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Questions/Réponses – Paracha Chéla’h Lé’ha

+ Questions/Réponses - Paracha Chéla'h Lé'ha :

1°/ Avant d'envoyer les explorateurs, Moché a ajouté la lettre "youd" à Hochéa (הוֹשֵׁעַ), de sorte que ce prénom débute par les lettres du Nom de D. (יה) en devenant : Yéhochoua (יְהוֹשֻׁעַ), qui signifie : "D. sauve(ra)".
Moché fit la prière suivante : "Que D. te sauve [Yéhochoua] du complot des explorateurs.
[Rachi (13,16) ; guémara Sotah 34b]

=> Pourquoi Hachem a-t-il prié uniquement en faveur de Yéhochoua, plutôt qu'un autre explorateur?

-> Le Maharal explique que Yéhochoua était l'élève le plus proche de Moché, et s'il en venait à fauter les gens auraient fait l'association avec son maître Moché, lui causant une mauvaise image, comme le fait qu'il était responsable de la foi chancelante de Yéhochoua.

Selon le Gour Ayé, cela était important pour Moché non pas à titre personnel, mais uniquement pour garantir son statut de prophète de Hachem. En effet, si une mauvaise attitude de Yéhochoua entraînait une perdre de foi en Moché, alors obligatoirement cela aurait remis en cause la Torah que les juifs ont reçu .

-> Le Kéhilat Its'hak répond que Moché a été conseillé par Hachem pour sélectionner chacun des espions, chacun étant de grandes personnes, et il avait confiance dans le fait que même s'ils pourrait être tentés de dire du mal sur la terre d'Israël, ils arriveraient à surmonter l'épreuve.

Cependant, Moché était préoccupé que Yéhochoua ne surmonte pas cette épreuve, car lorsque Eldad et Meidad ont prophétisé que Moché allait mourir et que Yéhochoua allait diriger le peuple en terre d'Israël, Yéhochoua en a été mécontent et il a dit : "Mon maître Moché, emprisonne-les" (Béaaloté'ha 11,28).
C'est pourquoi Moché avait peur que Yéhochoua puisse en venir à dire du mal de la terre d'Israël, afin de repousser l'entrée en Israël dans une finalité d'empêcher la mort de Moché.
[si l'entrée en Israël implique la mort de Moché, alors inconsciemment il était prêt à fauter pour permettre à Moché de vivre davantage en repoussant l'entrée en Israël]

=> Moché a prié spécifiquement pour lui, pour qu'il n'en vienne pas à agir ainsi (dépassé par l'émotion de perdre son maître!)

-> Le Targoum Yonathan traduit le verset (13,16) : "Quand Moché a vu l'humilité de Yéhochoua" = la modestie de Yéhochoua risquait de le rendre vulnérable aux instigations des autres explorateurs.
C'est pourquoi Moché a jugé bon de le protéger en priant pour lui.

En ce sens, le Imré Emet explique que même si Moché pouvait suspecter les autres explorateurs de pouvoir peut-être fauter, malgré tout, connaissant bien son disciple, il était certain que Yéhochoua n'allait pas se fourvoyer. Néanmoins,
Moché avait constaté que Yéhochoua était tellement humble, qu'il pourrait avoir tendance à s'effacer et ne pas s'imposer et se démarquer des autres. Ainsi, même si Moché savait que Yéhochoua n'allait pas fauter, il craignait néanmoins que du fait de son humilité, il s'efface et n'exprime pas fermement son désaccord envers les autres.
Moché craignait que même s'il n'est pas d'accord avec eux, que Yéhochoua suive la masse et ne s'impose pas contre tous les autres. C'est pourquoi, il pria pour lui, pour ne pas que son humilité lui joue des tours.

-> Le 'Hafets 'Haïm dit que Moché savait que Yéhochoua s'opposerait ouvertement aux explorateurs, ce qui l'exposerait à leur hostilité. C'est pourquoi il a prié pour lui.
Il savait que Kalev se ferait discret afin de démasquer leurs plans et défendre ensuite Moché. Puisqu'il cachait son jeu, il ne courrait pas de danger, et n'avait donc pas besoin de bénédiction.

-> Moché craignait qu'en voyant le peuple de Amalek qui habitait en terre d'Israël (Canaan), les explorateurs en soient effrayés, comme se fut d’ailleurs réellement le cas puisqu'ils soulignèrent : "Amalek réside dans le sud".
Or, celui qui a été désigné pour combattre Amalek c’était Yéhochoua, comme se fut le cas dans le passé, après la sortie d’Égypte.
Ainsi, tous les explorateurs pouvaient avoir peur, mais pas Yéhochoua, qui ne pouvait pas en venir à baisser les bras, car c'est lui seul qui devait avoir le courage de mener la bataille.
C’est pour cela que Moché pria particulièrement pour lui.
[Messé’h ‘Hochma]

-> Du fait que 'Hour, fils de Kalev, avait sacrifié sa vie par Kiddouch Hachem en protestant et en s'opposant à tous ceux qui voulaient confectionner le veau d'or, Moché en a déduit que son beau-frère Kalev n'écouterait pas lui aussi, comme son fils 'Hour, l'avis des explorateurs contraire à la volonté d'Hachem.
C'est pourquoi Moché n'a pas eu besoin de prier pour Kalev.
[Tiféret Tsion]

-> Moché a prié en faveur de Yéhochoua seulement, car il craignait que ce dernier, issu de la tribu de Efraïm, suive les voies de son ancêtre Yossef qui avait "médit" de ses frères auprès de Yaakov.
Pourquoi alors Moché n'a-t-il pas prié pour la même raison en faveur de Gadi ben Soussi, l'explorateur qui représentait la tribu de Ménaché fils de Yossef?
C'est parce que Moché pensait que le chef de la tribu de Ménaché suivrait les voies de Yéhochoua, chef de la tribu d'Efraïm qui était le plus éminent des 2 frères.
[Kli Yakar]

Pour prolonger cela, il peut être intéressant de rapporter le commentaire du rav Yonathan Eibschutz sur le verset : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché, Gadi ben Soussi" (Chéla'h Lé'ha 13,11).
=> Pourquoi le verset évoque-t-il Yossef pour la tribu de Ménaché mais pas pour la tribu d’Efraïm?
Le rav Eibschutz explique que Ménaché avait reçu son héritage de l’autre côté du Jourdain, il n’y avait donc aucune raison pour qu’il médise d’un pays dans lequel il n’avait aucune part. Alors pourquoi est-il tout de même tombé dans cette faute? Uniquement parce que s’est attaché à lui quelque chose de la faute de Yossef, qui avait dit du lachon hara sur ses frères.
C’est pourquoi quand le verset vient évoquer Menaché dans le contexte de la faute des explorateurs, il l’attribue justement à Yossef.

-> Le Ohr 'Hadach apporte l'enseignement de nos Sages selon lequel "lorsque la majorité des années de vie d'un homme s'est déjà écoulée sans qu'il n'ait commis de faute, il sera dès lors assuré de ne plus fauter".
A cette époque Yéhochoua avait 40 ans.
Or, il est écrit : "La durée de notre vie est de 70 ans, et, à la rigueur, de 80 ans" (Téhilim 90,10). Puisque la vie de l'homme est en moyenne de 70 ans, Yéhochoua avait déjà atteint la majorité des années de la vie d'un homme (la majorité de 70 ans étant 36 ans). De ce fait, puisque Yéhochoua n'avait jamais encore fauté, il pouvait être certain de ne pas fauter.
Néanmoins, nos Sages disent que quand une personne meurt avant son heure, ses années manquantes sont transférées à la vie des gens humbles.
Ainsi, quand Moché vit l'humilité de Yéhochoua, il en conclut que sa vie sera certainement allongée du fait de sa modestie. Il n'a donc peut-être pas encore atteint la majorité des années de sa vie et n'a donc pas non plus l'assurance d'être protégé de la faute.
C'est pourquoi, Moché trouva bon de le bénir pour qu'Hachem le protège du complot des explorateurs.

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-> "Moché appela Hochéa Bin Noun : Yéhochoua" (Chéla'h Lé'ha 13,16)

-> D’après nos Sages, Moché donna une bénédiction spéciale à Yéhochoua : "Qu’Hachem te sauve du complot des explorateurs". Mais pourquoi Moché bénit-il spécialement Yehochoua
Lorsque Yossef reconnut ses frères descendus en Égypte chercher de la récolte, il leur dit : "Vous êtes des espions (méraguelim)". Yossef en fait vit par prophétie que les âmes de ses frères allaient dans le futur intégrer le corps des méragélim, les explorateurs partis examiner la terre d’Israël. En effet, les explorateurs risquaient fortement de fauter et de dire du mal de la terre.
Sachant cela, Hachem voulut que les néchamot (âmes) des tribus, qui étaient très élevées, protègent les explorateurs par leur grand niveau de sainteté, et les empêchent de fauter. Il y avait un explorateur par tribu, sauf la tribu de Levi qui n’avait pas son représentant, car la tribu de Levi n'avait pas d’héritage dans la terre.
Concernant les deux tribus issues de Yossef, Efraim et Menaché, la Torah mentionne ici d’abord la tribu de Menaché en disant : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché : Gadi Ben Soussi".
=> Cela est curieux, car d'ordinaire, Yossef est représenté en priorité par son fils Efraïm et pas Ménaché. Pourquoi cette différence dans la façon de présenter les deux tribus issues de Yossef?

