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"Et maintenant, pardonnez donc mon péché, rien que cette fois, et implorez Hachem votre D., qu'Il enlève de sur moi seulement cette mort-ci" (Bo 10,17)

Pourquoi Pharaon a-t-il mentionné précisément cette plaie (celle des sauterelles) comme étant : "la mort" ?

Le rav Yossef Dov Soloveitchik (Roch yéchiva de Brisk) cite la réponse ironique proposée par un rabbin.

Le Baal haTourim (verset 10,14) nous apprend que les sauterelles, après s'être gavées de nourriture pendant toute la semaine, se sont reposées le Shabbath.
En d'autres termes, c'était une "plaie religieuse", plus que Pharaon ne pouvait en supporter!

Par ailleurs, le Midrach (Chémot Rabba 10,2) rapporte que les grenouilles avaient sauté dans les fours pour sanctifier le Nom de D.
Elles ont donc été tout autant une "plaie religieuse!"

[Selon Rav 'Haïm Kanievsky, les égyptiens ne forçaient pas les juifs à travailler le Shabbath (midrach Chémot rabba 5,18), c'est pourquoi en ce jour elles se reposaient également.]

Comment se fait-il que Pharaon a mieux supportée cette plaie des grenouilles (ne la caractérisant pas de : la mort)?

Une différence profonde distingue ces 2 fléaux.
Pharaon n'avaient pas lieu de redouter que de nombreuses personnes imitent le comportement "religieux" des grenouilles en sautant dans les fours.

En revanche, il avait de bonnes raisons de craindre que des multitudes suivent l'exemple des sauterelles qui se sont reposées le Shabbath.

Cette forme de "religiosité" risquait de faire beaucoup d'adeptes !

Source (b"h) : issu du "Talelei Orot" du rav Yissa'har Dov Rubin

De la gratitude : même envers les animaux …

-> De la gratitude : même envers les animaux ...

"Et contre tous les enfants d'Israël, aucun chien n'a aiguisé sa langue, de l'homme jusqu'à l'animal, afin que vous sachiez que D. a fait une différence entre les Égyptiens et les enfants d'Israël." (Bo 11,7)

Il est écrit (guémara Baba Kama 60b) : "Lorsque le prophète Eliyahou arrive dans une ville, les chiens se mettent à jouer gaiement, mais quand vient l'ange de la mort, ils poussent des cris plaintifs".

Rachi sur ce verset : "Je suis Hachem, Je ferai cela Moi-même, et non par l'intermédiaire d'un messager".
Le 'Hatem Sofer de commenter que le silence des chiens a attesté de la présence de D. en Egypte cette nuit-là, et a confirmé le fait qu'Il a Lui-même tué les premiers-nés de ce pays.

Par ailleurs, la Torah fait ici l'éloge des chiens en nous enseignant d'être reconnaissant du fait qu'ils n'ont pas aboyé.
En effet, Rachi dit sur le verset (Chémot - Michpatim - 22,10 - "au chien vous la jetterez") : "Au moment de la sortie d'Egypte, les chiens n'ont pas aboyé ; lorsque les circonstances le permettent, nous leur témoignons de la reconnaissance en leur jetant la viande qu'il nous est interdit de consommer."

Le Da'at Zékénim (des Baalé Tossfot) mentionne un autre de leurs mérites : "comme le chien met sa vie en danger pour protéger le troupeau face au loup, sois-lui reconnaissant.
Lorsqu'une bête est déchirée ( =tréfa = la viande étant alors interdite à la consommation) donne-la au chien en récompense de sa garde."

Un midrach nous enseigne :
Il est dit à propos des chiens en Egypte : "Aucun chien n'a aiguisé sa langue".
Pour cette raison, les chiens ont mérité que leurs excréments soient utilisés pour la préparation [le tannage] des parchemins des rouleaux de la Torah, des téfilines et des mézouzot.

=> Ce passage du midrach nous renseigne sur la dimension de la reconnaissance.
Même un animal qui n'a rien fait d'autre que de s'abstenir d'aboyer a mérité de grandes récompenses.

La Torah nous parle aussi d'un mérite qui échut à d'autres animaux : les ânes.
Parce qu'ils ont porté les bagages des enfants d'Israël à leur sortie d'Egypte, nous avons l'obligation d'accomplir la mitsva de : pétèr 'hamor ( =le rachat du 1er né de l'âne).

Ainsi, bien que l'âne soit un animal impur, son premier-né est consacré à D. et ne peut être utilisé à un usage profane que si on le rachète en offrant un agneau ( =animal pur) à sa place.

=> La récompense des ânes est supérieure à celle des chiens.
Celle des chiens est matérielle car on lui jette de la viande alors que celle des ânes est spirituelle, leurs premiers-nés sont sanctifiés!

Quelle en est la raison?

Rabbi Yossef 'Haïm Sonnenfeld répond à cette question en soulignant qu'une bonne action passive (les chiens n'ayant pas aboyé) est moindre qu'une démarche active.
Les ânes, en effet, ont apporté une aide effective en transportant leurs bagages.

Par ailleurs, quel rapport y a-t-il entre le silence des chiens et le fait que leurs excréments soient utilisés pour la préparation de saints parchemins?
Comment est-il possible de produire des objets saints à l'aide de matières fécales?

Nos Sages disent sur le verset parlant des téfilines (Chémot 13) : "Afin que la loi de D. soit dans ta bouche", qu'elles doivent être confectionnées d'une matière permise à ta bouche, c'est-à-dire la peau d'un animal pur.

La matière elle-même doit provenir d'un animal pur mais, pour la travailler, on utilisera les excréments du chien, un animal impur.

Les chiens ont gardé leur langue ("aucun chien n'a aiguisé sa langue"), leur bouche, acte contre nature pour un chien, afin d'obéir à la volonté de D.
En récompense, ils seront mêlés à la confection d'objets les plus saints.

==> Cela nous apprend qu'à plus forte raison en sera-t-il d'un homme qui, même pécheur et impur, se domine et garde sa langue, en s'abstenant de proférer des paroles contraires à la volonté divine.
Cela demande, certes, de la force, du sacrifice mais sa récompense sera immense.

