affaiblit le penchant à l'indécent dans le pays aux mœurs très relâchées qu'était l'Egypte.
C'est ainsi que malgré plus de 200 ans de séjour, les juifs ne succombèrent jamais à l'immoralité et méritèrent ainsi d'être libérés. [Sifté Cohen]

Le mot Chittim (שִׁטִּים) peut être lu comme un acrostiche des mots : Shalom (la paix), Tova (le bien), Yéchoua (la délivrance) et Mé'hila (le pardon).
=> Ceci nous enseigne que par le mérite du Michkan bâti [en bois de chittim] par les juifs, Hachem fit la paix avec eux (Shalom), leur offrit le bien (tova), leur pardonna la faute du Veau d'Or (mé'hila) et les sauva de leurs ennemis et de tout danger (yéchoua).

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-> "Les poutres du Michkan" (akécharim laMichkan - הַקְּרָשִׁים לַמִּשְׁכָּן - v.26,15) a une valeur numérique de 1095, qui est le même que : "Yaakov Avinou nata lahem arazim bemitsaraïm" (Notre Père Yaakov leur a planté des cèdres en Egypte).

Yaakov dit à Hachem : Que faudra-t-il pour T'apaiser après la faute du Veau d'Or?"
Il lui a répondu : "Des arbres de chittim".   [Yaakov les planta donc en Egypte]

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-> "Tu feras les planches pour le Michkan, en bois de Chittim, debout" (Michpatim 26,15)

-> Le verset affirme "Tu feras les planches" et non "des planches". Rachi rapporte le midrach : Yaakov vit prophétiquement que ses descendants sortiraient d’Égypte et qu’ils recevraient l’ordre de construire un Michkan en bois. Il planta donc des cèdres quand il descendit en Égypte et avant sa mort, il enjoignit à ses enfants (à ses descendants) de prendre les cèdres à leur sortie, parce qu’ils en auraient besoin pour la construction du Michkan.

Le Réem (commentateur de Rachi) s'interroge : comment peut-on dire que ces planches furent plantées par Yaakov ; il ne planta pas des planches, mais des arbres.

Le Rav Yissa'har Frand répond : « Quand Yaakov planta les arbres, il ne les considéra pas comme des arbres. Il vit en eux les futurs pans du Michkan. Yaakov déclara, par esprit saint (roua'h hakodech) : "Un jour, vous prendrez ces arbres et ils seront les planches du Michkan." Yaakov parvint à voir au-delà du présent, à voir le rêve, la finalité, le futur."
Quand Yaakov regardait les arbres, il voyait concrètement ce qu’ils allaient devenir et il agit de façon à s’assurer que cette vision se réalise. Il était un visionnaire, mais son rêve devint réalité.
=> De même, nous devons utiliser notre force de l’anticipation pour atteindre des objectifs qui nous semblent hors de portée.
[par exemple l'idée d'attendre la venue du machia'h, implique la notion de déjà vivre dans notre tête comme à l'époque du machia'h, et en ce sens les valeurs liées à la matérialité ont beaucoup moins d'importance vitale à nos yeux que les valeurs spirituelles. Nous délaissons l'approche de la vie "comme les autres nations" (qui ne vivent que pour ce monde), par celle d'un juif (qui n'est que de bref passage dans ce monde, y préparant son éternité!).]

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-> Le Assoufat Maara'hot explique que le bois de Chittim provient de la ville de Chitim, et le midrach explique que la ville de Chittim favorisait la perversion et la débauche. C'était bien dans cette ville que le peuple d'Israël se débaucha (à la fin de la Paracha de Balak).
D'autre part, Hachem a certes créé le mauvais penchant : l'homme recherche plaisir et satisfaction. Quand ces pulsions sont tournées au physique, elles peuvent conduire à la débauche, mais Hachem a aussi créé la Torah, qui est le remède au mauvais penchant.
Par l'étude de la Thora, l'homme peut sublimer et orienter ses pulsions de la débauche vers la sainteté.
Quand l'homme "s'abandonne" à l'étude et à son plaisir, il élève la recherche du plaisir vers la sainteté.

