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-> Pour le Michkan : "Tous, hommes et femmes, ce que le cœur portait à offrir pour les divers travaux que Hachem avait prescrits par l'organe de Moché, les Bné Israël en firent l’hommage spontané à Hachem" (Vayakel 35,29)

-> Pour le Veau d'or : "tout le peuple qui se dépouilla" (Ki Tissa 32,3)

=> Comment comprendre que pour le Michkan seuls ceux qui y "étaient portés par leur cœur" offrirent leurs dons, mais pour le Veau d'or c'était "tout le peuple qui se dépouilla"?

-> Le rav Yonathan Eibschutz donne l’explication suivante :
Lorsque Moché appela les Bné Israël à apporter des offrandes pour la construction du Michkan, même le Erev Rav voulut contribuer en amenant des offrandes afin d'avoir aussi une part dans sa construction. Mais les Bné Israël s'y opposèrent : "Ceux qui nous ont fait fauter au Veau d'Or n'auront pas de part dans la construction du Michkan".
Cependant le Erev Rav attendait son tour, chacun avec son or, son argent, son cuivre. Les Bné Israël manifestèrent leur mécontentement.
Un délicat s’éleva alors : pouvions-nous "perdre" le Michkan de tous les dons du Erev Rav, sous prétexte que les Bné Israël ne voulaient pas qu'ils participent? Beaucoup d'or et tous les autres matériaux allaient être perdus!
Les Bné Israël décidèrent, malgré tout que le Erev Rav ne donnerait rien. Ils combleraient eux-mêmes la perte.
Ils firent donc l'inventaire de tout ce que le Erev Rav avait l'intention de donner : la quantité d'or, d'argent, ... et ils les renvoyèrent chez eux.
Et chaque Bné Israël apporta de ses propres biens afin de compenser la perte.
C'est ce que signifie le verset : "Tous hommes et femmes" : c'est le Erev Rav!

-> Le 'Hida nous livre l'enseignement suivant : Lorsque la quête pour la construction du Michkan eut lieu, il n'y eut pas une seule personne qui regretta d'avoir donné, même lorsque certains offrirent plus que d'autres.
C'est ce que signifie le verset : "Tous, hommes et femmes, ce que le cour portait à offrir" = depuis leur première intention de donner jusqu'au moment où ils apportèrent leur don, tout se fit avec un zèle et dévotion parfaite.
Personne ne changea d'avis, ni ne regretta entre temps!
[lorsque les juifs ont pu donner au Veau d'or cela n'était pas de tout cœur. En effet, c'est seulement pour une mitsva qu'un juif peut donner entièrement car tout juif a une intériorité qui restera toujours pure, sainte.
En ce sens on célèbre la réalisation de mitsvot, mais jamais il n'y aura de célébration pour avoir fait une faute.]

-> Le Alchikh haKadoch explique la chose de cette façon : Tous les juifs de la génération du désert se disaient: "Si j’en avais eu les moyens, j’aurais tout offert tout seul! Seulement, je n’en ai malheureusement pas les moyens! J’ai déjà apporté le maximum".
Or, lorsqu’un homme a des bonnes pensées de cette sorte, Hachem lui compte comme s’il avait réellement accompli l’acte!
C’est ce à quoi le verset fait allusion : Tous, hommes et femmes, ce que le cœur portait à offrir (la totalité) ... les Bné Israël en firent l'hommage spontané à l'Eternel (qu'Il considéra comme effectif)" = c'est comme s'ils avaient chacun tout apporté!
[lorsque l'on désir vraiment donner l'infini à Hachem, alors Il considère comme si l'on avait donné l'infini. Ainsi, quoique les Bné Israël aient pu donner pour le Veau cela reste insignifiant en comparaison.
(bien que donnant extérieurement l'intériorité pure du juif ne le voulait pas vraiment, et donc ils n'aspiraient pas à cela à 100%)]

La sainteté du Chabbat nous aide à mieux observer les mitsvot

+ La sainteté du Chabbat nous aide à mieux observer les mitsvot :

"Moché réunit toute l'assemblée des bné Israël et leur dit : "Voici les paroles qu'Hachem a ordonné de faire : 6 jours durant, le travail sera effectué, mais le 7e jour (le Shabbath) sera saint pour vous." (Vayakel 35,1-2)

-> Le séfer Tiferet Israël explique que les mots "Voici les paroles qu'Hachem a ordonné de faire" (élé adévarim acher tsiva Hachem) font référence aux 613 mitsvot.
Le verset dit que la sainteté du Shabbat aide à accomplir tout ce qu'Hachem nous ordonne de faire.
C'est ainsi que la guémara (Yérouchalmi Béra'hot 1:5) affirme que la mitsva de "se souvenir du jour du Shabbat" est incluse dans les mots : "Vous observerez tous mes commandements et vous serez saints pour votre D."
Autrement dit, la mitsva du Shabbat est égale à toutes les autres mitsvot de la Torah.

C'est l'intention du midrach (Chémot rabba 25,12) qui dit : "Hachem dit à Israël : Si tu mérites d'observer le Shabbat, Je considérerai cela comme si tu observais toutes les mitsvot de la Torah."
En effet, observer le Shabbat permet d'observer toutes les mitsvot d'Hachem.

"Recueillez parmi vous une offrande à Hachem" (Vayakél 35,5)

-> Cela signifie que chacun devait faire un don s'il le désirait, sans aucune contrainte.
Le mot "parmi vous" (mit'hém) sous-entend de donner sous l'impulsion de ses sentiments profonds, selon l'élan de son cœur.
"Ne donnez pas parce que vous y êtes forcés ou par jalousie. Votre don ne doit pas provenir de causes extérieures. Donnez "méit'hém" : de l'intérieur de vous-mêmes."
[Sifté Cohen]

-> Ce verset peut se traduire littéralement par : "Prenez de vous-mêmes" = si un homme donne de son plein gré, c'est comme s'il avait donné une partie de lui-même.
[Kli Yakar]

-> Le Kli Yakar enseigne également :
La Torah dit : "recueillez de vous-mêmes" pour enseigner qu'aucun don ne devait provenir d'objets volés.
Chaque don qu'une personne fait à une cause sacrée doit provenir de sa propriété personnelle, gagnée de ses propres mains, sans la moindre trace de tromperie ou de vol ...

Généralement, lorsqu'un homme accomplit un acte louable, un ange défenseur est créé.
Cependant, s'il vole de l'argent et l'utilise pour une bonne action, au lieu de créer un bon ange, il créé un ange mauvais qui dénonce toutes ses fautes.
L'objet de la mitsva, que ce soit une soucca, un loulav ou tout autre objet sacré acheté avec cet ange, s'écrie devant Hachem : "Je proviens d'un vol!"
Les anges s'exclament alors : "Malheur à cet homme! Au lieu de créer un bon ange qui parle en sa faveur, il a créé un ange mauvais qui l'accuse!"
[...]