C’est parce que la néchama de Yossef est descendue pour accompagner Gadi ben Sousi de la tribu de Menaché.
Mais alors, il manquait dans le compte des néchamot des tribus qui étaient venues protéger les explorateurs, une âme pour accompagner et protéger Yéhochoua, de la tribu d’Efraim. C'est pour cela que Moché lui a donné une bénédiction particulière.
Grâce à cette prière, Moché a entraîné que la néchama de Levi, qui manquait dans le compte, car il n'avait pas de représentant parmi les explorateurs, puisse s'associer à Yehochoua. En effet, puisque Moché est de la tribu de Lévi, il put entraîner que la néchama de Levi vienne dans le corps de Yehochoua, son fidèle disciple. Car, l' élève étant considéré comme le fils de son Maitre, Yehochoua était considéré comme le fils de Moché et pouvait prétendre recevoir la néchama de Levi, par l'intermédiaire de cette prière formulée par Moché.
[Chaar haPésoukim]

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-> Le saint Zohar (III, 158) enseigne : "Comment les explorateurs, qui étaient des hommes justes et à la tête du peuple, ont-ils pu calomnier la terre?
En réalité ces hommes-là ont prétendu : "Dans le désert, nous avons le mérite d’être des chefs mais ce ne sera plus notre cas une fois entrés dans le pays. Si nous nous installons en terre d’Israël, nous perdrons notre rôle et Moché désignera d’autres chefs à notre place."

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°731) ajoute :
C’est pour cette raison que Moché a prié pour Yéhochoua, comme cela est expliqué par nos Sages (guémara Sota 34b) : "Que Y-A-H te sauve du complot des explorateurs!"(יה יושיעך מעצת מרגלים).
Or les lettres formant le mot "Y-A-H" (יה) ont la même valeur numérique que le terme : "gaava" (orgueil - גאוה).
En d’autres termes, Moché a prié pour que Yéhochoua ne soit pas entraîné par l’orgueil des chefs de tribu et ne cherche pas à garder sa fonction, impliquant de ce fait un séjour prolongé des bnei Israël dans le désert ou une médisance sur la terre.

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-> Rabbi Yo'hanan a été profondément impacté par la mort de Rech Lakich.
La guémara (Baba Métsia 84a) rapporte :
"Rabbi Yo'hanan dit : "Lorsque j'avançais une affirmation, il [Rech Lakich] me répondait par 24 objections auxquelles je présentais 24 réponses et notre étude était féconde ..."
Rabbi Yo'hanan déchirait ses vêtements et disait en pleurant : "Où es-tu fils de Lakich? Où es-tu fils de Lakich?"
Ses plaintes et son chagrin furent si violents qu'il en perdit la raison.
Les Rabanan prièrent alors pour lui et il rendit l'âme."

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Si'ha 40) écrit :
Le Rambam (Halakhot Rotséa'h) écrit : "La vie d'un Sage sans Torah est considérée comme la mort (sur le plan spirituel)."
Ainsi, rabbi Yo'hanan n'a pas pu retrouver un compagnon d'étude du niveau de Rech Lakich et Rambam dit : "La vie d'un élève sans son Rav, ainsi que la vie d'un rav sans son élève sont considérées comme la mort".
C'est pourquoi rabbi Yo'hanan était inconsolable : il fut atteint d'un grand chagrin jusqu'à en perdre l'esprit.
Il est possible que ce soit pour cette même raison, lors de l'envoi des 12 explorateurs en terre de Canaan que Moché pria pour le salut de son fidèle élève Yéhochoua assidu (et lui a même ajouté la lettre youd).
Moché a ainsi pris conscience que, malgré son haut niveau, sa propre vie sans la présence de Yéhochoua, aurait été considérée comme une mort sur le plan spirituel.

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-> Le Ben Ich 'Haï explique que le nombre de lettres qui constitue les noms des 12 tribus, telles qu'elles figurent sur le pectoral du Cohen Gadol est de 49, alors que les lettres des noms des 12 explorateurs sont de 48. On comprend pourquoi Moché a ajouté une lettre en plus à Yéhochoua, afin de lui donner de la force et l'aide entière des Tribus.

Il est à noter que le nombre 49 est la guématria de : "lavéta'h" (en sécurité).

Moché ajoute un youd au prénom Yéhochoua, qui provient du youd que Sarah avait perdu lorsque Hachem changea son prénom (de Saraï à Sarah).

De plus, pour faire le nom Yéhochoua, il faut également en dessous de ce youd : 2 points, pour faire le son : "é" (de yé -hochoua).
Le Kéhilat Moché rapport que ces 2 points proviennent du mot : "ben" (possédant 3 points : un ségol) à qui on a enlevé 2 points (il lui reste donc un point). On comprend alors pourquoi nous disons : "Yéhochoua BIN noun", et non pas : "Yéhochoua BEN noun".

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-> Moché changea le nom de Yéochoua de הושע (Hochéa) à יהושע (Yéhochoua).
Rav Chimchon Rafael Hirsch explique que ce changement de nom véhiculait pour lui et ses compagnons, un message implicite, car chaque fois qu’ils s’adressaient à lui par son nouveau nom, ils devaient eux aussi se souvenir du message contenu dans son nom et ne pas le perdre de vue dans l’accomplissement de leur mission.
Ce nom leur indiquait que הושע est יהושע = celui qui nous a sauvés dans le passé (הושע est au passé) nous sauvera aussi dans le futur (יהושע est au futur).

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-> Le Baal haTourim dit que les dernières lettres de "Chela’h lekha anachim" (envoie pour toi des hommes - שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים) forment le mot : ‘hakham (sage), c’est-à-dire qu’ils doivent être des sages et des justes.

Le rav David Pinto (la voie à suvire n°628) enseigne :
"Hachem a dit à Moché : "Envoie pour toi des hommes sages", or on sait qu’un sage est préférable à un prophète (guémara Baba Batra 12a). Il voulait que leur sagesse et leur vertu leur permette de comprendre rapidement comment conquérir le pays et vaincre les Cananéens par des moyens naturels, bien que ce peuple soit fort et possède des citadelles fortifiées, en dépit du fait que ce n’était pas du tout nécessaire, puisque D. lutterait pour eux et que la conquête se ferait de façon miraculeuse ...
Ils auraient dû, en tant que chefs de tribus et dirigeants des bnei Israël, leur expliquer qu’il n’y avait aucune raison de partir en exploration, puisqu’il y avait une promesse de D. que le pays était bon, et que les Cananéens seraient vaincus facilement.
Par conséquent, au moment même où Hachem a demandé à Moché d’envoyer des hommes sages, c’était avec l’intention qu’ils comprennent dans leur sagesse, avant de partir explorer, que cela n’avait aucun sens d’y aller.
[...]
En ce qui concerne l’envoi de Yéhochoua avec eux, Moché voulait que même si les autres explorateurs s’égaraient, il y ait quelqu’un pour le leur reprocher, défendre l’honneur du Ciel et proclamer ouvertement que la parole de Hachem est vérité et ne change pas.
Cette idée se trouve en allusion dans la lettre "youd" que Moché a ajoutée à son nom, et qui a (quand elle est écrite pleinement : יוד) la valeur numérique de 20, exactement comme les initiales de : "Erets Zavat ‘Halav Oudevach" (une terre où coulent le lait et le miel)."

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-> "ces hommes, qui avaient débité de méchants propos sur le Pays, périrent frappés par le Seigneur. Yéhochoua, fils de Noun, et Calev, fils de Yefouné, furent seuls épargnés (חָיוּ - ‘Hayou – littéralement [sur]vécurent), entre ces hommes qui étaient allés explorer le Pays" (Chéla'h Lé'ha 14,38)

-> Yéhochoua et Calev, qui ne s’étaient pas associés aux dix méchants Explorateurs, furent largement récompensés.
Rachi commente : "Que veulent dire ces mots : ‘ils vécurent de ces hommes-là’? Cela nous apprend qu’ils ont recueilli la part des Explorateurs dans le Pays [Erets Israël] et qu’ils y ont pris leur place pour y vivre" [voir Baba Batra 118b].

-> Par ailleurs, les parts des 10 Explorateurs dans le "Olam aba" (monde à Venir/Futur), furent attribuées à Yéhochoua (יהְושֹֻׁע). La Lettre "Youd" (symbole du "Monde futur" et dont la valeur numérique est dix) fut ajoutée à son nom originel, Hochéaַ (הושֵֹׁע), pour signifier qu’il avait mérité la récompense spirituelle des 10 Explorateurs.
[midrach Bamidbar rabba 16,7]

=> Pourquoi Hachem récompensa-t-il Yéhochoua plus que Calev?

L’ampleur de la récompense est proportionnelle à la difficulté de résister à la tentation.
Calev descendait de Yéhouda, qui maîtrisait sa langue. Il était donc enclin à résister au Lachone Hara, sans avoir à faire beaucoup d’efforts (néanmoins, il pria sur les tombes des Patriarches afin d’obtenir l’assistance divine, car il était en compagnie de Réchaïm, ce qui représente un danger même pour un Tsaddik).
Yéhochoua, en revanche, était un descendant de Yossef, qui avait fait du lachon ara sur ses frères (voir Béréchit 37,2). Il avait donc une faiblesse inhérente quant à ce péché.
Parce que Yéhochoua, son descendant, a su résister à la tentation de la médisance, sa récompense fut d’autant plus grande.
[Tiféret Tsion]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/10/11/29038-2

-> ainsi que : https://todahm.com/2017/09/26/5592-2

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2°/ "Vous prendrez des fruits de la Terre" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

=> N'est-ce pas du vol que de prendre des fruits qui ne leur appartiennent pas?

-> Le rav Aharon Leib Steinman suggère qu'ici Hachem, le Maître du monde, leur a donné une permission exceptionnelle et unique d'agir ainsi.

-> Le Mérafsin Igri, cite la guémara (Avoda Zara 53b), qui enseigne que la terre d'Israël appartient légalement en héritage au peuple juif depuis que Hachem l'a donné à notre Patriarche Avraham.
C'est pourquoi les espions avaient le droit de prendre les fruits même avant que les juifs entrent et prennent possession de la terre.

