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"Moché les envoya du désert de Paran sur la proposition de Hachem ; c'étaient tous des notables (anachim), chefs des enfants d'Israël étaient-ils" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi explique l'utilisation du terme "anachin", comme signifiant qu'au moment où ils sont partis ils étaient des justes et ils n'avaient aucune intention de parler négativement de la terre d'Israël.

Regardons de plus près les mots que Rachi utilise : "béota chaa kéchérim ayou".
=> Il semble nous signifier que les explorateurs étaient encore des justes pendant 1 heure après leur départ? Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela?

Nous allons voir la belle réponse apportée par le rav Eizel Charif, alors qu'il n'avait que 8 ans.

-> "Selon le nombre de jours où vous avez exploré la terre, 40 jours, un jour pour une année, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, 40 ans, et vous saurez ce que [signifie] se détourner de Moi" (Chéla'h Lé'ha 13,34)

On a :
1 jour d'exploration = 1 année dans le désert ;
24 heures = 1*12 mois
=> 1 heure d'exploration = 1/2 mois dans le désert, soit 15-16 jours.

-> Le peuple juif a quitté l'Egypte le 15 Nissan, 1er jour de Pessa'h.
Il est entré en terre d'Israël le 10 Nissan (cf.Yéhochoua 4,19), ce qui correspond à 5 jours en avance par rapport au décret des 40 années dans le désert.

-> Rachi écrit (Dévarim 1,2) que si les juifs avaient mérité de traverser le désert directement pour aller en Israël (sans faire aucun détour), il aurait fallut 11 journées.
Cette période ne doit donc pas être comptabilisée dans la punition des explorateurs (40 ans d'errance).

=> Suite à ce constat, il ressort qu'il manque une période de 1/2 mois (16 jours) sur les 40 années.

Afin de résoudre cette difficulté, Rachi a conclu qu'ils avaient de bonnes intentions pendant la 1ere heure de leur mission, ce qui justifie la réduction de la peine pour cette durée.

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-> "Ils allèrent et revinrent trouver Moché et Aharon" (Chéla'h Lé'ha 13,26)

Rachi explique : "C’est pour comparer leur départ à leur venue. De même que leur venue était dans une mauvaise intention, leur départ était dans une mauvaise intention".

Apparemment c’est difficile, car Rachi lui-même (v.13,3) a expliqué qu’à ce moment-là ils étaient honnêtes
L'Admour rabbi Avraham Méïr de Gour donne l'explication suivante : nos Sages (guémara (Kidouchin 40) disent que Hachem joint une bonne pensée à l’acte, alors qu’il ne joint pas une mauvaise pensée à l’acte.
D’après cela, au moment où Moché a envoyé les explorateurs, même si leur départ était a priori dans une mauvaise intention, la mauvaise pensée n’avait pas encore été ajoutée à l’acte, donc à ce moment-là ils étaient honnêtes.
Mais une fois qu’ils ont mis leur mauvaise pensée à exécution et ont dit du mal de la terre d'Israël, la mauvaise pensée a déjà été ajoutée à l’acte, et c’est ce que dit Rachi : "C’est pour comparer leur départ à leur venue".

"Moché les envoya du désert de Paran sur la proposition de Hachem ; c'étaient tous des notables (anachim), chefs des enfants d'Israël étaient-ils" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi fait remarquer que le qualificatif "anachim" (notables), révèle qu'au moment de leur départ en mission, ils étaient tous des justes.

[Il apparaît qu'ils n'avaient alors aucune intention de médire sur la terre d'Israël]

=> Comment comprendre que des personnages si importants ont si rapidement et radicalement mal tournés?

-> Le Maharal (Gour Aryé Dévarim 1,22) enseigne que le peuple juif dans son ensemble avait peur de la population résidant en Israël, au point qu'il ne pensait pas pouvoir la vaincre pour prendre possession du pays.
Les explorateurs ont été envoyés en tant que représentants du restant de la nation, et le principe est qu'un envoyé (chalia'h) devient influencé par les intentions de ceux qui l'envoient en mission.

La guémara (Kidouchin 41b) dit : "l'envoyé d'une personne est comme cette personne" (chlou'ho chel adam kémoto).

Bien qu'il y ait à ce sujet des débats en terme de loi juive, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chéla'h Lé'ha 13,2) explique que cela peut se comprendre de façon littérale.

Lorsqu'une personne accepte une mission et est d'accord d'en être l'émissaire, elle devient spirituellement connectée à celle qui l'a mandaté et influencé dans ses objectifs.

Ainsi, bien que les espions étaient eux-mêmes des justes dès qu'ils ont été envoyés en exploration, devenant les émissaires de toute la nation, ils se sont transformés pour devenir comme ceux qui les ont envoyés.

-> Par exemple, le 'Hafets 'Haïm a envoyé le rav Méïr Shapiro pour le représenter au 2e Knéssia Gédolah (congrès mondial de Torah - en 1929), ne pouvant pas s'y rendre personnellement.
Les rabbanim ont voulu l'honorer en le faisant intervenir en 1er, mais le rav Shapiro leur a demandé de passer à la fin afin de pouvoir bénéficier de l'influence du 'Hafets 'Haïm (l'ayant mandaté pour cette tâche), le plus longtemps possible.

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que la Torah appelle parfois un émissaire par : mal'akh (un ange).
Pourquoi cela?

Si l'émissaire est influencé par celui qui l'a envoyé en mission, à plus forte raison lorsque l'initiateur est Hachem.
Ainsi, une personne agissant comme émissaire de D. mérite d'être dénommée : un ange (mal'akh).

"Nous avons crié vers Hachem et Il a entendu notre voix ; il a envoyé un émissaire (mal'akh) et nous a fait sortir d'Egypte" ('Houkat 20,16).

Il s'agit de Moché (cf.Rachi), et puisqu'il agissait comme un émissaire de D., il a mérité d'être appelé un : mal'akh.

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Cependant, la Torah est claire sur le fait qu'ils ont dû rendre des comptes pour ce qu'ils ont fait, au point de mourir tragiquement (v.14,36-37).
=> Puisque leur faute provenait de l'influence négative du peuple, pourquoi ont-ils été punis? Que pouvaient-ils faire d'autre?

Le 'Hidouché haRim explique qu'avant de partir, les espions n'auraient pas dû se voir comme des représentants de la nation, mais plutôt comme des émissaires de Hachem et de Moché.
Cette faute va avoir des conséquences décisives et fatales.

-> Le Sfat Emet enseigne que nous devons appliquer cela à notre vie quotidienne.
En effet, normalement nous faisons nos choix en fonction de ce qui nous semble être correcte et logique.
Cependant, lorsque nous nous engageons à ne pas agir selon nos motivations personnelles, mais uniquement parce que Hachem souhaite que nous le fassions, nous méritons alors une bénédiction et un succès énormes, car grâce à cela nous devenons, dans chacune de nos actions, des anges représentants Hachem.

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-> "Envoie pour toi des hommes" (Chéla'h Lé'ha 13,2)

-> Moché envoya les explorateurs pour visiter la terre sainte. Quand ils revinrent, ils présentèrent au peuple un rapport de leur visite. Quand on analyse le texte, on peut s'apercevoir qu'ils ne firent que dire ce qu'ils ont vu. Apparemment, ils n'ont fait que dire la vérité, ce que leurs yeux ont vu.
=> Où était donc la faute?