Lorsqu'un homme accomplit une bonne action avec de l'argent volé, l'ange de cette bonne action se présente pour crier devant Hachem. Au lieu de se faire avocat, il devient accusateur!

Moché dit : "Recueillez parmi vous une offrande à Hachem".
L'offrande que vous offrirez à Hachem doit provenir de vous, elle doit vous appartenir. Qu'elle soit dépourvue de toute trace de malhonnêteté!
[rapporté par le Méam Loez - Ki Tissa 35,4-9]

"N'allumez pas de feu dans toutes vos résidences le jour du Shabbath" (Vayakél 35,3)

-> Ce verset nous enseigne la leçon suivante :
Lorsqu'un homme commet une faute telle que la transgression du Shabbath, le feu de ce péché allume, au Guéhinam, un feu qui lui est destiné.
L'expression "vos résidences" désigne la demeure au Guéhinam du profanateur du Shabbath.

- "N'allumez pas de feu dans votre résidence de l'au-delà en transgressant le Shabbath!" nous recommande le verset.
- "Dans toutes vos résidences" = nous enseigne qu'il est permis d'allumer un feu dans le Temple et d'accomplir tout travail nécessaire au service. C'est seulement dans "vos résidences" personnelles qu'il est interdit d'allumer du feu.
- "N'allumez aucun feu" = signifie également qu'il est interdit d'infliger la peine de mort par brûlure le Shabbath, ainsi que les 3 autres peines de mort.

Dans ce verset, la Torah nous enseigne également l'interdiction de nous mettre en colère.
Un homme qui s'emporte souille son âme.
La Torah recommande : "N'allumez aucun feu" = le feu de la colère, dans une quelconque partie de votre corps.
Si un homme s'emporte, c'est comme s'il avait allumé le feu du Guéhinam le Shabbath.

Ce verset nous donne une leçon supplémentaire : il existe un feu qui s'étend et brûle tout sur son passage, il naît de la transgression du Shabbath.
"N'allumez aucun feu dans toutes vos résidences le jour du Shabbath" = ne provoquez pas de feu qui s'étendra partout chez vous!
Observez le Shabbath comme il convient. [Maharcha]
[Méam Loez]

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=> Pourquoi dois-ton particulièrement faire attention à la colère à Shabbath?

-> Le 'Hida répond qu'il est sûr que nous devons éviter la colère tout le temps, mais le fait d'être en colère à Shabbath produit des conséquences beaucoup plus nuisibles, comme l'indique l'avertissement de la Torah de ne pas allumer de feux "dans toutes vos résidences".
En effet, la colère à Shabbath a un effet destructeur beaucoup plus vaste, entraînant des préjudices "dans toutes vos résidences". [rien n'est épargné!]
C'est pour cela qu'il faut être particulièrement vigilant en ce jour de ne pas perdre son sang-froid.

=> La question demeure : pourquoi la colère est si sévère à Shabbath?

-> "Le Shabbath correspond à 1/60e du monde à venir" (guémara Béra'hot 57b).
Comme dans la cacherout, la quantité de 1/60e, est la mesure minimale permettant de ressentir quelque chose.
[le Shabbath est décrit comme : "mé'en olam aba" = un avant-goût du monde futur]

-> "Le Monde à venir n’est pas comme celui-ci.
Ici-bas, nous disons pour une bonne nouvelle : "Béni est le Bon, qui fait le bien!" (Barou’h atov véamétiv), et pour une mauvaise : "Béni est le Juge de vérité!" (Barou’h dayan aémet).
Tandis que dans le Monde à venir, nous ne dirons plus que : "Béni est le bon, qui fait le bien!""
[Rabbi A'ha bar 'Hanina - guémara Pessa’him 50a]
[ainsi même ce qui nous semble dans ce monde comme tragique, triste, sera de notre regard dans le monde à venir comme une source de joie, à l'image de nos moments actuellement joyeux.]

-> Il est dit à propos du monde à venir : "Hachem sera roi sur toute la terre ; en ce jour, Hachem sera un et unique sera son nom" (Zé'haria 14,9)
Bien sûr que Hachem est déjà actuellement Un. Cependant, dans notre monde, nous voyons une distinction entre ce qui est une bonne chose et une mauvaise chose. Dans le monde à Venir (celui de Vérité), il sera clair et évident que tout est causé par Hachem, uniquement pour notre bien.

-> Le rav Efraïm Zalman Margoliyot (le Beit Efraïm) dit que l'on s'énerve car l'on prend les choses trop à cœur avec une vision immédiate, alors que si l'on se projetterait par exemple un an plus tard, cela ne nous ferait alors pas grand chose (c'est déjà de l'histoire ancienne!).

Le rav Naftali Ropshitz avait une boîte à tabac, et à chaque fois qu'il était en colère il l'ouvrait et la refermait en y mettant dedans sa colère (n'y pensant plus du tout après). Par la suite, 2 heures plus tard, il venait rouvrir la boîte, et il récupérait sa colère en réalisant alors qu'il n'y avait pas vraiment de raison d'être en colère.
Telle est la nature de la colère, de se dissiper avec le temps. Ainsi, une technique efficace est de ne pas réagir tout de suite, mais de la laisser de côté (le temps nécessaire pour que notre feu interne d'égo blessé, soit passé).
C'est pourquoi dans le même ordre d'idée, l'Alter de Kelm avait un habit spécial pour la colère, et le temps qu'il fallait pour le mettre lui suffisait pour dissiper sa colère.

Le Séfer 'Hassidim rapporte l'histoire d'un homme qui sur son lit de mort a donné comme dernier conseil à son fils : d'atteindre 24h avant de réagir lorsqu'il se sent en colère.
[d'une certaine façon, on ne peut pas être en colère à Shabbath, car soit on doit encore attendre 24h, soit puisqu'on a l'obligation à Shabbath de considérer tout travail de la semaine comme terminé, alors on ne doit pas être en colère, puisque toute dispute doit être considérée comme terminée en ce jour!]

=> Avec ce que l'on vient de voir, on comprend la gravité de se mettre en colère à Shabbath.
En effet, toute l'essence de Shabbath est d'une certaine façon d'avoir la tête déjà dans le monde à venir. On doit avoir une perspective, un état d'esprit du monde futur, une vision depuis le monde de Vérité, depuis un endroit où nous avoir une image large des choses (pas momentanée, mais plutôt en dehors du temps, à l'image d'Hachem).
Nous devons donc spécialement en ce jour rester calmes, savoir regarder les choses en disant : "Béni est le Bon, qui fait le bien!".
[d'après un divré Torah du rabbi David Sutton]

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-> Le Kav haYachar (chap.86) cite le Zohar affirmant que lorsque les juifs reviennent de la synagogue le Shabbath, les anges chantent des louanges sur le peuple d'Israël, s'exclamant : "achré a'am chéka'ha lo".

