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"Dis aux Bné Israël : Qu’ils prennent pour Moi une Offrande" (vayikrou li térouma - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2)

=> Quel est le sens de ces mots?

On peut citer :

1°/ Nos Sages affirment que chaque fois que D. prononce dans la Torah le mot "Li" (לִי - pour Moi), cela constitue une promesse éternelle, valable aux temps présents et aux temps Messianiques.
Ainsi, les éléments suivants ont-ils le privilège de l’éternité (midrach Tan’houma) :
a) Les Cohanim : "Ils seront des prêtres pour Moi" (Chémot 40,15).
b) Les Léviim : "Les Léviim seront à Moi" (Bamidbar 8,14).
c) Le peuple juif : "C’est à Moi qu’appartiennent les Bné Israël" (Vayikra 25,55).
d) Le Sanhédrin : "Rassemble pour Moi soixante-dix hommes parmi les anciens" (Bamidbar 11,16).
e) La terre d’Israël : "Car la Terre est à Moi" (Chémot 19,5).
f) Jérusalem : "C’est la ville que J’ai choisie pour Moi" (Mélah'im I 11,36).
g) La Royauté de David : "Car c’est un de ses fils qui sera roi pour Moi" (Chmouël I 16,1).
h) Le Temple : "Ils construiront pour Moi un Sanctuaire" (Chémot 25,8).

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2°/ Rachi commente les mots "pour Moi" : "li lichmi" (לִי לשְִׁמיִ - Pour moi), à Mon intention (pour Mon Nom).

3°/ "L’intention (la kavana) d’accomplir le Commandement uniquement parce que c’est la Volonté de D., pour Mon Nom, est supérieure à toutes les intentions, aussi profondes soient-elles".
[‘Hidouché haRim].

4°/ "Généralement, l’argent est quelque chose de bas mais si on le donne dans un but important (‘pour Mon Nom’), il s’élève à un niveau supérieur. Nos Sages disent : ‘Prendre signifie soulever (ou élever)’, et c’est pourquoi le verset emploie le mot : ‘Qu’ils prennent [qu’ils élèvent] pour Moi une Offrande’ et non : ‘Qu’ils me donnent une Offrande’» [Si’hot Tsaddikim].

5°/ Le Sfat Emet commentait ainsi le verset : "A Moi est l’argent, à Moi est l’Or, dit Hachem Tsévaot" (‘Hagaï 2,8) : "Hachem a-t-il besoin de se vanter que l’argent et l’or Lui appartiennent? Qu’est-ce qui ne Lui appartient pas?
En fait, Hachem enseigne au peuple juif que sa mission consiste à faire que l’argent et l’or soient ‘à Moi’, c’est-à-dire à les élever à D. par l’accomplissement des Commandements."

6°/ La lettre "Lamed" est la plus grande lettre de l’alphabet hébraïque ; elle symbolise l’immensité du ciel, tant sur le plan physique mais surtout dans sa dimension métaphysique : le monde spirituel du divin.
La lettre "Youd" est la plus petite lettre de l’alphabet ; elle symbolise la petitesse de la terre au regard de l’univers mais aussi la dimension limitée de l’homme.
La construction du Sanctuaire pour Hachem (Li - לִי – pour Moi) consiste à "marier" ces deux "Mondes" pour révéler l’unicité de D. dans Sa Création.
L’homme, de par sa nature, constitué à la fois d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, est le mieux à même à réaliser un tel projet.
[d'après le Ben Ich ‘Haï]

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-> "Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que ces offrandes que les Juifs devaient apporter pour la fabrication du Michkan devaient être offertes "pour Moi", c'est a dire "pour Mon Nom", à savoir épuré de tout intérêt personnel. Uniquement dans le but et l'intention de faire résider la Présence d'Hachem parmi eux.

Parfois il arrive que l'on accomplisse une mitsva avec un certain intérêt personnel, dans l'espoir de récolter une récompense, une réussite que l'on attend. Ce peut être dans l'intérêt de réussir dans une affaire, ou encore de recevoir de la reconnaissance des autres, ou même parce qu'on y trouve son compte, cette mitsva nous paraissant plus motivante.
Bien que dans tous ces cas, la mitsva restera valable, acceptée par Hachem et on s'en sera acquitté. Malgré tout, elle n'aura pas la force d'attirer la Présence Divine de façon dévoilée dans le monde. Le seul moyen de construire un Sanctuaire où la Présence Divine y sera ostensible, c'est d'accomplir Ses mitsvot "lichma" uniquement pour réaliser Sa Volonté et pas parce qu'on y trouve la sienne.
Quand un homme se soumet à Hachem en accomplissant Ses mitsvot, il plie par cela son "moi", qui ne fait donc plus écran au dévoilement d'Hachem. Certes ce travail est difficile, car il demande un certain renoncement de sa volonté en faveur de celle d'Hachem. Mais c'est ainsi que l'on méritera en contrepartie de ce sacrifice, d'attirer la sainteté Divine dans son coeur.
Ce qui nous permettra de ressentir Sa Proximité dans nos vies. Et il n'y a rien de plus agréable que de sentir Son coeur s'ouvrir et se rapprocher d'Hachem. C'est ainsi qu'après coup, on se rendra compte qu'en vérité, le sacrifice que l'on a fait, de renoncer à sa volonté en faveur de la Sienne, a bien valu le coût.
Le plaisir de se sentir plus proche d'Hachem dépasse de loin tous les intérêts que l'on aurait souhaité obtenir dans l'accomplissement de la mitsva. Ainsi, pour fabriquer un Sanctuaire, pour attirer la Présence Divine parmi nous, et la ressentir dans nos coeurs, les offrandes devaient être apporter "pour Hachem", en renonçant à son intérêt personnel.
C'est uniquement cet effort qu'Hachem attend de nous. Tout le reste est entre Ses Mains, de nous renvoyer en échange Ses Bénédictions, qui découleront naturellement du fait qu'Il résidera parmi nous.
[rav Mikaël Mouyal]

"Tu feras des planches pour le Tabernacle en bois de Chittim, posées debout." (Térouma 26,15)

-> La Torah protège les arbres fruitiers, elle interdit donc de les abattre et de les couper.
Le midrach en témoigne :
"Pourquoi est-il dit pour la construction du Tabernacle : "en bois de Chittim"?
D. a enseigné à toutes les générations la conduite appropriée.
Si un homme demande à construire sa maison à partir du bois d'un arbre fruitier, on lui dit : Et qu'en est-il du Roi des rois, à qui tout appartient, lorsqu'Il demanda qu'on lui fasse un Tabernacle, Il dit : Tu ne m'apporteras que du bois provenant d'un arbre qui ne donne pas de fruits, et quand à vous (pour la construction de vos propres demeures) à plus forte raison!
(Vous ne tirerez pas profit d'un arbre porteur de fruits)."

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-> "en bois de Chittim, posées debout"
Le midrash explique que les termes : "posées debout" (om'dim) signifient que ce bois de Chittim "sera posé pour toujours”. Que signifie cela?

En fait, quand un arbre produit des fruits, bien que l’arbre soit du végétal, quand l’homme consomme ces fruits, le végétal s’élève au rang humain.
En revanche, un arbre qui ne produit pas de fruits, comme l’arbre de Chittim (l'acacia), ne pourra jamais s’élever au rang humain, car l’homme ne peut pas en manger. Il est donc condamné à rester uniquement végétal.
Ainsi "ce bois de Chittim "sera posé pour toujours” = il se maintiendra au rang d’arbre, appartenant au règne végétal, pour toujours.

=> C’est pourquoi, pour élever le bois de Chittim malgré tout, la Torah a choisi de l’utiliser dans la fabrication du Michkan, lieu saint et réservé au service d’Hachem, ce qui permet néanmoins de l’élever.
[Ktav Sofer]

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"Ils feront une Arche en bois de Chittim" (Térouma 25,10)

-> Il s’agit de l’Arche (le Aron) qui allait contenir les Tables de la loi. Elle devait être conçue en bois de Chittim.
Pourquoi ce bois en particulier?

