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"Si l'envoi des explorateurs n'était motivé que par un manque de émouna envers Hachem, ils n'auraient pas été sanctionnés aussi sévèrement par un décret collectif de mourir dans le désert.
C'est cette volonté initiale de dénigrer le pays, afin de décourager le peuple d'y entrer, qui est à l'origine de leur non entrée dans le pays.
[Maharal - guémara Sota 34b]

[on voit de là l'importance de ne rien dire de négatif sur la terre d'Israël!]

Le récit des explorateurs – Le saviez-vous?

+ Le récit des explorateurs - Le saviez-vous? (compilation issue du Méam Loez)

-> Moché n'envoya pas les chefs de tribus car ils étaient responsables des bannières et c'était sur leur ordre que les camps partaient. Ne voulant pas perturber la discipline des bannières, Moché chercha des hommes égaux aux princes de ses dirigeants.

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-> Pour encourager les explorateurs et calmer leurs craintes éventuelles, Moché leur donna son bâton portant le Nom explicite de D.
Moché leur dit : "Prenez en main et n'ayez peur de personne. En le voyant, les Cananéens seront pris de tremblement et de terreur ; ils ne pourront vous résister."
Effectivement, lorsque les géants virent ce bâton, ils furent pris de frayeur et les explorateurs furent sauvés.
Les mots : "Montez vers (alou zé)" (v.13,17) font allusion au bâton, qui était désigné par le même mot (zé) dans le verset : "Prends ce (zé) bâton dans ta main" (Chémot 4,17).

Selon une autre opinion, Moché fit connaître aux explorateurs le Nom de D. à 12 lettres afin qu'en cas de danger, ils se protègent en le prononçant. C'est également le mot "zé" (valeur numérique de 12 - זה) qui y fait allusion.

-> Moché avait prié pour que Hachem sauve Yéhochoua du conseil des exploroateurs, et seul Kalev entra pour prier à 'Hevron sur les tombes de nos Patriarches (à 'Hévron) pour également être protégé des mauvais conseils des explorateurs.

A 'Hévron habitaient 3 géants dont les noms reflétaient la robustesse.
1°/ A'himane = qui veut dire : "a'h yamin" (un frère droitier) : comme la main droite est plus puissante que la gauche, A'himane était le plus fort des 3.
2°/ Chéchaï = veut dire "marbre", comme dans le verset : "Ses jambes sont des piliers de marbre (chayich)" (Chir haChirim 5,15). comme le poids d'un pilier de marbre creuse une fosse dans le sol, ce géant s'enfonçait dans la terre lorsqu'il marchait.
3°/ Talmi = signifie un sillon : lorsque ce géant marchait, la terre se creusait à cause de la poussière soulevée par ses pieds.

En raison de leur force physique, on donnait également à ces géants les noms suivants :
- Néfilim (tombés) = car quiconque les voyait tombait de crainte. Ce sont les Néfilim mentionnés dans la section Béréchit, les premiers de cette tribu.
- Après un certain temps, leur force diminua et on les appelait : Anakim (géants) = en raison de leur haute taille qui cachait le soleil.
- Ensuite, leur force s'amoindrit encore et ils devinrent relativement faibles, d'où leur nom : Réfaïm (faibles).
Og, roi de Bachane, faisait partie de ces Réfaïm, comme il est écrit : "Seul Og survécut" (Dévarim 2,11) ; il était le plus faible d'entre eux.

-> "Le peuple qui habite ce pays est puissant et les villes sont grandes et bien fortifiés! Nous y avons vu les descendants du géant" (Chéla'h Lé'ha 13,28)

Les explorateurs racontèrent que non seulement les villes étaient étendues et bien fortifiés, mais également que par leur taille, les géants dépassaient les villes, leurs murailles ne leur arrivant qu'aux chevilles.
Ils disaient en d'autres termes : "Nous avons vu les géants ; ils sont plus hauts que les murs de fortification. Si vous voulez suggérer qu'il existe un autre moyen de les vaincre, en les prenant par surprise par exemple, cela est impossible."
[...]
C'est là que réside l'essentiel de la faute des explorateurs. Moché leur avait envoyés explorer le pays et observer ses habitants. Cependant, au lieu de rester simples observateurs (rapportant factuellement ce qu'ils avaient pu voir), ils se posèrent en conseillers, affirmant par exemple : "Le peuple qui vit dans ce pays est puissant et nous ne pouvons le vaincre."
Ils révélèrent leur mauvaise intention : affaiblir la détermination des juifs de poursuivre leur route vers la terre d'Israël.

[que ce soit un pays de géants ou de fourmis, cela ne change rien, car nous avons le maître du monde avec nous : Hachem!]

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-> 8 explorateurs portèrent une grappe de raisins ... chacun portait un poids de 1 200 (130 séa).
A 8, ils portaient donc une grappe de raisins d'un poids d'environ 9 600 kg.
Nos Sages enseignent que la Torah appelle cet endroit : Na'hal Echkol ("le Torrent de la grappe" - v.13,24), car de cette grappe, du vin coulait comme un ruisseau.

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-> Hachem réduisit les distances : au lieu de parcourir le pays en 160 jours, ils le firent en 40 jours.

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-> On peut rapporter l'enseignement du rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Chéla'h Lé'ha) :
"Hachem a demandé à Moché d'envoyer des personnes pieuses [pour parcourir la terre d'Israël] afin qu'elles amènent de la vitalité et de la subsistance spirituelle des mondes Supérieur à la terre en-bas, par l'impact résiduel de leur étude de la Torah et de leurs prières. Ainsi, la terre elle-même aspirera a être habité par les descendants d'Avraham, Its'hak et Yaakov."

"Vous ne vous égarerez pas derrière votre cœur et derrière vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39)

-> Le 'Hafets 'Haïm explique :
On entend souvent de la bouche de ceux qui se font passer pour des intellectuels et qui s'estiment fort intelligents, que la pratique des mitsvot n'est pas nécessaire.
Le plus important, disent ces gens, est que l'homme ait un cœur pur ...
Or, pour bien rejeter cette opinion erronée, la Torah nous met en garde : "vous ne vous égarerez pas derrière votre cœur!", derrière cette idée selon laquelle l'essentiel serait le cœur, en regard duquel l'accomplissement des mitsvot serait inutile.
Car cette thèse relève de l'hérésie, elle fait partie des arguments invoqués par le racha qui déclare : "il n'y a pas de D.!"

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+ "Vous ne vous égarerez pas (lo tatourou) derrière votre cœur (lévav'hém) et derrière vos yeux"

-> "Tu aimeras Hachem de tout ton cœur (lévav'ha)" (Vaét'hanan 6,5)
Rachi : avec tes 2 penchants : le bon et le mauvais.

-> Selon le Chem miChmouël, il y a lieu d'interpréter le mot "lévav'hém" de notre verset comme désignant également nos 2 penchants.
L'expression : "lo tatourou" (ne vous égarerez pas) dérive du même verbe que : "latour" (pour visiter [le pays]), et a donc une connotation d'espionnage et d'exploration.

=> Cela pour signifier allusivement à l'homme qu'il ne se mette pas à "explorer" et à "analyser" les ordres de Hachem (Ses mitsvot).
Que nous les comprenions ou non, que nous en retirions ou pas une utilité, il nous incombe d'observer les mitsvot parce qu'elles sont les ordres du Roi, et pour cette unique raison.

