"Hachem parla à Moché dans le désert du Sinaï" (Bamidbar 1,1)
-> Le midrach (Bamidbar rabba 1,7) cite les paroles de nos Sages :
"Avec 3 choses la Torah a été donnée : avec le feu, avec l'eau et avec le désert ... et pourquoi cela?
De même que ces 3 choses sont gratuites, libres pour tout le monde, de même les mots de la Torah sont libres pour tous."
-> Le midrach (Bamidbar Rabba 1,7) enseigne : La Torah a été donnée par l’intermédiaire de 3 éléments : le feu, l’eau et le désert. Pour quelle raison?
De même que ces trois éléments sont gratuits, de même la Torah est gratuite et appartient à celui qui la désire, comme il est écrit : "vous tous qui avez soif, venez aux eaux" (Yéchayahou 55,1).
Autre explication [du midrach] : La Torah a été donnée dans le désert, pour enseigner : "Celui qui ne s’abaisse pas au point d’être comme un désert [humble et ouvert à tous], est inapte à acquérir la Sagesse et la Torah".
C’est pour cela qu’il est écrit [au début de la paracha] : "Dans le désert du Sinaï" (Bamidbar 1, 1).
Aussi, la guémara (Erouvin 54a) enseigne : "Celui qui se comporte comme le ‘désert’ [sans fierté], qui est piétiné de tous, recevra la Torah en cadeau."
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-> Le Maguid de Doubno fait remarquer que le feu, l'eau et le désert, sont 3 qualités nécessaires pour toute personne souhaitant grandir en Torah :
- le feu = nous devons être enflammés dans notre service divin ;
- l'eau = nous devons être assoiffés de mots de Torah, comme nous pourrions l'être [de l'eau] en plein désert ;
- le désert : nous devons savoir se satisfaire de peu et se libérer du matérialisme, comme le désert (lieu vide et à l'écart de tout).
Chacun en fonction des besoins qui lui sont véritablement nécessaires : "Telle est la voie qui mène à la Torah : de pain et de sel tu te nourriras, de l’eau avec mesure tu boiras, sur le sol tu dormiras, une existence de peine tu vivras, et dans [l’étude de] la Torah tu te dépenseras." (Pirké Avot 6,4)
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-> Le Mahari Assad explique :
Pourquoi par l’eau? L’eau fait allusion à la fraîcheur. Quand l’homme court pour commettre une faute, qu’il soit refroidi et évite de la commettre.
Le feu symbolise la chaleur. Quand l’homme va faire une mitsva, qu’il la fasse chaleureusement.
Le désert (midbar) : quand on se trouve avec des gens qui disent (médabrim) des futilités (il ne s’agit pas de paroles interdites, mais seulement de choses futiles), qu’il reste assis en silence.
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-> Le Sfat Emet nous dit que le feu a pour particularité de tendre vers le haut. Il est allumé en bas et s’élève vers les hauteurs. A l’inverse, l’eau est un élément qui descend du haut vers le bas, du ciel vers la terre, comme la pluie. Enfin le désert, est un élément statique, constitué de sable.
Nous avons donc ici l’enseignement suivant : pour acquérir la Torah, il faut posséder le feu. C’est-à-dire l’enthousiasme et la joie. Cet enthousiasme a son point de départ sur terre, il naît en l’homme et va s’élever très haut, vers le Créateur. Indispensable, cet élan ne suffit pas toujours à s’élever. Il lui faut une aide du Ciel. Cette aide de D. est représentée par l’eau. Elle sera uniquement accordée en réponse à l’enthousiasme de l’homme. L’eau représente l’humilité. C’est seulement vers celui qui a conscience de sa condition et de ses lacunes que l’eau pourra se répandre. Comme on le sait, cette eau ne restera pas au point culminant, mais descendra vers le point le plus bas.
L’homme doit donc être enthousiaste ; mais ce feu intérieur ne doit pas se conjuguer avec l’orgueil. Plus on est humble, plus D. nous enverra son aide, à l’instar de Moché et du Mont Sinaï.
La troisième condition pour recevoir la Torah : prendre de la distance avec la matière. Cette distance, ce décalage, c’est le symbole du désert. Celui-ci représente la capacité de se défaire de tout ce qui fait écran entre nous et D. : c’est se séparer du matériel. Ainsi, c’est uniquement par ces 3 éléments que la Torah fut donnée jadis et c’est par leur intermédiaire que nous pouvons nous préparer au mieux au jour de Shavouot.