Le midrach explique que la ville de Chittim favorisait la perversion et la débauche, et d'ailleurs c'est dans cette ville que le peuple d’Israël se débaucha ("Israël s'établit à Chittim et le peuple commença à se livrer à la débauche" - fin paracha Balak v.25,1).
Nos Sages (guémara Kiddoushin 30b) rapportent les paroles de Hachem : "J’ai créé le yétser ara et J’ai créé la Torah comme antidote/remède".
Par son étude, un homme peut sublimer et orienter ses pulsions de la débauche vers la sainteté.

=> C’est pourquoi l’Arche sainte était faite avec du bois de Chittim, car par la Torah contenue dans cette Arche, on pouvait apporter réparation aux penchants de la débauche, renforcés dans la ville de Chittim.
[Séfer Assoufat Maara'hot]

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-> Le Avné Ezel explique que le cèdre symbolise la dureté et la rigidité. L'homme qui ne sait pas se plier ni s'adoucir est comparé au cèdre. Selon l'expression de nos Sages (guémara Taanit 20a) : "L'homme doit toujours être souple comme un roseau, et pas dur et rigide comme le cèdre".
Ainsi, de façon générale, le cèdre et sa symbolique ne devraient pas avoir de place dans nos vies, car l'attitude à adopter par excellence est l'humilité et la souplesse.
Malgré tout, en ce qui concerne les affaires sacrées, il convient de savoir utiliser la rigidité au bon moment. En effet, si on constate que dans une certaine situation l'honneur de la Torah ou des Sages sont bafoués, ou encore que la pratique du judaïsme est remise en cause, alors il faudra s'armer de force et mener la guerre pour restaurer l'Honneur d'Hachem.
Et là, on ne devra se plier devant personne, ni ne se laisser impressionner par les oppositions ou les moqueries de son entourage.

=> C'est ainsi que le cèdre doit avoir effectivement sa place dans le Michkan, c'est à dire dans les affaires liées au sacré.

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-> A ce sujet, le Méam Loez (Térouma 25,3-7) nous enseigne :
La plupart des choses créées sont éphémères : elles pourrissent et disparaissent.
Par contre, le bois de cèdre est très durable et n'est pas utilisé par l'homme.
De même, l'or, l'argent et les pierres précieuses qui sont eux aussi impérissables ne conviennent pas à de simples mortels. Ils ne furent créés que pour être utilisés dans le Michkan, et plus tard dans le Temple.

Il existe 24 variétés de cèdres dont 7 sont de grande valeur.
L'une de ces 7 espèces est l'arbre de chittim utilisé pour le Michkan.
Hachem préféra le chittim aux 6 autres, pourtant de meilleure qualité, pour nous enseigner une leçon : si l'on veut construire une maison, il ne faut pas utiliser le bois d'arbres fruitiers même s'ils produisent des fruits comestibles.
Si les fruits sont comestibles, cela est de toute façon interdit par le commandement de la Torah de ne pas détruire les arbres (bal tach'hit - Dévarim 20,19). Mais même si les fruits ne sont pas comestibles, l'arbre ne doit pas être utilisé comme bois de combustion.

Hachem nous a enseigné cela par le biais de Son commandement de construire le Michkan et le Temple.
Bien que D. se soit apprêté à résider dans ces édifices, Il choisit le bois de chittim parce qu'il provient d'un arbre stérile.
Par conséquent, chacun doit veiller à observer ce commandement.

Ces arbres sont appelés chittim parce qu'ils poussaient le long du ruisseau de Chittim.
Ce ruisseau avait la particularité de stimuler la convoitise et de corrompre quiconque buvait de son eau.
Les habitants de Sodome, qui s’approvisionnaient en eau à ce ruisseau, étaient très immoraux.
A l'époque du machia'h, ce ruisseau sera totalement asséché.

Yaakov emporta quelques-uns de ces arbres [de la Terre Sainte] avec lui en Egypte pour que ses descendants les utilisent dans la construction du Michkan, et par ce mérite qu'ils affaiblissent la tentation conduisant à la débauche.

Yaakov pressentit également qu'à leur départ d'Egypte, les juifs allaient séjourner auprès du ruisseau de Chittim. Si les arbres de chittim étaient utilisés pour construire le Michkan, alors cette eau ne les conduirait pas à la tentation.

C'est pour cette raison que les seuls à avoir fauté au ruisseau de Chittim [avec les filles de Moav après la sortie d'Egypte (Bamidbar 25,1)] étaient les membres du érev rav (Chémot 12,38).
Les vrais juifs ne se rendirent pas coupables de relations interdites. Le bois de chittim qu'ils emportèrent d'Egypte pour construire le Michkan subjugua leur mauvais penchant et les protégea de la tentation.
Sans cela, les juifs n'auraient pas survécu car Hachem hait l'immoralité et punit sévèrement ceux qui s'en rendent coupables.
Il est vrai que D. s'emporta contre les juifs et les frappa d'épidémie (Bamidbar 25,4-9), [mais la raison est] parce qu'ils n'avaient pas empêché le érev rav de fauter. Seul l'héroïsme de Pin'has apaisa la colère Divine.
[...]

Que les juifs fussent capables de porter tout ce bois ... est un grand miracle.
Les piliers/poutre de bois de chittim mesuraient 10 coudées de long, une coudée de large et une coudée et demie d'épaisseur (Térouma 26,16).
Chaque poutre était lourde, et il aurait été impossible de les porter, fût-ce en carriole.
[selon nos Sages fixant la coudée à 0,5 mètre, on arrive à un poids total d'une poutre à environ 950kg, tandis que selon ceux d'avis qu'une coudée vaut 0,6 mètre, on obtient une seule poutre à environ 1620kg.]
En effet, il n'y avait pas uniquement 2 ou 3 de ces immenses piliers/poutres, mais un très grand nombre : 48 poutres dans le Michkan lui-même, 4 pour supporter la cloison et 15 poutres transversales.

=> Nous voyons donc que tout était miraculeux. Hachem aida les juifs à emporter les bois d'Egypte alors qu'ils étaient pourchassés par leurs ennemis décidés à les tuer.

Yaakov rendit donc un très grand service à ses descendants en coupant les arbres au ruisseau de Chittim et en les expédiant en Egypte.
Ceci affaiblit le penchant à l'indécent dans le pays aux mœurs très relâchées qu'était l'Egypte.
C'est ainsi que malgré plus de 200 ans de séjour, les juifs ne succombèrent jamais à l'immoralité et méritèrent ainsi d'être libérés. [Sifté Cohen]

Le mot Chittim (שִׁטִּים) peut être lu comme un acrostiche des mots : Shalom (la paix), Tova (le bien), Yéchoua (la délivrance) et Mé'hila (le pardon).
=> Ceci nous enseigne que par le mérite du Michkan bâti [en bois de chittim] par les juifs, Hachem fit la paix avec eux (Shalom), leur offrit le bien (tova), leur pardonna la faute du Veau d'Or (mé'hila) et les sauva de leurs ennemis et de tout danger (yéchoua).

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-> "Les poutres du Michkan" (akécharim laMichkan - הַקְּרָשִׁים לַמִּשְׁכָּן - v.26,15) a une valeur numérique de 1095, qui est le même que : "Yaakov Avinou nata lahem arazim bemitsaraïm" (Notre Père Yaakov leur a planté des cèdres en Egypte).

Yaakov dit à Hachem : Que faudra-t-il pour T'apaiser après la faute du Veau d'Or?"
Il lui a répondu : "Des arbres de chittim".   [Yaakov les planta donc en Egypte]

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-> "Tu feras les planches pour le Michkan, en bois de Chittim, debout" (Michpatim 26,15)

-> Le verset affirme "Tu feras les planches" et non "des planches". Rachi rapporte le midrach : Yaakov vit prophétiquement que ses descendants sortiraient d’Égypte et qu’ils recevraient l’ordre de construire un Michkan en bois. Il planta donc des cèdres quand il descendit en Égypte et avant sa mort, il enjoignit à ses enfants (à ses descendants) de prendre les cèdres à leur sortie, parce qu’ils en auraient besoin pour la construction du Michkan.