-> Le Rabbi Mendel de Kotsk explique que dire la vérité ce n'est pas se contenter de décrire la réalité telle qu'elle est. Car ne pas modifier la réalité c'est simplement ne pas mentir. Mais ce n'est pas encore dire la vérité. Ainsi, quelqu'un peut ne pas mentir, en décrivant la réalité telle qu'elle est, mais sans qu'on puisse encore affirmer qu'il dise la "vérité".
En fait, la vérité, c'est lire et interpréter la réalité en conformité avec la Parole d'Hachem. Si quelqu'un décrit une situation sans rien modifier à la réalité, mais que ses yeux humains lui laissent interpréter les faits de façon différente à la Parole d'Hachem, alors si c'est un homme de vérité, il fournira tous les efforts nécessaires pour s'ingénier à l'interpréter en conformité avec la Parole Divine, et pas selon ce que ses yeux humains le laissent comprendre.

Ainsi par exemple, un homme qui a travaillé durement et à reçu en rétribution un grand salaire, s'il se dit que c'est son travail qui lui a permis d'avoir ce salaire, ce ne sera pas la vérité, même si c'est ce qui paraît de la réalité. Car la vérité c'est qu'Hachem a béni son travail et c'est Lui Qui lui a envoyé le salaire, comme il est dit : "Il bénira toutes les actions de tes mains".

=> Certes, les explorateurs n'ont fait que décrire la réalité de ce que leurs yeux ont vu lors de leur visite de la terre, mais malgré tout ils ont commis en cela une grave faute. Leur erreur a été de ne pas avoir voulu investir des efforts pour mettre en accord cette réalité qu'ils ont vue avec la Parole d'Hachem qui avait dit que cette terre était une bonne terre. Ils ont décrit ce qu'ils ont vu, les géants, les fruits énormes, les nombreux enterrements, ..., ce qui a débouché à la conclusion évidente qu'ils ne pourront pas conquérir une telle terre.
Ce qu'on leur reproche c'est de ne pas s'être efforcé d'interpréter les mêmes faits, mais selon la Vérité de la Parole d'Hachem, comme l'ont fait Yéhochoua et Kalev qui proclamèrent : "Cette terre est très très bonne".
Ne laissons pas les apparences de nos yeux humains diriger notre jugement. Au contraire, c'est la vérité de la Torah qui doit orienter notre lecture de tous les événements de nos vies.

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+ Quand le mensonge se déguise en Vérité :

-> La paracha Chéla'h Lé'ha s'étend sur la faute des explorateurs. Rachi explique que le peuple se réunit autour de Moché et lui demanda d'envoyer des hommes pour explorer la terre Sainte. En cela, les Hébreux commirent une faute et leur requête déplut à Hachem. En effet, Il avait déjà annoncé que ce pays est une bonne terre. L'envoi d'explorateurs n'était donc pas justifié. Seulement, on peut s'interroger.
=> Pourquoi le peuple désirait-il tant envoyer ces hommes? N'avait-il pas confiance en Hachem qui avait promis que cette terre était bonne? Une telle hypothèse révélant un manque si grand de confiance en Hachem n'est pas envisageable!
D'autre part, il est dit (dans la paracha de Dévarim v.1,23) que cette demande du peuple plut même à Moché (qui dit : "La chose fut bonne à mes yeux"). Comment comprendre une telle chose? Surtout s'il s'agissait d'un manque de confiance en Hachem clair et évident?
Tout cela nous conduit à dire que la faute d'envoyer des explorateurs était bien plus fine que ce que l'on peut penser.

-> En fait, on sait bien qu'un peuple qui désire conquérir un pays et entreprendre une guerre, envoie au préalable des espions dans ce pays, pour identifier les différents chemins et déterminer la stratégie la plus adaptée pour cette conquête. Telle est la voie naturelle des choses.
Seulement, à l'époque, les Hébreux étaient accompagnés continuellement par la Présence Divine, qui réalisait pour eux des miracles constants. Certes, généralement la Torah demande à ce que l'homme adopte la voie naturelle, tout en plaçant sa confiance en Hachem qui est le Seul qui peut sauver. C'est ce que l'on appelle la Hichtadlout. Cependant dans la situation des Hébreux dans le désert, qui étaient entourés par des miracles manifestes d'Hachem, pour eux, exceptionnellement, ils devaient placer exclusivement toute leur confiance en Hachem sans procéder à aucune Hichtadlout.
C'est là que le peuple se trompa, en pensant que même à leur niveau, il fallait également procéder à une certain Hichtadlout. En effet, Hachem aime diriger le monde selon l'ordre naturel, pour préserver le libre arbitre de l'homme. De la sorte, quand Il réalise un miracle, Il cherche à le diminuer au maximum et à lui laisser le plus possible une apparence naturelle. Les juifs pensaient que dans leur démarche d'envoyer des explorateurs, ils suivaient cette Volonté Divine de cacher au maximum le miracle. Et en cela, ils pensaient même réaliser une mitsva.

Seulement, le fait que nos Textes voient dans leur démarche une erreur, cela révèle qu'au plus profond de leur coeur, de façon même imperceptible, ils manquaient quelque peu de confiance en Hachem et leur demande découlait en vérité d'une certaine tendance enfouie dans leur coeur à agir naturellement, non pas pour la mitsva, mais pour se rassurer, pensant que par là, ils sécuriseraient un peu plus la réussite de la conquête. Mais ce mauvais calcul relevait du subconscient. Ils étaient loin de s'avouer tout cela. Pour eux, dans leur esprit, ils pensaient réaliser leur mitsva de Hichtadlout pour cacher le miracle.
Il s'agissait donc d'une très fine erreur d'appréciation dans l'équilibre entre Hichtadlout et confiance en Hachem. Ils croyaient que leur Hichtadlout était louable, alors qu'en réalité, elle était superflue et venait pointer un léger manque de confiance en Hachem duquel ils n'étaient pas conscients.
Mais en réalité, ce n'est pas tout. Leur démarche était encore bien plus profonde que cela. Car, ils ne pensaient pas qu'il fallait procéder à une démarche naturelle (Hichtadlout) simplement pour connaître les chemins les plus adaptés pour la conquête. Ce n'est pas en cela qu'ils se trompèrent en pensant qu'il fallait agir. Car pour cela, ils avaient une totale confiance en Hachem et savaient fermement qu'Il allait les aider. Ce n'est pas en cela que leur mauvais penchant allait les induire en erreur. Il était sûr de ne pas réussir.

L'erreur d'appréciation était encore bien plus fine que cela. Le Midrach explique que quand le peuple demanda à Moché d'envoyer des explorateurs, Moché leur en demanda la raison. Alors ils expliquèrent qu'Hachem leur avait promis de leur faire hériter les richesses du pays. Mais, sachant que les Hébreux s'apprêtaient de conquérir le pays, les habitants risqueraient de cacher tous leurs trésors. Et cela risquait de compromettre la réalisation de cette Promesse Divine. Il convenait donc d'envoyer des explorateurs qui allaient identifier les endroits secrets et connaîtraient les lieux susceptibles de contenir les trésors. Et ainsi, cela permettra de réaliser la Promesse Divine et Son Honneur restera conservé.
Au niveau conscient, toute la démarche du peuple d'envoyer des espions était d'éviter une faille dans la sanctification du Nom d'Hachem, dans le cas où on ne trouverait pas les trésors. Ce n'était même pas de perdre l'occasion de s'enrichir qui les perturbait. Tout leur souci n'était que de préserver l'Honneur d'Hachem.
Entendant tout cela, Moché donna bien sûr son accord. Cette démarche lui plut.
Et malgré tout, Hachem identifia une faute. Car en réalité, Il perçut qu'au très fond de leur coeur, leur aspiration provenait d'un manque très fin de confiance en Hachem et d'une volonté imperceptible d'agir naturellement pour assurer leur conquête, pensant inconsciemment que leur action naturelle les aidera. Il s'agissait bien, à un niveau microscopique, d'un léger manque de confiance en Hachem. Et ce manque était si fin, que même Moché n'identifiait pas la faille. Tout paraissait provenir des intentions les plus pures.
Personne n'avait réussi à percevoir qu'une intention négative très fine se cachait.