-> Le rav Yéhouda Assad enseigne qu'en réalité Moché ne leur a pas demandé de prendre des fruits, mais plutôt de les acheter à leur propriétaire.

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-> "Vous vous renforcerez et vous prendre des fruits de la terre, et c’était l’époque des prémices de la vigne» (Chéla'h Lé'ha 13,20)

On trouve dans les écrits du Ari zal que les prémices (bikourim) ont pour but de réparer la faute des explorateurs.
En effet, comme ils ont dédaigné un excellent pays, la mitsva des prémices a été donnée pour manifester l’amour à la terre d’Israël, en apportant des sept espèces qui en font la gloire.

C’est pourquoi rabbi Mena’hem Zemba (dans son Amira Yaffa) dit que la Michna sur les bikourim (prémices) évoque précisément les 3 espèces que les explorateurs ont apportées : "Quelqu’un voit une figue arrivée à maturité, une grappe de raisin arrivée à maturité, une grenade arrivée à maturité".
Cela correspond à ce qui est dit sur les explorateurs : "ils ont coupé de là une branche et une grappe de raisins et l’ont portée à deux sur un bâton, et des grenades et des figues".

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-> "La période de l’année (où les explorateurs ont été envoyés) était celle des prémices des raisins" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

-> Un midrach explique "Pourquoi les explorateurs ont-ils fauté? Parce qu'ils furent envoyés dans la période des prémices des raisins (Bikouré Anavim)". Comment comprendre ce midrach?

En fait, ces prémices surviennent aux mois de Tamouz et Av, une période dans laquelle le Satan est très fort, et comme on le sait cinq choses terribles pour Israël sont survenues dans chacun de ces deux mois.
Nos Sages enseignent que Le nom du Satan, c'est ס-מ-א-ל .
Si on prend les lettres qui viennent juste avant les lettres du mot "ענבם (les raisins)" dans l'ordre alphabétique, on retrouve exactement les lettres ס-מ-א-ל.
Les explorateurs fautèrent, car ils partirent en expédition dans la période de l'année où le Satan est dominant. C'est la période des "Prémices des Anavim (raisins)", allusions aux lettres qui viennent juste avant celles du mot Anavim, qui en sont les prémices.
Parmi toutes les hypothèse concernant la nature du fruit défendu que le premier homme a consommé, il y a celle qui propose qu’il s’agissait justement du raisin. Le raisin donne du vin, qui renforce le yétser ara en endormissant la conscience de l’homme.
[rabbi Chimchon d'Ostropoli]

"On trouva un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

La Torah juxtapose le passage de cet homme qui transgressa Shabbat, au passage des tsitsit.
Le midrach explique qu’en semaine, les juifs portent les téfilin, pour les protéger de la faute, mais le Shabbat, où il n’y a pas les téfilin, ils n’ont pas cette protection. D'où la faute de celui qui a transgressé Shabbat en ramassant du bois.

C’est ainsi qu’Hachem dit : "Ils auront les tsitsit pour les rappeler à l’ordre de ne pas fauter!"
Mais pourquoi la mitsva de Shabbat et sa sainteté ne suffiraient-elles pas pour protéger de la faute?

On voit de là que c’est surtout le fait d’avoir une mitsva à accomplir dans l’action qui rappelle à l’homme de ne pas fauter. Certes Shabbat est le jour le plus saint, mais sa sainteté vient d’Hachem, et l’homme n’a aucune action à accomplir pour amener sa sainteté.

=> Cela ne suffit donc pas pour le protéger. Hachem désigna donc la mitsva des tsitsit, qui est un acte à accomplir, car c’est l’action qui a la force de rappeler à l’homme de ne pas fauter.

[Sfat Emet]

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-> La guémara (Shabbath 96b et aussi 73b) cite plusieurs opinions relatives à la nature de l'ouvrage interdit accompli par cet homme :
- selon certains, les branches étaient éparpillées et il les a rassemblées (méamér) ;
- selon d'autres, il les a transportées sur une distance de 4 coudées (ou plus) dans un domaine public (otsa'a) ;
- selon d'autres encore, il a arraché des brindilles aux arbres (kotsèr).

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+ "Les enfants d'Israël étaient dans le désert et ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

-> Pourquoi le verset spécifie que les juifs étaient dans le désert?

Un désert a un statut de : "karmélit" (espace ouvert) et y porter dans une distance de 4 amot est une interdiction uniquement de nos rabbanim (midérabbanan).
Cependant, à l'époque où le peuple juif était dans le désert, le désert avait un statut de "réchout arabim" (domaine public : plus de 600 000 personnes y passaient chaque jour dans ce lieu non recouvert).
Le fait d'y marcher une distance de 4 amot est passible de mort par la Torah (mida déOraïta).

=> C'est uniquement parce que les juifs étaient : "dans le désert", que le mékachéch (celui ramassant le bois) devait mourir pour avoir porté pendant Shabbath.

-> Qu'en est-il pour les 2 autres explications (rassemblé, arraché)?

Il a agit à 100% pour Hachem (léchem chamayim).
Lorsque suite au rapport des explorateurs, il a été décrété que tous les hommes âgés de 20 à 60 ans allaient mourir dans le désert, certains en sont venus à penser que puisqu'ils devaient de toute façon finalement mourir dans le désert alors cela impliquait qu'ils étaient exempts des mitsvot.

Sachant qu'il allait mourir, le mékochéch a quand même agit afin de montrer clairement au peuple juif qu'ils devaient respecter Shabbath et ainsi que le restant de la Torah.
[en voyant concrètement sa condamnation à mort, cela réveillerait la crainte et la nécessité de faire les mitsvot]

Le verset précise que les juifs étaient : "dans le désert" pour nous enseigner que ses motivations étaient pures. [Tossafot - guémara Baba Batra 119b]

[Pné Yéhochoua]

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-> La guémara (Shabbath 96b) rapporte que Rabbi Akiva a dit que le mékochéch était Tsélof'had.
Rabbi Yéhouda ben Bétéra a dit à Rabbi Akiva que d'une manière ou d'une autre, il devra rendre des comptes pour ce qu'il a affirmé.
Si c'est bien Tsélof'had, alors qui t'as donné le droit de révéler ce que la Torah a caché?
Et s'il n'est pas coupable, alors tu diffuses une fausse rumeur.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Shabbath 96b) vient nous expliquer cela, en se basant sur l'enseignement du Pné Yéhochoua que nous venons de voir.

Pour rabbi Yéhouda ben Bétéra, la faute du mékochéch était d'avoir transgressé l'interdit de porter dans un domaine public.
La Torah précise : "midbar" (désert) pour nous apprendre qu'alors le désert avait le statut de domaine public (réchout arabim).
Il en découle de tout cela, qu'il n'a pas agit 100% pour Hachem (lechem chamayim), et ainsi il était interdit de révéler son identité.

Cependant, rabbi Akiva était d'avis que le mékochéch avait arraché des brindilles (ou les avaient rassemblées), et la Torah précise : "midbar" pour nous enseigner qu'il avait agit 100% en l'honneur de Hachem.

=> Le mékochéch a été prêt à donner sa vie afin d'enseigner au peuple juif que même dans le désert (avec pour certains une mort certaine, sans espoir d'entrer en Israël), tout le monde se devait d'adhérer à la Torah.
[on comprend mieux pourquoi Rabbi Akiva a révélé son identité!]

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-> Puisque c'était Shabbath, le mékochéch ne portait pas de téfilin sur sa tête et sur son bras, dont la vision lui aurait permis de faire téchouva, et à cause de cela il en est venu à profaner Shabbath.
Hachem a alors demandé à Moché, de transmettre aux enfants d'Israël la mitsva des tsitsit, une mitsva que l'on peut accomplir tout le temps, même durant Shabbath et Yom Tov, et qui leur rappellera ainsi toutes les mitsvot.
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.26 ; midrach Yalkout Chimoni 703]

[Même le mékochéch a fauté, il s'est sacrifié pour assurer la réalisation de la volonté de Hachem.
Les tsitsit nous servent de rappel perpétuel au fait que nous devons servir D. avec amour, quelque soit notre situation dans la vie]

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+ Les tsitsit - corde de sauvetage

-> "Afin que vous vous rappeliez et que vous faisiez toutes Mes mitsvot, et vous serez saints" (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Le midrach Yilmédénou enseigne :
On peut comparer cela à un naufragé dans la mer. Le capitaine du navire lui tend la corde en lui recommandant de bien s’y accrocher sans la lâcher, car il y va de sa vie.

De même, Hachem dit à Israël : "Tant que vous êtes liés à Moi, vous êtes sanctifiés et les créatures vous craignent. Mais si vous vous détournez des mitsvot, vous vous profanerez."

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+ Un jour, un homme pieux ('hassid) vit (pendant Shabbath) une brèche dans la clôture de son champ. Il prit la décision de la réparer, puis se souvient que c'était Shabbath et il renonça (pour toujours) à réparer sa clôture.
En récompense de son attitude, un miracle lui advint ; un câprier poussa (à l'endroit de la brèche) et grandit.
Ce câprier lui fournit sa subsistance et celle de tous les siens.
[guémara Shabbath 150b]

=> Qui était ce 'hassid et la réparation (tikoun) de qui a-t-il réalisé?

-> Ce 'hassid était rabbi Yéhouda ben Ilaï, venu dans ce monde essentiellement pour réparer la faute du bûcheron (mékochéch) qui avait profané le Shabbath publiquement, pendant le séjour des juifs dans le désert, selon le verset : "Dans le désert, ils trouvèrent un homme ramassant du bois le jour de Shabbath" (Chéla'h Lé'ha 15,32).

Ce coupeur de bois, qui a été condamné à mort, était Tsélof'had, d'après rabbi Akiva et d'autres commentateurs, et rabbi Yéhouda ben Ilaï était la réincarnation (guilgoul) de Tsélof'had.