["Quiconque garde sa bouche et sa langue se protège des malheurs."]

Source (b"h) : compilation personnelle issue du "Binéoth Déché" du Rav David Chaoul Greenfeld

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+ Quant l'animal instruit l'homme :

-> La Chounamit (une femme qui habitait la ville de Chounam) avait l'habitude de recevoir chez elle Elicha et son serviteur Gué'hazi, elle complimenta le prophète (en son absence) devant son époux :
"C'est un homme saint".

Nos Sages de commenter :
"Comment le savait-elle? Rav et Chmouel : l'un d'entre eux explique : parce qu'elle n'a jamais vu une mouche passer sur sa table".
[guémara Béra'hot 10b]

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 48) enseigne que nous pouvons affirmer que les mouches ont le pouvoir de ressentir naturellement la sainteté d'un homme, ce que même une personne importante et sensible à la sainteté (comme la Chounamit) n'a pu déceler.

=> Ainsi, certains animaux ressentent des choses que même des grands hommes (ou grandes femmes) ne ressentent pas, et peuvent ainsi nous instruire.

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-> "Lorsque les chiens pleurent, (c'est un signe que) l'ange de la mort arrive dans la ville.
Lorsque les chiens rient (c'est un signe que) Eliyahou hanavi arrive dans la ville."
[guémara Baba Kama 60b]

=> Ainsi, les chiens sont doués d'un flair exceptionnel, que l'homme ne possède pas, permettant de ressentir l'existence de l'ange de la mort ou du prophète Eliyahou dans la ville, et par leur réaction nous instruire.

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-> "Même les oiseaux reconnaissent les gens mesquins (avares)"
[guémara Sotah 38b]

Rachi d'expliquer :
"Ils (les oiseaux) reconnaissent les gens avares (à "l’œil étroit") : et ne mangent pas chez eux.
Car c'est en vain qu'il (le chasseur) déploie ses filets : c'est ainsi l'habitude des chasseurs (d'oiseaux) de jeter des graines de blé ou d'orge dans leurs filets afin que les oiseaux viennent les manger (et se faire piéger).
Et ces (chasseurs) avares, c'est en vain qu'ils gaspillent de la nourriture qu'ils jettent dans leurs filets devant les oiseaux, car ces derniers reconnaissent (leur avarice) et refusent de tirer profit de leur nourriture (graines)."

=> Certains animaux possèdent dans leur nature un flair et un pouvoir de ressentir les qualités et les défauts de individus.

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-> "Si la Torah ne nous avait pas été donnée, nous aurions appris la pudeur à partir du chat, le vol (interdit) à partir de la fourmi, les unions interdites à partir de la colombe et le 'déré'h érets' à partir du coq"
[guémara Erouvin 100b]

-> "Va vers la fourmi paresseux, observe sa façon d'agir et deviens sage"
[Michlé 6,6]

Le midrach (Dévarim rabba 5,2) de commenter :
"Que signifie : 'Observe sa façon d'agir et deviens sage'?
Observe le savoir-vivre de la fourmi qui fuit le vol.
Rabbi Chimon ben Halafta rapporte le cas d'une fourmi qui a fait tomber un grain de blé.
Toutes les autres fourmis arrivèrent, sentirent ce grain et aucune d'entre elles ne le prit.
La fourmi (qui avait perdu son grain) arriva et le récupéra bien qu'elle n'ait 'ni maître, ni surveillant, ni supérieur'."

=> Ces animaux ont naturellement ces qualités, mais l'homme doit investir des efforts afin de les acquérir.

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-> Les chiens ont été récompensés pour ne pas avoir aboyés lorsque les juifs ont quitté l'Egypte (on doit par exemple leur donner de la viande tréfa - Mékhilta Chémot 22,30).
Les grenouilles ont fait un sacrifice bien plus grand en se jetant dans des fours brûlants.
Pourquoi n'ont-elles pas eu une récompense à l'image des chiens?

Rav 'Haïm Kanievsky répond que c'est plus facile de se jeter dans une fournaise que de rester silencieux!

"Vous vous attachez à D. et vous êtes tous vivants en ce jour. " (Dévarim - Vaét'hanan - 4 ;4)

Le Rabbi Elimélé’h  de Lizhensk (le Noam Elimélé'h) demande : "Quelle est la signification des mots : "en ce jour" ?

Et de répondre : "Ils sont là pour nous enseigner que bien que nous soyons convaincus d’avoir vécu correctement cette journée d’aujourd’hui, nous ne devons pas être trop sûrs d’en faire de même demain.
Chaque jour a ses propres défis.
Nous devons, chaque jour, renouveler notre effort pour bien faire."

Les êtres humains s’inscrivent dans une routine et nous avons tendance à penser qu’une situation de statu quo va durer.

Rabbi Elimélé’h nous enseigne que la répétition des séquences de notre vie peut induire un sentiment de sécurité dangereux et trompeur.
Il faut être constamment en alerte, être reconnaissant envers D. pour la journée passée, et prier pour qu’Il continue à nous guider le jour suivant.

Chaque jour est une nouvelle opportunité, mais également un nouveau défi.

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-> Le 'Hafets 'Haïm nous dit :
" "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur". Comment feras-tu pour y parvenir?

"Ces paroles que Je te prescris aujourd'hui seront sur ton cœur" = aie toujours présent dans ton cœur "ces paroles" que tu étudies, sans penser à tout le reste ; considère que D. te les prescrit à toi seul et à aucun autre juif, et apprends-les "aujourd'hui" comme si c'était le dernier jour de ta vie.

-> "Ces paroles que Je te prescris aujourd'hui seront sur ton cœur".
Pourquoi doivent-elles être sur notre cœur?
Rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk répond pour qu'au moment où ton cœur va être grand ouvert elles puisent y pénétrer!

 

"Aharon jeta son bâton devant Pharaon et devant ses serviteurs et il devint un serpent. Pharaon aussi fit appeler les sages et les sorciers et eux aussi, les devins d'Egypte, firent de même avec leurs sortilèges. Ils jetèrent chacun son bâton et ils se transformèrent en serpent et le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons." (Vaéra 7,10-12)

Dans la paracha Lé'h Lé'ha (15,13), D. dit à Avraham : "Sache bien que ta descendance sera étrangère dans un pays qui n'est pas le leur ; ils les asserviront et opprimeront 400 ans".