=> C'est pourquoi le Michkan, lieu de sainteté, était constitué du bois de Chittim, car la recherche des plaisirs, symbolisée par ce bois de Chittim, trouvait leur élévation et réparation dans le Michkan, quand on les investit à des objectifs sacrés, notamment dans l'étude de la Torah.

-> Le Midrach rapproche le terme Chittim (שטים) du terme Chetout (שטות) qui signifie folie, car le Michkan contribuait à expier la faute du veau d'or, qui était une folie au niveau des enfants d'Israël. Et le bois de Chittim du Michkan venait réparer cette folie.

[-> "L’homme ne commet de faute que lorsqu'un vent de folie s’empare de son esprit (roua'h chetout - רוח שטות)" (guémara Sotah 3b)
-> La guémara (Kidouchin 30b) nous enseigne que de même que D. a créé le yétser ara, il a créé son antidote : l’étude de la Torah.
=> Ainsi, le bois de Chittim (représentant la Chetout : la folie) était encadré d'or (le bling bling de ce monde => le yétser ara était canalisé vers le bien!), par le mérite d'avoir en permanence en lui la présence de la Torah (les lou'hot).]

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+ "En bois de Chittim (traduit dans le 'houmach Artscroll par : l'Acacia)"

D'où provenait ce bois?

-> 1ere explication basée sur le midrach Tan'houma : https://todahm.com/2018/12/25/7865

-> Le Targoum Yonathan enseigne que l'arbre planté par Avraham à Béer Shéva a été amené par des anges à la mer Rouge. Il a flotté sur l'eau et les anges annonçaient : "C'est l'arbre que Avraham a planté!"
Les juifs l'ont alors pris et transformé en une poutre de 7 amot de longueur (environ 3,5 mètres).
A chaque fois qu'ils devaient remonter le Michkan, cette poutre se déformait miraculeusement comme un serpent, se faufilant et passant dans chacun des murs d'un bout à l'autre, tournant même dans les coins.

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-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que les lettres du mot : Chittim (שטים) renvoient à : la paix (shalom - שלום), la bonté (tova - טובה), la délivrance (yéchoua - ישועה) et le pardon (mé'hila - מחילה).
Ce bois de Chittim était utilisé au Michkan pour la Table, l'Arche et l'Autel, et cela nous enseigne que le service Divin qui y était réalisé, permettait d'amener sur le monde toutes les bénédictions.

Qu'en est-il de nos jours en leur absence?
La guémara ('Haguiga 27a) enseigne qu'en absence du Temple, c'est la table à manger qui joue le rôle d'Autel pour expier nos fautes (et particulièrement lorsqu'elle est utilisée pour ceux dans le besoin, et dans l'esprit de la Torah).

La guémara (Béra'hot 54b) enseigne qu'il existe 3 choses qui lorsqu'on allonge leur durée, vont contribuer à prolonger notre durée de vie. Il s'agit : du fait d'allonger sa prière, d'allonger son temps [de repas] à table, et d'allonger [son temps] aux toilettes.
Nos Sages expliquent qu'en prolongeant notre repas, peut être qu'un pauvre va venir, et qu'on pourra lui donner à manger immédiatement, sans l'obliger à devoir attendre.

-> Rabbénou Bé'hayé mentionne qu'autrefois en France, certaines personnes avaient la coutume de se faire enterrer dans un cercueil fait du bois de leur table à manger, dans l'espoir que les mérites associés les fassent accéder au Gan Eden.

Le Sifté Cohen écrit que le mot : Choul'han (table - שלחן) est l'acronyme de : "qui conserve pour la sépulture la bonté de tes dons" ( שומר לקבורה חסד נדיבותך).

-> "Au moment où l’individu quitte ce monde, ce ne sont ni l’argent, ni l’or, ni les pierres précieuses, ni les perles qui l’accompagnent, mais seulement la Torah et les bonnes actions" (Rabbi Yossé ben Kisma - Pirké Avot 6,9)

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+ D'après le Ben Ich 'Haï (guémara 'Haguiga 27a) : que symbolise l'Autel des parfums en bois et recouvert d'or?