Le Réem (commentateur de Rachi) s'interroge : comment peut-on dire que ces planches furent plantées par Yaakov ; il ne planta pas des planches, mais des arbres.

Le Rav Yissa'har Frand répond : « Quand Yaakov planta les arbres, il ne les considéra pas comme des arbres. Il vit en eux les futurs pans du Michkan. Yaakov déclara, par esprit saint (roua'h hakodech) : "Un jour, vous prendrez ces arbres et ils seront les planches du Michkan." Yaakov parvint à voir au-delà du présent, à voir le rêve, la finalité, le futur."
Quand Yaakov regardait les arbres, il voyait concrètement ce qu’ils allaient devenir et il agit de façon à s’assurer que cette vision se réalise. Il était un visionnaire, mais son rêve devint réalité.
=> De même, nous devons utiliser notre force de l’anticipation pour atteindre des objectifs qui nous semblent hors de portée.
[par exemple l'idée d'attendre la venue du machia'h, implique la notion de déjà vivre dans notre tête comme à l'époque du machia'h, et en ce sens les valeurs liées à la matérialité ont beaucoup moins d'importance vitale à nos yeux que les valeurs spirituelles. Nous délaissons l'approche de la vie "comme les autres nations" (qui ne vivent que pour ce monde), par celle d'un juif (qui n'est que de bref passage dans ce monde, y préparant son éternité!).]

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-> Le Assoufat Maara'hot explique que le bois de Chittim provient de la ville de Chitim, et le midrach explique que la ville de Chittim favorisait la perversion et la débauche. C'était bien dans cette ville que le peuple d'Israël se débaucha (à la fin de la Paracha de Balak).
D'autre part, Hachem a certes créé le mauvais penchant : l'homme recherche plaisir et satisfaction. Quand ces pulsions sont tournées au physique, elles peuvent conduire à la débauche, mais Hachem a aussi créé la Torah, qui est le remède au mauvais penchant.
Par l'étude de la Thora, l'homme peut sublimer et orienter ses pulsions de la débauche vers la sainteté.
Quand l'homme "s'abandonne" à l'étude et à son plaisir, il élève la recherche du plaisir vers la sainteté.

=> C'est pourquoi le Michkan, lieu de sainteté, était constitué du bois de Chittim, car la recherche des plaisirs, symbolisée par ce bois de Chittim, trouvait leur élévation et réparation dans le Michkan, quand on les investit à des objectifs sacrés, notamment dans l'étude de la Torah.

-> Le Midrach rapproche le terme Chittim (שטים) du terme Chetout (שטות) qui signifie folie, car le Michkan contribuait à expier la faute du veau d'or, qui était une folie au niveau des enfants d'Israël. Et le bois de Chittim du Michkan venait réparer cette folie.

[-> "L’homme ne commet de faute que lorsqu'un vent de folie s’empare de son esprit (roua'h chetout - רוח שטות)" (guémara Sotah 3b)
-> La guémara (Kidouchin 30b) nous enseigne que de même que D. a créé le yétser ara, il a créé son antidote : l’étude de la Torah.
=> Ainsi, le bois de Chittim (représentant la Chetout : la folie) était encadré d'or (le bling bling de ce monde => le yétser ara était canalisé vers le bien!), par le mérite d'avoir en permanence en lui la présence de la Torah (les lou'hot).]

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+ "En bois de Chittim (traduit dans le 'houmach Artscroll par : l'Acacia)"

D'où provenait ce bois?

-> 1ere explication basée sur le midrach Tan'houma : https://todahm.com/2018/12/25/7865

-> Le Targoum Yonathan enseigne que l'arbre planté par Avraham à Béer Shéva a été amené par des anges à la mer Rouge. Il a flotté sur l'eau et les anges annonçaient : "C'est l'arbre que Avraham a planté!"
Les juifs l'ont alors pris et transformé en une poutre de 7 amot de longueur (environ 3,5 mètres).
A chaque fois qu'ils devaient remonter le Michkan, cette poutre se déformait miraculeusement comme un serpent, se faufilant et passant dans chacun des murs d'un bout à l'autre, tournant même dans les coins.

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-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que les lettres du mot : Chittim (שטים) renvoient à : la paix (shalom - שלום), la bonté (tova - טובה), la délivrance (yéchoua - ישועה) et le pardon (mé'hila - מחילה).
Ce bois de Chittim était utilisé au Michkan pour la Table, l'Arche et l'Autel, et cela nous enseigne que le service Divin qui y était réalisé, permettait d'amener sur le monde toutes les bénédictions.

Qu'en est-il de nos jours en leur absence?
La guémara ('Haguiga 27a) enseigne qu'en absence du Temple, c'est la table à manger qui joue le rôle d'Autel pour expier nos fautes (et particulièrement lorsqu'elle est utilisée pour ceux dans le besoin, et dans l'esprit de la Torah).

La guémara (Béra'hot 54b) enseigne qu'il existe 3 choses qui lorsqu'on allonge leur durée, vont contribuer à prolonger notre durée de vie. Il s'agit : du fait d'allonger sa prière, d'allonger son temps [de repas] à table, et d'allonger [son temps] aux toilettes.
Nos Sages expliquent qu'en prolongeant notre repas, peut être qu'un pauvre va venir, et qu'on pourra lui donner à manger immédiatement, sans l'obliger à devoir attendre.

-> Rabbénou Bé'hayé mentionne qu'autrefois en France, certaines personnes avaient la coutume de se faire enterrer dans un cercueil fait du bois de leur table à manger, dans l'espoir que les mérites associés les fassent accéder au Gan Eden.

Le Sifté Cohen écrit que le mot : Choul'han (table - שלחן) est l'acronyme de : "qui conserve pour la sépulture la bonté de tes dons" ( שומר לקבורה חסד נדיבותך).

-> "Au moment où l’individu quitte ce monde, ce ne sont ni l’argent, ni l’or, ni les pierres précieuses, ni les perles qui l’accompagnent, mais seulement la Torah et les bonnes actions" (Rabbi Yossé ben Kisma - Pirké Avot 6,9)

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+ D'après le Ben Ich 'Haï (guémara 'Haguiga 27a) : que symbolise l'Autel des parfums en bois et recouvert d'or?

-> L'Autel de combustion des encens, formé de bois de Chittim recouvert d'or pur, symbolise un : "siman tov" (signe de bonne augure - סימן טובב) pour le peuple d'Israël.
En effet, le premier matériau : le bois (éts - עץ) a pour guématria : 160, la même que le mot : "siman" (signe - סימן) de guématria : 160.
D'autres part, le second matériau : l'or (zaav - זהב) a pour guématria 14, soit 17 en ajoutant les 3 lettres du mot זהב, on obtient ainsi la même guématria que le mot : "tov" (טוב), soit : 17.
Ainsi, le couple bois-or de l'Autel des encens symbolise un "siman tov" pour Israël, justifié par une même guématria : 160+17 (177).

De plus, le bois de l'arbre est associé à l'Attribut de bonté ('hessed), et l'or est associé à l'Attribut de Justice (din).
[l'arbre est associé au 'hessed, car c'est un "donneur" : il nous donne ses fruits, son ombrage, son bois pour fabriquer des meubles ou pour le chauffage, ...]
Ainsi, l'or, lié à la rigueur (din) repousse la rigueur (din) du feu, afin qu'il ne puisse atteindre le bois, donc affecter la bonté/miséricorde ('hessed).
Donc, le din protège le 'hessed.

L'homme est comparé à l'arbre d'un verger et l'or aux mitsvot et à la Torah.
Dans le mizbéa'h "interne", l'or protège le bois ; cela symbolise le fait que l'étude de la Torah et la pratique des mitsvot protègent l'homme.