Si c'est ainsi, pourquoi les Égyptiens ont-ils été punis pour avoir accomplis ce que D. avait décrété qu'il arrive?

Le Rambam ('Hilkot Téchouva 6,5) de nous expliquer que D. avait décrété l'esclavage des juifs, mais Il n'a pas forcé chaque Égyptien individuellement d'y prendre part, chacun ayant gardé son libre arbitre de choisir que faire.
Ainsi, chaque Égyptien qui a opprimé un juif a été puni pour cela.

Le Ramban n'est pas d'accord avec cette explication.
Pour lui, du fait que c'était un décret de D., chaque Égyptien qui applique ce décret réalise une mitsva!

Le Ramban de conclure qu'ils ont été punis car ils sont allés très au-delà du décret (asservir et opprimer), et que s'ils n'avaient agi ainsi, ils n'auraient certainement jamais été punis.

[verset suivant (Lé'h Lé'ha 15,14) : "Le peuple qu'ils serviront, Je [le] jugerai ensuite"
=> c'est leur attitude qui a conduit à leur punition]

Le Bé'er Yossef utilise cette approche du Ramban pour expliquer un Midrach concernant la 1ere rencontre entre Moché, Aharon et Pharaon.
Lorsque D. a demandé à Aharon de jeter le bâton de Moché au sol, il s'est transformé en serpent.
Nullement impressionné par ce tour, Pharaon a demandé à ses sorciers, à sa femme et même à des enfants de 4-5 ans de jeter leur bâton au sol, et tous les bâtons se sont aussi transformés en serpent.

=> Pourquoi D. a-t-il demandé à Aharon de réaliser un miracle que l'on pouvait reproduire si facilement?
Quel message D. souhaite-Il transmettre?

En se basant sur les mots du Ramban (ci-dessus), D. est en train de signifier que si les Égyptiens n'avaient été que comme un bâton dans les mains de son maître, alors ils n'auraient pas été punis, car un bâton est inanimé, et ne fait de mal qu'en fonction de la force avec laquelle son maître souhaite frapper, et ce, sans ajouter aucune force supplémentaire.

Si les Égyptiens n'avaient agi que selon ce que D. souhaitait, ne frappant exactement que selon le décret (asservir et opprimer), alors ils auraient reçu une récompense pour cela.

Cependant, ils se sont comportés comme des serpents vicieux, utilisant leur propre venin pour faire mal aux juifs largement au-delà de ce que D. avait dit à Avraham (le décret).

=> C'est pour cela que D. a demandé à Aharon de transformer le bâton en serpent, afin de montrer avec exactitude aux Égyptiens pourquoi ils étaient sur le point de se faire punir.

[ Rabbénou Bé'hayé de dire que ce miracle présage de l'ouverture de la Mer Rouge, où D. "engloutira" Pharaon et ses troupes dans la mer. ]

Source (b"h) : traduction personnelle issue d'un dvar Torah du Rabbi Moché Kormornick

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/03/04/6277

"La fille de Pharaon … vit l’enfant et voici qu’un jeune pleurait. Elle eut pitié de lui et dit : "C’est un des enfants hébreux. " " (Chémot 2,6)

+ Prier en silence pour se faire entendre par D. ...

Nous confondons parfois décibels et profondeur du contenu, et nous pensons que plus notre propos sera énoncé à voix forte, plus il aura d'impact.

La réalité se situe exactement à l'opposé.
Un argument recevable peut être dit à voix basse.
Crier n'est utile que lorsque le raisonnement est faible.

La Torah dit que lorsque la fille de Pharaon a trouvé le bébé Moché dans les joncs, elle a ouvert le panier dans lequel il se situait et elle a vu l'enfant qui pleurait.
Elle a alors affirmé : "Ce doit être un enfant des juifs" (Chémot 2,6)

Il aurait été plus approprié de dire qu'elle a entendu l'enfant pleurer?

Rabbi Bounim d'Otwoczk de dire : "Un juif peut pleurer silencieusement.
Elle a vu l'enfant pleurer mais ne l'a pas entendu et, par conséquent, elle en a déduit qu'il s'agissait d'un enfant juif."

=> Notre prière silencieuse, à l'image de la Amida, est parfaitement perceptible par D..
Bien que nous semblons extérieurement "normal", nous pouvons hurler à pleins poumons sans pour autant être entendus par autrui.

Nous juifs, Moché Rabbénou nous montre à quel point D. entend nos voix silencieuses qui viennent du cœur, alors profitons-en! 🙂

Source (b"h) : issu d'un dvar Torah du rav Avraham Twerski

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"Elle dit : "C'est un des enfants hébreux"." (Chémot 2,6)
La fille de Pharaon (Batya) n'aurait-elle pas du dire simplement : "c'est un enfant Hébreu", au lieu de : "c'est un des enfants Hébreux"?
Rabbi Bogomilsky rapporte qu'une fois un roi d'Autriche a émis un décret très dur envers la communauté juive.
Après de nombreuses demandes, le roi a été d'accord pour recevoir une délégation de rabbins.
Durant cette rencontre, un des rabbins a commencé à crier.
Le roi le regarda sévèrement et dit : "Ne sais-tu pas qu'en présence du roi, une personne doit parler calmement et ne pas crier?"
Le rabbin s'excusa en répondant : "Votre Majesté, ce n'est pas moi qui crie. La forte voix que vous avez entendu est celle des milliers de juifs qui sont en grand danger à cause de votre décret."
Lorsque la fille de Pharaon a ouvert le panier du bébé, elle a été surprise de constater que ce tout petit bébé (3 mois!), avait une voix aussi puissante et forte, comme celle d'un jeune homme.
Connaissant le décret de son père, dont le but était de tuer les enfants juifs, elle réalisa que la voix qu'elle entendait, n'était pas uniquement celle de Moché, mais aussi celle de tous les autres enfants juifs criant par son intermédiaire.
[Malgré le fait que le cri de Moché était celui de tous les enfants juifs, elle dit en le voyant : "C'est un des enfants hébreux" ... ]

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+ "La fille de Pharaon ... vit l'enfant et voici qu'un jeune pleurait. Elle eut pitié de lui et dit : "C'est un des enfants hébreux." " (Chémot 2,6)

-> Rav Méïr Schwartzman (Méïr Einei Yécharim) dit que Myriam a été surprise par l'intensité des pleurs de ce bébé (Moché), et Myriam lui est venue en aide en expliquant que c'est : "un des enfants hébreux" (v.2,6) = ce n'est pas une voix individuelle, mais le pleur collectif de tous les bébés juifs qui ont été condamnés à la noyade.