En étant sévère avec lui-même, même pour une simple pensée involontaire durant Shabbath, ce 'hassid a réussi à réparer l'acte de profanation volontaire du Shabbath du bûcheron Tsélof'had.
[Likouté haShass]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La récompense de l'attitude exemplaire de ce 'hassid, sous forme d'un câprier qui a bouché la brèche et qui a été sa source de subsistance durant le reste de sa vie, prouve qu'il a bien réussi la réparation (tikoun) en transformant l'acte prémédité de Tsélof'had en un mérite.
Le câprier unique (tslaf é'had - צלף אחד), qui a poussé, fait allusion au nom : Tsélof'had (צלפחד), pour indiquer qu'il a bien réussi sa mission de guilgoul.

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-> Le midrach raconte que Tsélof'had profana volontairement le Shabbath dans un but de Kiddouch Hachem, afin que sa mort ait un effet de crainte sur le reste de la population qui s'abstiendrait ainsi de transgresser le Shabbath.

Cette bonne intention et sa pensée, qui étaient nobles, lui ont été utiles dans ce guilgoul.
Ainsi, ce 'hassid a respecté Shabbath sur les 3 plans de l'action, de la parole et de la pensée, et c'est pourquoi Hachem a créé miraculeusement pour lui un câprier qui porte 3 espèces de nourriture.
[le fruit principal (les câpres ; les enveloppes des câpres ; et les branches tendres)]
[Tossefta - guémara Baba Batra 119b]

-> Le bûcheron, qui a été vu ramassant du bois coupé d'un arbre le jour de Shabbath, a été condamné à mort par lapidation avec des pierres, comme dit le verset : "La communauté le lapida (le coupeur de bois), et il mourut" (Chéla'h Lé'ha 15,36).

Maintenant, ce 'hassid, son quilgoul a honoré le Shabbath en refusant de mettre à exécution sa pensée initiale de colmater avec des pierres sa barrière ébréchée.
Sa récompense a été la création d'un câprier qui est un arbre.

=> Ainsi, le couple bois-pierre associé respectivement à la faute et à la sanction du bûcheron s'est traduit, après le tikoun, par le même couple inversé pierre-bois associé respectivement à la faute (à son niveau) et à la récompense du 'hassid.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Le Arizal (séfer haguilgoulim) explique que Rabbi Yéhouda bar Ilaï était la réincarnation de Tsélof'had, profanateur du Shabbath (ramassé du bois en ce jour), et la faute de Tselof'had fut réparée par Rabbi Yéhouda qui avait un niveau très élevé de dévouement et de respect du saint Chabbat.
[צלף (tsélaf) et le chiffre un en araméen se dit : חד, d'où צלפחד (un câprier).
De plus, la guémara (Baba Kama 103b) enseigne qu'à chaque fois qu'est rapporté une histoire avec un 'hassid anonyme, il s'agit de Rabbi Yéhouda ben Baba ou bien Rabbi Yéhouda bar Ilaï. ]

-> "Telle était l'habitude de Rabbi Yéhouda bar Ilaï : la veille du Chabbat, on lui apportait un baquet rempli d'eau chaude. Il se lavait le visage, les mains et les pieds puis il s'enveloppait d'une cape de lin avec des tsitsit et il s'asseyait, tel un ange d'Hachem, le D. des armées"
[guémara Shabbath 25b]

C'est ainsi que le Rambam (Hilkhot Shabbath 30,2) trancha la halakha : "En l'honneur du Shabbat, l'homme a une mitsva de se laver le visage, les mains et les pieds avec de l'eau chaude, la veille de ce saint jour. Il s'enveloppera de tsitsit et s'assiéra avec concentration pour recevoir le Chabbat comme s'il sortait à la rencontre du Roi."

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
Ainsi, nous pouvons expliquer que Rabbi Yéhouda bar Ilaï accueillait le Shabbat enveloppé de ses tsitsit afin de réparer la néchama (âme) de Tsélof'had qui mourut en transgressant le Shabbat dans le désert, afin de faire grandir son importance aux yeux du peuple et par conséquent, entraîna que le Maître de l'univers transmit la mitsva des tsitsit à Israël afin qu'il puisse observer parfaitement le Shabbat qui est équivalent à toutes les mitsvot, tout comme la mitsva des tsitsit (cf. Rachi - Chéla'h Lé'ha 15,32).

Nous pouvons également expliquer la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilai prenait soin de se laver le visage, les mains et les pieds avant d'accueillir le Shabbat. En effet, lorsqu'il transgressa le Chabbat, Tsélof'had fit en sorte que tout le peuple puisse voir son visage. Lorsqu'il sortit de sa tente pour transgresser le Shabbat avec ses pieds, il endommagea ses pieds et lorsqu'il ramassa le bois avec ses mains, il endommagea ses mains.
C'est la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilaï se lavait le visage, les mains et les pieds en l'honneur du Chabbat afin de réparer le dommage qu'il causa à ses trois membres.

Moché dit à Hachem : "Mais alors, l'Egypte, du sein de laquelle Tu as fait monter cette nation par Ta puissance, entendra et dira .... et pourtant tu as tué ce peuple comme un seul homme" (Chéla'h Lé'ha 14,13-15)

=> Pourquoi Moché ne se soucia-t-il que de ce que se diront les égyptiens, et non les autres nations?

Moché pensait que si les autres nations voient la défaite des juifs contre les Cananéens, ils se diront que certainement le peuple d’Israël a fauté et a donc été puni.
Mais les égyptiens, parmi lesquels les juifs ont vécu de nombreuses années, savaient qu’en Égypte, les juifs avaient atteint des niveaux très bas d’impureté (49e niveau sur 50). Ils avaient presque même atteint le fond, et pourtant Hachem les a sauvés.
Ainsi, ils ne penseront pas que c’est parce que les juifs ont fauté qu’ils ont été punis.
C'est donc leur jugement que Moché redoutait le plus, et non celui des autres peuples.
[rabbi Israël Salanter]

+ "Une terre qui dévore ses habitants" (Chéla'h lé'ha 13,32 - ארץ אוכלת יושביה היא)

"Ses habitants" = "yochvéa" (יושביה), qui littéralement peut signifier : "ceux qui y sont assis" (du verbe lachévét - לשבת).
En effet, la terre d'Israël dévore ceux qui uniquement : "y sont assis".
Un juif ne doit pas se relâcher et s'asseoir en se reposant sur ses lauriers, mais il doit toujours s'efforcer de s'améliorer et de monter davantage sur l'échelle de la sainteté.

[Rabbi Its'hak de Vorka]

"Je suis Hachem votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,41)

Dans le 1er verset du Shéma, nous disons : "Écoute Israël, Hachem est notre D."
Dans le dernier verset du Shéma, à la fin du paragraphe des tsitsit, il est dit : "Je suis Hachem votre D."

=> Comment expliquer une telle évolution?

Au départ, c’est le peuple juif qui se glorifie d’Hachem, et avec fierté, déclare : "Hachem est notre D.".
Ensuite, tout au long du Shéma, on trouve de multiples mitsvot : l'amour d’Hachem, l’étude de la Torah, les téfilin, la mézouza, les tsitsit.

Lorsque Hachem voit toutes ces mitsvot qui sont accomplies par Son peuple, alors c’est Lui qui, à présent, se vante du peuple juif et est fier de lui.
C'est alors, qu'Il affirme : "Je suis Hachem votre D." = Je Me glorifie d’être votre D.

['Hatam Sofer]

"Ils sont notre pain. Leur protection les a quittés : Hachem est avec nous" (Chéla'h Lé'ha 14,9)

-> Rachi : Iyov un juste dont la présence constituait une source de mérite et de protection [pour eux, à l'image d'un bouclier], n'est plus en vie.

-> Selon Rabbénou Bé'hayé, D. guide et protège une nation par l'intermédiaire d'un représentant céleste.
Or, D. a retiré les "anges gardiens" des peuples de Canaan, les rendant alors impuissants face aux enfants d'Israël.

-> Le Méam Loez écrit : Lorsqu'on homme est destiné à mourir, la nuit de Hochana Rabba, le décret est finalement scellé et on dit qu'il a perdu sa protection. Pour nous apprendre, qu'un décret de mort avait été scellé contre les habitants de Cana'an, la Torah emploie la même expression : "Ils ont perdu leur protection" ...

[Ils dirent au peuple: ] "Si D. le désire, les habitants du pays seront réduits au néants car Il les combattra pour nous ... Ne les craignez pas car Hachem notre source de protection, vit éternellement!
Tant qu'il est avec nous, nous n'avons rien à craindre. Mais si vous vous révoltez contre Lui, Il se séparera de nous et nous aurons raison d'avoir peur du plus faible d'entre eux."

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+ "Ils sont notre pain. Leur protection les a quittés" :

-> Le 'Hatam Sofer est d'avis que la manne qui est tombée durant 40 ans dans le désert n'était pas une nouvelle création, même si selon nos Sages elle fait partie des 10 objets qui furent créés la veille du Shabbat [de la Création] au crépuscule (Pirké Avot 5,6).

Pour lui, à ce moment, tout le flux de bénédiction (le chéfa) qui devait tomber du Ciel dans les fruits de la terre d'Israël, tombait à la place dans la manne, ne laissant que des miettes aux habitants d'Israël d'alors.

Le 'Hatam Sofer affirme que c'est pour cela que parmi les fruits d'Israël, les explorateurs n'ont pas pris :
- de la datte = car la manne "avait la saveur d'un gâteau frit au miel [de datte]" (Béchala'h 16,31) ;
- des olives = car la manne "avait le goût d'une pâte pétrie à l'huile [d'olive]" (Béaaloté'ha 11,8).