=> Tout cela montre combien un défaut peut se dissimuler au point que même Moché puisse ne rien remarquer.
De plus, nous voyons aussi que la faute du peuple était d'une finesse telle qu'en apparence tout paraissait être une très grande mitsva, celle de rechercher à augmenter l'Honneur d'Hachem. Le peuple était à un niveau spirituel si haut que pour le tromper, le mauvais penchant (yétser ara) devait leur présenter l'erreur comme une grande mitsva. Car le penchant sait s’immiscer en finesse dans le coeur, présentant une Hichtadlout erronée comme si elle était voulue par Hachem. De plus, ne tentons surtout pas d'expliquer les fautes du peuple juif de l'époque de la Torah selon notre échelle, pensant que ces hommes pouvaient avoir des considérations simples et comparables aux nôtres.

==> Mais tout cela nous mène à nous interroger. S'il est possible de commettre des erreurs si fines sans s'en rendre compte, le danger est donc très grand. Comment pouvons-nous déterminer la vérité? Comment identifier l'erreur si tout peut paraître si parfait?
C'est qu'en fait, chaque homme est effectivement capable de connaître la vérité des choses, s'il le veut vraiment. En scrutant le fond de son coeur avec un regard authentique, en voulant vraiment connaître la vérité, on arrivera à l'identifier. Car le mauvais penchant ne peut pas recouvrir complètement la vérité. Même s'il peut présenter le mensonge comme une vérité, malgré tout, au fond de lui-même, l'homme sait que le droit chemin est encore plus vrai. Dans Sa Bonté, Hachem n'a pas permis au penchant de cacher totalement la vérité. Chacun peut, s'il le désire vraiment, discerner dans son coeur, la vraie vérité.

[ basé sur un enseignement du rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

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+ Grâce à la droiture, on se préserve de tout mal :

-> "Moché les envoya depuis le désert de Pharane sur l'ordre d'Hachem, tous des personnages considérables, chefs des Bné Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi : "A chaque fois que les versets comportent le terme ‘personnage’ (Ich), cela signifie qu'il s'agit d'une personne importante. A ce moment-là, ils étaient (encore) irréprochables".

=> Ce commentaire de Rachi est a priori étonnant : si les explorateurs étaient véritablement irréprochables, au point que la Torah elle-même en témoigne, comment se fait-il qu’ils tombèrent ensuite d’un niveau tellement élevé jusqu’aux extrémités de la bassesse?

-> Le Chem miChmouël (année 5677) rapporte l'explication suivante :
Rachi lui-même commente le verset "Sois droit avec Hachem ton D." (Choftim 18,13) : ‘Va selon Lui avec droiture, espère en Lui, et ne sonde pas l’avenir, mais tout ce qui t’arrivera accepte-le avec innocence (sans calcul). Et alors tu feras partie de Son peuple et tu seras Son partage’.
Le Chem miChmouël écrit que l'on peut donc en déduire, que l’inverse est aussi vrai : en ne se conduisant pas avec droiture, un juif s’exclut lui-même du peuple et du partage d’Hachem ...
Si les Bné Israël n’avaient pas perdu cette ‘Témimout’ (innocence et droiture) mais avaient poursuivi leur périple à travers la terre d'Israël, sans chercher à savoir comment ils parviendraient à la conquérir, il est certain qu’ils auraient réussi
, comme l’affirme Rachi (paracha Dévarim) : ‘S’ils n’avaient pas envoyé des explorateurs, ils (les Bné Israël) n’auraient pas eu besoin de leurs armes’.

Néanmoins, du fait qu’ils perdirent leur ‘Témimout’ et qu’ils tentèrent de sonder l’avenir, ils n’étaient désormais plus avec Hachem (‘Son peuple et Son partage’) et il n’est plus surprenant de voir à quelles extrémités ils arrivèrent ...
Car, sans l’aide d’Hachem, l’homme n’est en mesure de faire face à aucune épreuve.

-> Le Chem miChmouël écrit :
"il est écrit : "Sois droit avec Hachem ton D.", et Rachi d'expliquer : ‘alors tu seras Son peuple et Son partage’.
Une des conditions de la ‘Témimout’ est de ne pas (chercher à) sonder l'avenir et de ne pas s'ingénier à suivre son intelligence, mais de se soumettre à la volonté d'Hachem, à l'instar des Bné Israël lorsqu'ils s'écrièrent devant la Mer Rouge : ‘Nous ne comptons que sur les paroles du fils d'Amram (Moché)’.
Il est compréhensible qu'en disant : ‘Envoyons des hommes devant nous et ils espionneront la Terre pour nous’, ils s'écartèrent du chemin de la ‘Témimout’, et le Nom d’Hachem qui était avec eux, se retira d’eux".

-> Cela rejoint également ce que le ‘Hatam Sofer explique à propos du châtiment qu’Hachem décréta pour la faute des explorateurs :
"Dans ce désert ils finiront" (Chéla'h Lé'ha 14,35) = cela signifie qu’ils devraient s’attarder pendant 40 ans dans le désert jusqu’à redevenir droits, comme ils l’étaient au début, avec Hachem (l’expression "ils finiront" employée dans le verset est ‘itamou’ (יִתַּמּוּ) qui a la même racine que ‘Témimout’).
Cette ‘Témimout’ consiste également à savoir et à être convaincu que tout ce qui se déroule dans le monde est le fruit de la volonté Divine. Elle nous enjoint par conséquent à ne nous reposer que sur Hachem.

-> Les commentateurs de la ‘Hassidout (comme le Imré Emet et le Beit Israël) ont largement développé cette paracha des explorateurs. Elle nous enseigne qu’un homme ne doit jamais compter sur ses propres forces ni sur ses mérites personnels, c’est-à-dire sur ses mitsvot et ses bonnes actions dans le domaine spirituel, ou ses forces physiques dans celui matériel, et penser que grâce à eux, il pourra parvenir à ses fins.
Il devra enraciner profondément en lui-même le sentiment qu’il est entièrement démuni de toute force personnelle et ne peut rien accomplir sans décret céleste préalable, et que tout dépend de la volonté Divine.
Celui qui ne se repose que sur Hachem méritera son aide dans tous les domaines et tout ce qu’il entreprendra réussira. En revanche, l’homme qui ne se repose que sur lui-même est voué à l’échec.