[La guémara (Méguila 14a) compte Myriam parmi les 7 prophétesses, et ainsi (guémara Sotah 12b-13a) elle savait par prophétie que sa mère allait donner naissance au libérateur du peuple juif.
C'est pourquoi elle était certaine que Moché sera sauvé, et elle voulait uniquement savoir : comment?, comme il est écrit : "sa sœur se tint à distance pour savoir ce qui lui arriverait" (v.2,4) ]

-> Rabbi Mordé'haï de Slonim enseigne :
"Comment la fille de Pharaon a-t-elle pu savoir que l'enfant qu'elle a retiré du fleuve était juif, et ce rien qu'en l'entendant?
C'est parce qu'un pleur juif est unique : c'est un mélange de détresse avec de l'espoir.
En effet un juif est toujours optimiste, même lorsqu'il pleure."

-> "voici qu'un jeune pleurait" : le Baal haTourim écrit qu'en réalité il s'agit de Aharon qui pleurait se préoccupant du bien être du bébé, son frère.
En effet, la guématria de : "un jeune pleurait" (naar bo'hé - נער בכה) est la même que : "c'est Aharon le Cohen" (zé Aharon haCohen - זה אהרן הכהן).

-> "Elle l'ouvrit, elle y vit l'enfant" (v.2,6)
Rachi commente : Qui a-t-elle vu ? L’enfant, tel est le sens littéral. Selon le midrach, elle a vu la présence divine auprès de lui.

-> "La fille de Pharaon descendit se baigner au fleuve et ses demoiselles allaient le long du fleuve" (v.2,5)
La guémara (Sotah 12b) enseigne : "Ses demoiselles de compagnie lui dirent : "Majesté, l'usage du monde veut que lorsqu'un roi promulgue un décret, même si personne ne lui obéit, tout au moins ses enfants et les gens de sa maisons s'y conforment. Et vous, vous transgresseriez le décret de votre propre père (Pharaon)?"
L'ange Gavriel apparut et les fit s’effondrer (les tuant en les frappant à la tête)."

Selon le midrach (Chémot rabba) : "Au moment où la princesse passait, l'ange Gavriel pinça l'enfant pour le faire crier. La princesse entendit le son et vit alors la boîte flottant sur l'eau...
Lorsque la fille de Pharaon vit l'enfant, elle sentit qu'il rayonnait d'un éclat Divin, c'était l'émanation de la Présence Divine qui accompagnait Moché."

[c'est également l'ange Gavriel qui va plus tard pousser la main de l'enfant Moché (qui avait ôté la couronne de Pharaon) vers les braises et non le monceau d'or, pour le sauver de la cruauté de Pharaon.]

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-> Il est écrit : "Cette femme (Yo'héved) conçut et enfanta un fils (Moché). Elle vit qu’il était Bon טוֹב (Tov) et le tint caché pendant 3 mois" (Chémot 2,2).
Que signifie "qu’il était Bon טוֹב (Tov)"?
Au sens le plus simple cela signifie qu’il était "beau et même agréable".
Cependant, puisqu’il est écrit littéralement : "Elle vit qu’il était Bon, Lui הוּא (Hou)", cela signifie plus profondément que la Présence Divine était visible avec Moché (le mot הוּא - Hou désigne D., comme il est dit : "C’est Lui (הוּא) qui nous a faits ; nous sommes à Lui" - Téhilim 100,3) [voir rabbénou Bé’hayé].

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"La fille de Pharaon descendit se baigner au fleuve ... et voici qu'un jeune (naar - נַעַר) pleurait" (Chémot 2,5-6)

-> 1er explication : Rachi : Sa voix était celle d’un jeune garçon (naar).
Le rav Méïr Shapiro explique que les bébés et les jeunes garçons pleurent, mais la différence entre les 2, est qu'un petit enfant ne pleure que sur sa propre peine (pour des raisons égoïstes - ex: il a faim, il veut être changé, ...), tandis qu'un enfant plus âgé peut également verser des larmes sur la souffrances d'autrui.
La fille de Pharaon a pris le bébé et l'a réconforté (comblant sa douleur d'être laissé tout seul), et malgré cela il a continué à pleurer, révélant qu'en réalité il ne pleurait par pour lui mais pour ses frères juifs. [il ressentait la douleur de ses frères dans l'esclavage, et c'est pourquoi il pleurait!]
Moché a alors prouvé qu'il était émotionnellement beaucoup plus développé que son âge, partageant la souffrance des autres comme un jeune garçon (naar).

[en entendant la douleur de l’un de ses ‘Hassidim, le Rabbi dit : "Quelle grande tragédie. Je n’ai pas de réponses pour toi mais je peux pleurer avec toi." ]

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-> 2e explication : Rachi : Sa voix était celle d’un jeune garçon (naar).
Le roi Salomon écrit : "Éduque ton jeune garçon (naar) selon son chemin" (Michlé 22,6).
A partir de quel âge un enfant est-il considéré comme : un naar?

Le Rambam (Hilkhot Chévissat Assor 2,10) fixe que la mitsva d'éduquer un enfant, au moins en ce qui concerne le jeûne de Kippour, commence à l'âge de 9 ans.
Ainsi, on peut considérer qu'un enfant est considéré comme "naar" à partir de ses 9 ans.

=> Sachant que Moché était âgé de 3 mois au moment de sa rencontre avec Batya (v.2,2), en quoi sa voix était celle d'un garçon de 9 ans?