-> L'Autel de combustion des encens, formé de bois de Chittim recouvert d'or pur, symbolise un : "siman tov" (signe de bonne augure - סימן טובב) pour le peuple d'Israël.
En effet, le premier matériau : le bois (éts - עץ) a pour guématria : 160, la même que le mot : "siman" (signe - סימן) de guématria : 160.
D'autres part, le second matériau : l'or (zaav - זהב) a pour guématria 14, soit 17 en ajoutant les 3 lettres du mot זהב, on obtient ainsi la même guématria que le mot : "tov" (טוב), soit : 17.
Ainsi, le couple bois-or de l'Autel des encens symbolise un "siman tov" pour Israël, justifié par une même guématria : 160+17 (177).

De plus, le bois de l'arbre est associé à l'Attribut de bonté ('hessed), et l'or est associé à l'Attribut de Justice (din).
[l'arbre est associé au 'hessed, car c'est un "donneur" : il nous donne ses fruits, son ombrage, son bois pour fabriquer des meubles ou pour le chauffage, ...]
Ainsi, l'or, lié à la rigueur (din) repousse la rigueur (din) du feu, afin qu'il ne puisse atteindre le bois, donc affecter la bonté/miséricorde ('hessed).
Donc, le din protège le 'hessed.

L'homme est comparé à l'arbre d'un verger et l'or aux mitsvot et à la Torah.
Dans le mizbéa'h "interne", l'or protège le bois ; cela symbolise le fait que l'étude de la Torah et la pratique des mitsvot protègent l'homme.

"Et ils me construiront un sanctuaire, et je résiderai au milieu d'eux" (Térouma 25,8)

-> Rabbi Sim’ha Bounem de Psi’ha disait à propos de ce verset :
"L'essentiel de la prière réside dans le fait que l'âme prie.
Le corps doit être entraîné par l'âme ... Il en est de même pour tout le service de D.

Si le corps est porté par son intériorité, il s'affine lui aussi, par le "et je résiderai au milieu d'eux", vraiment à l'intérieur de l'âme.
Le corps devient l'habitat : "Et ils me construiront un sanctuaire".
Sans l'intériorité, il n'y a pas de temple, mais seulement des panneaux de bois reliés ensemble."

-> Le Maguid de Mézéritch ajoutait à ces propos :
" "On voit des hommes qui étudient chaque jour et prient, mais sans chaleur ni ferveur, à la façon d'une leçon apprise" (Yéchayahou 29,13)

Ils n'ont aucun sens du service de D. , parfois, ils sont pires que des pêcheurs.
Il arrive que le pécheur connaisse l'éveil du repentir, et se mette à prier et à implorer D. avec une grande ferveur, qu'il exprime un regret sincère de ses fautes et qu'il décide d'aller dans le droit chemin.
Celui qui accomplit tous les commandements machinalement, est un juste à ses propres yeux.
Comme il lui semble qu'il accomplit son service le mieux possible, il ne s'interroge jamais sur sa manière d'agir.
Il ne pourra jamais parvenir à un niveau élevé.
Il est persuadé que son service est parfait, mais en fait, il est aussi éloigné de D. que l'orient l'est de l'occident ..."

"Parle aux enfants d'Israël, et qu'ils prennent pour Moi un prélèvement ..." (Térouma 25,2)

De nombreux commentateurs s'interrogent sur la formulation de ce verset.
Pourquoi est-il écrit : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" (véyikrou li térouma), et non : "qu'ils Me donnent un prélèvement" (véyitnou li térouma)?

-> Le Beit haLévi explique que le seul argent que l'on puisse vraiment revendiquer comme étant le sien est celui que l'on donne à la charité.
Car celui que nous conservons pour nous n'est pas vraiment notre bien. Nous le détenons chez nous comme un dépôt, provisoirement.

-> La personne intelligente a conscience qu'en réalité elle ne donne pas vraiment, puisque tout ce qu'elle a n'est de toute façon pas à elle, et appartient à Hachem.
Par conséquent, elle ne fait que prendre : prendre des mitsvot pour le monde à Venir.
[le rabbi de Rizhin - rabbi Israël Friedman]
[d'une certaine façon, c'est comme si Hachem nous remettait une somme d'argent à transmettre à notre prochain dans le besoin, et pour cela, Il nous donnera à chaque fois des récompenses éternelles et infinies. Quelle affaire! Quelle joie!!
Malheureusement certains préfèrent oublier pourquoi ils ont ces ressources éphémères, les gardant pour eux en pensant faire une affaire en or. La réalité est toute autre, ils passent à côté d'une richesse éternelle.]