[de même, le Aboudraham rapporte que certaines communautés ont l'habitude de réciter les versets : "achré a'am chéka'ha lo, achré a'am chéHachem Elokav", au moment où l'on sort le Séfer Torah de l'arche. ]

-> "Heureux le peuple qui jouit d’un tel sort" (Téhilim 144,15)
[achré a'am chéka'ha lo - littéralement : "Heureux le peuple à qui c’est comme cela"]
Le Toldot Yaakov Yossef commente ainsi : "Heureux est celui qui dit : "C’est comme cela"."
L’homme heureux est celui qui a de bonnes pensées, quelle que soit la manière dont Hachem se comporte avec lui, car il est convaincu que cela aussi provient d’Hachem.
Et il n’éprouve envers Lui aucun ressentiment du fait de sa situation.

=> Ce message est particulièrement pertinent pour Shabbath, qui est le moment où l'on doit renforcer en nous l'idée que "chéka'ha lo" (c'est comme cela!), que tout est précisément comme Hachem désire qu'il soit, et nous devons accepter toutes les situations avec calme et sans colère.

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+ Perdre son âme supplémentaire :

-> Durant Shabbath, nous sommes dotés d'une âme supplémentaire (néchama yétéra).
De plus, le midrach rapporte qu'un éclat particulier irradie notre visage pendant toute la durée du Shabbath.

Le Arizal enseigne que cette brillance a pour origine l'éclat du visage de Moché lorsqu'il est descendu du mont Sinaï pour la dernière fois.
La Torah décrit à quel point le visage de Moché brillait à sa descente, et la guémara (Shabbath 88a) explique que cet éclat provenait des "couronnes" des Bné Israël qui leur ont été reprises après la faute du Veau d'or, et elles ont alors été données à la place à Moché.
[avec la venue du machia'h, nous récupérerons définitivement ces couronnes, et également nos armures spirituelles protégeant contre les maladies, les souffrances et l'ange de la mort]

Le Arizal explique que chaque Shabbath, Moché nous donne un cadeau spécial : il nous retourne ces couronnes que nous avons dues lui abandonner suite à la faute du Veau d'or.
Et c'est pour cela que dans les prières de Shabbath nous disons : "yichma'h Moché bématnat 'helko" (chaque Shabbath, Moché se réjouit lorsqu'il donne au juif ce cadeau spécial [en nous rendant temporairement nos couronnes]).
Le Arizal enseigne que ces couronnes produisent une lueur unique qui brille sur nos visages pendant Shabbath.

-> En effet, le Baal haTourim fait remarquer que immédiatement après que la Torah rapporte la brillance du visage de Moché, elle relate que Moché a rassemblé les Bné Israël et il leur a transmis la mitsva d'observer le Shabbath, car en ce jour là nous acquérons une partie de la brillance spéciale de Moché.

-> "La destinée de celui qui se met en colère est de perte sa grandeur, même si cela lui avait été décrété."
[guémara Pessa'him 66b]
-> La sagesse et la prophétie quittent une personne lorsqu'elle devient orgueilleuse.
[guémara Pesa'him 66b]
La base de cela, est l'incident où Moché s'est mis en colère envers les officiers militaires du peuple juif, et en conséquence il a perdu une halakha.

Rabbi David Sutton ajoute :
La colère fait perdre de la sagesse, et ainsi la colère à Shabbath fait perdre notre âme supplémentaire ainsi que notre éclat spécial.
En effet, puisque notre éclat découle de l'augmentation de notre savoir et de notre compréhension qui nous est accordée à Shabbath, elle est donc perdue en conséquence de notre colère, qui conduit à nous faire perdre notre savoir.

[Par exemple, on peut citer :
-> Le Sforno (Chémot 20,11) explique la néchama yétéra comme l'acquisition d'une compréhension plus profonde, donnant lieu à un service plus intense de D.
-> Le Chita Mékoubétset (sur la guémara Beitsa 16a) décrit la néchama yétéra comme un esprit divin, planant au-dessus de nous le Shabbath.
Elle apporte à l'homme, depuis le Ciel, un surplus de flux de sainteté, ainsi que des prédispositions supplémentaires à l'étude de la Torah, et à sa compréhension.
-> Selon le Ma'ané Rakh (chap.14), une personne en colère : sa sainteté l'a abandonné, et il n'est plus soumis qu'à l'esprit d'impureté qui le domine.
-> selon nos Sages (guémara Sotah 4b) : "L’orgueilleux repousse les pieds de la présence divine. Hachem dit à son sujet : Moi et lui, nous ne pouvons demeurer ensemble!"

==> se mettre en colère à Shabbath c'est faire partir le surplus de divinité que nous recevons en ce jour, et par ricochet c'est se dispenser de recevoir toutes les bénédictions incroyables qui en découlent (Shabbath = mékor habéra'ha).]

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-> "Le midrach dit que la joie du Shabbath qu'aura un juif, amène une lumière spéciale, et son âme supplémentaire augmente son rayonnement à un niveau encore plus élevé"
[Yéfei Toar - Béréchit 11,2]

-> Le Zohar dit qu'une personne qui s'énerve est considérée comme si elle allumait les feux de l'enfer.
Une personne qui s'énerve pendant Shabbath fait partir l'âme supplémentaire qui réside en elle"
[Nichmat Yaakov]

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2014/02/23/1206-2

Questions/Réponses – paracha Vayakél & Pékoudé

+ Questions/Réponses - paracha Vayakél & Pékoudé :

1°/ Sur la paracha Vayakel :
Rachi (Vayakél 35,27) rapporte que le mot : "princes" (nési'im - נְּשִׂאִם) est écrit sans les 2 "youd" qui devraient normalement y figurer (נשיאים).
Cette anomalie constitue un reproche implicite pour ces illustres personnalités, qui n'ont apporté leurs dons qu'une fois que tous les autres matériaux aient été fournis, en comblant alors la totalité du manquant à donner.
En effet, la réponse du peuple a été si généreuse qu'il ne restait presque plus rien à offrir.

C'est donc pour sanctionner leur "paresse" à apporter immédiatement leurs dons que la Torah orthographie incomplètement leur nom.
[lors de l'inauguration du Michkan, ils n'ont pas reproduit cette erreur en apportant immédiatement leur offrande]

=> Pourquoi est-ce particulièrement la disparition de la lettre "youd"?

-> Le Kli Yakar explique que les Nési'im ont fait preuve d'arrogance en se déclarant capables de fournir quoique la nation entière n'aurait pas réussie à donner.

Hachem dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5), et c'est pour cela qu'Il a retiré la lettre youd, qui est la seule lettre de Son Nom qui est présente dans leur titre de : "Prince" (Néssi'im), faisant allusion qu'Il ne réside pas avec les orgueilleux.