Lien entre Kalev et Eliézer

"Et Yéhochoua fils de Noun, et Kalev fils de Yéfouné qui faisaient partie de ceux qui avaient exploré le pays, déchirèrent leurs vêtements. Ils dirent ... le pays dans lequel nous sommes passés pour explorer est une très très bonne terre" (Chéla Lé'ha 14,6-7)

-> La guémara (Sota 34b) enseigne :
"Ils montèrent dans le sud, il vint jusqu'à 'Hévron" (Chéla'h Lé'ha 13,12)
Pourquoi la Torah s'exprime-t-telle au pluriel en début de phrase pour terminer au singulier?
Rava nous enseigne qu'il s'agit de Kalev qui se désolidarisa du complot des explorateurs en allant se prosterner sur les tombes des patriarches afin qu'ils l'aident à surmonter cette épreuve.
[ainsi, c'est par le mérite de sa prière qu'il bénéficia de l'aide des Patriarches et qu'il fut épargné. ]

=> Pour quelle raison uniquement Kalev eut la lucidité d'esprit d'aller prier à 'Hévron?

-> Le Arizal (chaar hapesoukim - Béréchit) nous enseigne que Kalev ben Yéfouné était la réincarnation (guilgoul) de Eliézer le serviteur d'Avraham. En effet, suite à la faute d'Adam Harichon, des étincelles d'âmes très élevées se mélangèrent aux klipot (forces du mal/impureté).
Chaque jour, des extractions s'opèrent pour les libérer, et Eliézer le serviteur d'Avraham faisait partie de ces âmes délivrées. Il tomba dans la klipa de Canaan. Son âme était très élevée au point qu'il est écrit à son sujet : "Eliézer était le doyen de sa maison et dirigeait tout ce qu'il avait" ('Hayé Sarah 24,2).
Le Arizal explique qu'il maîtrisait parfaitement son mauvais penchant et qu'il réussit à s'extraire en grande partie des klipot par le mérite d'Avraham son maître, et passa ainsi du clan des maudits au clan des bénis.
[nos Sages (Yoma 28b) interprètent ce verset comme une louange à Eliézer : "Ceci vient nous apprendre qu'il maîtrisait la Torah et qu'il était un érudit." ]

À présent, nous comprenons parfaitement pourquoi Kalev ben Yéfouné se dirigea en direction du caveau de Makhpéla, car il n'était autre que la réincarnation d'Eliézer le serviteur d'Avraham.
Ainsi, il alla instinctivement implorer l'aide de son maître afin de bénéficier de son soutien et d'achever sa réparation dans ce monde ici-bas.

C'est le secret des paroles de nos Sages (guémara Sota 12a) :
"Pourquoi Kalev est-il appelé dans le livre des Chroniques "אשחור" (achrour (אשחור - ce nom indique la couleur noire = שחור (cha'hor) - Divré haYamim 2,24)?
Il porte ce nom car son visage s'était noirci à cause des jeûnes qu'il pratiquait régulièrement."
En effet, étant la réincarnation d'Eliézer, il multiplia les jeûnes dans le but d'accomplir sa réparation. Ainsi, Kalev ben Yéfouné pria sur le tombeau d'Avraham pour qu'il puisse l'aider à sortir du clan des maudits et ne pas être attiré dans le piège des espions/explorateurs.
[de plus, Eliézer avait la peau noire car il était un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père
Noa'h (midrach hagadol 19,8). Ceci explique le nom attribué à Kalev "אשחור". ]
]

Après sa réincarnation en Kalev ben Yéfouné, il restait encore à Eliézer des étincelles d'âme à réparer. Aussi, il se réincarna par la suite dans Yéhoyada à l'époque du roi Chlomo, mais aussi en Bénayahou ben Yéhoyada son fils et c'est la raison pour laquelle le père et le fils eurent le même nom.

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-> Benayahou ben Yéhoyada assassina, sous l'ordre de Chlomo Hamelekh, le chef des armées de David, Yoav, qui avait assassiné Avner.

Des générations plus tard, après le règne de le roi Chlomo, Benayahou ben Yéhoyada se réincarna dans Zekharia ben Yéhoyada (Divré haYamim II 24,20) qui était prophète et Cohen et sera tué par le roi Yoach (guilgoul de Yoav) et vengea ainsi le meurtre de Yoav, sa réincarnation antérieure.
En effet, le prophète Zekharia ben Yéhoyada médit sur les Bné Israël.
Nous savons que tout celui qui accuse la communauté même à raison, finit par être puni, comme ce fut le cas pour le prophète Yéchayahou.
[ selon la guémara (Yébamot 49b) Yéchayahou a proféré des paroles accusatrices à l'encontre du peuple d'Israël : "Je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures"(Yéchayahou 6,5). voir ; http://todahm.com/2023/01/07/tsitsit-tout-juif-est-un-enfant-dhachem ]
Puis, les deux parties de l'âme de Zékharia, son roua'h et son néfech, se réincarnèrent dans deux convertis qui seront les dirigeants du peuple d'Israël en leur temps : Chemaya et Avtalion (guémara Yoma 35b).
Parce qu'il avait mal parlé sur le klal Israël, il fut réincarné dans deux
[d'après le Arizal - chaar haguilgoulim - hakdama 36]

-> Le rav Yaniv Cohen (roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El) ajoute :
J'ai reçu de mon maître que par la suite, son roua'h se réincarna dans le Mékoubal Rabbi Moché Kordovéro (le Ramak) qui est le premier commentateur du Zohar, et son néfech en Rabbi Eliahou de Vidach, et c'est la raison pour laquelle ces deux hommes éprouvèrent une affection particulière l'un envers l'autre.
Certains disent que le Ben Ich 'Haï avait des étincelles d'âme de Benayahou ben Yéhoyada et c'est la raison pour laquelle il nomma une de ses œuvres "Ben Yéhoyada". (et Bénayahou)

"Une terre qui dévore ses habitants" (Chéla’h Lé’ha 13,32)

-> Bien que les explorateurs ont dit cela sûrement avec une mauvaise intention, rabbi Na'hman de Breslev explique qu'il s'y cache une réalité positive.
En effet, la terre d'Israël dévore ses habitants, elle a la capacité de "manger" les juifs qui y vivent et elle les transforme alors en une partie de la terre d'Israël, leur insufflant sa sainteté totalement inimaginable.

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-> "C’est une terre qui dévore ses habitants" (v.13,32)

=> Que signifie cette expression ?

-> Rabbi Na'hman de Breslev enseigne :
La terre d’Israël est unique car Hachem y est particulièrement Présent et Révélé. Par opposition aux autres terres où Hachem se cache, "une terre qui dévore ses habitants" est une terre où la réaction de Hachem aux comportements de l'homme est rapidement perceptible.
La conséquence de ce dévoilement de la Présence de Hachem, c'est Sa réactivité instantanée.

Plus perceptible par l’homme selon le principe du "mida kénéged mida" (mesure pour mesure). Comme dit le verset : "ata téchalem lé'ich kémaasséou" (Tu rétribues l'homme selon son action). C'est en cela que s'exprime la Manifestation de la Présence Divine. Pour le Bien comme pour le Mal. Sa réactivité est difficile à vivre pour l'homme qui se sent épié. Il perçoit plus clairement la réaction de Hachem. Il perd même son sentiment d’autonomie et de liberté.
Mais d'un autre côté, cette réactivité de Hachem, lui donnera aussi l'occasion de développer et de renforcer sa émouna (foi) en Hachem.

"Une terre qui dévore (Okhélét) ses habitantsé est une terre où la réaction de Hachem est rapidement perceptible.
C'est cela qui donne l'impression d'être englouti par la terre. Le mot "אכלת" (o'hélét), est composé (dans le désordre) des initiales de la phrase "אתה תשלם לאיש כמעשהו"(ata téchalem lé'ich kémaasséou - Tu rétribues l’homme selon ses actions) = c'est ce qui rend la vie particulièrement difficile en terre Sainte.