Le Yi'houd béChidoud apporte la réponse suivante.

La guémara (Béra'hot 54b) enseigne que Moché était beaucoup plus grand que la moyenne, et qu'il avait une taille de 10 coudées (équivalent à environ 5 mètres).

Dans la guémara (Yoma 31a), en abordant l'immersion dans l'eau du mikvé, nos Sages parlent d'une profondeur de 3 coudées, comme suffisante pour recouvrir la totalité d'une personne.
=> Il en découle que Moché était : 3,333 fois plus grand que la moyenne (10/3).

La guémara (Nédarim 38a) ajoute que Moché n'était pas uniquement plus grand, mais qu'il était également proportionnellement plus large et plus épais que la moyenne dans les mêmes dimensions.
=> D'un point de vue volumétrique, Moché avait : 3,333 d'hauteur en plus * 3,333 de largeur en plus * 3,333 d'épaisseur en plus = soit un total de : 37 fois plus volumineux que la moyenne.

-> Le midrach Tan'houma (9) explique que Moché n'a pas acquis une taille imposante d'en seul coup, mais qu'au contraire il a grandi proportionnellement (en gardant ce ratio le différenciant par rapport à la moyenne).

Ceci explique pourquoi : "elle [la mère de Moché] le cacha pendant 3 mois, mais elle ne put le cacher plus longtemps" (Chémot 2,2-3), parce qu'il avait une taille globale 37 fois plus importante qu'un autre bébé de 3 mois!

-> Si l'on multiplie : 3 mois par ce facteur 37, on arrive à un équivalent en âge de : 111 mois. Ainsi, à 3 mois, Moché avait l'apparence d'un enfant de 9 ans et 3 mois.
Cependant, puisqu'il y a 7 années dans lesquelles nous rajoutons un mois supplémentaire (Adar 2) dans chaque cycle du calendrier de 19 années, il en découle que sur une période de 9 ans, il y a 3 années dans lesquelles nous devons rajouter un mois d'Adar.

=> Nous devons retirer ces 3 mois afin d'arriver au véritable âge qui prend en compte ces mois supplémentaires. On arrive alors à la conclusion que Moché était âgé tout juste de 9 ans, justifiant son appellation de "naar" (jeune garçon) par Batya.

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"La fille de Pharaon … vit l’enfant et voici qu’un jeune pleurait. Elle eut pitié de lui et dit : "C’est un des enfants hébreux. " " (Chémot 2,6)

-> Comment est-il concevable que Pharaon, le dirigeant sans cœur qui tua impitoyablement des milliers d'enfants juifs pour se baigner dans leur sang, ait pu avoir une fille vertueuse dont la compassion est née avec les pleurs d'un bébé juif?

Le rabbi Shalom Rokéa'h de Belz (Dover Shalom) répond à cette question :
Lorsqu'elle ouvrit le panier et fit face à Moché, elle fit l'expérience d'une transformation spirituelle qui alluma dans son cœur le sens de la compassion.
En effet, la simple vue du comportement d'un Tsadik insipire celui qui aspire à faire le bien.

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-> Le Zohar rapporte :
Rabbi Yéhouda a dit que toutes les choses de ce monde dépendent du repentir et des prières que nous adressons à D.
A plus forte raison, aucune porte ne reste fermée face aux larmes qu'une personne verse en priant Hachem, comme il est dit : "Elle l'ouvrit, elle y vit l'enfant : c'était un garçon qui pleurait" (v.2,6).

"Elle l'ouvrit" = il s'agit de la Présence Divine, qui est pour Israël ce qu'une mère est pour ses enfants et qui se positionne en faveur d'Israël. Puisqu'elle a ouvert ses portes, "elle y vit l'enfant" = qui représente le peuple d'Israël, nomme "enfant choyé".
En effet, les juifs fautent devant leur Maître puis se repentent en suppliant et en implorant Hachem tel un fils qui pleure devant son père.
Dès lors, tous les mauvais décrets du monde disparaissent, comme il est dit : "Elle eut pitié de lui" = l'attribut de miséricorde [de la Présence Divine] s'est éveillé et elle a eu pitié de lui.

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-> "Voici qu'un jeune garçon pleurait" (Chémot 2,6)

Selon le midrach Aggada, elle s'est exprimée de manière prophétique.
Le mot : "naar" (jeune garçon - נַעַר) est l’acrostiche de :
- noun pour "nééman" (fidèle), comme il est dit : "Il est fidèle dans toute Ma résidence" ;
- ayin pour "anav (humble), comme il est dit : "Moché était un homme très humble" ;
- et réch pour "roé" (berger), comme il est dit : "Moché était berger."

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-> "Voici un jeune homme qui pleurait" (Chémot 2,6)

-> Quand la fille de Pharaon descendit dans le Nil pour faire sa toilette, elle entendit les pleurs d'un bébé et le sauva. Le midrach s'interroge de savoir pourquoi le Texte dit : "Voici un jeune homme qui pleurait", alors qu'il s'agissait d'un nouveau-né.
L'une des réponses consiste à dire qu'Hachem envoya un ange qui vint frapper Moché dans le panier pour qu'il se mette à pleurer afin que la fille de Pharaon puisse entendre ses cris et vienne le sauver. Seulement, pour que les cris puissent être entendus, l'ange frappa un peu fort. C'est pourquoi, le bébé se mit à crier particulièrement fort, plus fort que les cris habituels d'un bébé.
C'est pourquoi, il est dit qu'elle entendit les cris d'un ''jeune homme''. Il criait fort, comme un jeune homme, non comme un bébé. Ce Midrash nous apprend une leçon importante dans nos vies. Parfois, il peut arriver des événements éprouvants, comme si on avait l'impression que la vie nous donnait des claques. On sent des difficultés et cela peut paraître douloureux. Alors, on peut s'interroger sur le sens de tout cela.
=> Pourquoi Hachem nous envoie t-Il ces épreuves? Pourquoi frappe-t-Il ainsi? N'est-Il pas Bon et Clément!