Ainsi, ils n'ont pris que des goûts que l'on ne pouvait pas retrouver naturellement dans la manne (des raisins, des figues et des grenades).
En effet, puisque la manne recevait tout le flux Divin à la place de la terre d'Israël, alors un fruit provenant d'Israël aurait un goût totalement vide en comparaison de sa version présente dans la manne. Cela aurait pu paraître comme se moquer d'Israël (puisque cet état était temporaire, en attente du retour du peuple sur sa terre, et la fin de la manne).

=> C'est ce que dit Kalev dans le verset : "Ils sont notre pain. Leur protection les a quittés : Hachem est avec nous" = en réalité, nous mangeons le pain/la manne (blé) provenant du flux de bénédictions Divines qui devrait normalement tomber en Israël, tandis que les résidents d'Israël ne mangent que les restes.

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+ "N'ayez pas peur du peuple de la terre, car c'est notre pain" (Chéla'h Lé'ha 14,9)

-> Le rav Mikaël Mouyal enseigne :
Comme l'explique Rachi, Kalev et Yéhochoua dirent au peuple de ne pas craindre les habitants de Canaan car "on les mangera comme du pain", sans difficulté. Mais on peut s'étonner. Après la description des explorateurs qui parlèrent de géants, d'un peuple puissant et effrayant, comment Kalev et Yéhochoua répondirent-ils à ces arguments en disant de ne rien craindre? Mais finalement, la crainte du peuple liée à la terrible puissance des Cananéens n'a pas trouvé de réponse dans les propos de Kalev et Yehochoua?

Si on analyse les mots qu'ils ont employé, ils dirent : "car c'est notre pain". Si toute leur intention était de dire qu'ils "mangeront" ce peuple sans aucune difficulté, comme du pain, ils auraient donc dû dire : "Car c'est du pain".
Le pain, c'est la nourriture de base. La vie de l'homme en dépend. Ce que Yéhochoua et Kalev voulaient suggérer au peuple, c'est que la conquête de Canaan est fondamentale et vitale pour le Service Divin du peuple juif. C'est en entrant en terre sainte que l'accomplissement de la Torah sera complète. L'objectif Divin est que le peuple juif Le serve en terre sainte, autour du Temple de Jérusalem.
Le peuple Juif sans la terre d'Israël manquera d'un élément vital pour son existence en tant que peuple serviteur d'Hachem.
Kalev et Yehochoua voulaient signifier au peuple que certes les habitants de Canaan sont redoutablement puissants. Mais notre vie dépend de la conquête d'Israël, car c'est là-bas que le Service d'Hachem pourra être effectué comme il se doit et ce service Divin, c'est notre raison de vivre. "C'est notre pain", notre vie en dépend.
Ainsi, toutes les difficultés et les empêchements n'ont plus aucune importance. Quand un homme sait qu'une certaine action est vitale pour lui, il sera prêt à surmonter tous les obstacles, car sa vie en dépend. Rien ne pourra l'arrêter.
Un homme qui souhaite étudier la Torah et pratiquer les mitsvot mais trouve cela trop difficile, le secret de sa réussite c'est qu'il réalise que c'est vital pour lui, "c'est son pain". Car alors il soulèvera des montagnes, surmontera tous les obstacles et réussira finira par réussir.

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-> "Ne craignez point l’habitant de la terre car il est notre pain" (14,9)

=> Pourquoi comparer l’habitant de la terre à "notre pain"?

-> Le Deguel Ma'hané Efraïm enseigne :
L’homme est instinctivement craintif du monde extérieur et des dangers naturels de la vie. Mais en réalité, c'est la Chékhina qui se caché dans les dangers que l’homme perçoit. Si l’homme veut surmonter les peurs de sa vie et des dangers naturels, il doit prendre conscience que c’est Hachem qui se voile dans tous ces dangers.
Tel un père qui se déguiserait en lion pour impressionner son enfant, et corriger ses mauvaises actions. L’enfant finit par comprendre que le lion n'est que son père et ne lui fera aucun Mal. Il comprendra que s'il se déguise en lion, c'est pour lui montrer le bon et cherchera à y répondre le plus favorablement, en essayant d'améliorer son comportement.
Si le père constate une amélioration chez son enfant, il s'en réjouira et cessera de tenter de lui faire peur.

C’est ce que dit Calev : vous avez vu des géants, des créatures qui vous ont impressionnés, mais n’en ayez pas peur, ces habitants sont en fait "notre pain". Le pain c’est ce qui nourrit. Le pain c'est ce qui donne la vie.
Ainsi, le Zohar dit que la Chékhina est appelée "pain" car c'est Hachem Qui donne vie à TOUT.
Calev invite le peuple, à percevoir à travers ces géants et tout ce qui lui paraît menaçant, "notre pain", la vitalité des choses. Ne pas s'arrêter aux apparences, mais aller y rechercher la vitalité pour comprendre que c’est Hachem qui envoie les épreuves.
Hachem souhaite qu’on Le craigne. Hachem attend qu’on revienne vers Lui en se tournant vers Lui pour Lui demander Son Aide.
Telle la métaphore d'un chien qui cherche à mordre le bâton tenu par son Maître. Ce bâton est utilisé pour dresser le chien jusqu'à ce qu’il comprenne que ce n’est pas le bâton qui lui veut du Mal mais c'est son maître qui le dresse pour son Bien.
Dès lors que l’homme réalise que ses peurs et les dangers de la vie, sont l'expression même de la Chékhina qui s'y cache pour l'aider à s'améliorer, il se tournera vers Hachem, et cessera d'avoir peur du monde qui l'entoure.

"La terre que nous avons parcourue pour l'explorer est une terre qui dévore ses habitants" (Chéla'h Lé'ha 13,32)

-> Les habitants d'Israël avaient coutume de déposer leurs morts dans des cercueils et d'attendre qu'un juste ou une personnalité meure pour les enterrer en même temps.
Ainsi, le mérite de ce dernier les feraient tous accéder avec lui au monde à venir.

Par conséquent, lorsque Iyov est mort, il y a eu un grand nombre d'enterrements, ce qui a donné l'impression trompeuse que le pays tuait ses habitants.
Les explorateurs ont simplement vu l'enterrement de Iyov en même temps que beaucoup d'autres.
[le Sifté Cohen]

[Le Maharcha (sur Baba Batra 15a) dit que Iyov a protégé sa génération pendant sa longue vie, à l'image d'un arbre élancé et touffu offrant de l'ombre à tous]

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-> Si Moché n'avait pas envoyé les explorateurs, les enfants d'Israël auraient reçu la terre sans livrer aucune guerre.
[Sforno - Dévarim 1,21]

-> Selon un avis (Yérouchalmi Sotah 7,5), il n'y avait pas 12 explorateurs, mais 24 (2 par tribus).

-> Le verset 4, fait état du nom des explorateurs.
Selon le Ramban, ils sont cités par ordre d'importance (Kalev en 3e position et Yéhochoua en 5e).

Le Tsror haMor dit qu'ils sont énumérés selon la puissance de leur amour pour la terre d'Israël.
Selon le Sforno, c'est par ordre d'âge.

-> Le vin produit par la grappe géante de raisin a suffi pour les 40 ans de séjour dans le désert.
[midrach Chir haChirim 4,13]

[d'après certains, il a également servi pour les libations (nessakhim) offertes au michkan.
Les libations sont une mitsva donnée par Hachem lorsqu'Il vit le peuple regretter amèrement d'avoir fauter suite aux explorateurs, rentrant alors dans une grande tristesse. Il leur transmit cette mitsva de verser du vin sur l'autel, afin de les apaiser (nouvel mitsva, et le vin réjouit les gens tristes). ]

Selon le Min'ha Béloula, le volume de la grappe était de 9 200 litres, soit 2 tonnes.

-> Kalev et Yéhochoua n'ont rien ramené d'Israël.
Miraculeusement, il n'a fallu que 8 explorateurs pour porter la grappe de vin.
Un autre explorateur avait une figue et un autre une grenade.

-> Selon le Haamek Davar, les explorateurs n'ont jamais vu les géants mais seulement leurs enfants.

Le Yalkout Méor Aféla décrit comment un des enfants de ces géants a soulevé un explorateur et l'a mis dans sa poche, comme il l'aurait fait pour une sauterelle.

-> Selon le Kli Yakar, les explorateurs pensaient avoir l'air de sauterelles (cf. v.13,33), mais les géants les voyaient comme des fourmis (encore plus petits).
=> L'homme a tendance à se voir plus beau qu'il n'est réellement, et cela conduit souvent à ne avoir besoin de Hachem dans sa vie.

Pour le rabbi de Kotsk, ils n'avaient pas le droit de faire état du point de vue des géants, et ils n'auraient dû se soucier que de leur mission et non de l'impression qu'ils avaient produite sur les habitants du pays.
=> En faisant trop attention au regard environnant plutôt qu'à notre objectif dans la vie, on en vient à passer à côté de l'essentiel de notre vie.

Les explorateurs se sont laissés avoir par l'apparence extérieure du monde, plutôt que de se reposer sur la promesse donnée par Hachem, qu'Il les amènera sur cette terre d'Israël.
Un juif qui a de la émouna ne peut pas avoir un regard simple sur les choses, il se doit de regarder avec davantage de profondeur (certes les habitants d'Israël sont grands de taille, mais c'est un détail car Hachem est infiniment plus grand qu'eux!!)

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-> "Et nous fûmes à nos propres yeux comme des sauterelles et c'est ainsi que nous fûmes à leurs yeux" (Chéla'h Lé'ha 13,33)

-> Selon le Rav Mendel de Kotsk (Emet VéEmouna 496), le reproche essentiel qui fut adressé aux explorateurs résidait dans le fait qu’ils ajoutèrent à leurs paroles "et c'est ainsi que nous fûmes à leurs yeux". Car qu'importe à l'homme la manière dont il apparaît aux yeux des autres. Qu'il suive le chemin qu'il s'est tracé suivant ses propres aptitudes et les forces qui sont les siennes, sans se retourner à chaque fois pour regarder ce que l'on pense de lui. Que va lui ajouter ce qu'un tel pense à son sujet?