"Et l'Amalécite et le Cananéen habitent dans la vallée. Demain, tournez et voyagez vers le désert, en direction de la mer Rouge" (Chéla'h Lé'ha 14,25)

-> Bien que Hachem a pardonné au peuple la faute liée aux explorateurs, Il a quand même maintenu le fait qu'ils n'étaient pas méritants de pouvoir entrer en terre d'Israël.
Ainsi, le peuple juif doit errer dans le désert pendant 40 ans, et le terme du verset : "demain", semble indiquer que cette errance doit commencer le jour suivant.

Plus tard, lorsque Moché va raconter l'histoire des explorateurs dans la paracha de Dévarim, il est écrit : "Vous êtes demeurés à Kadech de nombreux jours" (Dévarim 1,46).
Rachi fait le calcul que la nation juive est restée à Kadech 19 ans, soit aussi longtemps que dans toutes les autres étapes réunies, au cours des 38 ans passées dans le désert.

Le Sifté 'Hakhamim dit que les juifs devaient rester 40 ans dans le désert, mais Rachi en disant 38 ans, prend pour origine le moment du décret, qui eut lieu au cours de la 2e année.
De plus, la 40e année n'a pas été complète, en sorte que la punition n'a duré que 38 ans.

-> "Vous êtes revenus et avez pleuré devant Hachem, mais Hachem n'a pas écouté votre voix, et ne vous a pas prêté oreille." (Dévarim 1,45)

Selon le Ramban, leur faute ne pouvait pas être pardonnée car D. avait fait le serment de les punir (Dévarim 1,34 : "Hachem ... fit un serment en disant : "si un seul de ces hommes, cette mauvaise génération voit la bonne terre que J'ai juré de donner à vos pères, à l'exception de ...").
Or, comme l'enseignent nos Sages (gémara Roch Hachana 18a), un décret accompagné d'un serment ne peut pas être annulé.

-> Rav Shimon Schwab enseigne qu'en entendant qu'ils allaient mourir dans le désert suite à leur faute, ils se sont mis à pleurer des larmes de téchouva, et ils ont prié de tout leur cœur rempli de remords.

Or :
- "Même si les portes de la prière ont été scellées, les portes des larmes n’ont pas été scellées" (guémara Baba Métsia 59a) ;
- "Les portes du Ciel ne sont jamais fermées aux larmes" (guémara Béra’hot 32b).

Le rav Schwab ajoute que la puissance de la prière prononcée avec des larmes a la capacité de supprimer la moitié d'un mauvais décret.
[il y avait 2 décrets : mourir dans le désert (ne pas entrer en Israël), et errer dans le désert. Le 1er ayant un serment de D., seul le 2e pouvait être modifié]
Ainsi, par les prières avec des larmes de téchouva, le peuple juif a réussi à annuler la moitié du décret : au lieu de 38 années d'errance dans le désert, ils sont restés durant 19 ans à Kadech, et pour ensuite se déplacer "que" pendant 19 années.

-> "Les larmes sont la transpiration de l’âme" (Rabbi Samson Raphael Hirsch)
=> On voit la puissance de la prière provenant des profondeurs de notre êtres, qui a toujours un impact énorme!

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-> Le rav 'Haïm de Palaggi (Artsot ha'Haïm) enseigne :
De même qu'on reçoit une récompense pour chaque pas que l'on fait pour se rendre à la synagogue, de même chaque pas que l'on fait pour aller en terre d'Israël est une mitsva, et un ange est créé à chaque pas.

Si le peuple juif était entré rapidement en terre d'Israël, comme plusieurs opinions dans le midrach le suggère, ils auraient perdu ce mérite.
Cependant, les 40 années supplémentaires d'accomplissement des mitsvot liées à la terre d'Israël (lois agricoles) dont ils auraient bénéficié en entrant directement en terre d'Israël, auraient largement dépassées le mérite des pas supplémentaires faits pendant ces années sur la route vers la terre d'Israël.

[ainsi, on voit que dans sa bonté, Hachem a permis qu'à chaque pas fait pendant les 40 ans, chaque juif réalisait une mitsva et créait un nouvel ange. Cependant, cette mitsva était d'une valeur largement moindre que les mitsvot qu'ils n'auraient pu accomplir qu'en Israël.]

"Toute l'assemblée se souleva, émit sa voix ; le peuple pleura cette nuit-là ..." (Chéla'h Lé'ha 14,1)

A leur retour, les explorateurs semèrent la peur au sein du peuple.

Une des questions fondamentales qui se pose est pourquoi furent-ils si effrayés? Cela faisait plus d’un an qu’'Hachem réalisait pour eux de merveilleux miracles quotidiennement.
La manne tombait du ciel, un puits les accompagnait, ils étaient protégés par les nuées de Gloire. Pourquoi n’ont-ils pas placé leur confiance en Hachem qui leur réalisait des miracles au jour le jour?

-> Le Noam Elimélé'h (rabbi Elimelé'h de Lizensk) explique que l’homme s’habitue à tout.
Certes, Hachem fit pour Israël des prodiges remarquables, mais ces miracles se produisaient déjà depuis plus d’un an. Ils s’en sont déjà accoutumés!
L’effet d’émerveillement qu’ils devaient opérer dans le cœur du peuple a déjà eu le temps de s’altérer. A la limite, c’est s’ils voyaient à présent le blé pousser de la terre qu’ils y discerneraient un miracle.
La perception de tous les miracles a cessé d’impressionner le peuple qui fut apeuré par la description des explorateurs.
=> Même la plus grande merveille, si elle se produit régulièrement, elle perdra tout son effet. Il n’y a pas plus grand miracle que la nature. Mais l’homme n’y voit plus l’œuvre du Créateur du fait de sa répétition constante.

-> Le rav Moché Feinstein explique qu’il n’est pas suffisant de vivre les miracles pour avoir une foi suffisante. Il faut en plus effectuer des efforts importants pour intégrer profondément le miracle et ne plus être un simple spectateur des Prodiges Divins.
Certes, le peuple voyait des miracles à longueur de journée, mais il leur manquait tout ce travail et ces efforts pour ancrer durablement la foi dans leur cœur. Ainsi, la crainte des géants, de l’énormité des fruits, ... a eu raison de leur confiance en Hachem.
Leur foi n’étant pas intégrée par un travail personnel, ils la perdirent lorsqu'ils perçurent un danger auquel ils n’étaient pas habitués.

-> Le rabbi de Loubavitch explique que certes, le peuple était toujours conscient et sensible aux miracles d’Hachem, cependant les juifs pensaient que ces merveilles étaient liées à l’état surnaturel de la vie dans le désert. C’est là qu’Hachem transcende les règles de la nature et n’est pas affecté par celles-ci.
Mais quand les juifs rentreront en Terre d’Israël, ils devront alors commencer à mener une vie naturelle. Tous les miracles cesseront et la nature prendra le relais. C’est ici que se situait la peur des explorateurs.
S’il est vrai qu’Hachem peut réaliser tous les miracles qu’Il souhaite, malgré tout, c’est Lui-Même qui a décidé de cesser les miracles et d’enclencher le mode naturel par l’entrée en Terre d’Israël.
Et là, une fois placés sous la direction naturelle des choses, ils ne pourront plus en sortir vainqueurs. Naturellement, la bataille était perdue d’avance. Hachem Lui-Même les placera sous les règles de la nature en Terre Sainte, et selon ces règles ils ne pourront que perdre.
=> L’erreur de ce raisonnement est qu'Hachem n’est pas limité par cela. Il pourra leur donner une victoire surnaturelle, même s’Il dirige les événements selon les voies naturelles.