Ce midrach vient apporter un certain éclairage, qui pourra servir de soutien dans ce genre de situation. Hachem a envoyé un ange frapper Moché ... Celui-ci n'a rien demandé, il était tranquillement en train de se reposer dans son panier, sur les flots du Nil. Et voilà que soudain, il reçoit un coup particulièrement fort et douloureux.
Et là, il se met à crier très fort, comme un jeune-homme. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, pourquoi on l'a frappé. Mais après coup, il s'est avéré que cela a été la plus belle chose qui ait pu lui arriver. Car c'est par ces cris que la fille de Pharaon, a pu l'entendre et est venue le sauver.
Ce bébé a ensuite était élevé dans le palais du roi et a pu grandir, sous la Protection Divine, jusqu'à devenir le libérateur d'Israël. Tout cela, lui et le peuple tout entier le doivent à cette claque qu'il a reçu dans ce panier.

=> Cela doit servir de message d'espoir dans des moments où on peut sentir qu'Hachem est en train de donner des "claques". Peut-être est-Il en train de préparer notre plus grand bien. On ne le sait pas encore ni on peut le comprendre. Mais Hachem sait ce qu'Il fait. Et peut-être que l'avenir montrera que notre réussite future n'aura été possible que parce que l'on est passé par là.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

La relation entre Moché et son frère Aharon …

-> La relation entre Moché et son frère Aharon ...

"Le courroux de D. s'enflamma contre Moché et Il dit : "Eh bien! c'est Aharon ton frère, le Lévite, que je désigne! Oui, c'est lui qui parlera! Déjà même il s'avance à ta rencontre et à ta vue il se réjouira dans son cœur." " (Chémot 4,14)

Ce verset relate la colère de D., s'enflammant envers Moché, après que celui-ci ait passé 7 jours à dialoguer avec D. pour justifier qu'il n'était pas la bonne personne pour conduire les juifs en dehors d'Egypte (comme le dit Rachi 4,10 & l'idée : comment la délivrance de tout un peuple souffrant atrocement peut-elle se faire au détriment d'un risque de vexer une personne? Comment Moché pouvait-il prendre le risque de se placer au-dessus de son frère aîné : Aharon, prophète lui aussi?).

Dans la guémara (Zéva'him 102a), Rabbi Yéhochoua ben Karcha enseigne que chaque fois que la Torah relate que D. se met en colère, il y a toujours une punition, avec une seule exception : notre verset, où Moché n'en a jamais reçu.

Cependant, Rabbi Chimon Ben Yochaï de dire : "ici aussi, Moché va recevoir une punition, comme il est écrit : "Eh bien! c'est Aharon ton frère, le Lévite, que je désigne!"
Comment la Torah peut appeler Aharon un Lévi, alors qu'il était un Cohen?
Par ces mots, D. dit à Moché : "J'avais l'intention au début de te faire Cohen, mais maintenant, tu seras Lévi, et il sera Cohen." ".

On peut noter que même Rabbi Yéhochoua ben Karcha est d'accord sur le fait que cette punition a bien eu lieu, car dans Divré Hayamim (I, 23,13-14) les rôles de chacun sont exposés explicitement.
De plus, le Midrach Rabba (Vayikra 11,6) dit même que puisque Moché n'a pas été puni les 7 jours durant lesquels il a argumenté avec D., mesure pour mesure, il a été Cohen Gadol pendant 7 jours.

Ainsi, pourquoi Rabbi Yéhochoua a-t-il déclaré que Moché n'a souffert d'aucune punition?

Rabbi Chaïm Chmoulevitz de dire que la réponse se trouve dans le midrach suivant :
"Lorsque Moché a vu l'huile s'écouler sur la barbe d'Aharon, il était aussi joyeux que si elle était en train de s'écouler sur sa propre barbe." [Midrach Rabba Vayikra 3,6]

On apprend d'ici que la joie de Moché lors de l'intronisation de son frère en tant que Cohen Gadol était si importante pour lui, que c'était comme s'il accédait lui-aussi à cette position.
Cela signifie que si Moché serait devenu Cohen Gadol, il n'aurait été nullement plus joyeux (même d'une miette!), à tel point il était content pour la réussite de son frère.

On comprend alors parfaitement l'avis de Rabbi Yéhochoua ben Karcha.
= Bien que Moché a perdu le droit de devenir Cohen au détriment de Aharon, cela n'était pas considéré comme une punition, car sa joie concernant la nomination d'Aharon était si importante, que c'était comme s'il était nommé lui-même Cohen Gadol.

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-> Le rav ’Haïm Chmoulevitz (Si'hot Moussar - maamar 51) cite également les versets de Téhilim (133,1-2) : "Cantique des degrés de David : Voici comme il est bon et comme il est doux à des frères de vivre dans une étroite union. C’est comme l’huile parfumée sur la tête, qui découle sur la barbe, la barbe d’Aharon, et humecte le bord de sa tunique".
Le midrach (Vayikra Raba 3,6) précise que le roi David fait référence aux 2 frères : Moché et Aharon.
Il explique que la répétition du mot "barbe" indique que lorsque l’huile coula sur la barbe d’Aharon, c’était comme si elle avait coulé aussi sur celle de Moché, parce que celui-ci ne faisait qu’un avec son frère. Donc, Moché considérait la joie d’Aharon comme la sienne.

-> Moché et Aharon atteignirent un niveau incroyablement élevé de joie et de non-jalousie devant le succès et la gloire d’autrui.
On pourrait penser que c'est une mesure de piété ne s'appliquant pas à nous. Cependant le Rambam estime qu’il s’agit de l’obligation fondamentale de "d’aimer son prochain comme soi-même" (véaavta léréakha kamokha). En effet, il tranche que l’essence de cette mitsva consiste à souhaiter le meilleur pour l’autre et à éliminer tout vestige de jalousie devant sa réussite.
[Hachem peut donner l'infini à chaque personne ; tous les juifs sont liés les uns aux autres, ainsi si mon prochain va bien alors par ricochet je vais bien aussi]
Moché et Aharon nous servent d'exemple de cette mitsva, que nous puissions b'h suivre leur exemple.

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+ Supplément : le point de vu d'Aharon ...