"Et ils me construiront un sanctuaire, et je résiderai au milieu d'eux" (Térouma 25,8)

-> Rabbi Sim’ha Bounem de Psi’ha disait à propos de ce verset :
"L'essentiel de la prière réside dans le fait que l'âme prie.
Le corps doit être entraîné par l'âme ... Il en est de même pour tout le service de D.

Si le corps est porté par son intériorité, il s'affine lui aussi, par le "et je résiderai au milieu d'eux", vraiment à l'intérieur de l'âme.
Le corps devient l'habitat : "Et ils me construiront un sanctuaire".
Sans l'intériorité, il n'y a pas de temple, mais seulement des panneaux de bois reliés ensemble."

-> Le Maguid de Mézéritch ajoutait à ces propos :
" "On voit des hommes qui étudient chaque jour et prient, mais sans chaleur ni ferveur, à la façon d'une leçon apprise" (Yéchayahou 29,13)

Ils n'ont aucun sens du service de D. , parfois, ils sont pires que des pêcheurs.
Il arrive que le pécheur connaisse l'éveil du repentir, et se mette à prier et à implorer D. avec une grande ferveur, qu'il exprime un regret sincère de ses fautes et qu'il décide d'aller dans le droit chemin.
Celui qui accomplit tous les commandements machinalement, est un juste à ses propres yeux.
Comme il lui semble qu'il accomplit son service le mieux possible, il ne s'interroge jamais sur sa manière d'agir.
Il ne pourra jamais parvenir à un niveau élevé.
Il est persuadé que son service est parfait, mais en fait, il est aussi éloigné de D. que l'orient l'est de l'occident ..."

"Parle aux enfants d'Israël, et qu'ils prennent pour Moi un prélèvement ..." (Térouma 25,2)

De nombreux commentateurs s'interrogent sur la formulation de ce verset.
Pourquoi est-il écrit : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" (véyikrou li térouma), et non : "qu'ils Me donnent un prélèvement" (véyitnou li térouma)?

-> Le Beit haLévi explique que le seul argent que l'on puisse vraiment revendiquer comme étant le sien est celui que l'on donne à la charité.
Car celui que nous conservons pour nous n'est pas vraiment notre bien. Nous le détenons chez nous comme un dépôt, provisoirement.

-> La personne intelligente a conscience qu'en réalité elle ne donne pas vraiment, puisque tout ce qu'elle a n'est de toute façon pas à elle, et appartient à Hachem.
Par conséquent, elle ne fait que prendre : prendre des mitsvot pour le monde à Venir.
[le rabbi de Rizhin - rabbi Israël Friedman]
[d'une certaine façon, c'est comme si Hachem nous remettait une somme d'argent à transmettre à notre prochain dans le besoin, et pour cela, Il nous donnera à chaque fois des récompenses éternelles et infinies. Quelle affaire! Quelle joie!!
Malheureusement certains préfèrent oublier pourquoi ils ont ces ressources éphémères, les gardant pour eux en pensant faire une affaire en or. La réalité est toute autre, ils passent à côté d'une richesse éternelle.]

-> La guémara (Baba Batra 11a) parle de Mounbaz, roi d'Adiabène qui s'était converti au judaïsme, qui avait vidé les trésors de son père et les avait entièrement distribués à la charité : "Mes ancêtres, disait-il, ont amassé des richesses pour d'autres, mais moi, je le fais pour moi-même!"

=> Les dons destinés à l'édification du Michkan sont appelés une "prise".
Seul appartient à l'homme ce qu'il donne aux causes charitables.
C'est pourquoi le geste de donner constitue en réalité un acte de prise de possession ("qu'ils prennent pour Moi ...")

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-> Le Rav Zalman Sorotzkin explique : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" comme : Chacun des enfants d'Israël devra mener un combat interne pour pouvoir "prendre" de son argent et Me le donner.
En effet, il faut souvent lutter pour dominer la cupidité de son cœur, avant de pouvoir se séparer de 'son' argent.

-> Le rav El'azar Chakh explique ce passage en ramenant la guémara Soucca (52a) disant que le yétser ara menace chaque jour d'écraser l'être humain, et si D. ne nous aidait pas, nous ne pourrions jamais le maîtriser.
Dans ces conditions, nous ne pouvons accomplir une mitsva ou un acte positif qu'en "prenant" une aide de D.

-> Selon le 'Hida :
Bien qu’Hachem demande d’apporter des offrandes pour fabriquer le Michkan (Tabernacle), malgré tout, Lui aussi se propose de donner quelque chose.
Cela est en allusion dans le verset : "Ils prendront pour Moi (que l’on peut aussi traduire : à Moi) un prélèvement" = à savoir de ce qui est à Moi. En effet, le midrach dit qu’Hachem fit venir des nuages qui amenèrent avec eux les pierres précieuses pour le Pectoral ('Hochen). C’était cela l’offrande d’Hachem.

-> "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement, de tout homme que son cœur motivera"
A partir des aspirations de notre cœur, des désirs de ce monde, nous devons prendre des prélèvements pour Hachem.
Et c'est précisément en sacrifiant ces désirs (les donnant à D.) que nous pouvons alors nous élever dans notre Service Divin (gagnant alors sa proximité, et toutes les bénédictions qui en découlent).
[le Toldot Yaakov Yossef - Rav Yaakov Yossef de Polnoa]

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/02/19/6183

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+ "Qu'ils prennent pour Moi un prélèvement", Rachi commente : "pour Moi", signifient "pour Mon Nom"(li lichmi).
Les prélèvements pour la fabrication du Michkan devaient être donnés pour une seule raison : au Nom d'Hachem (non à cause de la pression sociale, d'intérêts personnels, ...).

-> Lorsque les prélèvements ont été apportés uniquement avec l'intention de réaliser la Volonté Divine, alors par cela la Présence Divine peut venir résider dans le Michkan.
=> Lorsque la finalité de nos actions est "pour Moi" = c'est-à-dire d'agir au Nom d'Hachem, alors "ils prennent" = on obtient alors le mérite d'avoir la chékhina qui repose en nous!
[adapté du 'Hidouché haRim]

-> Bien que généralement, il soit interdit de prononcer le "Tétragramme" (יהוה), qui est le Nom d’Hachem tel qu’il s’écrit, malgré tout dans le Michkan, et plus tard dans le Temple, à certaines occasions, ce Nom était prononcé.
Ainsi, par ces prélèvements, on allait fabriquer le Michkan où on pourra prononcer le Nom d’Hachem tel qu’il s’écrit.
=> De la sorte, on peut dire que les prélèvements seront pris "pour Mon Nom" ("li lichmi" - Rachi).
[le Zéved Tov]

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+ "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement, de tout homme que son cœur motivera vous prendrez Mon prélèvement" (v.25,2)
Pourquoi est-ce que le verset commence par "qu'ils prennent pour Moi", et ensuite se répète dans la même phrase : "vous prendrez Mon prélèvement"? De plus, pourquoi la 1ere fois il est utilisé le terme : "térouma" (un prélèvement) et la 2e fois : "téroumati" (mon prélèvement)?

-> Le Maguid de Doubno explique que la nécessité d'avoir un Saint (Kodéch) et un Saint des Saints (Kodéch haKodachim - lieu d'une sainteté nettement supérieure au Kodéch), étaient dans une finalité de pouvoir séparer les différents types de contributions.
En effet, les matériaux pour le Kodéch haKodachim provenaient des gens qui avaient donné de tout leur cœur, tandis que les matériaux destinés au Kodéch venaient des autres personnes n'ayant pas données d'un cœur entier.

-> Le Adérét Eliyahou dit que nous pouvons ainsi comprendre le verset :
- "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement (térouma)" = il s'agit des gens qui n'ont pas donné de tout leur cœur, leur contribution (appelée : UN prélèvement) allant alors au Kodech ;
- "de tout homme que son cœur motivera vous prendrez Mon prélèvement" = il s'agit des personnes qui étaient motivées uniquement pour l'honneur de Hachem et qui ont donné d'un cœur entier. Ces contributions  sont appelées : "téroumati" (MON prélèvement), et sont allées à la construction du Kodech haKodachim.