Ce qui montre encore plus Sa Force est qu’Il peut diriger les événements naturellement, tout en accordant une victoire surnaturelle à Son Peuple.
C’est le surnaturel qui se vêtit dans des apparences naturelles. Là est Sa Grandeur.
Il ne subit aucune limite ni aucune contrainte. Il n’est pas obligé de neutraliser la nature pour faire des miracles. Ses Merveilles se manifesteront en même temps que la nature s’appliquera!

-> Le Messekh ‘Hokhma explique que les juifs pensaient que tous les miracles dans le désert ont été produits par la force spirituel de Moché.
Mais, le peuple savait que Moché n’allait pas les faire entrer en Terre Sainte. Les 2 prophètes Eldad et Médad ont déjà annoncé que Moché allait mourir et Yéhochoua allait les faire entrer en Israël.
Mais alors, les juifs pensaient que la mort de Moché allait être synonyme de la fin des miracles. Sans Moché, Hachem n’allait plus leur réaliser toutes ces merveilles. Ils en ressentirent donc de la peur car dans ces circonstances, la victoire n’était plus assurée.
=> D'où cette crainte qu’ils ressentirent malgré tous les miracles qu’ils vivaient jusqu'à présent.

-> Le rav Ayzik Cher explique que les explorateurs craignaient que pour mériter les miracles de la conquête du pays, il faudra être constamment attaché à Hachem.
Le niveau de piété et d’élévation morale devaient être très haut. Une faute minime ou un petit écart dans l’attachement à Hachem pouvaient leur faire perdre l’indulgence Divine et la victoire pouvait être compromise.
Pour eux, l’exigence morale à laquelle se conformer était tellement élevée qu’ils craignaient ne pas pouvoir être à la hauteur. Ils perdraient alors le mérite de bénéficier des miracles d'Hachem et ne sauraient obtenir la victoire.

Les miracles du désert ne pourront donc pas servir de gage pour assurer les miracles lors de la conquête du pays.
Le devoir de perfection est beaucoup plus important en Terre d’Israël que dans le désert. La Torah ne dit-elle pas que ce pays "vomit" ceux qui commettent des fautes?
Les explorateurs étaient emplis de la crainte de ne pas être suffisamment à la hauteur pour mériter de vivre en Israël et de réussir la conquête.
Ce qu’ils redoutaient tant c’est que le moindre écart allait les priver du Secours Divin.

[dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

Questions/Réponses – Paracha Chéla’h Lé’ha

+ Questions/Réponses - Paracha Chéla'h Lé'ha :

1°/ Avant d'envoyer les explorateurs, Moché a ajouté la lettre "youd" à Hochéa (הוֹשֵׁעַ), de sorte que ce prénom débute par les lettres du Nom de D. (יה) en devenant : Yéhochoua (יְהוֹשֻׁעַ), qui signifie : "D. sauve(ra)".
Moché fit la prière suivante : "Que D. te sauve [Yéhochoua] du complot des explorateurs.
[Rachi (13,16) ; guémara Sotah 34b]

=> Pourquoi Hachem a-t-il prié uniquement en faveur de Yéhochoua, plutôt qu'un autre explorateur?

-> Le Maharal explique que Yéhochoua était l'élève le plus proche de Moché, et s'il en venait à fauter les gens auraient fait l'association avec son maître Moché, lui causant une mauvaise image, comme le fait qu'il était responsable de la foi chancelante de Yéhochoua.

Selon le Gour Ayé, cela était important pour Moché non pas à titre personnel, mais uniquement pour garantir son statut de prophète de Hachem. En effet, si une mauvaise attitude de Yéhochoua entraînait une perdre de foi en Moché, alors obligatoirement cela aurait remis en cause la Torah que les juifs ont reçu .

-> Le Kéhilat Its'hak répond que Moché a été conseillé par Hachem pour sélectionner chacun des espions, chacun étant de grandes personnes, et il avait confiance dans le fait que même s'ils pourrait être tentés de dire du mal sur la terre d'Israël, ils arriveraient à surmonter l'épreuve.

Cependant, Moché était préoccupé que Yéhochoua ne surmonte pas cette épreuve, car lorsque Eldad et Meidad ont prophétisé que Moché allait mourir et que Yéhochoua allait diriger le peuple en terre d'Israël, Yéhochoua en a été mécontent et il a dit : "Mon maître Moché, emprisonne-les" (Béaaloté'ha 11,28).
C'est pourquoi Moché avait peur que Yéhochoua puisse en venir à dire du mal de la terre d'Israël, afin de repousser l'entrée en Israël dans une finalité d'empêcher la mort de Moché.
[si l'entrée en Israël implique la mort de Moché, alors inconsciemment il était prêt à fauter pour permettre à Moché de vivre davantage en repoussant l'entrée en Israël]

=> Moché a prié spécifiquement pour lui, pour qu'il n'en vienne pas à agir ainsi (dépassé par l'émotion de perdre son maître!)

-> Le Targoum Yonathan traduit le verset (13,16) : "Quand Moché a vu l'humilité de Yéhochoua" = la modestie de Yéhochoua risquait de le rendre vulnérable aux instigations des autres explorateurs.
C'est pourquoi Moché a jugé bon de le protéger en priant pour lui.

En ce sens, le Imré Emet explique que même si Moché pouvait suspecter les autres explorateurs de pouvoir peut-être fauter, malgré tout, connaissant bien son disciple, il était certain que Yéhochoua n'allait pas se fourvoyer. Néanmoins,
Moché avait constaté que Yéhochoua était tellement humble, qu'il pourrait avoir tendance à s'effacer et ne pas s'imposer et se démarquer des autres. Ainsi, même si Moché savait que Yéhochoua n'allait pas fauter, il craignait néanmoins que du fait de son humilité, il s'efface et n'exprime pas fermement son désaccord envers les autres.
Moché craignait que même s'il n'est pas d'accord avec eux, que Yéhochoua suive la masse et ne s'impose pas contre tous les autres. C'est pourquoi, il pria pour lui, pour ne pas que son humilité lui joue des tours.

-> Le 'Hafets 'Haïm dit que Moché savait que Yéhochoua s'opposerait ouvertement aux explorateurs, ce qui l'exposerait à leur hostilité. C'est pourquoi il a prié pour lui.
Il savait que Kalev se ferait discret afin de démasquer leurs plans et défendre ensuite Moché. Puisqu'il cachait son jeu, il ne courrait pas de danger, et n'avait donc pas besoin de bénédiction.