C’est l’enseignement que l’on peut tirer des explorateurs. Ces derniers étaient les chefs des Bné Israël tant dans le domaine spirituel que matériel, et nous n’avons aucune notion de leur niveau : le Ramban (verset 4) écrit que la Torah les a énumérés selon leur importance en ordre décroissant.
Il en ressort d’après cela que Kalev Ben Yéfouné n’était que le troisième. Quant à Yéhochoua Bin Noun, il n’est mentionné qu’en cinquième position. Par ailleurs, ils étaient dotés d’une force physique hors du commun (cf. ce qu’explique le Ibn Ezra sur le verset 2), et ils se reposèrent sur la force de leur poignet pour conquérir la terre d’Israël. Néanmoins, lorsqu’ils y entrèrent et la parcoururent de part en part, ils furent saisis de crainte et tellement terrifiés qu’ils déclarèrent : "Il n'y a rien (à faire) car le peuple (de ses habitants) est fort et il est plus puissant que nous".
Seuls Yéhochoua et Kalev se considéraient comme insignifiants et savaient qu’ils ne possédaient rien par eux-mêmes, comme l’explique le Targoum Yonathan Ben Ouziel (sur le verset 13,16) : ‘Lorsque Moché vit l’humilité de Yéhochoua, il lui changea son nom de Hochéa en Yéhochoua’.
De même, Kalev alla se prosterner sur les tombeaux des patriarches afin de solliciter la miséricorde Divine, car il sentit qu’il ne possédait aucun mérite personnel et qu’il devait faire appel à celui de ses ancêtres.
Ce fut uniquement parce qu’ils se reposèrent sur Hachem qu’ils eurent la témérité de tenir tête aux autres explorateurs et d’affirmer courageusement : "Nous y monterons et nous la conquerrons car nous le pourrons".
Finalement, ce furent les seuls parmi les 600 000 Bné Israël de la génération du désert qui eurent le mérite d’entrer en terre d'Israël.

-> Le ‘Hidouché haRim explique que :
"L’intention des explorateurs avait uniquement pour but le bien des Bné Israël. Ils virent que ces derniers résidaient dans le désert dans une situation idéale : ils étudiaient la Torah auprès de Moché, n’avaient aucun souci matériel, ni de nourriture, ni de vêtement, et ils se consacraient seulement au service d’Hachem en vivant du pain Céleste.
Craignant qu’en entrant en terre sainte, les Bné Israël se retrouvent plongés dans les soucis matériels inhérents à l’exploitation des champs, les explorateurs se mirent en danger pour eux en oeuvrant afin qu’ils s’attardent encore 40 ans dans le désert et puissent ainsi continuer à se nourrir de la manne.
Néanmoins, leur attitude ne trouva pas grâce aux yeux du Ciel, car un homme n’a aucun conseil à donner à Hachem et il doit présumer que la manière dont il est dirigé est la meilleure pour lui."

-> Dans la suite de son commentaire, le 'Hidouché haRim ajoute les mots qui suivent :
"Ce qui leur fut imputé comme une faute est qu'ils innovèrent des raisonnements de leur propre initiative alors qu'ils auraient dû suivre le chemin de la droiture et s'efforcer de se soumettre en suivant la voie de la ‘Témimout’, sans faire de calcul. Ils auraient dû penser qu’un homme doit servir Hachem de l’endroit où Il l'a placé".

"Envoie toi-même des hommes pour explorer le pays de Canaan" (Chéla'h Lé'ha 13,2)

Il y a une ressemble entre : "chéla'h lé'ha" et "lé'h lé'ha".
Rachi commente Lé'ha : "Pour ton bonheur et pour ton bien." (Lé'ha lé'ha 12,1)

=> Il semble que le fait d'envoyer les espions, qui a fini en désastre (morts + errance de 38 années supplémentaires dans le désert), a été en réalité quelque chose de positif, d'avantageux pour le peuple juif.

Comment comprendre cela?

b'h, Nous allons voir une réponse du rabbi David Feinstein.

-> "Le peuple pleura cette nuit-là" (Chéla'h Lé'ha 14,1)

Ces larmes ont eu des conséquences : "[D. dit : ] Vous avez pleuré sans raison ; J'établirai pour vous une raison de pleurer [ce jour là] pour les générations à venir."
[guémara Taanit 29a ; ainsi que Rachi sur Téhilim 106,27]

Cette nuit du rapport des explorateurs était celle du 9 av, et c'est ce jour là que les 2 Temples ont été détruits et que beaucoup d'autres tragédies touchèrent le peuple juif à travers l'histoire.

-> Le Baal haTourim fait remarquer que la guématria de : chéla'h (שלח) est de 338, et c'est une référence à l'année 3338 de la Création, durant laquelle le 1er Temple a été détruit.

-> "Mizmor de Assaf. Ô D., des païens ont envahi ton héritage, souillé ton Temple saint, réduit Jérusalem en un monceau de décombres." (Téhilim 79,1)

Un mizmor est normalement un chant pour exprimer notre gratitude et nos louanges à Hachem.
Ce Téhilim abordant la destruction du Temple, devrait plutôt être une "kina", une expression de notre tristesse et une lamentation.
Pourquoi le commencer par "mizmor"?

Nos Sages (midrach Béréchit rabba 42,3) enseignent que Hachem "a laissé éclater Sa colère sur le bois et les pierres", ce qui signifie qu'au lieu de détruire les juifs pour leurs fautes, Il a redirigé Sa colère sur le Temple et a expié nos fautes par sa destruction.

=> Ceci explique pourquoi Assaf a fait un chant de louanges à Hachem.

En reliant tout cela, rabbi David Feinstein dit que puisque cette destruction du Temple nous a été si bénéfique, et puisque qu'elle a été déclarée en raison de la faute des explorateurs, le terme lé'ha témoigne bien de : cela est à notre avantage.
[cela nous a évité de subir directement la colère de D.]

"Les prémices de vos pâtes (עֲרִסֹתֵכֶם), la 'Halla (חלה), vous prélèverez pour Hachem" (Chéla'h Lé'ha 15,20)

La pâte se dit dans le verset "arissa" (עריסה), qui signifie aussi le berceau.
Cela vient rappeler que dès le berceau, l'enfant doit être élevé pour le service d’Hachem.

On trouve cela en allusion dans le terme : 'Halla (חלה) :
- La lettre ח de valeur 8 : fait allusion à la mila réalisée le 8e jour.
- La lettre ל de valeur 30 : fait allusion au rachat du premier-né le 30e jour.
- Et la lettre ה de valeur 5 : fait allusion à l'initiation de l'enfant à la Torah, comme il est écrit : "A l’âge de 5 ans, on commence à lui apprendre la Torah (écrite)" (Pirké Avot 5,22).

[Ora'h lé'Haïm]

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-> Il est écrit à propos du prélèvement de la 'Hala : "Comme prémices de votre pâte (a’arissotékhem ‘hala), vous prélèverez un gâteau en tribut ; à l’instar du tribut de la grange, ainsi vous le prélèverez. Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à l’Éternel dans vos générations futures" (Chéla'h Lé'ha 15,20-21)

-> Rachi explique : "Vous prélèverez de ses prémices, c’est-à-dire : Avant d’en manger la première portion (les prémices), il en sera pris un morceau comme prélèvement pour Hachem".

=> Quelle est l’importance de la mitsva de prélever la ‘Hala?