=> Deux personnes réalisant la même mitsva, mais dans un état d'esprit différent (dans la joie et non par habitude ou forcé, pour l'honneur d'Hachem et non par intérêt, ...) auront des résultats très différents.
Hachem désire notre cœur (ex: la prière est appelée le service du cœur ; la 1er et dernière lettre de la Torah forment le mot : cœur - lèv, ...), et ce qu'Il nous donnera dépend de la qualité de l'investissement de notre cœur : plus il sera entier, plus notre récompense sera entière.

"Ils feront pour Moi un Sanctuaire et Je résiderai au milieu d’eux. " (Térouma 25,8)

La Pessikta rapporte qu’au moment où D. donna l’ordre de construire un Sanctuaire, Moché demanda tout tremblant : "Comment un homme pourrait-il bâtir une demeure pour Toi, alors qu’il est écrit : "Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent Te contenir !"
D. lui répondit : "Je ne demande pas (un Sanctuaire) à Ma mesure, mais à la mesure de leurs capacités : 20 poutres au nord, 20 au sud et 8 à l’ouest. "

Et lorsque D. parla de "Mon offrande, Mon pain ", Moché s’exclama : "Tous les animaux du monde suffiraient-ils à une seule offrande, et tous les bois du monde à une seule combustion ? "
D. lui dit : "Ce n’est pas comme tu penses ! Mais 'le 1er agneau, tu le sacrifieras le matin' "

Et lorsque D. ordonna : "Que chacun donne la rançon de sa personne ", Moché demanda : "Qui pourrait donner la rançon de sa personne ? Nul ne saurait racheter son frère, ni donner à D. le coût de sa rançon. Le rachat de leur personne est à trop haut prix. "
D. lui dit : "Ce n’est pas comme tu penses. Mais ‘voici ce qu’ils donneront : un demi-sicle, selon le sicle du Sanctuaire. ‘ ".

=> Nous pouvons en déduire de cet enseignement que D. n’a pas d’exigences exagérées envers les êtres humains.
Chacun n’est tenu de faire que ce qui est en son pouvoir.

Le plus sage des hommes, le roi Salomon a déclaré : "Tout ce que tes propres moyens permettent à ta main de faire, fais-le! " (Kohélet 9,10).

D. n'attend pas de nous l'impossible, mais par contre, il faudra rendre des comptes de l'utilisation de chacune des capacités qu'Il nous a donné.
Il ne faut pas chercher à se comparer à autrui, mais à nous même et à ce qu'on pourrait faire.

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+ "Tu feras des poutres (krachim) pour le Michkan"

-> Le mensonge se dit : "chéker" (שקר), soit les mêmes lettres que le mot : "kéréch" (une poutre - קרש). En effet, c'est en brisant/dominant le mensonge, que nous pouvons le transformer en : "poutre" pour bâtir son propre Michkan intérieur, et ainsi faire résider sur soi la Présence Divine.
[le Noam Elimélé'h - rabbi Elimélé'h de Lizhensk]

" Tout érudit dont l'intérieur n'est pas comme l'extérieur n'est pas un érudit." (Guémara Yoma 72)

["Recouvre-la à l'intérieur et à l'extérieur..." - Paracha Térouma 25;11]

"Tu feras une Ménora d'or pur, d'une seul pièce battue sera faite la Ménora." (Térouma 25,31)

L'expression "sera faite la Ménora" (téassé aMénora) est une forme passive.
Rachi l'explique ainsi = "comme Moché éprouvait des difficultés, D. lui a dit : "Jette au feu le bloc de métal, et elle se fera d'elle-même!" "

Si la Ménora s'est faite d'elle-même, s'étonne le Sfat Emet, pourquoi D. devait-Il montrer à Moché comment la confectionner?

-> Le Sfat Emet répond que cela nous apprendre un principe fondamental.
Quand on essaie de toutes ses forces de réaliser une mitsva, même ce qui dépasse nos possibilités s'accomplit tout seul.
On peut être assuré que le Ciel s'en occupera pour nous : "Jette le bloc dans les flammes (=le feu de l'action que nous aurons initié) , et elle se fera d'elle-même!"

En effet, il est certainement hors de nos possibilités d'exécuter les mitsvot à la perfection, mais ce n'est pas ce qu'on attend de nous.
Notre devoir est de déployer les plus grands efforts possibles, et ensuite D. s'occupera du reste, comme il est écrit dans la guémara (Shabbath 104a) : "Quiconque vient pour être purifié est aidé par le Ciel."

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-> Rachi commente : "Moché éprouvait des difficultés à concevoir la construction du candélabre. Hachem lui dit alors : “Jette le bloc d’or au feu et il se fera de lui-même.” C’est pourquoi il n’est pas écrit “Tu feras”."
Rabbi Israël de Mozits en déduisit un conseil pour toute personne en proie à des difficultés de quelque nature que ce soit : "Il suffit de s’en remettre à D. et Il pourvoira à nos besoins, la chose se fera d’elle-même."

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+ La primauté de nos efforts, sur nos résultats :

Au début de la paracha (v.25,7), nous pouvons remarquer que les pierres à enchâsser étaient les objets les plus précieux dans l'inventaire des dons destinées au Michkan. Mais alors pourquoi ne sont-elles mentionnées qu'à la fin de la liste (après l'or, l'argent et le cuivre), au lieu d'y figurer en tête?

Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique qu'elles étaient ce qui coûtait le plus cher, mais elles représentaient une moindre valeur que d'autres objets quant à l'acte même de donner.
Tous les autres matériaux avaient été acquis par les efforts de ceux qui les ont offerts au Michkan. Mais ce n'était pas le cas des pierres précieuses à enchâsser qui ont été apportées par les colonnes de Nuée depuis la rivière Pichone et le Jardin d'Eden (Targoum Yonathan ben Ouziel 35;27-28).

Puisqu'elles n'ont coûté aux juifs aucune difficulté/effort (leur tombant dans les bras!), ni aucune dépense, elles n'ont pas été aussi précieuses aux yeux de D. que les autres contributions.

=> Cela nous apprend comment Hachem observe, juge nos actes.
Nous n'aurons pas de compte à rendre sur les résultats de nos actions, mais sur nos efforts investis dans les moyens mis en œuvre pour les accomplir.
[quel est ton ratio : efforts réellement dépensés durant ta vie/efforts que tu pouvais potentiellement y dépenser]
A la fin de notre vie, nous n'emporterons rien de ce monde, à part l'énergie que l'on aura investie pour faire la volonté de D.

Source (b"h) : compilation issue du livre "Talélei Orot" du Rav Yissa’har Dov Rubin

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+ "Tu feras une Ménora d'or pur, d'une seul pièce"

-> Le terme "d’une seul pièce" se dit dans la Torah : "Mikcha" (מקשה), que l'on peut rapprocher du terme "Kaché" (קשה), qui signifie : "difficulté".

Le verset peut alors se lire : "Une difficulté c’est l’or pur" = l’une des grandes difficulté c’est de trouver de l’or (ou argent) pur, c’est-à-dire étant obtenu de la façon la plus pure et la plus honnête possible : ne provenant ni d’un vol, ni d’une tromperie, ...
[le Maharam Schick]

-> Dans le même sens, on peut comprendre pourquoi cette paracha de Térouma suit celle de Michpatim : c’est pour nous apprendre que les dons et la charité ne sont valables que si l’argent donné provient d’une source droite.
La Térouma (un prélèvement), allusion aux dons, ne peuvent venir qu’après avoir bien vérifié que l’argent est valable d’un point de vue judiciaire (Michpatim : paracha traitant des lois civiles).
[le Beit haLévi]

-> C'est vrai que c'est une tâche difficile (kaché) à atteindre (de vivre au niveau de l'or pur = notre argent est 100% casher, sans impureté/faute), mais celui qui y parvient est comparé à la Ménorah elle-même, dont la pureté illuminait le Ciel lui-même.
[le Richpé Aish - Rabbi Mordé'haï de Neshchiz]

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-> "Ses calices, ses boutons et ses fleurs feront corps avec elle" (Térouma 25,31)

Le 'Hatam Sofer donne à partir de ce verset une instruction pratique qui s’y trouvait en allusion : on ne doit pas décorer les paroles de la Torah par des décorations étrangères venant de l’extérieur, en expliquant les paroles de la Torah par des sagesses extérieures.
Mais même "ses calices, ses boutons et ses fleurs" doivent "faire corps avec elle", c’est-à-dire que même les explications et les commentaires de la Torah doivent venir d’une source pure.