-> Moché craignait qu'en voyant le peuple de Amalek qui habitait en terre d'Israël (Canaan), les explorateurs en soient effrayés, comme se fut d’ailleurs réellement le cas puisqu'ils soulignèrent : "Amalek réside dans le sud".
Or, celui qui a été désigné pour combattre Amalek c’était Yéhochoua, comme se fut le cas dans le passé, après la sortie d’Égypte.
Ainsi, tous les explorateurs pouvaient avoir peur, mais pas Yéhochoua, qui ne pouvait pas en venir à baisser les bras, car c'est lui seul qui devait avoir le courage de mener la bataille.
C’est pour cela que Moché pria particulièrement pour lui.
[Messé’h ‘Hochma]

-> Du fait que 'Hour, fils de Kalev, avait sacrifié sa vie par Kiddouch Hachem en protestant et en s'opposant à tous ceux qui voulaient confectionner le veau d'or, Moché en a déduit que son beau-frère Kalev n'écouterait pas lui aussi, comme son fils 'Hour, l'avis des explorateurs contraire à la volonté d'Hachem.
C'est pourquoi Moché n'a pas eu besoin de prier pour Kalev.
[Tiféret Tsion]

-> Moché a prié en faveur de Yéhochoua seulement, car il craignait que ce dernier, issu de la tribu de Efraïm, suive les voies de son ancêtre Yossef qui avait "médit" de ses frères auprès de Yaakov.
Pourquoi alors Moché n'a-t-il pas prié pour la même raison en faveur de Gadi ben Soussi, l'explorateur qui représentait la tribu de Ménaché fils de Yossef?
C'est parce que Moché pensait que le chef de la tribu de Ménaché suivrait les voies de Yéhochoua, chef de la tribu d'Efraïm qui était le plus éminent des 2 frères.
[Kli Yakar]

Pour prolonger cela, il peut être intéressant de rapporter le commentaire du rav Yonathan Eibschutz sur le verset : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché, Gadi ben Soussi" (Chéla'h Lé'ha 13,11).
=> Pourquoi le verset évoque-t-il Yossef pour la tribu de Ménaché mais pas pour la tribu d’Efraïm?
Le rav Eibschutz explique que Ménaché avait reçu son héritage de l’autre côté du Jourdain, il n’y avait donc aucune raison pour qu’il médise d’un pays dans lequel il n’avait aucune part. Alors pourquoi est-il tout de même tombé dans cette faute? Uniquement parce que s’est attaché à lui quelque chose de la faute de Yossef, qui avait dit du lachon hara sur ses frères.
C’est pourquoi quand le verset vient évoquer Menaché dans le contexte de la faute des explorateurs, il l’attribue justement à Yossef.

-> Le Ohr 'Hadach apporte l'enseignement de nos Sages selon lequel "lorsque la majorité des années de vie d'un homme s'est déjà écoulée sans qu'il n'ait commis de faute, il sera dès lors assuré de ne plus fauter".
A cette époque Yéhochoua avait 40 ans.
Or, il est écrit : "La durée de notre vie est de 70 ans, et, à la rigueur, de 80 ans" (Téhilim 90,10). Puisque la vie de l'homme est en moyenne de 70 ans, Yéhochoua avait déjà atteint la majorité des années de la vie d'un homme (la majorité de 70 ans étant 36 ans). De ce fait, puisque Yéhochoua n'avait jamais encore fauté, il pouvait être certain de ne pas fauter.
Néanmoins, nos Sages disent que quand une personne meurt avant son heure, ses années manquantes sont transférées à la vie des gens humbles.
Ainsi, quand Moché vit l'humilité de Yéhochoua, il en conclut que sa vie sera certainement allongée du fait de sa modestie. Il n'a donc peut-être pas encore atteint la majorité des années de sa vie et n'a donc pas non plus l'assurance d'être protégé de la faute.
C'est pourquoi, Moché trouva bon de le bénir pour qu'Hachem le protège du complot des explorateurs.

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-> "Moché appela Hochéa Bin Noun : Yéhochoua" (Chéla'h Lé'ha 13,16)

-> D’après nos Sages, Moché donna une bénédiction spéciale à Yéhochoua : "Qu’Hachem te sauve du complot des explorateurs". Mais pourquoi Moché bénit-il spécialement Yehochoua
Lorsque Yossef reconnut ses frères descendus en Égypte chercher de la récolte, il leur dit : "Vous êtes des espions (méraguelim)". Yossef en fait vit par prophétie que les âmes de ses frères allaient dans le futur intégrer le corps des méragélim, les explorateurs partis examiner la terre d’Israël. En effet, les explorateurs risquaient fortement de fauter et de dire du mal de la terre.
Sachant cela, Hachem voulut que les néchamot (âmes) des tribus, qui étaient très élevées, protègent les explorateurs par leur grand niveau de sainteté, et les empêchent de fauter. Il y avait un explorateur par tribu, sauf la tribu de Levi qui n’avait pas son représentant, car la tribu de Levi n'avait pas d’héritage dans la terre.
Concernant les deux tribus issues de Yossef, Efraim et Menaché, la Torah mentionne ici d’abord la tribu de Menaché en disant : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché : Gadi Ben Soussi".
=> Cela est curieux, car d'ordinaire, Yossef est représenté en priorité par son fils Efraïm et pas Ménaché. Pourquoi cette différence dans la façon de présenter les deux tribus issues de Yossef?

C’est parce que la néchama de Yossef est descendue pour accompagner Gadi ben Sousi de la tribu de Menaché.
Mais alors, il manquait dans le compte des néchamot des tribus qui étaient venues protéger les explorateurs, une âme pour accompagner et protéger Yéhochoua, de la tribu d’Efraim. C'est pour cela que Moché lui a donné une bénédiction particulière.
Grâce à cette prière, Moché a entraîné que la néchama de Levi, qui manquait dans le compte, car il n'avait pas de représentant parmi les explorateurs, puisse s'associer à Yehochoua. En effet, puisque Moché est de la tribu de Lévi, il put entraîner que la néchama de Levi vienne dans le corps de Yehochoua, son fidèle disciple. Car, l' élève étant considéré comme le fils de son Maitre, Yehochoua était considéré comme le fils de Moché et pouvait prétendre recevoir la néchama de Levi, par l'intermédiaire de cette prière formulée par Moché.
[Chaar haPésoukim]

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-> Le saint Zohar (III, 158) enseigne : "Comment les explorateurs, qui étaient des hommes justes et à la tête du peuple, ont-ils pu calomnier la terre?
En réalité ces hommes-là ont prétendu : "Dans le désert, nous avons le mérite d’être des chefs mais ce ne sera plus notre cas une fois entrés dans le pays. Si nous nous installons en terre d’Israël, nous perdrons notre rôle et Moché désignera d’autres chefs à notre place."

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°731) ajoute :
C’est pour cette raison que Moché a prié pour Yéhochoua, comme cela est expliqué par nos Sages (guémara Sota 34b) : "Que Y-A-H te sauve du complot des explorateurs!"(יה יושיעך מעצת מרגלים).
Or les lettres formant le mot "Y-A-H" (יה) ont la même valeur numérique que le terme : "gaava" (orgueil - גאוה).
En d’autres termes, Moché a prié pour que Yéhochoua ne soit pas entraîné par l’orgueil des chefs de tribu et ne cherche pas à garder sa fonction, impliquant de ce fait un séjour prolongé des bnei Israël dans le désert ou une médisance sur la terre.

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-> Rabbi Yo'hanan a été profondément impacté par la mort de Rech Lakich.
La guémara (Baba Métsia 84a) rapporte :
"Rabbi Yo'hanan dit : "Lorsque j'avançais une affirmation, il [Rech Lakich] me répondait par 24 objections auxquelles je présentais 24 réponses et notre étude était féconde ..."
Rabbi Yo'hanan déchirait ses vêtements et disait en pleurant : "Où es-tu fils de Lakich? Où es-tu fils de Lakich?"
Ses plaintes et son chagrin furent si violents qu'il en perdit la raison.
Les Rabanan prièrent alors pour lui et il rendit l'âme."

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Si'ha 40) écrit :
Le Rambam (Halakhot Rotséa'h) écrit : "La vie d'un Sage sans Torah est considérée comme la mort (sur le plan spirituel)."
Ainsi, rabbi Yo'hanan n'a pas pu retrouver un compagnon d'étude du niveau de Rech Lakich et Rambam dit : "La vie d'un élève sans son Rav, ainsi que la vie d'un rav sans son élève sont considérées comme la mort".
C'est pourquoi rabbi Yo'hanan était inconsolable : il fut atteint d'un grand chagrin jusqu'à en perdre l'esprit.
Il est possible que ce soit pour cette même raison, lors de l'envoi des 12 explorateurs en terre de Canaan que Moché pria pour le salut de son fidèle élève Yéhochoua assidu (et lui a même ajouté la lettre youd).
Moché a ainsi pris conscience que, malgré son haut niveau, sa propre vie sans la présence de Yéhochoua, aurait été considérée comme une mort sur le plan spirituel.