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Grâce à cette obstination à suivre la voie qu'il s'est tracée, l'homme se préservera des embûches et des mauvaises fréquentations qui sont en général, le fruit d'un manque de confiance en soi et d'une recherche de l'approbation d'un entourage qui n'est pas toujours souhaitable.
C'est face à une telle épreuve qu'il a été dit : "Et il s'en enorgueillit d'être dans la voie d'Hachem". Un juif doit veiller à ne pas être la victime passive d'un mauvais ami, mais proclamer au contraire avec fierté : "je suis quelqu'un d'important [un juif, un fils d'Hachem], il ne me sied pas d'être en compagnie de gens aussi misérables".

-> "Envoie pour toi des hommes" (Chéla'h Lé'ha 13,2)
Le rav Mendel de Kotsk commente allusivement en disant "renvoie de toi la société des hommes".
Il veut signifier par cela que l'on doit se garder de rechercher à tout prix l'approbation de la société, lorsque celle-ci est en contradiction avec les fondements du judaïsme. Aucune "sociabilité" ne justifie le moindre compromis dans ce qui touche à la crainte du Ciel ou aux règles de sainteté et de pudeur.

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Néanmoins, les Rabbanim soulignent que cela concerne une personne qui était jusqu'à présent "moitié homme, moitié ange". Un tel individu, en rejetant sa moitié "homme de société'' demeurera désormais entièrement ange. Mais celui qui était jusqu'à présent "moitié homme, moitié animal", gardons-nous de lui dire d'abandonner la société, car il demeurerait ainsi entièrement animal. Nos propos n'ont d'autre but que de se renforcer dans l'accomplissement de la Torah et de mitsvot mais pas lorsque cela conduit l'homme au but inverse.

-> Le midrach (Bamibar rabba 16,11) rapporte que Hachem pardonna aux explorateurs lorsqu'ils déclarèrent : "Nous fûmes à nos propres yeux comme des sauterelles", mais pas lorsqu'ils déclarèrent "c'est ainsi que nous fûmes à leurs yeux".
Hachem leur reprocha en effet : "Savez-vous comment Je vous ai fait apparaître à leurs yeux? Qui vous a dit que vous n'êtes pas des anges à leurs yeux?"
Ils s'attirèrent ainsi eux-mêmes leur châtiment : "Suivant le nombre de jours pendant lesquels vous avez exploré la Terre, 40 jours, une année pour chaque jour" (à savoir 40 ans d'exil dans le désert avant de pouvoir entrer en terre d'Israël et la mort de toute la génération).

-> Certes, la guémara (Sota 35a) enseigne que les explorateurs entendirent explicitement de la bouche des géants qui peuplaient la Terre "des fourmis se trouvent dans les vignes" (et d'après cela, pourquoi leur fut-il reproché "qui vous a dit que vous n'étiez pas des anges à leurs yeux?").
Néanmoins, le Sfat Emet explique qu'un homme entend suivant ce qu'il pense et s'il s'imagine être une fourmi, c'est ainsi qu'il entendra les gens parler de lui.
Le Sfat Emet écrit : "C'est parce qu'ils étaient misérables à leurs propres yeux, comme des fourmis, qu'ils apparurent de la sorte aux yeux des géants, car tout dépend du travail personnel de l'homme sur lui-même".

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-> "Tous les gens que nous y avons vus étaient gigantesques!" (Chéla'h Lé'ha 13,32)

Le nombre de géants avancé par les explorateurs était exagéré et selon Abarvanel, il n'y avait de géants qu'à 'Hevron et ils étaient seulement au nombre de 3.

-> "[Toute l'assemblée dit :] ... il vaut mieux pour nous retourner en Egypte!" (Chéla'h Lé'ha 14,3)

D'après certaines opinions, comme tous les égyptiens semblaient avoir péri à la mer Rouge, les enfants d'Israël croyaient qu'ils vivraient en hommes libres en Egypte.

Certains (midrach haGadol, Malbim, Ramban) disent que le peuple a dit : "... en Egypte, nous pourrons alléger un peu le joug que de la Torah nous impose et servir des dieux moins exigeants. Nous pourrons enfin vivre comme n'importe qui d'autres en Egypte."

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-> Les explorateurs (sauf Kalev et Yéhochoua) sont frappés par une épidémie prodigieuse.

Sans que rien ne l'ait laissé prévoir, leur langue enfle démesurément et, sortant de leur bouche, elle s'allonge jusqu'à leur ventre tandis que des vers grouillants s'en échappent pour pénétrer dans leur nombril.
Leur langue difforme et boursouflée et leur corps infesté par la vermine indiquent clairement que la mort des explorateurs, qui se sont servi de leur langue pour médire de la terre d'Israël, résulte de calomnies.

De plus, comme ils sont les seuls à mourir à ce moment, il est évident que ce sont leurs propos médisants qui ont causé leur perte.
[Abarbanel ; Targoum Yonathan ; Sité Cohen ; ...]

-> La guémara (Sota 35a) dit que les explorateurs sont morts par leur langue (qui avait parlé négativement d'Israël), qui s'est allongée jusqu'à leur estomac.
Le Beit Yossef enseigne que cela s'est passé le 9 Av, mais qu'ensuite ils ont souffert de douleurs continues jusqu'à mourir le 17 Elloul.
Le Tour rapporte que certains ont l'habitude de jeûner le 17 Elloul en souvenir de leur mort.
[Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 580) liste les jours où l'on doit essayer de jeûner (en plus de ceux déjà ordonnés par nos Sages), en raison des tragédies qui s'y sont passées pour les juifs. Parmi eux, il y a le : 17 Elloul, jour où sont morts les explorateurs.
Le Beit Yossef explique certes ils sont définis comme réchaïm, mais néanmoins cela est considéré comme une tragédie car ils n'ont pas pu faire téchouva.

A l'image du 9 av, le 17 Elloul est une journée de pleurs pour les juifs pour toutes les générations. Ainsi, selon les historiens, la 2e guerre mondiale (et donc par association la Shoah) a commencé le 1er septembre 1939, qui était un 17 Elloul.]

-> Selon Rachi (Michlé 26,22), les explorateurs ont succombé à une affection de la cavité buccale et d'un gonflement mortel des intestins.

-> Selon le Magen Avraham (580,2), les explorateurs se sont repentis au dernier moment.
Le Sifté Cohen dit qu'ils ont accepté le châtiment sanctionnant leurs actes et reconnu qu'ils en méritaient un plus terrible encore pour leur faute.

-> La guémara (Arakhin 15a) enseigne :
"Vois comme la médisance est puissante! D'où le sait-on?
Des explorateurs.
Si eux, qui n'ont médit que des arbres et des pierres ont subi un tel destin, à plus forte raison en est-il ainsi de celui qui calomnie son prochain."

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-> Les plus sévèrement punis seront les 10 explorateurs, car ce sont les principaux responsables.
Non seulement ils ont médit de la terre d'Israël mais ils ont incité le peuple à fauter, et à cette catégorie de personnes, on ne donne pas l'occasion de se repentir.
"Ils termineront leur vie dans ce désert, c'est là qu'ils périront" (Chéla'h Lé'ha 14,35) : cette double expression (terminer sa vie ; périr) signifie que non seulement ils mourront dans le désert, mais aussi dans le monde futur ...
Ils avaient fauté par leur langue en disant du mal de la terre d'Israël située au centre du monde, alors mesure pour mesure, leur langue se gonfla de vers qui se déversèrent ensuite vers leur nombril, situé au centre de leur corps.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 14,29]

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+ Les conséquences de la faute des explorateurs :

Pendant 40 ans, le peuple va errer dans le désert.
[à ce moment, le peuple était déjà dans le désert depuis 2 années, que D. a comptabilité dans les 40 ans par amour pour nous!]

La présence divine continuera à résider parmi eux, mais la relation entre D. et Israël ne sera plus exactement la même.

-> La brise du nord, qui a maintenu une température agréable dans le camp, va cesser de souffler et il fera dorénavant si chaud que pratiquer la brit mila comportera un risque de danger mortel, au point que l'on ne pourra plus l'accomplir. [guémara Yébamot 72a avec Rachi ; Maharcha]

En conséquence, le peuple ne pourra plus apporter le korban Pessa'h durant le reste de son séjour dans le désert. [Sifrei]

-> Bien que D. réside dans le camp, Il n'adresse plus la parole ni à Moché ni à Aharon.
C'est seulement lorsque toute la génération coupable aura péri que D. se révélera de nouveau.
[Mékhilta Bo ; guémara Taanit 30b avec Rachi]

-> Chaque année, la nuit du 9 Av, tous les hommes de la tranche d'âge destinée à mourir (de 20 à 60 ans au moment des faits) creusent des tombes et s'y allongent pour la nuit.
Certains ne se réveillent pas, mais étant donné le niveau spirituel de la génération, leur corps de se décompose pas.

Lorsque ceux qui sont encore en vie se réveillent le 9 Av au matin, ils entendent une voix proclamer : "Que les vivants se séparent des morts!"
A ce moment, ils se lèvent et quittent leur tombe.

Ce cérémonial se répète tous les ans à la même date pendant les 38 années suivantes jusqu'à ce que les 600 000 hommes de cette tranche d'âge soient morts, une moyenne de 15 000 hommes par an.
[Pirké déRabbi Eliézer 41 ;Sifté Cohen]

-> Le 9 Av de la 40e année, le processus se répète, mais le matin les juifs découvrent que personne n'a péri.
Pensant avoir mal calculé la date du 1er jour du mois et que le 9 Av n'est pas encore arrivé, ils se couchent à nouveau dans leur tombe, mais au matin suivant tous sont encore vivants.