[de même : "L’orgueilleux repousse les pieds de la présence divine. Hachem dit à son sujet : Moi et lui, nous ne pouvons demeurer ensemble!" - guémara Sotah 4b]

-> Le 'Hidouché haRim enseigne que la 1ere faute des Nési'im était de s'être séparés de la communauté, en acceptant de donner qu'une fois que tout le monde aura déjà contribué.
=> En raison du fait qu'ils se sont séparés de la communauté juive, la lettre youd, qui symbolise : Israël (ישראל - Bné Israël = les juifs = yidden), s'est également séparé de leur titre.

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-> Le rav Zev Leff répond que les Nési'im ont mal compris tout l'objectif de donner au Michkan.
Ils pensaient à tord que Hachem avait besoin de ces contributions, et qu'ils viendraient ensuite offrir ce qu'il manquait.
Mais en réalité Hachem n'avait [personnellement] absolument pas besoin de ces objets, qui n'étaient que des opportunités offertes aux donateurs de se purifier et de s'élever.

[Hachem n'a besoin de rien. Lorsqu'Il nous demande un petit quelque chose, c'est en réalité une façon de nous donner le maximum en nous retirant la honte de tout recevoir gratuitement (le "pain de la honte"!).]

Ecrit avec un youd, le titre : נשיאים connote : "ceux qui portent".
Ecrit sans le youd, les voyelles peuvent être réarrangées et former : "ceux qui sont portés".

=> Le retrait du youd met en avant le fait que bien qu'ils pensaient porter le Michkan en comblant les manques, en réalité c'étaient eux qui étaient portés par le biais du mérite de la mitsva.

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-> Le Gaon de Vilna donne la réponse suivante :
Sans aucun doute, de manière consciente les nési'im avaient l'intention de faire la meilleure chose, et ils s'engageaient même à apporter une éventuelle donation très importante (on donnera le montant qu'il manquera, quelqu'il soit!).
Cependant, profondément en eux, dans leur inconscient, leur motivation était moins pure et ils espéraient que le peuple donnerait la totalité de la somme requise, les laissant alors libres de toute obligation pratique, tout en ayant fait une proposition théorique très généreuse.

Pour prouver cela la Torah a retiré un "youd" de leur nom, car le "youd" est la seule lettre qui lorsqu'elle en est absente, passe inaperçue, puisque le mot est prononcé exactement de la même façon (avec et sans).

=> De la même façon, cela indique que leur défaut était d'une nature telle que, eux-mêmes n'en avait pas conscience, bien que présent dans leurs calculs.

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-> Rachi : les chefs de tribu (néssi'im) ont dit : que la communauté apporte d’abord et donne ce qu’elle veut, et ce qui manquera nous le compléterons ... or comme ils avaient montré de la paresse au début, il manque une lettre au mot nessi'im.

-> Rabbi Soloveitchik s’étonne : le fait qu’ils n’aient pas apporté était dû à un calcul et était totalement désintéressé, c’était pour pouvoir apporter ce qui manquerait.
Et il répond : la Torah nous enseigne que quand nous devons faire une mitsva, tous les calculs du monde passent en second lieu. Comme les dons pour le Michkan étaient une mitsva, ils n’avaient aucune justification à tergiverser et à ne pas amener tout de suite.

-> Rabbi Réouven Grozowski propose une autre explication : Certes, les chefs de tribu avaient bien apprécié ce qu’il fallait pour le Michkan, mais ce n’était pas cela leur tâche.
Le rôle de quelqu’un n’est pas de réparer le monde et de compléter ce qui lui manque. L’homme doit s’améliorer lui-même, et dans ce travail-là, ce qui vient en tête est le zèle dans l’exécution.
"Une mitsva qui se présente à toi, ne la laisse pas passer" = Même quand les bnei Israël ont reçu l’ordre de donner pour la construction du Michkan, le but pour chaque personne n’était pas la construction elle-même, car Hachem n’a pas besoin d’aide pour construire le Michkan. C’était seulement un moyen pour l’individu de s’améliorer en donnant sa contribution. Et comme les chefs de tribu ont montré de la paresse envers cette mitsva, ils ont échoué.

-> Le ‘Hafets 'Haïm dit : S’il manque une lettre au nom des nessi'im, quand ils se sont mal conduits, il est certain que le côté positif va être encore plus grand quand ils se sont bien conduits.
Et effectivement, dans le passage de l’inauguration de l’autel dans la parachat Nasso, la Torah parle très longuement de l’offrande de chacun des chefs, et consacre même à chacun un paragraphe différent, sans les regrouper dans le récit, bien que leurs offrandes aient été identiques.
Cela nous enseigne combien est importante et chère devant Hachem une mitsva faite avec empressement avec toute la communauté, sans que personne se sente supérieur à l’autre et sans jalousie ni compétition.
Quand les chefs de tribu n’ont pas eu l’empressement de se joindre à la communauté dans leur offrande, il a manqué une lettre à leur nom, alors que quand ils ont tous apporté leur offrande avec empressement, la Torah leur a consacré une place particulière. Non seulement il n’a rien manqué à leur nom, mais chacun d’entre eux a même eu droit à un passage entier séparé.

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2°/ Sur la paracha Pékoudé :
Le midrach (Tan'houma 7) enseigne que Moché a tenu une comptabilité précise de l'utilisation de tous les matériaux qui avaient été donnés pour le Michkan, car certains juifs ont demandé où est-ce que l'ensemble de leurs biens ont pu partir, et si Moché n'en avait pas pris une partie pour lui.

=> Pourquoi une comptabilité similaire n'a-elle pas été réalisée par Aharon, qui a également pu collecter un montant important d'or pour ne réaliser qu'un petit Veau d'or?
[d'ailleurs la quantité d'or donnée pour le Michkan venait en réparation de celle investie pour la faute du Veau d'or]

-> Le rav Méïr Shapiro suggère ironiquement que la nature humaine est telle, que c'est uniquement lorsque l'on donne de l'argent pour des causes charitables et dans le but de réaliser une mitsva, que l'on va être très pointilleux, suspectant ceux qui s'en occupent et leur demandant des comptes précis.

-> Le rav Zalman Sorotzkin explique qu'au fond dans le cœur de tout juif, il y a un désir ardent de toujours faire la volonté de Hachem, de faire le bien.
Ainsi, lorsque l'on donne à une cause élevée comme l'était le Michkan, nous voulons que le moindre centime de notre contribution soit utilisé pour cet objectif (j'ai envie de réaliser la mitsva au maximum!), et c'est pourquoi ils ont demandé des comptes pour s'assurer à eux-mêmes que c'était bien le cas.
[il n'y avait aucune remise en cause de l'intégrité de Moché, mais plutôt un besoin d'entendre verbalement que leurs fonds étaient tous utilisés au mieux!]