On peut citer les réponses suivantes :
1°/ La génération des Explorateurs croyait assumer existence idéale en consommant le "pain du Ciel", la Manne ; ils ne pouvaient concevoir de ne plus manger que le "pain de la Terre" après l’entrée en Canaan. C’est pourquoi il leur fut révélé qu’on pouvait parvenir à la Sainteté par le prélèvement des prémices sur la pâte, la חַלָּה (‘Hala) – la sanctification du pain quotidien. [Sfat Emet].

Par l’observance régulière du prélèvement des prémices de la pâte et des fruits, et de la dîme (Maasser) sur les produits alimentaires, le manger et le boire se colorent de Sainteté. En ce qui concerne la ‘Hala, son prélèvement est obligatoire, au regard de la Torah, qu’en Terre d’Israël et lorsque la Présence Divine réside dans Son sanctuaire.
C’est là les véritables prémices (Réchit - ראשית) qui correspond au "Commencement D. créa" (Béréchit Bara - בראשית ברא)", car c’est en vue du mérite futur de la ‘Hala, des Bikourim (prémices des fruits) et du Masser que le monde a été créé (midrach Béréchit Rabba 1)

[il est à noter que la mitsva de la ‘Hala procure la récompense du monde futur, comme l’indique, en allusion, les initiales de la phrase: "חלק לעולם הבא" (‘Hélek léOlam aba - une part dans le Monde futur) forment : חַלָּה ('Hala). ]

2°/ "La vie de l’homme est basée sur sa nourriture et pour la plupart des gens, la base de la nourriture c’est le pain. En nous donnant cette Mitsva (la ‘Hala) qui s’applique à notre pain quotidien, Hachem a voulu grandir notre mérite, afin que Sa Bénédiction s’attache à celui-ci ; il se trouve ainsi être à la fois nourriture du corps et de l’âme".
[Séfer Ha’hinoukh]

3°/ "Tout celui qui prélève la ‘Hala est béni d’Hachem, comme le dit le Prophète Ezéchiel: ‘…La première part de vos pâtes, vous la donnerez au Cohen, pour que la Bénédiction repose sur vos maisons’" [Yé'hezkiel 44,30].

4°/ L’homme ne doit pas dire : "Je vais profiter un peu de la vie dans ma jeunesse et quand j’aurai vieilli, je deviendrai quelqu’un qui craint D."
La Torah enseigne : "Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez un gâteau en tribut" : au début de votre existence, dans votre jeunesse, vous devez sanctifier votre vie et l’élever vers les voies du Créateur. [Avodat Israël]

Le midrach enseigne : "Pourquoi la section relative à l’idolâtrie est-elle placée juste après celle de la ‘Hala?
Pour t’apprendre que quiconque accomplit le Commandement de prélever la ‘Hala, c’est comme s’il reniait l’idolâtrie".
Si un homme accomplit le Commandement de prélever la ‘Hala parce qu’il est convaincu que tout lui est donné de la main de D. et qu’il est donc tenu de prélever les prémices de ses biens en signe de reconnaissance, cela est en soi un reniement de l’idolâtrie. Il désavoue l’illusion que "c’est ma force et ma puissance qui m’ont fait obtenir toute cette richesse" (Ekev 8,17) qui est, en fait, la pire forme d’idolâtrie.
Un verset dit : "Leurs idoles sont l’argent et l’or, des œuvres de l’homme" (Téhilim 115,3) = leur idolâtrie s’exprime par le fait que l’argent et l’or sont à leurs yeux "les œuvres de l’homme".
[Avné Ezel]

5°/ Nos Sages appellent Adam : "la ‘Hala pur du Monde".
[à noter que les initiales, lues en l’envers, des trois derniers mots de: "vayéhi aadam lénéfech 'haya" ("Et l’homme devint un être vivant" - וַיְהִי הָאָדָם לְנֶפֶשׁ חַיָּה - Béréchit 2,7) forment le mot חַלָּה (‘Hala)].
Ceci signifie qu’Hachem l’a créé entièrement pur, sans désir mauvais. ‘Hava a fait perdre à Adam sa pureté première. A cause de son péché, lui-même et ses descendants ont été entraînés par leurs désirs physiques (même si la réalisation de ces désirs leur nuit).
La mitsva du prélèvement de la ‘Hala a le pouvoir de rendre à l’esprit la pureté qu’il a perdue en raison du péché de ‘Hava. [Tiféret Tsion]

On devrait prendre grand soin d’accomplir la mitsva de la ‘Hala. Pour fruit de sa négligence, la famine vient sur le monde, tandis que son observance apporte à la maisonnée, la Bénédiction matérielle. [midrach haGadol]

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-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que les 3 mitsvot spécifiques aux femmes : 'halla (חלה), nidda (נדה), nér hadlakat (l'allumage des bougies [de Shabbath] - הנר הדלקת) ont les 1eres lettres qui forment : 'Hanna (חנה), qui est le nom de la femme dont les prières pour son fils ont servi de modèle de prière.
En effet, les moments les plus opportuns pour qu'une femme prie c'est lorsqu'elle accomplit ces mitsvot spéciales, qui ont la capacité unique de générer de la sainteté dans sa maison.

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=> Pourquoi les Lois des Offrandes de farine, des libations et de la ‘Hala sont-elles juxtaposées à l’épisode des Explorateurs?

On peut citer les raisons suivantes :

1°/ A la suite de l’affaire des Explorateurs et du châtiment infligé à la génération, un esprit d’affliction et de dépression s’empara du Peuple. Il se plaignit en disant : "Peut-être nos enfants commettront-ils quelque autre péché, et eux non plus n’entreront pas en terre d'Israël. Notre peuple n’arrivera alors jamais dans le Pays". Hachem ordonna à Moché : "Va, et encourage les juifs attristés", "Maître de l’Univers", demanda Moché, "comment les réconforterai-je?" "En leur enseignant la Torah", répondit Hachem, "instruis-les dans la mitsva des libations [une mesure de vin était apportée avec le Sacrifice et était versée dans les cavités de drainage situées à la base de l’Autel – une Offrande de farine, huile et sel était également apportée et consumée entièrement sur l’Autel] et du prélèvement de la ‘Hala de la pâte [celle-ci était sainte et devait être donnée au Cohen].
La mise en pratique de ces mitsvot est (essentiellement) liée à la terre d’Israël.
Ainsi, les juifs reprendront espoir, étant assurés que leurs enfants entreront en terre d'Israël".
[Tana DéBé Eliahou Rabba 29]

La consolation fut également pour les pères eux-mêmes, car, comme l’enseigne la guémara (Sanhédrin 90b) : "De quel Texte de la Torah déduit-on la Résurrection des Morts? Il est écrit : ‘[Cette Terre] que Hachem a juré à vos ancêtres de leur donner’ (Ekev 11,9). Il n’est pas dit : ‘De vous donner’ mais ‘De leur donner’ [eux qui sont déjà morts]", Hachem leur assura qu’ils se relèveront à la vie et hériteront de la Terre d’Israël (et pourront ainsi eux-mêmes accomplir les mitsvot liées au Pays). [Or ha'Haïm haKadoch].

2°/ Les Bné Israël ont péché en calomniant la terre d'Israël, à cause du vin que les Explorateurs en avaient rapporté (voir Chéla'h Lé'ha 13,23). Hachem, dans Sa Miséricorde, enseigna aussitôt aux juifs la mitsva de Nissoukh Hayaïn (ניסוך היין), libation de vin, afin de permettre d’expier leur péché dont le vin en était la cause. [Tsror haMor]
(Si la mitsva de la libation figure en premier lieu, bien que celle de la ‘Hala lui soit antérieure, c’est parce que la libation de vin concerne l’Autel sacré tandis que la ‘Hala se rapporte au pain quotidien – Lémaala Lémata).