-> La guémara (Baba Batra 11a) parle de Mounbaz, roi d'Adiabène qui s'était converti au judaïsme, qui avait vidé les trésors de son père et les avait entièrement distribués à la charité : "Mes ancêtres, disait-il, ont amassé des richesses pour d'autres, mais moi, je le fais pour moi-même!"

=> Les dons destinés à l'édification du Michkan sont appelés une "prise".
Seul appartient à l'homme ce qu'il donne aux causes charitables.
C'est pourquoi le geste de donner constitue en réalité un acte de prise de possession ("qu'ils prennent pour Moi ...")

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-> Le Rav Zalman Sorotzkin explique : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" comme : Chacun des enfants d'Israël devra mener un combat interne pour pouvoir "prendre" de son argent et Me le donner.
En effet, il faut souvent lutter pour dominer la cupidité de son cœur, avant de pouvoir se séparer de 'son' argent.

-> Le rav El'azar Chakh explique ce passage en ramenant la guémara Soucca (52a) disant que le yétser ara menace chaque jour d'écraser l'être humain, et si D. ne nous aidait pas, nous ne pourrions jamais le maîtriser.
Dans ces conditions, nous ne pouvons accomplir une mitsva ou un acte positif qu'en "prenant" une aide de D.

-> Selon le 'Hida :
Bien qu’Hachem demande d’apporter des offrandes pour fabriquer le Michkan (Tabernacle), malgré tout, Lui aussi se propose de donner quelque chose.
Cela est en allusion dans le verset : "Ils prendront pour Moi (que l’on peut aussi traduire : à Moi) un prélèvement" = à savoir de ce qui est à Moi. En effet, le midrach dit qu’Hachem fit venir des nuages qui amenèrent avec eux les pierres précieuses pour le Pectoral ('Hochen). C’était cela l’offrande d’Hachem.

-> "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement, de tout homme que son cœur motivera"
A partir des aspirations de notre cœur, des désirs de ce monde, nous devons prendre des prélèvements pour Hachem.
Et c'est précisément en sacrifiant ces désirs (les donnant à D.) que nous pouvons alors nous élever dans notre Service Divin (gagnant alors sa proximité, et toutes les bénédictions qui en découlent).
[le Toldot Yaakov Yossef - Rav Yaakov Yossef de Polnoa]

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/02/19/6183

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+ "Qu'ils prennent pour Moi un prélèvement", Rachi commente : "pour Moi", signifient "pour Mon Nom"(li lichmi).
Les prélèvements pour la fabrication du Michkan devaient être donnés pour une seule raison : au Nom d'Hachem (non à cause de la pression sociale, d'intérêts personnels, ...).

-> Lorsque les prélèvements ont été apportés uniquement avec l'intention de réaliser la Volonté Divine, alors par cela la Présence Divine peut venir résider dans le Michkan.
=> Lorsque la finalité de nos actions est "pour Moi" = c'est-à-dire d'agir au Nom d'Hachem, alors "ils prennent" = on obtient alors le mérite d'avoir la chékhina qui repose en nous!
[adapté du 'Hidouché haRim]

-> Bien que généralement, il soit interdit de prononcer le "Tétragramme" (יהוה), qui est le Nom d’Hachem tel qu’il s’écrit, malgré tout dans le Michkan, et plus tard dans le Temple, à certaines occasions, ce Nom était prononcé.
Ainsi, par ces prélèvements, on allait fabriquer le Michkan où on pourra prononcer le Nom d’Hachem tel qu’il s’écrit.
=> De la sorte, on peut dire que les prélèvements seront pris "pour Mon Nom" ("li lichmi" - Rachi).
[le Zéved Tov]

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+ "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement, de tout homme que son cœur motivera vous prendrez Mon prélèvement" (v.25,2)
Pourquoi est-ce que le verset commence par "qu'ils prennent pour Moi", et ensuite se répète dans la même phrase : "vous prendrez Mon prélèvement"? De plus, pourquoi la 1ere fois il est utilisé le terme : "térouma" (un prélèvement) et la 2e fois : "téroumati" (mon prélèvement)?