Lorsque le yétser ara parvient à tromper quelqu'un en lui faisant donner à des causes pas très cachères, comme le Veau d'or, en réalité son être intérieur pleure son erreur, et c'est pour cela qu'il ne demande aucune preuve concernant l'utilisation de son argent.
D'ailleurs secrètement, il espère que celui qui a pris son argent va en garder pour lui-même, car cela va permettre de diminuer l'ampleur de la faute.

-> Suite à son explication, le rav Méïr Shapiro Meir offre une défense à au peuple juif.
Nos Sages disent : "Israël est saint. Lorsqu'on leur a demandé de faire un don pour le Veau d'or, ils l'ont fait. Lorsqu'on leur a demandé de faire un don pour le Michkan, ils ont donné".
Le rav Shapiro dit que cela peut être lu comme une question : "Lorsqu'on leur a demandé de donner pour le Veau d'or, ont-ils donné?"

En d'autres termes, les juifs n'ont pas réalisé qu'ils donnaient pour quelque chose d'interdit. On leur a dit que l'argent était nécessaire pour une bonne cause, pour créer un moyen d'adorer Hachem, et ils ont donc donné, comme s'ils pensaient qu'ils donnaient pour un Michkan.

-> Le yétser ara a trompé le peuple juif et lui a fait croire qu'il donnait pour le Michkan alors qu'il donnait en réalité pour le Veau d'or.
Cela nous enseigne qu'il ne faut pas écouter le yétser ara, même s'il semble nous dire de faire quelque chose de bien.

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3°/ Sur la paracha Pékoudé :
En ce qui concerne le Tsist (la Plaque frontale?) du Cohen Gadol, la Torah déclare : "ils y écrieront dessus : Kodéch l'Hachem (קֹדֶשׁ לַיהוָה)" (Pékoudé 39,30).
Pourquoi était-il nécessaire d'avoir plusieurs personnes pour y inscrire seulement 2 mots?

-> Selon les Mochav Zékénim, c'est parce qu'un des 2 mots inscrits était le Nom Saint de Hachem, et qu'il était nécessaire de l'écrire en présence de 10 hommes.

D'ailleurs ces commentateurs ajoutent qu'à chaque fois qu'un scribe écrivait le Nom Divin, comme pour les téfilin, mézouzot et Séfer Torah, il devait d'abord se tremper au mikvé et ensuite l'écrire avec la présence d'un minyan.
Cependant, le rav Moché Sternbuch note que cet avis est plutôt original, dans le sens où il n'est rapporté dans aucune autre source, ou par une autorité de la loi juive.

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+ Bonus :

-> "Tout l’or employé à cette œuvre, aux diverses parties de l’œuvre sainte" (38,24)

Le ‘Hida (‘Homat Anakh) rapporte au nom de rabénou Vidal haTsarfati : "Nos maîtres ont dit que le monde n’était pas apte à utiliser de l’or, et que celui-ci a donc été créé uniquement parce qu’il était nécessaire à l’œuvre du Michkan (Sanctuaire)."

C’est à cela que le verset fait allusion : "Tout l’or employé (créé)", dans le monde, ne l’a été que pour "l’œuvre", pour l’œuvre du Michkan.

"L'objectif du Michkan est d'enseigner que la Présence Divine peut résider partout dans le monde"
[rabbi David Feinstein - Kol Dodi - Vayakél]

=> Hachem se trouve partout où nous Lui permettons de venir.
Par exemple, si quelqu'un ne pense qu'à lui-même, au point où son "moi je" remplit tout son être, alors il ne reste plus aucune place pour que D. puisse venir (c'est complet!).
A l'inverse, plus nous nous faisons petit/humble, plus D. a alors de la place pour venir en nous et nous accompagner à tout moment dans notre vie, avec toute l'aide et les bénédictions qu'impliquent une telle proximité.

"Bétsalel exécutera avec Aholiav et tout homme sage de cœur que Hachem a doté (baéma) de sagesse et d'intelligence pour savoir et pour exécuter tout le travail de l'ouvrage du Sanctuaire." (Vayakél 36,1)

Le terme : "doté" (baéma - בָּהֵמָּה) possède les mêmes lettres que le mot : "un animal (bééma - בְּהֵמָה).
Le midrach (Chémot rabba 48,3) commente que nous voyons d'ici que même les animaux des personnes qui ont construit le Michkan étaient dotés de sagesse.

Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) dit que cela était un message de Hachem à ces artisans du Michkan : "Ne devenaient pas arrogants, car toute la sagesse que vous avez pour faire le Michkan provient de Moi. Et au moment où Je le désire, Je peux même la donner à un animal!"

"Le peuple cessa d’amener (les offrandes pour le Michkan)" (Vayakél 36,6)

-> Dans la Torah, le terme : cessa (vayikalé - ויכלא) apparaît uniquement à 2 reprises : dans notre verset, et une autre fois dans le verset : "La pluie cessa (vayikalé - ויכלא - Noa'h 8,2)", concernant le déluge.
Le lien entre ces 2 occurrences est que c'est en donnant à la tsédaka que l’on attire sur nous le flux de la bénédiction divine.

Ainsi, si l'on cesse de donner, ce flux aussi se retire. De sorte que si "le peuple cesse d’amener", alors "la pluie cesse" de descendre.
La pluie, symbole du flux divin, cesse de s’épancher si le peuple aussi cesse de donner à la tsédaka.

[l'Admour de Bobov]

"Ils transmirent le message ... : ''Homme ou femme ne feront plus le travail''... Et le peuple cessa d'apporter" (Vayakél 36,6)

=> Quel rapport entre l'ordre d'arrêter le travail sacré de construction du Michkan et l'arrêt du peuple d'apporter des offrandes?

En fait, le peuple avait déjà amené suffisamment d'offrandes pour fabriquer le Michkan. Mais dans leur élan, on ne pouvait plus les arrêter d'en apporter, car ils étaient tellement poussés par leur grande générosité et leur bonne volonté qu'ils ne pouvaient pas se freiner.
Ainsi, pour les stopper, le conseil qu'il fallait appliquer était de déclarer qu'il fallait arrêter le travail de construction. Car tant que le peuple voyait le travail se faire, cela les encourageait d'apporter encore des offrandes, car cela créait une stimulation. Mais, quand on arrêta le travail, alors cela entraîna aussi que le peuple cesse d'apporter des offrandes.
Ainsi, le fait de déclarer d'arrêter le travail, c'était l'astuce pour arrêter les offrandes.
Tout cela met en évidence la grande générosité du peuple.
['Hidouché haRim]

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"Moché ordonna qu'on fasse passer dans le camp une proclamation disant : "Que ni homme ni femme ne fassent plus de travail pour le don au Sanctuaire!" Et le peuple fut empêché d'apporter.
Et le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,6-7)

La générosité du peuple n'ayant pas de limite, Moché a proclamé que l'on cesse d'apporter des dons.
Pourquoi cela?
On peut toujours trouver une utilité à ce surplus de don : par davantage d'ornements, d'embellissements, de récipients, ... ?
Le michkan aurait alors ressemblait au luxueux Temple construit plus tard par le roi Chlomo.