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-> b'h, divré Torah sur la Ménora : https://todahm.com/2016/06/30/4624

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-> "Tu feras une Ménora d'or pur ... vois et exécute, d'après les plans que l'on t'a fait voir sur la montagne" (Térouma 25,31-40)

-> Rachi explique, d'après la guémara (Ména'hot 29a), que Moché avait des difficultés à réaliser la Ménora jusqu'à ce que Hachem lui montre une Ménora de feu.

-> Moché n'arrivait pas à comprendre comme une Ménora, qui est un élément matériel, pouvait avoir une influence spirituelle.
Ainsi, nous devons savoir que la Ménora recèle des secrets d'une telle profondeur qu'il est impossible à un être humain de les saisir intellectuellement.
[Tsor ha'Haïm - Térouma]

-> Le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou) écrit :
Les Sages (guémara Baba Batra 25b) nous ont enseigné : "Celui qui souhaite la sagesse s'oriente vers le sud, et celui qui souhaite s'enrichir s'orientera vers le nord. Voici une indication pour s'en souvenir : la Table au Temple était au nord tandis que la Ménora était au sud".
Il ressort de cet enseignement de la guémara que l'allumage des bougies de la Ménora fait allusion à la lumière de la Torah qui est descendue du Ciel.
Il est également enseigné par nos Sages (guémara Roch Hachana 21b) : "50 portes de compréhension furent créées dans le monde, toutes furent données à Moché, sauf une".

Lorsque nous observons la Ménora, nous constatons qu'elle est constituée de 7 branches, 11 pommeaux, 9 fleurs, 22 coupes, ce qui représente un total de 49 éléments correspond aux 49 portes de compréhension qui furent données à Moché.
En comptabilisant la Ménora elle-même, nous obtenons 50 éléments soit la 50e porte manquante.
Ainsi, la raison pour laquelle il fut si difficile pour Moché de concevoir la Ménora était que la Ménora elle-même, qui symbolisait la 50e porte de compréhension, ne lui fut pas transmise.
Hachem fit donc apparaître une Ménora de feu.

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-> Le Arizal nous enseigne : avant que le peuple d'Israël ne faute avec le veau d'or, Moché réussit à atteindre la 50e porte de la Torah. Mais après la faute du veau d'or, cette 50e porte lui fut reprise.

-> Le Chla haKadoch ajoute à cet enseignement que le jour où Moché rendit son âme au Créateur, il réussit de nouveau à atteindre la 50e porte de compréhension.

"Ils feront une Arche (Aron) en bois de Chittim, de 2 coudées et demie de longueur ; une coudée et demie de largeur, et une coudée et demie de hauteur" (Térouma 25,10)

"Tu feras une Table (Choul'han) en bois de Chittim, de 2 coudées de longueur, une coudée de largeur et une coudeé et demie de hauteur" (Térouma 25,23)

"Tu feras l'Autel (Mizbéa'h) en bois de Chittim, 5 coudées de long et 5 coudées de large, l'Autel sera carré, et 3 coudées de hauteur" (Térouma 27,1)

Comment expliquer que :
- pour l'Arche = toutes les mesures sont fractionnées ;
- pour la Table = uniquement la hauteur est fractionnée ;
- pour l'Autel = toutes les mesures sont entières.

+++ Pour l'Arche (renfermant les 10 Commandements, représentants la Torah) :
-> Selon le Baal haTourim, le fait qu'il n'y a aucun nombre entier, nous montre que ceux qui étudient la Torah doivent briser leur fierté et se comporter avec humilité.
-> Le Kli Yakar suggère que les mesures ne sont pas complètes, en allusion au fait que nous devons toujours nous considérer comme incomplets dans notre connaissance de la Torah.
- Le midrach Talpiyot fait remarquer qu'au total les mesures de l'Arche sont de 5,5 coudées (2,5 longueur, 1,5 largeur, 1,5 hauteur). Cela fait allusion aux 5 Livres de la Torah Écrite (5 coudées), plus une demie coudée pour la Torah Orale, renvoyant à l'idée que ces Livres sont d'origine Divine (complets, infinis), tandis que la Torah Orale n'est qu'une partie des explications qui s'y trouvent.

+++ Pour la Table :
-> Les dimensions de la Table sont principalement entières en allusion au fait que nous devons être satisfaits de nos possessions matérielles, et que nous devons nous voir comme ne manquant de rien.
Cependant, la mesure de la hauteur est incomplète, pour nous enseigner que nous ne devons pas chercher à satisfaire tous nos désirs matériels.
Selon le Séfer haMaguid, c'est également un message aux riches : la largeur et la longueur de votre richesse ont beaux être énormes, mais cependant, vous ne devez pas en devenir hautain (prendre une hauteur totale), mais rester fractionné (c'est grâce à D.!).

-> Le rav Ouri Klerman enseigne :
- La largeur et la longueur représentent l'intégralité de ce monde (de long en large!), espace dans lequel nous nous devons d'évoluer en étant content de notre sort.
- La hauteur n'est pas une donnée complète, car chaque élément matériel a potentiellement une capacité à nous élever spirituellement, et c'est uniquement en ce sens que nous pouvons considérer que nos besoins matériels sont manquants (comme moyen nécessaire à notre spiritualité!).
[La mesure incomplète de la hauteur peut également renvoyer à notre désir d'empiler les plaisirs de ce monde (les uns sur les autres : en hauteur). Or, nos Sages nous ont avertis qu'il est impossible de rassasier tous nos besoins physiques (on en veut toujours plus!).]

+++ Pour l'Autel :
-> Les mesures sont complètes pour nous enseigner que l'Autel répare les dégâts générés par nos fautes, nous rendant alors de nouveau complet, parfaitement pur.

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Rabbi Chimon dit : "Il y a 3 couronnes : la couronne de la Torah, la couronne de la prêtrise et la couronne de la royauté ; quant à la couronne de la bonne renommée, elle les surpasse toutes." (Pirké Avot 4,13)

Le rav Zelig Epstein rapporte que ces 3 couronnes sont positionnées sur les 3 éléments essentiels du Michkan. D'une façon légèrement adaptée, il enseigne que :
-> sur le Aron = c'est la couronne de la de la Torah (kéter Torah).
La guémara (Yoma 72b) enseigne que l'Arche fait allusion à la couronne de la Torah.
De même que les Tables de la Loi étaient entreposées à l'intérieur de l'Arche, de même nous devons nous purifier et faire de la place en nous-même, afin de pouvoir être un réceptacle pour la Torah, de pouvoir faire un avec elle.
C'est pour cela que la couronne n'est pas mise directement sur la Torah, mais sur l'Aron.

-> sur le Mizbéa'h = la couronne de la prêtrise (kéter Kéhouna).
L'Autel symbolise la mission des Kohanim : la capacité à réaliser les services nécessaires dans le Michkan.