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-> Le Ben Ich 'Haï explique que le nombre de lettres qui constitue les noms des 12 tribus, telles qu'elles figurent sur le pectoral du Cohen Gadol est de 49, alors que les lettres des noms des 12 explorateurs sont de 48. On comprend pourquoi Moché a ajouté une lettre en plus à Yéhochoua, afin de lui donner de la force et l'aide entière des Tribus.

Il est à noter que le nombre 49 est la guématria de : "lavéta'h" (en sécurité).

Moché ajoute un youd au prénom Yéhochoua, qui provient du youd que Sarah avait perdu lorsque Hachem changea son prénom (de Saraï à Sarah).

De plus, pour faire le nom Yéhochoua, il faut également en dessous de ce youd : 2 points, pour faire le son : "é" (de yé -hochoua).
Le Kéhilat Moché rapport que ces 2 points proviennent du mot : "ben" (possédant 3 points : un ségol) à qui on a enlevé 2 points (il lui reste donc un point). On comprend alors pourquoi nous disons : "Yéhochoua BIN noun", et non pas : "Yéhochoua BEN noun".

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-> Moché changea le nom de Yéochoua de הושע (Hochéa) à יהושע (Yéhochoua).
Rav Chimchon Rafael Hirsch explique que ce changement de nom véhiculait pour lui et ses compagnons, un message implicite, car chaque fois qu’ils s’adressaient à lui par son nouveau nom, ils devaient eux aussi se souvenir du message contenu dans son nom et ne pas le perdre de vue dans l’accomplissement de leur mission.
Ce nom leur indiquait que הושע est יהושע = celui qui nous a sauvés dans le passé (הושע est au passé) nous sauvera aussi dans le futur (יהושע est au futur).

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-> Le Baal haTourim dit que les dernières lettres de "Chela’h lekha anachim" (envoie pour toi des hommes - שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים) forment le mot : ‘hakham (sage), c’est-à-dire qu’ils doivent être des sages et des justes.

Le rav David Pinto (la voie à suvire n°628) enseigne :
"Hachem a dit à Moché : "Envoie pour toi des hommes sages", or on sait qu’un sage est préférable à un prophète (guémara Baba Batra 12a). Il voulait que leur sagesse et leur vertu leur permette de comprendre rapidement comment conquérir le pays et vaincre les Cananéens par des moyens naturels, bien que ce peuple soit fort et possède des citadelles fortifiées, en dépit du fait que ce n’était pas du tout nécessaire, puisque D. lutterait pour eux et que la conquête se ferait de façon miraculeuse ...
Ils auraient dû, en tant que chefs de tribus et dirigeants des bnei Israël, leur expliquer qu’il n’y avait aucune raison de partir en exploration, puisqu’il y avait une promesse de D. que le pays était bon, et que les Cananéens seraient vaincus facilement.
Par conséquent, au moment même où Hachem a demandé à Moché d’envoyer des hommes sages, c’était avec l’intention qu’ils comprennent dans leur sagesse, avant de partir explorer, que cela n’avait aucun sens d’y aller.
[...]
En ce qui concerne l’envoi de Yéhochoua avec eux, Moché voulait que même si les autres explorateurs s’égaraient, il y ait quelqu’un pour le leur reprocher, défendre l’honneur du Ciel et proclamer ouvertement que la parole de Hachem est vérité et ne change pas.
Cette idée se trouve en allusion dans la lettre "youd" que Moché a ajoutée à son nom, et qui a (quand elle est écrite pleinement : יוד) la valeur numérique de 20, exactement comme les initiales de : "Erets Zavat ‘Halav Oudevach" (une terre où coulent le lait et le miel)."

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-> "ces hommes, qui avaient débité de méchants propos sur le Pays, périrent frappés par le Seigneur. Yéhochoua, fils de Noun, et Calev, fils de Yefouné, furent seuls épargnés (חָיוּ - ‘Hayou – littéralement [sur]vécurent), entre ces hommes qui étaient allés explorer le Pays" (Chéla'h Lé'ha 14,38)

-> Yéhochoua et Calev, qui ne s’étaient pas associés aux dix méchants Explorateurs, furent largement récompensés.
Rachi commente : "Que veulent dire ces mots : ‘ils vécurent de ces hommes-là’? Cela nous apprend qu’ils ont recueilli la part des Explorateurs dans le Pays [Erets Israël] et qu’ils y ont pris leur place pour y vivre" [voir Baba Batra 118b].

-> Par ailleurs, les parts des 10 Explorateurs dans le "Olam aba" (monde à Venir/Futur), furent attribuées à Yéhochoua (יהְושֹֻׁע). La Lettre "Youd" (symbole du "Monde futur" et dont la valeur numérique est dix) fut ajoutée à son nom originel, Hochéaַ (הושֵֹׁע), pour signifier qu’il avait mérité la récompense spirituelle des 10 Explorateurs.
[midrach Bamidbar rabba 16,7]

=> Pourquoi Hachem récompensa-t-il Yéhochoua plus que Calev?

L’ampleur de la récompense est proportionnelle à la difficulté de résister à la tentation.
Calev descendait de Yéhouda, qui maîtrisait sa langue. Il était donc enclin à résister au Lachone Hara, sans avoir à faire beaucoup d’efforts (néanmoins, il pria sur les tombes des Patriarches afin d’obtenir l’assistance divine, car il était en compagnie de Réchaïm, ce qui représente un danger même pour un Tsaddik).
Yéhochoua, en revanche, était un descendant de Yossef, qui avait fait du lachon ara sur ses frères (voir Béréchit 37,2). Il avait donc une faiblesse inhérente quant à ce péché.
Parce que Yéhochoua, son descendant, a su résister à la tentation de la médisance, sa récompense fut d’autant plus grande.
[Tiféret Tsion]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/10/11/29038-2

-> ainsi que : http://todahm.com/2017/09/26/5592-2

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2°/ "Vous prendrez des fruits de la Terre" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

=> N'est-ce pas du vol que de prendre des fruits qui ne leur appartiennent pas?

-> Le rav Aharon Leib Steinman suggère qu'ici Hachem, le Maître du monde, leur a donné une permission exceptionnelle et unique d'agir ainsi.

-> Le Mérafsin Igri, cite la guémara (Avoda Zara 53b), qui enseigne que la terre d'Israël appartient légalement en héritage au peuple juif depuis que Hachem l'a donné à notre Patriarche Avraham.
C'est pourquoi les espions avaient le droit de prendre les fruits même avant que les juifs entrent et prennent possession de la terre.

-> Le rav Yéhouda Assad enseigne qu'en réalité Moché ne leur a pas demandé de prendre des fruits, mais plutôt de les acheter à leur propriétaire.

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-> "Vous vous renforcerez et vous prendre des fruits de la terre, et c’était l’époque des prémices de la vigne» (Chéla'h Lé'ha 13,20)

On trouve dans les écrits du Ari zal que les prémices (bikourim) ont pour but de réparer la faute des explorateurs.
En effet, comme ils ont dédaigné un excellent pays, la mitsva des prémices a été donnée pour manifester l’amour à la terre d’Israël, en apportant des sept espèces qui en font la gloire.