Rabbi Ménachem Zaks (Ménachem Tsion) dit que le michkan devait être un structure temporaire et mobile.
Ainsi, plus on donnerait et ajouterait pour le michkan, plus les lévi'im aurait d'éléments à porter entre 2 campements.

Par contre, le Temple était conçu pour être une structure permanente et fixe à une seule location.
Il avait ainsi une quantité sans fin de matériaux précieux et on pouvait lui donner des objets sans limitation.

=> On apprend d'ici que lorsque l'on veut prendre sur nous une nouvelle mitsva ou 'houmra, nous devons être sûr que nous ne blessons, ni ne gênons pas quelqu'un d'autre.

Faire une 'houmra ne doit pas se faire au détriment de notre prochain.
En effet, Moché a demandé à arrêter les dons destinés à embellir le michkan (lieu de résidence de D. parmi le peuple), afin de ne pas porter préjudice aux lévi'im qui en assuraient le transport dans le désert.

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"Il fit la barre du milieu pour filer à l'intérieur des planches de bout en bout" (Vayakél 36,33)

-> La barre du milieu (béria'h ati'hon) était la poutre du milieu qui soutenait les murs du michkan.

-> La guémara (Shabbath 98b) nous dit que par nature c'était un miracle complet.

-> D'où venait-elle?
1°/ Selon le Targoum Yonathan ben Ouziel (36,33) : de l'arbre planté par Avraham : "il planta un échel (arbre) à Beer Shéva et il proclama là le Nom de Hachem" (Vayéra 36,33).
Les anges l'ont coupé et jeté dans la mer Rouge, et il a flotté jusqu'à ce que Moché le récupère.

2°/ Selon une autre opinion (le midrach), c'était initialement le bâton de Yaakov.

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-> "Pour concevoir des œuvres d’art, et mettre en œuvre l’or, l’argent et l’airain" (Vayakel 35,32)

Le Midrach explique que "l’or" = c’est Avraham, "l’argent" = c’est Its’hak, "l’airain" = c’est Yaakov.
Pendant que les artisans confectionnaient les objets saints que le peuple avait offerts comme don au Sanctuaire, ils mentionnaient à voix haute les noms des patriarches Avraham, Its’hak et Yaakov.
Ce faisant, ils éveillaient dans les cœurs des bné Israël l’amour pour cette mitsva.

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-> "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim propre à l’exécution du service, l’apportèrent" (Vayakel 35,24)

=> Il y a lieu de s’étonner : pourquoi le bois de chitim est-il cité à part et non pas à la suite du verset "quiconque donne de l’argent, de l’airain et du bois de chitim "?
D’autre part, pourquoi est-il dit uniquement à propos du bois de chitim : "propre à l’exécution du service"?

Le Ben Ich Haï répond :
Nos Sages demandent dans le midrach d’où ils avaient du bois de chitim dans le désert. Yaakov leur avait dit de planter des arbres de chitim au pays de Gochen et, en sortant d’Egypte, ils les avaient emportés.
Donc, d’après cela, ceux qui avaient porté ces bois depuis l’Egypte s’étaient donné beaucoup de peine, 100 fois plus que pour l’or, l’argent et l’airain (le cuivre).
A cause de cette peine qu’ils s’étaient donnée, Hachem a considéré leur don comme si l’or, l’argent et les autres matières qui avaient été apportées venaient de leur part, ainsi la récompense qu’ils méritaient serait grande.
C’est ce que signifie le verset : "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim" et avaient donc fourni beaucoup d’efforts, on le leur a compté comme si tout venait de leur part.

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+ "Le peuple fut empêché d'apporter" :

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique que certes au bout du compte, après que toutes les offrandes aient été apportées, il s’est avéré qu’il y en avait en plus. Mais, par amour de Son peuple, Hachem ne souhaitait repousser aucune offrande, et toutes devaient servir à l’œuvre du Michkan.
C’est ainsi que bien que certains dons étaient en trop, malgré tout, par miracle, toutes les offrandes trouvèrent leur place dans le Michkan de sorte qu’au bout du compte les offrandes étaient juste "suffisants", sans surplus.
=> Hachem réalisa ce miracle par amour pour le peuple juif, pour que le don d’aucun d’entre eux ne soit repoussé et ne serve pas dans le Michkan.
Ainsi, le verset dit que certes, il y avait du surplus dans les dons amenés, mais au final, par miracle les dons étaient suffisants, sans surplus.

-> Le Ben Ich 'Haï rapporte que chaque élément fabriqué dans le Michkan, a été conçu avec des pensées très élevées et très spirituelles. Certes, chaque élément était en soi matériel, mais il renfermait des pensées spirituelles. Et bien que chaque élément matériel ait une valeur intrinsèque, de par lui-même, malgré tout, grâce aux pensées qu’il renfermait, sa valeur augmentait de beaucoup.
Ils ajoutèrent en qualité, en beauté, augmentant ainsi la valeur de leurs contributions, à l’image d’un diamant, dont la valeur augmente lorsqu’il est monté sur une bague en or, sa beauté apparaissant alors dans tout son éclat.
C’est à cela que le verset fait allusion. "Le travail était suffisant pour faire tout le travail" = c’est-à-dire que le travail d’attirer la sainteté spirituelle dans chaque élément, était suffisant pour faire tout le travail matériel.
Chaque objet matériel était empreint des saintes intentions de façon suffisante, et ces pensées spirituelles apportaient un "surplus" de valeur à chacun de ces objets.
Ces pensées pures étaient un supplément qualitatif, par rapport aux dons originaux, qui octroya une beauté spirituelle au michkan et amplifia la gloire Divine.

-> Le Beth Its'hak (rapportant un des Admourim de Vorka) explique que le Michkan a été construit pour apporter une expiation à la faute du veau d’or.
Non seulement les dons et les offrandes apportées ont été suffisants pour obtenir le pardon de cette faute, mais en réalité ils dépassaient même cet objectif, en étant supérieurs à ce qu’il fallait.
=> Du point de vue de l’expiation de cette faute (objectif du Michkan), il y avait même du surplus, plus que ce qui était exigé.

-> Le Beer Maïm 'Haïm dit que pour la construction du Michkan, lieu de Résidence pour la Présence Divine, il convient d’embellir et d’honorer ce lieu le plus possible. Ainsi, il n’aurait pas été convenable d’apporter le strict minimum nécessaire, car cela pourrait sembler être de la radinerie et de l’étroitesse.
=> C'est ainsi que par amour, les juifs ont apporté les offrandes avec générosité au point d’apporter plus qu’il en fallait. Mais ce surplus, qui n’était pas nécessaire pour la fabrication à proprement dite, servait à attester de la générosité des donateurs pour cette œuvre si importante.
S’ils avaient amené uniquement ce qu’il fallait, cela n’aurait pas été véritablement assez pour attester de l’amour de cette cause. De sorte que pour être suffisant, il fallait qu’il y en ait plus!