3°/ Le passage relatif aux libations et prélèvement de la ‘Hala est juxtaposé à l’épisode des Explorateurs, afin de fortifier le coeur des enfants endeuillés et de les consoler en leur faisant savoir qu’ils rentreront, contrairement à leurs pères, en terre d'Israël et qu’ils offriront là-bas des Sacrifices (accompagnés de libations et d’offrandes de farine). [Rabbénou Bé’hayé]

4°/ Tout de suite après la faute des Explorateurs, les Bné Israël reçurent la mitsva de prélever la ‘Hala afin de mériter que la bénédiction règne dans leurs maisons, comme il est dit : "la première part de vos pâtes, vous la donnerez au Cohen, pour que la bénédiction repose sur vos maisons" (Yé'hezkel 44,30). [Sforno]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2021/09/09/32631

"Moché appela Hoché‘a (הוֹשֵׁעַ) fils de Noun : Yéhochoua (יְהוֹשֻׁעַ)" (Chéla'h Lé'ha 13,16)

Moché a changé le nom de Hochéa en Yéhochoua, en y ajoutant un youd devant son nom originel.

Le Targoum Yonathan dit que Moché a effectué ce changement de nom après avoir vu l'humilité de Yéhouchoua.
Que vient voir l'humilité avec ça?

Le Ohev Israël explique, en se basant sur les paroles du Mabit, que la résurrection des morts se fera selon l'ordre alphabétique : ceux ayant un nom commençant par aléph revivront avant ceux ayant un nom commençant par la lettre bét, et ainsi de suite.

Si c'est ainsi, Moché en ajoutant la lettre "youd" devant la lettre "hé", a fait que Yéhochoua devra avoir une résurrection plus tardive que ce qu'il avait initialement (il est passé du rang 5 [hé] au rang 10 [youd]!).
=> Comment a-t-il pu lui donner un tel désavantage?

Le Targoum Yonathan répond en disant que Moché a ajouté la lettre hé, uniquement après avoir reconnu l'humilité de Yéhochoua.
En effet, selon nos Sages, toute personne véritablement humble bénéficie d'une résurrection des morts avant les autres, indépendamment de son nom, ce qui explique l'action de Moché.

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-> Moché changea le nom de Yéhochoua en y ajoutant un youd (de guématria : 10), car il vit par prophétie que Yéhochoua hériterait de 10 parts en terre d'Israël, celles des 10 explorateurs qui avaient diffamé la terre.
Kalev fut récompensé en recevant 'Hévron : "Et à Kalev ils donnèrent 'Hévron" (Choftim 1,20).
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 13,4-16]

[le mot hébreu : Yéhochoua est équivalent à : Youd Hé Hochéa = D. sauve. => Moché pria Hachem d'aider Yéhochoua à résister à la calomnie des explorateurs.]

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-> Est-ce à penser que ces deux Justes : Yéhochoua et Kalev, étaient déficients dans leur foi, et qu’ils avaient besoin de prières spéciales pour ne pas tomber dans le complot posé par leurs "associés"?

De là, explique rav Yé’hezkel Levinstein, nous pouvons nous faire une idée du pouvoir de l’"influence sociale". Celui qui s’identifie et s’associe à un certain groupe en devient partie intégrante, au point qu’il lui est presque impossible de ne plus penser, parler ou agir comme les autres membres de cette assemblée.
Mais fort heureusement, immense est la force de la prière, qui empêche l’individu de décliner et de tomber dans l’abîme où ses compagnons tentent de le précipiter.

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-> La guémara (Taanit 21a) dit que Na’houm Ich Gam Zou fut appelé ainsi parce que quoi qu’il lui arrivât, même un malheur apparent, il disait toujours "cela aussi est pour le bien" (גם זו לטובה).
=> Si c’est le cas, alors pourquoi son nom était-il Na’houm Ich Gam Zou et non Na’hum Ich Gam Zou lé-tova?

-> Moché a changé le nom de Yéochoua, passant d’הושע (Hochéa) à יהושע (Yéhochoua).
Rav Chimchon Rafael Hirsch explique que le changement de nom porte un message implicite pour lui mais aussi pour ses compagnons car chaque fois qu’ils s’adressaient à lui par son nouveau nom, ils devaient eux aussi se souvenir du message véhiculé par ce nom et dans l’accomplissement de leur mission, ils ne devaient pas perdre de vue ce message. Ce nom leur indiquait que הושע est יהושע = c’est-à-dire que Celui qui nous a (déjà) sauvés dans le passé (הושע étant au passé), nous sauvera aussi à l’avenir (יהושע étant au futur).

-> Le rabbi Yéhochoua Alt dit qu'avec cela nous pouvons répondre à la question initiale.
Na’houm Ich Gam Zou a été appelé ainsi afin de mettre l’accent sur "gam zou" (זו גם) = c’est-à-dire que, tout comme dans le passé, Hachem était avec nous et que nous avez vu que c’était pour le bien, Il sera également avec nous à l’avenir.

"Les Bné Israël se trouvaient dans le désert et découvrirent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

-> Nos Sages (voir Tossafot Baba batra 119b) disent que le ramasseur de bois avait transgressé le Shabbath pour l'amour du Ciel. Son objectif était de faire connaître le fait que, bien que D. ait décrété que le peuple juif mourrait dans le désert, il était toujours obligé d'observer la Torah et les mitsvot.

Cela semble étonnant. Comment cette explication justifie-t-elle la profanation du Shabbath?
Nos Sages (guémara Shabbath 105b) expliquent cependant que celui qui, le Shabbath, effectue un travail dont le résultat n'est pas nécessaire est exempt de punition.
Ici aussi, l'individu n'a pas ramassé le bois parce qu'il en avait besoin, car il n'en avait absolument pas besoin. Au contraire, il avait à l'esprit que le nom de D. devait être sanctifié à travers lui. Par conséquent, le travail n'était pas nécessaire pour son résultat direct. Par conséquent, le ramasseur de bois n'a pas du tout profané le Shabbath.
Néanmoins, il fut tout de même lapidé parce que les observateurs ne pouvaient pas savoir quelles étaient ses intentions (dans son cœur).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Ils sortirent des propos diffamatoires de la Terre" (Chéla'h Lé'ha 14,32)

-> Le Maguid Mécharim explique que les explorateurs avaient compris que Moché n'entrerait pas en personne en Terre Sainte, comme l’avaient prophétisé Eldad et Medad à la fin de la paracha précédente (Béaaloté'ha). Ils ont dit : Moché va mourir et ce sera Yéhochoua qui mènera le peuple en Terre Sainte.
Pour prolonger la vie de Moché, les explorateurs ont préféré médire sur la Terre Sainte et retarder ainsi leur entrée.

=> Selon cet avis, les explorateurs étaient mus par de bonnes intentions, mais si c’est ainsi, pourquoi ont-ils été punis si sévèrement?