-> sur la Choul'han = la couronne de la royauté (kéter Mal'hout).
La guémara (Yoma 72b) enseigne que la Table était ornée d'une "couronne" rappelant la "couronne de royauté".
En effet, tout comme c'est par la grâce du souverain que le peuple jouit d'une vie tranquille et prospère, de même est-ce grâce à la Table qu'Israël connaissait la prospérité.
La guémara rapporte l'idée que le pain déposé chaque semaine sur la Table (Choul'han) amenait une abondante prospérité sur tout le peuple, et de plus lorsqu'un Cohen en mangeait même un petit morceau, il se trouvait immédiatement rassasié.
[La Table était garnie en permanence de 12 "pains de proposition" (lé'hem apanim), disposés en 2 rangés de 6 pains, qui restaient totalement frais et chauds pendant une semaine entière (où ils étaient alors remplacés par de nouveaux), renvoyant à la notion de royauté : un étalage d'honneur, de respect et de puissance (bien au-delà de la normalité!).]
[cf. Rachi 25,24 : "Symbole de la couronne de royauté (Yoma 72b), car la table évoque la richesse et la grandeur"]

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-> Chimon haTsadik dit : "Le monde repose sur 3 piliers : [L'étude de] la Torah, le service [de D.] et les actes de bienveillance (guémilout 'hassadim)." [Pirké Avot 1,2]

Le rav Zalman Sorotskin (le Oznayim laTorah) s'interroge : "Pourquoi Hachem a-t-Il demandé de construire l'arche d'Alliance avant tous les autres ustensiles, et même avant l'ordre d'élever un sanctuaire? Surtout que tant que celui-ci n'était pas construit, il n'était pas possible d'y entreposer quoi que ce soit.

Le rav Sorotskin répond que même si le sanctuaire devait être le lieu où seraient offerts des sacrifices [sur l'Autel], en tant que service Divin (l'un des 3 piliers sur lesquels repose le monde), il faut cependant remarquer que le Saint des Saints (kodéch hakodachim) en était l'endroit le plus élevé : là était posée l'arche qui contenait le Séfer Torah ainsi que les Tables de la Loi (c'est un 2e pilier).
Selon certains Sages, les poutres du sanctuaire provenaient du verger d'Avraham, dont il offrait les fruits à ses invités ; ces poutres représentaient la vertu de 'hessed, la bonté (c'est un 3e pilier) [de même une table renvoie à l'idée d'hospitalité, de penser à donner de la tsédaka à autrui pour qu'il puisse par exemple manger à sa faim, ...]
[Selon nos Sages, le Michkan (sanctuaire) correspond à la Création et fait allusion à l’ensemble du monde, il est donc nécessaire d'avoir présent en lui les 3 piliers sur lesquels reposent le monde.]

Ainsi, Hachem fit-Il donner d'abord l'ordre de construire l'arche d'Alliance pour nous enseigner que l'étude de la Torah est plus importante que les 2 autres piliers : la bonté et les sacrifices.

Le rav Sorotskin ajoute que, même si le Séfer Torah et les Tables qui se trouvaient dans l'arche n'étaient pas destinés à l'étude, ils avaient pour but de montrer que la Torah doit être préservée de tout changement, de toute falsification ou adaptation.

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"Ils feront une Arche (Aron) en bois de Chittim" (Térouma 25,10)

"Tu feras une Table (Choul'han) en bois de Chittim" (Térouma 25,23)

"Tu feras l'Autel (Mizbéa'h) en bois de Chittim" (Térouma 27,1)

=> Pourquoi la Torah utilise-t-elle : "ils feront" uniquement pour l'Arche, et non "tu feras" comme avec la Table et l'Autel?

-> Le Alshich haKadoch donne la réponse suivante :
La couronne de la prêtrise (kéter kéhouna) repose uniquement sur Aharon et ses descendants.
La couronne de la royauté (kéter mal'hout) est destinée uniquement à David et à ses descendants.
Par contre, la couronne de la Torah (kéter Torah) peut être acquise pas tout juif qui est prêt à se consacrer à l'étude de la Torah.
C'est ainsi que la guémara (Horayot 13a) nous enseigne qu'un mamzer qui est érudit en Torah (talmid 'hacham), il  priorité sur un Cohen gadol qui est ignorant.
=> L'emploi du pluriel pour l'Arche qui contient la Torah, témoigne du fait qu'absolument tout juif a l'opportunité d'y prendre part, contrairement à la prêtrise et à la royauté.

-> Le rav Yaakov Galinsky apporte une autre explication.
- "Ils feront une Arche (Aron - contient la Torah)" = c'est une allusion à la spiritualité, domaine dans lequel nous devons nous efforcer de faire partie d'un groupe d'étude.
[Selon le 'Hatam Sofer, les Chérubins symbolisent la nécessité pour les étudiants en Torah d'étudier en 'havrouta, uniquement dans une optique de comprendre ce qui est attaché aux Chérubins : les Lou'hot (Torah), et non pas dans une recherche d'honneurs, d'intérêts personnels.]
- "Tu feras une Table (Choul'han)" = c'est relatif à la matérialité, où l'on ne doit pas regarder avec jalousie ce que les autres possèdent. Il faut savoir se satisfaire avec ce que l'on a personnellement (d'où l'emploi du singulier)!
- ["Tu feras l'Autel" = le mizbéa'h fait essentiellement partie du processus d'expiation, de purification des fautes propres à chacun => au singulier]

+ La paracha Térouma nous parle de la résidence de D. sur terre, qui peut se comprendre comme la famille, le couple.

-- Le nom de D., dans son attribut de miséricorde s'écrit : יהוה

- Pour former un couple, il faut une femme (אשה) et un homme (איש).
On remarque que chacun amène une lettre du nom de D. (יה), et que sans cette présence de D., l'un et l'autre forme le même mot : le feu (אש).
Pour avoir un couple épanoui, il faut : l'homme + la femme + D.

- Pour formaliser, l'acte de mariage juif, il faut la kétouba (contrat de responsabilité de l'homme envers son épouse).
La kétouba (כתובה) = un simple écrit (un ktav - כתב), auquel on associe les 2 lettres : וה
Ces 2 lettres du nom de D. viennent donner toute sa valeur à ce simple bout de papier (ktav), et elles s'associent aux 2 lettres contenues dans le mot femme et homme, pour former en totalité le nom de D.

Ainsi, le fait d'avoir un foyer dans la paix (sans le feu de la discorde- אש) et avoir une kétouba écrite selon les lois de la Torah, permet à la présence de D. de résider parmi les êtres humains.

[Le Gaon de Vilna fait remarquer que le mot guèt, désignant le contrat de divorce, est formé de 2 lettres : 'guimél' et 'tèt', qui ne se suivent dans aucun mot de la Torah écrite.
Le guimel et le tèt, ne peuvent s'unir ... ]

 

Source (b"h) : issu de dvar Torah du Rav Mena'hem Berros + du livre "Binéoth Déché" du Rav David Chaoul Greenfeld (pour la remarque du Gaon de Vilna)

Paracha Térouma

- "Et voici le prélèvement que vous prendrez d'eux : de l'or (= Za'av), de l'argent (= Kessef) et du cuivre (= Né'hoshét)" (Térouma 25,3).

Rashi nous dit sur le passage "de l'or, de l'argent, du cuivre, ..." : "Tous ont été offerts par don volontaire. Chacun selon ce que son cœur l'a porté à donner ...".

1°/ Pour le Béer Yitshak ce verset est un signe de la grande générosité des Bnei Israël. En général, on donne des petites sommes, et c'est seulement une fois que le cœur s'est véritablement ouvert qu'on donne de grosses sommes.
La Torah, nous fait l'éloge des Bnei Israël en disant qu'ils ont commencé par apporter les choses de grande valeur.

2°/ Le Hatam Sofer découvre au travers de ce verset une allusion aux jours de l'année.
- Le mot Za'av est constitué de 3 lettres : le zayin (= valeur numérique de 7 et qui représente le 7e jour, le Shabbath), le hé (= 5) et le bét (= 2)  - le 2e et 5e jours correspondent au lundi et au jeudi, jours où l'on lit la Torah).
- Dans le mot Kessef, il y a : le kaf (= yom Kippour), le same'h (= soukot) et le pé (= Pourim).
- Enfin, le mot Né'hoshét comprend : un noun (= nérot de Hanouka), un hé (= hodesh = les rosh hodesh, dont rosh hashana), un shin (= shavouot, shémini atséret et sim'hat Torah) et un tav (= taanit = les jeûnes).