La même scène se répète jusqu'au 15 Av où l'apparition de la pleine lune leur assure définitivement qu'ils n'ont pas commis d'erreur et que le décret a vraiment pris fin.
Ce jour est marqué par une joie particulière, qui sera commémorée tous les 15 Av.
[guémara Taanit 30b avec Rachi et Tossafot]

-> D'une manière générale, seuls ceux qui atteignaient 60 ans mouraient.
Le Maharcha précise que tous les hommes concernaient par le décret divin creusaient quand même leur tombe car une minorité mourait avant d'avoir atteint cet âge.

-> Les juifs connurent la même mort que les explorateurs : un ver émergeait de leur ventre et pénétrait dans leur bouche, ce qui les tuait.
Ce terrible décret dura 38 ans, jusqu'à ce que toute la génération âgée de 20 à 60 ans (603 550 hommes) ait disparu.
Ainsi, chaque année, entre 15 000 et 16 000 hommes mouraient la nuit du 9 Av.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 14,1]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
On ne peut décrire ni évaluer comment les juifs priaient chaque soir de 9 Av, la dévotion, le repentir qu'ils mettaient dans leurs supplications, comme nos Sages l'enseignent : "Repens-toi un jour avant ta mort!" (Pirké Avot 2,10), et à plus forte raison à ce moment-là (qui pouvait être le dernier jour de leur vie)
Néanmoins, cela n'empêchait pas que 15 000 hommes périssaient chaque année à cette date.
C'est que malgré l'immense crainte qui les étreignait, chacun pouvait encore penser (plus ou moins inconsciemment) : "Qui dit que cette année sera celle où je devrais mourir puisque "seulement" 15 000 parmi les Bné Israël périront cette année?"
Une telle prière ne peut annuler le décret.

En revanche, la dernière année (la 40e), alors que seuls les 15 000 derniers demeuraient vivants de toute la génération, ceux-ci prièrent des profondeurs les plus intimes/cachées de leur cœur.
Une telle prière est, elle, en mesure de déchirer les Cieux et d'annuler un décret fût-il scellé par un serment (comme l'avait fait Hachem).

[certains disent que les femmes ont tellement prié intensément devant la certitude que leurs maris allaient mourir (non Hachem, on veut qu'il reste parmi nous!), et cela jusqu'au 15 Av, que c'est une des raisons de la fête du 15 Av liée à l'amour.
Le rav David Touitou dit à ce sujet que Hachem leur a signifié : au lieu de prendre la vie de vos maris, j'accepte l'amour que vous vous portez l'un et l'autre, et c'est le 15 Av.]

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-> Le Sifté Cohen (Bamidbar 14,34) fait remarquer que D. a montré une grande miséricorde vis-à-vis de Son peuple.
En effet, si le le périple avait duré les 160 jours que ce parcours (de la visite de tout Israël) aurait normalement dû prendre, le peuple serait resté dans le désert pendant plusieurs générations.
S'il avait été plus court, les hommes âgés de 20 ans à l'époque, seraient morts avant d'atteindre la soixantaine.

Par ailleurs, en entendant que les enfants d'Israël avaient quitté l'Egypte, les Cananées ont déraciné tous les arbres de leur pays de crainte que les enfants d'Israël n'envahissent la région.
Ils ont également mis le feu à toutes les maisons, et il leur faudra 40 ans pour les reconstruire.
[Chémot rabba 20,15 ; 'Hatam Sofer]

-> Le 'Hovot Yaïr (responsa 250) dit que sur les 37 ans qu'il leur restait à passer dans le désert, ils n'ont creusé une tombe que 28 fois (le 9 Av tombant 9 fois un Shabbath, et il est interdit de creuser ce jour-là).
Selon d'autres opinions, les tombes étaient creusées la veille du 9 Av, ce qui résolvait le problème.

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-> Les femmes, qui n'ont pris aucune part à la rébellion, ne sont pas concernées par le décret divin et bénéficieront d'une longévité normale.
Un grand nombre de femmes a donc sans doute mérité de vivre assez longtemps pour entrer dans le pays.

Yéhochoua et Kalev sont les seuls homes âgés de 20 à 60 ans à avoir survécu dans le désert.

-> Selon le Sifté Cohen (Bamidbar 14,29), le érev rav n'a pas mérité d'être inhumé.
Lorsqu'on essayait d'enterrer l'un de ces pêcheurs, la terre vomissait son cadavre.

-> Selon Rabbénou Bé'hayé (Bamidbar 14,30), bien que Moché et Aharon n'aient pas mérité non plus d'être enterrés en terre d'Israël, ce sont eux qui mèneront les autres (ceux morts dans le désert) en Israël au moment de la résurrection des morts.

Rabbénou Bé'hayé (Dévarim 2,17) enseigne également que chaque année, Moché lui-même s'endeuillait pour ceux qui mouraient le 9 Av.

"Selon le nombre de jours que vous avez exploré le pays, soit 40 jours, un jour pour une année, un jour pour une année, vous porterez vos fautes durant 40 années" (Chéla'h Lé'ha 14,34)

-> Rachi (v.13,25) rapporte le mdirach Tan'houma :
"N'est-ce pas que le pays avait 400 parsa (1 600 kilomètres) sur 400 parsa.
Or, un homme moyen peut parcourir 10 parsa (40 kilomètres) par jour.
Il faut donc 40 jours pour traverser le pays de l'est à l'ouest et eux ont traversé (le pays) en longueur et en largeur.

[L'exploration aurait donc duré 80 jours.] Mais D. savait qu'il décréterait contre eux une année (de séjour dans le désert) par jour (d'exploration), Il leur a alors écourté le chemin."

=> D. dans sa bonté, a fait le miracle de contraction du chemin (kéfitsat hadéré'h) afin d'écourter de moitié le séjour dans le désert et entrer plus vite en Israël.

Mais, pourquoi lier la durée de la sanction à la durée de leur exploration (un jour par an)?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch dit que la faute des explorateurs n'est pas seulement la médisance (lachon ara), mais leur péché principal est d'avoir porté un regard dédaigneux sur la terre d'Israël, une vision déformée et négative qui est la racine de leurs propos médisants du pays.

=> Nous pouvons généraliser cet enseignement : la faute de lachon ara, de médire ou dénigrer quelqu'un, a pour racine un regard négatif et déformé sur son prochain.

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-> Cette attitude est contraire à l'esprit de la Torah dont le préalable est l'union des cœurs :
- Le fait que : "Israël campa [au mont Sinaï] comme un seul homme, d'un même cœur" (Rachi - Chémot 19,2) ;
- entraîna : "Etant donné qu'Israël a (finalement) détesté la discorde, aimé la paix et campé d'un même cœur, c'était le moment (opportun) de leur donner Ma Torah" [Déré'h Erets Zouta, à la fin]

=> Nous devons avoir un regard qui nous lie avec notre prochain (en se focalisant sur ses aspects positifs), plutôt que de nous diviser (en se focalisant sur ce qui nous semble négatif).

Papa Hachem est tellement heureux lorsqu'Il voit que Ses enfants s'aiment et s'entendent bien entre eux, qu'Il comble alors tout le monde de bénédictions.
["Pour fêter ça : c'est ma tournée de bra'ha pour tout le monde, et ce quelques soient vos mérites individuels!" ]
C'est ainsi que D. n'a donné son bien le plus cher (la Torah) qu'une fois qu'il y avait de l'unité.

[que c'est dur pour des parents de voir leurs enfants ne pas s'apprécier, ne pas s'entraider!]

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+ "Un jour pour une année, un jour pour une année" (Chéla'h Lé'ha 13,34)

Ce verset signifie que les Juifs furent punis de rester 40 ans dans le désert, en contrepartie des 40 jours d’exploration de la terre : un jour pour un an.

Un grand bien est sorti de là. En effet, quand Hachem pardonne les fautes des juifs à Kippour, le Satan vient accuser en disant que ce n’est pas juste qu’un seul jour puisse apporter l’expiation pour toute une année.
Alors, Hachem lui répond : "Mais quand J’ai puni les juifs en leur comptant un an pour un jour et en les faisant rester 40 ans dans le désert par rapport à 40 jours, à ce moment là, tu n’es pas venu argumenter que ce n’est pas juste. A présent aussi, cesse d’intervenir.
"

[Admour de Rouzin]

"Pourquoi le chapitre relatif aux explorateurs fait-il immédiatement suite à celui de Myriam?

Parce qu’elle a été punie pour avoir calomnié son frère, et ces dépravés, qui ont pourtant assisté à cet événement, n’en ont pas tiré la leçon." (Rachi - Chéla'h Lé'ha 13,2)

-> Le rav Aharon Leib Steinman (Ayélet haCha'har) dit qu'il est certes plus grave de parler négativement d'un être humain que d'un objet inanimé, mais les explorateurs aurait néanmoins dû apprendre de Myriam l'importance de prendre soin d'utiliser positivement son langage.

-> Le rav Shlomo Margolis (Darké haChlémout) enseigne que l'erreur des explorateurs a été de voir la terre d'Israël comme des pierres et des branches inanimées, et dans ce cas il n'y avait pas de leçon a retenir de la punition de Myriam.

Mais en réalité, la sainteté de la terre d'Israël rend chaque élément du pays aussi vivant et réel qu'un être humain.
A la différence du restant du monde, Israël n'est pas une vulgaire terre sans vie ...