-> En fait, un homme est tenu de suivre les commandements de Hachem, même si cela est en première analyse à son désavantage. L'homme placera sa confiance en Hachem qui saura « s’arranger » même de façon à défier la logique pour "arranger les choses".
Lorsque Hachem voit que l’on place toute sa confiance en Lui et que l’on suit ses commandements, sans tenir compte de notre désavantage pour favoriser Ses mitsvot, Il saura intervenir pour ne pas qu'on en sorte perdant. Calev et Yéhochoua , les deux explorateurs qui se sont distingués des autres explorateurs en ne dénigrant pas la Terre Sainte, ont finalement vécu 40 ans de plus avec Moché. Si les explorateurs avaient eu la même attitude que Calev et de Yéhochoua, Hachem aurait su trouver une autre solution pour laisser vivre Moché auprès d’eux.

L’homme doit savoir que Hachem est Tout-Puissant. Il dépasse les contradictions et les incompréhensions. L’homme doit suivre Ses commandements et accomplir les mitsvot, avec la confiance intègre que Hachem lui fera du Bien et qu'il ne pourra pas sortir perdant d'une mitsva. Alors Hachem lui montrera Sa Grandeur et Ses Merveilles et il verra de façon tout à fait inattendue, comment Il a fait tourner les événements à son avantage.
Cela aura pour effet final d’augmenter la émouna de l’homme envers Hachem.
Rappelons-nous qu'un homme ne perd jamais en restant fidèle à Hachem. Il lui faut renforcer sa confiance en Lui et se conformer à Sa Volonté. Hachem saura faire le reste.
[Mé haChiloa'h]

"Maintenant donc, de grâce, que la puissance de Hachem se déploie, comme Tu l’as déclaré en disant … Oh! Pardonne le crime de ce peuple selon Ta clémence infinie … Hachem répondit : Je pardonne, selon ta demande" (Chéla'h Lé'ha 14,17-20)

-> Le Ohr ha’haïm enseigne :
Lorsqu’un verset s’ouvre par le terme véata (maintenant donc), cela se réfère au repentir des réchaïm, qui entraîne une sanctification du Nom divin dans le monde. En effet, quand les ¨réchaïm se rebellent contre Hachem, puis se repentent et améliorent leur conduite, le pouvoir du mal se trouve annihilé et, simultanément, celui de la sainteté se renforce dans le monde.

C’est pourquoi nos Sages (guémara Béra'hot 34b) affirment : "Là où les repentis se tiennent, les justes parfaits ne peuvent se tenir". Car, les repentis ont le mérite de sanctifier le Nom divin à un niveau supérieur à tous.

Dans notre verset, en employant le terme véata, Moché demande à Hachem d’accepter le repentir des enfants d’Israël et de leur pardonner leur péché, car, par ce biais, Sa puissance se trouvera amplifiée et Son Nom glorifié, comme le souligne la suite des versets précités : "Mais aussi vrai que Je suis vivant et que la majesté de Hachem remplit toute la terre".

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-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,7) de dire :
"Quelle est formidable/merveilleuse la téchouva!
Un jour, une personne peut être séparée de D., et le jour d'après, elle peut être attachée à la présence divine."

-> Le Rambam de nous dire aussi (Hilkhot Téchouva 7,4) :
"Une personne qui a fait téchouva est aimée et chérie par D., comme si elle n'avait rien transgressé".

=> Quelque soit les fautes que nous avons pu faire, la téchouva nous permet non seulement de sanctifier le Nom Divin, mais également d'être aimé et adoré par Hachem.
[c'est renforcer la sainteté et la présence Divine dans le monde]

"Envoie pour toi des hommes" (Chéla'h Lé'ha 13,12)

-> Dans la paracha Lé'h Lé'ha, Rachi dit sur le mot léha : "Pour ta satisfaction et pour ton bien".
D’après cela, il faut comprendre quel avantage pouvait trouver Moché dans la faute des explorateurs.
S’ils n’avaient pas été envoyés pour explorer le pays, les bnei Israël seraient immédiatement rentrés en terre d'Israël, et Moché aurait dû mourir comme il avait été décrété pour lui.
Comme ils ont été envoyés et que les bnei Israël ont péché en acceptant leurs paroles, ils sont restés quarante ans dans le désert.
Par conséquent la mission des explorateurs était en fin de compte « pour la satisfaction et pour le bien » de Moché.
[Mochav Zékénim]

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-> Le rav David Pinto écrit :
Ils demandent à Moché d’envoyer des explorateurs en terre d'Israël pour observer ce qui s’y passe, afin de pouvoir se préparer à la conquête. Mais Hachem n’était pas satisfait de cette mesure, et a dit à Moché : "Envoie pour toi des hommes qui parcourront le pays de Canaan".
Envoie pour toi, si c’est ton avis. Moi, Je ne te l’ordonne pas. Si tu veux, envoie-les!
Ce qui signifie : Moi, Hachem, Je sais que le pays est bon, et que les bnei Israël pourront y entrer et s’y installer sans aucun problème. Mais si vous, les bnei Israël, vous voulez envoyer des explorateurs pour examiner le pays, envoyez-les donc pour vous-mêmes. Pas pour Moi.

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-> "Envoie pour toi des hommes" (Chéla'h Lé'ha 13,2)

,-> Quand on envoie des gens pour remplir une mission, ce qui assure la réussite de la mission, c'est quand ces messagers s'investissent intégralement dans leur objectif.
Mais s'ils y mêlent des intérêts personnels, cela compromettra la réussite de leur mission, car ils seront orientés à trouver leurs intérêts.
Cela est en allusion dans ce verset : "Envoie pour toi des hommes" = pour que la mission réussisse il faut ''renvoyer'' les intérêts ''humains'' de l'affaire.
"Envoie", c'est à dire ''renvoie'', "des hommes", c'est-à-dire les intérêts d'hommes qui peuvent se mêler. La seule intention qu'ils doivent avoir, c'est de remplir la mission pour laquelle tu les mandates. Leur seule pensée doit être "pour toi", pour réaliser ''ta volonté''.
C'est seulement quand l'approche est pleinement désintéressée que la mission réussira à coup sûr.
[rabbi Henékh Alexander]

"Vous n'explorerez pas à la suite de votre cœur et à la suite de vos yeux, par lesquels vous vous égarez" (Chéla'h Lé'ha 15,39)

-> Rachi de commenter : "Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps et l'attirent vers la faute, le cœur convoite, les yeux voient puis le corps commet la faute"

-> D. nous dit : "Si tu Me donnes ton cœur et tes yeux, alors je saurai que tu es Mien"
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 5,5]

-> "Le yétser hara n'a de contrôle que sur ce que les yeux regardent"
[guémara Sota 8a]

-> "Celui qui ferme les yeux pour ne pas voir le mal, celui-là habitera dans les hauteurs (proche de D.)"
[Yéchayahou 33,15-16]

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-> Il existe 2 types de mitsvot : faire (assé) ou ne pas faire quelque chose (lo ta'assé).

Nous avons trop tendance à sous valoriser l'importance des mitsvot de type : ne pas faire (pensant à tord que l'essentiel est dans le faire quelque chose selon la volonté de D.).
Mais en réalité, nous aurons plus de récompenses pour le fait de se retenir de faire une faute, que pour la réalisation d'une mitsva.

Un midrach (michna Ouktsin 3,12) enseigne que D. donnera à chacun des tsadikim : 310 "mondes" comme récompense.
Le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou - Béréchit) dit que 300 "mondes" sont donnés au tsadik car il s'est détourné du mal (sour méra), tandis que seulement 10 "mondes" lui seront donnés pour la réalisation de ses bonnes actions (assé tov).