C’est pourquoi rabbi Mena’hem Zemba (dans son Amira Yaffa) dit que la Michna sur les bikourim (prémices) évoque précisément les 3 espèces que les explorateurs ont apportées : "Quelqu’un voit une figue arrivée à maturité, une grappe de raisin arrivée à maturité, une grenade arrivée à maturité".
Cela correspond à ce qui est dit sur les explorateurs : "ils ont coupé de là une branche et une grappe de raisins et l’ont portée à deux sur un bâton, et des grenades et des figues".

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-> "La période de l’année (où les explorateurs ont été envoyés) était celle des prémices des raisins" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

-> Un midrach explique "Pourquoi les explorateurs ont-ils fauté? Parce qu'ils furent envoyés dans la période des prémices des raisins (Bikouré Anavim)". Comment comprendre ce midrach?

En fait, ces prémices surviennent aux mois de Tamouz et Av, une période dans laquelle le Satan est très fort, et comme on le sait cinq choses terribles pour Israël sont survenues dans chacun de ces deux mois.
Nos Sages enseignent que Le nom du Satan, c'est ס-מ-א-ל .
Si on prend les lettres qui viennent juste avant les lettres du mot "ענבם (les raisins)" dans l'ordre alphabétique, on retrouve exactement les lettres ס-מ-א-ל.
Les explorateurs fautèrent, car ils partirent en expédition dans la période de l'année où le Satan est dominant. C'est la période des "Prémices des Anavim (raisins)", allusions aux lettres qui viennent juste avant celles du mot Anavim, qui en sont les prémices.
Parmi toutes les hypothèse concernant la nature du fruit défendu que le premier homme a consommé, il y a celle qui propose qu’il s’agissait justement du raisin. Le raisin donne du vin, qui renforce le yétser ara en endormissant la conscience de l’homme.
[rabbi Chimchon d'Ostropoli]

"On trouva un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

La Torah juxtapose le passage de cet homme qui transgressa Shabbat, au passage des tsitsit.
Le midrach explique qu’en semaine, les juifs portent les téfilin, pour les protéger de la faute, mais le Shabbat, où il n’y a pas les téfilin, ils n’ont pas cette protection. D'où la faute de celui qui a transgressé Shabbat en ramassant du bois.

C’est ainsi qu’Hachem dit : "Ils auront les tsitsit pour les rappeler à l’ordre de ne pas fauter!"
Mais pourquoi la mitsva de Shabbat et sa sainteté ne suffiraient-elles pas pour protéger de la faute?

On voit de là que c’est surtout le fait d’avoir une mitsva à accomplir dans l’action qui rappelle à l’homme de ne pas fauter. Certes Shabbat est le jour le plus saint, mais sa sainteté vient d’Hachem, et l’homme n’a aucune action à accomplir pour amener sa sainteté.

=> Cela ne suffit donc pas pour le protéger. Hachem désigna donc la mitsva des tsitsit, qui est un acte à accomplir, car c’est l’action qui a la force de rappeler à l’homme de ne pas fauter.

[Sfat Emet]

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-> La guémara (Shabbath 96b et aussi 73b) cite plusieurs opinions relatives à la nature de l'ouvrage interdit accompli par cet homme :
- selon certains, les branches étaient éparpillées et il les a rassemblées (méamér) ;
- selon d'autres, il les a transportées sur une distance de 4 coudées (ou plus) dans un domaine public (otsa'a) ;
- selon d'autres encore, il a arraché des brindilles aux arbres (kotsèr).

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+ "Les enfants d'Israël étaient dans le désert et ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

-> Pourquoi le verset spécifie que les juifs étaient dans le désert?

Un désert a un statut de : "karmélit" (espace ouvert) et y porter dans une distance de 4 amot est une interdiction uniquement de nos rabbanim (midérabbanan).
Cependant, à l'époque où le peuple juif était dans le désert, le désert avait un statut de "réchout arabim" (domaine public : plus de 600 000 personnes y passaient chaque jour dans ce lieu non recouvert).
Le fait d'y marcher une distance de 4 amot est passible de mort par la Torah (mida déOraïta).

=> C'est uniquement parce que les juifs étaient : "dans le désert", que le mékachéch (celui ramassant le bois) devait mourir pour avoir porté pendant Shabbath.

-> Qu'en est-il pour les 2 autres explications (rassemblé, arraché)?

Il a agit à 100% pour Hachem (léchem chamayim).
Lorsque suite au rapport des explorateurs, il a été décrété que tous les hommes âgés de 20 à 60 ans allaient mourir dans le désert, certains en sont venus à penser que puisqu'ils devaient de toute façon finalement mourir dans le désert alors cela impliquait qu'ils étaient exempts des mitsvot.

Sachant qu'il allait mourir, le mékochéch a quand même agit afin de montrer clairement au peuple juif qu'ils devaient respecter Shabbath et ainsi que le restant de la Torah.
[en voyant concrètement sa condamnation à mort, cela réveillerait la crainte et la nécessité de faire les mitsvot]

Le verset précise que les juifs étaient : "dans le désert" pour nous enseigner que ses motivations étaient pures. [Tossafot - guémara Baba Batra 119b]

[Pné Yéhochoua]

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-> La guémara (Shabbath 96b) rapporte que Rabbi Akiva a dit que le mékochéch était Tsélof'had.
Rabbi Yéhouda ben Bétéra a dit à Rabbi Akiva que d'une manière ou d'une autre, il devra rendre des comptes pour ce qu'il a affirmé.
Si c'est bien Tsélof'had, alors qui t'as donné le droit de révéler ce que la Torah a caché?
Et s'il n'est pas coupable, alors tu diffuses une fausse rumeur.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Shabbath 96b) vient nous expliquer cela, en se basant sur l'enseignement du Pné Yéhochoua que nous venons de voir.

Pour rabbi Yéhouda ben Bétéra, la faute du mékochéch était d'avoir transgressé l'interdit de porter dans un domaine public.
La Torah précise : "midbar" (désert) pour nous apprendre qu'alors le désert avait le statut de domaine public (réchout arabim).
Il en découle de tout cela, qu'il n'a pas agit 100% pour Hachem (lechem chamayim), et ainsi il était interdit de révéler son identité.

Cependant, rabbi Akiva était d'avis que le mékochéch avait arraché des brindilles (ou les avaient rassemblées), et la Torah précise : "midbar" pour nous enseigner qu'il avait agit 100% en l'honneur de Hachem.

=> Le mékochéch a été prêt à donner sa vie afin d'enseigner au peuple juif que même dans le désert (avec pour certains une mort certaine, sans espoir d'entrer en Israël), tout le monde se devait d'adhérer à la Torah.
[on comprend mieux pourquoi Rabbi Akiva a révélé son identité!]

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-> Puisque c'était Shabbath, le mékochéch ne portait pas de téfilin sur sa tête et sur son bras, dont la vision lui aurait permis de faire téchouva, et à cause de cela il en est venu à profaner Shabbath.
Hachem a alors demandé à Moché, de transmettre aux enfants d'Israël la mitsva des tsitsit, une mitsva que l'on peut accomplir tout le temps, même durant Shabbath et Yom Tov, et qui leur rappellera ainsi toutes les mitsvot.
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.26 ; midrach Yalkout Chimoni 703]

[Même le mékochéch a fauté, il s'est sacrifié pour assurer la réalisation de la volonté de Hachem.
Les tsitsit nous servent de rappel perpétuel au fait que nous devons servir D. avec amour, quelque soit notre situation dans la vie]

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+ Les tsitsit - corde de sauvetage

-> "Afin que vous vous rappeliez et que vous faisiez toutes Mes mitsvot, et vous serez saints" (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Le midrach Yilmédénou enseigne :
On peut comparer cela à un naufragé dans la mer. Le capitaine du navire lui tend la corde en lui recommandant de bien s’y accrocher sans la lâcher, car il y va de sa vie.