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"Kalev fit taire le peuple à l'endroit de Moché et dit : "Nous monterons assurément et la conquerrons, car nous le pouvons certainement!" (Chéla'h Lé'ha 13,30)

Pourquoi est-ce particulièrement Kalev qui a essayé de réduire au silence les explorateurs, et non pas Yéhochoua pour lequel Moché a prié?

Selon rabbi Yéhouda Gross, une réponse est que Kalev était le mari de Myriam, et il a ainsi été témoin aux premières loges des conséquences dévastatrices du lachon ara, en étant témoin de ce que c'est passé avec sa femme.

Or, Rachi explique que ce qui a poussé les explorateurs à fauter c'est de ne pas avoir appris de l'épisode de Myriam.
C'est pourquoi, c'était spécifiquement à Kalev, qui était très sensible aux dangers du lachon ara, et qui a tout fait pour mettre un terme à cela.

"Moché les envoya ... c'était tous des hommes (anachim) de bien (considérés), chefs des enfants d'Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Selon Rachi : "Le mot "anachim" désigne dans la Torah des hommes de bien, éminents et à ce moment là (à leur départ), ils étaient irréprochables."

-> Le Rokéa'h fait remarquer que les dernières lettres de : שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים forment le mot : 'hakham, indiquant que ces hommes étaient des érudits.

-> Selon Ramban : "Ils (les explorateurs) étaient des chefs et des princes du peuple ... et ils n'avaient pas le même niveau (de sagesse).
Le plus respectable a été nommé en premier, car c'est par rapport à leur qualité personnelle qu'ils ont été cités (dans l'ordre décroissant) et non pas par rapport aux qualités de leur tribu."

-> Dans la liste de niveau décroissant des 12 explorateurs cités dans les versets 4 à 15, Kalev et Yéhochoua, qui ont été les seuls à avoir le mérite de ne pas médire d'Israël, occupent la 3e et la 5e place respectivement dans cette liste.

=> Comment en seulement 40 jours, les 10 explorateurs, dont certains avaient un niveau supérieur à celui de Kalev et Yéhochoua, ont pu chuter spirituellement si bas (Rachi : "ils dirent cela contre Hachem" - v.13,31)?

-> "D'après le Zohar (v.13,3), c'est la recherche des honneurs qui est la cause de la médisance du pays par les explorateurs, ce qui a entraîné leur mort et celle de toute la génération (du désert).
En effet, ils craignaient qu'en entrant dans la terre d'Israël, leur honorabilité diminuerait en perdant leur titre de prince des tribus d'Israël et que d'autres prendraient leur place."
[Ram'hal - Messilat Yécharim 11]

-> Leur souci est d'autant moins compréhensible qu'ils n'étaient pas des chefs de tribu de mille, mais des simples chefs de cinquante, comme l'explique le Baal haTourim (v.13,3) :
"Le mot המה (éma - eux) a une valeur numérique de 50 pour t'apprendre qu'ils n'étaient que des chefs de 50."

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 83) de commenter :
Combien de chefs de 50 existait-il dans le peuple d'Israël composé de 600 000 hommes adultes?

Il y en avait : 12 000!
Malgré leur position sociale peu importante (puisque assez commune), ils ont pourtant jugé que tout le peuple devrait demeurer dans le désert sans rentrer en Israël de peur que le "petit honneur" de chef de 50 dont ils jouissaient dans le désert soit diminué.

=> Nous voyons combien est grand le danger enfoui de la poursuite des honneurs.

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-> Rabbi Israël Salanter affirme que l'homme a tendance à justifier son attitude en couvrant ses volontés personnelles et intéressées par un voile d'attitude noble inspirée par son intellect, à l'exemple des explorateurs.
Seul Hachem peut savoir ce qui se trame dans les replis et profondeurs de nos cœurs.

Par exemple, les explorateurs ont justifié leur désir d'honneur par une volonté plus noble : "Les Cananéens ont entendu que nous allons conquérir le pays et ils vont cacher leur argent (et leur biens) ... Nous ne trouverons rien. La parole (la promesse) de D. serait alors annulée!" (Yalkout Chimoni Bamidbar 742).

[Hachem qui peut tout faire, va permettre aux juifs de trouver ces biens : "Quand Hachem ton D. t'aura conduit dans le pays qu'il avait juré à tes pères ... avec des maisons regorgeant de toutes sortes de biens" (Dévarim 6,10-11) ]

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+ "Les hommes qui étaient partis avec lui, dirent : "Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous"." (Chéla'h Lé'ha 13,31)

-> En réponse à Kalév, les explorateurs s'écrièrent : "Tu dis des mensonges! As-tu vu davantage que nous? Nous affirmons que nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est trop fort pour nous!"

En réalité, par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
En effet, le nom de chaque lettre du mot : "miménou" contient 2 fois la même lettre : mém (מם), noun (נון), vav (וו).
Ainsi, le verset contient la double signification du mot miménou : "pour nous" et "pour Lui", cette dernière étant une offense contre Hachem.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 13,31]

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-> Pour troubler plus encore les esprits, l'ange du mal insuffla à ces hommes un sentiment d'humilité trompeur/illusoire, qui les conduisit à se demander s'ils étaient suffisamment méritants pour que Hachem opère des miracles en leur faveur durant les combats. Ces pensées eurent le pouvoir de faire paraître tous les avantages du pays comme des obstacles, inoculant en eux une profonde terreur.
Tel fut donc l'échec des explorateurs : ils tombèrent dans les filets de cette "fausse" piété tendus par le mauvais penchant ...

Ils affirmèrent en vérité que Hachem ne pouvait pas leur accorder la victoire, pour la simple raison qu'Il ne chasse une nation d'un pays qu'à partir du moment où Il en trouve une autre plus méritante. Or, comme les juifs avaient commis de nombreuses fautes, ils n'avaient aucune légitimité justifiant d'expulser les Cananéens de leur territoire ...

Nos Sages enseignent que le yétser ara se tient "aux portes du cœur" : parfois, il gonfle l'homme d'orgueil, le persuadant qu'il a déjà atteint la perfection et qu'il peut désormais se permettre de contredire ses parents ou ses maîtres ...
Dans d'autres circonstances, le yétser ara opte pour la voie opposée, comme il le fit avec les explorateurs ... il rappelle à l'homme les fautes de ses pères et ses propres écarts de jeunesse, et c'est ainsi qu'il parvient peu à peu à le remplir de désespoir et à le décourager.
Chacun devra bien garder à l'esprit les manœuvres dont use le yétser ara pour éviter de tomber dans ses filets.
[Léka'h Tov]

[on a vu que par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
Or de même que nous devons avoir confiance en Hachem, nous devons avoir confiance en nous-même (puisqu'ayant une partie Divine en nous!).
En se rappelant l'infinie grandeur, miséricorde (ex: le pouvoir fou d'un mot/soupir de téchouva), ... de Hachem, nous en venons à être tamim (intègre, simple), à agir de notre mieux, sans se poser de question (on comprendra dans le monde à venir de Vérité), laissant la gestion du reste à papa Hachem (seul Lui peut et sait tout!).
Ainsi, au cours de notre vie il faut évoluer en équilibre avec ces 2 sentiments : je suis quelqu'un d'énorme, presque Divin (étant fait à l'image de D.), et pourtant je ne suis rien en propre dans le sens où tout ce que j'ai, provient et dépend à 100% de D. (je ne peux pas tout comprendre, je ne peux pas maîtriser, ...).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°938) enseigne :
"Sur le mode allusif, nous pouvons remarquer que les lettres finales des mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) forment le mot koa’h (force, pouvoir), tandis que si on inverse l’ordre des lettres de chela’h, on obtient ’halach (faible).
Ces 2 notions antithétiques nous livrent un précieux message. Hachem désirait signifier à Moché qu’en envoyant des hommes prospecter la Terre Sainte, il affaiblissait son pouvoir et celui du peuple.
Tentons d’expliquer en quoi cette exploration était synonyme d’affaiblissement.

Lorsque les enfants d’Israël traversaient le désert, ils vivaient à un niveau surnaturel. En effet, conduits sur le mode du miracle, ils étaient perpétuellement entourés par les nuées de gloire, qui avaient la propriété d’absorber les flèches ennemies, ce qui les dispensait du combat. Ainsi, en envoyant une délégation en reconnaissance du terrain à conquérir, ils se rabaissèrent au niveau de la nature, alors que Hachem avait prévu de leur faire hériter de la Terre promise de manière exclusivement miraculeuse. Mais la volonté qu’ils exprimèrent d’explorer le pays avant de le conquérir, comme le fait tout peuple avant de déclarer la guerre à un pays ennemi, prouva leur attachement indéniable à l’ordre naturel, ce qui modifia le projet divin initial et les contraignit à conquérir la terre à la manière de tous les humains.
D’où l’allusion qui se lit dans les mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) : l’exploration de la Terre Sainte revenait à un affaiblissement, puisqu’elle fit passer nos ancêtres d’une conduite miraculeuse à un vécu naturel.
[...]
Moché savait que telle était la volonté des enfants d’Israël, et il désirait leur enseigner une leçon, ainsi qu’à toutes les générations à venir : lorsqu’un homme ne se conforme pas aux directives du Créateur, il risque fort d’en pâtir. Car il n’existe pas d’échappatoire au projet divin, et quiconque veut jouer au plus fin avec Hachem, loin d’en retirer un quelconque intérêt, ne fait que se rendre coupable et mettre sa vie en danger.

Moché leur transmettait également un autre message : l’homme est responsable de ses actes et "on [le] mène dans la voie qu’il désire emprunter". Par conséquent, s’il démontre une volonté d’être conduit par une Providence surnaturelle, il le méritera. Par contre, s’il exprime une préférence à se restreindre aux lois de la nature, pensant pouvoir connaître ainsi le salut, Hachem lui retirera Sa Providence et lui laissera le loisir de s’en sortir par ses propres moyens, mais bien souvent, il en fera alors les frais."