Quel contraste!!

Il peut sembler plus facile de vibrer, de retirer de la spiritualité lorsque l'on accomplit une mitsva (fêter un yom tov, étudier une guémara passionnante, prier avec ferveur, ...), que de se priver de réaliser une action (un petit goût amer de frustration s'en retire, en opposition avec la joie résultant de l'action).

L'essence, la base d'un juif est le fait de se détourner, d'éviter le mal (sour méra).

N'oublions pas que le "sour méra" surpasse le "assé tov", et donne une récompense qui lui est 30 fois supérieure!

=> Ainsi, par exemple, en lien avec notre dvar Torah, ne négligeons pas et ne sous-estimons pas l'importance, l'impact, du fait de détourner son regard d'une vision interdite.

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-> Le Beis Avraham (Rabbi Avraham Weinberg) a dit lors d'une visite à Tibériade (il y a environ 80 ans) :
"Ne dites pas que les générations antérieures étaient beaucoup plus grandes que la nôtre.
[...]
De nos jours, lorsque nous marchons dans les rues et que nous préservons notre kédoucha (sainteté), nous sommes beaucoup plus grands que les générations passées."

Personne à part Hachem ne peut savoir ce que je vois, ce que je pense.
Ainsi, dans l'intimité de mon esprit, de ma maison, j'ai la possibilité d'agir de façon pure, entière avec D., lui témoignant que rien ne peut lui être caché (akol galouï léfané'ha).
Mon intériorité et mon extériorité sont identiques : tout propres!

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-> Rav Yossef, fils de Rabbi Yéhochoua ben Lévi a survécu à une mort clinique, et à son réveil, il a raconté ce qu'il a vu :
"J'ai vu le monde à l'envers : [les gens] qui sont élevés dans ce monde sont bas dans le monde à venir, et ceux qui sont bas dans ce monde, sont élevés dans le monde à venir"
[guémara Pessa'him 50a]

Il peut nous sembler qu'une personne est faible dans un domaine, mais on ne sait pas toute la lutte qu'elle a fait pour être à ce niveau.
Par exemple, dans la kédoucha, seul D. peut avoir conscience des sacrifices, des efforts que nous sommes prêt à concéder pour Lui rester fidèle.

Dans ce monde, devant les projecteurs, en public, certaines personnes ont des facilités pour faire le beau avec peu.
Mais, dans le monde à venir, la vérité éclatera, et nous verrons clairement comment chacun aura été prêt à souffrir pour exprimer son potentiel dans la réalité.
Les petits d'un jour, deviendront les géants de l'éternité.

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-> "Vous serez pour Moi un royaume de Cohanim et un peuple saint" (Yitro 19,6)

-> Nos Sages nous disent que nous faisons tous partie de la royauté : "Tous les juifs sont des princes".
[Michna Shabbath - chap.14 - kol Israël béné méla'him ém]

Qu'est-ce qu'un prince?
Une personne qui arrive à se maîtriser, à se contrôler : avec elle-même et avec autrui.

-> Le Kouzari (maamar 3) d'enseigner :
"Un prince doit contrôler ses sens, son mental et ses capacités physiques, comme il est écrit : "Celui qui domine ses passions est supérieur à un preneur de villes" (Michlé 16,32).
Il a le mérite de régner, car s'il était prince sur un pays, il serait le même qu'il est avec son corps.
Il a pris le contrôle de ses passions ..."

=> b"h, Tâchons de faire honneur à notre statut de princes, en préservant autant que possible notre kédoucha.

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-> "Afin que vous ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (v.15,39)

-> Le Chomer Emounim affirme que si un homme marchant dans la rue et confronté à une vision interdite se maîtrise et en détourne son regard, toutes ses prières seront exaucées, car ce sera un moment favorable dans le ciel.

[d'une certaine façon, on peut dire que regarder des choses interdites c'est s'égarer, car on avait alors une opportunité d'avoir toutes nos prières exaucées!]

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-> "Ne vous détournez pas après votre coeur ni après vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39)

-> Nos Sages expliquent : "Ne vous détournez pas après votre coeur : c'est l'hérésie, ni après vos yeux : c'est la
débauche".
=> Mais on peut se demander pourquoi avoir placé l'hérésie avant la débauche. Apparemment, l'envie de débauche est plus courant et plus puissant que le penchant à l'hérésie?

-> Le Saba de Kelm commente :
c'est que la Torah vient ici révéler que la racine de la débauche se trouve en fait dans l'hérésie. L'homme qui se laisse aller à ses envies et pulsions pour adopter un comportement immoral et faire tout ce qu'il a envie, la raison profonde de cette démarche, c'est la volonté de ne pas accepter l'Autorité Divine et s'y soumettre.
L'homme cherche à se libérer de tout joug et autorité, au point de hisser au plus haut le drapeau "des droits de l'homme", les droits à la liberté, d'être libre de faire ce que je veux, libre de ne pas me soumettre et me plier. Cela le poussera à chercher se libérer même du Joug de la Royauté Divine, qui exerce sur lui une contrainte et l'empêche de faire ce qu'il veut. Et c'est là que s'enracine toutes les fautes liées à la moralité.
=> En vérité, l'homme qui glisse à des comportements immoraux, plus que de chercher le plaisir que cela lui procure, c'est la recherche de sa liberté, de pouvoir faire ce qu'il souhaite sans contraintes, qu'il clame plus que tout. Et le monde actuel ne fait que le démontrer de jour en jour.

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-> Le Arizal (Drouché Tsitsit 7) nous révèle l’importance de regarder les tsitsit : "Sache que l’homme doit regarder les tsitsit à chaque instant, ainsi qu’il est écrit : ‘Vous le regarderez’. Cela est d’un grand profit pour l’âme, afin qu’aucune faute ne se présente s’il prend garde à cela ; il aura un grand profit".

-> Il semble que ces paroles soient la source des propos du ‘Hafets ‘Haïm (Chmirat Halachone 2,3) :
"Du sens simple du verset, il semble que la vue des tsitsit est d’un grand bénéfice afin d’être zélé dans les Commandements divins et de ne pas être détourné par les yeux. Aussi, ô combien est-il adéquat de les regarder plusieurs fois par jour, et particulièrement lorsqu’une pensée incorrecte survient ou bien une colère - il est très bien de regarder alors les tsitsit et le penchant éclatera".

-> Le rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 44) enseigne :
Par le regard porté par tout homme sur les fils tékhélét des franges de son vêtement (tsitsit), dont la couleur bleu-azur ressemble à celle du Trône Divin, c'est comme si cet homme se tenait près du Trône de Gloire, reconnaissant ainsi son Créateur.
Ainsi, la vision a le pouvoir d'attacher non seulement à la chose observée, mais également à tout ce qui représente une ressemblance, ici par la couleur, à la chose observée.

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-> Le Séfer ha'Hinoukh (qui énumère toutes les mitsvot de la Torah) répertorie la défense "Vous n'irez pas après votre coeur et après vos yeux", comme étant la mitsva שפז (soit une valeur de 387).
Ce mot précède le שפח (soit 388), dont les lettres forment en commençant par la fin : חפש ('hoféch - les vacances).
Cela afin de suggérer que le préambule à la période des vacances est le renforcement dans la défense : "Vous n'irez pas après votre coeur et après vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39).
[rav Elimélé'h Biderman]