De même, Hachem dit à Israël : "Tant que vous êtes liés à Moi, vous êtes sanctifiés et les créatures vous craignent. Mais si vous vous détournez des mitsvot, vous vous profanerez."

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+ Un jour, un homme pieux ('hassid) vit (pendant Shabbath) une brèche dans la clôture de son champ. Il prit la décision de la réparer, puis se souvient que c'était Shabbath et il renonça (pour toujours) à réparer sa clôture.
En récompense de son attitude, un miracle lui advint ; un câprier poussa (à l'endroit de la brèche) et grandit.
Ce câprier lui fournit sa subsistance et celle de tous les siens.
[guémara Shabbath 150b]

=> Qui était ce 'hassid et la réparation (tikoun) de qui a-t-il réalisé?

-> Ce 'hassid était rabbi Yéhouda ben Ilaï, venu dans ce monde essentiellement pour réparer la faute du bûcheron (mékochéch) qui avait profané le Shabbath publiquement, pendant le séjour des juifs dans le désert, selon le verset : "Dans le désert, ils trouvèrent un homme ramassant du bois le jour de Shabbath" (Chéla'h Lé'ha 15,32).

Ce coupeur de bois, qui a été condamné à mort, était Tsélof'had, d'après rabbi Akiva et d'autres commentateurs, et rabbi Yéhouda ben Ilaï était la réincarnation (guilgoul) de Tsélof'had.

En étant sévère avec lui-même, même pour une simple pensée involontaire durant Shabbath, ce 'hassid a réussi à réparer l'acte de profanation volontaire du Shabbath du bûcheron Tsélof'had.
[Likouté haShass]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La récompense de l'attitude exemplaire de ce 'hassid, sous forme d'un câprier qui a bouché la brèche et qui a été sa source de subsistance durant le reste de sa vie, prouve qu'il a bien réussi la réparation (tikoun) en transformant l'acte prémédité de Tsélof'had en un mérite.
Le câprier unique (tslaf é'had - צלף אחד), qui a poussé, fait allusion au nom : Tsélof'had (צלפחד), pour indiquer qu'il a bien réussi sa mission de guilgoul.

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-> Le midrach raconte que Tsélof'had profana volontairement le Shabbath dans un but de Kiddouch Hachem, afin que sa mort ait un effet de crainte sur le reste de la population qui s'abstiendrait ainsi de transgresser le Shabbath.

Cette bonne intention et sa pensée, qui étaient nobles, lui ont été utiles dans ce guilgoul.
Ainsi, ce 'hassid a respecté Shabbath sur les 3 plans de l'action, de la parole et de la pensée, et c'est pourquoi Hachem a créé miraculeusement pour lui un câprier qui porte 3 espèces de nourriture.
[le fruit principal (les câpres ; les enveloppes des câpres ; et les branches tendres)]
[Tossefta - guémara Baba Batra 119b]

-> Le bûcheron, qui a été vu ramassant du bois coupé d'un arbre le jour de Shabbath, a été condamné à mort par lapidation avec des pierres, comme dit le verset : "La communauté le lapida (le coupeur de bois), et il mourut" (Chéla'h Lé'ha 15,36).

Maintenant, ce 'hassid, son quilgoul a honoré le Shabbath en refusant de mettre à exécution sa pensée initiale de colmater avec des pierres sa barrière ébréchée.
Sa récompense a été la création d'un câprier qui est un arbre.

=> Ainsi, le couple bois-pierre associé respectivement à la faute et à la sanction du bûcheron s'est traduit, après le tikoun, par le même couple inversé pierre-bois associé respectivement à la faute (à son niveau) et à la récompense du 'hassid.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Le Arizal (séfer haguilgoulim) explique que Rabbi Yéhouda bar Ilaï était la réincarnation de Tsélof'had, profanateur du Shabbath (ramassé du bois en ce jour), et la faute de Tselof'had fut réparée par Rabbi Yéhouda qui avait un niveau très élevé de dévouement et de respect du saint Chabbat.
[צלף (tsélaf) et le chiffre un en araméen se dit : חד, d'où צלפחד (un câprier).
De plus, la guémara (Baba Kama 103b) enseigne qu'à chaque fois qu'est rapporté une histoire avec un 'hassid anonyme, il s'agit de Rabbi Yéhouda ben Baba ou bien Rabbi Yéhouda bar Ilaï. ]

-> "Telle était l'habitude de Rabbi Yéhouda bar Ilaï : la veille du Chabbat, on lui apportait un baquet rempli d'eau chaude. Il se lavait le visage, les mains et les pieds puis il s'enveloppait d'une cape de lin avec des tsitsit et il s'asseyait, tel un ange d'Hachem, le D. des armées"
[guémara Shabbath 25b]

C'est ainsi que le Rambam (Hilkhot Shabbath 30,2) trancha la halakha : "En l'honneur du Shabbat, l'homme a une mitsva de se laver le visage, les mains et les pieds avec de l'eau chaude, la veille de ce saint jour. Il s'enveloppera de tsitsit et s'assiéra avec concentration pour recevoir le Chabbat comme s'il sortait à la rencontre du Roi."

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
Ainsi, nous pouvons expliquer que Rabbi Yéhouda bar Ilaï accueillait le Shabbat enveloppé de ses tsitsit afin de réparer la néchama (âme) de Tsélof'had qui mourut en transgressant le Shabbat dans le désert, afin de faire grandir son importance aux yeux du peuple et par conséquent, entraîna que le Maître de l'univers transmit la mitsva des tsitsit à Israël afin qu'il puisse observer parfaitement le Shabbat qui est équivalent à toutes les mitsvot, tout comme la mitsva des tsitsit (cf. Rachi - Chéla'h Lé'ha 15,32).

Nous pouvons également expliquer la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilai prenait soin de se laver le visage, les mains et les pieds avant d'accueillir le Shabbat. En effet, lorsqu'il transgressa le Chabbat, Tsélof'had fit en sorte que tout le peuple puisse voir son visage. Lorsqu'il sortit de sa tente pour transgresser le Shabbat avec ses pieds, il endommagea ses pieds et lorsqu'il ramassa le bois avec ses mains, il endommagea ses mains.
C'est la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilaï se lavait le visage, les mains et les pieds en l'honneur du Chabbat afin de réparer le dommage qu'il causa à ses trois membres.

Moché dit à Hachem : "Mais alors, l'Egypte, du sein de laquelle Tu as fait monter cette nation par Ta puissance, entendra et dira .... et pourtant tu as tué ce peuple comme un seul homme" (Chéla'h Lé'ha 14,13-15)

=> Pourquoi Moché ne se soucia-t-il que de ce que se diront les égyptiens, et non les autres nations?

Moché pensait que si les autres nations voient la défaite des juifs contre les Cananéens, ils se diront que certainement le peuple d’Israël a fauté et a donc été puni.
Mais les égyptiens, parmi lesquels les juifs ont vécu de nombreuses années, savaient qu’en Égypte, les juifs avaient atteint des niveaux très bas d’impureté (49e niveau sur 50). Ils avaient presque même atteint le fond, et pourtant Hachem les a sauvés.
Ainsi, ils ne penseront pas que c’est parce que les juifs ont fauté qu’ils ont été punis.
C'est donc leur jugement que Moché redoutait le plus, et non celui des autres peuples.
[rabbi Israël Salanter]