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-> Le Maharam (rabbi Shapira de Lublin) enseigne :
Ce qui caractérise le peuple d’Israël est que depuis le jour où il est devenu un peuple, il a toujours manifesté du dévouement pour la Torah et la foi.
Cette force et cette caractéristique du peuple d’Israël se manifestent essentiellement par 3 événements de leur histoire :
1°/ Avraham, l’ancêtre du peuple, a été jeté dans une fournaise ardente à cause de sa foi pure, qu’il répandait parmi les hommes. Il a ainsi implanté la force du dévouement absolu chez sa descendance après lui.
2°/ vient ensuite l'événement de la mer Rouge qui s’est fendue. Alors, un peuple entier a sauté dans la mer déchaînée, selon l’ordre de D., "qu’ils marchent".
3°/ les bnei Israël sont allés dans un désert aride rempli de bêtes nuisibles, de serpents et de scorpions, sans nourriture et sans eau, pendant longtemps, uniquement à cause de leur amour et de leur dévouement à D. et à Ses prophètes, comme le dit le verset : "Je me souviens pour toi de la générosité de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu M’as suivi dans le désert, un pays désolé" (Yirmiyahou 2,2).
=> Grâce à ces 3 épreuves, du "feu" de la fournaise, de l’"eau" de la mer Rouge et du "désert" où les bnei Israël ont marché avec dévouement pour suivre la parole de D., la Torah leur a été donnée comme une acquisition éternelle.
Ces 3 épreuves, sacrifices de soi, sont le gage le plus assuré de l’existence éternelle du peuple d’Israël.
=> Puisque le peuple juif a fait preuve de "messirout néfech" (don de soi) et d’émouna, pour chacune de ces épreuves, il a mérité la Torah comme possession éternelle, garantissant ainsi sa propre éternité.
[ainsi notre vie juive passent par de nombreux moments de joie/fêtes, mais également par des moments de sacrifices, qui sont certes difficiles sur le moment, mais au final de très belles choses en sorte (à l'image du don de la Torah).
Les épreuves nous permettent d'exprimer notre réel degré amour pour Hachem, notre fidélité en actes à son égard, et en les passant avec succès, Hachem nous comble d'infinies bénédictions en récompense. ]
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+ On ne peut recevoir la Torah sans émouna :
-> Rabbi Leibele Eiger (Torat Emet) enseigne :
La Torah raconte que ce fut dans le désert que D. se dévoila pour la première fois à Moché, ce qui marqua alors le début de la délivrance et de la sortie d'Egypte, comme il est dit : "Et Moché faisait paître le bétail de son beau-père Yitro, prêtre de Midian. Il avait conduit le bétail au fond du désert à la montagne de D., au mont 'Horev [autre nom du mont Sinaï]".
De même, le début de la préparation au don de la Torah eut lieu dans le désert, comme il est dit : "En ce jour-ci, ils (les Bné Israël) vinrent dans le désert du Sinaï ; ils étaient partis de Réfidim et arrivèrent dans le désert du Sinaï, et ils campèrent dans le désert" (Yitro 19,1-2).
Rabbi Leibele Eiger explique : le désert est un lieu impropre à l'ensemencement, au labourage et à la récolte.
Ce lieu évoque l'effacement de toutes les forces humaines et de toutes celles de la nature. En effet, il est impossible d'y faire pousser le moindre végétal et donc, par conséquent, de s'imaginer que "c'est à la force du poignet que j'ai réussi". Au contraire, on y prend conscience qu'aucune force dans le monde n'existe en dehors
d'Hachem.
C'est à cette fin que le début de la délivrance eut lieu dans cet endroit, afin de suggérer que, lorsque l'homme se rend compte que le monde est à l'image du désert, il mérite alors la délivrance dans tous les domaines le concernant.
Car la émouna pure dans le fait que Hachem dirige le monde est en elle-même une raison d'amener la délivrance dans le monde.
Il en est de même du don de la Torah : lorsqu'ils arrivèrent au mont Sinaï et qu'ils réalisèrent qu'ils ne détenaient aucune force propre, les Bné Israël devinrent prêts à recevoir la Torah. Car recevoir la Torah dépend du niveau de émouna d'un homme.