3°/ Parmi les nombreux niveaux dans le don de la tsédaka, on peut en trouver 3 en allusion dans ce verset :
- celui que l'on fait lorsque l'on est en pleine santé et que l'on se sent parfaitement bien.
Les initiales du mot Za'av forment : Zé Hanoten Bari (= celui-ci donne en pleine santé).
- celui que fait l'homme lorsqu'il est malade et qu'il a besoin de la miséricorde de D.
Kessef = shéroé Sakana Potéa'h (= quand il voit le danger il ouvre la main).
- le don fait par un homme sérieusement malade, et qui en dernier recours en appel à la tsédaka.
Né'hoshét = tinat HoShéamar Tnou (= le don d'un malade qui a dit : donnez").

Dans le même ordre d'idée, selon le Daat Zékenim, lorsque l'on donne la tsédaka alors qu’on est en bonne santé, c’est compté comme si on donnait de l’or. Si c’est parce qu’on est malade, c’est compté comme de l’argent ... et si c’est après notre mort, c’est du cuivre.

En ce qui concerne le mot Za'av, le Ben Ich Haï apporte un très joli jeu de mot. Si on remplace chaque lettre du mot Za'av par la lettre qui suit, on obtient le mot 'houg (zaïn devient het, hei devient vav, bet devient guimel), qui veut dire :  "cercle", faisant allusion à la roue de la fortune. En un seul instant, on peut perdre l'argent amassé pendant toute une vie de labeur. Rien n'est normal, acquis, remercions D. à chaque instant pour tous les bienfaits qu'Il nous octroie.

Le Ben Ich Haï fait également remarquer concernant  le mot Za'av, que les lettres sont placées en ordre décroissant (zaïn (7), hei (5) , bet (2)). Lorsque notre but principal est d'amasser des richesses, on n'en sort pas grandi, au contraire ...

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-> Le verset dit : "Ils prendront pour Moi une offrande" = Hachem dit aux Bné Israël : si vous prenez une offrande, prenez-la "pour Moi".
Que leur intention dans la mitsva de tsedaka soit uniquement de causer de la satisfaction au Roi du monde, et non leur satisfaction personnelle. Alors, la mitsva sera parfaite devant Moi.
[plus la tsédaka est léchem chamayim, plus précieuse sera sa valeur (de façon imagée: or, argent, cuivre, ...).]

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-> Pour édifier le Michkan, trois métaux furent utilisés : l’or (Zahav - זהב), l’argent (Kessef - כסף) et le cuivre (Né’hochet - נחשת) : "Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre" (Térouma 25,3).
Ces 3 métaux précieux sont cités comme premières offrandes que les Bné Israël devaient apporter pour la construction du Michkan, car ils font allusion aux 3 piliers sur lesquels repose le Monde : Torah, Service Divin et Charité (Pirké Avot 1,2) :

1°/ La Torah :
Les noms des trois métaux font allusion aux jours de l’année où nous lisons dans le Séfer Torah.
En effet, les lettres de Zahav (זהב) : Zaïn (7) – Hé (5) – Beth (2) font allusion, respectivement, aux jours de lecture hebdomadaire : Shabbath, jeudi et lundi.
Les lettres de Kessef: Kaf – Samekh – Pé, font allusion, respectivement, à Kippour, Souccoth et Pessa’h/Pourim.
Les lettres de Né’hochet: Noun – ‘Heth – Chin – Tav, font allusion, respectivement, à Nérot (‘Hanouka), [Roch] ‘Hodech/Hachana, Chavouot/Chémini, Atséreth/Sim’ha Thora et Taaniyot.
[‘Hatam Sofer]

2°/ Le Service Divin:
Le Service Divin, à l’origine celui des sacrifices, coïncide avec la Téfila (prière), pour laquelle il est dit : "l’heure de la prière est celle du combat (contre les forces du Mal portées par les Empires de l’histoire)" [Zohar].
Ainsi, l’or, l’argent, le cuivre [et les étoffes] représentent, les 4 nations parmi lesquelles furent asservis les Bné Israël.
L’or symbolise Babylone : "Quant à cette image, sa tête [allusion au roi Nabuchodonosor] était d’or fin" (Daniel 2,32).
L’argent symbolise la Médie (ou la Perse) : "Sa poitrine et ses bras [allusion à l’empire perse]étaient d’argent".
Le cuivre symbolise la Grèce : "Son ventre et ses cuisses [allusion à l’empire grec] étaient d’airain".
En annonçant l’Exil, Hachem nous rassure et nous prédit que les difficultés de Galouth finiront par apporter "l’huile pour le luminaire", c’est-à-dire le roi machia’h pour lequel il écrit : "J’ai préparé une lumière pour Machia’h" (Téhilim 132,17) [Midrach].
=> Aussi, les métaux qu’apportèrent les Bné Israël, servirent de boucliers contre les mauvais desseins des Nations. [Kli Yakar]

3°/ La Charité (tsédaka) :
Les 3 métaux font allusion aux 3 sortes de donateurs de la Tsédaka :
Zahav sont les premiers lettres de "Zé Hanotène Bari" (celui qui donne en bonne santé).
Kessef sont les premières lettres de "Kéchéyech Sakanat Pa’had" (celui qui donne car il craint le danger).
Né’hochet sont les premières lettres de "Nétinat ‘Holé Chéomer Ténou" (le don du malade qui, incapable d’agir,
dit : donnez).
Ces trois niveaux de donateurs correspondent aux 3 générations qui verrons le Temple : celle du premier Temple – les Tsadikim, celle du second Temple – les Baalé Téchouva et celle du troisième Temple qui, considérée comme malade en raison des nombreuses souffrances du dernier Exil, se tournera vers Hachem pour l’implorer de la Délivrer.
[Iguéreth Hatiyoul]

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- "Tu feras des tentures de chèvres pour [servir] de tente sur le Sanctuaire (Michkan)" (Térouma 26,7).

-> Il fallait recouvrir les grandes richesses du Sanctuaire par de simples tentures en peau de chèvre.
Pourquoi cela?

On peut apprendre de ce verset la façon dont un juif doit se comporter avec les richesses que D. lui a donné.
Vis-à-vis de l'extérieur, l'homme doit s'efforcer de se conduire avec simplicité et modestie, pour ne pas éveiller la jalousie parmi ses voisins et connaissances.
De tout temps, les nations non juives, ont voulu marquer leur puissance par de belles constructions, et elle n'ont pas survécu. Le peuple juif n'a pas créé de grandes constructions extérieures, préférant la discrétion, le développement et la transmission des richesses intérieures.
=> Construisons et faisons vivre un beau Temple dans notre cœur pour D., au lieu d’investir vainement de l’énergie dans le paraître aux yeux d’autrui.

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Prémichlan enseigne sur ce verset :
Il y a 2 sortes de tsadikim :
- celui qui va être le même à l'intérieur et à l'extérieur : rien qu'en le voyant, on sait que c'est un tsadik.
- mais il y a également celui dont les qualités sont cachées, et pour un observateur occasionnel, ce tsadik n'a rien de spécial, c'est comme une personne "ordinaire".
Lequel des 2 est-il préférable?

Le verset déclare : "Tu feras des tentures de chèvres pour [servir] de Tente sur [recouvrant] le Michkan" = puisque nous avons tous un Michkan en nous, cela implique que nous devons recouvrir notre sainteté intérieure, nos grandeurs spirituelles internes.
[même si j'atteins de très hauts niveaux, je ne dois pas l'exposer aux yeux de tous, et au contraire faire preuve d'humilité (c'est grâce à D., et c'est pour ça que j'ai été créé), en recouvrant cela de rideaux ordinaires ("de poil de chèvre").]

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-> D'après le midrach (Chir haChirim rabba 2,15), les tentures du Michkan furent réalisées avec de la peau de chèvre qu'avait utilisée Rivka pour en revêtir Yaakov afin qu'il puisse mériter de recevoir la bénédiction d'Its'hak.