-> Le Maguid de Doubno explique que la nécessité d'avoir un Saint (Kodéch) et un Saint des Saints (Kodéch haKodachim - lieu d'une sainteté nettement supérieure au Kodéch), étaient dans une finalité de pouvoir séparer les différents types de contributions.
En effet, les matériaux pour le Kodéch haKodachim provenaient des gens qui avaient donné de tout leur cœur, tandis que les matériaux destinés au Kodéch venaient des autres personnes n'ayant pas données d'un cœur entier.

-> Le Adérét Eliyahou dit que nous pouvons ainsi comprendre le verset :
- "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement (térouma)" = il s'agit des gens qui n'ont pas donné de tout leur cœur, leur contribution (appelée : UN prélèvement) allant alors au Kodech ;
- "de tout homme que son cœur motivera vous prendrez Mon prélèvement" = il s'agit des personnes qui étaient motivées uniquement pour l'honneur de Hachem et qui ont donné d'un cœur entier. Ces contributions  sont appelées : "téroumati" (MON prélèvement), et sont allées à la construction du Kodech haKodachim.

=> Deux personnes réalisant la même mitsva, mais dans un état d'esprit différent (dans la joie et non par habitude ou forcé, pour l'honneur d'Hachem et non par intérêt, ...) auront des résultats très différents.
Hachem désire notre cœur (ex: la prière est appelée le service du cœur ; la 1er et dernière lettre de la Torah forment le mot : cœur - lèv, ...), et ce qu'Il nous donnera dépend de la qualité de l'investissement de notre cœur : plus il sera entier, plus notre récompense sera entière.

"Ils feront pour Moi un Sanctuaire et Je résiderai au milieu d’eux. " (Térouma 25,8)

La Pessikta rapporte qu’au moment où D. donna l’ordre de construire un Sanctuaire, Moché demanda tout tremblant : "Comment un homme pourrait-il bâtir une demeure pour Toi, alors qu’il est écrit : "Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent Te contenir !"
D. lui répondit : "Je ne demande pas (un Sanctuaire) à Ma mesure, mais à la mesure de leurs capacités : 20 poutres au nord, 20 au sud et 8 à l’ouest. "

Et lorsque D. parla de "Mon offrande, Mon pain ", Moché s’exclama : "Tous les animaux du monde suffiraient-ils à une seule offrande, et tous les bois du monde à une seule combustion ? "
D. lui dit : "Ce n’est pas comme tu penses ! Mais 'le 1er agneau, tu le sacrifieras le matin' "

Et lorsque D. ordonna : "Que chacun donne la rançon de sa personne ", Moché demanda : "Qui pourrait donner la rançon de sa personne ? Nul ne saurait racheter son frère, ni donner à D. le coût de sa rançon. Le rachat de leur personne est à trop haut prix. "
D. lui dit : "Ce n’est pas comme tu penses. Mais ‘voici ce qu’ils donneront : un demi-sicle, selon le sicle du Sanctuaire. ‘ ".

=> Nous pouvons en déduire de cet enseignement que D. n’a pas d’exigences exagérées envers les êtres humains.
Chacun n’est tenu de faire que ce qui est en son pouvoir.

Le plus sage des hommes, le roi Salomon a déclaré : "Tout ce que tes propres moyens permettent à ta main de faire, fais-le! " (Kohélet 9,10).

D. n'attend pas de nous l'impossible, mais par contre, il faudra rendre des comptes de l'utilisation de chacune des capacités qu'Il nous a donné.
Il ne faut pas chercher à se comparer à autrui, mais à nous même et à ce qu'on pourrait faire.