-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant :
Pour la fabrication du Michkan, il fallait que l’action corresponde exactement à la volonté du cœur, pour que l’offrande soit authentique, à savoir conforme au cœur.
Mais certains, pour recevoir des éloges ou ne pas avoir honte, ou encore d’autres raisons intéressées, apportèrent plus d’offrandes que ce que leur cœur désirait vraiment.
=> C’est à cela [en particulier] que fait allusion ce verset : "Le peuple apporte trop" = leur action surpasse la volonté de leur cœur. Et une telle chose ne convenait pas pour la fabrication du Sanctuaire d’Hachem, où l’authenticité devait être la base.

-> "Le peuple fut empêché d'apporter"
Le Sifté Cohen (rabbénou Mordé'haï haCohen) explique : "le peuple" fait référence ici au : érev rav, qui apportaient des donations car ils se sentaient forcés de le faire, n'ayant pas d'intentions convenables, puisque pas léchem chamayim.
Lorsque Moché a entendu cela, il a demandé aux gens d'arrêter d'apporter des donations car le Michkan nécessite une véritable pureté de ceux qui sont impliqués dans sa construction.
[pour Hachem l'essentiel n'était pas l'objet amené (Il n'a besoin de rien!), mais plutôt le cœur de celui qui l'apportait!]
Immédiatement alors, les gens du érev rav ont été plus que content de pouvoir arrêter.

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"Ils (Bétsalel, Aholiav et les autres hommes l'aidant dans la construction) prirent de devant Moché tout le prélèvement que les enfants d'Israël avaient apporté ... Ils continuaient à lui apporter des dons volontaires matin après matin" (Vayakél 36,3)

=> Comment comprendre ce verset : Qui et pourquoi continuaient-ils à apporter des dons? Pourquoi tous les matins?

Le rav Barou'h Frankel Toumim (le Barou'h Ta'am), cite la halakha qu'un salarié a le droit de prendre une pause au milieu de sa journée de travail afin de manger, et son salaire ne doit pas en être diminué par son employeur (Choul'han Aroukh - Hochen Michpat 358).
Bien qu'il soit parfaitement permis pour un salarié de suivre cette pratique, les travailleurs qui ont construit le Michkan dans le désert n'ont pas agi ainsi.
Ils avaient conscience de l'importance de leur travail (construire la demeure de D. dans ce monde!) et ils ont refusé de faire la moindre pause dans leur mission sacrée, pas même pour une seule minute.
Cependant, une personne a naturellement besoin de manger durant la journée (surtout pour être pleinement efficace), et ces hommes n'y échappaient pas. Qu'ont-ils fait?
Ils se levaient le matin plus tôt que d'habitude, et ce temps supplémentaire au travail leur permettait de "perdre" du temps pour manger lorsqu'ils en avaient besoin durant la journée.

=> La Torah décrit comment Bétsalel, Aholiav et les autres hommes ("sage de cœur") qui ont participé à la construction du Michkan, ont : "apporter des dons volontaires matin après matin" = cela correspondait au temps où ils se levaient plus tôt le matin pour aller au travail, afin de n'avoir à déduire aucune minute de leur tâche sacrée (même si la halakha le permet).

==> Tout juif peut en prendre exemple, en décidant également de dédier chacun des instants disponibles de sa vie à faire la volonté de Hachem, même si pour cela il faut se lever un peu plus tôt.

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"Le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,7)

=> Est-ce que c'était "suffisant" ou bien "il y en avait en surplus"?

-> Le Divré Yoël donne la réponse suivante :
Il y en avait suffisamment pour le Michkan, et le surplus a permis de construire un lieu d'étude (beit midrach).
Le Michkan était le lieu de résidence de la Présence Divine (Ché'hina). Cependant, pour que les juifs soient méritants qu'elle réside parmi eux, ils devaient s'y préparer en étudiant la Torah.
C'est pourquoi tant qu'ils n'avaient pas terminé de bâtir le beit hamidrach, la construction du Michkan ne pouvait pas être complète, puisqu'ils ne méritaient pas que la Présence Divine réside parmi eux.

=> D'un côté, le travail du Michkan était "suffisant", mais d'un autre côté, "il y avait un surplus" qui devait encore être utilisé afin d'édifier le beit midrach (lieu destiné à l'étude de la Torah), qui permettrait aux juifs d'être suffisamment méritants pour recevoir la Ché'hina.

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-> A ce sujet, le Béré'h Moché enseigne également :
Moché a dit à Hachem que concernant le Michkan tout était réalisé, et il a demandé ce qu'il devait faire du matériel en surplus.
Hachem lui a répondu qu'il devait construire un : Michkan lé'eidout = un grand beit midrach, un lieu d'étude de la Torah.

Selon le Binyan Ariel, Moché était le "gizbar" (la personne en charge des fonds), pour la construction du Michkan.
Or la loi juive (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 153,65) est qu'une fois que de l'argent est sous le contrôle du "gizbar", il n'a pas le droit d'utiliser le moindre centime pour quelque chose d'une kédoucha inférieure à ce qui a été prévu.
=> On peut s'interroger : le Michkan ayant davantage de sainteté que le beit midrach, comment Moché a-t-il pu utiliser des fonds du Michkan pour bâtir le beit midrach?

En se basant sur les paroles du Divré Yoël ci-dessus, nous pouvons répondre qu'en réalité ce plus haut niveau de sainteté du Michkan, n'est devenu effectif qu'une fois que le beit midrach a pu être édifié.
En effet, c'est la construction d'un lieu d'étude de la Torah, qui a permis à la Présence Divine de venir résider dans le Michkan, le propulsant alors à un haut niveau de sainteté.

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-> "Les matériaux suffirent pour l’exécution de tout l’Ouvrage [le Michkan], et par-delà [והְותֵֹר - véotèr- et même au-delà]" (Vayakel 36,7)

1°/ Rachi commente : "Les matériaux qu’on avait apportés étaient suffisants à ceux qui accomplissaient le travail pour toute la construction du Tabernacle pour le faire, et pour qu’il en reste."