Le verset dit : "[Aharon] se réjouira dans son cœur."
Rachi de commenter : "Contrairement à ce que tu penses, Aharon ne prendra pas ombrage de ta grandeur mais s'en réjouira sincèrement."

-> "Il (Aharon) se réjouira : dans son cœur, plus que par sa bouche" (Yalkout Chimoni 172)
-> "La joie dans son coeur était supérieure à celle qu'il pouvait exprimer (à son frère Moché) par sa bouche" (le Magen Avraham)
Ainsi, Aharon était si heureux pour son frère, qui avait le mérite de recevoir cette dignité, que son cœur débordait de joie, au point que sa bouche n'aurait pas pu l'exprimer.

On peut aussi rapporter le midrach qui souligne la noble attitude d'Aharon et ajoute que, si ce dernier avait su que la Torah mentionnerait sa joie en apprenant la réussite de Moché ( =s'il avait su que la joie fraternelle spontanée éprouvée à ce moment serait si précieuse aux yeux de D. au point qu'Il l'évoquerait dans la Torah afin d'inspirer les générations futures), il aurait accueilli son frère avec des tambourins et des danses.

Le Midrach conlut : "Quant à nous, sachons qu'aucun acte méritoire ne reste ignoré de D.
Le prophète Elie le consigne par écrit, et ce compte-rendu est scellé par D. et par le Machia'h."

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+ Supplément du supplément : Un œil bienveillant 🙂

+ "Le pectoral orné de pierres précieuses qui faisait partie du vêtement sacerdotal fut donné à Aharon comme récompense pour s'être réjoui lorsque Moché revint en Egypte."
[guémara Shabbath 139a]

Aharon avait 3 ans de plus que Moché, et il était celui des 2 qui s'exprimait le mieux.
Pourtant lorsque Moché fut chargé par D. de devenir le dirigeant du peuple juif, il n'y eut pas la moindre trace de jalousie dans le coeur d'Aharon.
La Torah témoigne qu'Aharon était sincèrement heureux du rôle si important confié à son frère.

Ce n'est pas un petit exploit que de se réjouir sincèrement de la réussite d'un tiers.
De nombreuses personnes ressentent, pour le moins, un soupçon d'envie et parfois, bien plus que cela.

L'un des traits de caractère que le Talmud valorise le plus est ce qu'on appelle : "un oeil bienveillant" (Pirké Avot 2,13)
Cela signifie : prendre plaisir à la bonne fortune de quelqu'un d'autre, basée sur la foi profonde que tout ce qui est destiné à entrer en ma possession le sera.
Personne ne peut empiéter sur ce qui m'a été prédestiné.

(comme le dit la guémara Yoma (38b) : "Personne ne peut toucher, fut-ce d’un millimètre, à ce qui est destiné à son prochain.")

=> Un œil bienveillant indique un véritable sentiment d'amour et de compréhension pour l'autre qui n'est pas seulement louable en tant que trait interpersonnel, mais qui procure également un degré de sérénité qui serait, sans cela, inatteignable.

[Vivre juif, c'est vivre mieux ... 🙂 ]

Source (b"h) : traduction personnelle issue d'un dvar Torah du Rabbi Moché Kormornick (+ pour le supplément : issu du 'Houmach Artscroll + pour le supplément du supplément : d'un dvar Torah du rav Avraham Twerski)

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-> Le Ben Ich 'Haï commente d'une façon allusive le verset : "il t’a vu et s’est réjoui dans son cœur".
Le complément du mot "lev" (לב) lorsqu'on écrit pleinement ses lettres donne :
- pour le lamed (למד), soit 2 lettres intérieures, supplémentaires : le mém et le dalét (מד).
- pour le beit (בית), soit 2 lettres : youd et tav (ית)
=> Ces 4 lettres complémentaires du mot "lév" (cœur) ont la même valeur numérique que :"tamid" (constamment).
Aharon a mérité que le Pectoral soit "constamment sur son cœur".

[en effet, selon le midrach : le cœur qui s’est réjoui de la grandeur de son frère portera les Ourim et Toumim (Pectoral), ainsi qu’il est dit : "Il sera constamment sur le cœur d’Aharon."]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/08/08/6882-2

"Et Pharaon dit : "Qui est D. pour que je Lui obéisse?
Je ne reconnais pas D." " (Chémot 5,2)

Le Rabbi de Kotzk disait : "Certaines personnes se qualifient elles-mêmes de non-croyants.
C’est ridicule ! A la moindre migraine, vous les trouverez qui se confondent en prière devant l’Arche de la Torah.

Pharaon, lui, était un non-croyant : les miracles se représentaient devant ses yeux, les châtiments se succédaient et il niait toujours l’existence de D. "

Il y a des gens qui professent qu’ils ne croient pas en D.
Si vous voulez savoir en quoi ils croient réellement, observez ce qu’ils font quand ils sont dans la détresse.

C’est un moment où les gens arrêtent de se bercer d’illusions et de s’imaginer qu’ils n’ont pas de foi.
Le Rabbi de Kotzk avait raison : tous les juifs sont des croyants.

Source (b"h) : un dvar Torah du rav Avraham Twerski

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+ L'arrivée de Moché et Aharon au palais :
Le palais royal [de Pharaon] était immense et rigoureusement gardé. Il devint vite évident à Moché et Aharon qu'ils n'auraient aucun moyen d'entrer dans le palais pour parler à Pharon.
Soudain, l'ange Gavriel apparut et les transporta à l'intérieur.

Ayant entendu du bruit confus, Pharaon fit une enquête et apprit que 2 étrangers étaient soudain apparus sans autorisation au palais. Il s'emporta contre les gardes au point d'en exécuter plusieurs immédiatement ...

Une fois dans le palais, Moché et Aharon devaient trouver accès à la salle du trône.
Cette chambre était gardée par 2 énormes lions, prêts à déchirer toute personne non-autorisée s'en approchant.