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+ "Tu feras des poutres (krachim) pour le Michkan"

-> Le mensonge se dit : "chéker" (שקר), soit les mêmes lettres que le mot : "kéréch" (une poutre - קרש). En effet, c'est en brisant/dominant le mensonge, que nous pouvons le transformer en : "poutre" pour bâtir son propre Michkan intérieur, et ainsi faire résider sur soi la Présence Divine.
[le Noam Elimélé'h - rabbi Elimélé'h de Lizhensk]

Hachem descend vers nous :

"Et ils feront un sanctuaire (Mikdach) pour Moi, et Je demeurerai parmi eux" (véassou li mikdach vécha'hanti béto'han - Térouma 25,8)

-> Le séfer Ohr Lachamayim explique que le verset nous enseigne que si quelqu’un veut s’élever et se connecter à Hachem, Hachem descendra Lui-même, pour ainsi dire, pour élever la personne et la rapprocher de Lui.
En conséquence, le verset dit : "Et ils me feront un Mikdach" = ce qui signifie que l'on doit se sanctifier et faire tout ce qu’on peut pour s’élever.
Une fois qu'on le fera : "Je demeurerai parmi eux"= Hachem viendra à nous et nous permettra de nous connecter à Lui.

"Qu'ils prennent pour Moi un prélèvement, de tout homme que son coeur motivera vous prendrez Mon prélèvement" (vayikrou li térouma mé'ét kol ich acher yidbénou libo ... - Térouma 25,2)

-> Le rav Ména'hem Mendel de Vork (séfer Beit Its'hak) explique que le mot "li" (pour moi - לִי) fait référence à une personne qui veut se connecter à Hashem. Le verset le conseille en ces termes : "mé'et kol ich" (de tout homme). Il doit se connecter à d’autres personnes qui craignent Hachem et apprendre de leurs voies et, de cette façon, il peut se connecter à Hachem.

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-> Le midrach (Chémot rabba 33,6) dit : "Vayik'hou li térouma". C’est comme indiqué : "pour une bonne affaire, Je t’ai donné Ma Torah, tu ne l’abandonneras pas" (Michlé 4,2).
Le rabbi Mendel de Kotzk explique qu’il faut toujours chercher à renforcer sa avodat Hachem. Même si l'on trébuche et tombe parfois, il ne faut pas se décourager. Au contraire, il faut se renforcer à nouveau et continuer à essayer de Le servir correctement, et Hachem aura pitié de nous et l’aidera à réaliser son désir de Le servir.

Le midrach compare la Torah à une affaire commerciale et dit de ne pas abandonner cette affaire. Si un homme d’affaires conclut une affaire qui échoue, abandonnerait-il complètement son entreprise?
Il ne le ferait certainement pas. Il se relèverait et essaierait une autre affaire, et prierait Hachem pour le succès.
C’est ainsi que nous sommes censés servir Hachem. Même si nous tombons, nous ne devons pas abandonner. Nous devons nous relever et essayer à nouveau, comme il est dit : "Un tsadik tombe sept fois et se relève" (Michlé 23,16).

On a demandé un jour à un homme riche comment il méritait la réussite en affaires. Il a répondu : "J’ai échoué 100 fois. Chaque échec était une étape sur l’échelle du succès. J’ai tenté ma chance encore et encore, et je n’ai jamais abandonné. Si j’échouais, je recommençais et j’ai tiré d’importantes leçons de chaque échec, jusqu’à ce que je réussisse enfin."

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-> Le séfer Zéra Kodech déclare que le mot "térouma" a une connotation de "léromem" (s'élever).
Ainsi, le verset dit qu’il faut élever le "li", qui est une référence à Hachem. Comment peut-on y parvenir?
"mé'ét kol ich acher yidbénou libo". Il faut prêter attention à la façon dont les gens poursuivent les désirs de leur cœur, et voir comment ils feraient tout pour obtenir ce désir.
En voyant cela, ils devraient apprendre combien d’efforts il faut fournir pour servir Hachem.

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+ Si l’on veut donner de la Tsédaka, Hachem l’aide :

-> Le Sar Shalom de Belz (séfer Midbar Kodech) dit que ce verset est une garantie d'Hachem qu’Il ​​aidera quiconque désire donner de la tsédaka, afin de s’assurer qu’il ne manquera de rien et qu’il pourra donner autant qu’il le souhaite.
Le verset dit que si une personne a un cœur qui l’inspire à donner, "on lui prendra son don/prélèvement", ce qui signifie que Hachem veillera à ce qu’elle ait la capacité de réaliser son désir de donner.