2°/ Le Ohr ha'Haïm haKadoch nous fait remarquer en réalité que le verset se contredit. En effet, d’un côté le texte nous dit que les matériaux étaient suffisants, c’est-à-dire qu’il y en avait juste assez, et d’autre part il est écrit qu’il en resta (car il y en avait trop). Le commentateur explique que le verset vient nous faire entendre combien Hachem chérit ses enfants. Bien qu’en réalité les Bné Israël apportèrent plus que ce qu’il fallait, D. considéra le don de chacun. Il ne voulait décevoir personne! Ayant apporté au-delà de la mesure, certains auraient pu en effet être déçus et s’imaginer que leur offrande ne serait pas utilisée pour la construction du Michkan.
C’est la raison pour laquelle le verset insiste pour dire qu’il y avait suffisamment de matériaux (juste ce qu’il en faut) afin que chacun ressente le mérite de voir son offrande utilisée. [Également, si les travaux effectués avaient été tous justes suffisants, chacun aurait pu s’enorgueillir à la pensée que c’était grâce à sa contribution que la Chékhina était venue résider en Israël. C’était pour éliminer de telles spéculations répréhensibles que le produit excédent, allant au-delà de la mesure strictement suffisante, s’avéra nécessaire].

3°/ Rabbi ‘Haïm Vital nous dit qu’en réalité, la quantité de matériaux était suffisante (juste ce qu’il faut) mais puisqu’ils furent utilisés pour une œuvre sainte, la bénédiction de l’abondance régna et ainsi, il en resta.

4°/ Le Ramban explique que cet excédent ne représentait pas une quantité assez importante pour qu’il en fût fait état dans les comptes rapportés dans la Paracha de Pékoudé (il était donc négligeable).
Il fut réservé pour des réparations ou aménagements ultérieurs ou encore pour la confection d’objets sacrés de réserve.

5°/ Le midrach (Chémot rabba 51) relate que Moché s’est rendu chez Betsalel (l’artisan du Michkane) et constata qu’il restait du surplus des prélèvements des Béné Israël, après que fut achevé la construction du Tabernacle. Il dit alors devant le Saint, béni soit-Il : "Maître du Monde, nous avons effectué les travaux du Michkan et il nous reste des matériaux. Que doit-on en faire?"
Hachem lui répondit : "Va et fais-en un ‘Tabernacle de témoignage’ (un Beth HaMidrach pour étudier la Torah – Yafé Toar)."

Le midrach explique ici, de manière allégorique, ainsi la redondance du mot "Michkan" du premier verset de la paracha de Pékoudé : "Voici le décompte du Tabernacle (le Michkan pour la résidence de D.), le Tabernacle de témoignage (le Beth HaMidrache pour les Béné Israël).» Après que les Béné Israël aient accepté la Torah en prononçant les mots : "Naassé VéNichma" (Nous ferons et nous écouterons), ils reçurent aussitôt l’ordre de construire le Michkan.

Le Divré Yoël explique qu’il était nécessaire qu’ils construisent alors un Beth HaMidrache, pour apprendre les Lois, et notamment celles relatives au Service divin, afin de faire résider en eux la Chékhina de façon parfaite.

"Voyez, Hachem a proclamé nommément Bétsalel ... Il l'a rempli d'esprit divin, de sagesse, d'intelligence et de connaissance ... pour penser des pensées, pour travailler l'or, l'argent et le cuivre" (Vayakél 35,30-32)

-> Hachem a donné à Bétsalel l'esprit divin, la sagesse, l'intelligence et la connaissance.

Selon la guémara (Béra'hot 55a), cela signifie que Bétsalel connaissait les secrets du comment unir les lettres de l'alphabet afin de faire le michkan, comme Hachem a pu utiliser ces lettres pour créer le ciel et la terre.

[Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm) affirme également que la création du Michkan était similaire à la Création du monde. De même que pour créer un lieu de résidence pour l'homme : "Hachem par la sagesse, a fondé la terre ; par l'intelligence, il a affermi les cieux. Par sa connaissance, les abîmes s'entrouvrent, et les nuées ruissellent de rosée." (Michlé 3,19), de même Bétsalel a utilisé ces 3 attributs : la sagesse, l'intelligence et la connaissance, afin de construire un lieu de résidence pour Hachem.]

-> La Torah nous dit : "penser des pensées" (la'hchov ma'hachavot).
Qu'est-ce que cela signifie? Peut-on penser autre chose que des pensées?

Selon nos Sages (comme le 'Hidouché haRim ou Rabbi 'Haïm de Volozhin), Bétsalel était capable de discerner à la fois l'intention et le niveau spirituel de chaque donateur au michkan.
Par exemple, si quelqu'un donnait avec plein d'enthousiasme et vraiment pour l'honneur de Hachem, alors ce qu'il apportait était utilisé pour les biens les plus précieux, comme l'Arche.

Si le niveau et l'intention étaient moindres, alors la donation était utilisée pour des biens moindres.

=> Ainsi, Bétsalel savait "penser les pensées" des donateurs afin de travailler l'or, l'argent et le cuivre.

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"Betsalel fils de Ouri et de 'Hour de la tribu de Yehouda" (Vayakél 35,30)

Pourquoi la Torah remonte-t-elle la généalogie de Betsalel à 'Hour, son grand-père ?

En remontant sa généalogie à 'Hour, la Torah veut enseigner que cette intelligence lui est venue par le mérite de son grand-père, 'Hour. En effet, quand le peuple fit le veau d’or, 'Hour essaya à tout prix d’empêcher la faute, et pour cela, il fut prêt même à donner sa vie et le peuple le tua.
Une telle attitude s’oppose au bon sens. 'Hour a agi pour l'Honneur d’Hachem, sans aucune logique et aucune considération.
L’intelligence de l’homme lui permet de se protéger et de sauver sa vie. 'Hour mit son intelligence de côté et donna sa vie pour empêcher la faute.
=> Hachem le récompensa en lui donnant Bétsalel comme petit-fils, qui fut justement doté d’une intelligence extraordinaire.
[Méchèkh 'Hokhma]

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-> La récompense que Hachem a accordé à Betsalel, fut celle de lui donner une intelligence hors du commun. Cette récompense est très précise. Car 'Hour a complètement fait abstraction de son bon sens, pour l'Honneur de Hachem. Il s'imposa aux juifs insurgés, pour empêcher la fabrication du veau d'or et y perdit la vie. Apparemment, il s'agit d'un acte irréfléchi voire insensé. Un acte qui va à l'encontre de l'intelligence de base, qui incite l'homme à protéger sa vie. Et pour avoir "sacrifié" son bon sens, pour ne pas avoir réfléchi et avoir donné sa vie, sans aucun calcul rationnel, sa récompense fut justement rendue.
Son petit-fils Betsalel fut doté de la plus grande intelligence. Cela montre comment Hachem rétribue les efforts investis pour Son Honneur. Celui qui renonce au bon sens, méritera l'intelligence. De même, celui qui renonce à son argent, méritera la richesse. C'est ainsi que la tsédaka enrichit l'homme. Hachem accorde en récompense l'élément même auquel l'homme a été prêt à renoncer pour Son Honneur.

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-> b'h, également sur Bétsalel : https://todahm.com/2022/01/03/35605