Hachem, Lui-même, le déclara en effet, avant le don de la Torah (Yitro 19,4) : "Vous avez vu ce que J'ai fait à l'Egypte et comment Je vous ai portés sur les ailes de l'aigle et amenés jusqu'à Moi" = comme "Vous avez vu" et que le fait que c'est Moi qui ai tout fait ("ce que J'ai fait à l'Egypte et comment Je vous ai portés sur les ailes de l'aigle et amenés jusqu'à Moi") s'est imposé à vous comme une vérité, cela vous rend désormais aptes à recevoir la Torah.
C'est ainsi que l'on doit se préparer à recevoir la Torah, en enracinant en nous la émouna que personne n'est en mesure de faire quoi que ce soit, en bien ou en mal, à son prochain.
Pour reprendre les mots du Or Ha'haïm : "Par quel moyen l'homme doit-il se préparer à cette union (entre lui et la Torah)? En se faisant comme un désert, à savoir, en ayant toujours présent à l'esprit qu'il n'existe aucune autre force dans le monde susceptible de lui venir en aide, en dehors de la Source de toute chose et de tous les mondes".
-> De son côté, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
laTorah commence par les deux premiers commandements que nous avons entendus de la bouche même d'Hachem : "Je suis Hachem" et "Tu n'auras pas d'autre D. que moi", car c'est seulement une fois que l'homme possède cette foi, qu'il convient de lui ordonner tous les préceptes et toutes les lois.
C'est aussi pour cette raison qu'Hachem se dévoila à eux en tant que Maître Unique du monde dont l'Unicité n'avait aucun égal, comme il est écrit : "Et il t'a été ainsi montré afin que tu saches qu'Hachem est D., et qu'il n'y en a pas" (Vaét'hanan 4,35).
Et Rachi d'expliquer : "Lorsque Hachem donna la Torah, Il ouvrit les sept cieux, les cieux supérieurs comme les cieux inférieurs, et ils virent alors qu'Il était Unique, c'est pourquoi il est écrit : "Et il t'a été ainsi montré"."
=> Il est certain que Hachem n'ouvrit pas les cieux supérieurs comme les cieux inférieurs pour rien, mais seulement afin de renforcer la émouna et de l'enraciner dans le cœur de tout Israël jusqu'à la fin des temps, afin qu'ils soient aptes à recevoir la Torah.
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-> "Hachem parla à Moché dans le désert de Sinaï" (Bamidbar 1,1)
Le Midrach explique que la Torah a été donnée dans le feu, l'eau et le désert.
=> Comment comprendre cet enseignement? Et pourquoi la Torah ne parle clairement que du désert?
-> Le désert est un lieu rempli de nuisances. Comme le dit le verset : "Il t'a fait marché dans un grand et terrible désert où se trouvent serpents, vipères, scorpions et où sévit la soif où il n'y a pas d'eau pour étancher". Le Zohar explique que cela fait référence à de puissantes forces dans l'impureté et le mal. Toutes ces forces mauvaises, obscures et destructrices remplissent ce désert.
C'est dans un tel lieu qu'Hachem a choisi de donner la Torah. Pour nous enseigner que la Torah est si sainte et si parfaite qu'elle a la force d'agir sur les forces les plus mauvaises qui existent pour les supprimer et même les corriger. Même une personne corrompue et dépravée, remplie de vices et défauts, qui pourrait même être comparée à ce désert envahie de serpents, vipères et scorpions ainsi que toutes sortes de perversion de tout genre, s'il décide de s'investir dans l'étude de la Torah, celle-ci le transformera. Elle lui redonnera sa valeur d'être humain dans toute sa noblesse et sa grandeur. Et s'il cherche vraiment à se corriger, la Torah pourra même le hisser à des niveaux de sainteté inimaginable.
=> La Torah a été donnée dans un désert, car son action s'opère même sur une personne qui est semblable à ce désert. Mais de façon précise, cette action se divise en 2 parties : le feu et l'eau.
Tel le feu, la Thora a la force de brûler et réduire à néant toutes les impuretés et les vices d'un individu : anéantir serpents, vipères et scorpions du désert de l'âme humaine. Et telle l'eau, elle lui redonne vie et fraîcheur, elle étanche cette âme assoiffée de spiritualité dans ce désert aride. Certes, l'action de la Thora porte de façon globale sur le "désert" dans toutes ses facettes. Mais, dans le détail, cette action se subdivise en deux parties : le feu et l'eau.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]