Dans le palais royal, tous les vestibules importants étaient gardés par des lions, des loups et d'autres bêtes féroces.
Avant que quiconque ne puisse passer, les gardiens de ces animaux devaient les distraire en leur donnant de la viande fraîche.
Parcourant le palais, Moché effleurait ces animaux de son bâton, les rendant aussi dociles que des agneaux.
Au fur et à mesure que Moché avançait à travers le palais, les bêtes sauvages lui emboîtèrent le pas comme des chiens dressés.
C'est ainsi qu'à son arrivé dans la salle du trône, Moché était accompagné d'une longue "garde d'honneur" composée de bêtes sauvages à l'allure majestueuse.
[...]

Le bâton que Moché tenait en min, sur lequel était gravé le Nom Divin, était terrifiant.
Lorsque Aharon parla, ce fut avec tant de majesté et d'autorité que tous ceux qui l'entendirent en frémirent.
[c'était un jour d'une importante fête égyptienne, et des rois/émissaires du monde entier venaient apporter des cadeaux et témoigner leur soumission à Pharaon]

Impressionnés par Moché et Aharon, tous les rois ôtèrent leur couronne en signe d'obéissance et se prosternèrent à terre.
Pharaon fut si troublé qu'il dut se précipiter aux toilettes, et alors qu'il y était assis, des rats se mirent à l'attaquer, le mordant et grignotant ses orteils. Ses cris résonnèrent à travers tous le palais.
[Méam Loez - Chémot 5,1-2]

"Fais en sorte que le nom de D. soit aimé à travers toi."

[guémara Yoma 6 - expliquant le verset : "Tu aimeras Hachem, ton D." ]

=> Lorsque l'on s'habitue à marcher dans les voies de justice et d'intégrité, le nom de D. est sanctifié car tous diront : "Celui-ci qui a étudié la Torah, voyez combien ses voies sont agréables, combien sont douces ses actions!"

Par contre, lorsqu'une personne s'approchant du chemin de la Torah adopte des attitudes répréhensibles (ex : la querelle, la débauche, ...), c'est là une grave profanation du nom de D., car tous diront : "Voyez comme les actes de cet homme qui a étudié sont déplaisants, comme ses voies sont répulsives!"

"Hachem parla à Moché et à Aharon, Il leur donna des ordres pour les enfants d'Israël et pour Pharaon, roi d'Egypte, afin de faire sortir les enfants d'Israël du pays d'Egypte." (Vaéra 6,13)

Selon la guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 3,5), D. a communiqué ici au peuple juif les lois sur l'esclavage.

Cette affirmation est très étonnante.
Pourquoi enseigner à des êtres assujettis dans les conditions les plus barbares comment traiter leurs propres serviteurs?
Cela ne paraît-il pas dérisoire?

Le Mikdach Mordé'haï explique que les lois en question dictent la façon de traiter humainement ses esclaves, toute une approche que nos Sages définissent en une phrase (guémara Kiddouchin 20a) : "Qui acquiert un serviteur juif s'acquiert un maître!"

Les hommes sont cependant naturellement portés, en raison de leur tendance dominatrice, à brimer leurs esclaves, à ne leur témoigner aucune pitié, et à se considérer comme les maîtres de leur corps autant que de leur âme.

=> Voilà pourquoi D. a choisi ce moment, où les enfants d'Israël sentaient eux-mêmes le goût amer de la servitude, pour leur apprendre à se comporter convenablement avec des esclaves.

C'est à cette condition que D. espérait leur inculquer une compréhension plus profonde de ces lois, dont ils se souviendraient plus tard, quand eux-mêmes auraient recouvré leur liberté.

Source (b"h) : le "tal'lei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

"Les fils de Réouven, premier-né d'Israël : 'Hanokh et Fallou, 'Hètsron et Karmi, voilà les familles de Réouven.
Et les fils de Chim'on : Yemouel et Yamin et Ohad et Yakhin et Tso'har, et Chaoul, fils de la Cananéenne, voilà les familles de Chim'on.
Et ceux-ci sont les noms des fils de Lévi selon leur génération : Guerchon et Kéhat et Mérari ; et les années de la vie de Lévi furent de 137 ans." (Vaéra 6,14-16)

Le Chlah haKadoch met en relief la différence qui oppose le 1er de ces versets au dernier.
Dans le cas des enfants de Révouen et Chim'on, la Torah indique simplement : "les fils de Réouven" et : "les fils de Chim'on".
Pour Lévi, en revanche, elle précise : "Et ceux-ci sont les noms des fils de Lévi".
Que signifie cet ajout?

Ce grand Maître, explique que ce passage de la Torah souligne ici un élément tout à fait spécifique aux noms des enfants de Lévi.

Ayant pressenti par inspiration divine, que ses descendants ne seraient pas soumis aux travaux forcés, celui-ci a cependant voulu marquer sa solidarité avec les enfants d'Israël.

Aussi a-t-il tenu à mettre l'accent sur leurs souffrances par le choix du nom de ses fils :
-> Guerchon = parce que le peuple juif était composé de guérim ("étranger") au pays d'Egypte ;
-> Kéhat = parce que leur dents kahou ("ont pourri") sous l'effet de la souffrance ;
-> Mérari = parce que les Egyptiens mérarou ("ont rendu amères") leurs vies.

=> Bien que les tourments des Bnei Israël aient épargné sa propre tribu (les Lévi'im pouvant rester tranquillement étudier la Torah en terre de Gochèn), l'importance de sa solidarité avec ses propres frères et des liens bienveillants qui l'unissaient à eux a occupé une large place dans l'esprit de Lévi, assez grande pour guider son choix quant au nom de ses enfants.
[A chaque mention d'un de ses enfants, Lévi pouvait se souvenir de l'atroce souffrance que subissait le restant du peuple.
Si mon frère juif (que je dois aimer comme moi-même!) ne va pas bien, je ne peux pas être pleinement heureux.]

Source (b"h) : le "tal'lei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

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-> Le Chla haKadoch en déduit notre obligation de partager la peine de la communauté, même si nous ne sommes pas directement touchés.
Hachem nous en montre d'ailleurs l'exemple à travers les mots : "Je serai qui Je serai" = promesse qu'Il sera aux côtés de Ses enfants dans l'exil égyptien comme Il le sera lors des suivants.